Prologue : Dans les rues et ruelles de Gotham, 21h

Theodora avait attendu plus d'une heure dans le froid mordant. Putain de tuyau pourri! Un de ses indics l'avait mise sur la piste d'un proche du procureur qui avait une forte envie de passer à table. Moyennant finances, évidemment. L’occasion était trop belle pourtant : pourquoi un grand nom comme Knox n’avait pas été contacté ? Il était respecté et influent, alors qu’elle n’avait à son actif que quelques articles où elle déversait sa bile d’adolescente rebelle. Et l’endroit du rendez-vous lui semblait louche. Un carrefour d’un quartier pourri, pas un chat à l’horizon. Ils auraient très bien pu discuter dans un café tranquille ou un petit restaurant. Elle soupira de déception en se redressa du mur contre lequel elle s’était adossée, et jeta sa cigarette presque consumée dans le caniveau. Les talons de ses bottes de motarde résonnaient contre les murs glacés et luisant d’humidité alors qu’elle voulait rejoindre sa moto, son cher trésor.

Elle s’avançait dans le carrefour lorsque trois types sortirent d’un immeuble désaffecté. Au début ils la sifflèrent, et elle n’y fit pas attention. Une bande de pauvres cons lourdaux qui étaient en manque de cul. Elle pressa le pas mais se rendit compte qu’elle était suivie. Merde. Elle se pressa encore plus, espérant arriver à sa moto avant eux, et pouvoir décamper rapidement. Elle serrait ses clefs qui se trouvaient dans la poche de son blouson. Allez, plus qu’une dizaine de mètres. Sauf que lorsqu’elle tourna au coin de la rue où elle avait laissé sa fidèle monture, son sang se glaça dans ses veines. Deux types l’air passablement mauvais étaient accoudés sur sa dulcinée. Un piège. Et elle était tombée droit dedans. Son cœur se mit à s’affoler alors qu’elle tentait d’analyser calmement la situation. Trois types derrière elle, deux devant. Cinq contre un, mauvais. De son autre main elle chercha sous son blouson l’arme qu’elle avait ramenée avec elle d’Arkham City. Elle ne se sentait plus en sécurité sans l’emmener avec elle dans les missions un peu difficiles. Et ce soir, elle pourrait sans doute lui sauver la vie.
Sa nuque se hérissa lorsqu’elle entendit une voix dans son dos.

Eh, Babe ! Pars pas comme ça ! Ton ancien patron a trouvé que ton ardoise n’était pas totalement remise à zéro… Et comme dit le proverbe, les bons comptes font les bons amis !


Comment avait-elle pu croire qu’il la laisserait tranquille ? Comment avait-elle pu espérer que l’accord passé avec Catman allait être respecté par ce pourri. Et maintenant elle allait payer le fait qu’elle soit sortie vivante de ses griffes. Au mieux ça serait une balle dans la tête, au pire une longue, très longue agonie, avec un éventail de tortures aussi diverses que variées après leur avoir servi de jouet. Non … Du coin de l’œil, elle avisa une sorte de renfoncement, et sa formation d’homme de main lui revint en tête. Etre dans une position défensive, pour pouvoir prendre l’adversaire un à un. Ne pas se laisser submerger. Alors qu’elle s’apprêtait à s’y engouffrer, elle sentit une main puissante lui saisir l’épaule pour la basculer en arrière. Par réflexe, les gestes répétés des centaines de fois lors de sa formation revinrent alors qu’elle n’avait même pas eu le temps de penser. Elle s’accroupit et le fit chuter en lui balayant les jambes. Son agresseur tomba en arrière, mais à peine commença-t-elle à se relever qu’elle sentit un violent coup de pied dans son dos, et elle s’écrasa face contre terre. Elle vit des chaussures s’approcher d’elle, entendit leurs petits rires et leurs souffles rauques. Elle n’arrivait pas à attraper son arme, maintenue sur le sol par une rangers cloutée. Non, elle ne voulait pas finir comme ça, elle ne voulait pas crever comme un chien écrasé dans une petite ruelle des bas-fonds.

Plus que jamais, la croisade du justicier solitaire prenait une allure hallucinante. Les ennemis bougeaient enfin et frappaient fort, les autres justiciers voyaient d'un mauvais oeil les méthodes expéditives, mais efficaces de l'Ange Exterminateur. C'était une conséquence qu'il acceptait, il fallait que les choses bougent, mais personnes n'osait prendre les mesures nécessaires. Batman commençait à stagner, son statut de grand patron le faisait resté sur ses acquis et il ne s'adaptait plus à la situation. Pire encore, il voyait d'un très mauvais oeil la remise en question nécessaire que lui imposait Azrael.

Le résultat pour le chevalier de St Dumas était qu'il devait être très méfiant. Une énorme pression reposait sur ses épaules : ne pas dépasser la limite ultime, ne pas faire ne serait-ce qu'un seul faux pas, sans quoi tous les bat-fans allaient lui tomber dessus, en plus des criminels. Il menait son combat seul, avec tout ce que cela pouvait impliquait.

Une nuit, alors qu'il quittait sa base et se dirigeait vers Arkham City, l'ordinateur de son véhicule capta un signal de détresse. Il le stoppa et décida d'aller voir malgré lui.
Il se chargeait d'Arkham City, et les autres de Gotham puisque leurs méthodes n'étaient adaptées qu'à cette partie de la ville. Malheureusement pour lui, même s'il tentait de s'en convaincre, son coeur ne put résister à l'élan d'héroïsme que réclamait quelqu'un dans le besoin.

D'un pas décidé à en finir rapidement pour rejoindre au plus vite le front, il arriva bientôt devant cinq types qui agressaient une jeune femme en moto.

Sans un mot, Azrael s'élança, attrapa par le bras le plus menaçant des agresseurs, et d'un mouvement sec et puissant lui cassa le poignet avant de le saisir par la gorge de lui faire décoller les pieds du sol et de lui claquer violemment la tête contre le parterre.

En se retournant, alors qu'il se trouvait sous un angle de lumière favorable il reconnu enfin la jeune femme : la journaliste Théodora Wesson, qui était venu interviewer Valley le candidat à la suite des évènements des douanes.
Il ne manquait plus que ça, qu'une petite ingrate de fouille merde le charge d'accusations d'actes violents après s'être fait sauver les miches.
Lâchant la prise qu'il avait sur le premier des agresseurs, il avança lentement vers les autres

Cependant ceux-ci reconnaissant le vigilante et le sort qui les attendait, furent saisit de panique et se ruèrent sauvagement sur la belle.
Azrael bondit avec rapidité mais , cette petite surprise ne se finirait peut être pas sans quelques heurts ....

(Inspiration : Deftones - Digital Bath)

Theodora était toujours face contre terre, mais maintenue au sol par les violents coups de pied qu'elle recevait dans les côtes. Ses anciennes blessures venaient à peine de cicatriser, et sa peau pâle perdre sa coloration bleuâtre, que les explosions de douleur recommençaient, encore plus violentes. Elle tentait vainement de se redresser, se relever, reprendre l'avantage, mais les coups étaient si rapides et si forts qu'ils annihilaient toute tentative de se remettre debout. Chaque coup faisait jaillir un cri de douleur, étouffé entre ses dents serrées, alors que des larmes amères roulaient le long de ses joues pâles.

