Derrière le commissaire, un bruit sec se fit entendre sur le sol nu et gris du toit de l'immeuble. Quelque chose venait d'être jeté au sol, quelque chose d'assez léger. En se retournant, il pourrait découvrir un paquet que tout le monde pouvait acheter en pharmacie - un paquet de patchs anti-tabac.

Une silhouette puissante apparue lentement, bénéficiant de la luminosité créée par les lumières de la nuit et surtout de l'immense projecteur. Le vieil homme n'avait pas à forcer ses yeux expérimentés et sûrs, ou encore ses talents d'enquêteur. Une seule personne surgissait ainsi des ténèbres, avec une telle théâtralité et à cet endroit précis. Ils se connaissaient trop pour que le nouvel arrivant change de registre.

"Cela peut vous être utile, Gordon."

Sa voix était plus lasse que d'habitude, plus tranchante également. Désormais apparu de plein pied devant son hôte, il montrait son costume sombre, avec son symbole à peine dessiné sur un torse recouvert d'armure et de protection.

"Commissaire Gordon, plutôt. Le G.C.P.D. risque de retrouver une efficacité réelle si vous parvenez à arracher quelques pouvoirs et prérogatives au maire."

La campagne battait son plein, et les sondages semblaient serrés. Maximilien Shreck charmait les Gothamites avec de vaines promesses et une aura de "héros", tandis que Helena Bertinelli s'affichait comme une réformatrice terrible, doublée d'une opposante vindicative aux dernières réformes locales. Si le Batman appréciait cette motivation, il considérait que l'action de Huntress n'était pas juste et justifiée ; elle ne ferait que s'enfermer dans un enfer, pavé de multiples bonnes intentions, en parvenant à la mairie.
Qu'importe l'identité de l'élu, Gordon aurait à négocier sèchement son budget, ses missions et ses moyens pour réussir. Et s'il avait déjà fait ses preuves dans ce domaine, il craignait que l'âge, la fatigue, les blessures et ses récents échecs n'aient de néfastes conséquences sur son action. Cependant, il lui offrait le bénéfice du doute - autant par respect pour son passé que par amitié.

"Je ne pensais que ce signal fonctionnerait à nouveau - du moins, sans un comité d'accueil armé et prêt à m'abattre. Que voulez-vous, Jim ? Que me voulez-vous vraiment ?"

Le Chevalier Noir refusait de se perdre en dialogues de sourds et en commodités. Quincy Sharp était mort quelques jours plus tôt et il savait que la ville était divisée sur sa façon de gérer cette crise et sur ses décisions - et Gordon ne devait certainement pas être dans le camp de ceux qui le béatifiaient pour son action. Il s'attendait à une discussion âpre, tendue et violente ; autant la débuter franchement et en assumer toutes les conséquences.

Le Batman était demeuré immobile durant tous les gestes et tout le discours du commissaire. Calme, impassible même, il ressemblait plus à une statue, à une gargouille terrifiante placée sur le toit obscur et sale de l'immeuble ; ce n'était cependant qu'une image.
Intérieurement, il observait, analysait, enregistrait toutes les données qu'il pouvait obtenir grâce à son expérience et à ses sens. Il avait ainsi découvert une légère nervosité chez son interlocuteur, ainsi que la présence de différents snipers autour du commissariat - prêts à faire feu, mais attendant l'ordre de leur patron. Apparemment, celui-ci avait pris plus de dispositions que d'habitude ; c'était compréhensible, vu les récents évènements, mais son invité ne pouvait s'empêcher d'être un peu meurtri d'en arriver là.

"Quincy Sharp est mort."

Sa voix fut encore plus froide, encore plus âpre, encore plus tranchante qu'auparavant. Son corps n'avait absolument pas bougé, son visage n'exprimait aucune émotion, et c'était peut-être le plus troublant vu la situation.

"Gotham City a été libérée. Et, selon les derniers sondages, la population est satisfaite et soulagée."

Gordon ne pourrait être dupe, il le savait. Le Chevalier Noir avait toujours défendu une Justice parallèle, mais respectueuse à l'extrême des droits de vie et de mort des suspects et accusés. Jamais il n'avait accepté de suivre les exigences morbides d'une foule en furie, jamais il ne s'était abaissé à une telle solution de facilité. En terminant sa phrase, il sut combien son "ami" serait choqué et troublé par cette sortie.
Ce fut pour cela qu'il décida d'enchaîner immédiatement, pour éviter un dialogue vraiment compliqué à gérer.

