Ne manquez pas les deux derniers chapitres de Darkwatch, où s'affronteront Le Chevalier Noir et l'Empereur !Clash of the Warriors & La Révolte"Lors d'une rafle de la Ligue des Ombres, la Lignée décide d'intervenir et de massacrer les hommes de Ra's Al Ghul. Les habitants, excédés par la situation, décident de se révolter, avec le support de l'Empereur et ses troupes. Le G.C.P.D est dépassé et les justiciers n'ont d'autre choix que s'en mêler, Batman en tête."(Petit aperçu des évènements en vidéo ici)
Sujet: [Post Unique]Eadem mutata resurgo Mar 4 Juin - 18:30
Eadem muta resurgo ("changée en moi même, je renais" ) - Inscription inscrite sur la tombe du physicien Bernoulli, spécialiste des spirales et des mouements infinis
Talia amorça son soupir dès qu'elle eut refermé la porte de sa chambre personnelle. Enfin seule dans ses appartements, la jeune femme poussa le battant en bois de charme et de bouleau sur le reste de Gotham, qu'elle se représenta brièvement comme une forêt d'immeubles noirs, emplis de fous assoiffés de sang tendant les bras vers les rues étroites où quelques âmes innocentes passaient silencieusement en pressant leur enfant contre leur poitrine. Par ce geste, elle fermait aussi la porte à l'Hôtel de Ville, qu'elle avait quitté une heure plus tôt mais qu'elle retrouverait, au bout de la nuit, pour une trente et unième journée de travail municipal. Un mois. Voilà ce qui s'était écoulé depuis qu'elle avait pris ses fonctions sur l'ancien trône de Maximillien Shreck. Un mois intense et dur de levée des troupes, levée des fonds, levée des coeurs contre l'omniprésence criminelle. Un combat de tous les instants, aussi difficile que la charge de Maîtresse de la Ligue et qui avait en plus de son caractère fatiguant la viciosité de se montrer vain. En tant qu'héritière du Démon, Talia avait toujours observé de vrais résultats lorsqu'elle opérait avec la Ligue : ses cibles mourraient, ses partenariats étaient discutés et approuvés, ses pots de vins sonnaient et tout avait une finalité. Mais la Maire ne pouvait en aucun cas dire la même chose à propos de Gotham. Tous les efforts qu'elle faisait, toutes les nuits qu'elle faisait sacrifier aux agents de l'ordre, tous l'argent qu'elle versait pour reconstruire et protéger semblaient disparaître purement et simplement dans la nature. Lorsqu'un forcené était trouvé et arrêté, un autre arrivait en ville et lorsqu'elle tentait d'améliorer l'asile, cette dernière était victime d'une évasion en masse qui foulait au pied son image, à peine l'élection passée. Elle ferma les yeux et resta un instant dans la chaleur de son appartement anonyme, situé près du Ritz sans y appartenir mais situé à bien des lieux de la maison que, par sécurité, elle avait acheté à Burnley.
Ici, entre des couvertures rassurantes, une machine a thé et de quoi dessiner et entreposer, elle n'était plus Maire, ni Maîtresse du monde criminel et encore moins d'un Léviathan, sauf si le chat qui venait gratter à sa porte de temps en temps s'appelait Léviathan. Pendant quelques heures, chaque nuit, à l'abri de tous et de tout, elle était juste une femme, Talia Al'Ghul, fille d'un homme avant d'être fille d'un immortel, en possession d'un corps et d'envies avant de posséder un puits de Lazare et des tonnes d'armes et d'hommes s'entraînant sans cesse à les servir. Un moment de répit. Une fois son Pi Lo Chun et son polochon préparés, la tueuse qui avait vaincu Lady Shiva se laissa tomber sous une couverture et s'empara d'un livre qu'elle commença à feuilleter. C'est au millieu de la seconde page qu'elle s'arrêta soudainement, les yeux dans le vide, une main sur la poitrine, à l'écoute de son coeur. C'est ce soir là, très exactement, qu'elle se réveilla enfin, après des mois de prostration et de combat. Son esprit occupé par les élections et la victoire enfin éprouvée après des siècles - un bon millénaire - d'errance anonyme à Gotham, elle avait réussi à penser à autre chose et cacher ses véritables pensées à la brume rouge de ses nouveaux ennemis, autrement dit ses anciens alliés. Mais ce relâchement nocturne, ce départ douceâtre mais largement perceptible du poids de ses fonctions et de sa vie d'immortelle, la redécouverte de ses instincts premiers, avait brisé le masque d'indifférence qui lui permettait de résister à Leurs absences. Leur dispariton.
Après quelques minutes de réflexion, elle se leva, rejeta tout le matériel destiné à l'aider à trouver le sommeil et décida de partir à la vraie origine de ses insomnies. Ses seules faiblesses, ses seuls fantômes. Les seuls démons de l'Héritière du Démon. Et tous se résumaient par la même constation : elle était immortelle, certes, elle était importante, certes, sa vie ne se finirait jamais, certes, mais le problème était qu'elle n'en avait pas réellement de vie. Elle n'avait que seulement éprouvée quelques temps son statut de vivante avant de s'aspirer complètement dans sa tâche, ses tâches de maîtresse de la Ligue, de Gotham, du Léviathan et de milliers d'hommes en quête de perfection martiale. Il était temps de combler le vide.
