Une belle limousine noire s'arrêta devant l'hôtel de ville. Une jolie blonde en sortie la première, habillée en robe de soirée, dissimulant soigneusement une arme de poing au niveau de sa cuisse gauche. Elle ouvrit la porte d'en arrière, raide comme un piquet. La porte donnait directement en face de la porte de la mairie. Ce fut bien sûr, le Pingouin qui en sortit. Il était habillé de sa plus belle redingote et de son haut-de-forme habituel. Il alla vers la porte, tandis que la fille remonta en voiture pour aller se garer plus loin. Cobblepot poussa la portes, et il se dirigea vers la secrétaire à l'entrée :

- Avez vous pris rendez-vous?
- Oui très chère, au nom de Cobblepot.
- Très bien, je vais vous demander d'attendre je vous ferai demander quand le maire sera prête.

Il alla s’asseoir après avoir poliment saluer la secrétaire. Il savait respecter les convenances. C'est juste que d'habitude, quand on est parrain de la mafia, en s'en préoccupe très peu. Il avait rendez-vous effectivement. Le fait que Talia Al'Ghul gagne les élections venait de changer la donne. À présent il pouvait aller et venir comme bon lui semble dans Gotham. Mais le Pingouin voulait le pouvoir par dessus tout, et tous les mafieux allaient se disputer la moindre parcelle de territoire. Il était temps de la jouer intelligemment. Son partenariat avec le Chapelier fou allait beaucoup lui apporter, mais le maire pouvait lui donner encore bien plus. Mais pour cela il faudra la convaincre. Cobblepot avait ses arguments, bien préparés dans la tête. Mais Talia n’était pas de celles que l'on manipule aussi facilement. Il fallait la jouer serré et profil bas. La secrétaire revint vers lui et fit alors:

- Madame est prête à vous recevoir, Monsieur Cobblepot.

Il la remercia et se dirigea alors vers le bureau du Maire.

Monstrueux.
Ils étaient monstrueux.

Ecartellés entre la longueur de leurs souffrances et de leurs peines et la pourtant courte et ephémère durée de leurs vies, les mortels se jetaient sur tout ce qui pouvait les satisfaire, avides de toujours plus de plaisir, toujours plus de pouvoir, toujours plus d'intensité pour palier et combler le défaut du risque qu'ils avaient de décéder à tout moment, et du compte à rebours qui les prenait à la gorge dès la naissance. Monstres affamés de toutes les saveurs, de toutes les expériences, ils se battaient pour posséder tout ce que la planète leurs offraient, se jetaient dessus pour arriver en premier à la tête d'une organisation, du coeur d'un homme ou de leur prochaine proie. Prédateurs incessants, ils laissaient sur le carreaux les plus faibles d'entre eux, qui se vengaient inévitablement, et se tapaient dessus dès leur prime jeunesse pour se faire respecter le plus longtemps possible, jusqu'à ce qu'on doive leur enlever leur dernier dentier avec respect sur leur lit de mort. Bedonnant, tanné par tout ce qu'un mortel pouvait traversé comme un cuir longtemps frappé et parfois mal recousu, le Pingouin faisait parti des laissés pour comptes qui étaient devenus encore plus humains que leurs collègues à travers des souffrances sans noms, et sûrement pas dans le bon sens du terme. Instincts primaux, goût de la violence, avidité du pouvoir.. les dirigeants de mafias et de groupuscules marginaux étaient les portes bannières d'une espèce humaine haîssable et le sachant pertinemment, mais le Pingouin faisait office de modèle dans le genre. Pas plus haut que le Cricket, meilleur assassin de la Ligue depuis Lady Shiva malgré ses sept ans, le roi de la banquise ressemblait à un cristalloir faussement fragile mélangeant tout ce que l'oeil bleu et éternel de Talia avait toujours constaté chez ses collègues mortels.

