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| Sujet: Revenge [Batman] Sam 22 Sep - 23:42 | |
| L’heure est à la mort. Je porte mon costume depuis trois jours. Trois jours que je ne l’ai pas retiré, trois jours que je pue la transpiration et la mort… Les gosses que j’ai croisé ne s’y sont pas trompés lorsqu’ils m’ont vu traversé « leur » territoire cette nuit. Telle une ombre qui fendait l’obscurité, je les avais survolé et ils m’avaient regardé avec des yeux écarquillés. J’étais chargé en colère, en haine et en adrénaline et il le sentait, tout simplement. Ils ont esquissé un geste pour saisir leurs armes mais j’étais déjà lorsqu’ils avaient le doigt sur la gâchette. Ce petit gang de merdeux ne m’intéressent. Cette nuit, je ne m’occuperai pas d’eux. Peut-être Batman leur ferait-il cet honneur, mais pas moi. Ces quelques punks sous amphétamines ne font pas partis de mes préoccupations. Seule une chose motive ma course : retrouver le Saint Samaritain. L’homme qui a tué six enfants innocents et m’a tiré dessus - deux balles dans le dos - alors que je le traquais à Blüdhaven, cet homme que j’ai juré de rayer de la surface de la Terre, cet être abjecte qui ne devrait pas être encore en vie, libre de ces mouvements et qui se planque quelque part dans les égouts de Gotham, ce salopard que je vais retrouver et à qui je vais faire payer ses crimes. Ce n’est plus qu’une question de minutes. Déjà mes pas m’entraînent à une vitesse effrénée vers Park Row. Voilà plus d’une heure que j’ai quitté East End où je viens d’interroger les Blue Mutos, un gang qui protégeait mon ennemi et qui m’a révélé où il se cachait. J’ai traversé la moitié de la ville pour le retrouver. Tricorner, Port Adams, Burnley, Ottisburg et Amusement Mile. A présent, je suis à deux blocks de lui. Et personne ne pourra m’empêcher de l’attraper.
L’heure m’appartient. Je saute du haut de mon perchoir - le toit d’un immeuble de trois étages noyés dans la masse sombre de la ville - et atterrit quelques mètres plus bas, sur une balustrade qui mène aux escaliers de service. Mes muscles sont dopés par l’adrénaline, j’ai l’impression que je ne connaîtrais plus jamais la fatigue ou la douleur. Mon corps m’obéit à la lettre, exécute ce que je lui demande de faire, avec une précision chirurgicale. Mes mouvements sont aisés, simples, sans chichis. Au terme de quelques acrobaties, je suis en bas, en plein milieu d’une rue déserte éclairée par quelques vieux réverbères en mauvais état. La lumière qu’ils diffusent est jaunâtre, donnant à l’atmosphère des relents de polars noirs. L’air est brûlant, ma gorge et mes lèvre sèches. Le combat approche. Je me dirige vers la plaque d’égout la plus proche, et la descelle à la force de mes bras. La masse de métal se meut lentement et je dégage l’entrée du gouffre dans lequel je m’apprête à plonger. Là-dedans, il fait nuit noire. J’active ma vision thermique et dégaine mes bâtons d’escrime. Puis, ni une ni deux, je plonge dans le trou.
L’heure est à la traque. Je serre ma prise sur mes bâtons d’escrime et avance dans l’obscurité la plus totale, seulement guidé par mon instinct et ma vision nocturne. Pas besoin d’elle d’ailleurs. Je sens que mon adversaire est là, tapis dans l’ombre. Il m’attend. Ce gosse qu’il a tué, ici, à Gotham, dans la ville où j’ai demeuré depuis ma sortie du coma, celle où j’ai grandi et vécu, c’était un message qu’il m’envoyait. Pour me dire qu’il était toujours là et qu’il me hanterait jusqu’à temps que je l’arrête. Un malade. Mon Némésis. Il sait que j’arrive et se prépare à m’accueillir. Mais il ne s’est pas autant préparé que moi. Il n’a pas cette colère sourde qui m’anime, moi. Cette colère qui brisera tous les obstacles jusqu’à lui, qui le brisera lui aussi, au final. Rien ni personne ne pourra le cacher de moi. J’aurais ma vengeance. Bientôt. J’arrive au bout du tunnel qui passe en dessous de Crime Alley et charrie les eaux usées de ses habitants. Devant moi se trouve un bassin de retenue des eaux. L’eau s’écoule lentement du tunnel que je viens d’emprunter pour se jeter ici. L’air est putride mais mon nez ne remarque pas l’odeur pestilentielle. Seul une seule odeur m’intéresse, celle de l’ennemi. Je sais que je ne suis plus très loin de lui, maintenant. Je lève les yeux pour voir quel chemin emprunter ensuite. Une rambarde surplombe le bassin et mène à une sorte de minuscule tunnel - sans doute l’aération -. Je sais où ce couloir conduit. J’ai étudié les plans des égouts de Gotham il y a de cela quelques années, à l’époque où j’étais encore l’élève de Batman. J’ai appris par cœur ses moindres recoins. Je ne laisse donc pas de place au hasard. Si le Saint Samaritain a trouvé refuge près d’ici, à pas moins d’un kilomètre de l’Old Steam Tunnel, je sais exactement où il est. Il y a une salle à peine inondée à cette période de l’année qui abrite de temps à autres des SDF pas assez froussards - ou pas assez malins - pour rester à la surface. Les derniers à s’y être aventuré ont été retrouvé morts, à moitié dévorés. A Gotham, les crocodiles géants existent bel et bien. Mais le Saint Samaritain n’est pas quelqu’un qui craint les crocos. Je sais qu’il est là.
L’heure est au combat. J’emprunte le couloir d’aération après avoir fait quelques acrobaties pour me hisser jusqu’à lui. L’espace est étroit et je suis obligé de m’y tenir accroupi tout le long de ma progression. Dans ma tête, des sentiments contradictoires se mêlent. La haine. Tenace et qui ne désarme pas. La Colère. Dure et tranchante comme le glaive de la justice. La Peur. Peur d’aller trop loin, de passer le cap, de… tuer. Je m’en sais capable. J’ai bien des fois dépassé les bornes en affrontant mes ennemis. J’en ai laissé quelques uns avec des lésions sévères. Mais tous ont survécu. Ce que je m’apprête à faire ne sera pas sans conséquences pour mon état mental. Mais il est trop tard désormais. C’est le Saint Samaritain qui m’a poussé à bout. Qui m’a forcé à franchir les limites. La vie ne se plie pas au code moral du Batman ou de Nightwing, ou bien d’un quelconque justicier en costume. C’est nous qui sommes obligé de plier devant la dureté de l’existence, devant ses caprices, et devant les monstres qu’elle crée. Le Saint Samaritain est une aberration de la nature, un virus, qui doit être traité et… éliminé. Je débouche comme prévu sur la salle sèche qui abrite mon ennemi. Et… Il est là. Je le vois.
