D'un geste nonchalant, j'ouvre la porte d'un petit bar situé sur le coté de Gotham Plaza. Situé en plein milieu de Burnley, il s'agit d'une des zones les plus sûres de la ville, protégé par sa proximité de l’hôtel de ville et du commissariat central. En parlant de commissariat, j'ai appris récemment l'élection d'un nouveau commissaire. Andrew Blake est le nouveau commissaire. Je connais sa seconde identité, pour l'avoir déjà rencontré, et m'être également disputé avec lui sur les limites à appliquer à la justice cela dit. Lui comme commissaire de Gotham, et les choses risquaient fort de s'envenimer. La situation n'était déjà pas tendre vis à vis des justiciers, ce n'était pas ça qui allait nous faciliter le jeu. En tout cas, ce n'est pas pour ça que je suis là ce soir. Batman et les autres justiciers ne viennent jamais dans ce quartier, sauf cas de force majeure. Mais ce que j'ai en besoin partie de savoir, en plus des dernières rumeurs, c'est savoir l'opinion générale sur Batman et les autres justiciers. Et puis ... Simplement me détendre. Cela fait plusieurs nuits que je n'ai pas pris une nuit de repos complète.Même si je ne suis pas en train de dormir en ce moment, ça ne me ferait pas du mal de simplement aller boire quelque chose et discuter un peu.

Une fois à l'intérieur, je m'assois rapidement au comptoir, avant d’appeler le patron. Moins d'une minutes après, je reçois mon panaché. Oui, je suis un petit joueur. Mais l'alcool en soit n'est pas spécifiquement dans les attributions d'un justicier. Un homme, a peine plus âgé que moi, d'au maximum 25 ans, est assis à coté de moi, en train de boire un whisky. Il n'est pas aussi scrupuleux que moi dirais on. Au même instant, la télévision, situé en haut du bar diffuse au même moment un breaking news sur Batman ! On dirait que mon père a encore fait des siennes. Enfin, pourquoi est ce que je l'appelle mon père ? Il m'a simplement adopté. Enfin ... Oui, c'est comme ça que je le considère pour moi. Enfin, ses considérations ne sont pas à prendre en compte maintenant.

"Le Batman, héros ou menace ? Alors que la politique anti-masque de la mairie se poursuit avec l'arrivée d'Andrew Blake au poste de commissaire de Gotham ..."

Je cesse d'écouter, tournant la tête vers mon voisin. Celui ci a les yeux fixés sur la télévision. Tiens ? La question des justiciers l'intéresserait il ? Pourtant, Batman, héros ou menace, ça ne date pas d'hier comme question. Cela fait très longtemps que mon point de vue sur la question est finalisé. Batman est depuis toujours mon héros. Et je suis devenu son allié. Peu de choses auraient pu me faire plus plaisir. J'offre un sourire à l'inconnu, avant de lui adresser la parole.

"Alors ? T'en penses quoi de Batman ? Un héros, ou un danger ?"

Une question simple et efficace. Cela me permettait d'engager la conversation, et plus simplement de jauger un petit peu la popularité de Batman parmi la ville. Qui plus est ... Cet homme m'inspire confiance. Je ne saurais pas dire pourquoi. En tout cas, on va voir ce qu'il dira. Et surtout, s'il me répond, et qu'il continue la conversation.

Sa réponse est acerbe et cynique. Mais soulève pourtant de vrais question. Premièrement, il a raison sur un point. Batman inspire les autres à mieux agir, à mieux se défendre, à se soulever. Deuxièmement ... Oui, j'agis. Cela dit, je ne peux pas lui dire que je suis Robin. Déjà, vu que révéler son identité au premier naze croisé dans un bar n'est que rarement la meilleure idée du monde. Je ne peux cependant pas m’empêcher de sourire à sa réponse. Il me plait bien. Et semble plus intelligent que la grande majorité des personnes présentes dans ce bar.

Cela a beau être un bar de riches au beau milieu du centre ville de Gotham, tout ceux présent à l'intérieur ne sont pas pour autant évolué au niveau mental. Ils ne s'interrogent pas plus que ça, se contentant de suivre tour à tour Batman et la Police, en fonction de la cote de popularité de l'un comme de l'autre. Ce qui me prouve que mon interlocuteur est un peu plus évolué que les autres. Je lui répond, d'abord sur un ton amusé.

"Mon panaché est seulement à douze dollards.

Je dois sérieusement réfléchir à ma future réponse. Je dois a la fois lui montrer que je fais quelque chose pour Gotham, sans pour autant trop en dévoiler sur mon identité, histoire que l'idée de faire des recherches ne lui prenne pas. Enfin, cela dit, je n'ai pas réellement d'autres choix.

"Je suis Tim Drake, le pupille de Bruce Wayne. Une grande partie de la Fortune Wayne est investie dans des œuvres caritatives pour aider Gotham a se relever et à se reconstruire."

