Bureau de Checkmate
Washington D.C
13H30, 16 jours après la Singularité

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Un silence lourd d'anticipation. C'était tout ce qu'on pouvait entendre dans son bureau donnant sur Constitution Avenue. Aucun mouvement ne semblait être perceptible depuis le Capitole et plus encore, cela semblait être une journée calme. Enfin, calme, c'était très vite dit car depuis quelques temps, les journées devenaient très agitées et plus encore, la Présidence devenait nerveuse dès qu'on abordait le cas extraordinairement problématique de Gotham City et sa bande de malades mentaux.

"................"

Ses mains tenaient encore fébrilement le dossier de la Task Force X que tous connaissaient sous un autre nom: La Suicide Squad.
Encore un qui disparaissait, victime de ces tarés de tueurs. Nous en étions à trois et à cause de cela, elle n'osait plus faire le moindre mouvement face à ce groupuscule qui semblait prendre un malin plaisir à en finir avec ses "meilleurs éléments". La perte de Captain Boomerang fût problématique. Celle de Nanawe, alias King Shark l'était encore plus mais celle de Killer Croc lui faisait perdre son ultime force de frappe du groupe, affaiblissant ce dernier et provoquant la colère du président qui exigeait non pas seulement des actes mais des solutions à son "incompétence". Intérieurement, Amanda jubilait à chaque fois qu'elle envoyait tout le monde se faire foutre en expliquant que personne ne pouvait se targuer de lui chier à la gueule et de survivre à cela. Mais depuis peu, c'était une colère noire et froide qui animait cette dernière qui venait encore de se faire doubler de la plus atroce de ses manières, amenant toute l'équipe de la Maison Blanche à repenser le travail que Waller semblait incapable de fournir.

3 morts et le vol d'une arme expérimentale nuisaient très fortement à ses projets d’ascension, elle qui se rêvait présidente d'un pays à diriger d'une main de fer tout comme elle débarrasserait enfin l'Amérique de ce cancer qu'était la ville du Chevalier Noir.

Son soupir fût à peine perceptible alors qu'elle posa le dossier de la Suicide Squad à côté d'un autre classé confidentiel et dont on ne pouvait voir qu'une seule lettre: N. Elle avait passé des heures à le lire en boucle, à en mémoriser chaque détail, à deviner la moindre information cachée vis à vis de ce qu'elle pouvait découvrir. La question qui se devait d'être posée était: Comment le Pentagone et la NSA étaient parvenus à réunir autant d'informations sur le dossier N? Comment savaient ils et surtout, que savaient ils qu'ils ne révélaient pas dans ce dossier?

Peut-être savait il, "LUI"? Après tout, cela se passait dans sa ville et ce qu'il s'y passait ne lui échappait jamais. D'ailleurs, c'était à se demander ce qu'il faisait ici, en plein jour et en ayant réussi à passer la sécurité sans la déclencher.

"Je me demandais ce qui vous avait fait trainer, Batman."

"Un bactériophage T. Vous êtes folle à lier, Waller."

Je balance le dossier sur son bureau, démontrant que j'ai eu le temps d'analyser le composé trouvé dans le corps de Waylon et qui aurait pu détruire toute la ville. A vrai dire, je n'ai qu'une envie: Balancer mon poing dans la figure de Waller et la trainer hors de ce bureau. Cette fois, les choses vont beaucoup trop loin pour que je quitte cette salle sans elle, menottée et bâillonnée. Toutefois, j'admets la chance infini que nous avons eu grâce à cette mutation qui, bien qu'elle ait affecté le corps de Croc, ait rendu le virus inopérant très rapidement.
Mais il subsistait un souci majeur que je ne souhaitais pas aborder dans l'immédiat.

"Un virus capable de parasiter les organismes eucaryotes et procaryotes, peu importe l'espèce et de modifier en profondeur les brins ADN afin de créer une arme biologique. La Task Force X ne vous convenait pas assez j'imagine puisque vous avez repris les travaux de la Biosyn."

