Convalescence sportive [Pv JP Valley, Gédéon]

Alors que les deux amants s'en allaient, laissant Gedeon a un sort hasardeux, Valley nota que Lulla était sur le point d'exploser de questions mais qu'elle se contenait du mieux qu'elle pouvait. La conversation allait être désagréable, la morphine l'avait fait déconner et il ne savait pas s'il pouvait tout lui dire. Lulla détestait Azrael et il ne pouvait pas prétendre être Batman bien longtemps, il avait déjà été sur ce terrain là et ça c'était avéré désastreux.

Il monta dans la voiture en silence, heureusement elle ne semblait pas lui faire de reproches ou de sermons, elle cherchait juste à savoir qui il était réellement.

" Quelques flashs. Mais sinon, non." répondit il à sa première question, l'air grave. C'était vrai, il se voyait vaguement debout sur le lit couvert des draps, mais c'était tellement flou qu'il ne pouvait dire si cela s'était réellement passé. Par contre, d'après les dires de Lulla il avait bel et bien agit de la sorte.
Fatigué, encore un peu abruti par le contre coup il ne savait pas comment réagir. Instinctivement, il voulait se mettre en position agressive, c'était plus facile d'agresser les gens pour les dégoûter et les faire partir que les affronter directement, surtout quand on se sentait coupable. Ils s'étaient mis sur la gueule avec Batman pour cette raison, mais il ne pouvait décemment pas tabasser Lulla.

" Et toi, qui aimerais tu que je sois ? L'explication du simple type qui a vu ses forces décuplées sous l'effet des médicaments et de l'instinct de survie ne te conviendrait pas ? On pourrait rentrer au château, manger et aller se coucher non ?"

Il parlait sur un ton de regret, comme s'il décidait de tenter Lulla avec un avenir proche loin des contraintes et qu'il essayait de se rassurer lui même. Mais la réalité était tout autre, et l'avenir on ne ne peut plus incertain.

" Parce que je suis pas sûr que tu vas aimer ce que je vais te dire. Vu qu'au final je ne t'ai jamais dit qui j'étais vraiment, mais que tu vas interpréter ça comme un mensonge éhonté. Mais je dois te dire quelque chose, d'abord. Lors de notre rendez vous galant, je me suis comporté comme un homme tellement expérimenté qu'il a été capable de se débarrasser de malfrats."

Il poussa un long soupir de résignation et afficha une mine triste.

"Mais peut être que cette arrogance te dit quelque chose."

Valley a l’air exténué, résigné. Je me doute déjà qu’il appréhende un peu mes questions et surtout que l’effet des médicaments vient à peine de s’estomper. Ouais, je pourrais très bien le reconduire chez lui, le mettre au lit, et attendre qu’il se soit reposé pour lui poser mes questions existentielles. Mais non – sûrement parce que je suis bien trop égoïste et impatiente à découvrir ce que me cache le français. Il dit ne pas se rappeler de grand-chose. Je le crois.
Je décide de prendre la direction du manoir de Valley et je tâche de me concentrer sur la route, même si les paroles de mon interlocuteur se révèlent être très intéressantes.

" Et toi, qui aimerais tu que je sois ? L'explication du simple type qui a vu ses forces décuplées sous l'effet des médicaments et de l'instinct de survie ne te conviendrait pas ? On pourrait rentrer au château, manger et aller se coucher non ?"

Il ne prend pas le chemin de l’auto dérision et ne s’offusque même pas que je puisse penser qu’il me cache quelque chose. Il ne désire pas en venir aux explications – il aimerait simplement qu’on passe l’éponge là-dessus, mais moi, je ne peux pas. Je fronce légèrement les sourcils, ne répondant rien à sa requête de simplicité.

" Parce que je suis pas sûr que tu vas aimer ce que je vais te dire. Vu qu'au final je ne t'ai jamais dit qui j'étais vraiment, mais que tu vas interpréter ça comme un mensonge éhonté. Mais je dois te dire quelque chose, d'abord. Lors de notre rendez vous galant, je me suis comporté comme un homme tellement expérimenté qu'il a été capable de se débarrasser de malfrats."

Le ton de Jean-Paul est tellement résigné que je me sens responsable de l’asticoter comme ça. Mais je ne suis pas prête à lâcher l’affaire, malheureusement pour lui. Je comprends ce qu’il craint mais il est trop tard vu que je me doute déjà qu’il me cache quelque chose.

"Mais peut être que cette arrogance te dit quelque chose."

J’arrête le véhicule sur le bas côté, me sentant incapable de continuer cette discussion sans le regarder dans les yeux. Je coupe le contact avant de m’incliner dans sa direction pour l’observer en silence. Arrogance… Justicier… Je fais de suite le lien mais je trouve ça tellement aberrant de penser que Valley est Azrael que je n’ose pas en parler.
Je le fixe avec une certaine méfiance durant quelques secondes avant d’ouvrir la bouche.

« Ecoute Jean-Paul. J’suis pas vraiment du genre autruche à me mettre la tête dans le sable. Je sais que tu me caches quelque chose et tu as sûrement de bonnes raisons pour ça… Mais je ne veux pas partager quelque chose ou vivre avec un homme que je ne connais pas. » – Je lâche un petit soupir, parce que ça me dérange de lui dire ça. J’crois bien que c’est le premier homme depuis un bout de temps avec qui j’ai pu entrevoir un « avenir ». « L’arrogance ça me dit bien quelque chose mais… »

Je continue à le fixer avant de plisser les yeux.

« Aurais-tu un rapport quelconque avec un certain Ange exterminateur ? » – Faut dire que je ne côtoie pas énormément de justiciers masculins, que je trouve arrogant et exaspérant. Je redoute un peu la réponse, parce que oui, je me suis toujours dit que je n’aimais pas Azrael sur certains points et que l’homme qui me fait face n’a pas grand-chose à voir avec le justicier en temps normal.

« A toi de voir Jean-Paul… » – L’ultimatum est peut-être un peu sévère et je m’en rends compte. Je ne suis même pas certaine d’assumer si celui-ci décide de s’en aller avec ses secrets et de me laisser toute seule. Mais j’suis prête à prendre le risque…

Lulla se déporta sensiblement sur la droite et gara le véhicule sur le bas-côté, apparemment elle ne pouvait pas conduire la voiture et la conversation en même temps. Cela n'augurait rien de bon. Valley se racla la gorge, en général quand il révélait son identité secrète cela se terminait mal, on essayait de le faire chanter par exemple et voilà qu'à présent il était au pied du mur, pour un simple coup d'un soir. D'ordinaire n'importe quel homme aurait été fier d'exhiber un tel trophée de chasse, mais Valley n'en avait pas eu le temps. Et puis le caractère mordant de Lulla lui plaisait bien, elle avait un tempérament aussi ferme que ses fesses et il aimait beaucoup ça. C'était un plaisir de la titiller pour le simple fait de la voir se mettre en colère. Au final, il avait plus rencontré Lulla en tant qu'Azrael et elle connaissait mieux l'Ange Exterminateur que Valley.
Mais là, apparemment elle devrait choisir, de voir soit le connard arrogant soit l'aimable gentleman. Pourquoi pas le connard Aimable ou l'arrogant Gentleman ?

La jeune femme fixa son interlocuteur avec ce regard inquisiteur, de toute façon il était baisé, elle verrait s'il lui prenait de mentir.

"Tu préfèrerais que je réponde Batman ou Azrael ? " demanda-t-il de manière rhétorique.

Il détacha la ceinture de sécurité qui le gênait, et se retourna pour fixer à son tour la jolie flic.

" T'es sûre de vraiment vouloir savoir ? Pour les bonnes raisons ?" Elle allait répondre affirmativement à coup sûr, mais peut être que comme ça elle comprendrait que si l'identité est secrète ce n'est pas pour rien, qu'il ne s'agit pas de deux personnages différents mais d'une seule et même personne complexe et que pour connaître véritablement Valley, il faudrait faire une synthèse habile de tout ce qu'elle connaissait des deux. Mais pour cela, il faudrait qu'elle accepte de chercher et que Valley lui en laisse l'occasion.

" Tu sais, si je t'ai invité c'est parce que je me suis senti tellement coupable de t'avoir baladé sur les toits alors que tu ne m'avais rien demandé, qu'il fallait que je fasse quelque chose pour me faire pardonner. Tu me diras que des fleurs, ou un bijoux auraient été plus approprié mais bon, hein ... Après, si j'ai voulu travaillé avec toi, c'est parce que la femme que j'ai découvert lors de la soirée m'a plu. Par son tempérament, son audace et son sens des responsabilités et de la justice. J'ai voulu t'aider à faire ton boulot et que tu me files un coup de main aussi. Mais je m'y suis peut être un peu mal pris. En plus avec ce Carter dans les pattes j'pouvais pas me laisser aller à de l'amitié. M'enfin bon."

Valley ferma rapidement les yeux, et lâcha comme s'il avouait à contre-coeur mais avec soulagement.

"Je suis Azrael."

L’ambiance se fait plus pesante à mesure que je lui lance mon ultimatum.

"Tu préfèrerais que je réponde Batman ou Azrael ? " – Je me doute bien que cette question n’attend aucune réponse et pourtant, je ne peux pas m’empêcher d’y réfléchir.