Puis elle entendit des exclamations inquiètes, les hommes s'agiter, et surtout, les coups cesser. Elle lutta pour prendre une profonde inspiration, après avoir retenu son souffle tout au long des coups, et releva la tête. Elle comprit, lutta pour que ses larmes de redoublent pas de soulagement. Quelqu'un la sauvait, quelqu'un la protégeait. Azrael. Instinctivement elle rampa sur quelques mètres, et s'aida d'un mur pour se redresser lentement, luttant pour retenir les gémissements de douleur, titubante et totalement perdue, ses mains posées contre le mur rêche et glacé. Elle ne put détacher son regard du spectacle qu'elle avait sous les yeux. L'Ange exterminateur glissait dans une danse mortelle entre ses différents assaillants, bousculant, tordant, immobilisant, passant de l'un à l'autre, parant leurs coups, détournant leurs attaques avec une facilité déconcertante. Hypnotisée, elle mit quelques secondes à réaliser ce qui était en train de se dérouler : Azrael lui tournait le dos, occupé avec un ancien braqueur de banques du nom de Lemmy avec qui elle avait fait quelques missions au Lounge, qui lui donnait du fil à retordre. Il ne vit pas qu'un autre de ses anciens frères d'armes, Mikkey, s'était remis de sa branlée. A la lueur du réverbère elle vit un éclat métallique surgir des profondeurs de sa veste. Un couteau. Sans réfléchir, sa main saisit son arme, elle visa Mikkey pour tenter de détourner son attaque, et tira après avoir ôté la sécurité.

Le coup de feu déchira la nuit et le silence quasi total, emplissant la rue de sa détonation sèche, ricochant de mur en mur. Et à peine avait-elle fait feu qu'elle vit avec horreur son sauveteur se retourner, soit suite à la détonation, soit après avoir senti la présence de Mikkey derrière lui. Elle le vit chanceler sous l'impact de balle, et reculer d'un pas avant de poser un regard indescriptible sur elle. Elle le vit mettre Mikkey au tapis d'un seul coup de poing avant de se retourner, et elle le vit disparaître dans les profondeurs de la nuit. Puis la seule chose qu'elle vit était qu'elle se trouvait au milieu de cinq hommes de main sonnés, qui risquaient de se réveiller incessamment sous peu, et qui risquaient de lui faire passer un sale quart d'heure si jamais ils la trouvaient encore là. D'une main tremblante, elle rangea son arme dans son holster, et saisit les clefs de sa moto. Elle dut s'y reprendre à plusieurs fois avant d'arriver à l'enfourcher en grimaçant de douleur, et ses mains tatonnèrent quelques instants avant de pouvoir mettre le contact. Elle fit hurler le moteur et roula à tombeau ouvert jusqu'à son studio où elle s'enferma à double tour.

BANG !

Un coup de feu qui retentit dans la froideur de la nuit. Puis trois secondes perplexité avant de comprendre, ou du moins de ressentir. Trois secondes qui auraient suffient à n'importe quel adversaire un tant soit peu valeureux de triompher de l'Ange Exterminateur. A trop vivre sur ses lauriers, on oublie de temps le B-A.BA des choses. Azrael gagnait, et il négligeait sa garde contre des adversaires si ... inconsistants ?

Le grand Ange de le Mort s'était prit une balle perdue, de la personne qu'il tentait d'aider, et il lui fallut trois secondes et un coup de poing qui lui fit ployer le genoux pour se rendre compte que la blessure était banale. C'était son égo qui avait prit un sacré coup ce soir. Manque de vigilance, trop de confiance en lui, sous estimation du potentiel meurtrier de ses adversaires et de la situation en elle même. Il avait renvoyé des justiciers pour moins que ça, c'était inadmissible t ceux qui avaient eut l'audace de lui remettre les pendules à l'heure allaient goûter sa rancoeur.
Sous le masque, Valley serra les dents.
Toujours sur le sol, il balaya les jambes de son adversaire, alors qu'il allait tomber sur lui, il lui porta un puissant coup de poing au visage qui le mit K-O.
Le Justicier se revela brusquement, la douleur lui servant de rappel, il se jeta comme un prédateur sur ses faibles proie et dans un seul enchaînement violent et impulsif triompha d'eux.
Une fois les criminels terrassés et pas prêts de se relever d'aussi tôt il appela son automobile.
Dedans, il enleva son costume, enclencha le pilote automatique et tira de la boîte à gants aiguille et fil chirurgical et commença à recoudre sa plaie.

Sa patrouille dans Arkham City serait compromise ce soir, il lui fallait panser sa plaie, et il était bien trop en colère pour agir convenablement.

De retour au QG, Lilith et Halphas finirent le travail, en désinfectant et refaisant les bandages. Puis Valley descendit à la salle d'entraînement pour reprendre les bases. Il avait fait une erreur de débutant qui avait faillit lui coûter cher, plus jamais cela ne se reproduirait !
Personne n'aimait apprendre malgré soi l'humilité, et dans son for intérieur il crispa les dents en pensant aux railleries que pourraient lui lancer les autres.

Cette nuit s'ajouterait à la rancune qu'Azrael éprouvait envers Arkham City, et c'est les criminels qui en subiraient le prix.

Chapitre 1 - Découverte et suspicion

Theodora avait passé le reste de la nuit chez elle, terrée comme un lapin dans son terrier. Et encore, elle y sursautait à chaque bruit un peu fort, à chaque claquement de porte, chaque éclat de voix dans la cage d'escalier. En sortant d'Arkham, elle avait laissé son personnage, Babe Ruthless derrière elle, et avait repris sa vie comme si Gotham et Arkham étaient séparés par une membrane imperméable. What happend in Arkham stays in Arkham. Mais là, qu'on lui tende un piège, qu'on vienne l'attaquer dans SA ville, dans SON monde, là où les lois s'appliquaient encore un tant soit peu la terrifiait. Elle se sentait vulnérable, susceptible d'être retrouvée à chaque instant. Elle s'en voulait également d'avoir blessé un des justiciers de Gotham, alors qu'il l'avait sauvée, craignant surtout qu'il ait pensé que son agression n'ait été qu'un piège pour le tuer ou le blesser. On le lui avait rien demandé et il avait risqué sa vie pour la sauver, elle. C'était une impression étrange.

Heureusement, elle reçut un mystérieux message d'un mystérieux expéditeur, lui proposant une forte somme pour simplement couvrir les évènements qui allaient être déclenchés dans Gotham. De la pure folie, mais qui eut au moins le mérite de la sortir de sa léthargie et de sa paranoïa. Rien qu'avec cet argent, elle pourrait changer d'appartement et ainsi brouiller les pistes, un peu. Et surtout se rapprocher du journal, dont les locaux étaient sécurisés et gardés. Et surtout, cet envahisseur lui apprit une nouvelle qui lui réveilla en elle l'instinct du limier qui avait été mis en hibernation ces derniers temps : le massacre d'Ossaville n'avait pas été lié à la course à la mairie, mais Pandora en était la responsable. Pourquoi? Pourquoi cette psychopathe s'attaquerait-elle à un dirigeant d'entreprise européen sans histoire? Tout ça était louche, et elle ne supportait pas que Valley lui ait menti. Elle devait en avoir le coeur net.

Elle retrouva son fidèle destrier et se rendit au chateau d'Ossaville pour tenter de mettre les choses au clair. Elle parcourut la ville en proie aux premiers signes d'une agitation fiévreuse, et fut soulagée lorsqu'elle atteignit l'imposant portail en un seul morceau.

Bonjour, je dois voir monsieur Valley, c'est très urgent! Si vous pourriez le prévenir que Theodora Wesson souhaite lui parler

On la fit donc entrer avec autant d'enthousiasme qu'on accueillerait des témoins de Jeovah faisant du porte à porte. Heureusement, quelques instants plus tard le maître des lieux arriva. Si la dernière fois elle s'était efforcée d'être courtoise et polie, son attaque fut cette fois franche et soudaine.

Monsieur Valley, pourquoi m'avoir menti en me disant que vous ne connaissiez pas l'identité de ceux qui ont commis ce massacre? Je sais qui l'a fait, et je suis certaine que vous aussi!