Le virus Héraclès, Von Reagan Pandora.......je pensais avoir laissé tout cela derrière moi et voici qu'aujourd'hui, l'un de mes plus grands échecs revenait me hanter sous la houlette de Waller et Checkmate dans un but que je ne comprenais pas encore et tous savaient que mon silence cachait mon incapacité à me remettre de la mort de Jennifer et Marcus après mon combat contre un Von Reagan qui me surpassait sur bien des points. J'avais fait en sorte avec l'aide de Clark qu'à tout jamais, les armes de la Biosyn et le corps encore porteur du virus de Jennifer soient oubliés à tout jamais afin que jamais plus je ne retrouve cette horreur sur les marchés noirs. Mais bien entendu, c'était sans compter sur la détermination d'un gouvernement avide de contrôle qui refusait de laisser une telle manne disparaitre à jamais dans les méandres de l'oubli. Pas étonnant quand on sachant qu'une souche pure pouvait coter jusqu'à 100 millions.

"Et pire encore, vous êtes parvenus à vous le faire voler après avoir commandité dans le plus grand secret sa fabrication dans un laboratoire non sécurisé de Star Lab."

A quoi jouait-elle? J'avais étudié l'échantillon viable du virus, chose que je n'avais su faire à l'époque, trop occupé à libérer la ville de la folie de la Biosyn Corp. A présent que je pouvais me le permettre, analyser le virus était une priorité et autant dire que ce que j'avais découvert me glaçait bien plus que ce que j'en savais à l'époque.

"Le cerveau est attaqué. Surproduction de dopamine. Hypothalamus endommagé.....et ce ne sont que très peu des symptômes "zombies" que le composé Ragnarock génère.Non seulement vous êtes incapables de le contrôler comme le faisait la Biosyn mais en plus vous avez mis toute une population en danger et je veux savoir POURQUOI !!"

Des questions auxquelles il voulait des réponses qu'il possédait sans doute déjà. Son seul but était d'avoir les aveux d'Amanda, bien que cette dernière restait hautement intouchable grâce à l'implication de la Maison Blanche et son immunité diplomatique. Après tout, il savait déjà probablement tout, en plus d'avoir été en première ligne pour lutter contre les créateurs du virus originel. Inutile donc de tourner autour du pot.

"La Biosyn avait mené ces expériences dans le plus grand secret et vous vous en doutez, l'immortalité était leur objectif ultime. Ne vous étonnez donc pas que des personnes haut placées aient souhaité récupérer les échantillons les plus viables."

Amanda Waller se montrait souvent orgueilleuse, vaniteuse et très imbue de sa personne, n'ayant que peu de considération pour ceux qui se trouvaient à la fois en dessous d'elle mais aussi au dessus. Rien d'étonnant pour une femme qui se voulait au plus près du pouvoir là où certains se voulaient proches de l'argent avant tout. Si à une époque, le terme vénal aurait pu définir une femme comme Amanda Waller, le terme qui s'en rapprochait le plus était le suivant: Une parfaite connasse cratophile ! Dans son esprit, celle-ci se voyait plutôt comme un chef de guerre prête à tous les sacrifices, un domaine qu'elle ne connaissait que trop bien.

"Mais bien sûr, vous le saviez puisque vous avez caché ou détruit la totalité des corps avec l'aide de vos amis."

Cette fois-ci, elle se décida à accorder un regard au principal interessé qui, bien qu'elle le haïssait, nourrissait toutefois à son égard un certain respect, ne serait-ce que pour la résilience dont il faisait preuve dans un combat pourtant perdu d'avance, persuadé que sa croisade trouverait un jour une fin heureuse.

"Et comme d'habitude, j'imagine qu'il est inutile de vous convaincre de nous rendre le corps de Pandora. Vous n'êtes pas venu ici pour ça."

