Lorsque l'on prend la peine d'observer les gens qui marchent dans la rue, l'on peut venir à se demander où ils vont et d'où ils viennent. Dans Gotham City, bien souvent, il suffit de répondre: ils vont travailler et ils viennent d'un chez eux situé entre ici et leur dos voûté. La grisaille ambiante de la journée n'aidait pas la population de Gotham à reprendre espoir, trop de choses avaient remué la ville, mais beaucoup de choses les y retenaient, famille, emploi, habitude, manque de moyen pour aller ailleurs et puis, cette ville avait quelque chose, une étincelle étrange qui laissait de l'espoir, les Justiciers? La police qui devenait de plus en plus efficace? Face à une criminalité toujours plus audacieuse et dangereuse, même le gouverneur de l'État du New Jersey était étonné de cette engouement, les enfants et les mère de famille souriait d'un sourire nostalgique en parlant de cette ville, il y avait un je-ne-sais-quoi de fierté toute américaine dans leurs regards.

Mais la réalité était ce qu'elle était: gérer une ville aussi complexe et changeante que Gotham représentait beaucoup, énormément même de... paperasses. Shreck's Industries avait une administration qui demandait bien moins de contorsion bureaucratique que l'Hôtel de Ville et dès lors que l'on entrait dans le domaine judiciaire ou policier, alors là, les formulaires s'entassait, ils fallait au moins trois secrétaires et deux délégués pour vous fournir toutes les pièces nécessaire, Maximilien haïssait ce genre d'intermédiaire et la nécessité de toujours devoir transmettre des mémos ou demander à Thomas de rappeler pour la énième fois un service qui ne faisait pas ce que le Maire leur demandait. Voilà le problème, une entreprise tournait bien car la pression hiérarchique et la nécessité du travail bien fait était directement ancrée dans les esprits, mais pour une administration publique, les choses semblaient ne pas aller de soit.

Maximilien signa avec un certains soulagement un dossier qu'il avait fallut dix jours à une équipe de cinq personnes de monter dans le plus grand chaos, entre les papiers, les couleurs, les tampons, les entêtes etc... il y avait toujours eu de quoi retarder d'au moins deux heures la finition d'un travail simple. Lorsqu'il ferma le bouchon de son stylo, il claqua la couverture du dossier et la tendit à Thomas avec l'indication suivante:

-Notez le nom de tous ceux qui ont participé à ce dossier et enlevé toutes leurs primes, productivités, noël, thanksgiving... ça leur apprendra à faire correctement leur travail la prochaine fois. Faites circuler un mémo pour les prévenir.

Son interphone retentit une nouvelle fois, il avait sonné au moins trois fois pendant qu'il terminait de lire ce foutu dossier qui avait déjà prit bien trop de retard, Shreck observa sa montre, 14h36. Il appuya sur la touche idoine et la voix de son assistante lui déclara:

"Votre rendez-vous de 14h00 attend monsieur le Maire"

-Faites-le entrer, ordonna-t-il. Thomas, aller donc m'expédier tout ça et aller voir si mon courrier est terminée. S'il n'est pas prêt, transmettez-moi les fiches du personnel qui pourraient remplacer cette incapable.

Une bonne entreprise repose sur ses composants irréprochables et tous à leurs places, laisser un engrenage aussi pitoyable paraissait-il enrailler la machine c'était à coup sûr la voir lentement se détruire. Shreck enleva ses lunettes de lectures et se réinstalla dignement sur son siège.

-Préparer du café également, fit-il à Thomas qui partait.

Un rapide cou d'oeil sur son agenda lui permit de se remémorer le nom de son rendez-vous de 14h00. Un certains Steve Gates, un nom à tiroir qui le fit sourire, la vie était parfois si cruelle avec certains...

-Faites-le entrer

La secrétaire commença à se lever en prenant tout une pile de courrier qu'elle allait pouvoir donner au Maire actuel en même temps. Elle s'approcha de Gates et lui demanda de bien vouloir la suivre:

« Monsieur Gates ? Monsieur le Maire va vous recevoir, je vais vous amener jusqu'à lui et encore désolé pour cette attente mais avec l'administration et les papiers..... »

« Boah, rassurez-vous, mademoiselle: je connais l'administration et rassurez-vous, je n'avais rien d'autre de prévu pour la journée, donc ne soyez pas désolé: vous faites votre travail, c'est tout. »

1 minute et 30 secondes plus tard, la secrétaire arriva au bureau de Monsieur Shreck avec le courrier qu'elle put donner à Monsieur Shreck en bonne et due forme: même si il avait ce côté tyrannique, ca lui changeait complétement de Sharp qui lui était complétement dingue et n'avait pas hésité à renvoyer pour un oui ou pour un non: elle fut chanceuse d'avoir réussie à garder son poste, tandis que son petit copain, lui, était dans un magasin de chaussures dans la partie est: juste après le centre-ville qui avait du mal à tenir son post après les récents événements de l'ex-arkham city: des vols et j'en passe.