Mais elle savait que l'homme était très intelligent. Il assumait parfaitement tous les défauts provoqués par sa courte vie, et par sa volonté d'en faire un règne de malheur et de vengeance, il avait dans ses yeux toute la chaleur de l'arctique et dans ses mains une partie de l'avenir de Gotham. La nouvelle Maire savait comment traiter ses compagnons italiens, russes, moins marginaux, mais elle prenait encore des gants lorsqu'il s'agissait de manipuler le petit bout d'homme brisé, tordu, aux bords coupants. Habillée d'une tunique noire au coupé qu'elle essayait de définir entre féminin et politicien, l'immortelle était en train de réfléchir lorsqu'on lui annonça que son fameux rendez-vous allait commencer. Elle attendait dans le bureau ouvert au public, celui que Shreck occupait avant elle et ramena ses cheveux derrière ses épaules, toujours dans le même tic qu'au débat ou lors de ses conférences. Lorsque la porte s'ouvrit, Talia desserra les lêvres et s'autorisa même un petit sourire alors qu'elle encourageait le mafieux à entrer, mais sans fermer la porte. Il allait sûrement râler, et la contredire -il avait toujours adoré ça - mais elle était maire désormais.

Et ses ordres avaient désormais une valeur légale dans tout Gotham. Derrière le Pingouin, un prétendu garde du corps, plus grand que Talia et donc massif comme deux ou trois fois Cobblepot, se glissa dans l'entrebaîllement et ferma derrière lui la porte. Il se faisait appeler sous plusieurs noms à la Mairie et aux côtés de sa "prétendue" employeuse mais en réalité, sa véritable identité tenait en un pseudonyme, et une expérience de la plus haute importance pour l'immortelle. The Heretic. Clone à la croissance accélérée de son fils naturel, Damian Wayne. Le second de la Ligue et faux garde du corps vint se placer derrière sa mère génétique et lui murmura quelque chose à l'oreille. Elle l'éconduit en le remerciant et il vint se placer derrière la porte, assez loin pour ne rien entendre si l'on n'haussait pas la voix mais assez proche pour intervenir au cas où. Aux grands maux manchots, les grands moyens.

Les mains posées sur la table - loin des cheveux pour ne pas avoir envie de faire des nattes inutiles -, la Maire immortelle, héritière du Démon, jeta l'ancre de ses yeux dans l'océan déchainé et arctique de ceux du Pingouin.

- Vous vouliez me rencontrer, monsieur Cobblepot ? Ne me félicitez ni ne me remerciez pour mon ascenscion, ce n'est pas la peine, et je suis dèja garante de votre reconnue politesse. Allons droit au but, quels sont les motivations de votre venue, ici, loin de votre casino, et de vos .. hommes ?

Cobblepot entra dans le vaste bureau. La maire se tenait là, affublée d'un tunique noire et de son regard perçant. Elle inspirait à la fois terreur et maladresse. La terreur car Talia était une assassine totalement endoctrinée par une secte lugubre s'étant donné pour but d'exterminer tous ceux qui étaient comme Oswald, noirs et corrompus, et son regard glacial prouvait encore que malgré son titre de maire, cette Talia-là était encore bien présente. Mais elle inspirait aussi la maladresse, car sa gestuelle, son habillement, son attitude même démontrait un femme ne sachant vers quelle direction aller, la politicienne, la féminine ou l'assassine? La maire ne baignait pas dans le même bain que l'oiseau qui savait depuis longtemps comment se baigner en politique. Elle ne le regardait pas encore, concentrée sur sa prochaine entrevue. Oswald la salua poliment, retirant son chapeau. Il attendit une réaction de sa part.