Sans un mot, je fuse sur lui et lui décoche un formidable coup de pied. La surprise le fait hoqueter. Il ne s’attendait pas à ce que je remonte sa piste aussi vite. Ou bien pensait-il naïvement que ses « protecteurs » le protégeraient de ma fureur. Avant de le tuer, je le ferai parler. Je veux savoir qui a été assez fou pour protéger une ordure comme lui.
Il est là. Il me regarde. Je sais qu’il est dangereux. Incroyablement dangereux. Je sais qu’il a un plan. Je suis paré à toute éventualité. J’ai pris mes précautions. J’ai mon armement avec moi. La salle est sèche, je peux donc utilisé mon électricité. J’ai également des fumigènes, un gaz anesthésiant, des explosifs… Rien ne peut m’atteindre. Et le Saint Samaritain ne pourra rien contre moi. L’obscurité s’est quelque peu atténué faute à un soupirail situé cent mètres au dessus de nous. Mais la lumière est tenue. On y voit presque rien. Ma vision m’apporte un nouvel avantage. Je vois la chaleur qui émane de son corps. J’entends son cœur battre la chamade, plus par excitation que par peur, d’ailleurs. J’entends son rire, aussi. Un petit rire perché. Je lui donne un coup de bâton en plein visage pour le faire taire. Un faisceau de lumière capte son visage. Un visage… normal. Terriblement normal. A Blüdhaven, je ne l’ai pas affronté directement, il m’a tiré dans le dos, si bien que je n’ai pas pu voir à quoi il ressemblait.
Peu importe à quoi il ressemble. Peu importe. Je sais ce qu’il a fait. Et il va payer. Je lève mon bâton pour le frapper à nouveau…
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: Revenge [Batman] Jeu 27 Sep - 16:44 | |
| (HJ/ Très, très joli post. /HJ)
Un bruit sec brise le silence tendu qui s'était établi dans la pièce souterraine, un projectile ovale s'entourant autour du bâton de Nightwing grâce à la corde que j'ai installé dessus. Une dizaine de mètres derrière celui que j'espère encore voir comme un justicier, je tire autant que je peux pour arrêter son geste. Malgré ma force, je sens une résistance chez lui, plus grande que je ne l'espérais. Serrant les dents, j'intensifie ma prise et j'arrive à lui arracher son bâton, l'objet rebondissant et roulant dans un brouhaha terrible.
Je baissa lentement les bras et fixe mon ancien élève - mon fils. Je sais déjà ce qu'il éprouve pour moi ; il est temps d'y faire maintenant face.
"Si tu le tues, tu ne pourras jamais revenir en arrière."
Ma voix est dure et tranchante. Dans cette atmosphère sombre et violente, plusieurs mètres sous terre, je sais que chacun de mes mots va compter - et je sais aussi que je pars perdant. Je lui ai menti. Encore une fois. La fois de trop.
"La question n'est pas de savoir s'il mérite de mourir, s'il mérite de disparaître définitivement. Ses actes justifient amplement cette décision."
Je reste immobile. Vêtu de mon costume habituel, j'ai baissé mes mains pour qu'il ne voit pas le tremblement qui les agite. J'ai peur. Pas pour moi, mais pour lui - pour ce qu'il veut faire ici. Pour le chemin qui veut suivre. Pour l'enfer vers lequel il veut se plonger, et duquel je ne pourrais pas le sortir.
"La question est de savoir si tu es prêt à tout sacrifier pour l'assassiner, pour être coupable du pire crime que nous sommes chargés de combattre. Est-ce qu'il mérite que tu perdes tout pour ça, Richard ? Est-ce qu'il mérite que tu sacrifies ta vie ?"
Je lui ai menti. Je lui ai fait croire que j'avais traqué, retrouvé et assassiné le Saint Samaritain - ce que j'espérais faire, mais Grayson a été plus rapide que moi. J'ai utilisé volontairement son vrai prénom parce que l'instant le mérite ; son adversaire est déjà dans les vapes, vaincu par la puissance des coups et leur rapidité. Je m'en occuperai plus tard, de toute façon. Quand Richard se sera calmé - car il se calmera, oui. Qu'il le veuille ou non.
"Il sera puni. Tu le feras punir. Mais il ne mérite pas que tu sacrifies autant pour le simple plaisir d'arracher la vie de son crâne brisé. Tu en as trop fait pour devenir meilleur, meilleur que moi : ne gâche pas tout parce que je t'ai menti et parce que tu as enfin découvert où était ce monstre."
