Gotham City, Le Village
5 jours après la Singularité
2 heures après le Contact

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La solitude, un sentiment partagé, à la fois bénéfique et une malédiction. Tout être avait éprouvé, une fois dans sa vie, le besoin d'être seul, recherchant le calme et la sérénité. C'est une expérience que nous avons tous vécu avec des répercussions différentes.

Il y'avait ceux qui aimaient se complaire dans la solitude, peu faits pour accepter le contact d'autrui et préférant une vie de marginal ou d'ermite, pour employer des termes plus adaptés. C'était même leur seul moyen de vivre, préférant rejeter tout code sociétal pour se forger leur propre monde....ou devrait-on dire, leur propre bulle.

A Gotham, il existait effectivement un tel homme ayant choisi cet itinéraire, arpentant une route ténébreuse sans fin ni même possibilité de retrousser chemin. De ce fait, il avait lui-même choisi jusqu'au moment où il comprit ce qui l'attendait réellement au bout de la piste. Il fît bien du travail sur lui même pour chasser l'entité qui lui dicta plus d'une fois qu'il ne devait en aucun cas accepter le moindre compagnie dans sa vie et ne se consacrer qu'à une seule chose: Sa croisade sans fin et sans espoir......mais bien des signes du destin lui furent envoyés, le poussant sur une route qu'il ne pensait pas vivre un jour, lui qui avait perdu sa famille étant enfant pour finalement devenir le patriarche d'une nouvelle famille qu'il se créa: Un fils biologique, une fille et des fils adoptifs, un majordome digne d'un véritable père, présent jusqu'à la fin....et au final, une dynastie qui n'allait peut-être pas s'éteindre sous les coups de feu et les projecteurs. Ainsi allait se perpétuer l'héritage de Wayne et la fin de la solitude pour la Chauve-Souris alors que sa vie partait plutôt mal, le menant sur le chemin de la solitude morale.

La solitude morale, c'était ce chemin que le Garou empruntait, assis au milieu des décombres d'un appartement ayant autrefois servi de squat, dévoré par des pensées plus bruyantes que le silence du lieu et la circulation au loin. Cela faisait maintenant cinq jours qu'il avait tout perdu, ne lui laissant plus que ses souvenirs d'une vie passé à jamais révolue et une nouvelle vie dont il ne voulait pas. Si je pouvais à l'instant plonger plus profondément dans ses pensées, je serais prêt à parier, chers lecteurs et chères lectrices, que Cahal ne pourrait supporter plus longtemps une telle vie.

Que ressentait-on lorsqu'on réalisait avoir tout perdu en quelques secondes? Que pouvait-on souhaiter dans les pires moments quand on savait que rien ne nous serait rendu?

Dans tout le quartier, on pouvait à présent l'entendre hurler à la mort depuis de longues minutes, discerner sans souci quelque chose qui se situait entre la rage bestiale et la souffrance d'avoir tout perdu.

Tout ce qui lui reste, c'est la souffrance. Et la haine, la haine profonde et absolue qui l'avait mené à cette situation alors que si il avait en avait terminé avec Spellbinder la première fois, tout cela n'aurait jamais eu lieu.

Que ressent-on alors lorsqu'on doit porter sur ses épaules, le poids de sa propre culpabilité après une erreur de jugement et de choix?

Je vous laisse en être juge en cherchant au plus profond de vous-même tandis que je vais à présent observer la suite des événements........mais dites moi: Est ce des bruits de pas que j'entends dans un des nombreux couloirs voisins ou mon ouïe me joue d'étranges tours aujourd'hui?

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Suivre le Garou avait été chose aisée tant il laissait des traces de sang un peu partout. La jeune fille se rappelait pourtant l'avoir vu blessé mais ses blessures n'étaient plus, ne restant que celui recouvrant intensément son pelage de la tête au pied.

En curieuse et surtout intriguée par l'étrange visiteur, elle voulut en savoir plus sur lui. Un choix et un chemin dangereux pour celle-ci alors qu'elle ne connaissait rien de celui qui avait attaqué le Village par pure méprise avant de décider de partir sans en dire plus.
Incapable d'accepter que les choses se passent ainsi, la jeune fille à la chevelure d'ébène avait parcouru les nombreuses ruelles avant de trouver des traces menant au vieux squat des Demonz qui avaient depuis bien longtemps quitté les lieux après un bottage de cul en règle de la part de la Bat-Famille.

Depuis, tout avait été laissé en ruine. Ni eau courant, ni électricité et le chauffage laissait clairement à désirer. Mais il y'avait au moins un toit et quatre murs et on pouvait supposer que cela suffisait à ce nouveau locataire des plus particuliers.

L'appartement était petit, situé au septième et dernier étage, surplombant avec facilité le Village et offrant, depuis une fenetre circulaire brisée un assez bon panorama de la ville avec, au loin, les buildings des quartiers riches, contrastant avec les bâtiments modestes des quartiers habitables comme le Village, l'East End ou même Gramercy Row.

Ses rugissements lui avaient vite permis de le localiser, passant parfois à coté de passants effrayés, tétanisés par de tels cris. D'autres virent leur sommeil se faire transpercer par des hurlements, étant dans l'impossibilité de mettre une origine dessus puisque n'ayant pas encore conscience pour beaucoup de la présence du Loup-Garou dans le quartier. Certains avaient appelés les flics afin de tenter de leur parler de ces cris monstrueux.....mais il y'avait bien longtemps que la Police ne mettait plus les pieds dans le Village, même sous la juridiction de Gordon.

Avait-elle eue peur lorsqu'elle suivit ses traces, observant par moment les regards effrayés des gens entendaient la bête mugir depuis le vieux QG des Demonz? Une part d'elle avait été tétanisée et s'était demandé si elle devait le faire et une autre part ne souhaitait qu'une seule chose: Rebrousser chemin.
Aussi étrange que cela puisse paraitre, elle avait ressentie l'envie, comme une attirance presque surnaturelle de vouloir le rejoindre, tenter d'en savoir plus et pourquoi pas, l'aider.

Monter les escaliers ne fût pas difficile. Mais passer à travers les quelques groupes de gens devant l'entrée fût plus compliqué, certains s'improvisant les gardiens d'un soir pour tenter de dissuader quiconque aurait l'idée saugrenue de vouloir en savoir plus. Il ne lui fallu quelques minutes pour atteindre son objectif, l'appartement n°28 au septième étage, dont les cloisons encore grinçantes pouvaient parfois se faire entendre quand à travers elles s'engouffraient de sporadiques courants d'air semblables à des lamentations d'outre-tombe. A travers la vision de cette enfant, il était possible de voir l'étendue des dégâts: Des cloisons défoncées dont les couleurs vives d'un bois vernis avaient virés au vert empire, proche du stade de la moisissure.  Le sol, quant à lui, était couvert de monceaux de verre de toutes tailles et auprès de la fenetre circulaire flottait tel un esprit à la recherche de sa bien aimé, un long morceau de tissu blanc endommagé et déchiré par les affres du temps et du climat. Peu de meubles pouvaient se targuer de tenir un tant soi peu au milieu de cette casse.

Et pourtant, tout était redevenu si calme d'un coup, à l'exception du vent qui se levait à présent comme chaque soir depuis la tempete qui avait frappé la ville cinq jours auparavant.

Au fond de la pièce, une vieille horloge sonne à présent les douze coups de minuit, offrant une nouvelle journée de souffrance à un voyageur qui ne daignait plus se montrer alors que caché au fond d'une pièce, il observait la jeune enfant marcher d'un pas peu assuré à travers l'appartement.

"Il y'a quelqu'un?"

Aucune réponse ne vint à elle tandis qu'un pas après l'autre, elle traversait l'immense pièce qui servait à la fois de salon, cuisine et entrée. Cet endroit avait tout d'un ghetto dans lequel se balader n'avait rien de bon.

"Hé ho........."

