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"Lors d'une rafle de la Ligue des Ombres, la Lignée décide d'intervenir et de massacrer les hommes de Ra's Al Ghul. Les habitants, excédés par la situation, décident de se révolter, avec le support de l'Empereur et ses troupes. Le G.C.P.D est dépassé et les justiciers n'ont d'autre choix que s'en mêler, Batman en tête."

(Petit aperçu des évènements en vidéo ici)


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 Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]

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MessageSujet: Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]   Une soirée de partitions [Maximilien Shreck] EmptyJeu 2 Fév - 15:43

Dix-neuf heures. Les foules couraient sur les pavés de l’université, laissant apparaître au-delà de la classe moyenne la bourgeoisie tantôt appréciée, tantôt critiquée. L’oxygène semblait presque éteint au cœur de ce luxe ridicule dont seuls les orgueils les plus étendus et les plus apeurés sachent se parer afin de cacher la médiocrité de leurs valeurs humaines. N’étaient-ils pas un échantillon remarquable, certes maigre, de cette catégorie privilégiée par leur sang ou comment ils se dédiaient à leur profession avec acharnement ? Le département des Beaux-Arts empestaient tous ces parfums de luxe aux prix exorbitants, tandis que les visages doucement hautains des invités se tournaient désormais en direction des portes closes de la salle de concert de l’orchestre. L’université avait permis aux étudiants et aux étudiantes d’offrir une performance toute singulière en l’honneur du dixième anniversaire de l’orchestre. De plus, cette soirée montrait une planification exemplaire en ce concernait la sélection des œuvres qui allaient être jouées devant le public. Les noms phares avaient le déplaisir de côtoyer les noms anonymes, mais dont le talent ne pouvait que briller davantage.

Vingt heures. Les portes s’ouvrirent majestueusement sur les rangées interminables de sièges qui attendaient les invités intrigués par cette lumière tamisée plongeant les lieux dans une zone d’obscurité partielle. Une fois les invitations vérifiées, les invités impeccablement installés et les instruments réchauffés, l’orchestre débuta avec splendeur tout en déballant les prouesses musicales propres à leur profession. Selon chaque pièce entamée, les cordes, les bois, les cuivres et les percussions effectuaient une modification dans les détails les plus méticuleux afin d’obéir avec exactitude à la méthode, fort complexe, de leur art. Chaque famille instrumentiste devenait absente, et s’offrait entière à l’outil entre ses mains lui offrant l’harmonie chaleureuse dont leur ouïe se languissait autant le jour que la nuit. Les partitions s’écoulaient de la gauche vers la droite, tandis que la prestation continuait d’émerveiller et de surprendre au cœur des diverses intensités mélodieuses.

La planification indiquait le nom de la dernière pièce jouée sur scène, cette dernière se lisait en russe à la fin complète du livret : «Скрипичный концерт ». Bien qu’il s’agisse de la conclusion de la soirée, l’œuvre de Tchaïkovski méritait d’être amenée au moment redouté de la finale et d’accorder l’ensemble disparate qui avait été monté par la symphonie singulière de l’orchestre. Ce fut alors au rôle du violoniste soliste de jouer ses partitions et de se démarquer par la prestance d’une robe aussi pure que la première neige de l’hiver. Chaque geste était le résultat patient et calculé de répétitions infinies sur les moindres détails : la rigidité des muscles, la posture droite et fière, tout en fermant les yeux pour témoigner l’émotivité si rare, si précieuse parmi les artistes de la haute société. Cette créature qui jouait ressemblait à une de ces beautés autant exotique que glaciale. Les trente-cinq minutes s’écoulèrent bien vite, laissant l’orchestre symphonique jouer quelques notes pour l’effet sensationnel des fins inoubliables. Des applaudissements grandioses, une ovation générale.

Cachée entre deux violonistes de la première famille des cordes, Vlada se contentait de ranger son violon dans son étui. Sur son visage se lisait à nouveau la même indifférence, la même passivité silencieuse qui la distinguait. Les rideaux se refermèrent, laissant le rouge envahir le décor de l’orchestre. Toutes les familles quittèrent laborieusement les lieux, bien que la jeune Russe précède ses congénères en refusant la moindre reconnaissance. Seul le chef d’orchestre se permit de lui murmurer un compliment très léger sur la perfection de son travail. La jeune femme s’écarta immédiatement en ignorant son maître d’une arrogance sincère, déjà prête à quitter l’arrière-scène. Les autres violonistes lui avouèrent essayèrent de la retenir avec de douces paroles, mais les yeux givrés de cruauté de la russe les traumatisèrent. Vlada prit tous ses effectifs personnels, enfilant un sourire cocasse en guise de refus de toute invitation à prolonger cette soirée qui lui était déjà si pénible. Se produire en public au milieu d’un orchestre lui avait toujours déplu que d’accorder son talent à celui d’autrui. Elle s’esquiva avec la timidité des jouvencelles, et s’évada dans l’entrée du département dans l’espoir de trouver son homme de main. En revanche, elle sentait déjà la salle de concert se vider de son public…
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MessageSujet: Re: Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]   Une soirée de partitions [Maximilien Shreck] EmptySam 4 Fév - 13:15

Être amateur d'opéra et de musique classique impliquait de connaître les meilleurs compositeurs et leurs glorieuses oeuvres, cela impliquait un amour inconditionnel des scène classiques, des chanteurs et chanteuses et des virtuoses, cela impliquait une vision de la beauté extrêmement raffiné, être un hôte exquis et avoir pour définition de la beauté l'équivalent d'un dictionnaire, Shreck par conséquent était tout sauf un amateur d'opéra et de musique classique. Le classique était probablement la seule musique qu'il supportait et la seule qu'il pouvait trouver "belle". Maximilien n'appliquait pas de dégradé subtile à cette valeur relative de la beauté et considérait que c'était parler en pure perte que d'essayer de définir une palette de la beauté. Il y avait simplement le "j'aime" et donc le "beau" et le "je n'aime pas" qui allait de paire avec la "laideur".