"Si vous voulez m'arrêter, dites-le-moi directement et sincèrement, Jim. Ordonnez à vos snipers de tirer, ordonnez à vos hommes de sortir de leurs trous et de m'appréhender - d'essayer, au moins."

Pour la première fois, il s'avança et eut une posture différente. Rien d'énorme, rien de vraiment significatif et rien de perceptible aussi loin que l'étaient les snipers ; cependant, le commissaire, par ses talents, son expérience et surtout son histoire avec son interlocuteur, ne pouvait que sentir que quelque chose avait changé - qu'il avait changé. En plus agressif.

"J'ai déjà dû fuir le G.C.P.D., lutter contre ses membres et échapper à des chasses à l'homme : je suis prêt à recommencer. Des choix ont dû être faits, des décisions ont dû être prises, et j'ai accepté de le faire pour le bien de la ville et de la population. Je ne regrette rien, et je n'ai rien à expliquer. Je ne vous dois rien."

Là aussi, Bruce regretta ses paroles car il savait qu'ils allaient ainsi sur une voie très dure, très âpre qu'il ne voulait pas, mais qu'il ne pouvait éviter. Tous deux étaient trop extrêmes, trop ancrés dans leurs valeurs et leurs positions pour y échapper. La rupture semblait, malheureusement, proche.

"Jim."

Le Batman avait laissé un long, très long silence entre la fin du monologue de son interlocuteur et sa reprise de la parole. Il avait fixé Gordon tout du long, vu son énervement, sa colère, son dégoût même de sa réaction, et s'était senti... gêné. Il comprenait ce qu'il disait, il comprenait son émotion et savait qu'ils étaient en train de détruire une relation qui comptait autant pour eux, et pour la ville.
Heureusement, le commissaire se reprit et fit un pseudo mea culpa, en faisant passer son trouble pour une conséquence de sa blessure et de sa maladie. Bruce en vint presque à sourire quand le policier le remercia de l'avoir sauvé - mais il n'avait pas le coeur à ça. Pas quand il était la cible de snipers autant prêts à l'abattre.

"Vous... vous avez été un allié fidèle et sûr, et... un ami. De chaque instant. Je ne l'ai jamais montré, je ne l'ai jamais dit, mais... je vous remercie pour ce que vous avez fait. Votre confiance. Votre aide. Votre soutien. Vos informations. Votre confiance."

Il savait qu'il venait de briser, ces derniers jours, cette dernière. Il savait que, malgré l'espoir auquel se raccrochait Gordon, le commissaire connaissait déjà la réponse à sa question. Wayne sentait bien que son vieil ami voulait croire encore qu'il n'avait pas tué Quincy Sharp, qu'il était innocent, mais... il avait pris sa décision ; il avait été obligé de la prendre.
Il ne pouvait pas revenir en arrière. Il ne pouvait pas mentir.

"Quincy Sharp est mort. J'apparais dans les bandes vidéos et les témoignages comme l'homme qui a poussé ce monstre dans le vide. Tout m'accuse, rien ne me défend. Vous êtes dans l'obligation de m'arrêter, au moins pour m'interroger durant une garde à vue certainement rallongée. Et je suis dans l'obligation de vous empêcher d'agir."

Le Chevalier Noir fit un pas en avant, mais s'arrêta à un mètre cinquante environ, pour ne pas donner une excuse aux snipers. Il sentait, inconsciemment, que ceux-ci rêvaient d'appuyer sur la détente pour le faire disparaître. Selon les paroles de Gordon, ce devait être des agents de Max Shreck, éventuellement des anciens Tyger, ou des troupes envoyées par le Gouverneur Finger.
Le G.C.P.D. était encore spolié de ses fonctions, alors même que Quincy Sharp avait disparu. Le commissaire devait en être ivre de rage, même s'il évitait de le montrer en public, évidemment.

"Quincy Sharp devait mourir, pour ce qu'il a fait à la ville... pour ce qu'il m'a fait. Je ne regrette rien - hormis les paroles que j'ai eues pour vous et qui étaient injustes. Vous méritez mieux, Jim. Vous méritez mieux que cette ville, que cette population, que ces charges, que ces blocages, que ces soucis. Vous méritez mieux que moi."

Il poussa un long soupir et fixa un des bâtiments autour d'eux, et dans lequel était caché un sniper. Pendant de longues secondes, il attendit, réfléchissant à ses futures paroles, à ses futures réactions.
Il avait espéré que la situation soit différente, qu'il puisse réellement parler à Jim - lui expliquer. Lui faire comprendre. Lui faire appréhender tous les paramètres de sa décision, toutes les conséquences, tout ce qu'elle impliquait. Il avait espéré pouvoir partager un moment réel avec un des seuls hommes qu'il considérait digne dans Gotham City, digne d'être respecté et de recevoir sa confiance.