Sa voix est calme,bien que trahissant un léger stress. Elle sait qu'il n'est pas loin, l'ayant aperçu depuis la rue, juché devant la fenêtre alors qu'il hurlait de douleur, non pas à cause des tirs subis mais de ce que son cœur lui faisait subir à cet instant.

"Tout le monde t'a vu à la fenêtre ,tu sais.......et j'ai suivi tes traces."

Un pas l'amène à marcher dans une petite flaque légèrement poisseuse, presque coagulée. Difficile de se tromper sur ce dont il s'agissait.

"Allez, montre toi, s'il te plait. Tu sais, ça sert à rien de te cacher. Je vais pas te poser de problème, c'est promis." rétorqua la jeune femme, tenant son sac à dos à pleine main comme si elle souhaitait s'en servir comme arme, montrant toutefois le peu d'assurance dont elle était dotée maintenant qu'elle était entrée dans la tanière de la bête.

Mais aucune réponse ne vint dans l'immédiat. La bête s'était tue pour ne laisser place qu'aux paroles légèrement tremblantes de la nouvelle protagoniste qui s'était immobilisée non loin d'un vieux canapé bien qu'endommagé, pouvant encore servir un peu. Mouillé, rapiécé et déchiré par endroit, deux des coussins pouvaient voir leur mousse s'échapper et chose particulière, du sang encore frais entachait ce dernier. La jeune fille comprenait à présent un détail qui avait son importance: L'appartement n'avait pas été vraiment abandonné mais avait fait les frais de la colère du Garou, ce qui expliquait certaines projections de sang au niveau de la fenêtre brisée.

"Bé j'espère que le proprio va pas venir te faire la misère après que tu aies tout démoli." rajouta-elle, sur une pointe légèrement teintée d'humour, comme pour à la fois détendre l'atmosphère et pour se rassurer.

C'est là qu'elle le vit enfin, cachée dans un recoin non éclairée, son ombre gigantesque ressortant en partie de l'obscurité, ne faisant entendre de lui qu'une grave et puissante respiration dont elle pouvait parfois voir les effluves se positionner à quelques centimètres de là où il se trouvait. Bien que surprise, le jeune fille ne laissa pas grande chose transparaitre, même pas un cri de surprise.
Oh, elle avait été, oui. Sur l'instant, elle avait eue peur de voir la créature se jeter sur elle et la mettre en pièce. Cela aurait pu être d'une facilité déconcertante.

Mais cela n'eut pas lieu.

"Dis donc. Tu étais plus bavard tout à l'heure."

Malgré sa taille imposante, elle aurait jurée qu'il semblait recroquevillé dans un coin de la pièce, comme semblant refuser de bouger. Avec l'obscurité, il était difficile de discerner avec exactitude la scène et cela la poussa à vouloir sortir un objet de son sac qu'elle posa doucement, comme pour lui montrer que ce qui allait en sortir n'était en rien dangereux. Un objet cylindrique, long, pourvu d'une lentille se trouvait dedans. Bien que les piles étaient bien entamées, elles pouvaient encore servir dans cette lampe bon marché qu'elle désirait employer.....bien que par un étrange coup du sort, celle-ci refusa de s'allumer, laissant les deux protagonistes dans l'obscurité.

"Merde, c'est quoi ce délire? Elle fonctionnait encore bien tout à l'heure. Bon, on va devoir faire sans,j'imagine. Ca te gêne pas si je m'assois en face de toi?"

Une fois de plus, aucun mot ne sortit de la bouche....ou de la gueule de la créature, probablement trop occupée à ruminer ses pensées.....ou peut-être se fichait elle totalement de la présence de la jeune fille qui ne faisait que l'ennuyer depuis son arrivée.

"Il parait que qui ne dit mot consent." termina elle, tentant de s'assoir au milieu des détritus, monceaux de bois et de verre brisés par la furie vengeresse d'une créature semblant bien impuissante face au destin. Une fois en place, elle fixa une fois de plus l'immense ombre qui semblait la surplomber, se demandant comment entamer la conversation avec autant de facilité que Simon. Ce n'était tous les jours qu'on se retrouvait face à un lycanthrope interdimensionnel.

"Tu............veux toujours rien dire?"

"......................"

Le silence après la colère, la haine et la peine. C'était tout ce que le "monstre" avait à lui offrir. Pas de mots, pas de menaces, pas d'invectives.......rien que le silence et une haine profonde de l'hypocrisie qui l'avait mené jusqu'à ce monde qu'il détestait depuis la première minute où il y'avait mis les pieds. On pouvait dire que Spellbinder avait particulièrement bien choisi l'Enfer dans lequel il avait précipité le lycanthrope.
A cet instant, il aurait aimé pouvoir oublier toute sa vie passée afin d'atténuer sa souffrance et de rendre cette expérience un peu plus supportable.

Tout se bousculait sans cesse dans son esprit: Terra, les enfants, l'Agence, Spellbinder, Batman, Azrael, la Sorcière........un afflux d'informations constants se mélangeant en une myriade d'image incompréhensibles et sans aucun sens. Des voix qui crient. Des voix d'outre-tombe, celles de sa femme et ses enfants.
Terra, Isaac, Juno.......
Immobile,  le regard vide et le cœur sans vie, perdu dans le désespoir, il tend pourtant l'oreille aux paroles de la jeune fille, incapable d'y répondre.

Des voix d'une époque à la fois proche et lointaine lui parviennent à ses oreilles. C'était il y'a six jours, lors des préparations pour les prochaines festivités d'Algherty. Il leur avait promis de les emmener, d'être là pour eux, jurant de ne pas faire faux bond comme cela lui était arrivé à de nombreuses reprises car envoyé en mission au dernier moment.

Ça résonne encore dans sa tête, martelant encore et plus violemment à chaque seconde. Des hurlements, une explosion de magie, ses enfants qui pleurent tandis qu'ils le voient se faire happer par le vortex. Il peut les entendre, mais ne plus les voir. Cela lui glace le sang, lui brise le cœur et brûle son âme comme du métal chauffé à blanc. Il ne lui reste que des regrets qui lui vont droit au cœur et cela reste jusqu'à la mort.

Mais la Mort.......pour lui, un Dieu qui ne peut plus mourir? C'est une éternité de tourmente qui l'attend dans ce monde où tout lui a été retiré, jusqu'au bonheur qu'on lui interdit une fois de plus.

".........Elle disait........que pour l'aimer.........je devais vivre comme un homme....voyager, apprendre et me comporter comme tel. Abandonner la bête, accepter de laisser les humains en paix......et apprendre auprès d'eux..........savoir leur pardonner."

Pour la première fois, il laissa sa voix se faire entendre et bien qu'il parlait à voix basse, celle-ci résonna dans l'appartement vide, étant donc parfaitement audible pour la visiteuse.

"J'ai exaucé sa demande.........et agit comme tel. J'ai appris, contrôlé la bête. J'ai voyagé en tentant d'apporter mon aide.........à ceux dans le besoin...........J'ai sondé mon âme à la recherche de réponses.......pour la seule raison que je l'aimais."

Le lycanthrope marque un moment de silence, tendant l'oreille aux divers bruits extérieurs. Plus bas, il peut entendre la petite foule qui s'est rassemblée, semblant attendre qu'il se montre à nouveau, chose qui n'arrivera pas. Cahal refusait d'être une bête de foire aux yeux d'une bande de mécréants, certes, innocents, mais incapable de faire autrement que de soumettre à un vulgaire sentiment de voyeurisme pour assouvir leur besoin de sensations fortes et de curiosité apaisée.

"............et aujourd'hui, il semblerait que j'en ai fini...........avec ma vie d'homme."

Cette fois, le regard de la créature se porta sur la jeune femme, les yeux rougeoyant comme deux rubis dans l'obscurité, émettant presque une lumière à la fois chaude, attirante....et terrifiante.

"A cet instant...........rien ne pourrait m’empêcher de prendre ta vie.......ou celles des habitants de cette ville.

