(HJ/ Très bon post, monsieur le commissaire. /HJ)

"Vous avez eu faux pendant une importante partie de votre existence, commissaire Blake."

Je fais crisser mes bottes sur le toit nu et vide du bâtiment. Je suis présent depuis quelques secondes déjà, mais j'ai décidé de stopper mon observation silencieuse et indiscrète du nouvel homme fort du Gotham City Police Department. S'il a eu le courage d'allumer ce signal, malgré tout ce dont on m'accuse, il mérite que je fasse l'effort d'aller vers lui en pleine lumière - plus ou moins.

"La vie d'Artiste n'est pas aussi facile qu'on l'imagine, je suppose."

Ma cape flotte légèrement derrière moi. La pique est sévère, sèche, mais j'ai du mal à appréhender cet homme de manière positive et objective. Son passé ne m'est pas inconnu, et j'ai suivi son récent parcours dans le cadre du groupe des Justiciers d'Etat - une idée de Shreck. Autant dire une idée qui n'emporte pas mon adhésion et mon soutien.

"Je pensais que la police de cette ville avait détruit cette machine. Ou l'avait revendu pour gagner quelques dollars."

Mes doigts gantés glissent lentement sur la structure métallique que je connais si bien. Après la première mouture, créée par les services du G.C.P.D., les Entreprises Wayne ont financé la fabrication des nouvelles versions du signal - mais c'est vieux, tout ça. Après que la police se soit tourné contre moi, après des erreurs des deux côtés, et après... James... je ne pensais vraiment pas revoir mon symbole affiché sur les nuages de Gotham City.
Moi qui étais en patrouille en ville, je n'ai pas pu résister et j'ai foncé ici pour découvrir qui a eu le courage de rallumer cette chose. La surprise est grande d'apprendre qu'il s'agit du nouveau maître des lieux.

"Que voulez-vous ?"

Je m'arrête à une demi-douzaine de mètres du commissaire, et pose les yeux blanchâtres de mon masque sur la silhouette fatiguée du vieux guerrier. Pour ce qu'il a fait, j'éprouve une forme de respect pour Andrew Blake, mais je ne peux oublier ses exactions, ses erreurs et ses errements. Son association avec Shreck, notamment, fait grincer ma mâchoire et mes nerfs - mais je suis prêt à écouter ce qu'il a à me dire. Après tout, nous somme amenés à nous côtoyer dans le cadre de nos activités communes ; voyons si ce sera comme ennemis, ou comme éventuels alliés.

"Si je ne me trouvais pas dans le vrai, je ne pourrais pas continuer."

Ma voix est lente, posée. Mon regard blanchâtre reste fixé sur la silhouette du vieux guerrier, qui semble avoir été touché directement ma prise de contact et mes accusations - bien, c'était l'effet escompté. Je ne suis pas ici pour me faire un ami, que les choses soient bien établies.

"Et si je ne m'imposais pas un positionnement moral, je ne pourrais pas continuer à combattre le crime et la folie sans m'enfoncer moi-même dans ces fléaux. Mes actions peuvent être questionnées, mais je n'ai jamais franchi les lignes que je considère inviolables. Pouvez-vous en dire autant ?"

Après cette nouvelle pique, je me tais et je décide de ne pas plus m'enfoncer dans ce thème - pour le moment.

Lentement, je m'avance, m'échappe des ténèbres pour m'approcher des dossiers abandonnés par le nouveau commissaire. Fondamentalement, je ne l'apprécie pas, je connais trop bien son passé, ses choix, ses décisions pour avoir une opinion réellement positive de lui ; d'ailleurs, je ne suis pas satisfait de sa nomination, et j'aurais préféré quelqu'un d'autre - quelqu'un que je pourrais plus facilement manipuler, je dois bien me l'avouer.

Cependant, je dois bien avouer que j'apprécie son discours. Je suis, malgré moi, agréablement surpris par la teneur de sa réponse et de sa demande : je ne peux pas dire que je cautionne tout ce qu'il dit, mais je le sens sincère quand il dit vouloir protéger la ville, et le voir être prêt à ravaler sa fierté pour me demander de l'aide est étonnant mais bénéfique pour notre future collaboration. Je ne pensais pas, en venant ici, découvrir un commissaire comme cela, mais je suis ravi de découvrir chez l'ancien guerrier les germes d'un officiel intéressant.