Elle lui faisait face, même si elle était plus petite que lui, les poings sur les hanches et le menton fièrement relevé. Si il y avait bien une chose qu'elle ne supportait pas, c'était qu'on la mène en bateau.

Valley goûtait chez lui, l'amertume d'un repos forcé. La veille il s'était prit une balle perdue alors qu'il sauvait une jeune femme, journaliste de surcroît des griffes de criminels peu scrupuleux. Lui voulait ressortir, la blessure n'était pas réellement grave, même si elle lui arrachait selon la position une petite grimace de douleur. Il avait déjà composé avec pire et se sentait tout à fait prêt à continuer sa croisade. Cependant, ses amis lui avaient formellement interdit de sortir, et ronchon il fut contraint d'accepter. Il ne voulait pas leur donner plus d'inquiétude que nécessaire, et même si ça lui coûtait beaucoup de l'avouer, la ville en cette période étrangement plus calme que de coutume, n'avait pas un besoin urgent de sa présence. Les autres pouvaient s'en charger, seuls.

Seulement, il s'avéra qu'une personne décida de venir troubler la quiétude de l'Ange Exterminateur et titiller la patience qu'il n'avait pas. Le hasard pouvait être bien caustique par moment, il s'agissait de la même personne qui avait conduit à son immobilisation forcée et elle semblait venir pour finir le boulot.
La journaliste aboya ses questions, vomissant ses exigences au visage de l'ancien candidat à la mairie.

Valley détestait les journalistes, Azrael les haïssait. C'étaient des gens abjects, bon à fouiller la merde pour le seul amour de la notoriété que cela pouvait amener. Liberté de la presse ? Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, il ne faut pas s'attendre à ce que des criminels sans foi ni loi respectent ce principe. Et lorsqu'un journaliste décidait quand même d'y aller, gonflé d'un orgueil qui les persuadaient d'être invincibles, c'étaient encore aux mêmes d'aller les sauver.
Le journaliste n'aime que lui, jamais il ne pense aux conséquences que peuvent avoir ses propos.
La vérité ? ils s'en foutent, ils crient au désir de vérité lorsqu'ils aperçoivent qu'on leur a menti, parce que c'est leur égo qui en prend un coup. Eux qui se croient si intelligent si malin et rusé refusent d'admettre qu'ils ne sont que de sombres idiots prêts à croire n'importe quoi du moment que ça fait vendre.

Valley ne supportait pas des gens qui sous couvert de neutralité étaient capables de filmer un gosses se faire piétiner par criminels sans lui venir à l'aide. La mort d'un enfant ne signifie rien si ce n'est la certitude d'avoir la première page.

Et cette journaliste, Theodora Wesson venait chez lui, et exigeait !

" Je ne vous dois rien, vous n'êtes rien. Vous voulez faire une enquête, alors démerdez vous, si vous en êtes incapable ce n'est pas mon problème. Mais comprenez moi bien Mlle Wesson. La personne qui a fait est un être sans coeur capable du pire. Je ne tiens pas à mettre mes proches en danger, pour vous permettre d'écrire votre tas d'immondice. Vous vous gargariserez d'une auto-satisfaction nauséabonde alors que mes proches se videront de leur sang. Si vous n'êtes ici que pour ça, alors je vous conseille de partir avant que je ne change d'humeur."

Son sang ne fit qu'un tour en entendant les propos de son hôte. Non mais pour qui il se prenait! Il la voyait comme une de ses pauvres chasseuses de scoop de bas-étage, ces pisteurs de scoop fouillant les poubelles à la recherche de sujets trash et bien juteux. Elle ne se laissa pas démonter, et répliqua sur le même ton.

Monsieur Valley, vous vous méprenez fortement sur moi et mes intentions! Je ne cherche qu'une seule et unique chose, LA VERITE! Si je suis venue vous voir en premier lieu, c'était avant tout pour voir si des liens pouvaient exister entre le drame qui vous a touché, et la disparition de Sharp et Gordon. Parce qu'on aurait pu trouver un mobile, qui, si il y avait eu un lien, aurait permis de sauver des vies! Si j'avais voulu du sensationnel, monsieur Valley, j'aurai publié ma théorie sans autre forme de procès, juste pour faire vendre. Vous en avez entendu parler dans le Globe? Non. Vous avez lu une seule ligne par rapport à ce qui vous est arrivé? Non. Parce que tant que je n'avais rien de solide, je n'aurai rien publié!

Le ton était monté au fur et à mesure de son envolée, et elle menaçait à présent Jean Paul Valley d'un index accusateur, les joues empourprées par l'émotion et la verve qu'elle mettait dans ce qu'elle disait. Puis, comme si le fait d'avoir énoncé ces mots à voix haute venait de jeter une lumière toute différente sur toutes les informations éparses de son esprit, elle s'arrêta quelques secondes, et sa physionomie changea. L'énervement fit place à la stupéfaction, et c'est sur un ton totalement différent qu'elle contemplait à présent son hôte. Comme si elle ne l'avait jamais vu de cette manière auparavant.

Mais... maintenant que j'y pense... pourquoi Pandora s'attaquerait à vous et à vos proches? Elle ne s'est que rarement attaquée à des civils, et encore, ceux qui se trouvaient sur sa route alors... Pourquoi vous? Un simple industriel européen qui a prospéré à Gotham... Que me cachez-vous monsieur Valley?

" Vous êtes méprisable. Je suis la victime et c'est à moi de me justifier ? Pourquoi le Joker massacre-t-il des innocents ? Pourquoi Killer Croc dévore-t-il des enfants ? C'est bien connu qu'il faut demander cela aux victimes. Après tout peutêtre qu'elles le méritent et n'oublions pas de respecter la dignité de ces cinglés. Pourquoi Pandora a-t-elle massacrée mes amis ? Je n'en sais rien. Il vous faudrait lui demander directement. Maisn bon, pour cela il vous faudrait la rencontrer et vous n'en sortiriez probablement pas avant. Vous ne respectez pas les victimes, une vraie invetigation doit se mener sans aucun préjugé et aller droits aux faits et aux indices. Le plus gros indice que vous avez, c'est Pandora elle même. Allez donc l'interroger plutôt qu'essayer de me faire cracher des aveux. Un mot de plus et je vous chasse de ma demeure, vous attaque en diffamation. Peut être même que Quincy Sharp sera heureux d'avoir une raison officielle de vous envoyer dans Arkham City, pour harcèlement et voyeurisme. Tiens, encore un sujet d'actualité que personne ne couvre. Mais il ne faut pas tuer la poule aux oeufs d'or. Arkham City fournit tellement de sujets palpitants !"

Pauvre Théodora, elle n'était sans doute pas un de ces paparazzi avide de scoops, mais elle était quand même journaliste était responsable de sa blessure et il était aigri.
Mais au fond de lui, son instinct de prédateur lui disait que cette fouille-merde n'était pas du genre à renoncer, qu'au contraire elle redoublerait d'efforts pour arriver à ses fins.
Malheureusement pour Valley, les faits étaient que les gens un tant soit peu malins disposaient de minces indices mais fiables pour découvrir son secret. Wesson était de ce genre là, et irait sans doute jusqu'au bout.

"Mais bon, vous tenez savoir mon secret ? Vous êtes sûre ? Votre vie va changer radicalement. Mais ce que je viens de dire il y'a trente secondes tiens toujours.
Je suis Azrael. -il ouvrit sa chemise et montra la blessure reçu la veille.- Voici la blessure que vous m'avez infligée alors que je sauvais votre petit cul. Je vous laisse apprécier toutes les conséquences de ce petit scoop. Vous pouvez penser que je prends un risque en vous le révélant, mais je vous rassure de site. Il n'est rien comparé à celui que vous prenez en connaissant mon secret."

Valley reboutonna sa chemise, l'air grave.