Cela avait toutefois été dit sans la moindre conviction dans la voix, comme si il tentait de se convaincre que la possibilité existait. Mais l'annoncer d'une telle manière n'avait rien d'une menace. Il ne s'agissait que d'un constat amer face à l'inéluctabilité de sa nouvelle vie de dieu solitaire.

"Donne moi une seule raison de ne pas te tuer et de t'emporter avec moi dans la tombe maintenant que j'ai tout perdu."

Une réponse qu'elle n'aura pas le temps de donner puisque la créature avait décidée de faire à la fois les questions mais aussi les réponses.

"Je vais te la donner: Parce que c'est ce que ma femme aurait désiré..........que je ne vous tue pas, toi et tes semblables malgré ce que vous m'avez fait subir durant des siècles. Au final, nous sommes tous esclaves des souhaits de notre famille, gamine."

Malgré sa mine renfrognée par le tout dernier mot que le Lupus employa, la jeune femme avait écouté l'intégralité de ses paroles et n'arrivait pas à se dire qu'il semblait avoir tant perdu en si peu de temps. Cela ramenait à pas mal de souvenirs qu'elle avait personnellement vécu et qui avaient laissé des cicatrices fraiches dans son esprit malgré le temps.
En fait, le No Man's Land ne datait pas tant que cela mais elle en voulait aux milliardaires, aux bandits et à ceux qui s'étaient laissés aller à leurs pires pulsions durant cette longue période mais plus encore, elle en voulait à cette "organisation" qui avait tenté de faire main basse sur la vie des habitants.

Plus d'une fois, elle avait voulue se battre, prendre les armes, faire face aux tueurs de la Ligue des Ombres comme beaucoup l'ont fait et plus d'une fois elle en fût empêchée par certains trop lâches pour accepter de sauver leur peau, préférant parfois devenir les chiens de la Ligue plutôt que leur victimes.

Puis vint la Lignée, la défaite de Batman et le recul de la Ligue. Ce fût un enchainement rapide, d'une rare violence, amenant à une nouvelle division au sein de la population. Un sujet mainte fois évoqué et provoquant la présence de deux forces cohabitant et protégeant Gotham à leur manière.


"Je suis désolée si on t'a fait du mal. J'ai pas l'intention de t'en faire.....et puis, tu l'a dit: Tu pourrais me tuer facilement....." rajouta l'enfant à voix basse alors qu'elle laissait tomber l'idée d'employer sa lampe qui avait clairement décidé qu'il était temps de rendre l'âme, obligeant la petite curieuse à ranger son outil dans son sac avant de pousser un long soupir, portant son regard vers la fenêtre.

"Moi aussi, j'ai tout perdu, donc........j'imagine que je peux te comprendre un peu."

Son regard se pose une fois de plus sur le regard bio luminescent de la créature, dont les yeux rouges avaient étrangement viré au bleu, jouant presque le rôle d'indicateur de comportement chez le Garou.

"Peut-être qu'on aurait pu éviter ça tous les deux, dans un sens..........oh et merde, je suis pas douée pour les discussions philosophiques. J'étais une zéro pointée au bahut."

Plus bas, les brouhahas se sont calmés, devenant à peine perceptible. Les gens semblaient même quitter le secteur. S'étant levé pour jeter un œil, elle vit que cela était le cas bien que quelques badauds tentaient vainement d'apercevoir l'immense créature qui ne daignait plus se montrer. C'était mieux ainsi, fort heureusement.

"On dirait qu'ils en ont assez de t'attendre. Ils retenteront demain.....avec le même résultat."

Quelques secondes la séparaient de sa réplique jusqu'au moment où elle vint se repositionner face à l'étrange créature qui avait observé ses moindres faits et gestes.

"Tu l'aimais vraiment, n'est ce pas..............J'aurais aimé que les mecs que j'ai eu me parlent ainsi mais c'était tous que de pauvres cons à l'exception d'un seul.........et lui aussi, on me l'a pris."

Cette enfant parlait beaucoup et avait beaucoup à dire, incapable de mettre des mots sur son ressenti. Cahal l'avait attentivement écouté bien qu'elle faisait preuve d'une certaine maladresse dans sa manière de lui adresser la parole. Pas étonnant quand on se retrouvait face à un lycanthrope plusieurs fois centenaire si ce n'est plus encore. L'âge, le Temps, la Vieillesse et la Mortalité, des "concepts" qui ne voulaient plus dire grand chose pour lui maintenant qu'il était devenu un Fils de Selmak.

Mais pour les humains, cela était tout car chacun et chacune dans ce monde disposait d'un temps qu'il devait mettre à profit pour accomplir les objectifs de sa vie. Par moment, il arrivait que des "obstacles" viennent se mettre à travers le chemin, à la manière de la Ligue des Ombres dont il entendait pour la deuxième fois la mention, au même titre que la Lignée, cette organisation qui régnait sur Gotham City en traquant et tuant les criminels, souvent d'une manière sonore et dégueulasse. Voilà qui aurait plu à Deimos qui aurait surement trouvé une place de choix en leur sein comme Seigneur de Guerre et de la Torture. Ce type, l'Empereur, aurait probablement adoré l'avoir à ses côtés.

Au final, elle et lui avaient tout perdu par l'intrusion d'éléments non désirés sur la ligne de leur destinée.
Ressentait-il pour autant une quelconque forme de compassion vis à vis de la jeune femme? Pas vraiment, lui qui n'était pas doué pour les rapports humains ce qui était tout le contraire de Terra, empathique, à l'écoute et toujours là pour apporter un peu de chaleur intérieure à toute personne dans le besoin. Il étaient comme les deux cotés d'une seule et même pièce, L'Ombre et la Lumière, le Yin et le Yang, La Force et la Sagesse.

"On ne t'as pas fait de cadeau, hein........." rétorqua la créature lycan à l'égard de l'inconnue. Maladroite, certes mais son âme était entachée par la douleur, la colère et la rancœur vis à vis de ce qui l'avait attaqué durant sa vie à Gotham.

"Oui, tu vois juste bien que ce soit facile à deviner. Elle était la seule que j'ai profondément aimé durant mon existence toute entière. Sans elle, peut-être n'aurais-je été qu'un monstre de plus sur la liste des Chasseurs, incapable de pardonner, d'accepter et de tolérer une espèce qui a pourtant tenté de me détruire durant des millénaires........comme ils ont massacré mon clan. Tu vois, nous avons tous nos croix à porter. Sa présence............m'a permis de rendre mon destin moins difficile."

C'est dingue à quel point il y'a encore un instant, l'adolescente était peu rassurée en la présence et voici qu'à présent, elle taillait tranquillement une discussion avec lui, presque fasciné par ce qu'il était, son histoire et ce qui l'avait amené ici. Bien sûr, elle se garda bien de lui faire mention du fond de sa pensée.

C'était vrai qu'il exerçait une vague influence sur elle, poussant un peu plus sa curiosité dans les limites raisonnables mais malgré ce qu'elle avait pu entendre de lui, elle souhaitait en savoir plus sur son histoire, ses origines, ayant bien compris que lui aussi s'était bien gardé d'en dire beaucoup comme pour éviter de se prévaloir d'une quelconque information. En fait, il s'était contenté de dire le strict minimum avant de laisser tout le monde en plan, n'offrant qu'à Simon seul l'intégralité de son histoire...et ce n'était pas celui-ci qui allait en dévoiler les moindres détails. Il se contentait de savoir, de faire usage de cette connaissance pour mieux cerner celui qui lui avait fait face afin de tirer profit de la situation...et éviter un bain de sang. On pouvait donc dire que c'était une mission réussie.

Mais pas pour elle, pas pour cette jeune fille dont l'avidité d'informations la dévorait progressivement. Compréhensible car ce n'était pas tous les jours qu'on croisait quelqu'un de différent.....comme elle.