Enfin bref, revenons à la rencontre entre Max Shreck et le Monsieur Steve Gates: la secrétaire quitta la pièce pour laisser les deux hommes en paix et ferma la porte discrètement:

« Charmante secrétaire, elle fait très bien son boulot, n'est-ce pas ? »

Monsieur Steve Gates commença à sortir un paquet de cigarettes et le garda dans sa main gauche, avant de s'asseoir sur le siège juste en face du bureau de Shreck.

« Vous m'excuserez si je m'assieds sans vous demander: à vrai dire, j'ai une habitude de la Mairie et de son « fonctionnement ».

Je suppose que le tabac est interdit dans cette pièce, comme dans toute la Mairie, a moins que vous soyez un fumeur, je me trompe ? »

C'était une histoire de commencer la discussion qui allait s'avérer longue et surtout capitale pour l'un des deux camps et qui pourrait avoir de grosses conséquences sur son avenir à Gotham......

(hrp: post court, mais c'est histoire de "commencer" hrp)

Durant toute sa scolarité, Shreck avait été un exemple d'assiduité de zèlé. Par nature à dire vrai, Maximilien n'avait pas été doté d'un sens inné des affaires, il l'avait travaillé, chaque jour, chaque heure, il avait dévoré des ouvrages sur la question, lu des traités qui mélangeaient psychologie dont il ne comprenait rien avec l'économie, il avait apprivoisé des journaux boursiers après de longs mois, mais aussi et surtout il avait profité de ses camarades apparemment mieux rompu que lui à cet art, il avait suivit des conversations, les hauts et les bas des investissements de ses camarades, il avait appris une chose essentielle: le meilleur des traders n'est rien d'autre qu'un homme alerte et bien informé. Sa première expérience en bourse avec ses camarades avait été un flop, il n'avait pas relié certains évènements dans la politique internationale avec les prix des produits sur lesquels il avait joué et avait perdu une bonne centaine de dollars.

Mais sa deuxième expérience avait été beaucoup plus, elle lui avait pris environ deux mois avant qu'il n'ose, il avait éplucher des dizaines de journaux, suivit la bourse de tokyo et de New York sur les deux mois sans interruption et avait demandé les avis de plusieurs de ses professeurs et de certains de ses camarades doués en économétrie. Au final c'était bel et bien un investissement qu'il savait gagnant avant même de mettre son argent dessus. Les miracles n'existent pas dans le monde de la finance, il n'y a que l'extrapolation, l'information et l'argent qui comptaient. C'est ce qui aurjoud'hui faisait de lui un bon businessman, ce qu'il l'était, il l'avait travaillé, voulu, il s'était construit minute après minute.

L'individu en question était quelconque, comme beaucoup de gens que l'on pouvait croiser dans la rue, un quidam, peut-être un peu trop, mais Shreck n'analysait pas gratuitement les personnalités, il attendait de les entendre parler avant de se fatiguer de la sorte. Cette empotée de secrétaire posa son courrier sur son bureau, une chose qui l'insupportait, ne jamais laisser son courrier à la vu du premier venu. D'un geste habitué, il saisit les quelques lettres et les glissa dans une pochette, loin de tout regard, ces premiers collaborateurs l'avaient toujours pris pour un paranoïaque, jusqu'au jour où il était entré dans leur bureau et avait d'un coup d'œil regardé discrètement leur courrier, devinant leurs prochains investissements et les coiffant parfois au poteau sur leurs affaires privés. Non, Maximilien n'était pas paranoïaque, il ne s'inquiétait que de ce qu'il savait dangereux pour ses intérêts.

L'individu s'assit sans autorisation et prononça une belle énormité sur sa secrétaire, il semblait vouloir faire bonne figure, le Maire se contenta de sourire et d'encaisser sa remarque sur le fonctionnement de la Mairie, mairie qui avait toujours été gérée d'une main leste par des arrivistes ou des criminels, rien de bien flatteur pour le Maire en fonction.