J'attends sa réaction, j'attends ses insultes, sa hargne et son dégoût. J'attends sa violence et ses coups. J'attends qu'il me montre vraiment combien j'ai été un mauvais père et un mauvais ami. J'attends surtout qu'il comprenne que j'ai raison, ici, et que je suis le seul responsable. Il n'a pas à aller aussi loin. Il n'a pas à sacrifier autant. Et il ne le fera pas. |
| | | | Sujet: Re: Revenge [Batman] Jeu 27 Sep - 20:56 | |
| Je m’apprête à frapper l’homme que je hais le plus au monde, mais je sens une résistance lorsque je tente d’abaisser mon bâton d’escrime. Une corde s’est enroulé autour de ce dernier et quelqu’un le fait manœuvrer pour me l’enlever des mains. Je résiste, évidemment, mais un coup sec et brutal envoie mon arme valser au loin. Je n’ai pas besoin de me retourner pour voir qui est à l’origine de mon désarmement. Batman. Il m’a suivi. Sans doute a-t-il compris que j’avais eu vent de ses cachoteries et il s’est empressé de me poursuivre pour m’empêcher de commettre l’irréparable, pour, encore une fois, décider des choses bonnes pour moi à ma place. Il a toujours été comme ça, Bruce. Ce besoin de contrôler la destinée des autres qu’il a… ça lui colle à la peau. Quand quelqu’un va dans son sens, tout va bien, il est toléré. Du moment qu’il reste sous contrôle. Mais à partir du moment où ce quelqu’un souhaite s’émanciper, faire ses propres choix ou tout simplement s’éloigner de la chauve-souris, alors Batman frappe. Peu importe si cette personne se trouve être son fils adoptif et ce qui se rapproche le plus d’un ami. Dieu sait qu’ils sont rares dans l’univers du chevalier noir. Sur qui peut-il compter ? Excepté Tim, Alfred et moi-même, pas grand monde. Et encore. Il néglige sans cesse ses amitiés. Il les fossoie en s’octroyant le droit de contrôler leurs destinées. Je ne supporterai pas qu’il tente encore une fois de me dire ce que je dois faire. Je ne peux plus. Bruce a été trop loin et… il semble ne pas encore avoir saisi le truc. Il n’y aura pas de retour en arrière possible cette fois-ci. Que Bruce soit venu pour m’arrêter en dit long sur ce qu’il pense. Il me prend encore pour un gamin qu’on peut raisonner, à qui on peut faire entendre raison. Je ne veux pas que quelqu’un me raisonne, me dise ce qui est bien et ce qui est mal. Tout ça, je le sais. J’ai vécu des situations extrêmes qui m’ont forcé à faire des choix. Mais j’ai toujours su conserver le bon cap, écouter ma raison et non ma colère. J’ai toujours su faire face sans sombrer. Jusqu’à maintenant…
Lentement, je me retourne. Il est là, bien sûr. Il se tient droit, les bras le long du corps, dans son costume gris de chauve-souris. Batman. Son masque noir dissimule le haut de son visage et ses yeux ne sont que deux tâches blanches - sans vie -. Que va-t-il me dire ? Que va-t-il tenter de faire pour m’arrêter ? Je le sais déjà. Il va me servir sa leçon de morale, d’une voix cassante et dure, m’enjoignant de stopper immédiatement mes actes désespérés sous peine de me faire botter les fesses. Comme à son habitude, Bruce va m’expliquer SA vision des choses, qui est la seule vérité vraie en ce bas monde, en espérant que je vais craquer et me mettre à pleurer. Puis on rentrera ensemble au manoir où nous attendra un bon gueuleton préparé par Alfred. Parfois, Bruce est d’une grande naïveté. Je ne suis pas Tim. J’ai vingt-sept ans. J’ai été le leader d’une équipe de super-héros. J’ai affronté des super-vilains comme Deathstroke, Trigon ou encore Blockbuster. Je les ai vaincu. J’ai connu l’amour, la perte, la mort. Je suis un adulte, assez lucide pour faire les choix qui s’imposent. Je suis un combattant du crime. C’est ce que je suis. C’est mon identité même. Et ce statut implique que je prenne mes propres décisions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Bien sûr, la meilleure solution, la plus avisée du moins, serait que je me rende à la raison et laisse le Saint Samaritain aux bons soins du chevalier noir. Celui-ci pourrait alors se dire qu’il aura au moins sauvé mon intégrité morale. Il a besoin que je ne le tue pas pour sentir qu’il n’a pas complètement failli à sa mission. Encore une fois, je suis un pion entre ses mains. Et le pire, c’est qu’il ne s’en rend même pas compte.
Comme je le pensais, Bruce se livre à un accablant plaidoyer pour que j’épargne la vie du Saint Samaritain. Encore une fois, j’ai vu juste. Il ne prend même pas la peine de s’excuser pour ce qu’il m’a fait, pour ses mensonges incessants. Au moins pourrait-il avoir le courage de reconnaître ses torts. Mais non. Batman n’est pas comme ça. Batman ne s’excuse pas. Batman n’est qu’un être froid et sans âme, une ombre, un prédateur. Que puis-je espérer d’un tel être ? Si seulement j’avais une interface plus humaine en face de moi, avec qui m’expliquer clairement. Si seulement Bruce Wayne vivait encore sous cette carapace de douleur et de colère froide et dure. Il s’est emmuré dans son mythe. C’est ce qui le conduira un jour à sa perte, j’en suis certain.
« Batman. »
Je sers les poings. L’heure n’est pas aux discussions. Je n’ai pas envie de m’expliquer de nouveau. Pas de cette manière. Je dois agir, pour qu’enfin la Terre se remette à tourner rond et que je puisse enfin dormir. Je sais que les cauchemars ne cesseront pas. Si je vais au bout de ma démarche, je serai hanté par le Saint Samaritain jusqu’à la fin de mes jours. Mais si je n’agis pas, ce seront les visages de ces gamins que je n’ai pas pu sauver qui viendront me visiter les nuits d’insomnie. Et ça, je ne pourrai pas le supporter. Je dois faire ce que j’ai à faire, pour le bien de tous. Les temps ont changé. Ils m’ont changé tout comme ils ont changé Bruce. Nous sommes tous deux des rescapés. Et pour survivre, nous avons dû faire des choix qui nous ont éloigné l’un l’autre ainsi que de nos proches. Je dois faire face à MON problème. Et je n’ai pas besoin de Batman pour le régler à ma place.
« Je ne suis plus Robin. Je ne suis plus un enfant. Je n’ai pas besoin que tu prennes les décisions à ma place. Mais j’aurais beau te l’expliquer cent fois que tu ne comprendrais toujours pas. Pas de discussion ce soir, alors, Bruce. »
A peine ai-je fini ma phrase que je m’élance contre mon ami, mon mentor… mon adversaire. D’un bond je suis sur lui et lui assène un puissant coup de pied retourné. Puis j’enchaîne avec quelques uppercuts et un sérieux travail au corps, ce qui ne se révèle guère efficace. Mon visage est crispé. Dur comme une pierre. Aucune émotion n’apparait en moi. Cette fois, Bruce ne pourra pas me lire comme il aime si bien le faire. Ce n’est pas son combat, ce soir, mais le mien.
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: Revenge [Batman] Sam 29 Sep - 23:42 | |
| Un coup de pied retourné. Quelques uppercuts. Quelques coups bien placés. Richard est énervé et tient à me le faire savoir. Je n'ai pas réagi.
Il ne supporte pas ma présence, il ne supporte pas mon intervention - et il me déteste pour lui avoir menti. Je comprends. Je réagirais de la même façon. Je pense même que j'aurais été pire, plus violent, plus agressif. Je comprends tout, Richard. Je ne peux juste pas te laisser faire.
Alors que mon ancien élève laisse filer quelques secondes pour voir le résultat de ses attaques, j'en profite. Ayant reculé de quelques centimètres après son dernier coup au menton, j'étends le plus rapidement possible mon poing droit vers le nez de Nightwing. Je sais qu'il va l'éviter, et j'anticipe la défense que je lui ai apprise en levant mon genou vers son ventre.