"Clay m'a toujours aidé et soutenue quand j'ai eu besoin de lui. J'étais en froid avec ma famille et comme pour ta compagne, il a fait en sorte que ma vie ne soit pas trop pénible................."

Mentionner Clay était toujours difficile pour la jeune femme aux airs d'adolescente. Ils avaient grandis ensemble, connu les moments à la garderie, le bac à sable, l'école....et d'années en années, ils s'étaient rapprochés jusqu'à ce que se concrétise enfin le moment qu'elle avait attendu, devant parfois faire face aux avances problématiques et harassantes de prétendants aussi bornés, idiots et obsédés les uns que les autres. Il n'était pas difficile de sentir sa voix tremblante à cet instant.

"..........Si il n'avait pas été là, c'est moi que......la ligue aurait tué. Alors oui, je sais ce que ça fait de perdre quelqu'un qu'on aime. Depuis, je ne souhaite qu'une seule chose: Tuer la salope qui est responsable de sa mort."

Si la tristesse avait été palpable durant les quelques secondes où elle mentionna Clay, les choses prirent un autre tournant lorsqu'elle mentionna une femme, apparemment liée à cette Ligue des Ombres. Un autre point commun qu'elle partageait avec le lycanthrope qui semblait très à l'écoute durant ces quelques minutes.

"Quand l'Empereur est parvenu à vaincre Batman, la Ligue a foutue le camp tellement ils avaient peur de lui. Mais avant ça, cette femme a ordonné un massacre général.......et des familles ont été tuées.........."

Une fois de plus, elle passe de la colère à la tristesse, sa voix tremblant plus que d'habitude, rendant l'articulation et la mention difficile pour elle dont les stigmates étaient encore très présents.

"..............dont la mienne."

"J'en suis navré........et je le pense sincèrement."

Encore une histoire tragique, presque similaire aux trop nombreuses qu'il avait vu, entendu et vécu à la fois sur Mortalis où son impuissance l'avait conduit à un désespoir qui lui-même, l'amenait progressivement sur le chemin le plus définitif pour faire cesser cela. Sur Neredia, les choses furent bien différentes et plus d'une fois, Cahal mit sa force au service des innocents qu'il avait pourtant méprisé et haï avec une très grande conviction de par son vécu.

Pardonner? Accepter de faire table rase du passé? C'était impossible pour lui qui ne demandait que la vengeance après son arrivée, prêt à devenir pire encore que ceux qu'il était censé traquer au fin fond du Royaume. C'était pourtant se condamner à un Enfer sans fin, une tourmente et indicible torture qui aurait dévoré les restes de son âme et de sa vie.


Tel furent les mots d'un de ses mentors lorsqu'il fit part de ses sentiments les plus profond vis à vis de l'humanité, des mots qui vinrent pourtant de quelqu'un qui avait autant souffert que lui des choix et actes de l'humanité.......et qui de mieux que Karno Alexander, lui même membre et dirigeant du clan Nyx pour le ramener sur le bon chemin quand ce n'était pas Terra en personne.

"Nul ne t'a aidé à part Clay et il en a payé le prix........mais le chemin de la vengeance ne t’amènera à rien. A une époque, je t'aurais dit que toute vengeance était permise tant qu'elle atteignait le coupable mais plus le temps a passé, jeune fille.....et plus un élément m'est apparu comme indiscutable: Elle atteint aussi le cœur et l'âme de celui ou celle qui la réclame. C'est une loi immortelle et universelle contre laquelle il est impossible de lutter."

Le Garou marque un moment de silence. Il repense à ce que Karno a vécu, lui qui fût obligé d’exécuter de ses propres mains......ou plutôt, devrait-on dire, de "libérer" son ancienne compagne de sa terrifiante souffrance. Les hurlements et crises d'angoisses nocturnes d'Albrecht lui repassent dans la tête au même titre que celles d'Ophélia, victimes des sévices du Cirque des Damnés......et plus encore, il repense aux nombreuses envies de vengeance de la tueuse de Loup-Garou qui était devenue l'élémentaliste de l'Agence.
Tous auraient pu mal finir tant le destin semblait prendre un malin plaisir à se mettre sur leur route et pourtant, tous ont finalement changé leur manière d’interpréter, d'agir et de penser pour se focaliser sur des idéaux plus nobles, moins monstrueux.

"Ta rage est si palpable que je peux humer son odeur. Aucun enfant ne devrait avoir à vivre de tels sentiments. Ce que la Ligue t'a fait est impardonnable et mérite un châtiment..........mais il s'agit d'une armée......et tu n'es encore qu'une enfant..........qui me cache quelque chose, n'est ce pas."

Un élément que le Garou avait senti bien avant l'arrivée de la jeune femme. C'était tout aussi palpable dans l'air, troublant presque ce dernier jusqu'au moment où la jeune femme eut franchi les portes de l'appartement. C'est à partir de là qu'il la vit, dansant autour de sa personne, entourant et virevoltant aux cotés de celle-ci.

"Une enfant avec un don......."

La surprise est totale pour la jeune enfant. D'abord, la leçon de philosophie et ensuite, voilà qu'il avait deviné qui elle était réellement. Son regard écarquillé et son petit cri de surprise témoignèrent à quel point elle fût prise au dépourvu face à la créature qui semblait capable de lire en elle comme dans un livre ouvert.

"......COMMENT.........."

Reprendre son calme, respirer un coup et tenter de penser de manière rationnelle. Il était clair que ce Garou n'avait rien à voir avec ceux qu'on décrivait dans les nombreux films du cinéma, eux qui étaient bestiaux, meurtriers et incapable de penser et rationaliser comme un humain. Celui qui se trouvait en face d'elle en était l'anti-thèse même et la preuve qu'il existait depuis des éons des êtres capables de transcender l’imaginaire, la chair et la physique. Dans le cas de cette dernière, elle en était un exemple flagrant aussi bien que jeune et donc, inexpérimentée contrairement à la créature plusieurs fois millénaire.

La gamine soupire, à peine surprise après mûre réflexion. C'était évident qu'il était âgé, donc puissant et capable de voir cela sans même avoir à poser la question. Pourquoi lui cacher? Il ne lui faut que dix secondes pour prendre sa décision.

"............je sais pas comment tu le sais mais oui.....j'ai quelque chose.....en moi."

Sa main droite se lève au niveau de son visage. Elle agite doucement ses doigts jusqu'à ce qu'une petite lueur verte émeraude se forme progressivement, se transformant petit à petit en un mince filet presque filandreux et transparent, dansant petit à petit autour d'elle. Elle doit rester concentrer, ne pas perdre le contrôle et faire en sorte que cela ne touche personne. Après quelques secondes, cette force revient en elle et s'éteint progressivement, ne laissant plus dans la pièce que la belle et la bête.

"On appelle les gens comme moi des Freaks. Un putain d'euphémisme pour dire que nous sommes des monstres. En général, quand ça arrive à un jeune de Gotham, il finit à Arkham, dans une aile spéciale entre les mains du Docteur Strange......ou de ce taré de Jeremiah. On n'a jamais de nouvelles de ceux qui se font attraper mais ils disent à la télé qu'ils vont bien et qu'on doit les isoler pour mieux les "soigner"..........mais je sais que ce sont des putains de conneries. Ils nous traitent comme ceux de Smallville à Belle-Rêve."

Une fois de plus, elle réinvoque ces mystérieux filets de lumière verte émeraude et le processus ne prend pas plus de quelques secondes. Elle semble en garder le contrôle, les faisant tournoyer autour d'elle pour finalement les remodeler à sa manière, réunissant ces derniers au dessus de sa main droite jusqu'à ce que le tout le forme plus qu'une étrange sphère d'énergie comparable à une boule de feu.

"Je peux invoquer ça depuis la mort de Clay. C'est venu dans un moment de colère. J'ai du mal à le contrôler......et j'ai peur de tuer quelqu'un d'innocent avec ça. Je suis déjà un monstre aux yeux des gens qui nous haïssent......mais imagine qu'en plus, je blesse quelqu'un sans le vouloir."