Elle lui fit signe d'entrer, avec un sourire en coin sur le visage, comme un petite provocation. Elle laissa la porte ouverte. Elle savait bien que cela le fâcherait. Quelle sottise de penser qu'il aller jouer les impatients avec elle étant donné sa nouvelle position. Et ce n'est pas comme si elle voulait vraiment que tout le monde entende leur conversation. Oswald s'en fichait, il savait ce qu'il représentait, et Gotham ne se passerait pas encore du Pingouin. Et il savait que Talia en avait conscience. Un gros bras par excellence était avec eux, il se plaça derrière la Maire, et il chuchota quelque chose à Talia qui le remercia. Voilà un bien curieux stratagème afin de le mettre mal à l'aise. On n'apprend pas au signe à faire la grimace, par sa seule présence, Cobblepot mettait toujours mal à l'aise. Alors ce n'était pas cette attitude, cette porte et encore moins ce malabar qui allaient le faire vaciller. Elle posa enfin ses yeux sur lui et entama la discussion

Elle resta polie, c'est sur, mais profita de son statut pour être quelque peu effrontée. Elle lui demanda d'aller droit au but, loin de tous les jeux de flateries et de politesse, qui de toute façon ne l'auraient surement pas atteinte. Quelle belle idée que voilà! Oswald se mit à sourire. Il alla vers le bureau et mis la main dans sa veste. Il savait bien que Talia et le malabar allaient être sur leur garde. Mais finalement il n'en sortit qu'une bouteille rectangulaire de Scotch. Il la posa et remis son chapeau pour finalement lui dire d'un ton mielleux :

- Vous avez tout à fait raison, je ne suis pas venu vous rencontrer pour vous féliciter, une simple lettre aurait suffit. Si je suis venu c'est parce que j'ai une proposition à vous faire. Une proposition qui devrait selon moi faciliter à la fois votre position et la mienne. Mais toute proposition se fait devant un verre, et ce scotch irlandais est de grande qualité vous verrez, pourriez m'indiquer où je pourrais me procurer deux verres et de la glace?

Etrange. Lors de la passation de pouvoir, Maximillien Shreck lui avait proposé du cognac, lors de son entretien avec elle, l'Artiste lui avait aussi proposé de whisky et maintenant, le Pingouin s'ajoutait à la liste des gens lui ayant proposé de l'alcool dans la même semaine. Elle haussa légérement le sourcil et songea à un panneau dans son bureau annonçant que la maire n'était pas très alcool, mais elle n'en dit rien et regarda le quasi-nain enfoncer son chapeau sur sa tête, tout en essayant de garder un sourire convenable et une attitude digne alors qu'il savourait à l'avance les grands crus que Shreck avait probablement laissé dans les caves de la Mairie. Sans lui répondre, elle tâtonna sur son bureau à la recherche du bouton haut parleur et annonça à claire voix qu'elle souhaitait que l'on amène un verre pour déguster le scotch irlandais élégamment amené par un invité de marque. Une fois la transmission exécutée, elle se retourna vers le Pingouin et lui sourit :

- Je ne bois pas d'alcool, mais merci tout de même, monsieur Cobblepot.

Talia se repositionna dans son fauteuil, et attendit qu'on serve la boisson du Pingouin en regrettant de ne pas avoir commandé de thé. De toute façon, elle n'était pas dans ce bureau pour prendre du plaisir. Elle était là pour un rendez-vous avec le Pingouin et il fallait se concentrer sur les paroles âpres du mafieux, et non pas sur la saveur douceâtre mais explosive d'un Pi Lo Chun. De toute façon, les deux n'allaient pas ensemble. Après avoir inspiré longuement, les yeux fermés pour se préparer, l'immortelle se remit à simuler l'énergie d'une autorité constante et intouchable, malgré l'heure matinale. Enfinn le verre du Pingouin arriva et on lui apporta même de quoi décapsuler sa bouteille. C'était le moment, enfin satisfait, son interlocuteur allait pouvoir passer aux choses sérieuses.

- Je vous écoute Monsieur Cobblepot. C'est rare de vous voir si enthousiaste sur un projet, et je vous accorde un intérêt tout particulier. Ne vous tracassez pas pour le garde derrière la porte, il n'entendra que les cris ou les haussements de voix. Cette salle est étudiée pour la discrétion, c'est une forge à idées. Passez y la votre, et ensemble, nous l'aiguiserons pour voir si elle peut convenir à nos deux utilisations et l'avancée de Gotham City.