Quand la Chauve Souris avait une idée en tête, celle-ci n'en démordait jamais et c'est avec un soupir d'exaspération qu'Amanda clôtura rapidement le sujet de Jennifer Willis, l'arme ultime de la Biosyn Corp, sous le regard sévère du justicier de Gotham City.

"Je vais me montrer très claire: Je réprouve autant que vous que Von Reagan ait crée ce virus et je n'apprécie pas de voir des pontes de Washington s'amuser à jouer avec quelque chose qui pourrait bien décimer le monde entier. C'est pourtant ce qui arrive chaque jour et ce, dans le secret le plus absolu: Des armes créees, puis détruites et ensuite analysées dans des laboratoires car nous devons comprendre à quoi nous avons affaire. Alors, quand la possibilité de se saisir de l'échantillon le plus viable s'est présentée, ils ont sauté sur l'occasion, en récupérant ce qu'il pouvaient lors de votre combat contre Von Reagan.....ou Erebius, devrais-je dire. Et bien sûr, inutile de le nier, vous n'étiez pas très loin de la mort lorsque vous avez combattu. Mes supérieurs y'ont vu là une occasion en or de trouver un moyen plus efficace que la Task Force X pour des menaces comme celle que vous et la Ligue pourriez potentiellement représenter."

La seule envie et la plus impérieuse s'empare de moi aux mots de Waller: Celle de serrer mes mains sur sa gorge et d'en finir avec elle. Je repense à Ace, une enfant maltraitée par le gouvernement, utilisée comme le fût Jennifer. Deux enfants et deux morts dont je fûs témoin dans le plus grand des silences et la plus intense des colères. L'une fût vengée et l'autre attend probablement que j'en finisse avec ce qui reste du projet Cadmus.

"Je vais être franc avec vous, Waller: Vous êtes une ordure qui travaille pour d'autres ordures et un jour, je vous ferai tomber de très haut."

Je me souviens encore de ce jour où, alors que Ace était sur le point d'engloutir le monde dans une faille psychique, j'ai vu Waller et ses hommes débarquer, ordonnant que l'on mette à mort cette pauvre enfant déjà condamnée. Venue par la souffrance, elle devait, selon les volontés d'une bande d'hypocrites en costumes, partir de la même manière, ces derniers refusant la responsabilité de ce qu'ils avaient engendré.

"J'ai vu Jennifer mourir sous mes yeux pour sauver le monde de la menace que représentait son père et ses créations. J'étais aux côtés de Ace quand cette enfant a fermé les yeux pour toujours dans un monde qui ne la voyait que comme une arme. A chaque fois, j'étais présent pour tenter de les aider là où vous et vos amis vous demandiez de quelle manière vous alliez rendre ce monde pire qu'il ne l'est déjà."

Chacune de ces enfants m'a regardé droit dans les yeux au moment de mourir et chaque fois, j'ai ressenti l'envie d'hurler une haine si profonde qu'elle manqua de me détruire, de me faire perdre foi en l'humanité. Chaque jour qui passe, je repense à ces deux enfants, aux nombreuses victimes de la folie humaine et à ceux que je n'ai pas pu sauver. Chaque pensée est une parcelle de ma colère qui menace d'exploser et à cet instant, Amanda fait absolument tout pour allumer les braises et provoquer un feu en moi que je risque de ne plus jamais pouvoir éteindre.

"Vous pouvez dire à vos supérieurs qu'ils ne tireront rien de bénéfique de la souffrance de deux enfants. Mais j'imagine que cela leur passe au dessus de la tête."

Chaque phrase est prononcée avec une maitrise absolue. Je me dois de rester calmer, de ne rien lui offrir, pas même un haussement de voix. Elle ne le mérite pas. Elle ne mérite rien.

"Maintenant, je veux des réponses, Waller......ou je risque de devoir vous les arracher par une méthode que vous n'apprécieriez pas car je sais que vous ne me dites pas tout. Quel était le véritable but de ces recherches....et pourquoi quelqu'un a contaminé Waylon Jones avec une souche du Héraclès?"