L'élégance ne signifiait d'ailleurs pas pour lui "être beau", mais plutôt "rayonner". L'on savait cet homme à la mode d'une autre époque, époque à laquelle il avait commencé ses affaires et qu'il aimait entretenir, tous ces arrivistes en costume trois pièces, cravate hideuse à l'appui ne pouvaient rivaliser avec ses chemises à col cassé et ses nœuds papillons, n'en mettait-on pas en soirée pour signifier son niveau d'élégance? Maximilien vivait constamment dans un costume d'acteur qui était le symbole d'une époque révolue, mais persistante, il ne voulait pas être éclipsé, il ne voulait pas être perçu comme un individu hors de son temps, et surtout, il aimait trop ses guêtres pour oser s'en séparer.

La majordome de sa maison termina de passer un coup de chiffon sur ceux-ci et les donna à son maître, ils étaient d'un gris perle reposant. Il les enfila avec sa délicatesse habituelle et regarda son invitation et le programme de la soirée en les boutonnant. Apparemment les grands pontes de l'université étaient fier de présenter le talent de leurs étudiants et voulaient en faire profiter leurs donateurs les plus assidus. Il se leva en saisissant sa canne qui n'avait d'autres intérêts que l'esthétique et saisit le chapeau que son serviteur lui tendait. Il le revêtit en se regardant dans le miroir et prit ensuite son manteau gris.

-Ils prévoient un repas après le concert, fit-il à son majordome, vous pouvez donner leur soirée au reste du personnel.

-Bien monsieur.


Il sortit de chez lui en regardant sa montre, un habitude fâcheuse sachant pertinemment qu'il était dans les temps. Son chauffeur ouvrit sa porte et il s'installa confortablement, il mit sa ceinture et fourra l'invitation dans la poche intérieur de son manteau et déplia le programme pour le lire avec plus d'attention. L'habituel cérémonial de bienvenu, le petit discours et l'installation avant le concert puis le repas, avec probablement des discussions sur les projets de l'université et des problèmes de financement auquel naturellement il répondrait par des chèques futurs.

Il arriva rapidement à l'université, phare rayonnant de l'esprit scientifique de Gotham, et pour Shreck, centre de recherche et développement à bas coût. Il descendit de sa voiture avec le visage rayonnant de l'homme qui allait faire la une des journaux étudiants et de la petite presse qui viendrait faire une colonne étroite dans les grands noms du journalisme gothamite. Il monta les marches et serra la main du directeur de l'université qui l'attendait. Ils montrèrent de radieux visages aux petits flash et entrèrent ensemble dans la hall décoré pour l'occasion. Des expositions tenaient place sur des grilles métallique disposée dans l'espace et vantaient les mérites des recherches et des moyens mis en place par l'université et leurs généreux bienfaiteurs. Il passa son bonjour aux professeurs qui collaboraient avec ses services, vanta leurs qualités et parla de l'avenir ) grand renfort d'emphase et d'hyperboles. Finalement le discours du directeur fut court et efficace, le monde universitaire était rarement dominé par des orateurs de talent et heureusement, celui-ci faisait dans la concision. Il invita tout le monde à rejoindre l'intérieur de la salle de concert.

Shreck aimait rentrer dans ce genre d'endroit. La moindre conversation se transformait en un murmure lointain, et marcher dans ses rangées de sièges donnait l'impression de marcher sur l'eau au milieu de ses remous et de ses ressacs. On lui avait réservé une place dans le parterre haut, les places les plus chères, mais celles qui réservaient la meilleure qualité de son et une vue agréable sur le spectacle. Les lumières s'éteignirent et avec elles les dernières conversations. Le rideau s'ouvrit avec son habituelle lenteur. Le silence était agréable et reposant. Quelques étudiants attendaient, le visage grave sur scène, la lumière s'éleva tout doucement et les premiers sons naquirent dans cet espace qui s'offrait à eux. L'envoûtement saisit l'intégralité de l'audience, Maximilien comprit, il vogua de morceaux en morceaux et de sons cristallins et doux à des rythmes effrénés et saisissant. Puis vint le final qui arriva au goût de bien des gens trop tôt. Au centre de la scène était disposée une jeune femme que bien des individus trouvaient charmante, mais dont Shreck avec son habituel désintérêt se moquait éperdument, l'important était son talent et en quelques minutes elle le démontra avec irréfutabilité.

Les notes volèrent, le morceau eut ses moments de douceurs, son rythme grandit et enfin se succédèrent ses moments forts et tout à coup, les musiciens s'immobilisèrent et les dernières notes retombèrent. Il y eut quelques instants d'immobilité, le temps que le feu d'artifice des harmoniques ne se termine dans les esprits et que tous se levèrent pour acclamer les virtuoses. Il y eut des bravos et des bis, Shreck lui, se contenta d'applaudir en hochant la tête d'un air de satisfaction. Il se pencha vers el directeur qui le côtoyait et lui chuchota un:

-Vous devez être très fier.

Et naturellement il lui répondit que oui. Maximilien insista pour féliciter les étudiants qui leurs avaient fourni ce spectacle. On le conduit volontiers dans les coulisses où il pu s'exécuter, mais une artiste manquait d'après le pianiste. Le chef d'orchestre se vanta du talent de ses protégés et indiqua qu'il avait vu sa violoniste partir vers le hall. Shreck n'aimait pas courir après les gens, mais il ferait une exception étant donné que le directeur lui avait vanté bien des mérites sur cette jeune femme et ses différents talents, dont l'un qui pourrait d'avérer très utile. On interpella la jeune femme dont on identifia la silhouette, Maximilien resta silencieux pendant qu'on lui présentait la jeune artiste, il l'observa, elle était hautaine et sûre d'elle, on aura cru que le monde qui l'entourait était aussi passionnant que de la fumée et que tout n'était qu'une façade pour que ses yeux aient quelque chose à fixer pendant qu'elle daignait respirer l'air ambiant.

