L'asile d'Arkham était notamment connue pour les fous qu'elle abritait. Son complexe pénitencier était surchargé d'animaux ne faisant plus la différence entre la vie ou bien la mort. Engoncés dans une camisole de force d'un orange pur, ils tentaient tous de respirer avec leurs côtes cassées par le Chevalier noir de Gotham.

  Puis il y avait les soins Intensifs pour les incurables. Mais aujourd'hui ce n'était guère les bâtiments où le fameux psychiatre travaillait. D'ailleurs, Hugo Strange avait eut une journée chargée aujourd'hui. Il avait eu quatre entretiens de patient. Un avec Edward Nigma, l'autre avec Pamela Lillian Isley dit Poison Ivy et deux autres avec de nouveaux internés. Les énigmes du Sphinx irritaient le médecin au plus profond de lui. Il avait tenté dans les premières minutes de lui faire comprendre l'inégalité de ses actes. Cinq minutes qui parurent une éternité pour le docteur et son patient. Tout deux savèrent qu'aucun n'avait envie de baragouiner des paroles indécises tel un moulin, mais ils y étaient forcés. Puis au fil du rendez-vous, il y eut d'abord une plainte de Nashton sur la nourriture de l'asile et une nouvelle énigme concernant l'alimentation en général...


  L'hilarité n'était plus. L'envie de passer la lame froide d'un couteau sous la gorge de cette girouette narcissique devenait par miracle de plus en plus grande au fur et à mesure des paroles du Sphinx. Mêlant ses doigts boudinés et gantés, Hugo ria d'abord. Précisons qu'il le fit sans le moindre désir. Il donna la réponse à ce criminel et passa au sujet qu'il l'intéressait le plus: Batman. Eddie était certes trop porté sur ces questions inutiles mais il était très perspicace, aussi fallait-il user de prudence afin de lui extraire certaines informations sur le rongeur volant.

  L'entretien se passa sans que Nigma révèle la plus petite information au psychiatre. Il laissa cet être répugnant quitter la salle en faisant une moue désespérée et agressive derrière son dos maigre et courbé. Strange leva la main en signe de salut à une infirmière et la fit venir à son bureau. Regardant son planning chargé du Vendredi, il ferma ses paupières alors plus que lourdes et s'adressa à la doctoresse sans la moindre expression faciale.

"Qu'en est-il de notre ami Jervis, Alexia?
-Toujours dans les Soins Intensifs.
-Bien, annulez mon rendez-vous avec monsieur Drake, nous avons beaucoup de chose à nous dire, Jervis et moi..."

  Une demie-heure plus tard, alors qu'Hugo terminait d'écrire un rapport sur un de ces animaux, l'on frappa à la porte massive du cabinet du docteur Strange. Surpris qu'à moitié, il redressa tout d'abord ses lunettes rondes sur son nez aquilin, puis, il prit silencieusement le rapport dans ses mains épaisses et le glissa dans un dossier. Le médecin posa les documents sur une étagère et alla en remplissant ses poumons d'air frais, ouvrir la porte. Derrière celle-ci, deux gardes d'Arkham armés et casqués se tenait devant le psychiatre.

  L'on reconnu plus tard les traits du Chapelier Fou. Son visage et son corps chétif se dissimulaient derrière les gardes de la sécurité. Le voyant ainsi, Strange était inexpressif mais savait que cette séance allait être longue... TRÈS longue...

Hugo Strange convia Jervis à s'asseoir en poussant la chaise de l'invité. Il se dirigea doucement vers les gardes qui se demandait pourquoi le psychiatre voulait-il voir Tetch à une heure si tardive pour les séances. Congédiant alors le premier qui se tenait droit comme un piquet et qui semblait plus maigre que quiconque ici. Si l'on devait jouer avec les expressions hyperboliques, l'on dirait alors que son arme était plus lourde que son propre corps lui même. L'autre était tout aussi semblable, et était d'un roux singulier. Sa matraque électrique maculée de sang nous informait qu'elle avait bien servie et que l'homme aimait gourmander les détenus. Enfin, Hugo demanda à ses deux gardes de partir mais le roux, insistant se permis quelqu'autres réflexions désobligeantes...

  "On a l'ordre de rester auprès du patient."

  Ainsi, le docteur Strange toisa le garde qui fit mine basse. Comment allait-il bien répondre à ce martyr? Devait-il réagir avec force, poigne et autorité ou alors rester calme et serein. Ignorant le garde, il se tourna pour aller parler à son patient mais dès lors, le rouquin ne put s'empêcher d'être d'une impolitesse sans nom.

"Eh! Vous avez entendu?!"

  Son ami fit les gros yeux. Comprennant un peu tard qu'il avait eu tort de s'adresser de cette façon à l'un des docteurs les plus talentueux d'Arkham, il voulut s'excuser mais devant un Strange inexpressif, il ne comprit guère l'inanité de la situation. Le médecin redressa ses lunettes qui ne cessaient de tomber sur l’extrémité grossière de son nez énorme, il soufflota et s'adressa à son voisin.