Je n’ai jamais rencontré Batman en personne, mais ça ne m’étonnerait pas que le justicier n°1 de Gotham ait la grosse tête. Je le fixe avec une expression indéfinissable sur le visage, attendant qu’il se décide à se délier la langue.

" T'es sûre de vraiment vouloir savoir ? Pour les bonnes raisons ?"

Bonnes raisons ? Faut-il avoir des raisons particulières pour balancer son identité secrète ? Certes, si Valley se devait d’annoncer la couleur à chacune de ses conquêtes, son petit secret ne le serait pas resté bien longtemps. Peut-être bien que je cherche à savoir si Valley considère que je suis importante pour lui… Je suis en train de trépigner d’impatience sur mon siège même si ça ne se voit pas vraiment. Mon regard est fermement convaincu et je conclue par un hochement de tête vigoureux.
Puis, lorsqu’il commence à parler… D’anecdotes, je réalise alors qu’il est en train de m’causer de moi et d’Azrael. Je me raidis, instinctivement, quand je commence à piger. D’abord, y a l’aveu comme quoi il m’a invité en tant que Valley juste pour se faire pardonner en tant qu’Azrael. Puis il me parle de notre « coopération » avec l’Ange exterminateur, simplement due à mon caractère de fer. Soit disant qu’il voulait m’aider… Je bute à plusieurs reprises sur son discours, mon visage restant inexpressif malgré le tumulte de mes pensées. J’appréhende quand il va le dire, même si je sais parfaitement la réponse.

"Je suis Azrael."

« Bordel… » – Que je lâche sans me contenir. Je glisse une main dans mes cheveux, un peu sous le choc de la nouvelle puis je me décide à sortir du véhicule pour faire quelques pas dehors.

Azrael. L’Ange exterminateur. Celui qui m’a fait sortir de mes gonds. Il doit vraiment être schizophrène pour se comporter aussi différemment quand il endosse le costume. J’ai vraiment du mal à y croire. Quand je repense à toute la rancune que je ressens vis-à-vis de lui.
Je commence presque à regretter de m’être montrée aussi curieuse. Je fais quelques pas, les mains encadrant ma tête alors que je regarde le ciel pour me calmer. Valley est sorti du véhicule à son tour et je me retourne vers lui, plissant les yeux d’un air peu commode.

« Azrael. L’Ange exterminateur. Et dire que je croyais qu’il avait un grain. » – Quand je repense à la petite entrée théâtrale à la conférence, j’en affiche un petit sourire sournois. « Comment fais-tu pour être aussi différent ? A croire que l’humilité s’envole quand tu te masques. »

J’ai conscience de ne pas être très fair-play. Il m’a révélé sa double identité, preuve qu’il tient un peu à moi, et moi – je me défoule sur lui sans vergogne. Je repense aussi à la cathédrale, ou Azrael m’a gracieusement prêté une arme et où, pour la première fois, j’ai ressenti une certaine reconnaissance à son égard. Oui, je l’ai défendu, quand même. Même à la conférence.

« Mais tout est logique en fin de compte. Je suis stupide de ne pas l’avoir découvert plus tôt. Le massacre qui a eu lieu dans ton château et la vengeance d’Azrael… » – Je m’en veux, de ne pas avoir été perspicace à ce sujet. C’est frustrant. J’arrête de marcher et je me retourne vers lui pour le fixer. En y pensant bien, c’est la deuxième identité secrète que je découvre en quelques jours. Je devrai peut-être en être flattée. « Merci… De me l’avoir dis. Ton secret est bien gardé avec moi. »

Je ne sais plus trop quoi penser. Je m’avance jusqu’à lui et je ne peux pas m’empêcher d’être touchée par son inquiétude.

« Allez, tu as besoin de repos. »

Je me réinstalle au volant de la voiture et je mets le contact. Peut-être que le trajet jusqu’à chez lui me donnera l’occasion de réfléchir.

... Et Lulla réagit comme il s'y attendait. Avec un mélange de regret, de déception ouvrant ses yeux sur un nouveau Jean-Paul. Elle sortit de la voiture, en proie au doute, Valley la suivit il ne pouvait faire que ça, et les remarques commencèrent à fuser, notamment sur l'humilité d'Azrael. Au lieu de répéter un discours sur la cause des justiciers, il préféra opter pour le second degré.

" J'ai essayé d'inviter Killer Croc au restaurant en tête à tête pour lui demander aimablement d'arrêter, mais le serveur leur a amené un steack à point alors qu'il l'avait commandé saignant. Il est rentré dans une folie furieuse et l'a égorgé pour le manger après. Si je porte un masque c'est pour pas qu'il me salisse à nouveau pendant qu'il se repait, et je dois être strict pour lui apprendre les bonnes manières et la politesse."

Puis comme chacun, elle commença à dire que c'était évident quand on y pensait, pour ne pas avouer qu'elle avait été bernée comme tout l monde.

" Et encore, si je te disais qui était Batman, tu n'en reviendrais pas. Mais plus sérieusement, nous faisons tout pour protéger notre identité secrète, et généralement nous nous arrangeons pour que les gens nous repoussent si on ne veut par leur révéler. A contrario quand on révèle notre identité en général c'est qu'on est sincère, ou qu'on veut impressionner une fille pour la mettre dans son lit. Je t'ai déjà mis dans mon lit, donc c'pas pour ça que je te le révèle. Quoique je ne serai pas contre que l'on remette le couvert, sobre cette fois."

Comme ça Lulla reconnaîtrait les intentions des justiciers si elle en rencontrait d'autres. En fin de compte, Jean-Paul essayait de faire en sorte que cette révélation ne change rien à leurs relations, c'était sans doute la meilleure chose à faire.

Finalement les deux remontèrent dans la voiture, et roulèrent en direction du château. Lulla gara la voiture dans la cour, ils rentrèrent.

" Je suppose que tu veux la voir non ? Ma base secrète."

Il se dirigea vers l'entrée secrète, déclencha le processus et descendit les escaliers, suivit par Lulla. Il alluma la cave, pour que la belle flic découvre un bordel innommable : cartons de pizza, cannettes de boissons énergisantes, fringues qui traînent. Bien évidemment, il y avait le "dressing" contenant les costumes d'Azrael, l'établit d'Alphas, l'ordinateur ainsi qu'une étagère contenant une belle collection de comics.

" Alors, comment tu trouves ? C'est la première fois que tu vois un base secrète non ? Pas trop déçue ?"

Jean-Paul trouvait toujours moyen de plaisanter sur des sujets graves. Enfin « graves ». En y réfléchissant bien, ça ne l’était pas tant que ça. J’avoue avoir brièvement souri lorsque celui-ci a mentionné le fait qu’il ne m’avait pas révélé son identité pour me mettre dans son lit vu que cela avait déjà été fait. Je plisse les yeux d’un air faussement réprobateur quand il enchaine qu’il serait d’ailleurs prêt à retenter l’expérience sans alcool dans le sang.

Quoiqu’il en soit, on roule maintenant en direction de son manoir et je daigne réfléchir à tout ce qu’il m’a dit. Je ne sais pas du tout comment tout ça évoluera mais pour le moment, il faut que je me concentre sur Jean-Paul et sa sécurité. Du coup, je me demande si Valley s’est fait enlevé parce que Sharp a conscience de son identité réelle. Mais je garde mes questions pour plus tard.
Quand je quitte mes pensées, je me rends compte que nous sommes déjà arrivés au manoir. Je me gare, toujours silencieuse puis je sors du véhicule pour suivre le français jusqu’au seuil de la porte.

" Je suppose que tu veux la voir non ? Ma base secrète."

Et dire que je n’y avais même pas pensé. Je suis un peu surprise qu’il me propose et je le regarde durant quelques secondes avant de daigner lui répondre.

« Bien sûr. »

Je le suis sans broncher – écho amusant d’il y a quelques jours, quand Helena m’a montré son repaire. Je m’attends d’ores et déjà à avoir un truc aussi pro et classe. Et pourtant, quand je descends les quelques marches qui mènent à la base secrète, je peux distinguer un capharnaüm impressionnant. D’ailleurs j’en garde un air entre amusement et surprise. Je fais doucement le tour, jetant un œil inquisiteur à chaque chose qui traîne.

" Alors, comment tu trouves ? C'est la première fois que tu vois une base secrète non ? Pas trop déçue ?"

« Oh tu pourrais être surpris… » – Je dis ça d’un air mystérieux avant de finir d’observer et d’en revenir au regard de mon interlocuteur. « J’avoue que je ne te pensais pas aussi bordélique. On dirait une chambre d’ado. »

J’élargis un sourire avant de secouer la tête. Je m’attarde du côté de la bibliothèque de comics, posant un index contre mes lèvres d’un air pensif.

« Impressionnant. Ça donne envie d’être justicier. »

Je viens m’appuyer contre un meuble, dardant mon regard sur Valley.

« Dis, qui d’autres est au courant de ton identité réelle ? Est-ce que Sharp l’est ? Serait-ce pour ça qu’il a tenté de t’enlever ? » – J’en profite pour éclairer quelques points dans la situation actuelle. « Est-ce que tu es au courant que je ne suis plus flic et que je suis recherchée par Shreck ? »

En gros, on est dans la merde. Autant l’un que l’autre. Devrais-je lui parler de mon association avec les Birds of Prey, et surtout du fait qu’Helena veille pas mal sur moi ces temps ci ? Pas sûr vu la réaction que cette dernière a eu à son égard. Le plus drôle dans cette histoire, c’est que je suis protégée par un groupe de justicières, alors que j’ai eu une liaison avec un justicier.