Elle encaissa le déluge de violence d'Azrael comme un roc fait face à la tempête. Cependant, ses yeux brillants et ses mâchoires serrées montraient que ce qu'il lui disait ne la laissait pas indifférente. Son souffle s'accélérait, et elle était prête à exploser lorsqu'il s'arrêta une seconde. Une seconde qui allait tout changer.

Brusquement il lui demanda si elle voulait connaître toute la vérité sur lui. Sa fureur retomba, mais elle commençait à peine à ouvrir la bouche pour répondre et lui asséner ces quatre vérités, à ce prétentieux arrogant, quand elle le vit saisir sa chemise et l'ouvrir. "Nan mais il nous fait quoi? Il pense sérieusement m'hypnotiser avec la contemplation de ces pectoraux?" Sauf qu'outre un torse musclé et puissant couvert de cicatrices, elle vit une blessure. Sa blessure. Non, c'était pas possible... Il lui faisait une mauvaise blague. Pourtant, elle reconnaissait bien l'endroit où sa balle l'avait touché. Jean-Paul Valley était Azraël? Elle fit un pas en arrière et dut s'appuyer à un guéridon pour ne pas chanceler. Alors c'était lui qui l'avait sauvée, c'était lui qu'elle avait blessé. Putain de merde, ça c'est du scoop! Mais qu'est-ce qui avait bien pu le décider à lui avouer ça? Elle était à dix mille lieues de s'en douter, enfin sur le moment. Une vraie claque dans la gueule. Elle resta silencieuse une seconde, avant de replanter ses yeux verts dans les siens. Tout s'embrouillait dans sa tête, devenait confus, elle qui d'habitude avait un sens de la répartie à toute épreuve.

Et il lui parla des risques qu'elle encourait à connaître son secret. Qui pourrait être au courant qu'elle savait? Elle était plutôt douée pour garder les secrets, mais c'est vrai qu'une telle bombe la maintenait en position de force envers Valley, mais de faiblesse par rapport à tous ses ennemis potentiels. Putain mais quelle merde

Je... mais... Pourquoi vous m'avez révélé votre secret? Qu'est-ce que vous voulez prouver? Attendre que d'autres me fassent la peau à votre place? Je... Mais... sans vous je serai déjà morte... le Pingouin est du genre rancunier... Vous attendez quoi de moi maintenant?

" Pour que vous mesuriez tout ce qu'implique réellement le fait de savoir. Tout le monde nous voit comme des êtres mythologiques, infaillibles mais nous restons des hommes et femmes normaux. Nous avons une vie, nous souffrons nous subissons des pertes. Vous savez qui je suis maintenant et qu'allez vous faire de ce savoir ?
Révélez mon identité et je mourrai certainement, parlez et vous aussi vous mourrez. Les tarés se lanceront après vous et vous torturerons jusqu'à ce que vous leur révéliez l'identité de tous les justiciers. Maintenant, vous devez commence à comprendre, ce que c'est que savoir. Peut être qu vous considèrerez même tout le mal que vous journalistes pouvaient faire en balançant des saloperies d'articles sans savoir qui nous sommes."

Valley s'arrêta. Sa révélation avait bouleversé la jeune femme, c'était l'effet escompté. Son ton était dur, plein de rancoeur mais elle devait savoir.

" C'est un cadeau empoisonné que je vous fais là. Vous savez mais ne pouvez pas parler. Parce que je vous l'interdis. Je n'entends pas abandonner ma vie et mon combat, je ne vous fais pas non plus confiance. Trahissez moi et je vous tomberai dessus. Vous devez savoir que je m'embarrasse de moins de règles que Batman. Mais je dois vous prévenir. S'il apprend que vous connaissez mon identité secrète, alors il pensera que vous pouvez aussi connaître la sienne. Et quand Batman est suspicieux, il peut lui arriver de prendre des mesures radicales pour protéger son secret, sa vie et celle de ses proches. Il est la vengeance, il est la nuit, il est Batman. Lui et moi sommes d'obscurs combattants passant outre les lois que respectent la police. Maintenant mademoiselle Wesson, vous savez, mais vous êtes prises entre deux feux : les criminels, et le Justiciers. Soyez très prudente, je vous le conseille. Maintenant vous comprenez notre situation."

[HRP : beaucoup de dialogue, désolé :-) ]

Elle resta paralysée en entendant Azrael continuer son petit discours. Elle avait l'impression d'être noyée, submergée par une avalanche d'informations, de craintes et d'interrogations. Azrael venait de tracer une magnifique cible sur sa tête, et dans les prochains temps il lui faudrait faire attention, très attention. Elle allait vivre sur un fil, un faux pas et c'était la fin. Sa fin. Comme si elle venait d'être lâchée dans une arène remplie de fous furieux, tous avec des pouvoirs et des capacités, et elle se retrouvait au milieux d'eux, encore plus faible qu'un oisillon qui ne savait pas encore voler. Elle avait du mal à garder son sang froid, et c'est d'une voix légèrement brisée, les yeux brillant des larmes qu'elle luttait pour ne pas laisser couler, qu'elle conclut.

Je venais pour apprendre la vérité, pouvoir, à mon échelle, tenter de me battre contre les injustices. Vous venez juste de me mettre une cible dans le dos et de me jeter dans la fosse aux lions. Merci monsieur Valley.

Elle tituba légèrement alors qu'elle sortait de la pièce, puis regagnait la sortie. Putain de merde! "Ma fille, encore une fois t'aurais mieux fait de fermer un peu ta grande gueule!" Elle enfourcha sa moto, et éclata en sanglots sitôt qu'elle eut dépassé le portail massif marquant l'entrée du château d'Ossaville. Comme si elle n'avait pas assez de merdes comme ça. Elle rentra au journal. Le seul endroit où elle se sentait en sécurité. Elle tenta de se changer les idées en attaquant les dossiers que Knox lui avait demandé de couvrir, mais constamment l'image d'Azrael/Jean-Paul Valley revenait à son esprit. Il était Azrael, soit, mais depuis combien de temps? Qu'est-ce qui l'avait fait devenir ainsi? Prendre cette responsabilité? Son instinct de limier se réveilla, en se rappelant le vieux proverbe "Sois proche de tes amis, et de tes ennemis plus près encore". Elle devait en connaître un maximum, rien que savoir qui exactement avait l'ascendant sur elle et la contrôlait.

Pendant plusieurs mois, elle consacra son temps libre à surfer sur internet, et rassembla petit à petit toutes les pièces du puzzle. Certaines furent plus dures à trouver que d'autres, elle dût cracker plusieurs codes de sécurité et quelques pare-feu, attendre et réceptionner des fax. Passant par la fenêtre quand la porte était fermée. Elle put bientôt retracer le parcours de Valley, ses hauts et ses bas. Elle fouilla des archives, recoupa des témoignages lors des interventions... et remarqua un curieux blanc dans ses apparitions, qui coïncidait à une certaine série de divergences des témoignages sur les actes et la façon d'agir de Batman... Comme par hasard après son combat contre Bane. Tout portait à croire que Valley avait repris le flambeau du justicier noir pendant un temps. Peut-être le temps que Batman se remette, s'il avait été blessé. Wow. Un sacré gros poisson. Elle referma la pochette cartonnée qui contenait toutes les informations récoltées ainsi que ses notes et la glissa dans le dossier "Factures et comptabilité" avant de le glisser dans l'étagère, parmi les autres dossiers insignifiants. Elle s'étira, le dos douloureux et les yeux fatigués, et monta sur le toit de l'immeuble pour griller sa cigarette. Normalement, c'était interdit, mais elle avait quémandé cette petite faveur à Knox qui ne pouvait rien lui refuser. Elle était assise sur un muret, les pieds dans le vide, savourant sa cigarette en silence alors qu'elle contemplait Gotham plongée dans la nuit, scintillante et grouillante d'activité.