A cet instant, elle pourrait donner l'ordre de le faire abattre, faire en sorte qu'il ne quitte pas Washington vivant. Un seul mot, un seul geste et c'en serait terminé du Chevalier Noir, aussi impressionnant soit-il. C'était un point commun qui les réunissait: Savoir être pris très au sérieux et ne jamais être défiés. Elle comme lui se ressemblait sur ce point.

"Il y'a des guerres qui méritent d'être nourries....et gagnée, Batman. Mais vous le saviez déjà, j'imagine."

Amanda avait compris qu'elle avait mis le doigt sur quelque chose car bien que la gestuelle du CHevalier Noir n'eut pas changée d'un iota, la manière dont il répondit, malgré son calme, trahissait la colère qui l'habitait. Bien sûr, tout le monde savait que Batman était un homme constamment en colère ce qui l'avait amené à ce combat qu'il menait depuis fort longtemps mais celle-ci était si palpable que la dirigeante de Checkmate comprit qu'elle se devait de calmer le jeu, du moins pour un temps.

"Le "virus" Héraclès, si nous pouvons le nommer ainsi, n'en est pas un, en réalité. Il est bien plus que vous ne pouvez l'imaginer et vos recherches ne semblent pas vous l'avoir fait comprendre."

La vieille femme marqua un moment de silence, toisant le protecteur de Gotham droit dans les yeux, se demandant si elle avait son attention. Visiblement, cela était le cas.

"Il s'agit d'un organisme comme nous n'en avons jamais vu. D'après sa signature et sa structure génomique, son origine aurait plusieurs millions d'années mais celui-ci serait apparu dans notre monde il y'a un peu plus de 200 ans. Le dirigeant de la Biosyn fût le premier à mettre la main dessus afin de diriger les nombreuses expériences que vous connaissez. Les dossiers que l'on possède sont très incomplets puisque vous avez détruit la plupart d'entre eux sans chercher à en savoir plus."

Waller semblait plus loquace et pour cause: Etre menacée de se retrouver entre les mains d'un des hommes les plus dangereux de ce monde avait une tendance à délier les langues. De plus, il disposait d'assez de moyens pour la faire avouer. A vrai dire, c'était déjà un miracle si il n'était pas venu plus tôt pour lui dire deux mots en face à face.

"Le seul problème qui se pose........est qu'il n'est ni d'origine extra-terrestre, ni de cette dimension. C'est une certitude que nous avons acquis après quelques années de recherches et après avoir décrypté certains documents à cotés desquels vous étiez passé. Bien sûr, cela n'a pas arrêté le président Luthor qui y voit à la fois de grandes avancées technologiques mais aussi......biologiques, avec notamment la création de nouveaux organismes de combat. C'est là qu'il a demandé à Star-Lab de travailler en free-lance sur le sujet jusqu'à ce quelqu'un vole la souche et s'en serve sur Killer Croc, ce qui m'a fait perdre un autre membre de la Task Force X. Vous croyez vraiment que j'aurais sacrifié un de mes meilleurs éléments d'une telle manière......en me privant du plaisir de pouvoir un jour appuyer sur le bouton et lui faire éclater la tête?"

A une époque, je ne me serais pas privé de traiter Waller de menteuse et de la discréditer devant le monde entier mais j'avais, durant mon existence, vu et entendu des choses si incroyables que l'existence même d'un organisme dimensionnel encore inconnu ne me paraissait pas si fantaisiste. Cela ne voulait pas dire qu'Amanda disait la vérité mais l'explication n'était pas si improbable si on repensait à nos déboires avec Darkseid, Trigon ou même Barbatos et les Batman de l'univers noir sans oublier bien sûr les outsiders du moment, Terra et Cahal.

Mais un seul détail ne tenait pas la route.

"Un organisme capable de survivre autant de temps sans un hôte dans un pays peu adapté à sa survie? J'ai bien du mal à le croire."