« Ecoute, tu te doutes bien que je ne traîne plus chez moi. Je suis sous la protection des Birds of Prey. »

J’attends sa réaction, un peu sceptique.

Lorsque Valley annonça que c'était sans doute la première fois que Lulla voyait une cave secrète, elle lui répondit mystérieusement et le français lui lança un regard intrigué, mais préféra aller s'assoir quand elle embraya sur un autre sujet. Il profita de cet instant pour enfin apprécier un peu de détente, attrapa un carton de pizza avec une moitié restante qui traîné et mangea une part.

" J'ai mis ma collec là, parce que y'a plein de numéros originaux et j'ai pas envie qu'Hector et Juliette fassent des découpage avec. Il auront le droit de les prendre quand ils seront en âge de les apprécier" dit il la bouche pleine.

"Pour le ménage, je range quand Donna commence à hurler. Elle a pas envie de faire la bonne à longueur de temps et quand je rentre de missions je n'ai envie que prendre une douche et d'aller dormir une paire d'heures. T'en veux une part ? Elle est encore bonne. Y'a un frigo aussi normalement à côté de ma collec"

Il avala une autre part et reposa la boîte, se leva pour aller se chercher une canette de Perrier et la descendit pour faire passer le tout.
Lulla demandait maintenant si d'autres personnes connaissaient son identité secrète et si cela avait pu être un plan de Sharp.

" Y'a que Batman, Robin, Nightwing Oracle et Midnight qui connaissent mon identité secrète. Plus une journaliste à qui j'ai été obligé de le révéler mais j'aurai mieux fait de m'arracher la langue ce jour là. Sharp n'est pas au courant, j'crois pas, sinon il s'en serait prit à moi autrement. Il faut être idiot pour envoyer Azrael à Arkham City en sachant pertinemment qu'il y survivra. J'mise plutôt qu'il a eu vent de mon enquête en tant que Valley contre lui. Le dossier que je t'ai filé chez toi, c'est Wesson, la journaliste qui me les a donné en civil. Et oui, je sais que tu es recherchée par Shreck. Je suis désolé d'ailleurs, je t'ai poussé à mettre Sharp à l'ombre le temps de trouver des preuves, et ça t'a causé du tort."

C'est alors que Lulla mentionna un nom auquel Valley ne s'attendait pas, les birds of prey. Il plissa les yeux l'air concentré et répondit.

" Hmm, elles font du bon boulot. Un peu promptes aux leçons de morale, mais compétentes. Sauf quand je suis obligé de venir les libérer à la Cathédrale. Mais blague à part, si elles assurent ta protection je ne me fais pas trop de soucis."

Il joignit ses deux mains bout à bout et l'air sérieux il poursuivit.

" Je ne te demanderai qu'une chose : ne leur donne pas mon identité et ne les mène jamais ici. Nous avons une règle implicite de respecter l'identité secrète des autres. Mais maintenant que j'ai répondu à quelques unes de tes questions, il me semble juste que tu répondes aux miennes. Contre qui les Birds te protègent elles ? Ca m'étonnerait que ce soit uniquement Shreck. Si c'était le cas, tu pourrais simplement rester ici, tu le peux toujours d'ailleurs. D'habitude elles rechignent à travailler avec les flics comme ça, on dirait que y' a quelque chose de plus gros derrière. Et que faisais tu à l'hôpital ? Je me rappelle pas de grand chose, mais je sais que tu semblais connaître et avoir un lien certain avec ce type qui a essayé de nous tuer. C'est qui ? et d'où le connais tu ?"

Les justifications de Jean-Paul au sujet du bordel dans la pièce me font largement sourire. Hector et Juliette. J’ai du mal à imaginer que Valley a la charge de deux gosses. Quand il attrape un vieux carton à pizzas pour en manger une part, je le regarde d’un air amusé puis refuse poliment quand il m’en propose une. Je suis partagée entre curiosité et le bon plaisir de découvrir un Valley en toute simplicité. Le justicier me fait part des personnes au courant de son identité et je me mure dans une réflexion silencieuse. Il mentionne d’ailleurs la journaliste qui a fait sa petite intervention durant la conférence de Sharp. Au sujet des soupçons qu’aurait eu le maire par intérim, je crains de devoir lui dire que c’est de ma faute s’il s’est retrouvé coincé à Arkham. Après tout, si Sharp a mis la main sur ces infos, c’est bien parce qu’une taupe du GCPD a du balancer le dossier que j’avais récupéré. Valley s’excuse ensuite du fait que ce soit un peu de sa faute si je suis actuellement recherchée et je secoue vigoureusement la tête.

« Non c’est pas ta faute. Je voulais le faire. »

Quand je mentionne les Birds of Prey, Jean-Paul semble pensif, mais pas franchement étonné. Il me donne alors son avis sur le petit groupe de justicières – plutôt positif dans l’ensemble – avant de prendre un air tout à fait concentré pour poursuivre. Il me demande de ne pas révéler son identité, chose que j’approuve, puis son discours se retourne en quelques questions à mon sujet. J’me doutais bien que ça allait arriver. Je ne pouvais manifestement pas le cuisiner en espérant qu’il ne se montre pas plus curieux vis-à-vis de moi. Il s’étonne de voir que les Birds of Prey me protègent – chose que je peux concevoir. Puis, il me questionne au sujet du mercenaire et de ce lien que nous semblons avoir. Des questions que j’aurais préféré éviter, autant le dire. Mes lèvres se joignent dans une petite moue dubitative. Comment dire ça ?

« Je me suis alliée avec les Birds. Ça fait un moment déjà. D’ailleurs, c’était lors de la formation de ce groupe où j’ai rencontré chacune d’elle et où Black Canary a proposé de lutter ensemble. » – Je relève les yeux vers lui. « En attendant, vu que je ne savais pas avant aujourd’hui que tu étais Azrael, je n’ai pas pensé à rester sous la protection de Jean-Paul Valley, ne m’en veux pas. »

Je le taquine.

« Je ne sais pas du tout si il y a quelque chose de plus gros derrière. En tout cas, les Birds ne m’en ont rien dit. Et sinon, pour ce qui est du mercenaire, c’est lui qui m’a kidnappé pour m’amener à la Cathédrale, comme la plupart des autres Birds d’ailleurs. Je ne sais pas grand-chose de lui. Il est inexistant de nos fichiers. Mais, ce n’est pas la première fois que je le croise. » – Pas la peine de préciser qu’il y a un truc bizarre entre nous. « Je suis venue à l’hôpital parce que j’ai appris que tu y étais et j’ai eu vent de ton kidnapping. J’étais inquiète, et il faut croire que je suis tombée au bon moment. »

Je n’ose même pas imaginer si le mercenaire avait tenté de tuer un Valley complètement inconscient. On pouvait dire que le hasard avait bien fait les choses. Je prends un air un peu désolé avant de m’approcher de lui.

« Ecoute, je crois que c’est de ma faute si tu t’es retrouvé enfermé à Arkham. J’ai découvert que quelqu’un avait fouillé mon bureau au GCPD, et j’ai de fortes raisons de croire qu’il y a une taupe qui a balancé la présence du dossier. A Shreck ou Sharp. » – Je me poste face à lui, n’osant pas me laisser aller à le prendre dans mes bras. Ça m’tue de penser que je fais face à Azrael quand même. « Ils ne t’ont rien fait subir ? Comment as-tu réussi à t’échapper ? »

Valley écouta attentivement les paroles de Lulla et nota son changement d'attitude qui passait progressivement de la défensive de faire face à Azrael à plus de franchise et de compréhension. Elle posa alors la question de savoir comment il s'était échappé.

" Et bien disons que connaître Batman c'est aussi connaître quelques uns de ses secrets, notamment quelques passages secrets assez difficiles d'accès. Tu sais en général les gens pensent qu'on est des espèces de créatures omniscientes pouvant se déplacer partout comme bon nous semble. Mais crois moi, on marche, on cour, on conduit et on galère. Si on en venait à expliquer tous nos tours, d'une ça perdrait de son petit effet théâtral et de deux les criminels pourraient poser des pièges sur nos routes. Et puis je suis le putain d'Azrael, ils ne m'ont rien fait subir !"

C'était là la réponse la plus franche qu'il pouvait donner, sans pour autant révéler ses voies d'accès à Arkham City. Puis, l'air grave il poursuivit.

"Ecoute, je n'aime pas trop que ce mercenaire te tourne autour comme ça. J'ai bien vu qu'il te considérait bizarrement et c'est malsain. Je ne t'apprends rien en te disant que ce genre d'individu est probablement détraqué et extrêmement dangereux. Je ne te fais pas la morale non plus, mais crois moi, je sais par expérience que dès fois on se croit assez fort pour ne pas tomber dans le panneau alors qu'on s'y jette droit en courant les bras ouvert. Catwoman par exemple, m'a baladé un paquet de fois et à chaque fois j'ai fais des actions que j'ai regretté sans rien voir de là où j'allais. Mais elle ne tue pas des gens, alors s'il te plait fais bien attention"7

Il termina sa cannette et la broya d'une poignée avant de la balancer dans la poubelle surchargée.