Maximilien tendit sa main, comme pour lui proposer un baise-main.

-Mademoiselle, je tenais à vous féliciter et vous remercier pour votre magnifique prestation, nous ferez vous l'honneur de vous joindre à notre table pour le repas?
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MessageSujet: Re: Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]   Une soirée de partitions [Maximilien Shreck] EmptyMar 28 Fév - 5:47

Les yeux des hommes étaient des poignards qui perçaient vos vêtements, vos chairs et vos repères les plus rationnels. Certains vous jugeaient inutile pour l’heure dans la mesure où votre présence est dispensable, voire supplémentaire, peut-être accessoire, selon le jugement des plus méticuleux. Certains imaginaient les chairs blanches et frémissantes dans un contexte surréaliste. Ceux-ci, toutefois, possédaient des rêveries éveillées plausibles. Les secrets les plus sombres se fréquentaient derrière les apparences les plus élégantes. Au rythme excessif auquel se déroulait l’entourage cacophonique de l’aristocrate russe, seul le marbre de ses gestes et l’absence de sentiments sur ses traits fins témoignaient de son existence.

Elle demeurait complètement stoïque du haut de ses escarpins vertigineux. Les paroles fusaient à ses côtés, plongeant cette âme figée dans un rôle cruel de spectatrice, là où chaque syllabe formulée avec soin dévoilait les mièvreries infectes produites par l’ensemble de ces voix mensongères. Personne ne peut prétendre à percer l’opacité de l’esprit mondain de cet amas d’étrons en costards qui prétendaient à jouer des rôles bienfaiteurs auprès des citoyens et des citoyennes. La courtoisie dissimula l’hypocrisie avec une rapidité faramineuse au cours des secondes suivantes. Le dégoût le plus profond et le plus amer continuait de germiner au creux de l’âme de la jeune étrangère, lorsqu’une silhouette noire viola le périmètre de son individualité. Elle sentit le parfum douceâtre et sucré des fleurs, accompagné du frottement sec du plastique contre une paume creuse.

- Les pensées de votre frère bien-aimé, Mademoiselle.

Les doigts délicats de la violoniste voulurent violenter ces valeurs vénales qui l’irritèrent tandis que son visage angélique simula un sourire ensoleillé de grâce et de bonté. Roskalyo comprit aussitôt l’agacement déguisée de sa dame, retirant de sa vue les roses écarlates qui vexaient son regard d’aristocrate. Vêtu d’un complet sobre au noir sombre, il accepta promptement les effectifs personnels de la jeune jouvencelle qui continua d’agrémenter l’étrange situation par une émotion feinte et presque vulgaire. En revanche, elle perdit cette moue au profit de ses parures glaciales qui lui semblèrent rassurantes quant à l’impact de son entourage. Ses doigts longs et fins se posèrent sur les pans longs de sa robe touchant ses mollets maigrichons, chétifs. La réalité de sa maigreur n’était guère le seul produit de sa physiologie, mais également la torture lente de son esprit à cultiver sa faiblesse par un refus enfantin de s’alimenter. Elle n’avait ni muscle, ni gras comme si ses os et sa chair pouvaient suffire à composer cette femme dépossédée de sa propre enveloppe physique.

L’employé de Vlada tendit une enveloppe blanche à son égard. D’un geste à la fois preste et délicat, ses doigts déchirèrent ce papier superflu. Les yeux glacials de la violoniste scrutèrent des marées de calculs, satisfaits d’apprendre la perfection de sa dernière confection mécanique. Elle rangea le dit document à l’intérieur de son sac à main qui semblait presque vide. Entièrement confectionné de fourrure recyclée, il était d’un blanc immaculé. Son faciès, à la fois indifférent et placide, commençait déjà la prévision d’une nuit délicieusement longue à se pencher sur ses travaux, sur ses chefs d’œuvre de mécanique. Toute cette soirée ennuyeuse pouvait désormais se rompre lors de son départ, et la laisser s’évader dans les entrailles d’une petite pièce aux odeurs insupportables, aux tables envahies de pièces métalliques et aux écrans tactiles recouverts de formules scientifiques. La froideur de ses traits redoubla d’inertie, alors que ses mains quêtaient son châle à son garde personnel, montrant son désir de s’évaporer davantage.

Or, la mélodie de la victoire s’interrompit brusquement – au point tel que l’étranger qui l’interpella reçut à la fois un sourire des plus charismatiques couronné d’un regard empoisonné de la haine la plus acide qui soit. La violoniste russe fut présentée à un des hommes les plus réputés, dont le nom demeurait impossible à effacer de son registre de contacts. Vlada enfila ce masque des jeunes jouvencelles intimidées, faisant désormais passer la haine virulente de ses prunelles pour un orgueil d’aristocrate bien trempé. Une main tendue, une parole formulée avec ce ton pompeux d’homme supérieur, bien que Vlada n’en demeura qu’indifférente et distante. Ses lèvres vermeilles s’étiraient doucement, livrant un sourire pincé. Et ses iris d’un bleu pétrifiant semblaient danser d’un mystère récalcitrant, insaisissable.

- Tous les honneurs vont à l’ensemble de l’orchestre. Je n’en suis qu’un composant semblable à un autre.

