Zsasz n'était jamais allé au "My Alibi Bar". Il le connaissait juste de nom, et de réputation. De ce qu'il savait, c'était l'endroit idéal pour son rendez-vous avec Shreck. La situation ne pouvait pas déraper ici. Les flics ou plus en général l'ordre n'étaient pas les bienvenus dans ce genre d'endroits.

Le psychopathe était arrivé une heure avant le rendez-vous fixé. Il voulait avoir le privilège et l'avantage de choisir sa table. En effet, ce que Shreck ne savait pas, c'est que ce ne sera pas Zsasz qui se trouvera en face de lui, mais belle et bien une allié. Zsasz aimait cette stratégie, se payer une prostitué juste pour lui rendre service, et l'avantage à Gotham...C'est qu'elles ne sont pas chères. Cela fera la deuxième fois que l'homme aux cicatrices utilisera cette ruse.
Victor, quant à lui, se trouverait à une table, à l'autre bout du bar, qui était assez grand. Ainsi il pourra observer la scène de loin, sans être vu...Enfin il espérait. Il communiquera par téléphone avec Shreck.

Bien installé, Zsasz ne pouvait s'empêcher de se poser néanmoins quelques questions...En effet, Shreck avait bien gagner les élections...Mais il avait refilé le poste de maire à Talia...Talia Head...Que personne ne connaissait...Un peu comme Travis Scozz.

Plus l'heure avançait, plus Victor se disait que Shreck ne viendrait pas, en tout cas pas en personne. Il enverra un remplaçant. Ses interrogations prirent fin lorsque sur la télévision du bar, il vit un reportage sur Maximilien lui-même. Il semblait se trouver à l'étranger, ou en tout cas hors de Gotham.
Il ne pourra donc pas être présent ce soir. Le psychopathe avait hâte de voir qui il avait envoyé. Une heure s'était écoulée. L'heure du rendez-vous avait sonnée. Installé avec la prostitué, nommée Emma, Victor lui expliqua la situation.


" Ecoute, il semble y avoir un imprévu. Shreck ne viendra pas...Nous ne pouvons donc pas anticiper sa venue, ou en tout cas le voir arriver.

Tu vas alors te placer directement devant l'entrée, et à chaque personne qui rentre à partir de maintenant, tu leur demande ou est Monsieur Shreck. Si la personne t'ignore ou répond qu'elle ne sait pas,laisse couler ce ne sont que de simples clients. Si par ailleurs, quelqu'un te réponds sérieusement, essaie d'en savoir plus, c'est surement notre rendez-vous. Je resterai avec toi par oreillette. En aucun cas, tu ne dois regarder en ma direction compris?"


Après un acquiescement, la demoiselle alla se poster devant la porte. La stratégie avait mal commencé...Les personnes ne répondaient pas, ou réagissaient entre eux et avaient des réflexions du style " Elle doit être droguée ". Il était évident qu'il ne s'agissait pas du rendez-vous attendu. Puis, après deux ou trois essais :


"Monsieur Shreck n'est pas là?"

- Non.

Pas d’ambiguïté dans la voix de la Maire alors qu'elle détaillait discrètement la jeune femme qui venait de l'agresser à l'entrée du bar. Elle n'avait rien de très viril, ni de très cicatrisé qui puisse la reprocher du fameux Victor Zsasz, mais son comportement, la manière dont elle se jetait sur les gens dès leur entrée et sa volonté de trouver Shreck alors que Talia prenait justement sa place pour rencontrer le criminel masochiste. La maire s'arrêta un instant, et plissa les yeux en dévisageant la jeune femme. Etait elle une envoyée de Victor Zsasz ? Devait elle annoncer qu'elle remplaçait le politicien aux cheveux blancs pour se faire guider jusqu'au psychopathe forcené ? Alors que sa garde banalisée, sur un geste de sa part, se diffusait tranquillement et calmement dans la salle du My Alibi Bar, elle lança dans la pièce un regard circulaire afin d'y trouver son rendez-vous, sachant qu'il s'était probablement déguisé pour ne pas faire paraître son corps martyrisé, oeuvre d'art héritée des désirs instinctifs du Marquis de Sade, appliqués à lui même. Il pensait sûrement, et à raison, que si Shreck ne venait pas, le rendez-vous se transformerait alors en traque, et que ses chances d'y échapper étaient alors minces.

