Flic Flac Floc ...

La pluie pleuvait à torrent dans la ruelle sombre et étroite.
Une silhouette s'avança et apparu en ombre chinoise dans la lumière du réverbère.
Sous son parapluie, bien à l'abri, un sourire se fit.
Sautant a pied joint dans la flaque d'eau, elle apparut dans une gerbe d'écume.

Flic Flac Floc ...

Fermant plantée au milieu des docks, Duela Dent , le regard plein de malice, un sourire de loup placardé sur ses lèvres sanguines, dévisageait le sombre bâtiment qui se dressait devant elle, un poisson à la main.

-Bouh ! fit-elle goguenarde. Je t'ai trouvé ... papa !

Elle avançait sereine et sure d'elle, seule au milieu du quai désert, pleinement visible, jouant avec le poisson d'un air insouciant.
A la voir ainsi, à n'en pas douté, cette jeune personne était une bizarrerie, comme un personnage de roman qui se serait trompé de livre.
Elle détonait dans le paysage grisâtre des bâtiments, rayonnante de couleur et de bonne humeur malgré la pluie, dans un endroit aussi malfamé.

-Ce soir, je rentre à la maison !


Sortant une clef de sa poche , elle déverrouilla l'énorme cadenas de métal qui retenait les lourdes chaines de la grille principale, pénétrant dans l'enceinte de la cour de la poissonnerie. Elle traversa d'un pas rapide et pénétra à l'intérieur , sans même prendre la peine de frapper, ce qui était fort malpoli, mais elle avait passer l'âge d'écouter son père.

Elle alluma les lumières, nullement perturbée par le pistolet mitrailleur pointé sur la tempe.

-Salut p'pa ! J'espère que le diner est prêt , je meurs de faim ! Et pour l'amour du ciel, j'espère que tu m'a préparé autre chose que du poisson !

Sortant une petite boite de sa poche, elle la brandit en avant d'un air joyeux et enfantin.

-Taaaaadaaaaa ! Regarde p'pa ! J'ai même un cadeau pour toi , en signe de réconciliation !

Se tournant vers le garde , elle le regarda, d'un air effronté.

-Eh toi ! On t'as jamais dit de dire bonjour avant de braquer ton arme partout comme un demeuré ? Pose ça avant que je t'apprenne les bonnes manières.

Le clown souriait d'un air idiot, ne sachant que faire devant cette étrange situation. Avant qu'il n'ai pu réagir, agacée, la jeune fille dégaina un pistolet d'une de ses poches intérieures.

- Bonjour ! claironna-t-elle !

Et avant que la surprise n'est eu le temps de se peindre sur le visage de l'homme , elle tira.
L'homme s'écroula a ses pieds comme une poupée de chiffon. Elle rengaina, et se tourna vers le centre de la salle.

-Oups, je crois que je l'ai cassé, fit-elle avec une moue de clown triste. Gomen.


Haussant les épaules, elle leva les yeux, dévisageant un visage semblable au sien.

-Bon tant pis, enchaina-t-elle, revenons en a nos poissons, j'ai faim p'pa, on ouvrirait ton cadeau en dessert , ein ? Qu'en dit-tu ? Rooooh allez papa, diiiiit ouiiiiiiii, sa me feraiiiiit teeeeeelleeeement plaisir tu sais !

- "C'est à cette heure-ci que tu rentres, mademoiselle ?! Et le couvre-feu, c'est pour Batman ?"

Papounet semblait être désapprobateur, comme à l’accoutumée. De toute façon il n’était jamais d’accord sur ce qu’elle faisait.

-Désolée, j’ai encore du donner une leçon à Robin, toujours en travers de mon chemin celui-là, pesta-elle, à croire qu’il me suit à la trace.
Et puis si tu arrêtais de déménager sans prévenir se serait plus facile de rentrer à l’heure.

La jeune fille ne prêtait pas vraiment attention au joker, et ne vit pas le doute assaisonné de surprise se peindre sur son visage.
Elle posa son parapluie par terre soigneusement, essayant de ne pas mettre plus d’eau par terre qu’elle n’en avait déjà mis, afin de ne pas irriter davantage son père.
Cependant, avec toutes ces flaques on pouvait déjà la suivre à la trace.