Une pause. Les traits se détendirent, et examinèrent d’un intérêt absent ceux de son interlocuteur. Une paume froide aux doigts de perle se tend : la pâleur rachitique, la petitesse exagérée de cet être donnaient la forte impression que cette chair fut constituée de porcelaine, et peut-être de craie considérant la fragilité des tremblements qui secouaient ces pores par moments. De plus, une température glaciale accompagnait sa présence comme si le spectacle donné n’avait qu’effleuré son esprit dépourvu de la moindre anxiété, de la moindre faiblesse.

- Je serais enchantée de me joindre à vous.

Chaque mot possédait une prononciation à l’anglaise, et non à l’américaine. La jeune russe semblait particulièrement insister à montrer cette singularité telle qu’un voile hautain sur ses origines. Roskalyo s’empara d’un téléphone haut de gamme, un des derniers modèles sur le marché, pour envoyer un message texte à son employeur. Il devait l’informer du moindre geste de sa pupille, en dépit de son âge. La liberté n’était qu’une idée brute effacée de l’existence de la jeune fille. Elle était droite et stoïque, dramatiquement intrigante dans une tenue blanche. Un étudiant voulut prendre une photo de Vlada, mais le garde s’interposa. Il accommoda le jeune homme en le redirigeant ailleurs. La russe effleura sa gorge légèrement, sentant ses cheveux tirés sur le sommet de son crâne par des broches en diamant qu’elle détestait : trop étincelantes de fausseté dans un monde de désillusions.
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MessageSujet: Re: Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]   Une soirée de partitions [Maximilien Shreck] EmptyMer 29 Fév - 22:50

Pour bien des hommes, une telle femme serait un ange dans une ville en plein chaos, une révélation de froide beauté et de délicatesse de glace, pour Shreck c'était une simple carte à jouer vue de profil, charmante certes, aux traits fins, qui était raffinée et bien élevée aux vues de ses réactions. Un as à mettre dans sa manche? Peut-être. Une sorte de jeune aristocrate dont le soutient pouvait être apprécié. En de telles soirée il était de bon goût d'être aimable et surtout d'oublier tout du reste de Gotham, l'on parlerait ici de générosité, l'on se servirait d'agréables compliments mutuels, on s'endormirait avec la grâce et l'habilité de l'habitude. La jeune femme fit preuve de modestie, une qualité que Shreck n'était pas du genre à goûter. Celle-ci était certainement plus une tentative de chleuasme, quoi qu'il en soit, il valait mieux flatter d'avantage cette froide jeune femme, comme un vrai gentleman.

L'homme d'affaire avait beau être un parfait roublard, un machiavélien pour qui la fin justifiait absolument tous les moyens, il n'en restait pas moins fermement attaché à l'image qu'il donnait en public. Le quatrième mur de sa vie était celui qui séparait la scène que représentait la vie publique et le public du monde économique. Certains se régalaient en mangeant des pop-corns de le voir ainsi faire un baise-main dans les règles de l'art, c'est-à-dire sans toucher la main de la jeune femme, mais pour d'autre c'était comme de boire du vinaigre. Il en écœurait plus d'un, mais il était intouchable de par ses méthodes ténébreuses et ses alliances en béton et intérieurement, Maximilien le savait, un jour l'on essaierait de le frapper plus fort qu'auparavant. Lorsqu'il se redressa, il lança une politesse qui n'avait rien de banale et qui représentait finalement le fond de sa pensée.

-Quoi qu'il advienne d'un résultat, il faut bien que quelqu'un ait accepté la lourde tâche d'être le pilier du projet, commença-t-il. Aussi ma chère, sachez que si vous n'acceptez pas d'être félicitée pour votre performance vous n'en êtes pas moins félicitable d'avoir accepté la lourde tâche de supporter le magnifique édifice musical que l'université nous a servit.

Les intonations de la jeunes femmes passaient clairement au-delà de l'esprit irrémédiablement américain de Shreck qui considérait uniquement trois types d'accents, l'américain, le texans et le reste du monde. Elle faisait clairement partie du "reste du monde". L'on tenta de la prendre en photo et une sorte d'individu qui aurait pu servir d'antenne à une groupe du FSB s'interposa. Cette jeune femme aurait-elle plus de valeur qu'une simple poupée de porcelaine qui dormait chaque soir sur un matelas en or massif la tête sur un coussin bourré de billets de banque? Probablement. Shreck cessa de réfléchir un instant sur ce curieux spectacle et se tourna vers le directeur qui gardait un sourire crispé qui devait commencer à générer ses symptomatiques crampes faciales.

-J'imagine que rajouter un couvert à notre table ne sera pas impossible à vos services mon cher, déclara-t-il à son adresse.

Il répliqua naturellement que non et se pressa d'aller rejoindre le service en salle. Pour l'occasion la barbante et sinistre salle de conférence avait été camouflée sous des draperies rouge et or. Une moquette parfaitement nettoyée cachait l'immonde sol gris et les tables recouvertes de nappes d'un blanc laiteux soutenaient des couverts particulièrement brillants et des verres d'un cristal aussi faux que les dorures des parements des serviettes de tables. Shreck ne prit pas la peine de tendre le bras vers la jeune femme pour l'accompagner, un autre convive, une sorte de chercheur qui travaillait de concert avec son service de recherche vint lui parler un peu et ils marchèrent l'un à côté de l'autre jusqu'à leur place. Un serveur terminait de décaler les couverts de la table pour finalement en mettre un nouveau. Le businessman s'assit aux côtés du directeur de l'université, autour de la table s'installaient les professeurs et chercheurs les plus notables et une petite place attendait patiemment l'arrivée de la jeune Vlada.

Shreck rajusta son noeud papillon. Le directeur se leva et demanda le silence, comme prévu.

-Je vous demanderais de bien vouloir applaudir mesdames et messieurs l'un de nos plus généreux donateur. Un homme que je ne devrais même pas vous présenter puisqu'il a déjà été tellement offert à la recherche fondamentale, un homme sans qui probablement nous aurions perdu bien des secteurs, j'aimerais accorder à monsieur Shreck une ovation.

