Un problème à en faire briser les secrets [Azrael, Batman]

« Ecoute. On va passer par chez moi avant, okay ? Je crois que tu ne peux décidément pas te balader en costume dans la ville et je ne vais pas rester trempée de sang ou on va me prendre pour une toquée. »

« Hum… Okay. Jean-Paul ? Tu vas enfiler ces vêtements maintenant, d’accord ? »

« Tu restes là. Je reviens dans dix minutes. Surtout, tu ne bouges pas. »

« Bonjour. Je suis désolée de venir à l’improviste, mais il faut à tout prix que je parle à monsieur Wayne. Je m’appelle Lulla Brogan et si vous pouvez lui dire qu’il est arrivé quelque chose de grave à son ami, je vous en serai très reconnaissante. »

Date d'Inscription : 05/03/2011

"Monsieur Wayne ne reçoit pas de visite impromptue, madame Brogan. Monsieur Wayne est un homme extrêmement occupé et son emploi du temps ne comporte aucune plage disponible."

Le ton était cassant, le regard concentré sur l'écran d'ordinateur. L'hôtesse d'accueil du hall des Entreprises Wayne était obligée d'être brutale et froide pour éviter que les responsables soient constamment ennuyés par des inutiles et des curieux ; ça faisait partie du job, mais elle aimait cette partie-là. Elle savait que la majorité de ceux qui venaient sans rendez-vous repartaient d'eux-mêmes après une telle attitude, et Joe et Jack, ses collègues de la sécurité, savaient amplement s'occuper des autres.
La jeune femme fut cependant troublée de recevoir, quelques secondes à peine après avoir achevé son discours habituel de rejet, un courriel émanant de bruce.wayne@entreprises-wayne.com en personne.

Code:: Invitez l'inspectrice Brogan à prendre mon ascenseur personnel. Je prends le relais.
Bon travail, Margaret.

Troublée, choquée, flattée d'un tel courriel et de découvrir que le grand patron connaissait son nom et son existence, l'hôtesse releva des yeux quasi hystériques vers Lulla. Tremblante, troublante, elle murmura quelques mots en montrant par des gestes imprécis un ascenseur coupé des autres, dans un coin du hall, qui ne payait pas de mine.

"Il... lui... vous... là... l'ascenseur... lui... celui-là... vous... là-bas... maintenant !"

La jeune inspectrice de police se dirigea donc vers la destination voulue par elle par le propriétaire des lieux, et pénétra dans une cage d'ascenseur classique mais de luxe légèrement inférieur aux autres. Alors que les portes se fermaient, leur jonction fit apparaître un hologramme du visage de Bruce Wayne. L'ascenseur ne bougeait pas, mais son maître semblait vouloir discuter auparavant avec elle.

"Inspectrice Brogan. Que puis-je pour vous ? Et pourquoi Jean-Paul attend-il dans votre véhicule ?"

Des questions directes, claires, brutales. La fameuse soirée à l'Hôtel de Ville n'avait été qu'une parenthèse humoristique, Bruce n'avait plus le temps et l'envie de reprendre de tels jeux. Si Lulla était là, c'était pour une raison, et il n'avait pas de temps à perdre pour le découvrir.

Après ma demande, je prends quelques secondes pour arranger mes cheveux, ne voulant pas trop sembler précipitée malgré la situation. La secrétaire lève vers moi un regard froid, presque désintéressé tandis qu’elle pianote sur son ordinateur. La réponse qu’elle me donne n’est pas vraiment surprenante, juste énervante. J’essaie de garder mon calme, serrant la mâchoire dans un sourire crispé.

« Je me doute qu’il est très occupé, mais je suis certaine qu’il voudrait être au courant de l’urgence de la situation qui concerne un ami à lui, vous voyez ? » – La femme ne m’écoute même pas, trop concentrée dans son jeu de l’indifférence et de l’ennui.

Alors que je fulmine, m’apprêtant à tourner les talons avec emportement, la secrétaire m’interpelle et l’expression de son visage me fait grimacer un signe d’interrogation. Ses mots entrecoupés par la surprise m’arrachent finalement un haussement de sourcils. Il accepte finalement de me voir ? Mais le message ne lui a même pas été transmis ! Oh mais j’oubliais - Wayne n’est pas un vulgaire homme d’affaire, il est le Chevalier Noir, le légendaire détective.

Je me presse de rejoindre l’ascenseur, m’inquiétant brièvement de la situation si Jean-Paul en venait à sortir de la voiture. Je m’adosse contre le fond de la cabine quand une image virtuelle de Bruce Wayne apparait sous mes yeux. Je suis toujours interloquée par les nouvelles technologies, surtout lorsqu’elles sont dans les mains de Batman.
La voix de Wayne me parvient dans la cabine immobile, me demandant la raison de ma visite et pourquoi Jean-Paul attendait dans ma voiture. Je dois jeter un de ces regards mi-figue, mi raisin. Batman sait tout, alors pourquoi n’a-t-il pas rappliqué quand il le fallait hein ?

« Monsieur Wayne. Il semblerait que nous ayons un petit problème… C’est Jean-Paul. Ou devrais-je dire, le System. » – Je marque une pause, l’œil concentré sur l’hologramme. « Vous avez déjà réussi à l’aider, alors j’imagine que vous pouvez de nouveau le faire, non ? »

J’espère seulement que Wayne aura compris l’étendue du problème. Mais si tout ce que Jean-Paul m’a dit au sujet de cette sombre époque est vrai, alors, Batman pourrait l’aider.

Date d'Inscription : 05/03/2011

Le visage holographique resta impassible pendant quelques longues secondes alors que Bruce comprenait le sens et la portée des paroles de Lulla. Placé au sous-sol, dans son bunker, il fixait son propre écran en intégrant toutes les conséquences de ce qu'il venait d'apprendre.

"Je vois."

Son ton était toujours monocorde et froid. Il ne laissait transparaître aucune émotion, bien évidemment.

"Retournez dans votre véhicule et suivez les instructions."