[ HRPG : Désolée, j'ai enchaîné les postes, c'est... sans commentaires )

Elle chercha sur son bureau un bouton pour appeler sa secrétaire, elle ne semblait pas encore très à l'aise avec ce bureau. Il faut dire qu'elle passait du style assassin du Moyen-Orient à bureaucrate Américaine. Il s'agit là d'un sacré fossé à parcourir. À la regarder depuis tout à l'heure, le Pingouin la trouvait moins effrayante qu'elle l'a pu l'être par le passé. Il la connaissait comme une tueuse impitoyable, pas comme une pauvre fille en détresse qui ne trouvait pas ses jouets. Mais l'habit ne fait pas le moine. Qu'on ne s'y trompe pas, Talia reste et restera toujours une tueuse impitoyable. Elle finit par trouver l'interphone et demanda à ce qu'on lui amène un verre. Un seul oui, car il semble que notre maire ne boive pas d'alcool. Dommage, car cela rend les gens plus malléables en général.

Une secrétaire arriva. Elle lui ouvrit sa bouteille et le servit. Elle repartit aussitôt bien entendu. Talia et lui avaient un tas de choses à se dire. Il n'avait pas de glaces. Dommage, il préférait ses boissons glacées. En parlant de glace, Talia changea brusquement d'attitude. Elle se mit à redevenir cette fameuse assassine impitoyable, lui soutenant un regard froid et pénétrant. Ce n'était pas la première fois qu'Oswald devait soutenir ce genre de regard. Il plongea ses horribles petits yeux perçants dans ceux de sa belle interlocutrice. Si elle pensait que l'intimidation marcherait sur le Pingouin, elle se trompait lourdement. Mais cela était surement un style qu'elle se donnait, afin de paraître intouchable. Et pourtant, tout le monde à Gotham peut être touché!

Elle prit finalement la parole. Elle savait manier les mots elle aussi. Elle était tout aussi convenable et polie que lui, et semblait même intéressée par ce que Cobblepot avait à lui amener. Elle lui précisa même la discrétion que pouvait représenter ces lieux. Le Pingouin se mit à sourire, cet horrible sourire ... Et il prit une gorgée de son Scotch. Il fit un soupir. Quel bon Scotch c'était là! Il fallait toujours prendre le temps de savourer une boisson aussi précieuse. Il prit quelques secondes et revint finalement sur terre. Il fallait réfléchir sur chaque mot employé face à Talia après tout. Il lui répondit finalement :

- Alors ma chère je vais aller droit au but. Vous n'ignorez certainement pas qu'en ouvrant les portes d'Arkham City vous avez déversé sur la ville toute cette criminalité enfouie dans ses bas-fonds. Les dealers, les proxénètes et les gangs vont se disputer les quartiers de cette ville avec à leur tête des gens comme moi, bien entendu. La réunification de cette ville provoquera une guerre entre les gros bonnets de la Pègre et que je le veuille ou non je vais devoir participer à cette guerre si je veux garder mon empire. Oh, je ne vous jette pas la pierre, cette réunification fait tout à fait mon affaire, mais si je vous en parle, c'est parce que je pense que vous aurez un rôle à jouer dans cette guerre interne.

[HRP: Ne soie pas si dure avec toi-même, tu as une très belle plume]

Très bien.