"Taratata, avec les restes, on s'engraisse ! Installe-toi et mange ton poisson et viens expliquer un peu où tu étais pendant ces quinze dernières années. Sinon, je te cloue littéralement au lit de ta chambre."

- "Et quel nom t'ai-je donné déjà ? Je souffre d'Alzheimer chronique chérie, c'est moche hein. Viens aider ton vieux père a s'installer, et apporte moi ma purée et mon verre de lait."

En soupirant bruyamment, elle jeta son pardessus en forme de queue de pie couleur violine sur un clown ahuri qui l’attrapa au vol, mouillant au passage sa chemise.

-Du poisson encore et toujours, grommela-t-elle, on ne pourrait pas avoir de la viande rouge bien saignante pour changer ?

Elle se laissa tomber sur sa chaise, blasée. Heureusement que le poisson était déjà mort, car les regards assassins qu’elle lui jetait l’aurait à coup sûr transformé en passoire.

-Pfff c’est vrai que dans cette réalité, tu n’es pas vraiment mon père, maugréa-t-elle, avec tous ces changements et ces alternatives comment suivre ? Disons que j’ai beaucoup voyagé ici et là, tellement que ma mémoire est un peu floue, la dernière fois qu’on c’est vu tu m’as engueulé parce que j’avais bousillé ton plan de l’attaque de la banque, alors que je n’avais vraiment pas fait exprès de lâché cette grenade sur tes idiots de clown.

Elle poignarda l’infortuné poisson d’un coup de fourchette haineux et enfourna un bouchée dans sa bouche, grimaçant.

-Ah oui je m’appelle Duela … Duela Dent. Ravi de te rencontrer p’a. Au fait je peux avoir du vin blanc pour faire passer cette chose que tu as osé me servir à diner pour la énième fois ?

Qu’elle idée elle avait eu, petite, de pleurer devant ce poisson qui avait l’air si triste dans son assiette, et qui la regardait d’un œil vide et froid ?
Sans cela son père n’aurait pas eu cette idée qu’elle avait trouvée merveilleuse au début, mais qui lui avait valu de devoir manger dans sa vie, plus de poisson qu’il devait en avoir d’en la baie de Gotham.

-Désolée p’a, je sais bien que tu l’avais créé pour me faire plaisir, mais au bout de dix ans, tu comprends que sa me lasse un peu.

La jeune fille, balança le sceau d'eau à la face du clown malchanceux.

-Votre sceau n'es pas assez frais, soyez plus vigilant la prochaine fois.

Elle se tourna vers son père et pris une mine désolée et un ton snob, s'exprimant dans la langue de Molière avec un accent tout à fait charmant:

-Ah, très cher, les laquais ne sont plus ce qu'il était.

Elle parti d'un grand rire, incapable de rester sérieuse plus longtemps et tira la langue à l'infortuné.
Que c'était bon de rentrer à la maison.

- "Tu sais que pour le fait de porter le nom de mon pire ennemi, je pourrais t'arracher les yeux et te les faire bouffer ?"


Il planta un couteau violemment dans la table, la lame resta figée dans le bois, la lame vibrait devant les yeux de la jeune fille.
A peine eut-il retiré qu'elle s'en empara, faisant tournoyer la lame dans sa main à la manière d'une épée.
En une fraction de seconde elle bondit sur sa chaise et pris appui sur la table, décollant littéralement.
Elle exécuta une roulade aérienne, trancha la carotide du clown incompétent à les servir et se posa sur sa chaise, jambes croisées, avec la douceur d'une plume. Seul le bruit de la chair tranchée, le bruissement du tissu , le sang qui giclait et la lame avec elle continuait de jouer habillement, étaient les témoins de la scène irréelle qui venait de se produire.
Elle planta le couteau sanguinolent dans la tête de son poisson et agrandit le sourire.

-Au moins j'aurai mieux goût que ce satané poiscaille répliqua-t-elle indifférente.

- "Trêves de plaisanteries, petite, va droit au but et explique moi le retour soudain de ta venue ici. Rassure toi, je ne suis pas prêt de te payer ton argent de poche. Mais la question qui me taraude, est, qui est ta mère ?"