Devant son ordinateur, il appuya sur une touche précise de l'immense engin surdéveloppé qu'il manipulait avec aisance ; devant l'inspectrice, le bouton "urgence" se releva légèrement et fit apparaître un GPS bien spécifique.

"Vous arriverez directement là où je me trouve. Veillez à ce que Jean-Paul reste dans l'état dans lequel il se trouve actuellement. Nous n'avons pas besoin que le System se déchaîne dans une zone aussi densément peuplée."

Une fois que la jeune femme eut récupérée le GPS, le bouton "urgence" se remit en place. Les portes de l'ascenseur se rouvrirent, tandis que Wayne se préparait à la réception de son ami et de ce qui semblait être sa campagne au sein du Bat-Bunker.
Calmement, il se releva et s'approcha de l'entrée des véhicules de la structure, vers laquelle le système transmis à Lulla devrait la mener. Vêtu d'une chemise ample et blanche, d'un pantalon noir classique, il ne voulait pas mettre immédiatement son costume - cela ne servait à rien tant que Valley était aussi "calme". Et il savait maintenant que Brogan connaissait son secret, comme il s'en était douté ces dernières semaines ; plus besoin de se cacher.

Alors qu'un bruit de moteur se faisait entendre au loin, signe que l'inspectrice avait bien suivi les consignes, le maître des lieux croisa les bras et fixa l'entrée et l'apparition du véhicule à venir. Autour de lui, le Bat-Bunker était prêt et impressionnant, rempli d'éléments fantastiques même s'ils étaient moindres que dans la véritable Batcave. Cela aurait certainement, cependant, un impact sur la jeune femme quand elle arriverait, même si elle avait bien d'autres soucis en tête à ce moment-là.

J’ai parfaitement conscience du malaise de la situation. Après tout, sans le dire clairement, je fais comprendre à mon interlocuteur que je sais qui il est. Bon, avec le petit manège du soir dernier et mes allusions lourdingues, Wayne a du bien calculer le coup – surtout que je couche avec un bon ami à lui qui ne sait pas tenir sa langue. La situation pourrait presque sembler amusante s’il n’y avait pas autant de choses en jeu. Bruce Wayne reste flegmatique face à mon annonce, pour ne pas dire complètement froid. Je fixe l’hologramme, dubitative, avant que l’homme ne reprenne d’un ton obscur.

Suivre les instructions ? Je fonce légèrement les sourcils avant de percevoir le petit boitier urgence se soulever pour laisser apparaitre un appareil. Je le prends, hésitante, et je le fourre dans ma poche en comprenant de quoi il s’agit. Un GPS ? C’est que ça deviendrait presque excitant. J’acquiesce aux paroles de mon interlocuteur – je suis bien la première à ne pas vouloir que Jean-Paul pète un câble publiquement. L’hologramme disparait aussitôt et à peine les portes de l’ascenseur ouvertes, je me dirige d’un pas pressé vers la sortie du building, n’offrant même pas un seul regard à la secrétaire.

Je rejoins la voiture quelques minutes plus tard, et à mon plus grand soulagement, Jean-Paul n’a pas bougé d’un poil. J’ouvre le véhicule et je m’installe au volant, lui coulant un regard suspicieux.

« Est-ce que ça va ? »

Son regard est quasiment vide à m’en faire flipper. Je démarre sans plus attendre et je sors le GPS de ma poche pour l’activer. Je trépigne d’impatience autant que je suis angoissée par les évènements à venir. Je tâche de suivre la direction indiquée par le GPS, tout en surveillant Azrael d’un regard inquiet.

On débouche enfin dans un complexe dissimulé avec brio – rien de bien étonnant en vue des technologies que possède l’homme d’affaires. J’ouvre des yeux de merlan fris, observant vaguement ce qui m’entoure avant de me garer à deux mètres de l’homme qui nous attend. En tenue civile. Je préfère ça – ça m’aurait fait drôle de côtoyer le Batman en personne même si les deux hommes sont assurément la même personne. J’entreprends de sortir du véhicule, offrant un sourire poli au justicier avant de me diriger vers la porte du passager. Jean-Paul n’a pas l’air très enclin à sortir de la voiture tout naturellement.

« Êtes-vous au courant de ce qui s’est passé au commissariat de la Police Privée de New Gotham City ? C’est là que c’est arrivé. Il y a eu cette sorte de… Robot. Qui a ouvert le feu sur les gens. Jean-Paul est arrivé mais il n’arrivait pas à lutter, jusqu’à ce qu’il fonde un câble et qu’il nous sauve. Mais à quel prix ? » – Je tiens la portière ouverte, le regard dans celui de Batman avant de le reporter sur Jean-Paul qui reste assis à l’intérieur. « Jean-Paul ? Tu viens ? C’est Bruce Wayne. Tu te souviens de lui… ? »

Question stupide, mais qui fut instinctive. Vu qu’il ne dit pas mot, c’est à se demander s’il n’a pas tout simplement perdu la mémoire.

Date d'Inscription : 05/03/2011

Les bras toujours croisés, Bruce avait accueilli sans réagir le véhicule. Détaillant l'inspectrice et surtout son compagnon, il masquait ses sentiments. S'il était en colère contre Jean-Paul pour avoir révélé à son amie son secret le plus précieux, il était plus que peiné de découvrir son vieil allié dans un tel état. Il avait cru, espéré, que ces cauchemars avaient disparu et que Valley avait réussi à dépasser ce véritable enfer, mais il se trompait - ils se trompaient, hélas.

"Je n'ai pas encore été informé de ces évènements, mais mes logiciels vont bientôt détecter ces éléments et les analyser. Le robot qui vous a attaqué sera lui-même détaillé selon les enregistrements sur place et mes systèmes, et je pourrais en savoir plus sur son profil et sa dangerosité."

Pour la première fois, il bougea devant Lulla et s'approcha du véhicule, qu'il contourna pour avancer vers Azrael. De près, son état était encore pire : quasi catatonique, entièrement robotique et automatique, il n'était plus que l'ombre de l'homme qu'il avait été - et qu'il espérait retrouver au fond de cette coquille vide et violente.