Tous applaudirent le milliardaire, un petit moment de gloire en catimini alors que Gotham se morfondait, un petit moment de joie et de satisfaction purement gratuit de sa part. Il se leva à son tour et fit quelques francs sourires à l'assistance qui s'était également soulevée pour l'acclamer. L'argent n'achetait pas la loyauté, mais forçait au respect et c'était exactement ce qui se passait avec ces individus, il se moquait de Shreck et de sa gentillesse, ils s'intéressaient tous à sa "générosité" bien placée. Il dut leur rendre une réponse vibrante d'une fausse honnêteté habillement camouflée.

-Mesdames et messieurs, je suis flatté mais j'aimerais vous dire que cette université n'est pas l'objet de ma générosité parce qu'elle dispose de bons chercheurs et d'excellents professeurs, mais parce que ses excellents chercheurs et ses formidables professeurs sont unis et soudés les uns aux autres et font face au vent et à la tempête. Alors que Gotham vit des heures sombres, cet établissement, mené d'une main honorable affronte l'adversité du monde et choisit de rester et de travailler malgré tout vers l'accomplissement d'un dessein plus noble que tout le reste. Aussi j'aimerais à mon tour féliciter non seulement votre excellence, mais également la force de votre union, celle qui sera à jamais l'inaltérable puissance de cette Université. Merci à vous.

Une nouvelle ovation dûment calculée commença, l'homme d'affaire se rassit paisiblement et les autres chercheurs de la table s'échangeaient des hochements de tête approbateurs. Le calme revint peu à peu et Shreck finit par se tourner vers la jeune femme, intrigante et particulièrement fascinante tellement elle détonnait avec le reste de cette assistance.

-Et vous miss Vlada, que faites-vous exactement dans cette université? En dehors du violon j'entend.
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MessageSujet: Re: Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]   Une soirée de partitions [Maximilien Shreck] EmptyJeu 1 Mar - 4:40

Les appréciateurs de la musique classique parlaient régulièrement en faux connaisseurs. Être le composant d’un tel groupe, peu importe le contexte extérieur entourant ce dernier, signifiait l’abandon de son individualité au profit d’une harmonie commune entièrement régie par le rôle exceptionnel du chef d’orchestre. Toutes les tâches les plus méticuleuses revenaient au responsable, telle que celle d’accorder tous les musiciens aux autres. La Russe répondit à ce trait de politesse par une expression pure et simple : un refus silencieux et doux d’accepter le moindre commentaire à connotation positive sur son dévouement à l’instrument. La métaphore plut légèrement à la jouvencelle, ce qui causa l’ombre d’un sourire aux commissures de ses lèvres. Tout était faux. Tout était illusion. Tout suivait le rythme répétitif d’une soirée pompeuse de riches, là où la politesse déguise les intentions les plus nobles et les plus pervertis.

Le garde personnel de Vlada se retira, assimilant qu’il devrait rapporter tous les faits actuels et futurs à son employeur. Déjà, ils quittaient le hall d’entrée en direction de la salle de conférence. Roskalyo informa sa protégée de ses activités, lui rappelant l’importance d’agir en fonction de Monsieur Vladimir, et non de sa propre personne. L’héritière répliqua d’un regard glacial, avant de reprendre ce masque candide de jeune femme. Un convive étranger accompagna la jeune damoiselle. Des phrases légères, parfois incomplètes et bègues, se voulaient plaisantes et conciliantes. En dépit du mutisme notoire de la jouvencelle, seul un sérieux consciencieux plana sur ces traits éphémères. Le chercheur confondit cet ennui pour une gêne enfantine dans laquelle leurs regards se confrontèrent parmi le plus platonique des échanges visuels. La surface lisse de ces iris semblait impénétrable comme si chaque nuance azurée mourait au cœur de ce centre sombre et menaçant montrant un violet violenté.

Une fois arrivés au dit lieu, Vlada remarqua brièvement tous les couverts décalés, se rappelant ses longues soirées solitaires à dresser la table entière, à cuisiner vingt repas de cinq services en toutes parts, à fixer les chandelles pourpres s’étioler et se répandre en cire chaude sur la table dans l’espoir que le père laisse un peu de repos à ses recherches pour un repas avec sa progéniture. Les convives prirent siège, échangeant une cacophonie de remarques éparses auxquelles la Russe accorda très peu d’intérêt. Ses données se concentraient désormais à ses prochains calculs, dédiés à poursuivre l’accomplissement de son dernier projet personnel en matière technologique.

Les voix s’interrompirent, tandis que Monsieur Shreck prononça un discours satisfaisant au personnel de l’université. La jeune étrangère semblait en dehors de ce contexte superficiel, notifiant à chaque syllabe le ton trop forcé du millionnaire. Les illusions et les mensonges semblaient être le premier élément essentiel pour une survie sociale impeccable dans ce monde moderne. Vlada applaudit faiblement, simulant d’être à l’aise en tant qu’invitée de dernière minute. Ses mains se posèrent à nouveau sur les volants de sa robe, lissant du bout de ses ongles la dentelle riche et soyeuse, parfois scintillante de perles nacrées. Elle attendit patiemment la fin de l’ovation, plongée derrière cette porcelaine joyeuse dans les méandres de ses créations dangereuses. L’une de ses pensée s’égara vers le monde extérieur, lui rappelant que les donateurs célèbres de l’université abusaient régulièrement de cette dernière pour employer des chercheurs de milieux divers à une somme ridicule. L’homme adulé de ses pairs cessa de jouir de sa situation puis redonna un brin d’attention à la violoniste qui préférait s’effacer de cette scène en simple spectatrice. La mention de son prénom la tiqua comme si cet excès spontané lui parut trop familier – son orgueil accusa ses origines aristocratiques de se méfier naturellement d’autrui employant ce diminutif.