De fait, la jeune femme, sûrement payée, apparaissait alors comme une protection, plus qu'une émissaire. Un hameçon à danger qui lui permettrait de s'enfuir à la première vibration. Dès lors, la nouvelle Maire décida d'ignorer, par précaution, la femme, comme tout le monde, et calcula les dégats occasionnés par la perte de temps : sa garde, pour ne pas attirer l'attention, était maintenant dispersée entre les coins de la pièce, les toilettes et le bar. Toutes les entrées avaient, professionellement, été bloquées mais la jeune femme se retrouvait désormais seule. Elle s'éloigna donc de la prostituée et continua son inspection discrète du bar, en se dirigeant pourtant d'un pas rapide et déterminé vers le comptoir, comme une vraie alcoolique prête à travailler son seuil de tolérance quotidien.

Elle ne le trouva pourtant pas. Une fois devant le comptoir, l'éternelle s'adressa au barman, ou à la tenancière, et, même si elle ne connaissait pas la réputation pourtant marquée de Stella Black et du My Alibi Bar, elle savait avoir de bons arguments lorsqu'elle déposa une liasse de billets ( une centaine et demi d'unités pour garantie ) sur le bar et murmura qu'elle souhaitait que l'on ferme les portes et empêche les clients de sortir jusqu'à ce qu'elle donne un ordre contraire et que si une perte fiscale était à déplorer, elle la rembourserait. Elle demanda également si l'on avait vu Travis Scozz mais avec peu d'espoir. C'est à ce moment que l'un de ses gardes, sortant des toilettes, toujours habillé en civil et souriant comme un jeune homme, lui annonça qu'il était à l'autre bout de la pièce, et qu'il ne pourrait pas retraverser tout cet espace sans être vu. Talia comptait y aller elle même, de toute façon. Sa queue de cheval, rapidement dressée avant d'entrer dans le bar, changeait de ses apparitions en tant que maire mais pas assez pour confondre un criminel aussi observateur que Victor Zsasz, et elle devait l'empêcher de partir au lieu d'essayer de s'infiltrer près de lui. C'est donc accompagnée de ses gardes que l'immortelle entreprit de rejoindre Zsasz, espérant que les portes avaient été fermées à temps.

- Monsieur Zsasz, elle ne parlait pas bien fort mais elle le pensait capable de lire sur les lèvres, le maire Shreck vous a trahi. Les rôles s'inversent, parfois, sans prévenir..

Zsasz était toujours assis, scrutant discrètement les diverses entrées. Des alcooliques, des ex-taulards, des putes ou même deux trois flics en civils. En clair, ni Shreck, ni une personne qui pouvait le représenter ne semblait être présent.

Pourtant, un peu plus tard dans la soirée, une personne attira l'attention de Victor. Shreck n'était donc pas venu mais il a envoyé à Zsasz quelqu'un d'important. La nouvelle maire venait de faire son apparition. Les gens ne semblaient pas la reconnaître, ou en tout cas pas tout de suite...On pouvait penser cette démarche dangereuse, voir suicidaire...Envoyer la toute nouvelle maire dans ce genre d'endroit. Heureusement elle n'était pas venu seule, et déjà, plusieurs de ces "gorilles" se dispersaient à travers le bar...Mauvais. Le psychopathe ne pourrait rien contre eux en cas d'altercation...Trop nombreux.
Maintenant c'était clair. Zsasz ne repartira pas aujourd'hui avec son casier vierge tellement convoité. Elle était venu pour le coffrer. Victor n'y pourrait rien. Alors, il baissa son journal. Il était déjà, en quelques sortes, entre les mains de Talia.

Cependant, un détail interpella l'homme aux cicatrices. Les hommes de mains de la nouvelle maire s'étaient tous dispersés, tous ! A tel point qu'il n'y en avait plus autour de la principale intéressée. A retenir. En cas de dérapage, il y aurait peut-être un coup à jouer. Zsasz analysa tous les détails, tout ce qui pourrait lui être utile.

Manifestement, Talia ne trouvait pas Victor, elle le cherchait pourtant. Alors Zsasz ordonna, via son système d'oreillettes, à la prostituée de revenir près de lui. La maire quant à elle s'était postée au bar, demandant des renseignements quant à l'éventuelle présence du fou recherché. La personne interrogée ne sembla pas pouvoir aider mademoiselle Head. Heureusement. Malgré tout, ce n'était qu'une question de temps.
Soudain, un des homme passa juste à coté de la table de Victor, il fit bouger sans faire exprès celle-ci. Il se retourna pour s'excuser, puis croisa le regard froid du psychopathe. Ce dernier, maintenant reconnu, hésita longtemps...Il se demandait si il ne devait pas lui sauter à la gorge...Mais pourquoi faire ensuite...Les autres lui tomberaient dessus en un instant. Il décida alors de patienter et de voir la suite des événements. Peut-être ce garde du corps ne l'avait pas reconnu...Même si le sourire qu'il eut esquissé au moment de cet échange de regard en disait long.