"Cependant..."

Debout devant son ami, il découvrait son accoutrement : une tenue civile classique, mais son masque d'Azrael sur le visage ; classique du System. Pour avoir étudié avec Jean-Paul son fonctionnement, il savait que cette saloperie avait pris déjà une grande influence sur l'être présent devant lui, et que les marges de manoeuvre s'affaiblissaient dangereusement.

"Cependant, si cela a poussé Jean-Paul dans ses derniers retranchements et a libéré le System, malgré les blocages mentaux qu'il s'est infligés pour l'empêcher, ce robot doit être pris avec sérieux."

Wayne s'accroupit et poussa un long soupir. Il n'appréciait pas la présence de Brogan, mais savait qu'il aurait besoin d'elle pour ramener leur connaissance commune. Si Valley s'était senti suffisamment proche et en confiance pour lui révéler son secret et le sien, c'était qu'elle comptait beaucoup pour lui - assez pour que lui-même lui donne une chance, au moins durant cette crise.

"Jean-Paul... tu m'entends ? Tu dois sortir. Maintenant."

Lentement, il avança sa main droite pour l'aider. Tous ses muscles étaient bandés et sollicités pour se défendre, au cas où, et pour permettre d'éviter un bain de sang. Le System était une monstruosité, et il en avait suffisamment souffert pour s'en méfier - et se préparer au pire.

Dans la tête d'Azrael résonnaient les cloches de la Cathédrale de Glace. Le tintement sacré, s'imposait à lui de temps en temps, pour le reste tout était vide. Il voyait à travers les yeux d'Azrael, les images défilaient mais c'était comme si elles ne s'imprimaient pas, aucune trace en mémoire, il oubliait ou plutôt stockait tout immédiatement dans les tréfonds de son esprit.
De temps en temps, la vision de la femme sacrée brillant de mille feux s'imposait à lui, mais en dépit de tous ses efforts il ne parvenait à clairement l'entendre. Par moment, il entendait un ordre et se précipitait de l'exécuter, la maîtresse demandait, Azrael le serviteur obéissait.

Promené à travers la ville par une Lulla apparemment inquiète jusqu'au sang, il ne retint rien du voyage. L'inspectrice l'abandonna quelques instants, plusieurs minutes. Il avait naturellement voulu la suivre, l'escorter, la protéger mais elle lui avait ordonné de rester là, aussi avait il courbé la tête.
Finalement la maîtresse revint et le mena encore vers un ailleurs où les attendait un visage dont il gardait une trace dans sa mémoire. Le visage mêlé à celui d'une chauve souris, la chauve-souris affrontant l'Ange, deux chauve-souris qui s'entre-déchiraient. Ca parlait avec la maître, Ca devait être détruit.

Lorsque Bruce s'approcha de la voiture, d'un mouvement réflexe rapide, Azrael lui attrapa la main d'une poigne de fer, à broyer les os du quidam et tira d'un coup sec vers la carcasse de l'auto. Bien évidement, Bruce eut le temps de se protéger et d'atténuer le choc, mais l'Ange Exterminateur, se souvenant de son adversaire, s'était ouvert un moyen de sortir du véhicule.
Il attrapa le toit de la voiture de Lulla et s'en servit pour prendre appui alors qu'il envoyait ses jambes dans le torse de Bruce qui valdingua de plusieurs pas, avant de bondir avec une rapidité surhumaine, toute en réflexe et animale, sur lui attraper la gorge jusqu'à le soulever du sol. Bruce, non revêtu du masque , devait avoir bien du mal à respirer et une seconde de plus sous le poigne de son ami lui éclaterait probablement la trachée.
Le Batman réussit évidemment à se dégager, mais déjà Azrael était en l'air, très aérien et puissant et s'apprêtait à lui porter un coup monstrueux....

Quand Batman me dit que les informations ne tarderont pas à lui arriver pour qu’il les analyse et qu’il détermine le danger représenté, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine amertume. Après tout, ça n’était pas maintenant qu’il aurait fallu intervenir mais bien quand le robot a massacré tout ces pauvres gens. Je ne dis rien pourtant, et je préfère m’harponner aux prunelles vides d’Azrael pour me rendre compte de la situation. J’entends Wayne bouger pour se rendre prés de moi, faisant face au justicier déchu.

Il reprend la parole et je ne peux qu’hocher la tête devant son affirmation. Je ne sais pas qui a envoyé ce robot et la raison de ce massacre – mais même si la seule chose alarmante pour le moment est l’état de Jean-Paul, la nouvelle menace qui pèse sur Gotham l’est encore plus. Au moins, le robot est détruit grâce à lui.

Wayne tente une approche à l’égard de Jean-Paul, avançant même une main vers lui. Il ne m’avait pas agressé quand je l’avais touché et pourtant, l’attitude menaçante de la psy folledingue avait failli la faire tuer. Je m’écarte un peu, peut-être d’appréhension et quand Jean-Paul se saisit de la main de son ami avec vivacité pour le déséquilibrer, je laisse échapper un cri de stupéfaction. Azrael projette à coup de pieds Batman quelques mètres plus loin avant de se jeter sur lui pour le saisir à la gorge. Wayne répond à ses coups malgré le fait qu’il est clairement désavantagé, sans costume. Je reste là, interloquée, pendant qu’ils échangent les coups avant de daigner réagir.

« Jean Paul, non ! » – Je m’approche rapidement, lui attrapant le bras droit qui menace de s’abattre sur Batman. « AZRAEL STOP ! »

Ma voix résonne avec autorité dans le bâtiment et tandis que je me crispe, m’attendant presque à essuyer un coup, je dois constater que Jean-Paul s’est bel et bien arrêté. J’ouvre les paupières, observant Azrael d’un regard à la fois inquiet et pleine d’incompréhension. Il m’écoute. Et en y réfléchissant, si la psy n’est pas morte c’est bien parce que je lui ai ordonné de ne pas le faire.