Elle soupira, essuya le sang de son visage avec sa serviette et leva à nouveau les yeux vers son père. Cette fois la jeune fille haute en couleur et rebelle semblait calme et pensive, presque triste.

-Je ne pense pas que tu aurais les moyens de toute façon, mon retour est dû au fait que tu avais raison, la famille y a que ça de vrai, ma famille me manque et toi, tes clowns et tes plans tordus sont ma famille. Mais après tout comment savoir, peut-être que ce n'es pas ma vraie famille, en tout cas c'est elle que j'ai choisie. Dans mon univers j'ai été abandonné, un couffin , une petite couverture et un bout de papier avec un nom de griffonné à la hâte pour tout bagage, c'est un peu juste pour commencer dans la vie, mais tada , me voilà. Alors pour ce qui est de mes parents, je ne sais pas.
Mais je me souviens de la première fois de ma vie ou j'ai été heureuse, le nez collée a une vitrine, fixant le clown sur le petit écran. Des couleurs, du rire, de l'action, voilà ce qui me faisait envie. Ce jour là j'ai choisi ma famille. Je suis venue voir le joker de mon monde et il m'a accueilli à bras ouvert et m'a considérée comme sa fille, il m'a même donné un deuxième prénom : Jeannie. On as fait pleins de choses amusantes ensemble, mais un soir ça a mal tourné, j'ai tout foiré avec ma grenade, il s'est fâché , m'a traitée de bonne à rien et m'a foutu dehors. Cela ma mise dans une colère noire, et j'ai pris le nom de son pire ennemi pour me venger. Un père digne de ce nom n'aurait pas renié sa fille pour si peu, c'est vrai quoi, un séjour à Arkham n'a jamais tué personne. Enfin bref, j'ai construit une machine pour remonter le temps, mais visiblement j'ai tout foiré et me voilà dans cet univers. Univers dans lequel je n'existe pas, et où je peux repartir a zéro. Voila l'objet de ma venue et pour me faire pardonner d'une faute que j'ai commise dans l'autre monde je t'ai apporter ce petit cadeau en gage de bonne foi.

La jeune fille haussa les épaules, qu'il ne soit pas brancher famille lui importait peu, du moment qu'il jouait le jeu comme maintenant.
Elle était convaincue que si l'on croyait suffisamment à une chose alors elle pouvait devenir réalité, tout était une question de mental.
Quand à sa supposer descendance avec Dent c'était bien impossible, vu les dates, mais qu'importe, plutôt mourir que d'avouer quoi que se soit sur elle, c'était sa vie, cela ne regardait les autres en rien.

Petite on lui avait imposé les choix , brinqueballée et malmenée par la vie, maintenant c'était elle qui décidait, elle seule.
Tuer des gens l'indifférait, n'éprouvant aucun remords, aucun sentiment, elle était froide et implacable.
La vie n'était qu'une simple blague, alors pourquoi s'en faire ?
De toute façon était-ce bien réel, et puis qu'es ce qui était bien ou mal?
Le monde n'était ni blanc ni noir.
Tuer des criminels était-il vraiment un crime , se demanda-t-elle en regardant le clown a ses pieds.
Apres tout les animaux eux-mêmes ne chassait-il pas ?

-Tuer pour ne pas être tuer, c'est tout simplement la loi du plus fort dans cette jungle de vie.
Voyez-vous mon très cher père, je préfère être au sommet de la chaine alimentaire.
Père et fille, ensemble, nous pourrions faire de cette ville un arc en ciel de couleur et de douleur,.
Il est grand temps que cette ville sache enfin qu'elle est notre terrain de jeu n'est-ce pas ?

La jeune fille tendit à son père la petite boite de velours vert avec le ruban violet qu'elle avait apporté à son attention.
Elle souriait, songeant à la petite clef qu'elle renfermait.
Cette clé qui permettrait à son père de récupérer ce qui par sa faute lui avait échappé.
La jeune fille était en effet revenue faire le boulot seule, après leur échec.
Prouvant une fois de plus sa valeur et son efficacité.
Le butin attendait patiemment dans un coffre, à l'abri, que le joker daigne venir le chercher.

-Ne veux-tu pas l'ouvrir ?