Il va me rire au nez. Me dire que je ne suis qu'un gosse de riche, qui pense aider Gotham du haut de sa tour blanche. Et pourtant, sans Wayne Industries, Gotham ne se serais jamais relevé. Elle n'aurait jamais évolué pour devenir ce qu'elle est. Je suis heureux de faire partie des Wayne. Je ne suis pas le fils biologique de Bruce, mais je tiens quand même à répandre son message. A la fois sous l'identité de Robin, et à la fois sous l'identité de Tim Drake. D'une certaine façon, s'il répond ça, il aura tort. De l'autre, il pourrait avoir raison. Mêmes les gens du Gotha de Gotham prétendant agir pour la ville ne font pas grand chose. Très peu agissent réellement. Bruce est l'un d'entre eux. Je reprend la parole après avoir laissé un petit silence, de façon a avoir bien marqué mon point de vue.

"Je suis également des études de medecine. Une fois celle-ci finies, je pourrais aider la Ville. Je sais que c'est un peu idéaliste, mais c'est le mieux que je puisse faire. Batman s'occupera des criminels, je m'occuperais des blessés"

J'avale une gorgée de ma boisson, avant de reprendre.

"Je ne suis pas un justicier masqué, un vigilant, je n'ai pas les capacités pour m'engager dans la police. Alors j'aide comme je peux Gotham, en choisissant de soigner les plus démunis."

Je suis prêt à parier que je ne l'ai pas le moins du monde convaincu. Pourtant, j'étais à peu près sincère (si l'on excepte la question de qui est un justicier). Je savais qu'en dehors de Robin, je ne pouvais pas faire grand chose pour aider la ville. Tenter d'en aider les plus faibles, qui constituent la base de la cité est ainsi un choix. Soigner les flics blessés, qui pourraient alors soutenir le Batman dans sa croisade en est un autre. Je pourrais même me tourner vers la politique. Mais je ne suis pas convaincu d'en être capable. Agir en tant que Robin pour stopper les criminels, et en tant que médecin pour soigner les blessés me semble être le bon choix.

"Et toi alors ? Toi, qui semble si sur de toi, que fais tu pour agir ?"

Il semblerait que je ne puisse échapper à une petite conversation avec cet étrange jeune homme. Je ne suis pas un grand amateur de discussion de ce genre, mais je sais que si j'accepte, je risque de me prendre au jeu, très certainement. Ma carrière débutante de Justicier, ou plutôt de vengeur m'a endurci, mais je n'en demeure pas moins un bon chrétien. Aider à développer le bien, accoucher les esprits est dans ma nature. Pas forcément de manière religieuse, plutôt comme morale laïque.

Le jeune homme se présente alors comme étant Tim Drake, le pupille de Bruce Wayne. Je ne sais pas vraiment ce qu'il espérait, mais le fait de répondre cela à ce moment précis de la conversation me dérange. Je me tourne vers lui, le bras gauche reposant sur le comptoir, pendant que je porte, de l'autre, mon verre à la bouche, bois une gorgée, et après une grimace entreprend de répondre.

" Et bien. WOUAH ! Merci alors." Mon ton un peu cynique est renforcé par une moue exagérément dubitative.

" Ca c'est une sacré action ! Mais comme, tu le dis, elle est accomplie par Bruce Wayne, avec l'argent de Bruce Wayne. Tu t'attribues ses mérites, par le simple fait d'être rattaché à lui ? Alors, puisque tu me poses la question, sur ce que je fais pour agir, je te répondrais : une fois j'ai croisé Bruce Wayne, qui investit dans des oeuvres caritatives pour aider Gotham à se relever et se reconstruire, et lui ai souhaité bonjour."

Le monde est plein de faux croyants, d'idoles, de faux prophètes. Des gens qui adorent l'image du Christ plutôt que le Christ lui même, des gens qui font le bien pour le merci et non pas pour continuer l'oeuvre de Dieu ou pire, qui détournent les actions humanistes pour leur propre compte.
Ce genre de blasphème quotidien me fout en rogne, généralement, les pauvres hères ne sont même pas conscients de leur perdition. Ils sont persuadés d'agir pour le bien, mais après tout l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Oh, je ne suis pas entièrement clean non plus, mais au moins je le reconnais. La vie de tous les jours, un égocentrisme primaire, font que je ne peux pas agir constamment pour mon prochain et que bien souvent je ne le fais parce que cela me coûte trop.
Mais avec ce qui m'est tombé dessus, l'Azrael et tout le bordel de l'Ordre de St Dumas, je commence à revoir le projet divin de manière globale. Et à me repentir de ma lâcheté et de celle de mes ancêtres.