« Il m’écoute… ? » – Que je murmure vaguement.

Je coule un regard à Batman dans un questionnement silencieux, une main toujours posée sur le bras d’Azrael comme si le fait de rompre le contact le retournerait dans la folie.

Date d'Inscription : 05/03/2011

Tout s'était passé si rapidement que le cerveau de Bruce s'était éteint pour laisser son corps agir seul - ou au moins essayer de réagir au mieux.

Dès que Jean-Paul s'était emparé de sa main pour le propulser contre le véhicule, sa victime avait bougé au maximum pour offrir son dos au choc, et ainsi encaisser le plus gros de ce dernier pour éviter de trop souffrir. Il eut le souffle coupé quand celui qu'il devait maintenant considérer comme un ennemi le frappa au torse, et attrapa une énorme bouffée d'oxygène alors qu'il roulait sur le sol dur du Bat-Bunker. Celle-ci lui fut bien utile quand Azrael s'empara de sa gorge pour le soulever comme une marionnette, prouvant bien combien il utilisait peu ses réelles capacités dans son état normal - qu'il avait définitivement quitté, en ce moment.
Alors que des points noirs apparaissaient devant ses yeux, que des picotements s'emparaient de ses extrémités, Wayne monta aussi vite que possible ses mains pour les poser sur la poigne de Valley. Il essaya pendant quelques secondes de la desserrer, mais sans résultat positif ; il enchaîna alors avec un violent coup de pied dans le ventre de son adversaire, le forçant à relâcher prise légèrement. Sa victime en profita pour arracher sa gorge à ses doigts, et se propulsa en arrière pour rouler à nouveau sur le sol.
Usé, troublé, essayant de retrouver sa respiration et les forces qui commençaient peu à peu à le quitter suite à cette terrible bastonnade, il releva les yeux vers la silhouette de son ami... au moment même où un poing vengeur allait tomber sur lui et réduire en miettes son visage. Mais rien ne se passa.

En quelques mots, et avec un ton autoritaire que le Batman n'aurait pas renié, Lulla Brogan avait stoppé l'Ange Vengeur. Malgré la fatigue, les blessures et le manque d'oxygène, le maître des lieux savait encore faire fonctionner ses méninges et comprenait mieux encore ce qu'il se passait - et ça ne lui plaisait guère.

"Non... il..."

Avec moins de prestance que d'habitude, le Chevalier Noir se releva et toussa pendant quelques longues secondes. La poigne de Jean-Paul était vraiment exceptionnelle, et il détestait découvrir ou redécouvrir les capacités de ses alliés... surtout quand elles dépassaient les siennes.

"Il vous obéit."

Sa voix roque cachait mal sa méfiance toute nouvelle. Debout, toussant encore légèrement, Bruce s'approcha de Jean-Paul et fit, prudemment, le tour de son ami ; celui-ci était aussi immobile et stoïque qu'une statue, ce qui confirmait ses réflexions - et ses inquiétudes.
Lentement, il se tourna vers l'inspectrice et parla d'une voix très calme et très douce. Mieux valait éviter de lancer la défense automatique du System et subir les affres d'un Azrael déchaîné.

"Dites-moi clairement ce qu'il s'est passé au commissariat. Dans les détails. La survie de l'homme derrière le masque est en jeu, inspectrice Brogan, et j'ai de bonnes raisons de penser que vous êtes une des deux seules personnes à pouvoir le sauver."

La deuxième était lui, mais c'était tellement évident que ça ne valait pas la peine de le notifier. Mieux valait gagner le peu de temps qui leur restait.

Je reste immobile, encore soufflée par ce qu’il vient de se passer. Tout m’échappe et je ne sais pas si je dois être rassurée ou inquiétée par le fait que je suis la seule pour l’instant à pouvoir influencer Azrael dans sa folie. Je cligne des paupières, quittant mon amant devenu robot des yeux pour les poser sur Wayne qui peine à se redresser. Il a encaissé les coups et a tenté de se défendre tout en épargnant le pire à son ami. Il me semble pourtant aussi sûr que l’homme qui se tient prés de moi – du moins, l’homme enfoui derrière le System.

Quand le Chevalier Noir m’assure sur un timbre imperturbable que Jean-Paul m’obéit plus qu’il ne m’écoute réellement, mes épaules s’affaissent de dépit. Je glisse une main jusqu’à mon visage, fixant durant quelques secondes la bande tâchée de sang qui la recouvre. C’est la voix de Wayne qui m’extirpe de mon observation. Je lève la tête et je l’observe en silence quand il me pose ses questions. La pression que je sens peser sur mes épaules se fait curieusement plus présente et je sonde les prunelles de mon interlocuteur, comme si je lui en voulais d’une certaine manière qu’il me dise ça.

« On devait effectuer un transfert de prisonniers, et les militaires ont eu la bonne idée de faire une journée portes ouvertes. Je n’ai rien vu venir. Ce robot est entré et a fait feu sur tout le monde. C’était la grosse panique. Tout le monde tentait de fuir – les militaires et mes collègues ont fait feu. La plupart doivent être morts. Moi j’ai réussi à appeler Jean-Paul pour le prévenir mais il a fallu aussi que je rattrape les prisonniers qui commençaient à semer la panique eux-aussi. Tout est brouillon dans ma tête. Azrael est arrivé et s’est battu. Il a bien failli y rester. Je crois qu’il était inconscient avant de reprendre ses esprits comme ça, surpuissant, robotique et dévastateur. Il a failli tuer une des prisonnières, qui était paniquée. Je crois qu’il l’aurait fait, si je ne l’avais pas empêché. » – J’émets un long soupir. « Je me demande bien ce qu’il a vu lorsqu’il était inconscient. Ça ne peut pas lui tomber dessus comme ça, sans raison. »

Je fais quelques pas lents, tournant autour d’Azrael en l’observant d’un regard inquiet, avec un semblant de tendresse.