Mes os frappent son costume renforcé, mais l'importance de la douleur ressentie par mon ami n'est pas mon objectif premier. Le seul réflexe humain après ce coup est de se pencher en avant, et mes deux coudes tombent brutalement sur sa colonne et sa nuque. Les bruits secs des contacts sont terribles, mais je ne m'y attache pas. Avec mon autre genou, je frappe encore son ventre pour le faire chuter, et lui donner un violent coup de pied dans le dos pour le faire rouler sur le sol sale et humide de cette zone des égouts.
Cela ne suffira pas - il est meilleur que ça. Mais ça me donne quelques secondes.
Je m'empare d'une bombe cylindrique à ma ceinture, que je lance immédiatement vers le Saint Samaritain. Celui-ci n'a pas le temps de réagir, mon arme explose et lui fait aspirer un gaz suffisant pour l'endormir pendant une heure. Un problème de réglé. Le plus dur commence.
"Quand Bane m'a brisé le dos, tu as été là pour moi mais j'ai refusé ton aide. Quand Azrael a tué en mon nom, tu as été là pour moi mais j'ai refusé de te dire combien j'avais été fier de ton temps sous ce masque. Quand le Joker a tué Jason et que je voulais sa tête, tu as été là pour moi mais je ne t'ai pas écouté. Je n'ai jamais voulu te donner la parole : ni en tant que Robin, ni en tant que Nightwing, ni en tant que fils. J'ai commis des erreurs, et c'est ma plus grosse - en plus de t'avoir menti sur ce monstre. Je ne l'ai fait que pour te protéger et t'empêcher de mourir, soit en tombant sous ses coups, soit en le tuant et en te perdant définitivement."
Ma voix est calme, posée ; je sais que ça ne fera qu'intensifier sa colère, mais je refuse de reprendre mon masque d'arrogance et d'autorité. C'est mon fils, après tout.
"Tu ne m'as jamais abandonné, même quand je te reniais et que je refusais ton aide. Je n'ai pas toujours été là pour toi, mais il est hors de question que je t'abandonne. Quoi que tu fasses, quoi que tu décides, tu ne tueras pas le Saint Samaritain ce soir. A toi de voir comment tu sortiras de cette salle."
Mon menton me fait souffrir après ses coups, mais je n'en laisse rien paraître. Je l'attends. A lui de décider au mieux. |
| | | | Sujet: Re: Revenge [Batman] Dim 30 Sep - 20:03 | |
| Il n’a fallu qu’une demi-seconde d’inattention de ma part pour que la furie de Batman déferle sur moi. Ses poings durs comme de la roche s’abattent avec violence, endolorissant ici et là la chair sous mon armure. Bruce sait très bien ce qu’il fait et frappe aux endroits stratégiques : articulations, défauts du costume, visage aussi. Il n’essaye plus de me raisonner et se contente simplement de frapper. Il sait que c’est bien le seul message de sa part que je serai en état de comprendre. Il sait qu’il a échoué à me raisonner. Il sait que toute négociation avec moi s’avèrerait impossible. Nous sommes allé trop loin, lui et moi. Il m’a menti et m’a infantilisé, m’a refusé le droit élémentaire à la vérité, me privant de mon libre arbitre et taisant ainsi mes aspirations, comme il l’a toujours fait. Au-delà de ma colère à son égard, j’ai une haine bien plus tenace et dure à l’encontre du Saint Samaritain, ce type commun au physique passe-partout qui git à deux pas de moi, et qui a violé et tué six jeunes garçons. Un malade. Un porc. Que je dois éliminé. A mes yeux, Batman est un obstacle en travers de ma route. Je ne veux pas laisser ma colère pour lui prendre le dessus sur la réalité de ma mission, sur mon vrai but. Elle ne doit pas parasiter mon action. J’ai envie de répondre au coups de mon mentor avec violence, sans la moindre retenue, mais ce serait une erreur. Et une erreur face au chevalier noir équivaudrait à une défaite. Je prends mon mal en patience et subit son attaque, sans broncher. Je dois tenir jusqu’à ce que je puisse reprendre l’avantage. C’est là le seul art dont je dois faire preuve. Pas de chichi. Pas de paroles ineptes. Rien de superflus. Rien d’inutile. Et ne plus faire d’erreurs, surtout. Batman mène la danse, calcule mes mouvements, et je me laisse guider. Bruce me connait par cœur. Il connait mes enchainements, les a appris et décrypté. Il sait anticiper mes gestes car c’est lui qui m’en a enseigné la majeure partie. J’ai été son élève et coéquipier pendant trop longtemps pour qu’il ne sache pas de quel bois je suis fait.
Il frappe, frappe, et frappe encore. Ses gestes s’enchainent avec rapidité et efficacité… comme toujours avec Bruce. Il connait mes points faibles et les exploite sans sourciller. Il ne fait pas d’effort, car il est dans son rôle, ou tout du moins s’y croit-il : il veut me donner une leçon. Une leçon ! Je ne suis pas un adulte à ses yeux, simplement un gamin borné, une tête de mule qu’il faut remettre dans le droit chemin. Ce type de raisonnements n’a pas marché avec moi, n’a pas marché avec Jason, ni avec Tim au vue de ce qui s’est passé récemment entre lui et la ligue des Assassins… Quand va-t-il enfin comprendre que le problème vient de lui !? Il ne faut pas que je mette en colère. Non. Pas maintenant. Je me battrai vraiment contre Bruce un autre jour. Comme je l’ai dit, ça n’est pas son combat mais le mien. Mes règles. Pas les siennes. D’un violent coup de genou dans le ventre, Batman m’envoie bouler au loin. La douleur est intense et je sens que la nourriture que j’ai avalé en vitesse il y a quelques heures s’apprête à ressortir. Je ferme les yeux. Ma tête raisonne des cris d’enfants à jamais perdus. Mes dents se serrent et je retiens la bile qui me monte à la gorge. Résiste… Résiste… Bruce me laisse un peu de répit… il faut que j’en profite !