-Nous dirons qu'elle fait ce qu'elle peut, déclara-t-il aimablement. Je vous en prie, ne vous excusez pas, j'ai appris à découvrir les failles de certaines procédures bien plus dramatiques que celle-là dans les gestions précédentes. Je vous déconseille d'ailleurs d'aller dans le couloir des archives, nous avons dû payer une horde de stagiaires et d'archivistes pour remettre de l'ordre.

Il se permit un petit rire de circonstance et se leva lorsque son interlocuteur sortit un paquet de cigarette.

-Les détecteurs de fumée étant actifs j'aurais mauvaise grâce à vous y autoriser, cependant je dois vous avouer que j'aime savourer un cigare à l'occasion, que diriez-vous de continuer notre entrevue dans la salle de réunion? Elle est juste derrière mon bureau, nous aurons l'occasion de pouvoir fumer et d'y parler affaire avec tout autant d'aisance. Et vous pourrez me dire l'objet de votre rendez-vous.

Une assistante de direction entra alors avec une cafetière et quelques tasses de café.

-Seriez-vous tenté par un café monsieur...Gates?

La salle de réunion qui était différente de la salle du Conseil de la Ville était une salle classique qui avait vécu avec la Mairie et servait essentiellement pour les invitations des hauts dignitaires et des personnes très en vues. Initialement, c'était une salle de bal dont les vestiges des fenêtres étroites mais hautes étaient les témoins, le plafond particulièrement haut soutenaient trois puissants lustres qui supportaient des myriades de bougies, ceux-ci, offert par Alan Wayne à la communauté de Gotham avaient été conservés malgré tous les évènements qui avaient ébranlé l'édifice et la ville, mais ils étaient désormais reliés au circuit électrique du bâtiment, les globes des différentes ampoules ayant été stylisé pour donner le change. Les tables qui avaient été installées récemment étaient éclatantes de blancheur tandis qu'une alcôve légèrement en retrait par rapports aux tables entourées de chaises toutes identiques et impeccablement poussée sous celles-ci avait été plus confortablement meublée. Une table basse flanquée par un canapé visiblement confortable et deux fauteuils en cuir noir. Shreck indiqua l'un d'eux à son hôte qui ne se fit pas prier.

L'assistante de direction versa les café dans deux tasses et laissa le deux hommes seuls, face à face, tandis que des volutes de fumé aromatisées commençaient à envahir la petite alcôve. La cafetière reposait paisiblement sur le plateau encore garnit de quelques tasses propres. Shreck mit un sachet de sucre en poudre dans son breuvage et le remua à l'aide de la cuiller qui décorait le bord de la coupelle de sa tasse. Son invité ne se fit pas prier pour commencer à expliquer les raisons de sa visite. Envoyé par quelqu'un, ce dernier fut d'une présomption qu'il n'avait jamais rencontré que chez Daggett et l'entrevue ne s'était alors pas très bien passé. Il tapa deux fois sa cuiller sur le bord de sa tasse, pour dissiper la comparaison peu flatteuse, ce qui eut pour effet de provoquer un petit bruit cristallin qui résonna un moment en fond du discours.

Son invité alluma une cigarette, comme pour souligner ses propos, mais Maximilien ne se sentait pas le courage de mélanger la saveur d'un café avec celui de l'un de ses précieux cigares. Le Maire croisa alors les jambes comme à son habitude et mit ses mains en cloche, les coudes bien reposés sur les accoudoirs du fauteuil. Le café devait encore être trop chaud pour être dégusté. Gates fit quelques remarques sur l'état de la ville, des petites banalités pour entamer le sujet de sa présence probablement, passa par un discours peu objectif sur les Justiciers d'État, s'annonça comme un informateur dont il proposait les services et la seconde, un garde du corps.

La Maire eut beaucoup de peine à retenir sa surprise du fait de la rapidité de son interlocuteur à présenter les raisons de sa présence et se contenta de quitter un instant du regard son hôte pour se concentrer sur son café. Il décroisa immédiatement les bras et tendit une main sur la anse de sa tasse qu'il souleva. Steve Gates s'arrêta à l'énonciation du nom de Bane, un criminel qui avait un jour participé à des actions terroristes dans Gotham et qui, si ses souvenirs étaient bons, avaient été incarcéré dans Arkham City. Shreck souffla un instant sur la boisson chaude lorsqu'une partie de la cigarette de son invité tomba dans la sienne. Il fit alors une remarque en apparence anodine, mais qui laissa de marbre le businessman qui but une gorgée de café. Il était temps pour lui de prendre la parole. En bon politicien, il ne dirait certes pas la moitié de ses intentions ni de ses opinions, mais il tâcherait d'être efficace.