« Qu’avez-vous fait lorsque c’est arrivé la première fois ? Comment avez-vous réussi à le ramener ? » – Je tourne un regard interrogateur vers le justicier, un éclat d’espoir y luisant discrètement.

Date d'Inscription : 05/03/2011

Debout, atteint par les coups d'Azrael, Bruce avait fixé la jeune femme durant tout son discours, gardant au coin de l'oeil la silhouette toujours immobile et menaçante de leur ami commun. Face à la bastonnade qu'il venait de subir, il était bien conscient qu'ils étaient aux côtés du System incarné, un tueur quasi invincible qui ne devait pas être pris à la légère.

"Jean-Paul avait pris ma place, à l'époque. J'avais été... handicapé par un adversaire, et j'avais eu besoin de prendre un peu de recul pour me reconstruire et retrouver mes sensations. J'avais chargé Jean-Paul de me succéder, et ses résultats étaient bons - au début."

D'un geste nerveux et rapide, il posa sa main sur son crâne et fit craquer sa nuque. Rappeler de tels souvenirs n'étaient pas agréables, mais indispensables pour expliquer clairement la situation à la jeune femme. Maintenant qu'elle avait découvert Azrael dans cet état, et qu'elle le contrôlait directement, elle devait tout savoir pour tout comprendre - même leurs secrets les moins avouables.

"Jean-Paul s'était mis une pression... une pression trop forte. Et... je n'y étais pas étranger, je pense. Bref, Jean-Paul a voulu bien faire, et en a fait trop. Il a forcé son corps, son esprit, pour toujours faire plus, toujours faire mieux, et il a craqué - dans tous les sens du terme. Il a... franchi la ligne. Il a perdu pied, et le System, ce conditionnement mental et physique qu'il a subi enfant, a pris le contrôle. J'ai dû revenir et intervenir, mais ce fut... difficile. Alors même que Jean-Paul était affaibli, ce qui n'est pas le cas actuellement."

Prudemment, Wayne s'approcha de son clavier principal pour lancer quelques analyses extérieures sur Valley. Il continuait à parler, d'une voix douce et agréable pour ne lancer aucune procédure de sécurité de la part du System.

"La seule façon d'arrêter le System fut d'arracher le masque à Jean-Paul et de lui répéter, encore et encore, qu'il n'était pas Batman, qu'il était Jean-Paul Valley... tout en le faisant chuter et en l'arrêtant au cours d'un combat violent. Très violent, inspectrice Brogan. J'ai failli ne pas en ressortir vivant."

Il poussa un profond soupir. Son corps portait encore les stigmates de cet affrontement, et remuer ces souvenirs était insupportable. Il portait la responsabilité et la culpabilité de ces évènements, car il n'avait jamais été suffisamment présent pour lui, car il ne l'avait jamais suffisamment soutenu et compris.

"Nous devons réessayer. Vous devez lui demander d'enlever son masque et lui rappeler qui il est, pendant que je monterai la garde et que je me préparerai au pire."

Lentement, le propriétaire des lieux se retourna vers Lulla et esquissa un léger sourire. Il avait bien intégré toutes les données délivrées par la jeune femme, et devrait enquêter sur l'étonnant robot qui avait poussé Jean-Paul à aller aussi loin dans ses ressources et ses réserves - mais plus tard.
Pour le moment, il devait ramener son ami et être là pour lui. Pour le moment, pour une fois, il devait se comporter comme il le fallait.

Batman a l’air comme soucieux, absent. Chose compréhensible avec ce qu’il vient de se passer. Il m’a écouté sans m’interrompre, et je peux lire à son faciès – d’ailleurs, c’est bien la première fois que je ne vois pas d’indifférence, d’arrogance ou de légèreté provocatrice – qu’il est inquiet et fatigué. Il se met à parler, me racontant une période particulière de sa vie – la fois où il dut laisser le masque de Batman à Jean-Paul. Je surveille Azrael du regard, mais ce dernier ne bouge pas et je reporte mon attention sur Bruce Wayne. Un craquement singulier de son ossature agrémente son discours et il me fait part des soucis rencontrés lorsque Jean-Paul, mis sous pression, péta un câble. J’me dis vraiment qu’être Batman, c’est une malédiction. Y a toujours eu cette concurrence entre eux – alors je n’ose même pas imaginer quand un perfectionniste comme Wayne laisse soin à Jean-Paul d’incarner son symbole. A mesure qu’il raconte, mes épaules s’affaissent. Je ne peux pas m’empêcher d’en vouloir à Bruce, d’avoir fait ça, et que dans le fond, cette pression est toujours là quelque part. Cette foutue concurrence. Le masque est comme la gangrène. Il finit par vous ronger de l’intérieur et vous détruit à petit feu.

Je le suis des yeux sans rien dire, écoutant avec attention la moindre chose pour bien l’assimiler. Il explique alors que la seule solution de le libérer eut été de lui arracher le masque et de lui répéter sa réelle identité. Et de se battre, encore et encore. Je n’ose même pas imaginé si Jean-Paul en arrivait à être avec moi aussi violent qu’il l’a été avec le robot. Ou avec Bruce. Rien que d’y penser, en réalité, j’en frémis de frayeur.

Je reste sans voix, et quand il me dit que la seule solution est de réessayer la même manœuvre – à savoir de lui demander d’enlever le masque et de lui expliquer qui il est vraiment – je dois afficher une mine légèrement inquiète. Batman se retourne finalement pour planter ses yeux dans les miens, m’offrant même un sourire qui se voudrait sûrement rassurant. Je prends une longue inspiration. Bruce a l’air convaincu de pouvoir y arriver, et je ressens en lui un certain désir de se racheter auprès de son ami. J’hoche finalement la tête d’un air résolu, me redressant pour me tourner vers lui. Il semble si… Absent. Comme une coquille vide. Un quelque chose qui me serre le cœur.

« Nous allons le ramener. »

Je me poste face à Jean-Paul au masque d’Azrael et je reste ainsi durant quelques secondes sans rien dire.