Le Batman après m’avoir mis à terre s’est mis à m’expliquer son point de vu, invariable comme toujours. Mais il y a une nouveauté. Il reconnaît ses torts. Il me dit qu’il comprend ma réaction, qu’il la redoutait même, et qu’il s’en veut de ne pas m’avoir fait confiance, de ne pas m’avoir laissé la parole lorsque j’avais besoin de m’exprimer, de lui dire les choses. Il comprend qu’il a fait une erreur et une très grosse en me laissant dans le flou, en agissant avec moi comme avec un enfant turbulent qu’on place dans un coin en attendant qu’il se calme, qu’on contrôle. Il veut me contrôler… Il l’a toujours voulu. Il a fallu que je claque la porte de la batcave pour qu’il comprenne que notre relation avait évolué et que je n’étais plus seulement son jeune acolyte, celui que la presse gothamite surnommait le Boy Wonder, mais que j’avais grandi et changé. Pour lui, j’étais toujours un enfant. Et encore aujourd’hui, il m’infantilisait. Sauf que là, à cet instant précis, Bruce change de discours. Il me montre qu’il a compris… qu’il a tiré la leçon de ses échecs et qu’il me comprend… tout ce que je demande depuis des années, l’approbation d’un père, qu’il soit fier de moi ! Oui, c’est à portée de main… Il me considère enfin comme un adulte ! Je relève lentement la tête. Mes oreilles bourdonnent, un filet de sang coule le longe de mes lèvres. J’ai envie de croire les paroles de mon mentor. J’en ai vraiment envie…
Mais il m’a déjà menti par le passé. Il m’a… trahi. Rien n’est plus comme avant. Les ruptures difficiles que nous avons connu aboutissent à ce moment précis, ce moment où Bruce me dit quelque chose de profond, personnel, intense et… que je ne le crois pas. Notre lien semble avoir disparu, s’être brisé pour de bon. Je n’arrive tout simplement plus à croire un traître mot de ce qu’il dit, là, maintenant. Et demain ce sera pareil. Dans une semaine aussi. Bruce n’est plus mon… ami. Je ne peux plus lui faire confiance. D’autant que la dernière phrase qu’il prononce, où il m’impose un choix qui n’en est pas un - me rendre ou bien finir KO - en me disant qu’en faisant ce qu’il a à faire, en me stoppant, c’est pour m’aider, contredit ses précédents propos. Sa voix est calme mais je sais qu'il n’hésitera pas une seule seconde à me barrer la route. Batman est un obstacle. Un putain d’obstacle sur ma route. Je dois l’écarter…
Pense au Saint Samaritain. Pas à Batman.
Je me relève en faisant craquer ma nuque endoloris. Batman se trouve deux mètres plus loin et m’observe, attendant que je passe à l’attaque pour qu’il puisse encore une fois me foutre une raclée. Pas cette fois, Bruce… Pas cette fois.
D’un geste vif, je sors mes bâtons d’escrime et en jette un dans la direction du Saint Samaritain, que je suppose être dans les vapes après que Bruce lui ait lancé une bombe de gaz anesthésiant en pleine poire. J’ai enclenché la charge électrique maximale… une charge qui tuerait un homme normalement constitué ou tout du moins le ferait atrocement souffrir. Quand il atteindra mon Némésis, la charge s’enclenchera et il mourra. Puis armé de mon autre bâton, je m’élance sur le chevalier noir en hurlant :
« SAUVE-LE ! »
Je sais que Batman va me frapper. Va tenter de sauver le Saint Samaritain. Il va agir rapidement pour m’immobiliser le plus vite possible. Je pense qu’il va me frapper à la gorge et m’envoyer dans le décor. Ou bien sortira-t-il l’un de ses gadgets paralysants. Manque de bol, mon costume/armure me préserve de ce genre d’attaques. J’atteins Bruce de plein fouet et abat mon bâton sur son visage puis me dégage immédiatement pour ne pas me retrouver à faire du corps à corps. Je m’élance contre l’un des murs de la salle et y prend appui pour me jeter de nouveau contre Batman. Alors que je voltige, mes doigts saisissent des bombes lacrymogènes que je lâche au moment de l’impact avec mon adversaire. Je retiens ma respiration et frappe, frappe, et frappe encore. Flanc. Cou. Articulations du bras et des jambes. Genoux. Je sens les larmes couler le long de mes joues. Mon masque, pourtant imperméable au lacrymogène, aurait-il une faille ? Ou bien est-ce ces images d’enfants morts qui déferlent dans ma tête qui les provoquent ?
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: Revenge [Batman] Lun 1 Oct - 21:41 | |
| Nightwing est doué. Plus que Robin. Plus que tous les Robins. Richard a développé ses qualités et ses forces au-delà de l'apprentissage que je lui ai offert pendant plusieurs années. Son temps avec les Teen Titans, les Outsiders et ses propres aventures lui ont permis de devenir... meilleur. Plus encore que je l'avais imaginé, que je l'avais espéré.
Son enchaînement de coups est impressionnant : il use de ses capacités naturelles et de son penchant pour la voltige pour être plus efficace et plus violent que jamais. Je suis impressionné - mais je dois quand même l'arrêter.
Quand Richard envoie son bâton vers le Saint Samaritain, ma première, ma seule réaction est de dégainer un grappin pour intercepter l'arme. Quelques centimètres avant qu'elle n'atteigne le corps de sa victime, elle explose grâce à la pince qui l'enserre et l'empêche d'achever sa cible. J'ai réussi, j'ai sauvé un monstre. Et je dois subir la brutalité de mon fils pour cela.
Je le laisse faire. Je le laisse me frapper, me prouver combien il a grandi, changé - combien il est devenu quasiment mon égal. Sa violence me touche, autant physiquement que psychologiquement. Je n'ai jamais voulu que notre relation dérive à ce niveau, je n'ai jamais voulu qu'il me haïsse à ce point, je n'ai jamais voulu le trahir autant
Mais je l'ai fait. Beaucoup trop de fois. Et il ne veut plus le supporter. Je le comprends, mais je ne l'accepte pas.
Alors qu'il veut écraser son dernier bâton sur mon crâne, son arme rencontre mes deux avant-bras placés en croix, dans une technique de défense classique. Je ne le laisse pas réagir, et mon genou remonte violemment dans les parties intimes de mon ancien élève. Il n'y a plus de limite, maintenant. J'enchaîne en dépliant mes bras et en frappant brutalement les deux flancs de la nuque de Richard, avec mes deux mains ouvertes et leurs tranchants bien directs. Normalement, son armure doit encaisser une partie du choc, mais celui-ci doit être suffisant pour secouer tout son organisme et le faire vaciller ; c'est l'idée pour en finir rapidement.