" Et comment elles te protègent les Birds ? Elles t'ont juste filer un mouchard ou elles sont plus présentes dans ta protection ? Mais toi surtout est ce que tu penses avoir besoin d'être protégée ? Aux dernières nouvelles tu m'avais enfoncé ton genoux dans les côtes et tu t'étais jeté sur moi quand j'ai eu la témérité stupide de dire que les flics étaient bons à rien. C'est rare de te voir réclamer de l'aide."

Il marqua une courte pause, souffla et se passa les mains sur le visage.

" C'est tellement le bordel en ce moment en ville que la situation dégénère à une vitesse hallucinante et qu'on se retrouve totalement dépssé par la situation. Et nous, au lieu de faire front ensemble on se livre à de stupides crises d'égo. Tu sais, tu as totalement raison en disant que nous les justiciers on se sent investit d'un droitdivin et qu'on se la pète. Et au final, on se chamaille entre nous au lieu de s'attaquer aux vrais problèmes. Si je ne t'avas pas rencontré je serai probablement encore en train de vouloir prouver à Batman qu'il n'était qu'un vieil aigri égoïste. Il faudra que je ui parle et qu'on se décide enfin à agir pour sortir la ville de ce merdier. Mais pour ça je pense qu'on ne peut plus l'éviter, même avec les Birds. Il faut qu'on marche main dans la main avec les flics."

Lulla voulait de la franchise, elle était servie et pouvait s'en repaître à volonté.

Valley se leva et alla vers son costume.

" Au fait, tu veux l'essayer ? Pour voir le monde comme je le vois ?" lui proposa-t-il fier de montrer son superbe joujou.

J’ai toujours ressenti une curiosité irrépressible au sujet des justiciers et justicières, même si je garde un œil critique à l’égard de leurs pratiques. Ils se débrouillent toujours pour se napper de mystère et d’efficacité. C’est particulièrement agaçant et à la fois complètement intriguant. Alors quand Valley me dit que connaître Batman et ses secrets vaut bien de se trouver quelques passages méconnus de tous, j’en garde un sourire. D’ailleurs, Jean-Paul met assez bien les mots sur ce qu’on croit qu’est le justicier. Comme si c’était une espèce, voire même une sorte d’apparition fantomatique et mystérieuse. C’est d’ailleurs pour ça que je tiens toujours à rappeler que ce ne sont que des humains, comme nous. Alors quand il ajoute qu’il est Azrael et qu’ils ne lui ont rien fait subir, je plisse les yeux d’un air faussement accusateur. Il reprend toutefois son sérieux pour me sortir un discours bien moins drôle au sujet du mercenaire et j’hésite franchement à rouler des yeux avec toute la mauvaise foi dont je suis capable. Comment ça il me considère bizarrement ? Et pourquoi se sent-il obligé de m’avertir ? J’ai parfaitement conscience que ce type est un criminel, et ça me vexe que Valley puisse penser quoi que ce soit de moi et de lui. Manifestement, Jean-Paul estime que je puisse « tomber dans le panneau ». Mon visage se ferme un peu et je croise les bras contre ma poitrine quand il en vient à parler de la célèbre Catwoman – cette femme, cette voleuse qui se prend pour un chat.

« C’est gentil de t’inquiéter pour moi mais tu n’as pas de souci à te faire de mon côté. Je rêve de mettre ce type en taule, rien de plus rien de moins. Par contre, je suis curieuse d’en apprendre un peu plus sur cette aguicheuse qui prend plaisir à te balader ? Pourquoi ne suis-je pas surprise ? » – J’avoue que j’adore changer de sujet. Le mercenaire en question m’intrigue, certes, mais jamais je ne l’avouerai à qui que ce soit. Mais le petit côté jaloux de Valley m’amuse quand même.

La discussion s’axe rapidement sur les Birds of Prey, et je devine aussi que le sujet fait mouche malgré le fait qu’il ait dit du bien à leur sujet. Mais, je n’arrive pas à discerner si le justicier voit plutôt un souci en ce qui me concerne, ou plutôt en ce qui les concerne, elles. Il me parle de mouchard et la remarque me fait froncer les sourcils, d’un air méfiant. Il évoque aussi les coups que j’ai pu lui donner quand il était dans la peau d’Azrael et j’en arbore un sourire sarcastique mais le français ne ma laisse pas le temps de répliquer – même si l’envie me démange – et aborde un autre sujet.
Il met à plat l’évidence même que les justiciers et les flics font route séparément et que c’est un problème, comme je l’avais mentionné lors de la fructueuse discussion avec Carter et lui-même. Un discours diaboliquement touchant, étant donné qu’il avoue que sans moi, il en serait sûrement encore à ses crises d’égo avec les autres justiciers.
On peut dire que Valley sait manier le langage – m’horripilant d’un côté, pour m’attendrir de l’autre – j’en reste complètement chamboulée.

« Je suis contente que tu l’admettes. » – Je lui réserve un sourire. « Je n’ai jamais demandé à être protégée tu sais… C’est juste qu’à la sortie de la conférence, j’ai rencontré cette femme et on a pas mal discuté. Et sur plusieurs points, les Birds of Prey avaient l’avantage sur moi toute seule. » – Je plisse les yeux, entre amusement et provocation. « Mais serais-tu jaloux ? C’est trop mignon… »

Je suis touchée, parce que jamais je n’aurais cru qu’Azrael aurait écouté ce que j’avais à lui dire ou puisse admettre que j’avais raison. Bien sûr, le fait que le justicier ne soit autre que l’homme avec qui j’ai couché quelques semaines plus tôt influence sa décision… Non ?
Je le suis du regard et observe lentement le costume qu’il me désigne. Il me propose de l’essayer, ce qui me fait rire.

« Voir le monde comme tu le vois ? J’aurais peur d’y prendre goût. Ça a l’air d’être sacrément différent, le monde d’après Azrael. » – Je m’approche, effleurant le costume du bout des doigts, pensive. Je me retourne finalement vers lui, mes prunelles dans les siennes. « Tu ne peux pas t’en passer, n’est-ce pas ? D’Azrael… ? »

Lulla venait de prouver que Valley avait bien fait de la mettre en garde au sujet du mercenaire puisqu'elle répondait en quelque sorte en disant que puisque c'était elle, elle n'avait rien à craindre. Et puis pour clore le débat sur la question, elle changea de sujet.

" Tu sais Lulla, tu ne peux pas t'attendre à ce que je réponde à toutes tes questions sans répondre un peu aux miennes. Tu les détournes avec élégance et un sourire ravageur, mais je reste un peu sur ma faim." dit il en souriant avec amabilité sans aucune moquerie dans la voix.

" Catwoman est le genre de femme qui peut obtenir ce qu'elle veut de n'importe quel homme en leur promettant monts et merveilles, mais en les faisant finir seul sous la douche froide. Elle m'a bien baladé, je me suis retrouvé à faire des choses que je n'étais pas réellement censé faire. Mais ces désillusions m'ont mis du plomb dans la cervelle, et dans l'échine aussi. Depuis je ne me laisse plus avoir." dit il en passant sa main sur son côté droit, où il avait prit un coup de chevrotine une fois, par la faute de Catwoman.

Puis songeant à quelque chose au sujet de Gedeon, il alla attraper un pantalon l'enfila discrètement et revint avec un t-shirt dans les mains, l'enfila, découvrant son torse nue blindé de cicatrices en tout genre.

" Ce sont ses fringues, y'aura peut être des indices. Je ferai analyser ça. Avec un peu de chance on pourra le traquer à travers toute la ville."

Et puis la discussion en revint aux Birds of Prey, Lulla répondit qu'elle n'avait pas demandé à être protégée et s'interrogea sur la jalousie de Jean-Paul. Ce dernier avait posé toutes ces questions dans le simple but de comprendre la situation dans laquelle se trouvait la belle, sans penser à mal. Aussi ne peut il empêcher le rouge de lui monter aux joues et de balbutier quelques bruits étranges ressemblant à des grognements d'animaux.

" J'avoue. J'aurai bien aimé être sous la protection d'un groupe de justicières sexy. Le rêve de tout mâle je crois." dit il en tentant un clin d'oeil appuyé, mais probablement raté.

Et finalement, Lulla posa LA question. Celle à laquelle il ne pouvait pas répondre. Son lien avec Azrael. Il essayait d'être le plus franc possible avec elle, mais il ne pouvait décemment pas lui expliquer toute l'histoire d'Azrael sans qu'elle prenne peur.

" Ce serait intéressant que tu te mettes à la place d'une justicière pour comprendre la pression que nous avons sur les épaules. Pour ressentir la manière dont les gens nous regardent. Mais en ce qui concerne Azrael, tu ne fais pas si bien dire."

Valley marqua une longue pause, regarda Lulla dans les yeux, l'air on-ne-peut-plus-sérieux.

"Ecoute, il y a des tas de secrets dans ma vie. Certains que je peux te révéler, d'autres non. Tu sais, j'en ai déjà beaucoup dit pour un coup d'un soir. Parce qu'en définitive c'est ce que nous sommes : une aventure d'un soir. On est même pas vraiment amis, puisque c'est que la troisième fois que l'on se parle. Et je n'oublie pas que tu es l'inspectrice qui n'a pas peur de tenir tête aux justiciers. Je t'ai révélé mon identité secrète, je t'ai mené dans mon repaire. Il te serait très facile de venir m'arrêter et de saisir toutes ces preuves."

Nouvelle pause, la pente était glissante.