Sa main se ferme et l'espace d'un instant, un bruit comparable à une flamme étouffée se fait entendre, faisant disparaitre la boule d'énergie.

"T'imagines, toi.........Leona, le Freak de Gotham. Par moment, je sens cette chose qui essaye de sortir, comme si elle bouillonnait en moi. Quelle ironie quand on sait que c'est né de ma colère. C'est comme une bête qui me hurle de lui laisser la place........... "

"C'est un très beau prénom que tu portes......et tu peux le porter avec une grande fierté."

La jeune fille était donc bien plus qu'elle ne pouvait l'imaginer et bien que faible, son aura était présente ce qui confirmait qu'elle n'était pas une aberration de la science mais une force de la nature, une créature liée aux flux des énergies anciennes. En clair, d'une manière ou d'une autre et pour une raison qui lui était encore inconnue, Cahal comprenait que cette enfant avait un lien tenu mais présent avec le Nexus au sein duquel se réunissaient les énergies dimensionnelles pour ne former qu'un seul flux.

"Tu n'es pas un monstre, Leona. Tu es bien plus que ce qu'on a accepté de te dire. Pour des ordures comme Jeremiah ou ce Strange, vous êtes des anomalies dans un calcul scientifique complexe qu'ils tentent de résoudre par la raison, la science et les médicaments. La mort chimique à petit feu, détruisant progressivement la carte de l'âme, pensant et s'évertuant dans la croyance que seules des règles chimiques régissent nos corps. Mais dans les faits, tu te situes au dessus de la chaine alimentaire. A la manière des arbres, tu cherches ta place au milieu d'une vaste forêt mais tes racines ne peuvent se plonger impunément dans n'importe quel sol."

C'était à présent le moment philosophique, ce qui était étonnant pour une bête aussi puissante et massive. Il fallait s'en douter que ce qui parlait pouvait aussi penser et le fait que cela "pense", pouvait poser problème comme cela pouvait fasciner.

"Il existe des forces auxquelles nous sommes reliés. En tout chose, il existe un flux et un reflux. Cherche à aller contre comme tu le fais et cela sera comme si tu nageais à contre courant. Ta seule possibilité est d'accepter ce que tu es et laisser ce pouvoir affluer en toi. Cela ne veut toutefois pas dire que tu dois utiliser ce pouvoir n'importe comment mais j'imagine que tu le sais déjà maintenant que tu as laissé les énergies du Nexus t'envahir."

Smallville, Belle-Rêve, Arkham.........autant d'informations qui lui rappellent de tristes et sombres moments de sa vie de Mortalis, enfermé pendant pendant plusieurs années dans un établissement ou autorité, brutalité et désespoir faisaient loi, tentant de s'interposer pour protéger ceux qu'il en estimait dignes.
Et pour quel résultat, pauvre petite merde insignifiante qu'il était entre les mains de ses bourreaux? Punitions, brimades, violences physiques.....et tout cela était encore vif dans son esprit au point de souhaiter retourner sur place pour faire ce qui lui semblait le plus juste: Brûler et tuer !! D'un monde à un autre, les choses ne semblaient pas si différentes quand on posait attentivement son regard dessus.

"Ton prénom te prédispose à de grandes choses, Leona, mais pas celles que tu imagines. Tu vaux mieux encore. Tu l'ignores simplement. Pour bien des gens, ce que tu es n'est qu'un mot, un concept vague qu'on ne retrouve que dans des œuvres de fictions, ne vivant que pour satisfaire le petit bonheur sans saveur d'êtres endormis, imperméables à des réalités pouvant leur permettre d'élever leur conscience. Tu as eue l'immense privilège, jeune lionne, de pouvoir être marquée par le destin."

Le lycanthrope se montrait étonnamment bavard à cet instant et pour cause car depuis quelques minutes, il ressentait une étrange impression, comme une sensation de lien avec Leona. Pas d'attirance physique ou autre, non, mais plus intensément, comme une vague de spleen qui déferlait sur lui. Il y'avait bien ce dégout qu'il ressentait pour Gotham, ce monde gris, bétonné et sans lumière apparente mais il ne pouvait s’empêcher de se focaliser sur cette fille, cette "paranormale" qui lui donnait le sentiment d'un dernier lien avec le monde d'où il venait.......et intérieurement, il se demandait, se posait la question, la seule qui méritait d'être posée: Etait-elle aussi une exilée comme ce fût son cas et celui de Terra?

"Mais sans maitrise, ton pouvoir n'est rien entre tes mains. Je peux t'apprendre à le contrôler mais en mettant une condition: En aucun cas, je ne veux que tu ne joues à l’héroïne."

En guise de réponse, Léona n'eut qu'un regard écarquillé à lui offrir, manquant presque de s'étrangler face à sa condition, chose à laquelle elle s'était un peu attendue tout en se raccrochant à un mince espoir.

"QUOI?"

Un seul mot, vibrant comme une exclamation de tout son être fût sa seconde réponse, comme démontrant avec force et vigueur son refus avant même d'être énoncé. Il y'avait de quoi, surtout après qu'elle ait expliqué en détail ce qui attendait les gens comme elle sans toutefois détailler l'horreur de sa vie et des habitants. Visiblement, il fallait mettre Cahal un peu plus au fait des événements qui secouaient la ville depuis des années mais de manière plus percutante.
Mais plus encore, il semblait refuser la vengeance qu'elle murissait depuis le jour où elle vit sa famille devenir un exemple entre les mains de la tueuse de la Ligue des Ombres. Perdre quelqu'un n'est jamais facile quand il s'agit d'un ami, d'un compagnon ou de camarades. Mais voir sa famille rejoindre le monde des Morts par simple sadisme était bien trop dur, trop atroce pour qu'elle puisse résister au déchirement de son âme, comme lacérée par les vents de la destinée.

"TU SAIS CE QU'IL M'ONT FAIT?? TU SAIS CE QUI ATTENDS LES GENS COMME MOI PARCE QUE BATMAN EST PAS FOUTU DE FAIRE CE QU'IL FAUT?"

Sa voix trahit presque son envie d'éclater en pleurs alors que les images se répètent dans son esprit. Elle revit tout à grande vitesse. Les Ténèbres de Gramercy Row, les rires des soldats, l'odeur de la poudre et du sang....et surtout, le sourire de satisfaction de cette garce. C'était impossible d'oublier, impossible de passer à autre chose car jamais elle ne serait en paix après cela.

"................................Il..........il m'ont forcée à choisir.........il fallait que je leur dise......dans quel ordre.........ils allaient les tuer."

On dit que dans le deuil, il existe sept étapes qui ont leur propre raison d'être: Choc, déni, colère, tristesse, résignation, acceptation....et reconstruction. Visiblement, Leona se situait quelque part entre la troisième et la quatrième, incapable d'aller plus loin. Dans d'autres circonstances et devant tant d'insolence, il ne faisait nul doute que le lycanthrope aurait haussé le ton en frappant du poing contre la première structure venue.

Cela ne se produisit pas. Comment réagir avec colère face à tant de détresse, elle qui se cherchait une ancre, quelqu'un capable de l'aider à surmonter sa peine et surtout, à apporter à sa famille le repos qu'elle méritait en châtiant la responsable de ces actes? Il n'avait aucune réponse autoritaire à lui fournir, aucune colère à déverser. Perdre un parent était déchirant, presque destructeur et pouvait amener si près de l'abime au point de chuter sans fin à l'intérieur, jusque dans la gueule béante de cette bête noire qui attendait d’envelopper sa victime à venir dans un linceul d'autodestruction. C'est à partir de là que celui ou celle qui cherche la vengeance se devait de creuser non pas une mais deux tombes car nous savions tous ce qui arrivait à celui ou celle qui suivait la plus mauvaise des conseillères.

Vaincue, elle le serait si elle suivait une telle route seule et sans expérience. Vae Victis comme dirait une vieille citation. Tel est ce qui l'attendait.......mais comment lui refuser cela?