Sans un hôte viable et compatible, un porteur ne manifestant aucun symptôme, un organisme ne pouvait survivre dans des conditions extérieurs, même avec une membrane cytoplasmique renforcée et sans échange intérieurs et extérieurs avec l'organisme qu'il infeste. Son seul moyen de survie serait de se mettre en hibernation et aucune région de ce pays ne le permets comme le pourrait l'Antarctique et ses profondes couches de permafrost. Bien sûr, j'avais vu le Héraclès se montrer particulièrement adaptatif même en dehors d'un hôte mais sa survie n'excédait pas les 12 heures. Alors, 200 ans sans le moindre hôte et donc, sans le moindre foyer d'infection qui aurait pu s'étendre, cela me paraissait bien trop peu cohérent.

Plusieurs possibilités s'offraient à moi: Waller pouvait encore être en train de me mentir en n'omettant pas d’inclure certains éléments véridiques afin de rendre cette histoire plus cohérente soit elle ne me disait pas tout. Elle pouvait aussi ne pas être au courant de certains éléments que ses supérieurs lui cachaient mais je croyais difficilement à cette thèse, celle-ci étant particulièrement zélée quand il s'agissait des ordres gouvernementaux.

"Un scepticisme compréhensible puisque nous connaissons tous deux le seul et unique véritable moyen de survie d'un organisme et nos contrées n'auraient pas dû lui permettre. Seulement et comme je l'ai dit, il ne s'agit ni d'un virus ni d'une bactérie. En fait, j'ignore comment et dans quel branche nous devons citer cet organisme qui ne correspond à rien de connu."

Fatiguée de se tenir debout, l'américano africaine s'était dirigé vers son bureau afin d'y prendre position, bien que peu enclin à poursuivre une discussion qu'elle ne désirait pas. Une fois de plus, avoir en son sein le Chevalier Noir, capable de passer la sécurité de toute une ville et d'échapper à des pelotons entiers n'encourageait pas à tenter la moindre tentative contre lui.

"Mais dans les faits, le Héraclès n'est pas vraiment apparu dans notre pays mais dans un secteur que nous n'avions pas encore exploré."

Les volets derrière Waller se baissèrent brusquement, ne laissant pas la moindre once de lumière traverser la salle. Une autre lumière mauve, à peine tamisée se dessina tout autour d'elle et du Batman jusqu'à ce que des écrans holographiques se formèrent autour du bureau de la dirigeante de Checkmate.

"En 1782, l'explorateur Wenthworth Kane décida de partir à la conquête de nouveaux territoires et celui-ci découvrit un archipel d'îles malheureusement dénuées de vie. Lors de son voyage, Kane raconta qu'il vit en compagnie de ses hommes une lumière s'écraser quelque part au centre d'une d'entre elle et bien qu'effrayé, il affréta une barque afin d'aller investiguer sur ce qui semblait être une chute de météore si on en croit les écrits."

Un petit déclic se fit entendre dans la salle. De nombreuses projections holographiques des écrits de Wenthworth Kane firent leur apparition au milieu d'autres documents. Cette fois-ci, Waller semblait plus apte à prendre la parole. Peut-être y voyait elle un intérêt commun dans cette histoire.

"Après avoir accosté, ils explorèrent celle-ci à la recherche de cette "lumière tombée du ciel" mais ne trouvèrent qu'une seule chose: Un homme dans un état grave, visiblement amnésique et hagard au milieu d'un cratère fumant. Aucun nom, aucune identité et pas même un portrait de lui. Ils décidèrent alors de le ramener à bord afin de le soigner alors que le soir tombait. Mais ce n'est pas ce qui nous intéresse."

Les images se mirent à changer, à la manière de diapositives, laissant place à de nouvelles informations que le Chevalier Noir était déjà probablement être en train d'enregistrer. Quant à Amanda, bien que crispée et passablement énervée de devoir faire de telles révélations, elle poursuivit sans discuter davantage, se demandant jusqu'à quel point Batman allait la faire cracher au bassinet.