-La café de la Mairie était effectivement infect, c'est pourquoi j'ai ramené dans cet établissement mes propres assistante de direction et leur "savoir-faire" en matière de café, commença-t-il poliment. Je dois avouer que pour un "informateur" je m'attendais à quelques opinions plus neuves, de même que si j'apprécie vos remarques sur la corruption et les Justiciers d'État, j'ose n'espérer aucune malice de votre part concernant le peu d'objectivité que j'ai noté dans votre vocabulaire pour vous y référer.

Shreck fit une courte pause, le temps d'une nouvelle gorgée. La chaleur du breuvage permettait de tracer son exact parcourt le long de l'œsophage jusqu'à son repos dans l'estomac, c'était pour les amateurs de café brûlant une partie du plaisir de la chose.

-Je connais le dénommé Bane pour ce que j'en ai lu dans la presse et dans les documents des douanes d'Arkham City, mais je suis sûr qu'un "informateur" pourra m'en dire d'avantage, ce qui m'inquiète cependant c'est le lien que vous semblez faire entre un "garde du corps" et ce dernier. Comprenez-moi, je suis Maire d'une Ville secouée par une criminalité quasi unique, et j'avoue qu'il est par conséquent facile de parler de menace unique, encore faudrait-il me donner de quoi y croire concrètement. De plus et pardonnez ma franchise, mais j'avoue ne pas être fort convaincu de votre efficacité. Comprenez-moi, un informateur n'est pas une chose que je rejette, encore faudrait-il que je sache exactement sur quoi vous pourriez me renseigner.

Sur ces bonnes paroles le maire s'autorisa à reposer sa tasse de café et à recroiser les mains.

-Je vous en prie, reprit-il, je n'attends qu'une chose: être convaincu, vous pourriez par exemple me dire dans un premier qui vous a demandé de me contacter et pour qui vous travaillez.

L'individu qui lui faisait face devint plutôt inamical. Il commença à énumérer quelques petites affaires que Shreck avait relégué au rang d'appointements commerciaux et de petites entorses aux législations en vigueurs, mais rien de bien terrible, du moment que l'on ne mettait pas le nez dedans et cela avait été pour lui toujours le cas jusqu'à aujourd'hui. Le Maire termina son café, ce qui lui permit d'encaisser le coup de ces révélations. Toujours calmement il posa sa tasse sur sa coupelle, ce qui émit un léger tintement dans l'air. Il porta sa main sa poche de veste pour en tirer un cigare. Soit, cet individu connaissait certains de ses secrets, peut-être tous, avec plus ou moins force de détails mais la situation n'avait pas encore tournée au désastre et sa journée pouvait encore être sauvée. Avec une nonchalance qui cachait son état légèrement nerveux, le Maire, toujours dans le silence laissé par son interlocuteur sortit sa guillotine à cigare et coupa sèchement le bout impropre à la consommation. Si Maximilien se passait de tâter son cigare et de tirer une première dessus sans l'allumer, c'était généralement qu'il ne consommerait pas ce dernier pour son plaisir mais pour ses nerfs.

-Bien... nous allons dire, commença-t-il en ouvrant son briquet, que vous m'avez convaincu.

D'un geste sec il referma ce dernier et le rangea dans sa poche tandis que son ligada s'embrasait doucement. Cet individu, bien au fait de la personne à qui il s'adressait savait à coup sûr que le chantage n'était pas une solution face à lui et Shreck n'avait encore jamais vu de chantage qui avait pour but de mettre un garde du corps dans ses pattes, à moins bien sûr que ce soit pour le surveiller nuit et jour. Il avait esquivé un peu maladroitement la question de son supérieur, l'individu n'était donc pas un brillant stratège, mais il n'en révèlerait pas plus à ce sujet, soit. Mais de quoi souhaitait-il le protéger?