" Médecine ? C'est pas mal. Le problème, dans la manière dont tu le dis, c'est que tu envisages l'action de Batman comme inéluctable. Que la ville mérite d'être battue et que c'est panser les blessés qui est utile. Je pense au contraire que même si Batman agit, son combat est vain tant que les mentalités demeureront aussi lâches. On ne peut pas attendre de lui qu'il résolve tout, et d'ailleurs il ne le peut pas. Il est aussi dangereux, comme tu me le demandais. Il agit, certes, mais pour ses raisons qui lui sont propres et il a trop le nez dedans pour pouvoir assumer toutes les retombées et accomplir le véritable développement du véritable combat pour la ville."

Je m'arrête un instant, voilà ce que je disais je commence à me prendre au jeu de l'argumentation. Je termine mon verre, repose le cristal sur le zinc, fait signe au serveur de me servir la même chose que le bonhomme à côté de moi.

" Batman met le feu aux poudres, mais il fait parti de ce cycle de violence et de ce point de vue est un danger. A nous de faire en sorte que son combat son utile, et ses petits copains sont dans le même lot. Plus ça va, plus de nouveaux justiciers arrivent, plus vite on a de chances de résoudre le problème, mais plus de chances aussi que ça dégénère. Je n'aime pas Batman, je n'aime pas les autres justiciers. Ce sont des maux pour éventuellement un bien."

Le garçon me sert un panaché, j'en bois une gorgée.

" Pour ma part, j'suis étudiant, je prépare une thèse en sciences appliquées. Rien d'utile à première vue, si ce n'est que je travaille sur la création de machines, engins, systèmes qui peuvent permettre d'améliorer le quotidien des gens, et de leurs donner les moyens d'agir. En dehors de ça, malgré ma carrure pas vraiment impressionnante, quand je vois une mamie se faire tirer son sac, j'essaie d'aller l'aider, et quand je vois un gosse crever de faim, je vais lui acheter un sandwich et essaie de le mettre en contact avec des gens capables de l'aider."

Je me suis mal exprimé. Etre le pupille de Bruce Wayne ne signifie pas simplement signer un ou deux chèques de temps à autre. Il s'agit de participer aux conseils de WayneTech, il s'agit d'aider Bruce a prendre les décisions adéquates, il s'agit d'aider à prendre une part active à la destinée de la ville. Son ton cynique m’énerverait presque, mais je ne suis clairement plus à ça près.

En écoutant ses paroles, je peux en déduire deux choses. Premièrement : Il est plus que malin. Deuxièmement : Il a l'air d'en vouloir aux justiciers, pour une raison qui m'échappe. Quelque chose à cacher peut être ? Un alter-ego ? Non, cela ne me semble que peu crédible. Des parents blessés et n'ayant pas pu être sauvé par un justicier ? Ou alors, un esprit un peu plus poussé que les autres, qui passe au delà du simple manichéisme des médias. Il me plait.

Batman est plus subtil que ce que présente simplement les médias. Il n'est pas seulement un justicier. Il a aussi un coté plus sombre. Il inspire certaines personnes qui suivent mal son exemple, et qui choisissent de l'aider alors qu'il n'en ont pas les capacités. Ces personnes finissent soit mortes, soit tueuses.

Ce qu'il dit ensuite me semble parfaitement logique. Bien que son arrogance et son cynisme m’énervait au début, je me rend compte que je suis plutôt d'accord avec son point de vue. Les justiciers sont un mal pour un bien. La nuance est que j'aime être un justiciers. J'aime ce que ça représente. Mais je regrette les pertes inutiles que cela occasionne. Je suppose qu'on ne peut malheureusement rien y faire. Il faudrait pour cela arrêter d'être un justicier. Mais cela voudrait dire laisser libre cours aux supers-vilains sur la ville, vu que la police semble incapable de les arrêter.

"Tu sais, je serais plutot d'accord avec toi. Mais les justiciers sont nécessaire dans une ville pour une bonne raison. Les criminels comme le Joker, Double Face, Black Mask et d'autres sont totalement hors normes, et la Police ne semble pas réellement capable de s'occuper d'eux."

Plus d'une fois la ville a failli être détruit par ces monstres. Sur la question de la violence, Batman et les justiciers pourraient aller bien plus loin, en abattant les criminels. Mais non, ils choisissent de respecter la loi.

"Malgré la violence employé, les Justiciers sont du bon coté de la Loi. Ils ne sont ni juge, ni jury, ni bourreau. Ils ramènes à la Justice ceux que la Police ne sait pas appréhender. Ils pourraient tuer leurs adversaires, mais cela reviendrait à alimenter le cycle de la violence. En les envoyant à Arkham ou a Blackgate, ils leur offrent une chance de réinsertion, et donc, de ramener peu à peu la paix en ville.

Ce que je dis peut sembler idéaliste, mais c'est là le but premier des justiciers à mon gout. En agissant ainsi, ils peuvent faire changer les mentalités. Son action peut faire changer les choses. "