Étirant ses lèvres délicatement sur ses pommettes, elle répondit d’une voix mélodieuse, presque effacée du décor sonore :

- Je suis dans un double parcours : la technologie et les sciences, tare héréditaire des Dostoïevski, et l’art, tradition essentielle à ma discipline et à mon cheminement.

Elle entreprit une pause, durant laquelle un sourire chétif vint ajouter une touche d’humour à ses phrases solennelles. La jeune aristocrate simula cet arrêt pour parfaire son rôle de jouvencelle candide, augmentant cet effet par la rougeur éphémère de ses tempes.

- Je reçois beaucoup d’éloges dans le domaine de la photographie récemment.

À la suite de ce trait, elle redirigea son regard sombre sur ses couverts, cherchant à fuir l’attention par le fait même. Vlada espérait ne pas devoir énumérer l’ensemble de ses pratiques, par crainte de paraître trop sérieuse pour sa tranche d’âge. En effet, son éducation exigeait une discipline personnelle exemplaire, voire idyllique, afin de parfaire un rendement exceptionnel au coeur de tous les domaines touchés par la jeune héritière. Elle sut que quelques convives la fixait, avides d’entendre une voix translucide qui ne s’élèverait plus avant le retour de son interlocuteur. Derrière cette mine enfantine se cachait la plus implacable des calculatrices: embellir sa personne aux yeux des gens était impossible, mais l'amplifier d'un charisme énigmatique qui suivait tous les descendants de cette lignée. Très pâle, l'éclairage de la salle de conférence donnait un reflet nacré à la jeune femme qui retombait peu à peu dans les entrailles de ses nombres: obsédée par toutes les possibilités envisageables qui pourraient aider la vitesse de son projectile, le matériau le plus solide afin d'assurer une injure conséquente chez la cible... Toutes ces interrogations tourbillonnaient en son for intérieur, lui causant cette réflexion soudaine sur un sujet totalement extérieur au moment présent. Remarquant son délit, la jeune femme effaça la flamme virulente de son regard par cette glace inaltérable.
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MessageSujet: Re: Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]   Une soirée de partitions [Maximilien Shreck] EmptyLun 5 Mar - 16:09

Une vie entière vouée à la subtilité et aux intrigues, une éducation dirigée vers le monde aux mécanismes subtiles et imperceptibles de la finance, un regard sans cesse porté vers l'avenir, considérant le présent comme une simple étape de vérification de ces processus de développement économique. Cette jeune femme était une ombre, une sorte de figurante qui pouvait quitter comme rejoindre les projets du milliardaire. Elle était un corps de chair, elle était un esprit fait d'idées et d'attentes, de désirs et de frustrations diraient les psychiatres ou psychologues, pour Shreck elle serait une extension de sa propre volonté ou elle ne serait rien. Elle restait vague, comme impressionnée par son environnement, comme cela jurait avec la posture qu'elle avait dans le Hall tantôt.

L'homme d'affaire, tout en vérifiant que le serveur ne mettait pas trop de vin blanc dans son verre, eut un sourire réconfortant. Il écouta les quelques éléments que la jeune femme daignait lui fournir. Elle était avare de détail, c'était peu dire. Tout était superficiel. Technologie, science, tradition et discipline... Elle parla ensuite de ses talents de photographes. Sa petite tentative de modestie ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Vivait-elle au travers des distinctions qu'on lui donnait ou était-elle consciente de ses talents? C'était un point important pour l'orgueilleux businessman, si elle ne se jugeait que dans le regard des autres, c'était une pauvre fille sans avenir qui serait toujours limitée dans ses aspirations, si elle les connaissait mais qu'elle simulait sa modestie, alors c'était une jeune femme intelligente et consciente de l'image qu'elle devait transmettre aux pauvres esprits qui l'entourait.

Les premiers serveurs vinrent déposer les assiettes de coquille saint Jacques, premier plat de cette soirée. Shreck déplia soigneusement sa serviette brodée et la replia ensuite pour la déposer sous ses couverts, une habitude qui avait la vie dure. Alors que les autres convives se souhaitaient la bon appétit, Maximilien préféra demander quelques précisions.

-Shreck's Industries est parmi les leader du domaine technologique de cette ville, commença-t-il en soulevant sa fourchette argentée. Dans quels domaines exactement poursuivez-vous votre cursus mademoiselle Dostoïevski? Pardonnez ma curiosité, mais j'admet que je rencontre rarement des étudiants de cette formidable Université, aussi rattrapé-je avec vous ces quelques lacunes.

Il porta à sa bouche un morceau de corail savoureux et profita de sa délicieuse saveur le temps de quelques mouvements de mâchoire. Il avala doucement ce morceau et saisit son verre de vin.

-Vous parliez de talent de photographe, reprit-il en portant son verre à ses lèvres.

Puis il le reposa lentement en continuant.

-Avez-vous fait quelques expositions?