Bingo. A peine quelques secondes après être arrivé près de Talia, cette dernière s'approchait de sa table. Elle s'installa doucement, très sur d'elle, puis commença à parler d'une voix très douce. Elle venait de confirmer la trahison de Maximilien. Zsasz se mit à sourire.



"Je suis honoré de votre présence Mademoiselle Head. Puis-je vous offrir quelque chose à boire? Je vous présente mon amie...Depuis quelques minutes. "



Après un bref délai,il reprit :


"Je n'aurai pas du faire confiance à un homme politique...Surtout celui-ci...Vous ne devriez pas non plus. Je sais des choses sur lui...Vous n'imaginez pas. Travis Scozz ne mentait pas quant il disait que cet homme était dangereux.

Alors, bien sur, vous ne voulez certainement pas m'écouter sur ce sujet...Et encore moins me faire sortir d'ici...je vais tacher de vous y forcer!"


A peine sa phrase finie et à une vitesse incroyable, il se saisit de sa fameuse lâme. Il tira les cheveux de la prostituée assise à coté de lui en arrière puis plaça sa lame sous sa gorge. Il se leva avec elle et dit d'un ton un peu plus fort.


"Voyez vous mademoiselle Head, si l'une de vos premières tâche était de me coffrer et de me ramener à Arkham, ce sera votre premier échec. Soyez gentille, dites à vos hommes de s'écarter d'une des portes, ou vous aurez la mort de cette femme sur la conscience."

Traiter avec les déséquilibrés était une condition sina que non pour appliquer le Protect & Serve à Gotham City. Le nombre de forcenés se promenant librement dans la nature était tel qu'un jour ou l'autre, tout policier se retrouvait acculé, obligé de faire un choix, ses convictions brisées par les coups de l'esprit tordu d'un malade mental. Zsasz était un modèle du genre. Le boucher chauve produisait une aura diabolique et tout à fait repoussante jusque dans sa cellule d'Arkham et, s'il en sortait, les dégats étaient quasiment inévitables et souvent tout à fait atroces. Talia le savait, elle s'y était préparée en arrivant dans le bar et plus elle plongeait son regard dans les yeux fous du tueur masochiste, plus elle s'étonnait qu'il ait réussi à contenir toute cette démence et paraître non seulement normal mais entièrement digne aux yeux des Gothamites, durant toute la période des élections. Un exploit qui pouvait laisser augurer d'une chance de le maintenir calme plus longtemps et peut être de le guérir, mais Talia n'y croyait pas.

Travis Scozz n'avait été qu'un rôle, qui avait sûrement été extrêmement difficile à jouer, ce n'était pas une facette perdue de la personnalité de Zsasz et il n'y avait aucun moyen de le transformer en Scozz à jamais. Aucun espoir. Zsasz devait être conduit à Arkham, et vite, et y rester jusqu'à ce que son créateur en ait assez de martyriser les humains et retire sa créature malfaisante. En attendant, la nouvelle maire se trouvait dans une situation au bas mot délicate. Fort heureusement, le bar avait pu être en partie vidé à temps et la Reine de la Ligue des Assassins, n'ayant pas de public autre que des caméras facilement trompables, pouvait apparaître dans la peau de Talia, le temps d'un instant. L'Héritière du Démon ne réagit aucunement à la prise en otage de la prostituée et les armes de ses gardes émirent quelques clics lorsqu'on les remonta vers les parties les plus "découvertes du corps cicatrisé, et qu'on enleva tous les crans de sécurité dans un même geste déterminé.

Toujours impassible, Talia Al'Ghul, à travers les yeux de Talia Head, prit une respiration avant de murmurer clairement :

- Quel choix difficile, Zsasz. Soit nous faisons de notre mieux pour vous capturer maintenant et nous sacrifions, au pire, une vie innocente, soit nous vous laissons partir et nous sommes certains que vous allez en tuer beaucoup beaucoup d'autres. C'est un vrai dilemme, n'est ce pas ? Avez vous réfléchi avant de proposer ce marché ou nous prenez vous pour des idiots ? Bien sûr que non, vous n'avez pas réfléchi, vous êtes guidés par quelque chose, dans votre tête, qui ne marche qu'à l'instinct, n'est ce pas ?