Encore un ennemi en plus sur sa longue liste... le Pingouin lui en voulait, Azrael n'hésiterai pas à la sacrifier... Bon sang, à ce rythme là elle se mettrait bientôt la moitié de la ville à dos! Et dire que certains passaient toute leur carrière à écrire de petits artistes innocents et rentraient paisibles et sereins chez eux... Puis une étincelle jaillit dans son esprit. Pourquoi ne pas utiliser celui sur qui elle avait l'ascendant, pour se débarrasser de celui qui avait tout pouvoir sur elle. Pas con. De toute façon, vu la colère du Pingouin, il tenterait à nouveau de s'en prendre à elle, rien que pour le principe et l'exemple, et elle ne serait pas toujours aussi chanceuse. Autant mettre ce revirement du destin à profit. Dans ses recherches, elle avait décelé l'adresse d'un appartement appartenant au père d'Azrael. Le lieu parfait pour lui exposer son plan. Elle envoya le reste de sa cigarette valser dans le vide avant de redescendre à son bureau et de griffonner un petit mot.

Citation :

Monsieur Valley... Retrouvez-moi à l'endroit où votre vie à pris un nouveau tournant à Gotham. J'ai à vous parler... peut-être qu'une association pourrait être bénéfique pour les deux parties. Demain à 15h.

Theodora Wesson

Elle dépêcha un des coursiers du journal pour aller l'apporter à Ossaville.

Le lendemain, à 15h , elle se tenait dans le salon de l'appartement pour l'instant vide. Ses occupants étaient au travail, et elle n'avait eu aucun mal à crocheter la serrure. Elle avait simplement laissé la porte entr'ouverte en guise d'invitation. Devant elle, toutes les informations qu'elle avait pu récolter sur Valley. A l'heure pile, lorsqu'il poussa la porte, elle leva la tête et lui fit signe de s'asseoir face à elle.

Ils ne reviendront pas avant une heure, nous sommes tranquilles. Monsieur Valley... nous avons un ennemi commun... et vous comme moi avons tout intérêt à nous associer pour le faire tomber...

Citation :

Monsieur Valley... Retrouvez-moi à l'endroit où votre vie à pris un nouveau tournant à Gotham. J'ai à vous parler... peut-être qu'une association pourrait être bénéfique pour les deux parties. Demain à 15h.

Theodora Wesson

Un coursier venait de livrer ceci au château d'Ossaville. Jean-Paul Valley resta un instant perplexe devant ce billet si mystérieux.

Retrouvez-moi à l'endroit où votre vie a pris un nouveau tournant à Gotham.

La petite impertinente aurait elle osée faire fi des menaces de l'Ange Exterminateur ? Aurait-elle eu la témérité d'enquêter sur lui et de lui proposer quelque marché ou chantage ?
Le coeur du Justicier s'emplit de méfiance et de colère vis à vis de la fouille merde.
Pendant de longues minutes il réfléchit, tenant le bout de papier. Que pouvait elle bien savoir ? Où était telle ? Et quelles étaient ses intentions ?

Le français questionna le coursier mais n'obtient aucune réponse, aussi se décida-t-il à aller en premier à son ancien appartement, là où il avait trouvé son père agonisant, prenant connaissance du secret familial. Si jamais ce n'était pas la bonne adresse, alors il retracerait les grandes étapes de sa vie.

Les sens en alerte, l'imagination calculant plusieurs hypothèses et réaction à adopter ils se dirigea vers là bas.

Arrivé, il fût à moitié surpris de voir qu'effectivement, Theodora parlait bien de cette adresse. Elle avait savait donc beaucoup de choses. Qu'il y avait eu deux Azrael et peut être même plus. En revanche il était plutôt confiance concernant les secrets de l'Ordre. Même Batman avait vécu avec Azrael dans sa ville sans le savoir et lui même n'avait obtenu des informations sur cette "secte" qu'au prix d'une enquête minutieuse et acharnée où il avait faillit perdre la vie.Et Batman/Bruce Wayne était un enquêteur d'un tout autre niveau que cette journaliste de seconde zone.

" Et bien, il semblerait que vous ne soyez pas très maline dans votre témérité, mademoiselle. Parlez et dépêchez vous. Je n'ai pas le temps à consacrer à vos petites cachoteries."

Il ne voulait pas donner l'impression d'être "inquiet" par le fait qu'elle sache, alors il parla comme si cela ne changeait rien.

Elle sourit à peine lorsqu'elle sentit la présence d'Azrael, et lorsqu'elle le vit entrer dans l'appartement désert pour le moment. Elle aurait pu afficher un air de triomphe, qu'elle, petite journaliste insignifiante du Gotham Globe ait réussi à sommer le grand Azrael, un des plus grands justiciers que comptait Gotham. Elle n'avait pas envie de fanfaronner, car l'heure était grave. Ce revirement de situation lui offrait sans doute sa seule chance de survie. Depuis le départ de Thomas Blake. S'il n'avait pas fui en Afrique, il l'aurait protégée contre l'attaque de l'autre soir. Mais non, elle était de nouveau livrée à elle-même. Elle avait eu de la chance l'autre nuit, et elle s'en voulait presque'utiliser Valley pour ses propres besoins, mais c'était ça où elle allait y passer incessamment sous peu.

Elle leva les yeux vers Valley, avec toujours cette douleur sourde dans son regard. Depuis qu'il était parti. Elle sortit deux dossiers de son sac et les posa sur la table basse qui les séparait.

Merci d'être venu, monsieur Valley... Je... Ce n'est pas dans mes habitudes de faire du chantage aux gens, de les plier à ma volonté, surtout après ce que ceux-ci m'aient sauvé la vie, mais il y a quelques circonstances qui font que je suis réduite à ces extrémités...

Elle posa son index et son majeur sur un dossier posé devant elle et le fit glisser vers son interlocuteur. Puis releva les yeux et lui fit un petit geste de la main pour l'inciter à le feuilleter. Tout ce qu'elle avait rassemblé sur le Pingouin à Arkham et depuis son retour était dans ce dossier. Ecoutes, photos, témoignages, captures d'écrans, relevés téléphoniques... Lorsqu'elle estima qu'il en avait assez pris connaissance, elle continua.

Monsieur Valley... J'ai besoin de vous pour faire tomber le Pingouin. Je peux comprendre qu'il ait moyennement apprécié le coup de l'espionne à Arkham, et je ne dis pas que je n'ai pas mérité mon passage à tabac. C'étaient les risques du métier et je le savais avant d'y aller. Mais il s'est attaqué à ma mère, il l'a emmenée là-bas et a failli la tuer. Et l'autre jour, quand vous m'avez sauvée... c'était de nouveau ses hommes qui en étaient après moi. Je... Je ne peux plus vivre avec cette menace constante qui pèse sur moi et surtout sur mes proches. Maintenant que je n'ai plus personne pour me protéger - sa voix se brisa en prononçant ses derniers mots, revoyant la scène d'adieu avec Thomas sur le quai d'embarquement- il faut que cette menace cesse... Et il n'arrêtera pas tant que je ne frapperai pas la première. C'est là que j'ai besoin de vous... Je sais que vous avez aussi une dent contre lui...

Elle soupira et s'arrêta quelques instants avant de reprendre.