Hélas, les manipulations politiques et les pressions que subissait Gordon empêchaient une telle discussion. Et il se retrouvait maintenant à devoir intensifier sa position tout en évitant les tirs à venir.

"Lancez les poursuites et les mandats, Jim. Lâchez vos hommes - lâchez vos chiens. Poursuivez-moi. Chassez-moi. Faites votre travail, et faites-le aussi bien que d'habitude."

La mort dans l'âme, le Batman se détourna de son ami et se mit à marcher vers le rebord de l'immeuble. Il savait que les snipers ne le laisseraient pas en paix, mais il avait déjà prévu une réaction appropriée et quelques plans pour fuir sans problème.
Hélas, cela voulait dire retourner à la situation de ses débuts, quand le G.C.P.D. le considérait comme une menace et voulait sa mort. Cela voulait dire que Jim serait obligé d'en faire son ennemi public numéro un et de mettre à bas cette relation si complexe, si sympathique et si efficace qu'ils avaient mis tant de temps à constituer.

Sa mission avait toujours exigé des sacrifices, mais jamais il n'avait dû en faire autant en si peu de temps.
Bruce se raccrocha à son rêve d'une Gotham libre et à la douleur perçue lors de la disparition de ses parents. Il avait besoin de ces repères, de ces phares dans son existence pour tenir - et ça devenait de plus en plus dur, malheureusement.

"Nous n'avons pas le luxe d'être des hommes et des héros, commissaire Gordon."

La voix du Batman fut encore plus rauque et plus fatiguée qu'avant. Il avait cru que Jim n'oserait rien dire, n'oserait rien ajouter après les quelques paroles échangées plus tôt, mais le vieux policier avait apparemment saisi quelques éléments de son discours. Il acceptait la nouvelle situation, il acceptait ce qui lui était désormais imposé et il acceptait de faire de son mieux, évidemment. Il n'en avait pas attendu moins de lui.

"Nous n'avons pas le luxe d'être autre chose que le meilleur de nous-mêmes. Ce que je fais... demande beaucoup. Trop, certainement. Et m'a fait prendre cette décision, au-dessus de la Tour Wayne. Rien de tout cela n'aurait dû arriver - Gotham City mérite définitivement mieux."

Jusque-là, le Chevalier Noir avait parlé dos au commissaire. Lentement, il tourna son visage masqué vers lui et le fixa pendant de longues secondes.
C'était terminé, il le savait. Leur relation, leur amitié, leurs liens si forts, basés sur le respect et l'envie fondamentale d'aider vraiment la ville. Ils ne pourraient plus continuer, et lui allait devoir lutter contre le G.C.P.D. en plus de toutes les autres menaces qui régnaient dans la ville. Il serait seul, à nouveau - terriblement seul, encore une fois.

"J'espère que vous pourrez lui offrir ce dont elle a besoin. Et j'espère que vous savez..."

Un petit regard aux endroits où devaient se trouver les snipers, une hésitation et un long soupir. Il était usé, fatigué, tant physiquement que psychologiquement. Le poids de sa décision, des conséquences de celle-ci était de plus en plus lourd, mais il s'en était douté. Il l'avait prise dans le feu de l'action, mais connaissait suffisamment cette ville et son existence pour comprendre tout ce qu'elle allait lui coûter.

"Ca n'a rien de personnel."

Bruce se retourna et lança immédiatement un Batarang vers Jim ; celui-ci devait le frôler à l'épaule gauche, suffisamment près pour le blesser légèrement mais bien assez loin pour ne pas le mettre en danger.
Il enchaîna ensuite en lâchant une capsule de gaz au sol, qui créa de suite un immense nuage de fumée âcre et agressive. Elle devait faire tousser ceux qui la respiraient, tandis que Wayne glissait sur la partie visible de son visage un masque pour supporter le gaz et disparaître à l'intérieur.

Il savait que les snipers réagiraient immédiatement, il savait que Gordon serait obligé de lancer la chasse et de prendre finalement une décision, de choisir un camp - et c'était ce qu'il voulait. Le Batman redevenait l'ennemi public numéro un de Gotham City, et il fallait que son commissaire s'adapte pour garder son poste. James était le meilleur pour ça, il devait donc lui forcer la main pour que tout reste en ordre, au moins de ce côté. Ce serait au moins ça de positif.