Jusque là, Talia n'avait eu aucune surprise. Comme elle aurait pu s'y attendre, les quémandes du Pingouin n'avaient rien à voir avec les nouvelles normes écologiques de Gotham, ni la survie des cols verts dans les lacs du Robinson Park. Evidemment, le Pingouin était plongé dans un monde sombre, un monde infernal et dur, tout le temps en mouvement et il ne voyait plus à Gotham que ce désert aride d'espoir et d'avenir où se battaient pour la survie des milliers de personnes. Il était incorporé, accaparé par le monde criminel et ne voyait plus au delà de ses limites brumeuses et sanglantes. Par conséquent, tout ce qu'il se passait à Gotham avait pour lui des répercussions criminelles, chaque décision importante déclenchait son lot de guerres et de meurtres. L'arrivée de Talia au pouvoir pouvait être une plaie comme une bénédiction et cela expliquait qu'il ait choisi de venir, à découvert, lui même dans la Mairie, sans gardes ni protections. Il jouait au Tout ou Rien, et désirait montrer sa coopération pour s'attirer les faveurs de la ville. Dans l'enfer qui l'entourait, seul son business lui permettait de survivre et chaque menace portée à celui-ci devait être considérée à sa juste valeur.

Or, le Pingouin ne savait pas grand chose de la Ligue mais il avait sûrement eu vent de quelques chiffres. Attrapé quelques rumeurs. Peut être, dans le nettoyage d'une guerre de gangs, avait il dèjà vu à l'oeuvre quelques Ombres masquées, et en les voyant se retirer, silencieux, suivis d'un sillage de sang, avait il compris certaines choses sur la puissance de son organisation. Elle le regarda sans rien dire, maire avant d'être femme mais ne décela pas dans ses propos la moindre peur. Il allait de l'avant, ses craintes avaient toujours été issue d'une large paranoîa issu de son enfance et il fallait avouer que la paranoîa était des plus adjuvantes dans un monde aussi létal. Il avait du culot de venir ici et de lui parler de ça aussi franchement, mais elle comprit que c'était la meilleure option qu'il avait trouvé, et qu'il avait toujours su ce qu'il faisait. C'était un homme intelligent. Un homme prévoyant.

- Monsieur Pingouin, je n'ai pas ouvert les portes d'Arkham City, et cet endroit ne s'appelait pas Arkham City mais New Gotham City. Vous devez être nerveux pour de tels lapsus, seriez vous menacé ? Calmez vous donc et expliquez moi. Personne n'est sorti de New Gotham City, j'ai envoyé mes hommes faire la chasse et renvoyer tous les criminels qui se trouvaient là dedans entre Blackgate et Arkham. Les personnes qui auraient échappé au filet serait des exceptions mais je suis d'accord avec vous : de ma faute ou pas, beaucoup de criminels se cachent parmi nous. Allez donc droit au but, quels sont vos plans et que vouliez vous me dire à ce sujet ?

Je ne me suis pas encore penchée sur votre casino, et m'en excuse. Les temps sont durs, mais si rapides..

Il avait joué la carte du culot, elle lui répondit sur le même ton. Sauf qu'elle était dans une bien meilleure position que la sienne. Elle prenait néanmoins des gants, elle ne disait pas les choses directement, elle cherchait la faille dans le jeu du Pingouin. Elle était intelligente, elle restait sur les défensive en envoyant des attaques préventives. L'échiquier était avancé et c'était maintenant aux noirs de jouer. Et il fallait jouer serré pour répondre à la stratégie de la mairesse. Mais il savait déjà quelle pièce jouer à présent. Le Pingouin était un joueur agressif, et nullement défensif, et Talia allait le découvrir. Oswald prit une nouvelle gorgée de Scotch. Il se leva et se dirigea tranquillement vers la fenêtre, avec une démarche gauche et distordue. , il tira un peu le rideau et commença alors, en regardant au dehors la vue sur la ville.

- Gotham City. Quelque soit le pouvoir en place, cette ville pourrie va continuer de faire mûrir les fruits du mal et de la corruption. Et je ne dis pas là que je ne suis pas un de ces fruits, loin de là, j'ai conscience en ma nature, comme vous en avez conscience vous aussi. Néanmoins je sais que vous avez le désir de vouloirs changer les choses. Mais on ne peut pas demander à un pommier de donner des oranges, malheureusement. on peut se contenter cependant de donner le gout de l'orange à ses pommes. Mais je m'égare! Vous allez comprendre où je veux en venir!