La Maire se coula dans un froissement bref jusqu'à son armoire à vêtement dont elle ouvrit toutes les portes, dévoilant un dressing aux dimensions honorables. Elle passa sa main blanche et pâle sur les soies multicolores, les dentelles et les boutons. Il y en avait là pour tout une vie. Une vie fastueuse. Une vie de Maire. Une vie vide. Talia repoussa du bout des doigts les robes somptueuses, les tuniques délicieuses, les retombées de coton aguichantes ou plus strictes. Elle trouva rapidement ce qu'elle cherchait. Un ensemble omnicorporel, un costume sobre mais au coupé parfait et tout à fait nouveau, fait sur mesure pour une certaine Amaterasu. Un vêtement souple, et léger, à la texture si légère qu'on aurait pensé à de l'eau. Une couleur d'un noir si intense qu'avec ça elle ne se cachait plus dans la nuit, elle faisait partie de la Nuit.
La tenue réglementaire de la Ligue des Assassins. ...
- Ari ?
La voix du Lieutenant du Léviathan, plus connu via son rôle de directeur de la Société Millitaire Privée de l'Amaranth Incorporated était plus grave au téléphone que dans la réalité, mais il semblait en plus avoir fumé quelques cigarettes et souffrir d'une sorte d'angine lorsqu'il répondit à la "jeune" femme.
- Madame la maire ? Vous, à cette heure-ci ? Je pensais que vous disparaissiez dans la nature dès que vous sortiez de l'Hôtel de Ville pour n'être réinitialisée par les limbes que le matin suivant. Vous seriez donc un être humain, vivant la nuit ?
- Vivante, je ne sais pas. J'essaye. A vrai dire, c'est pour cela que je vous appelle.
- C'est à quel propos ?
- L'Amaranth. J'ai placé le Léviathan comme une bombe dans les murs de ma propre construction, au cas où je voudrai la détruire. Mais je m'y refuse. Le bien de Gotham est primordial, et je ne crois plus en la religion du conflit entre ennemis de mon père, changer Gotham sera un premier pas pour changer l'humanité, et inutile de prendre de tels risques.
- Mais.. ça signifie...
- Oui, vous n'avez plus aucun pouvoir. Mais tout n'est pas terminé. Je me suis rendue compte que lever une SMP alors que j'ai basé ma campagne sur le fait qu'il y avait trop de concurrence au GCPD était idiot. Mais les soldats du Léviathan seront recyclés, et.. intégreront la police directement. Je vous réserve une place près du commissaire Blake, je crois que vous avez fait connaissance.
- C'est...
Talia coupa la conversation, prit le temps de respirer et changea de téléphone, optant comme d'habitude pour un appareil jetable afin d'appeler son second contact, le deuxième échelon d'une soirée prometteuse.
- Shalom.
- Sha.. Maîtresse ?
Talia ne put s'empêcher de sourire. Depuis qu'elle était occupée et surveillée à la Mairie, elle avait laissé la charge provisoire de la Ligue, en tout cas de ses affaires courantes à un conseil constitué de Ubu, Heretic, I-Ching et autres pontes de l'organisation, et, si elle gardait une main assurée sur le pouvoir dont elle avait hérité, ses absences répétées creusait en elle un manque de l'organisation autour de laquelle, dans laquelle et pour laquelle avait été pensée sa vie. C'était une joie de les entendre à nouveau, impassible et froids, mais dont les promesses assassines sincères à chaque fin de phrase avaient pourtant plus de valeur que les discours de tout les politiciens qu'elle avait eu le temps d'entendre en un mois.
- J'ai besoin de trois hommes, et d'Ubu. Ce soir. Au lac, mais pas celui du Robinson Park, je pensais à un endroit plus tranquille..
- Nous trouverons Maîtresse. A ce soir.
....
Le Manoir Wayne. Théatre des rêves de Talia et ancien théatre des quelques traces de réelle vie qu'elle ait mené. D'aussi loin qu'elle pouvait le voir, le Manoir semblait aussi sombre que son esprit et les demeures dans laquelle elle avait fait reposer sa Ligue ces dernières années, c'était une bâtisse ancienne et solide mais rongée et noircie par les combats, à l'image de Gotham mais c'était de là que venait tout l'air qu'elle respirait, la volonté qui la faisait avancer, c'était de là qu'elle tirait sa réalité, assez de réalité pour continuer à exister et se lever la matin pour jouer aux échecs avec les noirs, Léviathan et Ligue, et les blancs, en tenues de policiers. Le monde était à elle, son père le lui avait soufflé à la naissance.