Alors que la fumée recouvrait tout le toit, enveloppant un des immeubles les plus importants de la ville dans une cage âpre et agressive. Le responsable de cette nouvelle agression demeurait à l'intérieur, se cachant dans les ombres en observant avec attention le déroulement des évènements ; en réalité, il fixait surtout James Gordon, en espérant que ce dernier ne soit pas blessé par ses attaques. Même s'ils étaient désormais adversaires, cela n'enlevait en rien l'amitié qu'il portait au commissaire.

Cependant, le Batman retrouva ses sensations et la réalité en découvrant l'arrivée du S.W.A.T., visiblement d'abord motivé par la protection du premier flic de la ville - ce qui était un bon point pour l'évolution de la force de police locale. En observant pendant quelques secondes leurs gestes, il comprit qu'il ne pouvait pas rester sans réagir : tôt ou tard, il serait repéré - tôt ou tard, il devrait intervenir.

S'approchant discrètement d'un des hommes du S.W.A.T., il poursuivit la spirale de la violence en frappant très brutalement le pauvre employé public. Avec trois coups bien placés, il l'immobilisa et le fit chuter au sol, évidemment inconscient. Il enchaîna immédiatement en incapacitant les réflexes et le système nerveux de son collègue en appuyant sur quelques points de sa nuque - et décida que c'était bien assez.

Bruce n'était pas là pour faire du mal aux forces de police : il avait simplement répondu à l'appel d'un vieil ami et montrait à ses nouveaux ennemis qu'il n'avait pas changé.
Silencieusement, il recula alors et se propulsa vers le vide, quittant le toit du G.C.P.D. en bandant ses muscles et en ouvrant en grand sa cape. Planant rapidement sur l'air vif et froid, il savait que la police ne le laisserait pas partir aussi rapidement mais ne voulait pas perdre son temps.

Le Chevalier Noir espérait donc s'enfuir assez vite et éviter le plus possible les tirs et les attaques de ses anciens alliés, autant pour ne blesser aucun innocent que pour ne pas avoir à brusquer et agresser les responsables directs. Le G.C.P.D. allait avoir besoin de toutes ses armes, de tous ses hommes, de toutes ses forces dans les terribles évènements qui s'annonçaient, et il n'était pas là pour les affaiblir plus que de besoin.

(HJ/ Pas de problème, Gordon. Je suis prêt et impatient pour une poursuite. /HJ)

Comme prévu, le S.W.A.T. réagit de façon agressive à son attaque. S'il était parvenu à gagner quelques minutes en se cachant dans la fumée et s'en prenant à deux membres de l'équipe, il savait très bien qu'il allait passer du prédateur à la proie, du chasseur au chassé.
Alors que le vent gonflait sa cape et fouettait son visage, alors qu'il bandait ses muscles pour les préparer au choc à venir, le Batman avait l'impression de rajeunir de dix ans. C'était à la fois plaisant et déprimant.

Evitant du mieux possible les tirs du S.W.A.T., bénissant intérieurement le talent et le génie de Lucius Fox et de Harold pour lui avoir construit un tel équipement, il se préparait à atterrir sur un toit situé non loin, et s'enfuir dans la nuit. Les hélicoptères du S.W.A.T. allaient bientôt le rejoindre, et la chasse reprendrait de plus belle. Il allait devoir utiliser toute son expérience, tout son entraînement pour se débarrasser de l'ennemi sans le blesser, sans aller trop loin dans sa riposte. Même s'il avait arrêté depuis longtemps, il savait encore comment faire.

Touchant le toit d'un petit immeuble, roulant dessus pour se relever parfaitement et lancer sa course, le Chevalier Noir s'emparait dans sa ceinture de deux objets. Le premier, une télécommande, lui permit d'éloigner la Batmobile et de la faire suivre, pour le moment, son propre signal. Le deuxième, une étrange boule sombre, resta dans sa main alors qu'il avançait vers le rebord.
Sans attendre la suite des attaques, qui s'étaient basées pour le moment sur des projectiles non-létaux, il sauta du toit pour atterrir sur l'immeuble annexe, lui permettant de mettre encore de la distance entre lui et ses poursuivants.

