Crime Alley. Ma première étape après l'hôpital.

Ma rencontre avec Arthur Lindenberg ne fut pas plaisante. Son témoignage est discutable, car toute personne agressée à ce point peut imaginer des choses, mais je suis prêt à croire mon ami d'enfance. Il est suffisamment sûr de lui et clair dans ses explications pour que le doute m'assaille.
Et si la Cour des Hiboux existait réellement ? Et si j'étais passé à côté de tout un pan de Gotham City depuis tant d'années ?

Enfant, à la mort de mes parents, j'ai refusé que Joe Chill soit un "simple" criminel, que le meurtre de mon univers soit le fruit du hasard. J'ai mis sur la Cour, cette comptine pour enfants, la responsabilité de mon drame et j'ai passé des semaines à enquêter sur elle ; j'ai failli y perdre la vie.
Après plusieurs mois inutiles, l'enfant que j'étais a compris que je faisais fausse route, et j'ai transféré ma fixation de la Cour au crime en général. La mission a commencé ainsi, quand j'ai fait de mon serment le moteur de ma formation et de mon apprentissage. C'est cette certitude que seul le crime hasardeux était la source de mon malheur qui a créé le Batman;

Et maintenant, un homme en qui j'ai confiance me jure que la Cour des Hiboux existe.
Je n'ai pu que venir ici - à l'origine. J'en avais besoin.

Retrouver Crime Alley, retrouver la base, me remémorer la base de ma mission me fait du bien... quand je ne suis pas troublé par quelqu'un. Et spécifiquement quelqu'un qui ne doit pas exister, si j'en crois ma certitude initiale.

Je l'ai senti approcher quelques instants avant sa prise de parole - il est doué. Sa voix est calme quand il récite la comptine, et du coin de l'oeil je distingue son costume, très similaire à celui par Arthur Lindenberg.
Mes yeux blanchâtres se ferment lentement. Les souvenirs s'entremêlent dans mon esprit : le cinéma, la ruelle, la silhouette, les menaces, père, le tir, les cris, le tir, le collier au sol. Et le besoin irrépressible d'accuser quelqu'un, quelque chose - et la déception de découvrir que la Cour n'existait pas. Jusqu'à aujourd'hui.

Mes paupières se rouvrent. Ma main agrippe plus rapidement que jamais le grappin à ma ceinture. Mon visage se tourne vers l'Ergot, et mes lèvres bougent pour prononcer quelques mots d'une voix des plus autoritaire.

"Ceci est ma ville. Je suis Batman. Vous devez connaître, non ?"

Je lève et appuie sur la touche du grappin, dont la tête s'expulse pour accrocher l'armure de l'Ergot à son épaule gauche. Sans lui laisser le temps de réagir, j'active la manoeuvre de retour et écrase mon poing sur son visage, avant de lâcher mon arme et de me préparer au combat.

"La Cour des Hiboux n'existe pas. Je suis prêt à te faire disparaître pour confirmer ça."

La colère de ne pas avoir été là pour Arthur et d'avoir échoué il y a plus de vingt ans m'anime.
Je la laisse faire, tant pis pour cet Ergot.

"Sommes-nous forcés de jouer cette comédie ?"

Mon visage n'exprime qu'une neutralité terrible. Mes poings sont crispés, mon regard blanchâtre fixé sur l'homme en face de moi. Tout, dans son costume, dans ses armes, rappelle le symbole du Hibou, et appuie les révélations d'Arthur et sa propre confession.
Mon esprit refuse toujours d'accepter l'existence de la Cour, mais je dois avouer que cet inconnu s'est donné du mal pour me convaincre - ou que ceux derrière cet inconnu se donnent du mal pour me manipuler. J'ai trop souffert de pièges de ce genre pour ne pas conserver ma prudence, que certains taxeraient de paranoïa. Qu'importe... elle m'a souvent sauvé la vie.