-Vous avez parlé de Batman, je dois avouer que je suis plutôt surpris, vous pensez que ce dernier attentera à ma vie? Ou pensez-vous à une menace plus directe? Car enfin, pour que je donne ma confiance à un garde du corps anciennement criminel, de cette même ville d'ailleurs, même compétent, il faudrait me donner plus que son curriculum vitae. Ne trouvez-vous pas dangereux d'en arriver directement à une telle proposition alors que je ne sais rien, ni de vos intérêts dans cette affaire, ni de votre provenance, je ne sais ni pour qui ni pourquoi vous travaillez. Et si j'ai bien compris, vous m'offrez un garde du corps et des informations, or je suis un businessman, on a rien sans rien. Que voulez-vous en échange? Qu'attendez-vous de moi? Et ne me dites pas "rien", sinon je vois mal pourquoi vous vous amuseriez à vouloir me protéger ou me conserver sous bonne garde.

Le Maire tira sur son cigare, l'individu qui lui faisait face était affreusement quelconque et pourtant plutôt bien renseigné, même les affaires les plus secrètes, comme cette affreuse histoire d'enfants semblait être arrivé jusqu'à ses oreilles. Ce Steve Gates, si tant est qu'il portait bien des moitiés de noms parmi les plus célèbres d'Amérique était intriguant, trop intriguant. Le Maire regarda un instant dans la pièce pour vérifier qu'ils étaient bien seuls, non pas qu'il soit inquiet que l'on attente à sa vie, mais moins il y aurait de témoin de leur rendez-vous, mieux cela serait.

Quelle ville, songea-t-il en cet instant, entre les individus qui apparaissaient en vous collant une lame froide contre la peau, vous donnaient des armures mobiles en pensant faire un échange honnête avec des poignées d'enfant et les autres qui arrivaient comme une fleur, utilisaient des tasses de café comme cendriers et balançaient vos secrets comme s'il vous donnait des nouvelles de votre tante (même si Shreck n'avait jamais eu de tante il se doutait du ton potentiellement employé en l'occasion), il y avait de quoi tomber en dépression nerveuse. En tant que Maire il devait gérer tous les aspects de cette ville et côtoyer les pires phénomènes de foire, pas étonnant que tous ses prédécesseurs qui n'avaient pour la plupart aucune expérience en négociation et en vie financière soient ou devenu fous ou se soient lamentablement plantés dans leur mandat.

-Peut-être voulez-vous malgré tout goûter à une tasse de café? proposa le Maire qui mourrait d'envie d'en reprendre, quitte à mélanger cette saveur avec son cigare, de toute façon, tout avait un goût âcre en l'instant, mais cela valait mieux que de ce concentrer sur tout ce qui pouvait maintenant mal aller dans Gotham City.

De désagréable, cet individu redéfinissait à chaque instant les limites, d'abord outrecuidant dans ses "informations" sur ses appointements, il s'autorisait à présent à utiliser un marteau et un burin pour placer comme vérité ses petites opinions étriquées sur la sécurité de chacun et le statu précaire de chaque individu. Certes un couteau pouvait surgir à chaque embranchement de l'arbre des possibles du Destin et il aurait pu frapper n'importe qui n'importe quand, il était d'ailleurs intéressant d'entendre un fumeur parler de la précarité de la vie, c'était comme entendre un prêtre parler du Kama Sutra, c'était à la fois déplacé et plutôt creux. Shreck décida, pour ravaler une parole acide, de tirer sur son cigare, un bon moyen pour prendre du recul et analyser la situation.

Cet individu faisait des sous-entendus sur l'origine de la "menace", c'était le seul identifiant qu'il pouvait donner au banc de fumée qu'on lui vendait comme moteur de cette entrevue, étaient-ils fondés? Shreck ne le saurait pas et si son informateur était toujours aussi évasif sur ses informations, autant dire que le Maire n'aurait pas grand chose à faire de lui. Bane revint au devant de la scène, soit, il voulait impérativement le placer en tant que garde du corps, avant son départ de Gotham, le maire avait donné sa confiance à Deathstroke, pourquoi pas à cet individu, mais était arrivé dans ses "informations" la mention d'un conflit, entre son supérieur qui resterait potentiellement un simple "patron" à ses oreilles et un "concurrent", enfin des petits détails éventuellement intéressant. Ce qui le rassurait c'est qu'il semblait au moins intéresser quelqu'un en étant à sa place de Maire, c'était plutôt réconfortant lorsque l'on savait que Maximilien passait son temps à lire des articles qui geignaient sur le point de vue absurde d'un ou une journaliste qui avait passé cinq ans à étudier comment détourner une opinion pour se transformer du jour au lendemain en critique géopolitique et expert financier ou à entendre que "tout était mieux avant".