"Comme je le te l'ai dit, Leona.........une enfant ne devrait pas avoir à vivre une telle tragédie et plus encore, jamais elle ne devrait se lancer dans une vengeance qui la couvrira de sang à tout jamais."

La jeune fille était à présent effondrée, pensant que son seul espoir de pouvoir venger sa famille refusait de la suivre et de l'aider. C'était faux, loin de là. C'est à ce moment précis que la créature décida enfin de sortir de l'ombre, se levant en faisant craquer un parquet visiblement fragilisé par la pluie ou l'humidité si on en jugeait l'état des murs en décrépitude. Petit à petit, Cahal s'était avancé vers elle, la surmontant de toute sa hauteur, n'étant visiblement pas insensible à ce qu'elle traversait. C'était certes brutal, rapide et très expédié mais c'était encore une enfant. 17 ou peut-être 18 ans si il en jugeait l'apparence. Il était normal à un tel âge de ne pas prendre de recul dans l'immédiat et de chercher de l'aide, surtout après un tel vécu.

"J'ignore qui est cette femme mais si j'en avais la possibilité, je me chargerais de l'expier pour toi dans la plus horrible des souffrances. La seule chose que je peux t'offrir est de t'aider à mieux maitriser ce don que tu possèdes afin de pouvoir au moins te défendre face à ceux qui tenteraient de te faire du mal."

Le monstre Garou plia d'abord le genou gauche, posant progressivement celui-ci au sol. La jambe droite prit position, soutenant le reste du corps, permettant à la créature de se mettre au niveau de l'enfant sur qui il posa délicatement la patte au niveau de sa tête.

"Le sang ne devrait jamais avoir à couler de la main d'une enfant. Je ne peux fermer les yeux sur ce que tu ressens, mais je ne peux te laisser te damner et te condamner à l'Enfer. Tu ne sais pas ce que c'est, Leona. Tu n'as ni envie de savoir ni même de devoir le vivre."

Cahal pouvait se montrer brutal, direct, violent durant son existence, oui. Il n'était pas parfait et avait bien du mal à jouer son rôle de Demi-Dieu quand il ne se laissait pas aller à des accès de mégalomanie avec certains humains. Mais il ne manquait pas de bonne volonté quand il voulait prêter main forte à une personne dans le besoin, surtout qu'il s'agissait d'une paranormale.

Quelle dommage toutefois que sa réponse, aussi sincère qu'il le souhaitait, lui exploser à la figure à cet instant.

"L'Enfer?? L'ENFER, C'EST DE ME LEVER CHAQUE JOUR, DE VOIR QUE LE LIT DE MES PARENTS ET CELUI DE MA SŒUR SONT VIDES !! L'ENFER, C'EST DE DEVOIR SE CACHER POUR ÉCHAPPER AUX BRIGADES DE STRANGE QUI RATISSENT LA VILLE POUR ATTRAPER LES GENS COMME MOI QUAND CE NE SONT PAS LES HOMMES DE BLACK MASK QUI VIENNENT TIRER SUR LES HABITANTS POUR LE PLAISIR ALORS QUE LES FLICS NE FONT RIEN ET QU'ON NE PEUT PAS SE DÉFENDRE ! L'ENFER, C'EST D'AVOIR CRU A UN TYPE AVEC UNE CAPE ET UN MASQUE ALORS QUE RIEN N'A CHANGE DEPUIS QU'IL EST LA !!"

Leona balançait toute sa haine, sa colère et sa rancœur à l'égard du justicier de Gotham. Rien d'étonnant quand on savait que ses méthodes semblaient aux antipodes de celles de la Lignée, plus directe dans son approche. La division n'en était que plus palpable depuis la victoire d'Akuma, alias L'Empereur. Une victoire écrasante, disait-on, aussi violente et inattendu que celle de Bane comme l'avait titré de nombreux journaux au lendemain de la défaite du Chevalier Noir pourtant réapparu récemment, laissant la ville entre les mains de ses fils incapables pourtant de faire face aux nouvelles menaces et à une possible réémergence de la Ligue. Après tout, Ra's Al Ghul et Talia étaient encore en liberté....et cela ne signifiait qu'une seule chose: Gotham restait en danger !!

Leona avait pendant un temps placé ses espoirs en la Lignée mais au final, elle s'était montrée, certes, capable de protéger un peu mieux la ville sans pour autant chercher à remettre la main sur la Ligue. Dans l'esprit de Leona, qui était allé plaider leur aide, elle ne reçut que de vagues promesses qui ne furent jamais tenues, n'ayant même pas pu accéder à un conciliabule avec le grand vainqueur du No Man's Land. Son dégout et sa déception n'en furent que plus grands.


Sa rage était comme les vannes d'un barrage s'ouvrant pour déverser ses eaux destructrices dans la vallée des impies, détruisant vice et décadence dans un flot de colère divine. Ses hurlements sont puissants, emplis d'une volonté de laisser libre cours à ses sentiments au point de frapper de ses poings le corps du Garou sans qu'il ne réagisse.

Ce n'étaient que les poings d'une enfant à qui on avait tout pris.

Elle pleure, hurle, crache sa haine à l'encontre de ce dont elle croyait, se débattant dans sa propre fosse des supplices sans avoir souhaité la rejoindre. Le lycan n'avait que trop vu ça lorsqu'il s'agissait de sa compagne, à l'époque de leur vie commune sur Mortalis.
Pleurs, angoisses, désespoir......pendant de trop nombreuses années.

Aujourd'hui, il voyait la même chose par le prisme d'une enfant marquée à jamais par la cupidité, l'avarice, l'envie et le pouvoir du mal. Il ne peut rien dire car aucun mot ne saurait en réalité atténuer sa peine. Tout ce qu'il pouvait faire était de rester à son écoute, attendre qu'elle se calme et reprendre la conversation le moment venu. Malgré sa résistance, il sent l'intensité de la colère à travers les poings de cette enfant qui frappe autant qu'elle peut,  extériorisant une fureur qu'elle ne pouvait contenir autrement.

Cahal maudit les Dieux, le destin et ce qui a amené au destin de cette enfant. Comment pouvaient ils donner la vie à un être aussi pur pour ensuite l'amener sur ce chemin de destruction sans rien dire et presque en s'amusant de cela? Selmak n'était, certes, pas de ceux-ci mais on ne pouvait en dire autant de certains autres Antédiluviens dont la souffrance infligée par goutte infime puis, par doses entières était devenue une discipline presque sportive chez eux.

*Soyez maudits!!* fût sa seule pensée immédiate alors qu'il prenait l'enfant dans ses bras, évitant de serrer pour ne pas la broyer par inadvertance. Il ne pourrait jamais atténuer totalement sa peine ni lui rendre ce qu'elle avait perdue par la faute de cette humanité viciée mais il se promettait intérieurement de tenter quelque chose.

Après tout, que lui restait-il maintenant qu'il avait tout perdu? Se focaliser sur un objectif? Pourquoi pas et puis, dans le fond, Cahal n'avait su se montrer indifférents face à des larmes, peu importe de qui elles venaient car elles exprimaient souvent une sincérité, un regret ou une tristesse profonde mais en aucun cas cela ne pouvait être feinté.

*Je te jure que je leur ferai payer.*

Il ne faut que cinq minutes pour que la colère de la jeune fille s'apaise et cela semble l'avoir épuisée, puisque fermant doucement les yeux, ses pleurs se faisant moins bruyant et pendant un instant, Cahal pouvait juré avoir entendu Leona lui demander de ne pas la lâcher.
Et cela fût ainsi jusqu'à ce qu'elle s'endorme progressivement. A vrai dire, il était déjà tard et sa fatigue n'en était que plus logique. Leona avait brûlé ses dernières forces dans une explosion de sentiments légitimes mais si intenses qu'ils menaçaient de l'emporter dans les abysses.