Ceci est votre dernière chance, rendez nous la fille et laissez vous faire, vous irez à Arkham en bonne santé, avec une peau encore prête à acceuillir vos chères cicatrices. Continuez à vous opposer à nous et nous attaquerons, fille ou pas. Et dans ce cas, votre épiderme réceptacle en sortira tout cabossé et déchiré, si vous en sortez vivant, je ne garantis pas qu'une balle dévie, surtout si vous vous cachez derrière un autre corps.

Zsasz était fait. Quoi qu'il arrive. Talia disait vrai lorsqu'elle menaçait d'attaquer Zsasz, même si cela devait coûter une vie...De plus, Victor n'avait pas le couteau sous la gorge d'un gouverneur...Une prostitué...Qui se soucierait d'une prostitué?...Même pas elle-même.

D'ailleurs, c'était étrange. Quand il regardait la nouvelle maire droit dans les yeux, il sentit quelque chose de...Familier. Quelque chose que seule une certaine catégorie de personnes possède...Elle avait le meurtre dans les yeux...Qui Gotham avait-elle réellement élue maire? Sans doute, le psychopathe ne le saura jamais.

Il se savait prit, mais il hésita un instant...Il aurait voulu sortir d'une manière remarquée. il aurait voulu faire la une des journaux télévisés du soir. Il aurait voulu être quelqu'un d'encore meilleur ou plutôt d'encore pire dans le crime et dans la barbarie.

Il réfléchit, mais n'est pas le Joker qui veut. Rien ne lui venait, aucune idée. Il était à bout de forces, mentales mais aussi physiques...Mine de rien, la campagne pour le poste de mairie l'avait épuisé. Cela se voyait sur lui. Il avait beaucoup maigri, encore. Ses jambes tremblaient, et sa vision devenait trouble. Il savait que si il tentait de prendre la fuite, même Talia seule pourrait le rattraper et le mettre à terre. Essuyer un nouvel affrontement direct pourrait le tuer. C'était certain.

Alors, il lâcha son arme, qui tomba hasardeusement sur la table...Pendant que la prostitué fuyait à toute allure, Victor fixait Talia dans les yeux. Il commença à parler.


Vous avez gagné. Je vous suivrai sans résistance. Mais avant je vous demanderai d'être attentif à ce que je vais dire. Je ne vous demande même pas de me croire, mais écoutez-moi.

Je dois vous parler de votre prédécesseur. Un jour, j'étais recherché par certains de vos collègues en bleu. Ils voulaient me coffrer et me jeter dans Arkham City. Seul, n'importe ou. Bien-sur, je ne voulais pas prendre un tel risque, alors je me suis tourné vers la personne la plus malhonnête dans cette ville pour me faire entrer dans Arkham City avec une dizaine d'hommes, et un abri bien à moi. Oh bien-sur, il ne l'a pas fait gratuitement. Il l'a fait en échange de 500 000 beau billets verts, généreusement fournis par la pègre de cette ville. Maximilien Shreck m'a aidé contre ce pot de vin à entrer dans Arkham City.

Vous allez avoir du travail dans cette ville chère madame, tachez de le faire bien. Mettre des criminels comme moi sous les verrous n'est pas héroïque. C'est...Normal. Coffrer Shreck serai génial pour votre notoriété.

La cupidité est le sang de cette ville, et il coule en chacun d'entre nous. Méfiez-vous, mademoiselle Head. Les pires criminels sont ceux qui ne se montrent pas, ce sont ceux qui ne l'assument pas...

Allez maintenant passez moi les menottes et emmenez-moi, je ne tenterai rien. J'en ai assez, j'ai besoin de repos.


Zsasz ne savait pas si son discours servirait à quelque chose, mais tant pis. Il l'avait dit, ce n'était plus son problème. Tard dans la nuit, il fut conduit à Arkham, où il retrouva sa chère cellule. Elle lui avait presque manqué. Quelques secondes à peine après avoir été enfermé, Victor trouva le sommeil...Un sommeil qu'il ne trouvait plus depuis longtemps.




(H.R.P. C'est tout pour moi, merci beaucoup. Je te laisse répondre si tu veux, j'aimerai connaitre la réaction de Talia. Et si tu veux détailler le "voyage" entre le bar et l'asile tu peux aussi. Voilà merci beaucoup pour ce rp court mais bien plaisant.)