J'ai appris beaucoup de choses sur vous monsieur Valley... et je n'aurai pas envie de les divulguer. Je sais que vous avez pris l'identité de Batman pendant une période. Je sais aussi que vous avez eu des problèmes psychologiques à un moment donné... Vous vous imaginez quel impact ça aura si je balance tout ça dans le Globe? Ou même sur internet? D'une, votre entreprise... pas très bon pour les affaires, des marchés perdus... y'a mieux. Et surtout, surtout... tous les petits merdeux de Gotham et surtout d'Arkham a qui vous avez botté le cul qui viendront gentiment sonner à votre porte pour vous rendre la pareille... Pas génial hein?
Je préfèrerai voir les choses comme un partenariat, où on aurait tous les deux quelque chose à y gagner... Et... ne vous inquiétez pas, j'ai plusieurs sauvegardes des documents que vous avez sous les yeux... je sais que des accidents sont si vite arrivés...

Elle luttait avec l'énergie du désespoir. Si seulement Blake était resté, tout aurait été différent... mais la vie ne continuait, et elle n'allait pas se faire cryogéniser en attendant que son chevalier servant revienne et veille sur elle comme sur la prunelle de ses yeux. Si un jour il revenait... C'était assez dur de vivre comme ça, avec cette blessure toujours à vif qui lui rappelait sans cesse son absence, pour en plus avoir à regarder sans cesse derrière son épaule pour vérifier que l'emplumé n'avait pas commandité un nouveau traquenard. Elle voulait morfler tranquillement, et pas tomber dans la paranoïa. C'était moche, soit, mais elle allait si mal qu'elle ne voyait pas d'autre solution, au moins pour le moment.

Valley écouta calmement tout ce que la jeune femme avait à dire. La petite garce s'était acheté du courage apparemment, et elle affichait clairement son intention de faire chanter l'Ange Exterminateur.
C'était pas si rare que cela. Valley étant quand même une personnalité anonyme, peu de monde pouvait se douter de son identité réelle et en user contre lui. Mais c'était quand même déjà arrivé, avec l'Ordre en premier lieu et quelques autres criminels aussi. Mais il s'en était toujours sorti.

Son affaire de commerce de vin n'était que secondaire, elle lui servait à encaisser de l'argent pour financer un peu sa croisade, qu'elle coule n'était pas sa priorité.
De toute manière, Bruce Wayne avait été accusé de nombreuses fois d'être le Batman, et il avait toujours réussi à prouver le contraire, alors qu'il l'était bel et bien! Ses affaires n'en furent pas plus atteintes, de même que celles de criminels notoires comme Falcone ou Cobblepot. A Gotham, l'argent fait loi, peut importe d'où il vient.

En revanche il n'appréciait pas d'être menacé et qu'une fouille merde mette la vie de ses amis en péril.

" Vous n'en ferez rien. Parce que ce ne serait pas dans votre intérêt. Si je tombe, alors la ville perd un Justicier important. Batman a été vaincu, les criminels n'ont plus peur de lui, il reste pas mal absent de la circulation. Les autres, ils sont trop jeunes inexpérimentés. Actuellement, je suis le seul qui fait assez peur aux criminels pour pouvoir être efficace. Oteriez vous à Gotham un de ses protecteurs ? Mettriez vous en péril le salut d'une ville déjà difficile à entrevoir, pour des raisons purement égoïstes ?
C'est exactement ce que je disais l'autre jour, Wesson. Les gens de votre espèce, les "journalistes" vous foutez la merde autour de vous, vous mettez en danger des gens qui ne sont pas concernés et vous comptez bien sagement sur les autres pour réparer vos conneries.
Le pire, c'est que beaucoup de gens font ça malgré eux. Vous c'est délibéré et au lieu d'être reconnaissant après coup, vous essayez d'en tirer profit.
Je me demande si je ne vais pas rajouter les maîtres chanteurs à ma liste de criminels."

Valley s'était tenu droit pendant qu'il parlait d'un ton froid, il laissa quelques secondes de silence avant de poursuivre.

" Vous savez, vous vous êtes frottés à un plus gros poisson que vous, vous avez mal fait votre travail et vous en payez les prix. Et je ne suis pas sûr que vous mesuriez une fois de plus à qui vous vous frottez maintenant. Il me serait très facile de vous neutraliser, de vous enfermer là où personne ne pourrait venir vous trouver. Et récupérer toutes les informations que vous avez sur moi. Et quand bien même je n'y arriverai pas, vous me donnez là l'occasion de vous contre-attaqué publiquement : "Wesson a travaillé avec le Pingouin, elle est de mèche avec lui ou alors il la fait chanter."... Vous vous pensez très intelligente et burnée, mais rien. A mes yeux, vous n'êtes qu'une mouche : agaçante, mais pas dangereuse. Un simple revers de main vous chasserait."

Ne pas céder aux menaces terroristes. La base. Bien évidemment des fois on avait envie d'abandonner quand des proches, innocents sont en danger. Quand le joker pointe son flingue sur la tempe d'un gosse et vous demande de ne pas broncher sans quoi il lui exploser le caisson, on a pas envie de mettre sa vie en danger. Mais on le doit. Et on passe outre la peur des conséquences pour agir.
Ici il en était de même, du moins c'est ce qu'il croyait.
Ce que Valley redoutait davantage que ces menaces directes, c'était les dommages collatéraux que cela pouvait entraîner. Conséquences que même Wesson ne devait pas percevoir.
En effet, une fois l'identité réelle de Valley découverte, le public disposerai de nouvelles pistes pour atteindre les autres Justiciers. En recoupant les informations,en utilisant certaines brèches on pourrait découvrir que Jean-Paul Valley en remplaçant Batman avait en réalité remplacé Bruce Wayne. Et si lui tombait, tous les autres justiciers seraient démasqués. C'était une chose que de se mettre en danger, mais tout autre chose que d'embarquer avec soi des gens qui ne demandaient rien à personne. Et malgré les différeds qui les opposai, jamais Azrael ne trahirait l'identité de Batman.

" Mais je vais vous aider. Vous savez pourquoi ? Parce que votre famille est innocente, qu'elle n'a pas à subir le courroux d'un sadique, que vous êtes une civile et pas vraiment criminelle t que le Pingouin est déjà sur ma liste. Que vous le coryez ou non, je suis un Justicier, je fais cela parce que j'en ai les capacités et que j'ai un sens du devoir. J'ai juré de protéger les innocents, et je m'y emploie. Mais comprenez bien que je ne fais pas ça par peur de votre petit chantage, même sans cela, je n'aurai pas ignoré un appel à l'aide."

Elle avait voulu jouer à la grande fille, elle s'était bâti un scénario dans lequel toute sa petite affaire était logique et justifiée. Elle tirait simplement avantage d'informations en sa possession, rien de plus compliqué. Mais là, face à Azrael qui lui assénait ses quatre vérités, la réalité de ce qu'elle était en train de faire la frappa en pleine face. Elle était en train de faire chanter un des protecteurs de Gotham, un de ceux qui risquaient leur vie chaque jour pour que la plupart des gens puissent dormir sur leurs deux oreilles. Dont elle. Et elle utilisait ça pour des fins égoïstes. Son visage perdit toute couleur alors qu'elle comprit que toute cette mascarade, cette piste qui n'amènerait rien, était juste là pour occuper son esprit depuis que Thomas l'avait quittée. Elle avait sauté sur cette nouvelle recherche comme on se jette dans le vide, par dépit, par défaut. Durant les longues heures passées derrière son écran, à boire des litres de café et à griller cigarette sur cigarette, elle ne pensait pas, en tout cas pas à lui. Elle s’était mis des œillères, se persuadant que tous ses problèmes seraient réglés d’un coup de baguette magique une fois que le Pingouin s’en serait pris plein la gueule. Et qu’ensuite, sa vie reprendrait comme avant, routinière et habituelle. Sauf qu’on en était loin, et qu’elle était en train de faire une connerie magistrale, aveuglée par sa peine et son chagrin, une paire de mauvaises conseillères, et la peur que quelque chose arrive à Tom. Depuis quelques semaines que le petit bout était entré dans sa vie, avec sa morve au nez et ses mains sales, mais il comptait beaucoup pour elle, et elle ne s'imaginait pas qu'il lui arrive quelque chose. Par sa faute. Ses mains se mirent à trembler, surtout lorsqu’Azrael, malgré tout ce qu’elle lui avait fait, malgré tout ce qu’elle lui avait dit, son chantage de bas-étage, lui avait dit qu’il allait l’aider. Elle serait simplement venue le voir en lui demandant son aide, et en s’excusant pour la fausse bévue, il l’aurait écoutée. Mais là elle venait juste de jouer la carte de la petite conne arrogante qui croit que le monde va faire ses quatre volontés pour peu qu’elle ait assez de cartes en main. Bête à en pleurer, pire qu’une gamine, car ce qu’elle avait provoqué pouvait avoir de lourdes conséquences. Elle avait envie de se baffer elle-même.
Elle se leva en chancelant, et ne put retenir plus longtemps les larmes qu’elle n’avait pas versées lors du départ de son chevalier servant. Elle avait tout gardé, tout caché, mais là ça en était trop. Sa voix, d’ordinaire posée et calme se brisait, et avait du mal à s’élever plus haut qu’un murmure. Elle se mit à bredouiller.