" Si je te dis tout ça, c'est que je te fais confiance. Mais tout homme a ses secrets, je suis sûr que même toi tu en as. Et je ne te demande pas de me les révéler. Un jour peut être, mais en attendant je ne peux pas révéler tout ma vie à quelqu'un que je connais depuis quelques jours. Il faut se méfier des gens qui vous révèlent tout d'entrée de jeu, en général c'est dans un but bien précis. Je suis peut être paranoïaque sur ce coup là, mais j'espère que tu comprends. Et j'espère aussi qu'un jour on pourra tout se dire."

Nul doute que la curiosité de Lulla allait protester, que sa fierté en prendrait peut être un coup, mais il y avait des limites qu'il ne pouvait pas franchir. Azrael était destructeur, et Valley ne voulait plus se laisser bouffer par l'Ange Exterminateur.

" Néanmoins, si vraiment tu décides que tu veux tout savoir, alors je te ferai une copie de mon dossier. Je ne veux pas te le dire directement"

Valley ne pouvait pas montrer plus de bonne volonté. Il avouait qu'il avait des secrets, et que même s'il brûlait de pouvoir les lui révéler il ne le pouvait pas. Les cartes étaient dans la main de Lulla maintenant à elle de voir à quel point sa curiosité pouvait elle aller.

Valley m’avait habilement fait remarquer que lui se pliait bien à mes interrogations alors que moi je faisais tout pour détourner le sujet et ne pas répondre à ses questions. Il avait visé juste, évidemment, mais je suis bien trop fière pour l’admettre. Il explique ensuite que Catwoman – digne de son nom d’aguicheuse – n’avait pas hésité à le faire tourner en bourrique en lui faisant miroiter sûrement de voir un peu plus que son décolleté. Mais l’homme a l’air fermement convaincu de ne plus se faire avoir. J’aimerais bien voir ça !
Puis, Valley se met à déshabiller pour enfiler autre chose. Je le détaille ostensiblement du regard, un peu amusée, avant que le français ne précise que l’on pourrait trouver des indices sur les frusques de Gédéon. Même si l’idée de le traquer ne me plait guère, je ne dis rien. Quant à ma petite allégation au sujet des Birds, il y répond avec sarcasmes, en confiant qu’il aurait bien aimé être protégé par un groupe de justicières sexy. J’en garde un regard faussement courroucé avant d’étirer mon sourire.

Puis la discussion s’axe sur plus sérieux. Surtout quand Valley me demande de me mettre à la place des justiciers pour imaginer la pression qu’ils doivent subir. Il me dit aussi qu’il a beaucoup de secrets dans sa vie et qu’il ne peut pas tout me révéler – chose que je peux comprendre. Et le fait que je ne suis qu’un « coup d’un soir » n’aide pas à la confidence. Il a raison sur ce sujet. Nous ne sommes pas amis, j’étais flic, et lui un justicier et en y repensant, je m’étonne qu’il m’ait confié les choses aussi facilement.

« Si tu te méfiais de moi, tu ne m’aurais pas dit tout ça… A moins que ça soit dans le but de faire de moi un coup de deux soirs ? » – J’ironise, mais je ne suis pas certaine que l’heure soit à la blague.

Valley me dit qu’il a confiance en moi, chose qui me touche. Je comprends évidemment qu’il remette en question notre relation, surtout qu’il m’a confié énormément de choses sur lui et que je n’avais pas à lui demander tout ça. Je ne peux seulement pas m’en empêcher. J’hoche le doucement la tête parce que je prends conscience que je n’aurais peut-être pas du lui demander tout ça.

" Néanmoins, si vraiment tu décides que tu veux tout savoir, alors je te ferai une copie de mon dossier. Je ne veux pas te le dire directement"

Je relève les yeux vers lui, perplexe. Alors, il me dit que je ne peux pas tout savoir de lui, mais que si je veux, il me montrerait son dossier ? Décidément, je dois avoir une sacrée influence sur lui. Je me mords la lèvre inférieure, les yeux plissés avant de prendre la parole.

« Excuse-moi. C’est vrai que quand je me laisse emporter par ma curiosité, j’ai tendance à oublier que je ne suis pas seule dans l’équation. Et puis comme tu le dis si bien, on se connait depuis peu et je te suis reconnaissante pour m’avoir un peu confié ta vie et de ton identité car c’est une preuve de confiance. J’apprécie. Je n’ai malheureusement pas une vie aussi mystérieuse que la tienne. » – Je prends quelques secondes de silence avant de poursuivre. « Si tu veux bien sûr que l’on se revoit, je serais ravie d’apprendre à te connaitre, toi ou l’Ange exterminateur. »

Ouais, jamais je n’aurais cru dire ça un jour. Que je serais heureuse d’apprendre à connaitre Azrael. Je passe une main sur mon visage, prenant le temps de réfléchir.

« Tu sais, dans ma tête ça a toujours été : ne t’attache pas. Mon père était flic et a été tué par Falcone, ma mère a tourné folle et me déteste. J’ai d’ailleurs du la récupérer à Arkham parce qu’elle a été enfermée avec tous ces criminels et elle ne cesse de me répéter qu’elle voudrait mourir. Seule, c’est bien plus simple. On fait face à son égo – c’est bien moins douloureux. » – Je lâche ça d’un seul bloc, sur le ton du regret. « Enfin, je ne suis pas à plaindre, mais voilà – maintenant tu sais un peu ce qu’il y a en moi. »

Je finis mon petit discours par un sourire, bras croisés contre ma poitrine. Je me dis qu’il faut vraiment que je tâche d’être patiente avec Valley. Ce sera dur et laborieux, mais j’y arriverai. Je m’approche de lui pour oser le toucher après tout ce temps. Je glisse mes bras autour de lui pour me serrer contre lui.

« Je crois que tu m’as manqué... Un peu. » – Oui parce que ma mauvaise foi m’empêche de toute dire franchement !

Les piques assassinent fusaient dans tout les sens entre deux moments de confessions. C'était pltôt agréable d'avoir une discussion normale mêlant sincérité et détente.Pare qu'entre un Batman aggressif, une Midnight larmoyante et des criminels grossiers il était difficile d'établir des relations sociales saines. C'était peut pêtre pour cela que Valley s'était entiché de Lulla. Ce n'était pas de l'amour, mais quelque chose qui pouvait se muer avec le temps, il appréciait simplement sa compagnie.
Le Français sourit à sa remarque sur le coup de deux soirs, et fût content d'entendre qu'elle reconnaissait s'emporter dans ses questions et le fut encore plus en s'apercevant qu'elle faisait un effort pour dépasser sa pudeur et réticence à se livrer, sans parler du fait que finalement Valley était suffisamment intéressant pour qu'elle daigne apprendre à connaître Azrael.

" Ah les parents, on ne sait jamais vraiment qui ils sont hein ?" dit il en pensant au fait que jusqu'à la mort de son père, il avait ignoré qu'il était le précédent Azrael.

Puis, elle vint se blottir contre lui. Sentir ses bras autour de son torse fut assez agréable et contrairement à la fois dans l'ascenseur il ne sentait pas de réticence. Il se retourna le sourire aux lèvres avant d'embrasser Lulla.

" Moi c'est tes lèvres qui m'ont manqué" dit il, pour être mordant. Puis il l'a prit dans ses bras, dans une étreinte douce et continua le baiser. Il ne voulait pas précipiter les choses, mais à y être, autant en profiter un peu.

Après de longues minutes de regard pétillants, de chuchotements et d'échanges salivaires, il annonça. Son front posé contre celui de Lulla.

"Au fait, du coup comme t'es mises à pied, tu comptes faire quoi ? Si tu veux, tu peux te servir de mon ordi pour continuer ton enquête. Il est moins puissant que celui de la batcave, mais j'ai réussi à hacker une petite partie de celui de Bruce qui est la banque de données la plus complète qui soit. Avec ça tu devrais pouvoir continuer ton job"

C’est le premier câlin que l’on s’offre en étant sobre. Une étreinte à laquelle je suis loin d’être habituée mais qui me fait me sentir bien. Même si je réalise à peine que l’homme contre qui je me serre est aussi le justicier qui me rebutait tant.
Je me laisse doucement porter par le baiser qu’il me donne dans un plaisir non dissimulé. Même si j’ai ma fierté et que je n’ai pas donné de nouvelles au français depuis notre séparation, je dois avouer qu’être dans ses bras à me faire pathétiquement câliner me plait.
Mon esprit semble alors s’apaiser de lui-même après toutes ces révélations…

Jusqu’à ce que Valley prenne de nouveau la parole.

D’abord, l’homme me propose gentiment d’utiliser son ordinateur, et mon sourire se fige quand il poursuit en me parlant de Batcave et surtout en nommant un certain Bruce. Mon esprit bloque directement et je fixe Jean-Paul avec un regard indéfinissable. Le pire, c’est qu’il n’a pas l’air de se rendre compte de ce qu’il vient de dire. Je fronce légèrement les sourcils, pensant que peut-être Valley est ami avec Wayne – le seul Bruce que je connaisse de prénom – mais le fait d’employer Batcave et Bruce dans la même phrase me donne décidément à réfléchir. Pourquoi le milliardaire aurait-il un ordinateur à hacker ? Puis je repense à ce que le français m’a dit à l’hôpital et mon visage adopte une expression entre surprise et triomphe.