"Laissez, monsieur Tetch ne posera pas de problèmes. Laissez-lui les menottes."

  En haussant les sourcils, il referma la porte et revint alors rapidement vers son bureau où il vit Jervis qui, quoiqu'un peu stressé, essayer de s'installer, non sans mal, sur la petite chaise de métal. Hugo prit place dans son fauteuil et caressa le bureau d'ébène silencieusement. Le cuir de ses gants rappant en un bruit strident. Il sortit d'un tiroir une cassette et un enregistreur.

"Entretien de patient n°1, 12 octobre, 18h14. Bonsoir Jervis, vous devez vous demander la raison pour laquelle vous êtes présent. J'aimerais beaucoup discuter avec vous des derniers évènements qui se sont passé en dehors de l'asile. Pourriez-vous m'en dire un peu plus?"

  Strange posa un ultimatum à Tetch. Ce fou allait être utile au psychiatre pour ses futurs projets...

Regardant cet être avec dégoût, Hugo Strange ria quelque peu aux dernières paroles de Jervis. Lui posant des questions à la tirade, que pouvait faire le psychiatre? Le stopper? Certes mais comment? Le moulin à paroles ne cessait de tourner et le vent n'était pas en assez mauvaise posture pour le faire taire. Ainsi, le docteur mit fin à tout ceci en levant la main gauche. Le silence fut réclamé et silence il y a eut. Allant à cœur joie répondre à ce nain de pacotille, il voulait tout de même savoir quelques ragots croustillants sur sa Némésis. Hugo se racla amèrement la gorge et susurra quelques paroles incompréhensibles pour son interlocuteur. La première intervention du chapelier fut la demande relevant du merveilleux, de l'impossible. Tuer le Batman, était-ce possible de tuer un mythe?

  « Du calme, Jervis, ne vous inquiétez pas! Tout ira pour le mieux. »

  Un rictus s'afficha dès lors sur les lèvres gercées du médecin d'Arkham. Relevant que quelques secondes ses lourdes et longues épaules pour détendre ses vertèbres, il se replia au fond de son fauteuil et croisa ses bras musclés. Il prit une grande respiration et tenta de réfléchir de façon à ce qu'il sache ce qu'il allait dire par la suite pour embobiner Tetch. Strange plissa ses paupières en signe de méfiance.

  « Puisque vous ne semblez plus vous rappeler votre dernière rencontre avec l'homme chauve souris, je vais vous poser d'autres questions... Aimeriez-vous revoir Alice? Oh! Quelle question! Bien sûr! Je l'ai retrouvé, elle vous attend, paisiblement dans sa maison. Cette coquine a encore poursuivit le lapin blanc! »

  Le docteur Strange savait qu'en prononçant ce nom, Jervis commencerait à s'exciter et à ne penser  plus qu'à la sortie. Une sortie qui serait plus brève encore. Mais qu'importe! Saisissant alors une photo dans un dossier, il lui adressa un petit sourire moqueur en lui posant la photo d'une jeune femme d'un blond pur devant lui, au visage de porcelaine et vêtue d'une jupe bleu ciel.

  « Comme je vous disais, elle vous attend, impatiente... Et vous n'aurez l'adresse de sa demeure que lorsque vous m'aurez rendu un petit service, monsieur Tetch... »

  Hugo s'approcha du visage au traits tirés du Chapelier, un sourire enjôleur priva Tetch d'une de ses mines idiotes. Il ne pouvait dire que OUI... Posant machinalement ses doigts sur la photo, il regardait ce dingue avec méfiance et répulsion puis retira la photo de ses yeux malicieux...

Tout marchait vraisemblablement comme prévu. Jervis tombait dans un piège énorme mais il ne s'en rendait nullement compte dufait qu'il venait de voir la femme la plus importante à ses yeux. C'était tout simplement parfait. Bientôt, Strange deviendrait l'homme le plus admiré de Gotham City, jouissant d'une fortune indéfinissable, parlant aux personnes les plus intelligentes du monde entier, séduisant les plus belles femmes et tout ça grâce à un homme, abruti par le conte fantaisiste de Lewis Caroll... Machinalement, Hugo prit pitié à l'histoire du chapelier même s'il n'avait que faire du patient qui se trouvait en face de lui. Encore gémissant, le psychiatre voulut rassurer Tetch et lui donna cette fameuse photo à nouveau. Plus tard, il aurait l'adresse d'Alice...