La photographie... Arkham City était mal vue, très mal vue ces temps-ci par les restes de la presse locale qui osait s'interposer, tel que le Gotham Globe et l'appel à tout autre média pour la modifier pouvait paraître honteusement déplacer et déservir le but initial. Si cette jeune femme acceptait, avec quelques uns de ces camarades d'effectuer un travail de reporter photo dans l'enceinte du pénitencier, cela n'en aurait que plus de force. Si elle était douée, pourquoi pas une véritable exposition photographique? Shreck n'était pas locace en présence d'un bon plat, mais elle l'intriguait. C'était une simple étudiante certes, mais qui sait, sa force pouvait peut-être résider dans sa condition. Oui, l'échiquier n'avait pas de limite et les pions dont on disposait étaient en quantité infinie, quel intérêt de ce limiter dans ce cas?
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MessageSujet: Re: Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]   Une soirée de partitions [Maximilien Shreck] EmptyLun 12 Mar - 5:37

Maîtriser chaque parcelle de cette chair, chaque reflet de ce regard, chaque lueur savamment calculée pour donner une réplique parfaite de son masque angélique : voilà l’art le plus inné de la petite Vlada. Les yeux curieux de leurs convives sautaient convulsivement d’un interlocuteur à l’autre comme si ce jeu de faux visages demeurait la distraction la plus jouissive lors de ce repas tardif, et seulement animé d’échanges pauvres et banals. L’ouïe de la jeune pucelle capta tous les mots un par un, les disséquant dans son esprit avec les couverts de ses calculs. L’intonation vide au cœur de la voix du milliardaire provoquait un ennui considérable vis-à-vis de l’étrangère qui commença à capter davantage de regards intrigués. Chaque respiration étendait les dentelles de sa tenue ravissante, laissant ces côtes rachitiques surprendre la fragilité précoce de cet être. Le fantôme de l’assemblée semblait prendre une nouvelle perspective d’attaque comme si chaque réplique fut l’arme rhétorique décisive d’un échange infligé, et indésirable du point de vue de l’aristocrate.

Des yeux si clairs devinrent un orage tourmenté dans lequel une myriade de nuances bleutées côtoyait des franges violacées. Le sourire construit de finesse et d’éclat semblait restaurer ce paysage à la fois magnifique et impénétrable que constituait la cuirasse émotionnelle de cette simple étudiante aux multiples tâches. Cette atmosphère percutant commença à entourer la jeune dame qui regarda le premier service d’un œil sceptique. Ces mets haut de gamme la dégoûtaient particulièrement : un nettoyage d’estomac serait essentiel à la suite d’un repas aussi gras et infecte. Le bras, frêle et ferme, tendit un morceau à ses lèvres printanières avec la rigidité des bonnes manières. Cette poupée de porcelaine, animée d’une âme opaque aux désirs les plus mystérieux, semblait jouer le rôle d’une perfection divine enfantée par une quelconque volonté supérieure. Certains regards idolâtraient cette chose : tout commençait par une image, tout se terminait par cette plénitude d’arrogance sage.

À l’habitude, les convives échangeaient prestement avec une vivacité toute urgente de montrer leur orgueil personnel et de se lancer des éloges superficiels suffisant à satisfaire leurs pauvres craintes d’êtres humains. La jeune femme attendait l’étendue de toutes les interrogations qui la concernait avant de s’exprimer à nouveau. Les souffles se mélangeaient aux cliquetis aigus des couverts mal tenus, mal dirigés. Chacun jugeait son voisin dans l’espoir de s’édifier une fierté des plus écarlates. La posture de la créature devint naturelle, et aussi menaçante que le venin des vipères les plus mortelles. L’attitude candide de l’apogée de la soirée semblait évoluer différemment de toutes les attentes de l’audience. La Russe prenait une seconde bouchée, suivie d’une gorgée des plus délicates. L’élégance de la violoniste en frappa plus d’un : laissant planer la lourdeur d’une attente sempiternelle de ses mots précieux, de ses paroles susurrées dans la plus pure des illusions. Chaque sensation, chaque impression de Vlada était le produit profitable d’un travail acharné qui donnait ce jeu spectaculaire de sa part. Telle une portée de notes impeccable, la fluidité innovatrice de sa silhouette demeura percutante : d’une part, par sa lenteur parjure face aux autres convives en présence de Maximilien Shreck, de l’autre, par le sadisme ingénieux de l’attente d’une révélation des plus intrigantes. Les cils longs et noirs se collèrent à ses paupières supérieures, montrant deux toiles des plus illuminées en ce visage fort singulier. D’ailleurs, l’erreur donnée à son nom de famille lui plut – ce qui laissa une bribe de joie traverser ce masque impénétrable de calculatrice. Cette pucelle s’apparentait à un prédateur poli qui attendait le moment opportun pour dévorer son adversaire. La douceur des anges habita son minois délicieux, alors que des voluptés douces quittaient ses cordes vocales :

-J’œuvre au cœur de plusieurs domaines. Veuillez excuser ma personne d’en omettre certains volontairement, formula-t-elle patiemment en déposant froidement ses couverts. Mon étude se concentre sur les armes offensives et défensives : de leur création jusqu’à chaque caractéristique entourant leur manipulation. Une gorgée coula difficilement dans sa gorge, peu habituée à recevoir autant de nourriture. Les Dostoïevski sont en tête du domaine des forces terrestres des Forces Armées de la Fédération de Russie.

Tant de paroles forgées depuis des années au creux de son âme, tissées par les professionnels du discours et pratiquées en présence de conteurs. Chaque syllabe dite avec prestance sembla donner une claque aux autres convives qui changèrent leur image tangible de cette jeune et candide étudiante. Les mains soyeuses de la jouvencelle lissèrent les volants de ses habits quelques secondes, créant cette fascination de la part d’autrui qui essayait, autant que possible, de comprendre comment un ange aussi tendre et altéré pouvait travailler dans un domaine aussi sombre, aussi chaotique, aussi tragique que l’invention des mécanismes les plus innovateurs pour donner les injures, et plus souvent la mort dans un trait aussi élaboré qu’un souffle. Vlada regardait à peine les autres convives, alors qu’une autre gorgée fut volée à son verre. Chaque mouvement docile reprit cette tendresse juvénile et particulière à son âme. Un sourire naturel embellit son faciès pâle, puis une parole sèche quitta les pétales de ses lèvres :

-Deux cents trente-sept expositions dans le domaine photographique. Or, je n’en ai que vingt-trois à l’intérieur de Gotham City. Les décors de cette ville sont flamboyants.