« Lullalfred ?! » – Que je lâche comme si j’avais eu une idée lumineuse. « Tu m’as appelé comme ça à l’hôpital quand tu étais en plein délire sur Batman. Lulla, Alfred – Pennyworth, c’est bien ça ? Et voilà que tu me parles de la Batcave et de Bruce. Bruce Wayne ?! Putain, Jean-Paul. Batman c’est Bruce Wayne ? »

Je me recule, encore sous le choc, me demandant presque si je ne suis pas en train de délirer. Et en même temps, j’ai du mal à croire que Valley ait lâché ça sans faire attention. Décidément, je découvre trois identités secrètes en quelques jours – j’vais commencer à me poser quelques questions. Une main sur ma hanche alors que je fais les cent pas autour de Jean-Paul, je réfléchis à tout ce que cela implique.

« Bruce Wayne. Le Batman. C’est impensable. Le riche play-boy. » – Je me laisse aller dans un petit rire nerveux avant de poser mes yeux sur Valley, soudain très sérieuse. « Mon dieu. Ça fait drôle d’être au courant de tout d’un seul coup. »

Je me laisse tomber sur une chaise, épuisée et au bord de la crise de nerfs.

« Vous vous connaissez bien tous les deux alors ? J’ai du mal à imaginer un Batman aigri quand je vois son portrait de mec friqué dans les magazines. »

Et dire que Jean-Paul avait commis le tabou ultime en dévoilant le plus grand mystère de Gotham pour montrer à Lulla qu'il souhaitait ne rien lui cacher. Sa réaction fut pour le moins, désappointante. Là voilà qu'elle s'exclamant comme une groupie de groupe de rock, en était toute chose et semblait plus que satisfaite d'entendre cela. Le pauvre Valley fut blessé dans son amour-propre en découvrant qu'elle semblait bien plus contente de découvrir qui était Batman qu'en découvrant qu'il était Azrael.

Il relâcha l'étreinte, boudeur, un regard de chien battu traversant son visage avant d'aller sur l'ordinateur, pianoter quelque chose et afficher une image :

Spoiler:

"Non, c'est Bruce Toussaint. Batman c'est Bruce Toussaint, un présentateur français." dit il de mauvaise fois, boudeur et vexé.

Puis il quitta la page, en cliquant sèchement sur la souris et se retourna vers Lulla, toujours avec cet air ronchon.

"Et ouais, c'est Bruce Wayne. Au cas où tu ne l'aurais pas noté, Batman dispose de petit joujous qui coûtent un bras. Qui d'autre cela pouvait être ? Il se la joue play boy, mais en réalité il est Batman, l'homme le moins drôle du monde.Et oui je le connais bien. Pour quelqu'un qui prétend ne pas trop aimer les justiciers je te trouve bien stupéfaite là tout d'un coup. C'est lui qui m'a filé ce château et qui m'a filé de l'équipement. Sans cela je suis qu'un pauvre geek qui réparer des ordinateurs. Tu veux que je t'explique comment rentrer chez lui ou que j'apprête la Batmobile que je lui ai tiré ?"

Il était plutôt vexé, c'est le moins que l'on puisse dire... Mais il aurait du se douter avec l'expérience que c'était l'impression. Il attrapa son portable et lui lança.

"Tiens y'a son numéro dans mon répertoire."

Puis il croisa ses bras sur son torse et se retourna pour faire face l'écran.

Alors que je me remets doucement de mes émotions, Valley, tel un gosse à qui l’on aurait subtilisé ses cadeaux de noël, se rend jusqu’à son ordinateur pour y pianoter – manifestement agacé. Il me balance alors une photo de présentateur français en assurant agressivement que c’est lui le Batman. Je dois avouer que la blague me fait sourire, même si je vois bien que Jean-Paul est terriblement vexé.
Je le regarde toujours, avec un regard entre interrogation et amusement quand il me sort son petit laïus de grand jaloux. J’hésite même à lui faire mon regard attristé avant de secouer la tête d’un air ennuyé.

« Arrête Jean-Paul. » – Je dis ça sur le ton d’un soupir.

J’ai été surprise, certes, mais je suis bien loin d’être une groupie de Batman. C’est seulement le justicier phare de Gotham et je comprends bien que l’égo d’Azrael ne le supporte pas. Je ne sais vraiment pas si je dois en être amusée ou toute désolée. Il m’envoie brusquement son portable que je rattrape du premier coup avant d’hausser un sourcil.

"Tiens y'a son numéro dans mon répertoire."

« Oh et tu crois qu’il accepterait de me voir pour me signer un autographe sur la fesse droite ? » – Bien sûr, je dis ça avec humour, pour faire comprendre à Jean-Paul qu’il exagère.

Je me redresse du siège pour le rejoindre, lui qui est planté devant l’ordinateur à bouder comme un enfant. J’essaie de me mettre dans ses basques – tous les justiciers sont dans l’ombre de Batman, c’est donc tout naturel d’en éprouver une certaine jalousie.

« Jean-Paul… » – Je m’approche et je lui détache les bras pour venir me blottir à nouveau contre lui, le faisant reculer jusqu’au bureau. « Un pauvre geek hum ? Je préfère les geeks aux riches play-boys milliardaires. La seule raison pour laquelle je ne crache pas sur Batman c’est bien parce qu’il a été en coopération avec Gordon durant tout ce temps. »

Je lui tire la langue pour jouer dans le ton des enfantillages. J’aime assez, ce petit air grognon qu’il prend. Je me hisse sur la pointe des pieds pour m’emparer de ses lèvres dans un baiser plus fiévreux. Puis je rompt l'étreinte pour visser mes yeux dans les siens lorsque je le sens un peu crispé sous la douleur. C'est là que je me rappelle, qu'il s'est fait opéré de l'appendicite. Je prends de nouveau mes distances et je parcours du regard la Az-Cave.

« Alors, veux-tu bien m'expliquer d'où tu les sors ces deux épées ? » - Je désigne les deux armes qui m'ont toujours intriguées. « Et pourquoi avoir choisi une figure religieuse comme emblème ? »

Oui. Beaucoup de questions que l'on ne pense jamais à poser mais qui a son lot d'importance, même si je me doute que je dois mesurer ma curiosité.

Valley restait assis, boudeur lorsque Lulla après lui avoir répliqué d'un ton sarcastique qu'elle adorerait que Bruce signe sur ses fesses, ce qui accentua le désespoir du Français dont la moue déjà triste se marqua encore davantage. Mais, par delà la réplique mordante elle vint se blottir dans ses bras et lui rendit son baiser suave, en accompagnant le geste de mots agréables à entendre parce qu'ils semblaient sincères. Le baiser commença à devenir de plus en intenses, des mains glissèrent mais ... des spasmes de douleur aussi. Au début, le désir arrivait à surpasser la douleur, mais quand il eut un rictus et une crispation trop forte, Lulla se dégagea pour ne pas faire souffrir son amant, s'éloigne et observe la cave avec plus de sérieux.
Et finalement elle en revint à la question fatidique : Qui est Azrael ?

Jean-Paul poussa un long soupir de résignation. Lulla voulait vraiment savoir, et cela ne servait à rien de mentir maintenant, tôt ou tard elle saurait, et alors ce serait dramatique. Alors autant avouer le tout dès maintenant pour enterrer ce balbutiement de début de relation plutôt que de tout ruiner s'il s'avérait que quelque chose de sérieux naissait entre eux.
Le regret passa sur son visage, et un mélange de honte aussi. Devoir se mettre à nue comme cela n'était pas plaisant, et il anticipait la honte qu'il devrait ressentir quand Lulla porterait sur lui un regard de crainte, d'accusation en découvrant le monstre terrible qu'était Azrael.

" Ecoute Lulla. Je n'avais pas prévu de te le raconter, mais au final il vaut mieux que tu le saches maintenant plutôt que ça te détruise plus tard. Je suis Azrael, que je le veuille ou non. »

Il marqua une petite pause, ce qui allait suivre n’était pas facile à dire, surtout à elle.

« Tu me demandes pourquoi mon costume arbore des symboles religieux, et bien parce qu’Azrael n’est pas une création, mais un héritage. Depuis le temps des croisades, Azrael est le nom du champion de l’ordre secret de St Dumas, un groupe oublié et non reconnu de l’Eglise, peut être même hérétique. Si l’intention de départ pouvait être bonne, très vite apparemment, ses dirigeants ont commencé à utiliser Azrael à leurs propres fins, et encore plus vite, l’Ange Exterminateur est devenu un assassin agissant pour le compte d’individus sans scrupules. »

Jean-Paul pianota un peu sur l’ordinateur et afficha les dossiers qu’il avait sur l’ordre. Des notes, des photos de registres, des gravures anciennes du costume.

« Plus l’Ordre traversait le temps, plus il accumulait des richesses, plus Azrael servait de vulgaire tueur à gage. Pour s’assurer la loyauté et l’efficacité de son exécuteur, l’Ordre faisait subir à son champion un entraînement spécial et un régime à base de drogues. Lorsque la technologie et la science le permirent, ils boostèrent les capacités du porteur du titre avec des manipulations génétiques et mentales. Insérant des gènes d’animaux et un très complexe lavage de cerveau-programme mental compilant toutes les connaissances de combat et de l’art de tuer des précédents Azrael dans l’inconscient du nouveau. Azrael est une machine de guerre, un tueur impitoyable qui est conditionné dès le départ pour ne rien faire d’autre qu’obéir. Lorsque le System est activé, il n’est même plus vraiment conscient, un esclave incapable de penser par lui-même, juste d’obéir. »

Une pause encore plus longue, pour l’instant il n’avait dit que le plus facile.