  « Calmez-vous, Jervis, je suis peiné par votre échec. D'après vous, ces Gothamites en avait besoin de cette manipulation mentale, c'est bien cela? »

  Esquissant un large sourire remplit d'on ne sait quelle malice, il regardait ce nain profondément comme s'il cherchait à le cerner plus intensément. Il fallait qu'Hugo redouble d'efforts pour persuader Tetch de travailler pour lui, mais sans qu'il le sache. L'expiation des criminels de Gotham était nécessaire pour la survie de la ville, et puis pour la fin de l'apogée du Batman. Que deviendrait ce rongeur sans les criminels qu'il combat sans cesse? Hm? Rien. Le chevalier noir n'est qu'une marionnette servant habilement la police de la cité. Mais après, lorsque ces fous comme le Joker seront stoppés, Batman ne pourra qu'enlever le masque et c'est là que tout finira pour Bruce Wayne! Mais Strange ne révélera pas l'identité de l'homme chauve souris, non, le médecin laissera Gotham le découvrir par elle même.

  Il posa ses mains encore liées sur le bureau et appuya sur le bouton de l'enregistreur, ce qui stoppa l'entretien. Hugo commença à parler de façon plus précise, mais toujours avec une once d'habileté indétectable...

  «Je suis sûr que le métro de Gotham vous manque Jervis, je n'ai aucun doute que vous  désirez fonder votre plan, brique par brique, pour contrôler les esprits des utilisateurs du métro, n'est-ce pas? Ne serait-ce que pour une vengeance.. Une vengeance nécessaire. »

  Strange brûlait de plaisir, il allait maîtriser l'un des criminels les plus fous de l'histoire de Gotham City et tout ceci grâce à une intelligence supérieure et un sens de la manipulation assez pointu...

Malgré la belle promesse d'Hugo Strange, Jervis Tetch commençait à contredire le psychiatre dans ses pensées. Il n'aimait pas que l'on maîtrise ses choix, le bon docteur. Esquissant un petit rictus comme s'il portait le poids du monde sur le dos, le médecin n'eut d'autre choix que de faire calmer le Chapelier. Ses paroles se mélangeait à une certaine disgrâce et une folie incontrôlable. Ses envies terroristes pouvaient se révéler dangereuses pour Gotham mais qu'importe chacun d'entre eux, le patient et son soignant, avaient un but et la fin de cet entretien se révélerait fatal sur la suite des événements. Strange comprit que Jervis n'était pas dupe et dut mettre les bouchées double, malgré ses efforts déjà peu reconnus. Si cet idiot voulait annihiler la ville mais surtout la contrôler, alors marchons dans son sens.

  « Ca suffit Jervis, je suis ici pour vous soigner et non pas pour exposer MES idées. Vous devez savoir que vos plans de « Wonderland » pour Gotham ne seront réalisable que lorsque vous serez sorti et ceci n'est pas demain la veille, n'est-ce pas? »

  Hugo n'attendait qu'une seule et même chose: Qu'il riposte, ainsi, mettant quelques fioritures à son discours, Strange le ferait échapper très tôt et bien sûr dans le sceau du secret... Une fois dehors, Tetch allait pouvoir réussir ses plans et réduire Gotham à un terrain de jeu. Ce ne sera que par la suite qu'il s'occupera du Batman. Cet être luttant pour une justice corrompue dans la cité. Le docteur Strange s'enquit alors d'un gémissement et patienta le temps que son interlocuteur comprenne qu'il devait avant tout sortir et pas jouer au moulin à paroles, comme il avait tant l'habitude de le faire. L'incitant à sortir d'ici, il pourrait alors se réjouir de la peur qui s'insinurait dans les veines de la ville.

  Hugo se leva, et luisant de sueur, il alla ouvrir la fenêtre du bureau, laissée sans barreaux et commença à marcher frénétiquement vers la porte de son bureau laissant le chapelier livré à lui même. Le psychiatre fou désirait parler aux gardiens. Il poussa la clanche et les deux gardes se retournèrent sur lui, alors que le médecin fermait bien la porte..

  « Messieurs, Jervis sera disponible dans cinq petites minutes, juste le temps de clore notre entretien et fixer notre petit rendez-vous, vous pouvez disposer je le ramènerai dans sa cellule moi même.
-C'est parfait monsieur. »

  C'est alors qu'il rouvrit la porte et ne trouva personne. C'était tout simplement parfait de voir que Tetch n'était plus là. C'est en regardant la fenêtre ouverte qu'il comprit tout et cessa de penser. Durant cinq bonnes minutes, calmes et silencieuses, il fit mine de parler à un criminel qui n'était plus là. Puis, dans un calme absolu, renversa un casier de dossier et se disposa sous le casier. Puis, il cria:

« GARDES! Une évasion! Gardes!!! »

  Une troupe de cinq gardes déboulèrent en force et aidèrent le docteur à se lever.

« C'est une horrible nouvelle! Jervis a commencé à partir en une colère noire et a renversé ce casier  et est sorti par la fenêtre, j'aurais du la condamner, mais par cette chaleur je n'osai pas! Il faut le rattraper! »

  Les gardiens partirent tous par la porte. Hugo lui resta dans son bureau et regardait le Chapelier quitter l'asile, comme il le pouvait certes mais sortir...

« Bonne chance, Jervis... »