Je me baisse rapidement pour balayer ses jambes d'un revers, et rouler sur le sol pour m'éloigner de lui. Un regard vers le Saint Samaritain me confirme que ce dernier a subi une partie de l'explosion, mais est encore vivant - je n'arrive pas à m'en réjouir. Mes yeux se fixent à nouveau sur Richard, et je sors de ma ceinture deux poings américains électrifiés. Il me force à aller aussi loin.
Je fais deux pas, et mes deux poings électrifiés tombent sur le dos puis le menton de Richard. Il tombera ; il doit tomber. Même s'il doit me haïr, même s'il doit me renier, il tombera. Je refuse l'alternative - je refuse de le voir devenir comme moi. |
| | | | Sujet: Re: Revenge [Batman] Jeu 4 Oct - 21:59 | |
| Batman frappe. Ses coups sont plus puissants, plus durs qu’auparavant, comme si quelque chose en lui avait changé, comme si la soupape de sécurité qui maintenait le chevalier noir en deçà de ses capacités venait de voler en éclats. Bruce ne tergiverse plus. Il a compris que le dialogue est définitivement rompu et que la seule chose que je comprendrais désormais, ce seront ses coups. Bruce… Il a sauvé le Saint Samaritain à l’aide de son lance-grappin, ce qui ne m’étonne pas. Je voulais le tester, voir s’il était capable ou non de laisser ce salopard mourir. Voir sa détermination à me faire tomber, à m’empêcher d’agir, de faire ce qui est nécessaire. Je ne suis pas surpris, et je suis déçu. Le Batman, cet être immuable à la violence incontrôlable, a repris le dessus, je suis son adversaire. Le Saint Samaritain doit resté en vie pour qu’il puisse lui régler son compte et après m’avoir prouvé qu’il est bien le meilleur, qu’il peut me battre, que je suis encore et toujours son disciple… simplement son disciple. Je veux croire, bien sûr, que mes déductions sont fausses. Qu’elles sont exagérées, prises sous l’effet de la colère. Je veux croire que Bruce ne me ment pas quand il me dit qu’il souhaite me sauver. Mais je n’ai plus assez confiance en lui pour lui laisser le bénéfice du doute. Nous sommes allés trop loin lui et moi pour qu’il y est un retour en arrière possible. Désormais, il s’agit de Nightwing contre Batman, et non plus Bruce contre Dick.
Un violent coup dans mes parties intimes me coupe le souffle. J’ai une coque de protection mais la puissance du choc me précipite au loin. S’ensuit un enchaînement parfait de gestes techniques sensés me mettre hors d’état de nuire, conclu par une double attaque à la nuque que je ne peux esquiver qu’à moitié. Si j’ai réussi à encaisser les coups précédents avec efficacité, cette attaque me prend par surprise et me coupe la respiration. Je réplique immédiatement en donnant un coup de poing à mon adversaire mais celui-ci a une longueur d’avance sur moi et a déjà anticipé ma réaction. D’un geste savamment dosé, il me balaye et je me sens tomber au sol avec fracas. Je me relève aussitôt mais, encore une fois, je ne suis pas assez rapide. Un déluge s’abat sur moi. Bruce a chaussé des poings américains électrifiés avec lesquels il me frappe violemment. Un spasme me secoue lorsque la décharge électrique parcoure mon corps. Mon armure a amorti une grande partie du choc mais une partie de l’attaque est passée. S’ensuit un coup au menton que je ne peux éviter et qui m’envoie au tapis. Je crache un filet de sang. Batman ne se retient pas. Tant mieux. Tant mieux. Il faut je mène la danse. Je ne dois plus lui laisser l’initiative. S’il veut frapper, et bien qu’il frappe ! Mais c’est moi qui déciderait des modalités. C’est moi qui le dirigerait vers où je veux qu’il aille. Mais pour cela, je dois le faire sortir de ses gonds. Il faut que le chevalier noir s’énerve. Qu’il n’ait plus le choix. Je lis dans ses mouvements, dans sa force, dans sa détermination, qu’il approche du point de non retour. Il sait qu’il doit m’arrêter, me stopper, pour le bien commun - soi-disant -. Il sait aussi que je reculerai pas. Il est face à une impasse. C’est ma seule arme pour le vaincre.
« Frappe… » murmuré-je en me relevant.
Je suis désarmé. Mon bâton est tombé tout à l’heure, lorsque Batman a paré mon attaque. Je suis face à mon mentor qui est prêt à m’attaquer.
« Frappe ! » lui hurlé-je à la figure.
Puis je me jette sur lui sans retenue.
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: Revenge [Batman] Ven 5 Oct - 22:16 | |
| (HJ/ Beau post, même si tu ne l'aimes pas. /HJ)
Richard cède. Il ne le sait pas encore, mais il a déjà perdu.
Ses vaines tentatives pour esquisser, encaisser ou retourner mes coups ne sont plus que l'ombre de sa combativité. Quelques secondes sont passées, mais il a perdu toute la rage et toute l'efficacité qui m'ont impressionné au début de notre combat. Il a laissé passer sa chance, il a laissé passer l'opportunité : il est juste de le châtier pour cela. Son ultime soubresaut n'est que l'illustration de ce que je sais déjà : il va s'écrouler. Je vais le vaincre. Et je vais le perdre.
Ses mots ne sont que des crachats à ma figure. Sa hargne n'est que l'ultime cri de mon fils perdu et rongé par la haine, la colère et la culpabilité. Richard se précipite vers moi. Sans technique, sans préparation, sans plan - sans espoir.
J'utilise ma cape et mon agilité pour l'éviter, le tissu frôlant son crâne comme la cape d'un toréador agace le taureau. Je me retourne, et attrape les cheveux gras et transpirants de Richard avec ma main gauche. Je sens le choc du contact, je ramène son crâne vers moi et écrase mon poing libre et électrifié sur son visage.
Mes doigts lâchent ses cheveux. Son corps s'écroule lourdement sur le sol, une marque terrible sur le visage. Je laisse glisser les poings américains électrifiés de mes doigts pour les laisser tomber dans l'eau sale des égouts. Je n'en ai plus besoin - j'aurais voulu ne pas en avoir besoin.
"Tu voulais le tuer. De tes mains."
Je pousse un long soupir. Ma voix est calme, mais trahie mon émotion. Batman a tabassé Nightwing. Mais c'est Bruce qui parle à Richard, maintenant. J'ai retenu la leçon, j'espère juste qu'il n'est pas trop tard.
"Vas-y."