"La Cour des Hiboux est une fable, une comptine, un monstre pour enfants utilisé par des parents incapables d'assurer seuls leur autorité. Ceux qui veulent faire croire le contraire, ceux qui veulent raviver le passé de Gotham City avec ce genre de divagation... ceux-là ne méritent pas mieux que mes poings."

Je fais claquer mes bottes sur le sol, m'approchant de cet individu costumé.
Sa combinaison est impressionnante, je dois l'avouer. Sa façon d'encaisser, de se relever et de dégainer ses armes est le signe clair d'un entraînement important ; je dois m'en méfier. Quiconque est derrière cet homme, quiconque est derrière cette supercherie met suffisamment de moyens pour paraître crédible - et cela n'augure rien de bon.

"Ce n'est pas une bonne soirée pour me provoquer ou essayer de me manipuler. Je ne suis pas d'humeur à subir ça."

Je m'arrête devant lui, les poings prêts à s'abattre sur lui - mais je n'en fais rien.
La crispation de mon corps disparaît, et mes bras retombent le long de mon corps. Mon visage retrouve une expression plus calme et sereine, et ma voix adopte un timbre légèrement moins agressif.

"Mais je suis d'humeur à laisser une chance à ta version. Je ne crois pas en la Cour des Hiboux, je me suis prouvé son inexistence, mais une connaissance a été agressée par un homme vêtu comme toi et des faits étranges se produisent ce soir. Sois convaincant."

Sébastian Clark - une rumeur, un mythe. Un vieil homme extrêmement riche, ayant suffisamment bien placé la petite fortune amassée par son père, un écrivain renommé dans les années 1960 et 1970. Tous deux ont disparu il y a plusieurs décennies, alors que l'artiste avait laissé courir le bruit dans certaines sphères privées qu'il était en train de réaliser son chef d'oeuvre.
Mon père était l'un de ses fans, sa disparition a lourdement choqué et intrigué ma famille. Son fils, Sébastian, n'a été qu'une rumeur depuis lors, certains esprits avides de scandale le faisant réapparaître un peu partout dans le monde, avec des histoires de femmes, d'argent et de drogues. Je n'y ai jamais cru - en réalité, je ne m'en suis jamais occupé.

La seule chose que je sais, c'est que Sébastian Clark utilise d'énormes sommes d'argent pour cacher sa présence, comme l'indiquent de discrets mouvements financiers appartenant à des sociétés liées discrètement à lui. Le fait que cet Ergot mentionne son nom ne fait qu'attiser ma curiosité, et rendre cette nuit particulièrement troublante.

"Soit."

Ma parole suit un long moment de silence et de tension. Même si je suis enclin à laisser une chance à cet inconnu, je refuse de lui offrir un moment de confiance et la certitude d'avoir gagné ; qu'il comprenne que mes poings peuvent toujours s'abattre sur lui si ses explications ne me conviennent pas.

"Mène-moi à Sébastian Clark et montre-moi les preuves sur l'existence de la Cour."

Discrètement, j'appuie sur un bouton spécifique de ma ceinture, qui active une alarme dans la Batcave et activa la balise qui pourrait servir à mes proches de me retrouver en cas de besoin. Rares sont ceux qui m'entourent encore actuellement, mais je sais qu'Alfred pourrait être suffisamment convaincant pour arracher leur aide à Azrael, Lulla Brogan, Richard et les autres.

"Où allons-nous ?"

Je m'empare de mon grappin, et attend pour suivre l'Ergot. A lui de me mener à Sébastian Clark, et de me prouver qu'il dit vrai ; le chemin sera encore long pour me convaincre, mais il a une chance - qu'il la saisisse au plus vite.

(HJ/ C'est une bonne idée de reprendre le personnage introduit dans Talon #1. Je me suis permis d'étoffer son passé encore obscur, et je changerai si de nouvelles informations arrivent dans les prochains numéros. Je propose que tu ouvres le nouveau sujet où nous rencontrons Clark, voire à ce que tu l'ouvres sans répondre ici car je ne vois pas ce que tu peux rajouter de plus ! /HJ)