La politique était, il ne fallait pas se leurrer, un jeu de dupe, tous les politiciens et leurs "amis" que Shreck préférait nommer des "connaissances" se manipulaient et voulaient pouvoir faire des autres ce qui leur serait le plus profitable, c'était à la fois admis par tous et renié par chacun, ce qui importait c'était de pouvoir toujours contenter une majorité de personnes puissantes, les journalistes n'en faisait pas parti, naturellement, mais l'opinion publique était ce qui séparait en définitive l'homme puissant des autres politiciens. Quant à Batman? C'était une force brute, une sorte d'électron libre que la vaste entité électronique de la société admettait car il avait provoqué de toute façon une mutation irréversible dans sa composition, ne restait plus qu'à le catalyser, l'isoler et si besoin l'obliger à se désintégrer par lui-même, comme un mauvais trader à qui l'on finit par ne laisser qu'un porte-feuille minable histoire de l'occuper puis le laisser mourir d'une overdose de drogue qui lui permettait de "tenir le coup".

Alors que le milliardaire allait taper son cigare sur le bord de son cendrier, l'individu en question mit le doigt sur un point particulièrement peu propice à la négociation, il fit un sous-entendu sur l'avenir de son fils. Si quelqu'un désirait plus que tout se mettre Maximilen Shreck à dos, il n'avait pas à chercher longtemps, il lui suffisait d'essayer de jouer la corde sentimental avec lui. Un cœur de pierre solidement ancré dans une poitrine monolithique, Charles "Chip" Shreck, était non pas l'amour de toute l'existence de son père, mais l'extension de sa personne, son accès à l'immortalité et la consécration de son œuvre. Il l'aimait oui, mais comme on aime un miroir qui sert indirectement de reflet à l'avenir. S'il y avait une chose pour laquelle il était soucieux, c'était bien son avenir, ce qu'il laisserait derrière lui et la réponse à tout ceci convergeait inéluctablement vers Chip.

-Intéressant, répondit-il avec une froideur qu'il réservait habituellement à ses subordonnées.

Son "intéressant", résonnait en réalité comme le "intéressant" d'un scientifique qui découvrait une espèce extraterrestre, certes relativement semblable à lui, mais dangereuse toute en restant fascinante.

-Non pas que vous ayez apporté beaucoup de réponses à mes questions, reprit-il avec le même ton glacial, heureusement d'ailleurs que vous ne vous vendez pas comme un informateur qui puisse m'apporter quoi que ce soit sinon j'aurais déjà eu plusieurs fois l'occasion de m'interroger sur vos vraies compétences en la matière, bien que votre exposé sur le "concurrent" de votre "patron" ait-été extrêmement, comment dirais-je pour rester poli...creux et inutile puisqu'en vérité vous ne m'apprenez pas grand chose, vous pourriez travailler pour monsieur Falcone et voir d'un mauvais œil mon association avec certains détenus via la réinsertion que vous auriez pu me tenir à peu de chose près le même discours.

Le maire était acide car il avait cette fois-ci de grandes difficultés pour cacher sa colère sous-jacente, il avait l'horrible sensation que cette entrevue était juste une farce ignoble qui avait pour but de se moquer de lui et de le menacer, deux choses qu'il haïssait. Mais s'il y avait une leçon qu'il avait apprise en politique c'était que bien plus que ses amis, il fallait garder près de soit ses ennemis.

-Cependant, je suis près à accepter la proposition. Comme vous l'avez dit, vous ne me demandez rien de compliqué, siffla-t-il avant de tirer sur son cigare. Il reste naturellement encore à discuter des modalités de nos futurs rencontres, à moins bien entendu que vous ne soyez disposer qu'à m'informer de façon aussi lacunaire et irrévérencieuse que ce que vous avez fait plus tôt.

Le maire se tu alors, préférant ravaler le flot d'insultes qu'il aurait aimé pouvoir déployer face à cet insupportable machônneur de filtre bon marché. Intérieurement, un volcan bouillait de rage.