Mes doigts sortent un objet d'une poche arrière de ma ceinture. Je le laisse tomber entre lui et moi. C'est une arme. Ancienne, vieille, usée. Un revolver. Richard le connaît : il l'a vu des milliers de fois dans la Cave. C'est celui de Joe Chill.
"Vas-y."
Mes bottes claquent dans l'eau croupie : je me détourne. Je laisse un espace vide entre Richard et le Saint Samaritain, qui a souffert lors de l'explosion mais se réveille peu à peu. Rien n'empêche désormais mon fils de le tuer.
"VAS-Y !"
J'ai changé d'avis, de méthode : je lui laisse le choix. Je veux croire en lui. Je veux croire en mon fils. Je veux qu'il me prouve, qu'il se prouve qu'il n'est pas un assassin. A lui d'agir. A lui de décider.
A lui de prendre vraiment son destin en main. |
| | | | Sujet: Re: Revenge [Batman] Dim 7 Oct - 21:20 | |
| Evidemment, Bruce évite mon attaque désordonnée et se permet de jouer les toréadors avec moi à l’aide de sa cape. Je suis précipité par mon élan mais la poigne violente de l’homme chauve-souris stoppe immédiatement ma course. Je sens ses doigts se serrer sur mes cheveux et en saisir une bonne poignée, puis tirer un coup sec qui me propulse en arrière. Son poing ne tarde pas à rencontrer mon visage et le choc - autant électrique que physique - est d’une violence surréaliste. Batman frappe pour faire mal, pour briser, pour mettre K.O., pour humilier aussi. Du sang coule le long de mon nez et de ma pommette ouverte par le coup. Je titube sur quelques pas en sentant la bile me monter à la gorge. Cette fois, impossible de la retenir. Je m’écroule à genoux et évacue mon casse-croute de toute à l’heure. Je dois avoir l’air parfaitement pathétique aux yeux de mon mentor, ce qui ne fait qu’augmenter mon ressentiment à son égard. Je ne voulais pas faire de notre combat quelque chose de personnel. Mais ma colère m’a explosé au visage - littéralement - et je ne me suis pas contrôlé, lançant une attaque désordonnée contre Batman, qui m’attendait de pied ferme et savait ce que j’allais faire… évidemment. J’ai été idiot, immature, à l’image du Nightwing que Bruce s’imagine que je suis. Pour une fois, il n’a pas tort. J’ai été vraiment bête, et je m’en veux de ça. Maintenant me voici à terre en train d’expirer bruyamment tout en tentant d’ignorer la douleur qui submerge mon visage brûlé. Je sens les zébrures provoquées par le choc électrique que j’ai reçu me meurtrir la peau. Mon œil droit a dû gonfler de volume sous mon masque car je n’y voix bientôt plus rien de cet œil là et une sourde douleur envahit mon orbite. J’ai mal, bon Dieu… Je suis vaincu, humilié, prostré devant l’homme qui fut mon frère, mon père, mon ami, mon mentor, et qui n’est désormais rien d’autre que mon adversaire du moment, mon… ennemi.
Je relève la tête pour fixer Batman. Il me regarde, bien protégé derrière son masque impassible de justicier impitoyable, ses yeux ne sont que des loupiottes blanches qui brillent dans l’obscurité. A ses pieds, dans une flaque d’eau sale et puante, se trouvent ses poings américains électrifiés, qui grésillent au contact du liquide. Il les a laissé tombé. Il sait que j’ai perdu et n’en a donc plus besoin. Il ne va plus me frapper. Il en a assez. Il m’a mis sa raclée et ça lui suffit. A présent, il m’observe et je sens toute la déception qu’il doit ressentir à mon égard. Je l’ai déçu. Il m’a déçu. Je suis en colère. Il est simplement… triste. Nous deux, autrefois amis et coéquipiers, combattant côte à côte le crime qui gangrène Gotham au mépris du danger, mettant en prison des super vilains comme le Joker, nous voici désormais ennemis. Tout nous sépare. Une barrière invisible s’est installée entre nous. Au fond de moi, je sais que j’en suis en partie responsable, au moins autant que l’ait Bruce. Depuis des années nous nous sommes éloignés l’un l’autre, ne pouvant plus supporter les défauts que l’on se trouvait chacun, ayant peur des réactions de l’être qui nous connaissait le plus. Bruce s’est enfermé dans son personnage et est devenu ultraviolent, tandis que moi, et bien j’ai sombré dans la dépression à la suite du meurtre du caïd de Blüdhaven, Blockbuster, et souhaite désormais tuer un homme. Nous avons tout les deux échoués. Nos amitiés, notre combat, qui a désormais un goût aigre… Et quand je vois que Tim est en train d’emprunter le même chemin… Le gamin m’a piqué mon costume de rechange la nuit dernière. Je ne sais pas ce qu’il a fait, déguisé en Nightwing, et j’ai été trop obnubilé par ma vengeance pour m’en soucier. Si Bruce m’a trahit, j’ai l’impression d’avoir trahi Tim… Quel calvaire.
Bruce se met à parler. Sa voix est lasse, presque brisée. Ses mots sont durs, âpres. Il en assez de notre perpétuel combat, de nos multiples conflits, des non-dits qui ont torpillés notre amitié. Aussi « m’autorise »-t-il à tuer le Saint Samaritain, de guerre lasse. Le dépit, la colère, la douleur s’entendent dans sa voix. Il sort de sous sa cape un revolver, qu’il me balance, avec mépris et amertume. Il glisse jusqu’à ma main gauche tandis que je me relève avec difficulté. Mon mouvement s’arrête et mes yeux se posent sur l’arme. Mon œil valide l’identifie aisément. Usé mais encore en état de marche, elle a jadis appartenu à un homme que Bruce a haï plus que tout au monde : Joe Chill, l’assassin de ses parents, l’homme qui a brisé sa vie et qui lui a volé son enfance. Je prends le flingue dans mes mains, toujours à genoux. Je la contemple sans mot dire. Bruce me hurle de l’utiliser. Il n’en peut plus de cette situation. Ça le ronge de l’intérieur. Il souffre autant que moi. Je vérifie machinalement si je le chargeur est plein. Il l’est. Six balles. Amplement suffisant pour ôter la vie d’un homme, tueur ou pas. Je me relève vraiment, cette fois-ci, toujours l’arme à la main. Puis je lance un regard à Bruce qui me laisse une ligne de tir pour que je puisse abattre mon ennemi. Il espère que je vais changer d’avis, que je vais épargner le Saint Samaritain.