Mais seule cette maison l'intéressait. Talia, par réflexe, réarrangea ses cheveux et cligna des yeux mais elle n'avait aucun maquillage à rééquilibrer - elle en mettait de toute façon rarement - et personne n'allait voir ses cheveux. Il devait être dehors à cette heure là, occupé à... survivre. Survivre sous la forme de chauve-souris, puisqu'à Gotham, les humains ne font pas long feu. Et pourtant, elle s'approcha, sachant pertinemment qu'aussitôt les protections dépassées, une foule de caméras allaient se braquer sur son visage désormais nationalement reconnu, et qu'un garde occupé à manger son sandwich ne manquerait pas de reconnaître la maire, en tunique noire moulante, devant la maison de son employeur, le richissime et séduisant Bruce Wayne. De quoi se faire des idées - pour la plupart vraies.
C'est pourquoi elle évita les caméras qu'elle connaissaît du mieux qu'elle put et resta à une distance raisonnable de la maison avant de déposer, près de la tombe de Martha et de Thomas une lettre, glissée dans une enveloppe blanche et ocre, du meilleur papier qu'elle eut pû faire venir de son Arabie natale - et à moitié contrôlée. Elle avait pensé un instant y apposer la trace de ses lèvres pour informer Bruce de la teneur du message mais, après réflexion, ce n'était pas son intérêt, et ce n'état pas le style de Talia. Elle avait en revanche fait protégé la lettre, et apposé un sceau qui ne pouvait être ouvert que par la bague de fiancailles des parents de Bruce. C'était la seule façon d'être certaine que lui seul pourrait la lire. En outre, elle n'avait pas signé, en espérant qu'il saurait qui avait écrit.
Son paquet déposé, la jeune femme disparut, comme seule savait le faire ses Ombres, et comme elle le leur avait appris. Un mauvais passe une fenêtre en faisant du bruit. Un bon voleur passe une fenêtre sans faire de bruit. Un membre de la Ligue des Assassins passe. Tout simplement. Et la nature n'en retient absolument rien.
...
3h du matin, parc anonyme près de Midtown.
Talia était dans l'obscurité la plus totale, mais quelques réverbérés derrière elle et au loin lui permettaient d'avoir une vue d'ensemble de Gotham, la nocturne. Voilà un bon résumé à la fois des dernières années, de la sensation qu'avait la Maire dans son rôle, et de ce qu'il se passait réellement, dans ce parc surélevé, apposé à un petit lac qui devait devenir tout blanc en hiver et acceuillir quelques enfants hilares, à mille lieux des soucis qui roulaient dans l'esprit de l'immortelle. Son shamshir rangé dans son fourreau, lui même posé sur ses genoux, elle caressait lentement l'arme, prête à la dégainer à tout moment tout en perdant son regard trop bleu dans l'obscurité trop noire de sa ville.
Il était toujours étrange de se dire que, désormais, elle la possédait. Et légalement. Désormais, elle avait pour travail d'y apporter la lumière et tout ce sur quoi elle posait les yeux marchait selon ce qu'elle avait demandé, et se battait sous sa bannière si elle le demandait. Gotham était une ville indépendante, personne ne pouvait lui commander, elle n'était qu'une femme occupant une certaine pièce de l'Hôtel de Ville et qui pouvait construire ou détruire quelques bâtiments selon sa volonté mais pour le reste des américains, Gotham était Al'Ghul. C'était faux. Totalement faux. Il y avait ces zones d'ombres, ces gouffres entre les tours rassurantes et les résidences tranquilles, ces ruelles mal famées sur lesquelles rien de ce qu'elle ne faisait n'avait le moindre impact. C'était la demeure des démons, des fous et des marginaux. Un endroit perdu que son regard évitait. Et pourtant, c'était là qu'Il se trouvait sûrement. Là que, sans le savoir, tous les jours, ses hommes Le cherchaient. Là que se tournaient toujours ses pensées, si elles ne restaient pas assez longtemps toutes entières destinées au travail. Il était là, elle le savait. Elle le sentait.
- Rends moi mon fils, ville de malheur.
Rends moi mon fils, où je te ferai démonter brique par brique pour te l'arracher. Je le promets.
...
Bruce, Avec tout ce qu'il se passe en ce moment, Avec tout ce que je fais, Avec tout ce que tu fais, J'ai perdu les véritables ancres de mon humanité, mais.. J'ai envie de les retrouver. Je ne sais ce que tu en penses, je ne sais où tu en es dans ta vie, parce qu'entre tes identités, tu as réussi à avoir quand même une vie, une vie sans moi même.. Mais tu restes le seul lien qui me rattache à tout ce que j'essaye désormais de défendre - de toutes mes forces et de toute celles que la vie possède. Tout ce qui fait que je reste une femme, une femme éternelle, mais encore jeune. Je pense que si je continue, si je me concentre seulement sur mes tâches, pendant des siècles, comme mon père avant moi, je vais finir comme lui. Perdre les passions et les valeurs des mortels, et ne faire un enfant que pour continuer ma tâche, comme des robots à la chaîne, et peut être un autre Batman se détournera aussi de cette autre Talia et de ses successeuses parce qu'ils vont eux aussi finir comme leur mère.. Si tu le désires, Bruce... J'aimerais éviter ça. Les temps sont noirs. Retrouvons ensemble la lumière. Ou pas. Je resterai ce que je suis et nous oublierons, comme actuellement pour.. Nous concentrer