Les lèvres pincées, son cigare toujours entre ses deux doigts, Shreck plaqua la carte de son insupportable convive et le tira jusqu'à lui. Énerver Maximilien était déjà en soit, une sorte d'exploit, à la façon de l'invasion de la Russie, ça semblait une bonne idée, une bonne stratégie et on croyait pouvoir progresser en continuant ainsi, mais bien vite on était rattraper par la vérité: le combat était vain, fatiguant et à l'usure le businessman avait déjà gagné. Cet espèce de toxicomane était entré en conflit avec le Maire et ce dernier ne lui pardonnerait pas.

-La Mairie de Gotham vous remercie de votre civisme, articula-t-il en fixant le carton. Nous n'oublierons pas vos dernières recommandations.

Il glissa la carte dans sa veste et remit son cigare à la bouche.

-Et puisque vous connaissez le chemin, je vous laisse soin de repartir d'ici, trancha-t-il en observant droit devant lui.

[HRP]Navré, j'ai manqué d'inspiration pour la fin de ce sujet, merci à toi![/HRP]

-Et puisque vous connaissez le chemin, je vous laisse soin de repartir d'ici, 

Monsieur Gates l'avait senti, il avait senti qu'il ne sortirait pas d'ici avec un geste amical et vu le comportement de Shreck qui était, comme il l'a dit, un businessman plutôt qu'un politicien: cela se voyait. Il tentait de garder son calme mais Gates savait qu'il allait péter un câble en voyant quelqu'un d'autre qui a beaucoup plus de cartes que Shreck lui-même.

Monsieur Gates commença à partir de la salle et au moment de la quitter, il se retourna avec une voix calme et adressa au Maire, des dernières choses pour lui enfoncer le clou en lui signalant des informations:

« Ah avant de partir de la Mairie, je voudrais vous signaler plusieurs choses concernant certaines de vos recrues: vus que vous n'avez pas eu de communications avec la demoiselle Lady Blackhawk depuis son investiture de justicière d'état, je vous annonce qu'elle est à Washington actuellement.
Concernant le jeune homme Red Hawk, quelque chose me dit que vous allez le revoir et pas forcément dans de bonnes conditions, monsieur Le Maire.

Je tenais aussi à vous remarquer concernant votre fils Cheap. Depuis quelques jours, votre fils se trouve régulièrement à un bar de la 36e, au bar Taguett tous les soirs, à partir de 22 heures pour aller retrouver une certaine Natalia. Si j'étais vous, j'ordonnerais à ce dernier de ne plus la revoir car il s'agit d'une femme travaillant pour une branche de la mafia russe de Gotham, qui a été payée pour séduire votre fils et ainsi vous mettre la pression vu que vous êtes à la position de la Mairie.

Sur ceux, Monsieur Shreck, je vous dis....a dans trois jours alors à la Mairie de Gotham.
Bonne journée, monsieur le Maire. »

Et Monsieur Gates commença à quitter la pièce. 8 minutes plus tard, il sortit de la Mairie et lorsqu'il commença à descendre les escaliers, il reçut un appel Masqué, il le décrocha:

« Alors, vous avez réussi, agent M0476 ? »

« Tout à fait, monsieur, j'ai parfaitement joué le rôle que vous m'aviez demandé de jouer, je ne pense pas qu'il soit conscient avec quelqu'un qui en sait encore plus sur lui que sur la ville.
Il a accepté par obligation la proposition donné. Je le reverrais d'ici trois jours à la Mairie en compagnie de Monsieur Bane. »

« Parfait, de cette manière, on pourra toujours surveiller notre cible et empêcher ce dernier d'accéder à quoi que ce soit au niveau du pouvoir.
Allez du coté des Docks, il existe encore un entrepôt qui n'est pas aux prises de sociétés de Gotham, c'est là qu'il doit se trouver depuis son évasion. Si il devient récalcitrant, sortez-lui sa position par rapport au gouvernement qui le veut dans l'Escadron Suicide. Tenez-moi au courant de la suite. »

« Très bien, Monsieur X. »

Et Monsieur Gates raccrocha en se disant qu'il avait passer une bonne journée et que d'ici trois jours, il en repasserait surement une autre bonne journée, il termina de descendre les escaliers avant de sortir une cigarette et de commencer à la brûler en prenant son temps en direction du Port Adams. C'était encore la pleine journée et Monsieur Bane n'agirait que dans la Nuit: elle arriverait d'ici 6 heures encore......

(hrp: sujet terminé pour de bon, on se reverras d'ici trois jours in rp. hrp)