Les derniers mots rimèrent moins comme si leur propriétaire n’en semblait guère convaincue. Vlada se convainquit de prendre une autre bouchée, malgré sa réticence à ingérer un mets aussi calorique et nocif pour sa progression au ballet.
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MessageSujet: Re: Une soirée de partitions [Maximilien Shreck]   Une soirée de partitions [Maximilien Shreck] EmptySam 28 Avr - 0:15

[HRP]Avec toutes mes excuses pour le retard[/HRP]

Le soirée était agréable presque reposante, les conversations formaient un petit bruit de fond qui rappelait les belles saisons. Les serveurs naviguaient entre les tables et demandaient parfois si les invités avaient besoin de quelque chose. Et au milieu de tout ce charme bourgeois, de la détente ambiante, il y avait cette jeune femme, cristal glacial perdu dans un décor d'or et de velours. Elle semblait éloignée, à des années lumières de tout ce qui l'entourait, elle répondait laconiquement, assez pour être polie, trop peu pour être véritablement honnête. Elle parla de l'armement et de la position de sa Famille en Russie. Pour Shreck, qui avait vécu la fin de la guerre froide, la Russie n'avait plus rien de cet Empire socialiste grandiose, c'était une terre bénie des oligarques et de l'injustice sociale. La propagande n'avait jamais eu beaucoup d'effet sur lui, il n'avait pas vraiment traversé les crises importantes de ce conflit si bien que cela restait pour lui un conflit ordinaire, presque risible avec le recul.

- L'armement? répéta Shreck avec un sourire. Voilà qui est fort intéressant, Shreck's Industries a une division militaire de tout premier ordre sur l'échiquier mondial.

Il reposa son verre et replia sa serviette.

- Il est rare de rencontrer dans l'université des étudiants intéressés ou ayant baigné dans l'univers de l'armement et de la défense. Généralement, ce sont des gens versés dans l'art des soins ou même l'architecture qui profitent de ses enseignements et la plupart des diplômés partent généralement dans des entreprises de biomécaniques ou biomédicales.

Il se permit de rompre son pain, comme cela se faisait dans de telles occasions.

- J'avoue avoir entendu parlé aux cours de certaines tractations du nom des Dostoïevski, mais je n'avais pas osé faire le rapprochement avec vous mademoiselle. C'est un plaisir de rencontrer le membre d'une famille aussi émérite dans l'art de l'armement.

C'était précisément le genre de compliment qui ne plaisaient pas aux femmes et aux individus moralement non handicapé, mais Maximilien n'était pas de ce genre et il venait de servir une petite flatterie de son crû, de celles que personnes n'aimait vraiment recevoir. Il mangea un morceau de main avant de reprendre ses couverts. Un serveur passa et lui proposa du vin, il accepta volontiers.

-Ainsi vous êtes une photographe talentueuse et qui a déjà présenté ses travaux, fit-il avec un nouvel intérêt, cette fois-ci plus modéré et plus poli. Les photographes talentueux sont hélas en voie de disparition dans notre ville, il n'y a plus guère que des professionnels sur journalisme qui vendent du sentimentalisme et des nouvelles larmoyantes et sans intérêt.

Maximilien ne connaissait rien à la photographie, mais il savait ce qu'il aimait voir et il aimait voir ce qui lui servait. Les photographies montrant des gothamites en larmes ou des accidents le déservaient. Il avait prévu quelques reportages sur Arkham City, mais les quelques photographes qu'il avait convié à cet exercice avaient pris des orientations qui ne lui avaient guère plu, de la contestation, de la critique, encore et toujours! La liberté de la presse songeait-il n'était rien d'autre que l'appel à la résistance et à l'opposition. Les gens écrivaient pour critiquer, pour cracher du venin en abondance sur les gens qui eux agissaient, construisaient des empires et bâtissaient l'avenir, que faisaient-ils eux? Rien, ils observaient, les bras croisés et de temps en temps disaient: "il y a une tâche là!" et en faisaient une montagne. Les cerveau des mauvais journalistes étaient câblés très simplement: finance = crise; mécénat = complot; sourire = arrière-pensée; accident = audience. Bref, rien de concret, mais que de choses distractives, que de lecture facile et de raisonnements simples et épurés qui feraient blêmir l'Homme en quête de vérité. La presse était un cauchemar lorsqu'elle n'était pas maîtrisée et elle ne devait être qu'une vitrine, simple, efficace, détaillant ce qui devaient être détaillé (à savoir ce que les industriels et les politiques leurs demandent) et n'introduisant à aucun moment un quelconque processus créatif. La propagande était le summum de la qualité journalistique, c'était la perle rare qui déterminait les bons journalistes et surtout, l'excellence de l'information. La vérité au fond n'était que ce que la majorité était prête à accepter et plus la vérité était mensonge et plus elle était agréable et rendait la vie facile.

La photographie donc, même si elle était un art devait être une arme de propagande, elle devait résumer simplement ce que l'on voulait graver dans l'esprits des gens; et par les temps actuels, d'après les conseiller en communication de Max, l'image était de la confiture pour les cochons, qu'importe les écrits, les images étaient le vecteur de communication de générations futures, car si l'on apprenait très tôt à lire et à avoir du recul sur ses lectures, les images, elles, restaient à un stade très basique de réflexion et seuls les individus cultivés ou diplômés pouvaient se vanter d'y trouver de quoi redire, autant dire les gens que le commun des mortels n'écoutait ou ne comprenait pas.

-J'ai d'ailleurs un projet de reportage photographique qui n'a pas encore trouvé de dénouement heureux, qui, pourtant, est une chance unique en son genre.

Finit la soirée tranquille, l'homme d'affaire quittait la convenance pour des propositions commerciales...
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