« Il s’avère que part souci de tradition, car l’Ordre du départ était quand même très religieux et dogmatique, Azrael est aussi un titre, qui s’hérite par le sang. Mon père était le précédent Azrael et c’est comme ça que je le suis devenu. »

Son visage prit un air encore plus grave. Devoir repensé à cela était déjà une épreuve fort désagréable en soit, mais devoir le dire pour se saborder était pire.

« Quand je dis qu’Azrael était conditionné depuis le départ, je parle au sens littéral. A peine né, j’ai subit les expériences de l’Ordre pour me préparer à mon rôle futur. Manipulations génétiques, lavage de cerveau. Je suis complètement Azrael, la machine de guerre avec quelques problèmes de santé mentale. »

Il se retourna son fauteuil, pour ne plus avoir à supporter le regard de Lulla et enchaîna d’une traite, plus vite se serait fini, mieux ce serait.

« Mon père est mort en mission pour l’Ordre et est revenu jusqu’à chez nous en rampant. Jusqu’alors j’ignorais tout d’Azrael et de l’ordre, jusqu’à leur existence même. Intrigué je suis allé enquêter en Suisse en suivant les dernières paroles de mon père et tout m’est tombé dessus. En l’espace de quelques jours je suis passé d’un petit étudiant en informatique un peu chochotte à l’héritier de plusieurs siècles d’assassinat. Quand j’enfilais le costume, Jean-Paul Valley disparaissait laissant la place à Azrael, stricto sensus. Heureusement j’ai rencontré Batman de suite là bas qui enquêtait sur un membre de l’Ordre qu’il ne connaissait pas. Il m’a évité de devenir complètement un assassin et m’a fait revenir à Gotham. Mais le System était toujours en moi, et en une période très sombre pour la ville j’ai trahis sa confiance. Je me suis laissé envahir par le System, je n’ai pas su y résister et j’ai commis quelques graves fautes. Quand Bane est arrivé en ville et qu’il avait soit disant battu Batman, il l’avait réellement fait. Bruce a eu le dos brisé, handicapé à vie on croyait… Et il m’a demandé de le remplacer. Le Batman expéditif de l’époque, le cruel, le presque-fou, c’était moi. Une fois, j’ai laissé mourir un criminel que j’aurai pu sauver, aveuglé par les visions de St Dumas. Par mon inaction, j’ai laissé mourir quelqu’un. C’est pour ça que Bruce est revenu, pour reprendre son manteau et me neutraliser car sans ça … »

Il ne prononça pas la fin de la phrase.

« Bref, même si aujourd’hui je suis de retour et que j’ai réussi à me libérer de l’influence du System après des longues heures de thérapie, et crois moi, Bruce m’a fait subir tous les tests possibles et inimaginables pour en être sûr, je suis quand même un monstre. »

Toujours de dos, la mine déconfite, pleine de culpabilité.

« Il n’y a que Bruce et maintenant toi qui connaissez l’histoire. Alors même si je ne suis pas trop en position de demander quoi que ce soit, j’aimerai bien que tu le gardes pour toi. Je n’ai pas vraiment envie que les autres le sachent. »

Puis essayant de prendre un air neutre, il se retourna ...

"Je ne t'ai même pas remercié d'être passée me voir à l'hôpital, c'était très gentil de ta part. Mais maintenant que tu connais entièrement mon histoire, tu peux partir, je comprends et ne vexerai pas."

A chaque fois que j’en viens à mentionner Azrael, j’ai l’impression que Valley est ravagé. C’est d’ailleurs bien étrange de le voir aussi arrogant dans ce costume alors qu’il semble être tout honteux de cette double identité. D’un ton grave, Jean-Paul me confie alors qu’il va me raconter ce qu’il en est, plutôt que d’attendre et que ça me… « Détruise » ? Je reste perplexe face à ses paroles, surtout que ma curiosité ne s’attendait pas à déterrer un lourd secret. Je le fixe, bras de nouveau croisés contre ma poitrine dans une posture d’attente, une moue dubitative vissée aux lèvres.
Quand Valley commence à me raconter que le rapport entre Azrael et la religion vient justement du fait que cette figure a été créée par un ordre secret – nommé St Dumas – par un groupe d’illuminés, j’affiche une certaine stupéfaction. Enfin, je dois avouer que je crains sincèrement à une blague au début. L’idée qu’Azrael puisse être créé pour assassiner à la solde d’hérétiques me semble tellement dingue que j’ose à peine y croire. Surtout quand il mentionne l’entraînement spécial, les drogues et les manipulations génétiques. Des gènes d’animaux ? Un lavage de cerveau ? C’est difficile à croire. D’ailleurs c’est pour ça que je m’en décroche la mâchoire.
Une machine de guerre qui a traversé les âges ? Il me parle du System qui fait de lui un tueur impitoyable, un esclave et je me dois de me mordre la lèvre pour m’assurer que je ne délire pas.

Il m’explique ensuite que c’est un héritage et que dés sa naissance, ce dernier a subit maintes et maintes expériences de l’Ordre en question pour se préparer à devenir Azrael. C’est à peine croyable. Bien que je pensais qu’Azrael avait quelques problèmes niveau mental, je ne pensais pas que cela puisse être un truc pareil. Jean-Paul détourne son regard du mien, me laissant seule dans ma réflexion interloquée. Je n’en reviens pas qu’il soit ça. Et surtout, je n’en reviens pas qu’il me dise tout ça. Il me parle ensuite de sa propre découverte de l’Ordre, de Batman qui l’a aidé à s’en sortir quand il a pété les plombs lorsqu’il a endossé son rôle suite aux blessures infligées par Bane. Dans son ton, je perçois toute sa honte, sa colère et sa frustration d’avoir laissé un criminel mourir. On est tous à se demander ça un jour… Peut-on prendre la vie à celui qui l’ôte impunément ?
Je découvre un homme qui a peur de lui-même. Il ne reste rien de l’homme arrogant que j’ai cru rencontrer. Juste la peur et la honte d’avoir été un rat de laboratoire.

Valley précise alors que je suis la seule au courant avec Wayne, et que si l’envie me prenait de partir, il comprendrait. Je reste plantée là, immobile, à soutenir son regard avec la même incompréhension qu’au début de son discours. Je vois bien qu’il essaie de paraitre détaché en me disant ça, mais je sais parfaitement que tout ça l’affecte bien plus qu’il ne le montre.

Je me sens assez vite prise de vertiges et je me retiens au mur avant de m’y adosser pour calmer cette peur irrationnelle de ce que je viens d’apprendre.

« Quel genre d’être humain peut conditionner un gamin à devenir une machine à tuer ? » – Je demande ça sur un ton effaré, une main contre le front. « Je n’arrive pas à y croire. »

Ma tête me tourne et je me ressaisis, inspirant avant de regarder Valley droit dans les yeux.

« Je ne dirai rien de tout ça – je te le promets. Et ne dis pas que tu es un monstre. Ce sont les gens qui t’ont fait ça qui sont monstrueux. »

Je me redresse, me sentant lamentablement faible. J’essaye toujours de tout encaisser, mais j’avoue que j’ai du mal à faire face à ça – et le pire, c’est que ça ne me concerne pas vraiment. Je vois bien que Jean-Paul est désœuvré et il a l’air persuadé que je vais tourner les talons pour quitter le manoir après cette nouvelle.
Je m’approche, croisant les bras contre ma poitrine pour le regarder avec inquiétude.

« Si tu as besoin… D’en parler. Tu peux le faire. Te confier à moi. Même si je sais que je n’ai pas l’air d’être très réconfortante. Je suis désolée. » – Je pousse un soupir, m’appuyant contre un meuble avant d’oser sourire. « Je tiens à m’excuser. De t’avoir pris pour ce que tu n’es pas. »

Je tire un autre fauteuil pour m’asseoir à ses côtés et je pose une main réconfortante sur la sienne. Je renverse ma tête en arrière, laissant le silence reprendre son droit.

« Est-ce que ça veut dire qu’on est un couple ? » – Je lâche ça comme ça, perplexe avant d’éclater de rire. Plus pour relâcher la pression que me moquer, je pense.

Valley se créait il ses propres problèmes ? Il aurait pu mentir à Lulla au sujet d'Azrael, et maintenant il pouvait profiter du fait qu'elle soit attendrie pour continuer les câlins, mais non il fallait qu'il continue son petit auto-portrait.

" Bof. Tu sais je n'ai pas souffert enfant de tout ce que m'a fait l'ordre. C'est vers vingt deux ans, je t'ai dit que tout m'est tombé dessus, qu'Azrael a été réveillé. Mais avant cela j'ai eu une enfance plutôt heureuse. Et puis je préfère voir le bon côté des choses, et ne pas m'apitoyer sur mon sort. Etre Azrael me donne mes les capacités d'aider les autres et d'être un justicier. Après tout c'est ce que tu fais toi aussi non ? Tu mets ta vie en danger pour aider les autres non ? C'est tout ce qui compte."

Il dit cela avec un début de sourire, pas franc du tout comme s'il essayait de se forcer.