"Madame le Maire a des projets et des moyens... étonnants, pour sa position. Son élection n'en est pas moins troublante, par le mystère qui l'entoure, mais je choisis de lui faire... confiance. Certaines raisons me poussent à lui laisser une chance, mais je ne suis pas moins vigilant pour les troupes qu'elle voudrait utiliser."

A vrai dire, j'éprouve de réelles difficultés à faire confiance à Talia et à sa Ligue, malgré mon engagement envers elle de me battre à ses côtés pour sauver encore plus la ville. Je sais qu'elle veut bien faire, mais Blake n'a pas tort en émettant des doutes sur les moyens qu'elle veut engager dans sa lutte : le mieux est l'ennemi du bien, j'ai payé cher pour le savoir, j'espère juste que je ne devrais pas à nouveau y faire face.

"Quant au reste... la situation est lourde, en effet. La police a des difficultés à maintenir la discipline dans ses rangs, et ne parvient pas à rassurer la population. Vous avez besoin d'aide."

Mes doigts gantés glissent sur les dossiers, tandis que mes yeux, derrière les filtres blanchâtres de mon masque, analysent pendant quelques secondes les éléments à l'intérieur des pochettes. Je reste silencieux un long instant, avant de me tourner à nouveau vers le commissaire. Ma voix devient un peu moins lourde, un peu moins agressive.

"Vous n'êtes pas James Gordon, vous ne le serez jamais - et c'est très bien. J'ai établi une relation particulière avec votre prédécesseur car nous sommes arrivés en même temps, car nous avons partagé des valeurs et des combats ensemble. Je ne cherche pas à recréer ce lien avec vous, je cherche à agir au mieux pour la ville. Si vous souhaitez agir de même, je suis prêt à des concessions, des partages d'information et des appuis véritables au G.C.P.D. et à sa réputation... mais vous devez me soutenir, commissaire, et me laisser agir comme je le souhaite."

Peut-être parce que j'ai fait face à l'abîme, peut-être parce que j'ai failli tout perdre, peut-être parce que je m'en suis rendu compte à l'extrême limite, mais j'ai envie de changer mes habitudes, de devenir un peu plus sociable et de m'ouvrir aux autres.
Lentement, un peu gauche, je m'approche de Blake et lui tend ma main gantée, en un geste d'alliance et de paix. J'espère qu'il saura comprendre l'importance de la proposition et de l'instant, et qu'il saura surtout agir en conséquence - pour son intérêt, le mien et surtout celui de Gotham City.

"Ces bruits ont toujours couru en ville : Bruce Wayne, James Gordon ont reçu plus de menaces de mort que les stars hollywoodiennes réunies. J'ai veillé à leur sécurité avec mes alliés, et je ferai encore de même - mais je dois passer à une nouvelle étape."

Ma voix est lente, posée. Les yeux blanchâtres de mon masque sont fixés sur la silhouette usée du nouveau commissaire, qui a accepté le difficile pas que j'ai fait vers lui ; c'est déjà ça. Je ne suis pas ravi de faire cela, mais je sais que je suis obligé de faire des compromis - c'est nouveau, pour moi. Si j'avais plus de contact avec Richard, je sais qu'il rirait de ma situation en étant satisfait de mes efforts, mais je ne sais plus où il est et je n'ai aucun moyen de le contacter.

Par bien des aspects, je suis seul... et je ne peux pas réussir ainsi.
Je dois me trouver des alliés, et les accepter comme ils sont le temps de leur utilité auprès de moi. Andrew Blake entre dans cette catégorie.

"Le G.C.P.D. n'est pas armé contre la super-criminalité locale : la destruction du commissariat, les problèmes d'effectifs et de motivation de vos hommes mèneraient à un massacre. Nous ne pouvons pas l'accepter."

Je me détourne, et fais voler ma cape légèrement derrière moi. Je m'approche lentement du rebord du toit, avant d'appuyer discrètement sur quelques boutons du clavier caché dans mon avant-bras droit. Parfois, je me demande si je ne suis pas devenu trop dépendant de la technologie, mais je dois bien avouer qu'elle est bien pratique dans de telles situations.

"Comme nous ne pouvons pas accepter que je mène vos policiers : ce n'est pas mon rôle, en dehors de crises exceptionnelles. Nous n'en sommes pas encore là, et nous devons l'éviter."