"Le lendemain, cet homme, bien que grièvement blessé, avant vu ses blessures s'être refermées. Certains à bord y virent un signe que cet homme était un envoyé du Diable. D'autres, le virent comme un envoyé de Dieu. Mais la vérité était toute autre car d'après Kane, il semblait doté d'un facteur de régénération particulièrement puissant. Mais l'équipage n'était pas au bout de ses surprises."

Cette fois-ci, ce fût le plan de ce qui ressemblait à l'ile concernée qui s'afficha en grand, illuminant toute la salle dans un halo bleuté.

"Alors que l'île avait été totalement détruite, tous furent effrayé de constater que le lendemain, celle-ci avait totalement changée. A la place des ruines se dressèrent des arbres par milliers et des animaux firent leur apparition de manière totalement inexplicable. Kane et ses hommes explorèrent de nouveau l'île, tentant de retrouver le cratère afin de déterminer ce qui avait causé un tel événement en si peu de temps. Ils ne trouvèrent qu'une seule chose: Un couteau inhibé d'un liquide ressemblant possiblement à du sang mais qu'ils furent incapables d'identifier. Nous sommes aujourd'hui en possession de cette lame et c'est sur celle-ci que cet organisme fit son apparition........et "contamina" cette gigantesque parcelle de terre que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Sheena Island."

Je note chacun des détails et je profite d'une faille dans le système de Waller pour aspirer la totalité des données vers mon propre ordinateur. Je sais qu'elle a deviné ce que je fais et à vrai dire, je m'en moque tant qu'elle n'essaye pas de m'en empêcher.
J'avais effectivement entendu parler de l'épopée de l'Amaranth, le vaisseau du capitaine et explorateur Wenthworth Kane, souvent affilié à tort à la famille de ma mère. Bien que ce nom de famille n'était pas particulièrement rependu, il existait dans le pays 8 familles différentes qui le partageait. De plus, les origines de ma mère ne remontaient pas à aussi loin.

Ce que je savais sur Kane se rapprochait de à peu près ce que la majorité des gens connaissaient de lui: Explorateur souvent décrié comme imprudent, tantôt brave et parfois inconscient mais nageant dans la mer des connaissances sans vraiment s'y noyer en étant détenteur de certains secrets de ce monde qu'il ne partageait que très rarement avec des gens qu'il jugeait dignes de les connaitre.

Je ne puis toutefois réfréner une certaine surprise lorsque le nom de Sheena Island fût prononcé. La coïncidence était énorme sachant que c'était sur cette ile que Terra se trouvait actuellement, bien qu'étant avant tout le fief de l'Empereur. Si Waller voulait me surprendre, autant dire que c'était réussi bien que j'avais encore du mal à comprendre certains éléments de cette histoire car si j'en crois cette histoire, un homme tombé du ciel aurait possiblement été le premier hôte du virus Héraclès.

La suite de l'histoire est connue de tous ici: Un capitaine et son équipage porté disparu et un vaisseau laissé seul à la dérive pendant des jours avant d'être accosté par des milices gouvernementales qui ne trouvèrent rien à bord, sans pouvoir expliquer cette soudaine absence des habitants du galion. Il semblerait donc que "l'inconnu" n'ait pas été mentionné dans les livres d'histoires et moi-même, je dois avouer ne pas avoir eu connaissance de ce détail. Tous s'accordèrent à dire qu'ils avaient quitté leurs fonctions et d'autres évoquaient des tempêtes les ayant fait passer par dessus bord. L'histoire officielle mentionna simplement une désertion, le galion étant sous la juridiction de l'armée américaine au même titre que la totalité des vaisseaux de marchands et d'exploration.

"Qu'est il arrivé à l'homme que Kane et son équipage ont secouru?"

"Vous avez déjà lu Bram Stoker?"