" Mais cela n'empêche pas d'être lucide sur le fait qu'Azrael est un monstre de nature. Peu importe que ce soit des salopards qui m'ont fait ça, Azrael existe dans ma tête, et si j'arrive à le tenir en respect, à le faire taire depuis longtemps il n'empêche qu'il est toujours là. Tu as l'entre apercevoir dans l'ascenseur non ? Je me suis mis à frapper méthodiquement et sans laisser une ombre de chance à ce mercenaire non ? De la violence pure, dénuée d'émotion humaine.
Alors certes j'étais drogué et en situation de danger et le System comme un ultime système de sécurité a prit le dessus. Tu sais je me souviens à peine de la bagarre. Je me souviens juste de quand je l'ai relevé pour l'assoir sur la chaise. Je sais même pas comment j'ai fait pour ne pas continuer à le battre."
C'était vrai, il ne se souvenait qu'il était revenu à lui parce que Lulla lui vait demandé d'arrêter.
Maintenant son visage était parfaitement neutre, presque en introspection. Voir Lulla lui proposer son aide était très réconfortant, mais une fois de plus il fallait qu'elle comprenne les véritables enjeux sans se laisser avoir par le triste soir de Valley.

" Tu sais, pour l'instant je ne me fais pas de souci vis à vis d'Azrael. J'ai appris à le connaître, je m'y suis confronté de face en thérapie. Je sais qu'il n'y a pas de raisons pour qu'il revienne. Je suis prudent, attentif et sais prendre le recul nécessaire. Et je sais aussi que je peux compter sur Bruce dans l'éventualité d'une rechute pour m'arrêter. Mais tu vois, comme tu l'as dit, les monstres se sont ce qui m'ont fait ça et je suis quelqu'un de bien. C'est vrai et terriblement faux. Victor Fries était un scientifique brillant fou amoureux de sa femme. Harvey Dent un homme juste et courageux. Même le Joker dont on ne sait rien, se plait à répéter qu'il a subit une mauvaise journée. Ces types ont subit quelque chose de grave qui a fait d'eux ce qu'ils sont. Au départ rien ne les prédestinés à devenir des sociopathes meurtriers multi-récidivistes, mais moi ... oui. Que je le veuille ou non, il ya quelque chose en moi qui peut me pousser à devenir comme eux. Comme je te l'ai dit, je ne me fais pas de souci face à Azrael, j'ai appris à le connaître et je canalise sa soif de violence pour servir mon but. C'est pour ça qu'en tant que justicier je peux me montrer par moment très violent. En me défoulant sur des monstres qui le méritent et capable d'encaisser mes coups, je donne au System ce qu'il veut."

Il marqua une nouvelle pause. Il arrivait à la conclusion de son raisonnement.

" Mais, les gens qui savent qui je suis, qui est Azrael et qui au début réagissent comme toi ne peuvent pas s'empêcher au fil du temps, à force de voir ce que je fais de se poser la question : est il toujours maître du monstre en lui ? Est ce Jean-Paul Valley sous son masque qui neutralise le NKVDemon, ou est ce l'Azrael du System ? Et puis le souvenir des Tarés revient. Et au final, ils prennent leurs distance, parce qu'ils ont peur, parce qu'ils ne savent pas. Une fois que la pitié a disparue, et crois moi elle ne dure jamais bien longtemps. Et s'il y a une chose que je refuse, c'est qu'on me prenne en pitié. Je ne veux pas être vu comme un infirme, comme un malade.
Je préfère qu'on vienne me gifler quand je dépasse les bornes. Qu'on m'engueule si un jour quelqu'un estime que je n'avais pas à faire ce que j'ai fais. Qu'il ou elle me dise "T'es content de ce que tu as fait, connard ?" plutôt que d'essayer de se convaincre "c'est pas sa faute" en ayant le regard apeuré."

Puis il se décida à prendre la main de Lulla dans la sienne, de plonger son regard dans le sien et de répondre à sa dernière question.

" Je sais pas, mais je sais que je ne t'aurai jamais dit tout ça si ... Ouais, je crois que je t'aime bien, que j'ai confiance en toi et que je crois en toi. Mais même si ouais j'aimerai bien qu'on se donne une chance, je veux pas que tu te sentes obligée et si tu ne le veux pas, alors je comprends. Et tu devais tout savoir pour ça. Donc, c'est à toi de voir si tu te sens assez forte et est ce que ça te dit de dompter l'Ange Exterminateur ? Tu sais, là j'ai fais du mélodrame, c'était nécessaire, mais je pense que ça devrait pas être aussi terrible que ce que j'annonce, sinon je ne me le serai pas permis. Alors ?"

Curieusement, au lieu d’aller dans le sens de ma compassion, Jean-Paul fait tout le contraire. Je comprends d’ailleurs assez vite que celui-ci ne supporte pas qu’on le plaigne à ce sujet. Ce qui est plutôt positif – ou inquiétant, ça dépend de quel point de vue on se place. Il affirme avoir eu une enfance heureuse, jusqu’à ce qu’il découvre tout ce qui se tramait derrière – et il a l’air de voir le fait d’être Azrael plutôt comme un avantage qu’un désavantage. Je le fixe, perplexe, jusqu’à ce qu’il reprenne. Il ne semble garder aucune rancune à l’égard de ceux qui lui ont fait ça – seulement la conscience d’être une arme qui peut déconner à n’importe quel moment. Il évoque l’anecdote de l’ascenseur – lorsqu’il était comme possédé par cette aura dévastatrice. Je me souviens très bien de ce moment – et l’inquiétude que j’ai ressentie en assistant à ça. Le System- instinct de survie, violence gratuite ? Difficile à dire.

Quand je le regarde me déblatérer tout ça avec conviction, ça me ferait presque sourire. A l’entendre, il gère tout à fait la situation. Il a appris à se contrôler – à mettre son conditionnement de côté. Mais jusqu’à quand ? Wayne semble être un vrai soulagement pour le justicier – quelqu’un sur qui il peut compter. Assez normal quand on sait qu’il est Batman en fin de compte. Valley commence alors à m’énumérer les criminels, qui ont tous été des gens biens avant que la folie ou la colère ne les fasse perdre les pédales. Une tragédie – ça fait des ravages dans une vie d’homme bon. Je le fixe, sourcils froncés.

Au départ rien ne les prédestinés à devenir des sociopathes meurtriers multi-récidivistes, mais moi ... oui. Que je le veuille ou non, il ya quelque chose en moi qui peut me pousser à devenir comme eux. – Oh joie... J’avoue que je ne m’attendais pas à ce que Valley me sorte qu’il est consciemment un criminel et en tant que justicier, il peut allègrement se défouler sur les « méchants », histoire de ne pas passer du côté du mauvais côté du mur. Et dire que j’le disais ! Que les justiciers étaient des humains, et que comme tout le monde, ils pouvaient avoir des problèmes psychologiques. Azrael est instable et Azrael peut en venir à tuer des gens juste parce qu’en lui sommeille un instinct de tueur. L’homme a le dessus sur le monstre mais il me dit qu’il se doit de cohabiter avec lui. Qu’ils ne sont pas dissociables. Là j’me demande brièvement dans quoi je me suis embarquée. J’avoue que si je n’avais pas envie de tourner les talons y a cinq minutes, Valley fait tout pour me convaincre de le faire.

Il met d’ailleurs le doigt sur mon comportement premier face à la nouvelle. Pitié, compassion. J’avoue que c’est la première chose qui m’a transie quand il m’a sorti ça mais quoi de plus naturel ? Après la pitié vient la crainte – certes, j’suis à deux doigts de passer de ce côté-là de la barre. Puis, Jean-Paul me sort qu’il préfère la violence, les réprimandes, et surtout la franchise, à un comportement de pitié vis-à-vis de son état. Très bien. Je digère silencieusement la haute dose d’informations quand il me prend la main pour m’expliquer qu’il aimerait que l’on se donne une chance mais qu’il ne voulait pas me forcer la main. Assez forte pour dompter l’Ange Exterminateur ?
Dans un geste que je n’explique pas, je gifle brusquement Jean-Paul – je crois que d’ailleurs, il ne s’attendait pas à ce genre de réponses vu la tête qu’il tire.

« Okay. J’ai ressenti de la pitié. J’suis désolée. Mais tu as raison. Je n’ai aucune pitié à avoir pour Azrael – il m’agace au plus haut point. » – Je me rends à peine compte de ce que je suis en train de faire. Dissocier les deux ; comme si Azrael était un être à part entière qui partageait le corps de Valley. Je me redresse de mon siège d’un seul coup. « J’te garde à l’œil. Tu peux compter sur moi et je n’hésiterai pas à te passer un savon si tu déconnes. »

Voilà que je me prends pour… Sa mère ? Je reste plantée devant lui, un peu interloquée, avant de me laisser à nouveau tomber sur mon siège, lâchant un long soupir.

« J’ai pas peur. » – J’assure ça s’une voix détachée, fixant un point dans le vide. Non, je n’ai pas peur. Je suis juste… En train de devenir dingue. « Tu sais, c’est pas parce que je couche avec toi que je vais être docile et mielleuse. J’ai mes valeurs et tuer des gens n’en fait pas partie. Si jamais tu dérapes, je serais là pour t’aider. Tu peux me croire. »

Je suis fermement convaincue. D’ailleurs mes yeux braqués dans les siens en est la preuve évidente.

Sujet: Re: Convalescence sportive [Pv JP Valley, Gédéon]

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Convalescence sportive [Pv JP Valley, Gédéon]

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