Quincy Sharp était mort - depuis une dizaine d'heures.

Gotham City avait découvert avec horreur l'arrivée de son maire par intérim à la Tour Wayne et avait suivi, terrorisée, l'avancée du Batman dans sa lutte contre le schizophrène. Les réactions étaient totalement hétérogènes sur le trépas de Sharp, mais surtout beaucoup d'habitants étaient troublés pour la suite : qu'allait-il arriver ? Qu'allaient-ils devenir ?
Quincy avait pris le pouvoir et les Gothamites avaient été passifs - mais ils ne le supportaient plus. Une forme de révolte et de rage régnait dans la majorité des coeurs, et tous attendaient les déclarations du Gouverneur Finger, qui avait prévu une annonce globale à l'Hôtel de Ville.

Kane Finger, Gouverneur de l'Etat du New Jersey, s'était fait connaître pour son immobilisme et son incapacité à intervenir dans l'affaire Quincy Sharp. Il avait confié au Conseil Municipal les responsabilités de mettre en place un maire par intérim, mais n'avait rien fait pour contrôler, stopper et appréhender le schizophrène qui avait lancé une ère de terreur et d'horreur par des actions de plus en plus injustifiables.

Maintenant que Quincy Sharp avait clairement prouvé sa folie et était allé bien trop loin, et surtout qu'il était maintenant décédé, le Gouverneur voulait reprendre les choses en main et avait préparé, selon les rumeurs, un discours choc.

A l'heure dite, devant l'Hôtel de Ville, tout ce que comptait Gotham City de journalistes, de curieux et de concernés s'était retrouvé et attendait impatiemment le discours du Gouverneur. Celui-ci jouait beaucoup sur cette gestion de crise : il se savait critiqué grandement par l'opinion de tout le New Jersey, et la Maison Blanche elle-même l'avait informé de son grand intérêt pour ses solutions.
Kane Finger sortit avec calme et sérénité sur le parvis de l'Hôtel de Ville, faisant claquer ses chaussures sur les pavets avant de s'arrêter sur son pupitre et de faire face à la foule, globalement hostile.



"Mesdemoiselles, mesdames et messieurs, je suis Kane Finger, Gouverneur de l'Etat du New Jersey. Depuis des semaines, des mois, Quincy Sharp dirigeait cette ville suite à son élection par le Conseil Municipal de Gotham City. J'avais confié à cette assemblée la compétence de mettre en place un maire par intérim avant des élections libres ; celles-ci ont eu lieu, mais monsieur Sharp a dépassé ses pouvoirs et s'est érigé en tyran. Je n'ai pas su me rendre compte de son influence et de sa folie : devant vous tous, je m'en excuse humblement.
Cependant, des excuses ne sont pas ce que vous attendez, et cela ne peut être suffisant. Gotham City va mal, Gotham City a peur. Il est de ma responsabilité d'intervenir pour vous permettre de vivre dans une ville apaisée et, autant que possible, sûre.

Je vous confirme en premier lieu que Quincy Sharp est décédé tôt ce matin, suite à une chute de la Tour Wayne. Les images retransmises par la télévision montrent que le justicier nommé Batman est responsable de cette chute : je demande officiellement au G.C.P.D. d'ouvrir une enquête sur les conditions du décès de monsieur Sharp. Même si sa place était en prison, il ne méritait guère une exécution publique.

Monsieur Sharp avait mis en place récemment des Gardes Arkham, menés par un criminel surhumain. Des camps d'éradication étaient montés dans Arkham City. Des mesures pires encore étaient prévues.
J'annonce la démobilisation des Gardes Arkham et l'arrestation de leurs membres. Les camps sont actuellement détruits par la Garde Nationale. Nos soldats et le G.C.P.D. ont ordre d'appréhender toutes les personnes ayant été aux ordres de monsieur Sharp.

Une enquête officielle, menée par le G.C.P.D., est ordonnée sur les actions de Quincy Sharp : ses dossiers, ses projets, ses décisions seront tous analysés, décortiqués et, si possible, annulés. Monsieur Maximilien Shreck et le docteur Simon Hurt, s'ils acceptent, sont chargés de mener cette procédure. J'ai toute confiance en leurs capacités pour découvrir la réalité des horreurs de monsieur Sharp et empêcher leur mise en oeuvre.

J'en profite d'ailleurs pour annoncer clairement que monsieur Shreck et le docteur Hurt n'étaient guère impliqués : leurs actions hier soir et ce matin, leurs volontés farouches d'apporter des initiatives et des idées positives à Arkham City durant le règne de monsieur Sharp et les preuves à la disposition du G.C.P.D. prouvent clairement qu'ils se sont opposés au maire par intérim; Monsieur Shreck et le docteur Hurt ont, jusqu'au bout, essayé de canaliser monsieur Sharp et d'empêcher ses dérives. Et c'est monsieur Shreck lui-même qui m'a définitivement averti en envoyant il y a peu un courrier à la Cour Suprême pour demander une commission d'enquête sur Quincy Sharp.
Monsieur Shreck et le docteur Hurt sont, à mon sens, des héros. J'espère qu'ils conserveront leurs postes et leurs flammes, et qu'ils mèneront à bien cette mission d'enquête.

Gotham City a besoin de tels hommes, mais a aussi besoin de renouveau. La situation économique de Gotham City est difficile, très difficile même : des aides financières sont actuellement débloquées pour permettre un regain de vitalité dans votre ville, et je suis actuellement à la recherche d'entrepreneurs capables de profiter de ces aides pour relancer l'activité économique et financière locale.
Cependant, ces aides sont conditionnées à deux éléments incontournables.

En premier, de nouvelles élections doivent être organisées. Dès demain, les candidats pourront se déclarer pour les quelques jours à venir. Monsieur James Gordon m'a confié ne plus vouloir assumer les responsabilités électorales qui étaient les siennes avant son enlèvement par monsieur Sharp, et j'ai décidé d'accepter sa demande. J'ai également décidé de lui confier à nouveau la gestion du G.C.P.D., en lien avec monsieur Shreck, dont l'action est, je le rappelle, héroïque.

En second, Arkham City ne peut demeurer dans son état actuel. Si l'idée initiale était intéressante, son développement a été émaillé d'horreurs et d'erreurs que je ne peux cautionner. Le principe d'une ville-prison doit demeurer, mais plus dans sa forme actuelle. La réinsertion doit être privilégiée : les prisonniers doivent être pris en main pour devenir un atout pour Gotham City.
Je vais confier à monsieur Shreck et au docteur Hurt, qui débutaient déjà les prémices de cette initiative, les clés de mon nouveau projet : New Gotham City. Arkham City était une simple ville-prison, New Gotham City sera la ville voisine de Gotham City et sera une cité-concept : la réinsertion avant tout. Les criminels devront se trouver un emploi, travailler, avoir une action positive et aider. Ceux qui auront de véritables projets et de véritables influences positives recevront mon Pardon - et cela concerne TOUS les criminels. Nous ne pouvons plus rejeter des éléments, quels qu'ils soient : la situation économique est trop difficile pour en faire l'économie.

Voilà donc mes annonces et mes décisions. Je ne répondrais à aucune question car le temps n'est plus aux interrogations, mais à l'action. Le sort de Gotham City est entre vos mains, et j'ai foi en vous pour réussir ce défi. Je serais, maintenant plus que jamais, à vos côtés pour cette épreuve.
A bientôt. Bon courage."

Kane Finger fit un sourire de circonstance, puis se retourna et rentra dans l'Hôtel de Ville, sans rien dire de plus. A voir comment la ville et ses habitants réagiraient à de tels chocs !