« Azrael. Tout ça s’est fini maintenant. La menace est terminée. Tu as gagné. Nous sommes en sécurité. » – J’ai l’impression d’agir comme une psy ou être en pleine séance d’hypnose. Ça pourrait être ridicule si ça n’était aussi sérieux. « Je veux parler à Jean-Paul. Tu es là, Jean-Paul ? »

J’avance une main hésitante en direction du masque mais elle s’arrête avant d’y être parvenue. Non, ça n’est pas encore le moment.

Azrael demeurait debout, droit et imperturbable depuis que la maîtresse lui avait ordonné de cesser son combat contre le démon chauve-souris. Même s'il ne bronchait pas, ses sens demeuraient toujours en alerte et il était prêt à oblitérer l'ennemi si celui-ci s'avouait assez retors poour avoir trompé la magnanimité de la maîtresse.
Azrael était un ange de la vengeance, un protecteur serviable et dévoué à sa maîtresse, jamais il ne tolérerait qu'une engeance démoniaque n'atteinte à sa vie sacrée.

Lorsque Lulla s'approcha de lui et lui dit qu'il avait gagné, il tourna son regard vers elle et inclina légèrement la tête. Lorsqu'elle l'appela par le prénom de l'autre, de sa voix douce et tremblante, un éclair traversa ses yeux, comme si Jean-Paul Valley criait et tapait de toutes ses forces contre les prunelles d'Azrael qui le retenait prisonniers, mais cet élan de vie et d'appel à l'aide s'évanouit aussitôt que la jeune femme retira sa main, pour ne laisser place qu'au regard vide de l'Ange de la Mort.

Dès que Lulla arrêta son geste et se rétracta, Azrael se mity en mouvement, dépliant ses bras contre son corps et tournant sa tête de gauche à droite comme s'il cherchait quelque chose. Son regard balaya la batcave, mais ne semblant rien trouvé, il commença alors à se déplacer, d'abord en marchant puis en courant de manière désordonnée.
La maîtresse avait donné un ordre : elle réclamait un entretien avec un Jean-Paul et Azrael s'exécutait. Ne trouvant rien de ce qu'il cherchait, il se dirigea alors en courant vers les portes de la batcave, évidemment close, et commença à tambouriner dessus de toutes ses forces, quitte à se broyer les os.

Finalement, comprenant qu'elles ne céderaient pas, il s'en retourna vers elle et ploya le genoux, baissant la tête de honte de n'avoir pu accomplir sa mission.

" Ma dame, il est introuvable. Je suis impardonnable, ordonnez et j'obéirais."

Les premiers mots qu'il prononçait depuis le drame, de sa voix inhumaine mais qui laissait poindre une honte de l'échec. Il avait cherché ce Jean-Paul pour le faire comparaître devant la maîtresse mais n'avait pu le trouver...

Date d'Inscription : 05/03/2011

Bruce poussa un long soupir ; la soirée allait encore être longue.

"Vous avez échoué."

Il fit claquer ses chaussures sur le sol nu du Bat-Bunker, prenant soudainement conscience qu'il venait d'être rude et brutal avec la jeune femme. Il changea donc son ton, et le fit passer de froid et autoritaire à quelque chose de plus doux et de plus sympathique - autant pour la rassurer que pour éviter une nouvelle crise d'Azrael.

"Enfin, la première tentative a échoué. Nous n'allons pas nous arrêter là."

Se stoppant juste aux côtés de l'inspectrice, il posa un regard triste sur la silhouette brutale et puissante de leur ami, qui refusait de comprendre l'ordre de son amante et qui s'acharnait à garder enfermé Jean-Paul Valley.

"Vous devez lui affirmer qu'il doit s'arrêter et prendre une pause, et laisser Jean-Paul prendre le dessus. Vous devez choisir vos mots et continuer votre approche plus... douce que la mienne, jadis. Vous seule pouvez le sortir de cet enfer, Lulla : pas seulement parce qu'il vous obéit, mais parce qu'il a eu suffisamment confiance en vous pour tout vous dire... sur lui, sur nous, sur moi."

Sa voix était basse, presque un murmure. Son regard se tourna vers elle, et se fit plus doux que jamais. Il sentait qu'un lien particulier avait été tissé entre eux, extrêmement fort et étonnant vu la grande solitude de son ami. Il devait en tenir compte pour la suite, que ça soit pour sortir Valley de là et pour leurs prochaines relations. Lulla, indirectement, faisait aussi partie de la "famille", maintenant.

"Jean-Paul tient à vous, mademoiselle Brogan : ce n'est pas pour rien qu'Azrael vous obéit ou que Jean-Paul vous a tout dit. Vous êtes sa planche de salut, et je ne suis malheureusement qu'un assistant... et un agent de sécurité, au mieux. Mes relations avec Jean-Paul ont toujours été compliquées, vous le savez maintenant, mais je refuse de le laisser s'enfoncer dans cette horreur - pas une fois de plus. Nous allons sortir Jean-Paul de là, Lulla, mais pour le moment c'est à vous de tout faire. Enlevez le masque."

Toujours sur ses gardes, toujours prêt à se battre au cas où rien ne fonctionnerait pas, le Batman se mit de côté et attendit, cherchant à découvrir si Brogan arriverait à réussir l'impossible, à faire revenir quelqu'un qui était, hélas, bien, bien loin du Bat-Bunker.

J’appréhende. Chacune de mes paroles, chacun de mes gestes. Lorsque je tente une première approche à l’égard de l’Ange Exterminateur, celui-ci réagit, mais pas comme je l’avais espéré. Il se met à chercher du regard autour de lui, et je mets quelques secondes avant de comprendre ce qu’il est réellement en train de faire. Il cherche.