Leona n'était peut-être pas sa fille, ne la connaissant ni d'Adam ni de Eve mais il s'était fait une promesse: Celle de lui venir en aide comme si elle était sa propre fille.

Dans une des pièces, il y'avait encore un lit dans un état discutable mais utilisable et une des armoires dont les jointures de portes avaient été dévorées par l"humidité laissaient apparaitre quelques couvertures de fortune peu épaisses mais, qui misent ensemble pouvaient offrir un certain confort à celle-ci. Après quelques minutes à l'installer, il prit la décision la plus adéquate: S'assoir à ses cotés, à même le sol et rester avec elle jusqu'au lever du jour.

La Ligue des Ombres était à présent sur sa liste noire.....et ses jours étaient comptés.

C'était tout ce qu'il pouvait lui offrir dans l'immédiat.
Et puis, qui sait, peut-être pourrait il s'offrir au moins une heure de sommeil cette nuit.

Le repos, quelque chose qui semblait s'évertuer à se refuser au pauvre lycanthrope comme en allait attester la suite des événements qui allaient cibler, non pas l'étrange créature louve mais son amie d'infortune dont le devenir semblait être gravé sur le marbre le plus épais qui existait. Mais focalisons nous à présent sur cette "menace" qui se profilait progressivement.

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Hugo avait les yeux rivés sur son écran, observant attentivement le déploiement des Gardes Tygers qui lui étaient restés fidèles......enfin, fidèles était un bien grand mot. Nous dirons plutôt que la lobotomie subie semblait les avoir affectés de manière définitive. A vrai dire, il n'avait pas besoin d'une armée mais juste de quelques serviteurs zélés et dociles, adeptes de drogues hallucinogènes dont ils ne pouvaient plus se passer. Peu importe si cela leur détruisait le cerveau petit à petit car la chair fraiche ne manquait pas à Gotham.......tant que l'objectif restait à la hauteur.

"Rappelez vous: Je la veux vivante. Morte, elle ne me sera utile que pour une séance, je l'admets, très agréable de vivisection. N'oubliez pas pourquoi je vous paie, Capitaine Price."

Price ne répondit pas, se contentant de couper les communications. Derrière lui se trouvaient les hommes que Hugo lui avait confiés. Une douzaine, tous obéissants, serviles à la cause et prêts à mourir pour le Docteur Strange. La mission n'en était que plus simple: Capturer une nouvelle cible: Leona Heidern, capable de maitriser les flux énergétiques d'après le dossier. Peu de mentions à part le fait qu'elle ait perdu ses parents lors du No Man's Land de la main de la Ligue des Ombres et qu'elle vivait au jour le jour dans le Village, soutenue et aidée par les habitants.

Le Capitaine Price avait vu des guerres, survécu à de nombreuses opérations et même fait équipe avec de très nombreuses équipes de mercenaires après son service. Plusieurs fois, il s'était vu surnommé "Chien de guerre" de par les choix qu'il avait fait après sa carrière qui s'arrêta suite à une balle dans la jambe droite, ce qui le relégua au rang de rebut lorsqu'il eut tenté d'intégrer le corps des Marines. De fil en aiguille, il tenta divers boulots bien payés, que ce soit des kidnappings, des assassinats ou même, à de très rares occasions, des sauvetages de pontes gouvernementaux lors d'opérations de l'ombre.

Chien de guerre.......tel était ce qu'il était devenu et il l'acceptait car nous avions tous un prix. Price l'avait compris le jour où il commença à tout perdre: Carrière, argent, domicile, soutien gouvernemental.....et il était prêt à accepter n'importe quel boulot tant que ça rapportait.

Bosser pour Strange, ça rapportait et même si il s'était posé la question de où venait ce financement, il cessa bien vite de se questionner. Après tout, il était payé à diriger une escouade de "zombies" mais les 15000 dollars plus les primes de risque qu'il touchait étaient suffisants pour la lui faire fermer définitivement.

"Tyger ONE, on se déploie dans l'immeuble. Tyger TWO et Tyger THREE, sécurisez le périmètre avec Tyger Alpha."

12 hommes plus le capitaine dans l'immeuble. 15 autres à sécuriser la rue et empecher la cible de s'échapper. Une mission facile......du moins, en apparence car si les soldats de Price pensaient mettre la main sur une jeune fille solitaire et esseulée, il était définitivement clair qu'il allait faire face à une surprise de taille.....et devant son écran, cela fît sourire Hugo qui attendait ce moment avec une grande impatience.

*Voyons voir si il est réellement à la hauteur.*

Un bruit, il avait suffit d'un seul bruit suspect pour que le lycan se dresse sur ses deux pattes, les sens aux aguets tandis que la jeune fille dormait à présent à poing fermés d'un sommeil réparateur et nécessaire. Difficile de lui en vouloir après avoir déchargé un trop plein d'émotions après des mois de galère.

Sur l'instant, peut-être était il possible qu'un chat se soit égaré dans le secteur. Rien de bien étonnant dans un tel endroit mais les quelques voix qu'il pouvait entendre en tendant attentivement l'oreille lui firent comprendre que de nouveaux problèmes surgissaient. Son premier réflexe fût de jeter un œil furtif à la fenêtre, manquant de peu de se faire repérer par un des nombreux projecteurs braqués sur l'appartement abandonné. Intérieurement, Cahal se maudissait d'avoir pu faire confiance aux gens du Village et pendant quelques secondes, il s'imagina à nouveau en train de leur faire subir les pires sévices......puis il retrouva rapidement la raison, observant les types autour ainsi que les véhicules. Sur chacun d'entre eux, il pouvait voir un logo dessiné: Deux triangles inversés verticalement, avec, en leur centre, un immense rectangle blanc sur lequel un seul mot était écrit: Arkham !

Non, ce n'était pas pour lui qu'ils venaient mais pour Leona. Sans perdre plus de temps, il secoua la jeune femme, réveillant avec peu de ménagement cette dernière qui se demandait ce qui arrivait.

"........qu'est ce....."
"Des types d'Arkham. Ils viennent te chercher. Il faut que tu te caches tout de suite."

La jeune enfant était à présent passé de l'état amorphe à l'état de panique en bien peu de temps qu'il en fallait pour se remplir le gosier avec un bon verre et pour cause: Elle savait ce qu'elle risquait si ils parvenaient à mettre la main sur elle. Sans en dire plus, le lycan lui indiqua de rester sous le lit, lui intimant de ne bouger en aucun cas. C'était le lieu le plus sûr si des rafales devaient être tirées.
Il fallait faire vite car les bruits de pas, bien que lointains, se rapprochaient dangereusement et il était hors de question qu'ils mettent la main sur la gosse.

"Tu ne te montres pas jusqu'à ce que je te le dise. Compris?"

Le Guerrier Loup n'attendit pas la réponse ni l'approbation de l'enfant. A vrai dire, cela sonnait plus comme un ordre qu'une demande. Le tout avait été balancé sans subtilité mais avait-il le temps pour ça? Vous vous doutez bien que non, surtout qu'à présent, les types d'Arkham étaient juste à l'étage d'en dessous, ne lui laissant que peu de temps pour se cacher à nouveau dans les ombres....et attendre qu'ils arrivent.

Ces types venaient pour enlever et maltraiter une gosse? Ils allaient avoir la pire des surprises !! Ce fût avec un poing serré, un début d'écume aux lèvres et un regard rouge d'une envie de meurtre qu'il comptait leur offrir la pire des bastonnades.

Une minute, c'est tout ce qu'il fallu pour qu'ils atteignent l'étage où se trouvait la jeune fille qu'ils recherchaient. Price donnait les ordres, positionnant ses hommes sur chaque coté de la porte tandis que l'artificier Sully plaçait une charge de C4 sur la porte. Le grenadier Walton, lui, se tenait prêt à tirer les fumigènes et Richter ne demandait qu'une seule chose: Inaugurer le fusil à fléchette breveté par l'Armée qu'il tenait entre ses mains.