Tandis qu'il fonçait vers un autre rebord, Bruce lança sur sa droite son objet sphérique, qui explosa au-dessus de la rue. Un immense flash lumineux embrasa l'allée, aveuglant tous les badauds et conducteurs, menant à quelques accidents et quelques crises de terreur chez eux. Evidemment, l'effet serait temporaire, mais troublerait certainement le S.W.A.T. et les ferait douter de leur action : continuer la poursuite ? Ou éviter des drames en gérant la quinzaine d'aveugles motorisés quelques mètres plus bas ?

Wayne, en tout cas, continuait sa fuite, se préparant déjà aux prochaines étapes de sa défense.

précipitant au sol. Suivant le mouvement, il roula sur le toit du Paradisio et fit chuter trois autres ennemis par un savant balayage.
Il se releva en donnant un brutal coup de tête à un autre adversaire, profitant de son corps déjà inconscient pour immobiliser un de ses collègues en le précipitant dessus.

Comprenant cependant qu'il ne pouvait pas continuer cet affrontement trop longtemps, autant pour sa sécurité que pour celle des agents du S.W.A.T., Wayne s'empara de l'un d'entre eux et fonça vers... le rebord sur sa gauche, de l'autre côté de l'immense avenue. Un bras autour du cou de son adversaire, il s'empara de son grappin avec sa main libre et tira derrière lui, pour que la pince pénètre dans le local d'escalier du toit.
Se jetant dans le vide, il entoura son grappin autour du bras de l'agent et se tint lourdement à lui. Alors que le filin se tendait et bloquait leur chute, le pauvre policier poussa un cri de douleur et de terreur tandis que son bras et son épaule se déplaçaient dans un bruit terrible. Son bourreau l'abandonna immédiatement, sans remords, descendant avec grâce dans la ruelle sombre et reprenant sa fuite. Même s'il mettrait des mois à se remettre, il retrouverait l'usage de son membre et serait encore en vie - un privilège qui n'aurait pas été dû à tous si l'affrontement avec ses collègues avait continué.

(HJ/ Je suis conscient d'avoir fait beaucoup, beaucoup d'actions et de coups ici. Dis-moi si j'en ai fait trop. /HJ)

(HJ/ On va faire ce qu'on peut !
Je laisse la fin ainsi, je sais déjà comment le faire sortir de là. Si tu veux que je le mette déjà dans le message, pas de souci, dis-le-moi. Je modifierai, mais peut-être veux-tu jouer la "joie" du S.W.A.T. d'avoir apparemment réussi. /HJ)

Le S.W.A.T. venait de prendre l'avantage. Leur adversaire avait été aveuglé par la première grenade, mais avait su continuer et faire avec pour poursuivre sa course. Malheureusement, si son attention n'avait été que partiellement baissée par la première attaque, la seconde, plus puissante encore, l'avait définitivement stoppé.
Les yeux clos, l'esprit souffrant du choc et de la douleur, il s'était arrêté quelques secondes, massant rapidement ses paupières pour essayer de faire revenir sa vision et continuer sa route. Il savait que ses adversaires voudraient profiter de ces instants d'absence, mais il ne pouvait pas se permettre de poursuivre aveuglément. Tomber dans un autre piège du S.W.A.T. était insupportable, et injustifiable.

Hélas, encore une fois, le Batman fut surpris et vaincu par la nouvelle initiative de ses amis. Les bombes glu revinrent, et recouvrirent toute la zone où il se trouvait. Lui qui avait couru aussi vite qu'il le pouvait pour éviter ses ennemis et mettre enfin de la distance entre eux et lui venait d'être pris par une des armes dont il s'était protégé auparavant, et il savait que le S.W.A.T. ne tarderait pas à descendre pour, enfin, s'emparer de lui. Il ne les laisserait pas faire, même si la situation semblait vraiment compliquée.

Heureusement, alors que les premières bombes glu tombaient au sol, il avait reconnu leur bruit caractéristique. Privé d'un seul de ses sens, le Chevalier Noir avait pour habitude de se concentrer sur les autres quand l'un d'entre eux lui faisait défaut, et son ouïe l'avait immédiatement averti du danger.
Sachant très bien qu'il ne pouvait s'enfuir ou éviter l'explosion de colle, il avait précipité ses mains vers sa ceinture pour s'emparer de deux petits objets longs et durs, deux gros stylos sur lesquels il appuya trois fois frénétiquement. Alors que la glu s'avançait dans toute la ruelle et l'immobilisait, il lâcha les deux objets qui furent stoppés à deux mètres de lui par la colle, figés jusqu'à ce que la matière cesse de fonctionner.

La cible du S.W.A.T. était immobilisée, incapable de bouger.
Ils avaient vaincus... apparemment.