Je le regarde faire avec désarroi, le suivant des yeux sans rien dire. Il se dirige hâtivement vers la porte et tente de l’ouvrir à coups de poings. Il court dans tous les sens pour trouver ce que je viens de lui demander. Si seulement il avait un brin de lucidité. Je ne sais pas si j’dois chialer ou rire de ce qui est en train de se passer. Il revient finalement vers moi, et met un genou au sol pour s’excuser de ne pas avoir trouvé. Et cette voix est tellement dénuée de vie. Je reste circonspecte, les yeux grands ouverts entre tristesse et inquiétude de le voir comme ça. Je laisse échapper un soupir, le prenant par les épaules pour l’amener à se redresser devant moi.

Puis, c’est la voix de Wayne qui me parvient, m’intimant que j’ai échoué. J’incline légèrement le visage vers lui, un quelque chose de rancunier dans le regard. Est-il obligé d’être aussi intransigeant, dur et froid ? Il est tellement austère que j’hésite à prendre ça comme une blague même si c’est parfaitement sincère. Néanmoins, en se dirigeant vers moi, le justicier reprend sur un ton plus doux et compréhensif. Il m’explique que je dois lui ordonner de laisser Jean-Paul sortir, ajoutant que je suis la seule à réellement arriver à le sortir de là tout en faisant preuve de douceur. Le but est bien que tout le monde en sorte indemne non ?
Malgré que je ne le désire pas, les paroles de Bruce me touchent – peut-être car je me rends compte que je tiens à Jean-Paul, et que même Batman s’efface dans cette relation. Lui qui a toujours été son modèle. Je sais qu’il est important qu’on le sorte de là tous les deux. Toute ma rancune se dissipe aussi vite qu’elle est venue et j’acquiesce aux paroles du justicier.

Je me tourne de nouveau vers Azrael qui semble attendre patiemment de nouveaux ordres. Je prends une longue d’inspiration avant de lui parler.

« Azrael, tu dois partir maintenant. Je n’ai plus besoin de toi. Laisse Jean-Paul revenir vers moi. » – J’articule ça avec précautions. Mon regard est déterminé, et sûrement lit-il la résolution dans mes prunelles.

Je lève mes mains et je les pose sur les tempes d’Azrael, glissant mes doigts sous le masque pour le lui enlever.

« Tu as fait ton devoir. Maintenant c’est terminé Azrael. » – Ajouté-je dans un murmure. « Je veux que Jean-Paul revienne. Maintenant. »

Mes doigts font pression et je lui ôte le masque d’un geste à la fois doux mais ferme, la respiration coupée dans l’attente du verdict.

La maîtresse pardonna l'échec d'Azrael, et ce dernier se releva. Lorsque le démon chauve-souris haussa le ton en s'adressant à elle, l'Ange eut un mouvement réflexe il serra le poing et commença à bouger le bassin avant de s'arrêter. Si le ton était froid, l'ordre lui était clair, il ne devait pas toucher cet homme.

Lulla s'approcha alors de lui, après avoir discuté avec Bruce mais Azrael était incapable de comprendre. Elle s'avança prudemment vers cette machine de mort et parla, murmurant presque ses quelques mots mûrement choisis et les accompagnants de gestes doux. Ses mains touchèrent le masque, et lentement ses doigts glissèrent dessous, effleurant la peau.
Lorsqu'il ressentit le contact, il eut le souffle coupé quelque instants. Une appréhension, probablement de la peur. Il eut aussi un mouvement de recul, mais Lulla ne rompit pas et continua à remonter doucement sur son visage. Azrael reprit une respiration plus lente, plus serrée. Il ne sentait qu'elle essayait de lui ôter son visage, et il en avait peur.
Mais c'était la maîtresse et il n'avait rien à dire.
Lorsqu'elle commença à ôter le masque, ses mains vinrent se poser intuitivement sur le siennes et son regard criait la peur, mais il ne broncha pas davantage et finalement, Lulla ôta le masque d'Azrael.

Le doute transfigura son visage, se sentant complètement nu mais surtout perdu. Pendant une demi fraction de seconde, on pu avoir l'impression que Valley allait ressortir dans ses prunelles brillaient, mais cela s'estompa. Il regarda le masque devant lui. Son visage, arraché. Ses dents se crispèrent en une expression de colère avant de changer immédiatement pour de l'incompréhension. Qui était il maintenant ? S'il n'avait plus de visage, qui était il ?
Il lança un regard de désespoir à Lulla ... Elle, la maîtresse il fallait qu'elle lui dise, elle devait savoir, elle savait ! Et si jamais elle ne savait pas, alors il lui suffisait d'ordonner, de lui dire qui il devait être.

Azrael, ou plutôt le sans nom, plaqua ses mains contre son visage, pour se cacher de honte.

Date d'Inscription : 05/03/2011

"Maintenant."

La voix de Bruce n'était qu'un murmure. Il avait remarqué la rage à peine contenue d'Azrael quand il avait précédemment haussé le ton, et savait qu'il valait mieux éviter de recommencer l'expérience alors que leur ami était sur le point de craquer, dans tous les sens du terme.

"Maintenant, Lulla. C'est maintenant qu'il faut lui dire qui il est - qui vous voulez qu'il soit."

Il avait espéré que Jean-Paul reprenne pied lorsque Brogan lui prit son masque, qu'il trouve véritablement la force de s'en sortir par lui-même. Hélas, le System semblait encore plus fort que précédemment : peut-être que la première fois avait été plus facile, et simplifiée par le terrible combat qu'ils avaient jadis menés ensemble pour savoir qui méritait le plus le masque du Batman.

"C'est maintenant que Jean-Paul doit revenir."

Wayne n'avait pas bougé depuis le début de ce nouvel essai. Il se refusait à changer de position, craignant que la rage d'Azrael ne sorte à nouveau et qu'il ne doive intervenir - même s'il ne savait pas vraiment ce qu'il pourrait faire à part tenir quelques secondes face à un monstre surpuissant déchaîné. Il espérait que Lulla réussisse à ramener Jean-Paul, que ses mots et le contrôle qu'elle avait sur lui permettraient de détruire la barrière que le System avait érigé entre eux.
L'espoir était mince, mais quand même présent ; et il n'avait pas d'autre choix que de s'y tenir, et de se préparer au pire au cas où.

