Un monde sépare ce qu'a pu vivre Ted Grant au sein de la JSA, et ce qu'il vit maintenant au sein de Gotham. En effet, les choses sont bien différentes maintenant qu'il n'est plus un membre actif d'un groupe de héros "officiel". Ici, tout se joue dans l'ombre, rien ne doit transparaître. La population, et les criminels qui la menacent, tous, doivent penser que Batman et ses acolytes font partie d'une sorte de légende urbaine...

Les jambes ballantes dans le vide, Wildcat songe à tout cela. Il n'est pas devenu un super-héros pour la gloire, mais pour que ce qui doit être fait soit fait. Justice, défendre les faibles, tout ça... C'est important pour lui. Et il est indéniable, selon lui, que de sauver les innocents est bien plus simple quand on ne flanque pas la frousse autant aux victimes qu'aux agresseurs. Enfin, tout ceci est à ranger dans un coin de sa tête. Assis sur le rebord d'un immeuble de trois étage, l'ancien boxeur poids-lourd zyeute ce qui se passe en bas. Ici, on est dans Little Italy, et ce qu'on y trouve est très proche du cliché que l'on pourrait se faire de l'endroit.

Des hommes au teint halé, qui roulent des mécaniques accompagnées de splendides créatures. Des pizzerias ou des restaurants de pâtes. Certainement pour masquer différents trafics. Pour compléter le tableau, il manque juste les gondoles de Venise. Cette pensée arracha un petit sourire en coin à Ted, qui finit par se relever. Il est en tenue de patrouille, c'est à dire une combinaison intégrale bleue-nuit. Ses poings sont entourés de bandes, prêts à cogner. En revanche, il ne porte pas son masque, qu'il laisse à la base de sa nuque. La nuit est claire, presque belle. enfin, belle pour une nuit à Gotham évidemment.

Pourquoi ce lieu précis: aucune raison particulière, si ce n'est que le crime ne souffre d'aucune frontière. Donc que ce soit ici ou ailleurs, Wildcat sait qu'il sera utile. Malgré l'âge avancé de cet ancien boxeur professionnel, il a encore les sens qui tournent à plein régime, ce qui lui permet d'entendre un cri sur-aigüe, venant de un ou deux pâtés de maisons plus loin. Il n'est plus tout jeune, et sauter de toit en toit est loin d'être facile... Il en vient à regretter l'anneau de pouvoir d'Alan Scott, qui permettait à son porteur de transporter tout le membres de la JSA incapables de voler en une seule et unique fois. Mais bon, il n'a pas le choix. Il s'élance, et parvient tant bien que mal au lieu d'où provenait le cri.

Une jeune femme. Blonde. Entre vingt-cinq et trente ans. Taille moyenne, comme sa corpulence. Elle porte un mini-short en jean, un débardeur rouge, et une paire de la même couleur que son haut. Depuis toit de l'immeuble de deux étages sur lequel il se tient, Ted peut affirmer qu'elle est plutôt mignonne. En face d'elle, quatre hommes. Ils doivent chacun faire dans les quatre-vingt kilos. Ils sont habillés comme des mafieux de bas-étage. Aucune classe. Aucun honneur.

La jeune femme est en pleur, agenouillée face à ses deux agresseurs qui veulent certainement abuser d'elle. Ils se gaussent grassement, pensant probablement que leur entreprise verra une fin des plus heureuse pour eux. Ils se trompent lourdement. Aussi lourdement que la chute de Wildcat sur l'un des quatre malfrats. Avant de s'élancer dans le vide, Ted a pris le soin de mettre son masque. Identité secrète est de mise à Gotham City plus que nulle part ailleurs. Cette attaque par surprise décontenance les trois autres crapules, qui pensent que le Chevalier Noir en personne est là pour leur mettre une raclée. Inutile de préciser que celui qui a servi de piste d'atterrissage pour le Justicier est complètement out. Et c'est peut-être mieux pour lui, car ce que vont ramasser les autres, c'est pas pour les enfants.

L'un des trois, certainement le plus tête brulée de la bande, se jette sur Ted, mains levées. Aucune garde, un véritable sac de frappes sur jambes. Qu'à cela ne tienne, Wildcat s'y donne à cœur joie, enchainant des coups rapides et puissant au visage du malotru. Du sang jaillit du nez du malchanceux qui tombe à genoux. Ted n’hésite pas à le mettre KO en lui assénant un coup de genou directement dans le visage. Pas la peine de faire dans la demi-mesure. Eux n'allaient pas prendre de gants avec cette pauvre femme, dont les pleurs se sont tus lors de l'arrivée providentielle du justicier.

Le second qui s'approche pense à se protéger le visage, en tenant ses mains hautes devant sa face. Mais bon... Il se bouche la vue tout seul, et dans cette impasse mal éclairée, où les rats grouilles comme les immondices, il ne voit alors pas arriver le coup de pied circulaire qui vient le percuter dans les cotes flottantes. Un craquement. Un grognement de douleur.Ted bouge rapidement pour quelqu'un de son gabarit et de son âge. Il se place de manière à pouvoir déboiter l'épaule du gars. Et c'est une réussite. L'os est complètement sorti. Et le criminel pleure et hurle. Pas longtemps, car s'ensuit un direct violent au visage. Inutile qu'il ameute plus de monde.

Le troisième sait qu'il est perdu. il vient de voir trois de ses potes se faire mettre minable par un homme costumé dans un machin à tête de chat. Et c'est là que Ted commence à réaliser un truc. Outre la nécessité de son action, la satisfaction, le plaisir que l'on peut ressentir quand on fait naître la peur chez ces raclures... C'est assez particulier, mais vraiment motivant, et cela peut expliquer ce mode opératoire. Ted bouche la sortie de l'impasse, et l'adversaire du soir tente de passer en force pour lui échapper. Sans succès. Au contraire, il vient s'empaler sur l'artiste martial qui ne bronche pas. Il le ceinture juste, et rentre une strangulation, qu'il maintient jusqu'à ce que l'homme perde connaissance.

Et voila. Cela ne lui aura pris que cinq minute à tout casser. Et une vie est sauvée. Il se retourne donc pour se diriger vers la demoiselle et l'aider à se relever. Elle est en état de choc.

- Tout va bien, ils ne vous feront plus de mal, soyez en sûre.

Le souffle court, elle tente de retrouver ses esprits et de remercier le héros. Elle reste accrochée à son bras de longues minutes.

- Si vous n'aviez pas...

Ted préfère lui couper la parole, et ainsi empêcher la jeune femme de penser à ce qui aurait pu lui arriver.

- Shhh... Laissez. Calmez vous. utilisez votre téléphone pour appeler la police.

Du coin de l’œil, Ted voit que des gens rappliquent, certainement alertés par le raffut, plus que par le cri de la victime potentielle. Il faut qu'il disparaisse rapidos. Il dégage donc son bras de l'étreinte paniquée de la demoiselle, et entame une escalade laborieuse vers le toit de l'immeuble qu'il venait de quitter il y a tout juste sept minutes. Et tout en grimpant, Ted écoute, et entend très clairement la jeune femme lui dire "Merci Batman". Ce qui ne manqua pas d'arracher un véritable sourire à ce vieux cogneur, qui finit enfin par atteindre le sommet de l'immeuble. Ce n'est pas trop tôt!