Oswald, finit son verre et revint sur ses pas. Il se rassis tranquillement à sa place et se servit un autre verre. Pas de doute, ce scotch était délicieux! Il plongea ses petits yeux vicieux dans le regard glacial de son interlocutrice. Il esquissa son sourire le plus difforme et reprit alors:

- Si vous voulez changer cette ville, il faudra jouer son jeu. Si vous décidez de vous mettre seule contre tous ces requins, ils finiront par vous dévorer. Croyez moi, ça fait longtemps que je nage dans ces eaux-là. Néanmoins je suis prêt à vous apporter tout mon soutien. Je ne le fais pas parce que mes idéaux rejoignent les vôtres, ou parce que je vous apprécie particulièrement, mais parce que nous serions tous deux avantagés par une telle alliance. De tous ces requins je suis le plus dangereux, et je pourrais vous ouvrir la voie dans ces eaux troubles. Ainsi vous pourrez faire le chemin qui vous semble le mieux, et moi de mon côté j'aurai le prétexte et les moyens qu'il me faut pour dévorer les autres requins!

[HRP : Vraiment désolé pour le retard]

Talia jeta un coup d'oeil impromptu à l'horloge, étonnée par la teneur timoré du manchot. Ce dernier, en grand habitué des affaires louches et des négociations rapides sous le manteau, cultivait les rapports francs et aimait à aller droit au but, tant avec ses compagnons et ses alliés qu'avec ses cibles et ses victimes. Et pourtant, depuis le début du rendez-vous, il ne faisait que présenter sa vision de Gotham et monter sur ses grands cheveux en soulignant et en resoulignant les désormais célèbres tares de Gotham. A part augurer d'un partenariat, sans le détailler et en restant très vague, il n'avait fait qu'agiter verbalement la main en faisant à la nouvelle maire la visite de sa propre ville. Elle comprenait bien qu'il souhaitait mettre en scène sa proposition et ajouter un peu de théatral à son discours, comme tout criminel digne de son nom, mais cela faisait trop longtemps maintenant qu'il repoussait l'échéance. Talia attendait, les yeux ancrés aux lèvres du manchot, la vague de froid avec laquelle il comptait faire chavirer Gotham et rebâtir sa banquise sur ses ruines, bien au delà des limites exigues de son casino.

S'il avait pris la peine de venir à la mairie et de se présenter à découvert devant l'immortelle maire, c'est qu'il avait un véritable plan, quelque chose de tangible à proposer et à présenter, et elle l'attendait fébrilement. L'horloge tournait, et l'aiguille du temps s'enfonçait vicieusement dans le coeur de Gotham et de l'autorité que l'héritière du Démon essayait d'échaufauder même si elle ne touchait pas l'éternelle, qui passait en dessous ou au dessus grâce à la découverte millénaire de son père. Le Pingouin, par contre, mourrait un peu plus à chaque seconde, et n'avait qu'un temps très court pour faire de grand geste et rajouter quelques mots envenimés sur la tombe de la réputation de Gotham. Elle le savait. Il le savait. Elle attendait.

Gotham soufflait. Talia trouvait décidément son bureau très froid. Elle répondit au Pingouin une poignée de secondes après la fin de sa tirade, le temps de jouer avec son bracelet en réfléchissant à la lenteur exceptionelle de son invité et à la véritable teneur de ses plans et de sa volonté.

- Je connais la ville aussi bien que vous Pingouin. Vos ancêtres ont peut être aidé à la bâtir, mais souvenez vous, je pense que vous le savez, que les miens ont vécu beaucoup pus longtemps en son sein. Peut être l'ont il foulée alors qu'elle n'était que sable et pierre, et.. oh, vous "les" avez connu, n'est ce pas ? Allez donc droit au but, expliquez moi clairement ce que vous voulez faire.