« Putain je… je suis trop conne je… Mais à quoi j’ai pensé quand j’ai eu cette idée je… Je suis désolée je… Je sais pas ce qui m’a pris d’agir comme la dernière des mafieuses de bas-étage… Je… j’ai honte d’en être arrivée là, je n’étais pas vraiment moi-même ces derniers temps, et ce connard qui a dessiné une putain de cible clignotante sur ma tête m’a fait péter les plombs, surtout avec le petit... je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose, à lui surtout. Je… ça ne me donnait pas le droit de faire ce que j’ai fait… Je suis qu’une petite conne qui mérite ce qui risque de lui arriver, rien que pour avoir osé tirer profit de vos faiblesses alors que… alors que vous m’avez sauvée je… »

Tout en bredouillant, et en essuyant rageusement les larmes qui roulaient le long de ses joues, elle rassemblait à la hâte ses affaires éparses. Elle allait mal, beaucoup plus mal qu’elle n’aurait pensé maintenant qu’elle venait de se dévoiler la face. Elle était tombée si bas, elle aurait préféré disparaître dix pieds sous terre. Putain mais de quel droit… Elle laissa cependant les dossiers sur la table basse.

« Vous pouvez garder les documents sur le Pingouin si… si jamais ils peuvent vous être utiles… Et je… soyez tranquille, je… tout ce que j’ai sur vous va être brûlé d’ici ce soir je… Désolée de… pour tout… »

Elle sortit de l’appartement et tituba jusqu’à l’escalier menant à la sortie. Elle descendit à peine quelques marches qu’elle chancela,et se laissa lentement retomber jusqu’au sol. Là enfin elle laissa libre cours à toute sa peine et se mit à sangloter silencieusement, adossée contre le mur.

Valley, toujours sérieux récupéra les documents que lui tendait la journaliste et les rangea dans sa mallette. Peu importe qu'elle se mette à pleurer, ce n'était pas son problème, elle avait voulu jouer à la dure et payait le prix de sa défaite. Elle était responsable de la situation dans laquelle elle s'était fourrée délibérément, et Valley n'entendait pas s'excuser pour cela.
Jean-Paul tourna les talons et s'apprêta à sortir lorsqu'elle passa devant lui en trombe.

Une fois en bas des escaliers, elle était là à chialer.

"Il y a encore de l'espoir pour vous. Si vous éprouvez des remords, c'est que vous savez quand même percevoir lorsque vous êtes dans l'erreur et que cela vous culpabilise. Arrêtez de pleurer, levez vous et pensez à ce que vous pourriez faire pour aider cette ville avec de bonnes méthodes. Et rassurez vous. Je veillerai personnellement à ce que le Pingouin ne constitue plus une menace pour vos proches. Bonne soirée et qui sait, peut être à bientôt."

Point de chaleur dans ce ton, au contraire on pouvait peut être sentir un peu de rancoeur comme s'il disait cela par obligation. C'était exact, mais c'était l'image dure et stricte que Valley voulait se donner qui regrettait de céder face à cet élan du coeur, aussi facilement.

Deux semaines avaient passé depuis son coup d'éclat auprès de Valley, et Theodora était en train de griller sa clope sur le balcon, soufflant un peu après que Thomas se soit endormi. Le calme après la tempête. Quelle conne, son petit jeu minable de dominatrice à deux balles n'avait pas fait qu'elle doit crainte, mais la rendre encore plus pathétique. Pauvre fille. Elle n'en revenait toujours pas de ce qu'elle avait fait et dit, de tout son petit film qu'elle s'était monté. Mais plus encore c'était la réaction d'Azrael qui l'avait déstabilisée et retournée. Il lui avait sauvé la vie, elle l'avait blessé, elle l'avait fait chanter et pourtant il allait ôter la menace qui pesait sur sa tête. Sur la sienne et celle de Tom. Elle n'arrivait toujours pas à comprendre ce qui l'avait poussé à réagir de la sorte. Quand elle était allée le voir après son sauvetage, il s'était montré arrogant, présomptueux, n'hésitant pas à lui révéler son secret pour le mettre en danger. Et il avait radicalement changé de comportement, passant outre son impertinence et sa grande gueule quand il avait senti que, malgré tout, elle avait besoin d'aide.

Ce type était un mystère... malgré toutes ses recherches, elle n'avait vu que la partie émergée de l'iceberg. Un entrepreneur français, négociant en vins, et qui avait décidé de combattre le mal à l'autre bout de sa planète. Elle avait trouvé quelques indices, mais n'avait pas pu rassembler toutes les pièces du puzzle. Néanmoins, elle ne voulait pas qu'il reste sur cette impression, qu'il garde cette image d'elle. Pourquoi? Elle n'en savait rien. Mais elle sentait qu'elle ne devait pas que les choses en restent à ce point. Qu'elle devait se racheter. Quelque chose lui disait que s'ils s'associaient, leur collaboration pourrait être plus que fructueuse.

Elle regardait la cendre de sa cigarette se disperser dans le vent, quand une idée lui vint. Sharp. Elle était certaine que Sharp était derrière une partie de toutes les merdes qui avaient cours à Gotham, qu'il était derrière l'enlèvement de Gordon... maintenant que ce dernier avait disparu dans la nature, la ville allait avoir besoin d'un nouveau protecteur, d'un nouveau maire. Quelqu'un qui pourrait s'opposer au tyran. Qui serait une nouvelle épine dans le pied de Sharp. D'une pichenette, elle jeta la cigarette dans le vide et se releva en grimaçant. Elle était restée longtemps sur le sol froid et elle était glacée.
Elle allait monter un dossier pour le faire tomber, ça lui permettrait de se racheter, et de faire peut-être bouger la ville.
Elle fit chauffer sa cafetière. De la caféïne, elle allait en avoir besoin, la nuit promettait d'être longue.

Knox était quelqu'un d'assez secret quand il s'agissait de ses papiers et de ses enquêtes. Sans doute pour ne pas attirer les curieux et éviter de se faire souffler les scoops, mais Theodora savait que c'était également pour essayer de mouiller le moins de monde possible avec lui, juste au cas où. Arkham lui avait servi de leçon. Heureusement, il lui arrivait de demander son aide à sa jeune protégée, mais c'était toujours pour des petites recherches ponctuelles, en général ne lui donnant pas assez d'informations pour la mettre sur la piste. Alors elle se retrouvait souvent à découvrir l'article en même temps que le commun des mortels, et se contentait d'aller le féliciter en lui tapant un café dans son bureau. Et quand elle tomba sur son article à la une du Globe, elle sut qu'il avait levé un lièvre, et surtout que toutes les recherches qu'il avait effectuées allaient lui servir. C'était exactement ce qu'il lui fallait. Depuis son petit jeu à la con avec Valley, elle s'était sentie mal de l'avoir utilisé, et d'avoir pensé à le faire chanter. Surtout que lui, allait l'aider gratos. Aussi, quand la perspective de lui renvoyer un tant soit peu l'ascenseur se présenta, elle sauta sur l'occasion.