Une fois les commandes prévues rentrées dans mon ordinateur, je me tourne à nouveau vers Blake et croise les bras. Un scanner rapide de l'endroit par mes systèmes m'ont permis de découvrir que personne ne nous observe ou nous espionne, ce qui est indispensable vu ce que je m'apprête à lui révéler.

"Vous êtes un tueur - moi pas. Vous êtes un militaire - moi pas. Vous êtes vieux et désabusé - moi pas encore. Cependant, vous êtes mon seul allié potentiel à votre poste et à votre grade, et je me vois dans l'obligation de vous proposer un marché."

Un bruit de turbine se fait soudainement entendre, avant qu'une demi-douzaine d'immenses robots humanoïdes ne s'extirpent des ténèbres en volant. Ils se posent juste derrière moi, et créent un effet évidemment fort chez mon interlocuteur. Je n'en attendais pas moins.



"Des androïdes, contrôlés par mes alliés et à votre disposition pour certaines missions. Construits par Bruce Wayne, que j'ai personnellement contacté pour nous aider dans cette lutte contre le crime. Dès demain, Wayne annoncera aussi un don important à vos services, et le transfert de toutes les armes développées par Lucius Fox pour l'armée et rejetées par le gouvernement - ce transfert sera gratuit.
La lutte contre le Mal prend une nouvelle tournure dans cette ville, commissaire Blake. Êtes-vous prêt à l'assumer, et à agir comme il se doit pour nous donner enfin les moyens de l'emporter ?"

"La Justice l'emporte toujours, mais elle a son prix."

J'apprécie cette discussion. J'avais d'importants à prioris sur Andrew Blake, mais je suis rassuré de découvrir en lui un homme avec lequel je peux discuter et construire des projets. Si je regrette toujours l'absence de James Gordon à ce poste, le nouveau commissaire pourrait faire l'affaire, finalement.

"Bruce Wayne est un homme qui aime les plaisirs - tous les plaisirs. Ce qui est dit dans les magazines est vrai, mais beaucoup oublient son enfance, son drame. Ses parents ont été assassinés devant ses yeux par un homme poussé au crime et à la mort par la pauvreté, l'abandon et l'enfer de cette ville. Même si Bruce Wayne s'est réfugié dans une certaine vie facile, il n'oublie pas ce qu'il fuit, ce qui l'a blessé... et il cherche à faire disparaître ce qui le terrifie encore."

Mon petit discours est rodé, mais continue de me troubler. Parler de moi, ainsi, me fait parfois croire que je ne suis pas vraiment Bruce Wayne... qu'il est une autre identité, qu'il n'existe pas réellement ; je me trompe alors.
Je suis Bruce Wayne, comme je suis Batman. Je n'ai pas deux identités, je suis un homme qui se plie au jeu des mensonges et de la comédie pour suivre ma mission, mais je ne me cache jamais.

"Votre proposition de fonctionnement me convient. Je ne voudrais pas que vous vous attiriez des foudres inutiles de la part de Madame le Maire, comme je ne voudrais pas que vos troupes se détournent de vous."

Je fixe pendant quelques secondes le vieux guerrier, avant de lui adresser un signe de tête positif.

"Les troupes et les armes seront livrées au plus vite. Vous aurez le soutien officiel de Bruce Wayne. Et je ne vous laisserai pas affronter seul vos ennemis, et notamment Clayface, que vous venez de me décrire."

Je fais tournoyer ma cape derrière moi en me rapprochant du rebord du toit. Un claquement de doigts, et la demi-douzaine de robots s'élève dans les airs et disparaît dans les ténèbres qu'ils avaient quitté quelques secondes auparavant.

"Le G.C.P.D. reste indépendant - moi aussi. Cela n'empêchera pas de collaborer. Après tout, nous avons les mêmes objectifs : nous nous devons de nous entendre."

Sans rien dire de plus, je me précipite dans les airs et disparaît dans la ville, sans laisser l'occasion à Blake de me répondre ou de me suivre.
Je reste encore quelques instants à l'observer, avant de me retirer vers mes rondes et mes propres projets. L'entretien fut intéressant, et plus constructif que je le pensais ; peut-être que cette ville va obtenir la police qu'elle mérite, même si je doute que le vieux guerrier égale James Gordon. A moi de le guider dans cette nouvelle tâche, et de me battre pour qu'il continue dans cette voie - et reste en vie.

(HJ/ Je conclus mon intervention ici, j'ai beaucoup aimé ce sujet mais je pense que nous en avons dit assez. Merci et à bientôt ! /HJ)