Le mention d'un des auteurs les plus célèbres du 17ème siècle aurait probablement mis la puce à l'oreille du Détective comme un indice flagrant de ce qu'il s'était vraiment passé à bord de l'Amaranth. Comme précédemment, les écrans laissèrent de nouveaux documents et transcriptions faire leur apparition.

"Alors que le Galion avait quitté le large de Sheena Island pour revenir vers Gotham afin d'offrir un soutien logistique face aux forces britanniques qui menaçaient à nouveau, l'équipage fût la proie de phénomènes étranges et certains écrits du Capitaine mentionnèrent que chaque nuit, deux marins disparaissaient sans laisser de trace. A mesure de plusieurs jours de voyage, il ne fût pas difficile pour le meurtrier de très vite venir à bout de l'intégralité de l'équipage. Comme vous pouvez vous en douter, les disparitions ont commencé avec l'arrivée de cet inconnu qui ne donna jamais son nom. Toutefois, le Capitaine Kane nota dans son carnet qu'au fur et à mesure des disparitions, l'inconnu semblait se porter bien mieux que les jours précédents et bien que dénué de preuves, il semblait persuadé qu'il était responsable de ce qu'il se passait."

Un long moment de silence marque la fin de cette longue loghorré tandis que les deux êtres échangeaient maintenant un regard d'interrogation. Waller, elle, souhaitait connaitre le mot de la fin de toute cette histoire. Le Batman, lui, souhaitait probablement assembler les morceaux afin d'offrir un dénouement cohérent et logique à cette dernière et pourquoi pas, à ses amis de la Ligue de Justice.

"Il est des mystères que l’on peut à peine imaginer, et que l’on ne résoudra qu’en partie. J'imagine qu'à la manière du Demeter, il semblerait que l'Amaranth ait subit un sort pire que la mort. Le carnet du Capitaine Kane fût gardé secret durant toutes ces années sur ordre gouvernemental afin de ne pas effrayer la population. Quant à l'inconnu.......il fût porté disparu mais rien ne nous garanti qu'il soit mort aujourd'hui. Un homme tombé du ciel peut probablement résister aux affres du temps."

"............"

Voilà qui réduisait les pistes. Un inconnu atterrissant sur Sheena Island et dont l'arrivée provoquait à la fois la vie sur une ile mais aussi la mort à bord d'un galion du 18ème siècle, disparaissant ensuite sans laisser la moindre trace comme si son existence avait été éphémère. Le seul moyen qui me permettrait d'en savoir bien plus serait ce fameux couteau dont Waller dit être en possession et qui pourrait permettre d'en savoir bien plus sur tout cela.

Une fois de plus, je trouve l'enchainement des événements bien trop cadrés pour que ce soit normal. Un homme tombe du ciel sur une ile qui est devenu à la fois le fief de l'Empereur mais aussi d'une déesse elle-même tombée du ciel si on en croyait ce que j'avais pu entendre lors de mes pérégrinations au Sinner's Inn en tant que Matches Malone. J'en venais à me demander si Cahal et Terra étaient bien les seuls de leur monde à être venus chez nous. Bien sûr, tout cela restait de l'ordre de l'hypothèse mais je ne pouvais me permettre de la laisser de côté.

"Je veux cette lame, Waller !"

J'avais comme le sentiment qu'elle n'allait bien entendu pas me la donner aussi facilement. Pour le gouvernement, c'était une pièce à conviction de premier ordre et il était clair qu'elle n'allait pas me l'offrir sur un plateau d'argent.
Amanda avait raison lorsqu'elle disait que je n'avais pas assez étudié mon ennemi mais à l'époque, ce qui m'importait était d'en finir avec Erebius, Sonatine, Miss White et tous les autres fous qui composaient cette secte apocalyptique qui ne rêvait que d'immortalité et de destruction. Je m'étais toujours promis de ne jamais revenir sur ce dossier et plus d'une fois, j'avais prévenu mes proches que plus jamais je ne voulais réaborder ce chapitre de notre vie. Instinctivement, quelque chose me disait de revenir sur ce sujet.