Knox ne cilla pas quand elle lui demanda de faire des copies de toutes les pièces qu'il avait rassemblées contre Sharp, il la laissa tout photocopier et se barrer, et elle fut touchée de sa confiance. Il devait se douter qu'elle avait ses raisons, et il n'était pas du genre à le faire chier. En feuilletant le dossier dans le local à photocopieuse, elle se rendit compte que c'était du lourd, du très lourd, qui pourrait avoir plus d'impact qu'un article un peu sulfureux. Sa décision était prise.
Le soir même, elle envoya un petit mot à Valley.

Citation :

Monsieur Valley, retrouvez-moi demain à 15h où vous savez. J'ai quelque chose qui pourrait vous intéresser. T.W

Et en guise d'amuse-bouche, elle joignit à son petit mot une partie d'une retranscription téléphonique assez pimentée pour causer des noises à l'actuel maire. Elle fit porter le tout au chateau d'Ossaville par un des coursiers du journal. Elle dormit mal la nuit précédent leur rendez-vous, espérant que tout se passe bien, s'imaginant une centaine de scenario possibles, dont l'un se terminait même par l'irruption des hommes de Sharp qui lui tiraient une balle dans la tête pour trahison. La journée du lendemain fut occupée par plein de petites conneries qui eurent le mérite de l'éviter de trop penser, divers sujets à couvrir un peu partout dans la ville. Elle passa son début d'après-midi avec son garçon, avant de le ramener à l'école.

Une fois sur place, elle s'assura que l'appartement était vide, comme d'habitude, puis sortit le dossier contre Sharp qu'elle posa sur la table basse. Mais cette fois-ci, elle alla s'installer à la fenêtre, assise sur l'encoignure, un pied sur l'escalier de secours qui passait juste devant. Elle espérait que tout allait bien se passer, et qu'elle n'allait pas faire une autre gaffe. Elle sursauta en l'entendant arriver et pousser la porte. Bon,on allait pas jouer les remake de Cosette rongée par les remords, et il n'avait pas l'air d'être le type de mec affecté par la sensiblerie. Elle préféra se la jouer grande gueule en mode modeste.

Bonjour monsieur Valley, merci d'être venu...

Elle lui laissa le temps d'entrer et de fermer la porte, avant de continuer.

Je crois que ce que j'ai pour vous peut être assez intéressant. Je vous ai même ramené un café pour accompagner votre lecture... par contre, désolée pour les cookies, j'ai pas trouvé de scout à qui en acheter sur le chemin.

Elle l'observa du coin de l'oeil, et le vit s'asseoir. Quand elle le vit ouvrir le dossier, et commencer à être intéressé par ce qui s'offrait à ses yeux, elle sourit en coin, et s'alluma une cigarette avant de passer par la fenêtre et de commencer à descendre les marches métalliques. De toute façon,il n'y avait pas de discussion à avoir à propos de tout ça.

Lorsque Valley reçu un nouveau petit mot de la part de la Wesson, il afficha une mine résignée : elle n’avait pas comprit et s’entêtait, tant pis pour elle. Il allait tout jeter au feu lorsque par souci de complétude il y jeta quand même un coup d’œil.
Comme Théodora l’avait prévu, cela capta son attention, suffisamment pour qu’il daigne se rendre sur le lieu du rendez-vous.

Il arriva en civil, on ne devait pas voir Azrael dans cet appartement, emmitouflé dans son manteau et pénétra dans l’appartement affichant un visage inexpressif.
Pourquoi Théodora Wesson prenait elle le risque de le recontacter, lui, après sa tentative de chantage ratée et la dure leçon qu’elle en avait tiré ? Il y avait des tas d’autres justiciers dans les rues qui pouvaient profiter de telles information, alors quoi lui ? Pour se faire pardonner ? Peut être, mais le fait d’arranger ce petit rendez vous dans le même appartement était il à nouveau l’expression d’un symbole quelconque ? Valley n’y croyait pas, le coup du « je sais où t’habites » ne marche qu’une fois. Pourtant elle avait quand même fait mander l’Ange Exterminateur dans un appartement habité, bravant le danger et contournant la loi.

L’ancien candidat à la mairie referma la porte derrière lui mais resta quelques instants à la regarder. Elle semblait sûre d’elle, plus de trace de culpabilité ou de tristesse, pas non plus la moindre lueur d’excuses, elle était sûre d’elle ce qui exaspérait le justicier. Pourquoi diable dans cette putain-de-ville-à-la-con n’importe qui se permet de se croire l’égal des justiciers qui ont fait leur réputation à grands coups de poings et de sauvetages brillants ?
Valley se crispa pendant quelques instants et se détendit en balançant une réplique qu’il voulait choc :

« Je pensais avoir été clair lors de notre dernière entrevue : ne vous amusez plus à me contacter. Et pourtant nous revoilà dans cet appartement. Etes vous idiote ou souffrez vous d’un quelconque déficit global de compréhension ? »

En guise de réponse, elle s’alluma une clope –trop rebelle- et fit glisser d’un geste nonchalant un dossier. Valley s’assit et parcouru les feuilles du regard, pendant que son « hôtesse » disparaissait pour faire son petit effet.
C’était relativement intéressant, justes des pistes, aucune preuve mais quand même de quoi creuser. Etait-elle consciente du caractère inachevé de sa paperasse ou non ?
Valley sortit son téléphone portable et photographia chacune des pièces du dossier puis les envoya sur l’ordinateur central au château. Il replia les documents dans leur chemise puis alla fermer la porte à clé : les résidants trouveraient cela suspect de voir leur porte ouverte, avant de sortir lui-même par la fenêtre.
L’appartement se situait dans un immeuble typiquement américain, avec les passerelles en métal et les échelles. Valley releva le col de son manteau de sorte à dissimuler un peu son visage et s’élança. Il fût au sol en quelques secondes, atterrissant devant une Théodora Wesson un peu surprise.
Les deux semblaient se livraient à un petit jeu de forte impression : la journaliste voulait montrait qu’elle pouvait être utile et qu’elle aussi était maline, Valley voulait lui rappeler par ce petit numéro d’acrobatie qu’il restait quand même Azrael.

« Intéressant, totalement incomplet. Ne sers à rien en l’état. Continuez à creuser, trouvez de vraies preuves que l’on pourra utiliser. Oui, j’ai di « on », apparemment vous n’êtes pas du genre à vous complaindre dans votre malheur. Mais par attention à ne pas outrepasser votre statut, ne vous avisez plus jamais de me contacter comme cela. Vous ne savez pas qui est Azrael, moi non plus. Lui, saura où nous trouver. Soyez prudente. »
Azrael venait d’accepter de collaborer avec Théodora Wesson : la journaliste accumulerait des preuves, ou des pistes et l’Ange de la Mort irait les chercher et l’inspectrice Lulla Brogan devrait les recevoir pour officialiser les choses. Finalement on aurait dit qu’Azrael avait enfin sa fine équipe qui lui permettrait de conduire à des arrestations efficaces…
Seulement, dans l’ombre d’un appartement, derrière un rideau, personne ne vit cet homme, employé par Sharp prendre en photo les passages de documents entre la journaliste et l’ancien candidat et donc rival potentiel à la mairie ….

[ HJ : dernière phrase pour introduire un RP futur]