*Une mission simple!* se disait encore Price tandis qu'il donna l'ordre silencieux de faire exploser la porte. Une explosion faible mais particulièrement sonore se fit entendre dans le couloir et l'appartement, faisant tomber la porte à même le sol de l'entrée et le tout fût suivi par plusieurs fumigènes qui envahirent l'appartement avec toutefois une grande difficulté, une partie s'échappant par la fenêtre centrale.

"Vision Nocturne, messieurs! GO!"

Price en tête de groupe, suivi par ses hommes, armes à la main, se divisèrent dans ce qui fût autrefois un appartement de luxe avant de devenir un squat d'enfer pour les Demonz lors du No Man's Land. L'entrée donnait sur la grande pièce spacieuse du loft, permettant un meilleur examen des lieux.

"Richter, Jones et Walton, avec moi. Les autres, vous restez en position!"

3 pièces devaient être examinées et ce fût d'abord la chambre n°1, vide de toute présence. Avec vélocité et efficacité, ils se tournèrent vers la salle de bain qui se révéla vide à son tour, ne laissant plus qu'une seule possibilité: La seconde chambre. Switchant du mode nocturne au mode thermique de ses lunettes de vision, il discerna effectivement une présence dégageant une chaleur immense, confirmant la présence de la cible.

"A tous les soldats Tygers, cible localisée. Préparez les véhicules pour une extraction à venir."

De son coté, Strange jubilait de ce qui allait se produire, comme attendant un moment des plus particuliers. Oui,il savait ce qui allait se produire et comme un enfant en extase devant le plus beau des cadeaux de Noel, il ne décolla plus ses yeux des différents écrans renvoyant les images des caméras des soldats. Ce qui allait suivre allait s'avérer des plus instructifs.

"Walton, Richter, tenez vous prêts !"

Prêts, ils ne l'étaient pas ! La porte et le mur furent victimes d'une violente secousse qui les fit tomber, non pas en direction de la chambre mais de la pièce principale, dévoilant une forme massive particulièrement énervé et difficilement visible de par la présence du gaz.

Peu importe que sa vision soit troublée à cet instant, peu importe qu'il ne puisse voir avec ses yeux car il n'en avait pas besoin. Il avait longtemps appris à se fier à d'autres moyens pour combattre efficacement ses ennemis alors qu'il était en situation de handicap. Chaque parole de Kendra résonnait comme un mantra, lui indiquant en une fraction de seconde ce qu'il devait faire, comment il devait frapper et dans quel ordre. L'homme qui se faisait appeler Walton fût le premier à tomber, victime d'une décapitation fulgurante. Richter, l'homme au fusil étrange eut droit à une projection contre un mur, lui brisant la nuque net à l'impact. Le troisième type dont il n'avait pas entendu le prénom avait pris soin de reculer de plusieurs pas.

"CONTACT!" hurla un des soldats présent dans l'entrée en constatant la scène alors que le dernier soldat avait rejoint leur rang pour se réorganiser.

Le signal avait été donné et les types d'Arkham se mirent à vider leurs chargeurs en direction de la masse qui se jetait sur eux, griffes à l'air et ayant très envie d'en découdre. La charge n'en fut que plus violente et tous furent projetés un peu partout dans l'appartement, à l'exception d'un seul qui pût vivre la joie éphémère de la sensation de vol avant de vivre un atterrissage compliqué et véritablement mortel sur le macadam. Trois morts en quelques secondes, c'était un assez joli coup quand on attaquait en aveugle et pour cela, Cahal se montrait reconnaissait des leçons que la Maitresse d'Armes des Montagnes Briggs lui avait enseigné car elles se montraient toujours aussi efficaces !

"Des soldats.........JE HAIS LES SOLDATS!" rugissa il à travers l'appartement avant de s'en prendre à un des tirailleurs qui avait tenté une action quasiment suicidaire en se jetant sur lui, grenade dégoupillée en pensant que cela aurait le moindre effet. Son destin n'en fût que plus pénible alors qu'il connu le même sort que le numéro 3, projeté en direction de la vitre, hurlant à s'en arracher la mâchoire mais n'atteignant pas le macadam et explosant au vol dans une gerbe de sang recouvrant la rue et les Tygers encore présents à l'extérieur.

"OUVREZ LE FEU !!! FEU, ABATTEZ LE, ABATTEZ LE !!"

Les salves de tirs fusèrent en direction de l'appartement depuis le sol tandis que depuis ses écrans, le docteur Strange était passé d'un regard amusé a quelque chose de bien plus perplexe. C'était compréhensible quand on voyait ses hommes se faire massacrer avec une grande aisance. Ses doigts se baladaient nerveusement sur la console de commande qui le reliait à l'unité Tyger qui vivait sa pire nuit, victime d'un "Freak" assez inhabituel qu'il classait dans la catégorie "Titan" de par la taille et la force incroyable qu'il déployait, rivalisant avec des êtres comme Killer Croc ou encore, Solomon Grundy.

"Capitaine, je veux la fille et cette chose viv........."

Une phrase qu'Hugo ne terminera pas, voyant la créature faucher la tête de Price d'un seul geste de sa patte, arrachant celle-ci avec la caméra frontale qui s y trouvait. Plus encore, la créature n'hésita pas à se jeter depuis l'appartement pour atterrir face aux autres membres de l'unité et la suite n'en fût que plus spectaculaire car ces hommes ne semblaient être qu'une formalité pour cet être taillé dans l'étoffe de la nuit, capable de déchirer à main nue des protections en polymères, encaissant des tirs presque à bout portant bien qu'affecté comme en attestait le sang qui en coulait.

Ainsi, cette chose saignait et donc, cela voulait dire qu'on pouvait la tuer. Ce qu'on pouvait tuer pouvait aussi être contrôlé mais dans l'état immédiat, tenter une telle approche ne serait pas véritablement raisonnable et si Price était encore en vie, nul doute qu'il acquiescerait à cette affirmation.

La dernière image était celle du seconde classe "Cooke" qui avait tenté de vider le contenu de son glock dans la gueule de la créature, sans succès, le monstre lui ayant arraché le bras pour lui enfoncer ensuite en plein dans sa bouche en pratiquant un forcing des plus désagréables, lui logeant celui-ci à la moitié de son œsophage dans un bruit de chair malaxée particulièrement immonde ce qui eut toutefois le don de faire réagir Hugo qui eut une moue surprise par la scène à laquelle il ne s'attendait pas.

"Impressionnant !!" dit-il avec un ton presque enjoué, sans pour autant détourner le regard de l'écran qui ne renvoyait plus qu'une image noire ornée du petit logo attestant de la perte du signal.
"Il est exactement comme vous l'avez dit: Sauvage, puissant.....mais indomptable. Il fera donc un parfait spécimen pour mes.........recherches." rétorqua-il, semblant afficher dans sa voix un ton ravi.
"Je vous conseille de vous préparer, Docteur Strange. Cahal a connaissance de votre existence et il va venir vous chercher maintenant qu'il s'est entiché de cette.....fille."
"Oh, je ne manque pas de matière première pour me protéger et de plus, il est affaibli comme vous l'avez dit. Mais mes hommes sont déjà équipés des meilleures armes et vos munitions en argent sont chargées. Vous n'avez pas à vous en faire. Une fois qu'il viendra, nous saurons le recevoir.......et ensuite, je vous donnerai exactement ce que vous désirez."

Hugo ne daigna pas quitter son fauteuil, n'accordant pas le moindre regard à son "invité" qui semblait en savoir beaucoup sur ce visiteur extérieur de Gotham. C'en était même étonnant de voir à quel point cet homme qui n'avait encore jamais vu semblait être un puit de science sur le sujet dont ce lycanthrope que n'importe quel général d'armée se serait arraché à prix d'or.

"Oh oui.........enfin, quand je le tiendrai, ma revanche sur la Chauve Souris n'en sera que plus savoureuse encore."