Et puis, savoir que Lex Luthor pourrait en tirer un avantage supplémentaire alors qu'il semblait déjà s'être bien amusé avec le virus Héraclès me suffisait largement pour ne pas la lui laisser.

"Vous savez que je vous la prendrai de force si il le faut."

"Cela ne sera pas nécessaire."

Un seul appui sur un des nombreux boutons de son bureau et les lumières s'éteignirent, permettant aux volets de se rouvrir. Amanda gardait un regard fixe sur le gardien de Gotham City qui se tenait toujours fixe, face à elle et de plein jour, ce qui était inhabituel avec ce dernier. La situation devait probablement être gravissime dans son esprit pour qu'il n'attende pas la nuit.

"Je suis peut-être une ordure à vos yeux, Batman. Mais j'ai toujours pris ce que je considérerai comme les meilleures décisions pour protéger ce pays. Peu importe si cela devait m'amener à devoir travailler avec les pires salopards de ce pays comme vous le dites si bien."

Devoir accepter de cohabiter avec des enfoirés comme Achilles Milo, Hugo Strange ou même Lex Luthor pouvait rendre n'importe quelle personne pragmatique. Certes, Amanda ne cachait pas son envie d'être en haut de l'échelle mais elle n'en oubliait pas moins ses objectifs actuels. Son regard se porta vers un des nombreux tableaux qui décorait la salle, une reproduction de Samson et Dalila par Pierre Paul Rubens, un artiste brabancon de talent issu de l'école baroque allemande. Sans être une spécialiste de l'art, Amanda appréciait d'avoir quelques décorations, surtout si elles permettaient de cacher un gigantesque coffre-fort par exemple et qui contenait une boite scellée hermétiquement avec à l'intérieur, une dague d'origine dimensionnelle et peut-être plus ancienne qu'on ne pouvait le croire. Batman n'avait plus qu'à se servir......et c'est ce qu'il fit.

"Le dernier échantillon du virus était celui injecté à Croc. Je me suis assurée après le vol que ce qu'il en restait soit détruit. Le responsable, quant à lui, a été attrapé mais nous n'avons pas eu le temps de l'interroger avant qu'il se donne la mort par cyanure. Quant au couteau, je me doutais que vous le demanderiez mais je ne vois pas ce que vous pourriez en tirer. Malgré nos recherches, le sang qui se trouve encore dessus ne correspond à aucun être vivant dans ce monde ou dans l'espace que nous connaissons."

Amanda s'était à nouveau relevée, tournant à présent le dos au Chevalier Noir tandis qu'il examinait le contenu de la boite. Intérieurement, Waller se maudissait de devoir une fois de plus accepter d'en dévoiler plus que nécessaire au Croisé à la Cape mais à quoi bon lui cacher puisqu'il aurait fini par tout découvrir comme c"était toujours le cas pour le meilleur détective du monde.

"Mais je suppose que cela ne vous fera pas reculer. Sachez toutefois que le président Luthor risque fort de vous traquer pour cela quand je lui dirais que vous êtes venu voler des dossiers et des pièces gouvernementales...."

Fallait il en vouloir à Waller de tenter de sauver sa peau par un aussi vil mensonge? Probablement pas. D'avoir participé à cacher un événement pouvait amener à la fin du monde? Cela était un sujet discutable. Mais à sa réplique, la vieille femme n'entendit que le silence et alors qu'elle se retourna, elle comprit pourquoi.

Combien de secondes lui avait il fallu pour disparaitre aussi facilement, sans le moindre bruit ni laisser la moindre trace? Moins de 5 selon ses estimations.

"...........et cela ne vous effraye pas, j'imagine. Plus les choses changent et plus elles restent les mêmes." termina-elle à voix basse en baladant une ultime fois ses yeux sur une pièce à présent vide et silence.