Les gestes esquissés par Azrael sont inquiets. Ses mains viennent se poser sur les miennes pour arrêter mon geste – du moins pour me faire comprendre, mais il ne résiste pas et se laisse faire quand j’ôte son masque, même si son regard me crie toute sa détresse et son incompréhension. Je me crispe légèrement au moment d’ôter le masque et lorsque je l’ai enfin éloigné de lui, je surveille ses réactions. Dans l’alerte de son regard, il me semble percevoir Jean-Paul, mais pourtant, ça n’est pas lui. Il est toujours tendu, loin de toutes les considérations humaines ou les émotions naturelles. Quelque chose le dérange, bien sûr, mais c’est parce que j’ai fait quelque chose qu’il ne saisit pas. Si quelqu’un d’autre l’avait fait à ma place, alors il serait sûrement là en train d’essuyer de violents coups de la part de l’Ange Exterminateur. La colère qui se lit sur son visage me rétracte légèrement mais je finis par me reprendre, affichant toute la détermination dont je peux faire preuve.

Puis, Batman me souffle que c’est le moment. Qu’il faut que je lui dise – que je me dois de le convaincre de qui il est réellement. Les mains de l’Ange Exterminateur recouvrent son visage comme s’il était perdu et honteux. Doucement, je laisse tomber le masque d’Azrael au sol avant de m’approcher un peu plus de lui et de lui saisir les mains pour les écarter de sa figure.

« Regarde-moi. Jean-Paul. Souviens-toi. » – Que je lui murmure, rapprochant mon visage du sien, lui maintenant les mains sur le côté.

Puis là, je me dis que le geste serait pas si bête, aussi bien qu’un peu gênant alors qu’un Bruce Wayne alias Batman est en train de vous observer avec attention. La meilleure chose qui pourrait le ramener, c’est peut-être ça. Nos souvenirs. J’ai connu Jean-Paul plus qu’Azrael.

Je ne laisse même pas le choix à Jean-Paul. Je m’approche pour l’embrasser, le forçant à retrouver des mécanismes humains et charnels. Mes lèvres se plaquent contre les siennes et ma main glisse contre sa gorge pour remonter jusqu’à sa nuque. Y a pas à dire, je donne tout dans ce baiser, dans l’espoir de lui remémorer au moins ça.

Puis, après quelques secondes, je romps l’étreinte et je me recule, le fixant avec appréhension.

Azrael resta droit comme un piquet, les mains sur le visage pour se cacher lui qui n'était plus, qui n'était pas, qui n'était personne.
Lulla fit montre d'un courage exceptionnel en passant outre cette ultime défense pour essayer de ramener Jean-Paul. La belle lui écarta les mains, lentement avec douceur mais sans lui laisser le choix. Elle lui parla, l'appela par ce prénom : Jean-Paul, murmurait mais était terriblement sincère. Elle plongea son regard dans celui de l'homme qu'elle tentait d'aider, il ne lui rendit que du vide. Là encore, il ne semblait pas présent, même si entendre ce prénom se répétait sans cesse dans sa tête.
Puis, elle se rapprocha, se colla à lui et le coeur de l'Ange sans nom se mit à battre, un peu plus vite, suffisamment pour qu'il se rende compte de l'effet.
Finalement, Lulla colla ses lèvres contre celles de son amant, qui restaient quant à elles closes. Du moins au début. Peu à peu elles se décollèrent et le baiser commença à être réciproque.
Les mains de celui qui est Valley restaient cependant le long de son corps, s'il appréciait la preuve d'amour de Lulla et que celle-ci commençait à faire naître un écho de son ancienne identité, il n'agissait que par réminiscence. Le réflexe, le souvenir mais cette fois-ci, de quelque chose d'agréable et d'aimé, pas d'un programme mental minutieusement implanté en lui.

Lorsque Lulla se décolla de son corps, elle pu entrevoir une faible lueur jusqu'alors absente dans son regard.
Les lèvres de celui-qui-est Valley commencèrent à se tordre alors que ses yeux étaient posées sur la femme, et il balbutia quelques borborygmes avant de prononcer de manière hésitante un "

"Ll-u Lllu-lla Lulla."

Son regard se porta aussi, brièvement sur Bruce et le petit manège qui évoquait un enfant apprenant à lire se répeta :

"Br, brrru ... Batman."

Date d'Inscription : 05/03/2011

"Non."

La voix de Bruce était un filet de douceur. Fixant le couple devant lui, il avait espéré, prié quasiment, que la tentative de Lulla soit réussie, qu'elle parvienne à rappeler Jean-Paul de l'enfer où le System l'avait enfermé, en plein coeur de son corps. Et, contre toute attente, elle avait réussi.

"Pas Batman, Jean-Paul."

D'abord hésitant, il se décida cependant et fit un puis deux pas vers le petit couple. Un sourire s'esquissa sur son visage rongé par l'inquiétude, pour rassurer Valley et le pousser dans cette voie vers le salut.

"Bruce. Je suis Bruce, Jean-Paul. Je suis là pour t'aider."

Son sourire s'agrandit alors qu'il essayait d'avoir une attitude parfaitement sereine, parfaitement calme et parfaitement sympathique pour empêcher Azrael de revenir et de ruiner tous ces monstrueux efforts pour le faire disparaître. Il savait très bien que le System était en train de s'affaiblir, que les paroles et gestes tendres et forts de l'inspectrice Brogan étaient en train de l'emporter sur lui, mais le plus dur était à venir. Il ne fallait surtout pas lâcher, il ne fallait surtout pas croire que tout était déjà terminé.

"Nous sommes tous deux là pour t'aider. Nous sommes tes amis. Nous allons te ramener... mais c'est à toi de prendre la suite, Jean-Paul. Tu le veux bien ?"

Tant symboliquement que physiquement, Wayne leva son bras pour offrir une main parfaitement amicale vers Valley. A lui de répondre et de faire sa part du travail.

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