Lentement, j’avance vers mon mentor. Chaque mouvement est une souffrance. Mes muscles me trahissent, tendus qu’ils sont, durs comme de la pierre. Mon visage est crispé. Je ne dois plus ressembler à grand-chose avec la moitié de ma face gonflée. J’arrive au niveau de Bruce. Il me domine de quelques centimètres. Il respire la puissance et, pourtant, je sens le poids qu’il a sur les épaules.
« Nightwing ne tue pas » dis-je simplement.
Je tends l’arme à Batman. Ce dernier, rongé par la culpabilité et les souffrances enfouies en lui, doit voir mon geste comme une délivrance. Je souris tristement. Bruce m’a élevé, m’a nourri, m’a appris à me battre, m’a appris à vivre. Il a soigné ma culpabilité originelle, m’a prit sous son aile, m’a encadré, m’a apporté ce qu’il pouvait. Même si ça n’est pas suffisant, même si je souffre encore de sa froideur, il reste mon… père. Nous avons échoués ensemble à nous sauver de nous-mêmes. Nous nous sommes éloignés. Mais peut-être qu’il n’est pas encore trop tard. Peut-être qu’il est encore possible de réparer les erreurs passées et d’enfin avancer. Le choix m’appartient. Je maîtrise mon destin, pour une fois. Bruce me laisse choisir. Il est mon ami. Mon père. Mon mentor.
…
J’ai beau savoir tout ça, reconnaître ma propre culpabilité dans l’échec de notre relation et dans ma descente aux enfers, savoir pertinemment que si je tue le Saint Samaritain, il n’y aura pas de retour en arrière possible et que je deviendrai ce que je combats, à l’image de Batman, ça ne m’empêche pas d’asséner un puissant coup à mon mentor, par surprise, alors que je lui remets le revolver. Mon gant chargé en électricité frappe le visage de Bruce : c’est un choc violent qui mettrait K.O. un lutteur de 130 kilos.
Pas de retour en arrière possible… Pas de pardon de dernière minute… Tout est fini entre Bruce et moi. Je ne peux tout simplement pas lui pardonner. La colère et le ressentiment entre nous sont trop forts. Je ne peux pas faire confiance à Bruce de nouveau. Il a voulu me choquer en sortant l’arme qui a tué ses parents et en me la balançant, m’identifiant par la même au tueur de ses parents et… je ne le supporte pas. Encore une fois, il me manipule ! J’en ai assez de ce petit jeu. Vraiment assez… Je retire mon masque et le jette par terre. Puis désactive le bouclier électrifié de mon armure, que j’ôte également. En quelques secondes, j’ai retiré entièrement mon costume de Nightwing. Il gît désormais à mes pieds. Tant d’années passées à combattre le crime, tant d’années passées sous ce masque… Mais ce soir, Nightwing est mort. Ce n’est pas Nightwing qui va tuer le Saint Samaritain mais Richard « Dick » Grayson. Personne d’autre. Je ne veux pas m’abriter derrière un masque. Je ne veux plus. C’est fini, désormais. Je ne serai plus Nightwing, je ne serai plus Robin. Je ne serai plus que moi.
Maintenant, je ne suis plus vêtu que d’un legging noir et d’un T-shirt blanc. Je me tourne vers le Saint Samaritain. Mais j’ai la surprise de voir qu’il a disparu. Un mouvement dans mon dos m’alerte et je me retourne alors, prêt à frapper. C’est simplement mon adversaire qui s’enfuit par le conduit d’évacuation des eaux. Il a peur. Il a compris que je vais le tuer. Lentement je ramasse mes deux bâtons d’escrime. Ils vont servir une dernière fois.
Puis je m’élance à la poursuite de l’homme que je compte assassiner.
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: Revenge [Batman] Mar 9 Oct - 22:05 | |
| J'expulse un crachat rougeoyant de ma gorge. Ma bouche est remplie d'un sang qui coule lentement sur mon menton et goutte sur le costume de mon torse. Je me suis évanoui - Richard m'a mis K.O. pour quelques minutes. Je l'ai sous-estimé.
Ma carcasse se relève lentement, mes mains s'agrippant au mur sale et humide de la salle souterraine pour l'aider. Un énorme bleu pousse lentement et brutalement sur ma joue et mon nez. Une partie de mon masque a été arrachée... c'est dur. La douleur physique est intense, mais elle n'est rien face à ce que mon esprit, mon coeur ressentent. J'ai échoué. J'ai tout donné pour le convaincre, pour le ramener - et j'ai échoué.
J'avais espéré que mes paroles, que mon geste suffiraient à lui faire comprendre ce qu'il voulait faire. Je voulais... le convaincre, lui montrer qu'il n'était pas obligé. Qu'il se condamnait lui-même en appuyant sur la détente. Qu'il se damnerait lui-même en abattant son ennemi.
Il ne m'a pas compris. Il ne m'a pas cru.
Au sol, les ruines de Nightwing - de mon fils. En arrachant son costume, en m'agressant, il n'a pas simplement décidé d'abandonner notre relation : il s'abandonne lui-même. Il décide de ne pas tâcher sa combinaison de sang, et refuse donc en un sens que le Richard Grayson qu'il s'est efforcé de construire tue. Il se détruit lui-même, il se refuse lui-même le droit de tuer mais veut que son corps, que ce qui reste dans cette carcasse vide et rongée par la douleur, la haine et la culpabilité, soit suffisant pour assassiner son ennemi.
Richard se ment. Richard se tue. Et je refuse de le laisser faire.
Il me hait, j'en suis maintenant convaincu. Il ne veut plus de moi, il ne veut plus de ma tutelle, il ne veut plus de mon amitié. Je le comprends - ça me mine, mais je le comprends. Je ne peux juste pas accepter ce choix.
Les affaires de Nightwing et le bout de mon masque sont rassemblés dans un coin abandonné, et mes jambes titubent en essayant de me faire avancer. Je refuse de le laisser faire, je refuse de le laisser devenir... Jason. Je ne supporterai pas un autre échec, mais ce n'est pas uniquement à cause de moi et de ma culpabilité que j'avance. Je veux le sauver - pas pour moi, mais pour lui. Richard mérite mieux que ça, Richard mérite mieux que ce qu'il veut faire de sa vie. Et je refuse de le laisser s'enfermer dans ce cycle de violence, dans cette haine infinie qu'il ne devrait jamais connaître.
Usé, fatigué, blessé, j'accélère la cadence et avance... encore et encore. Je n'abandonnerai pas, Richard. Je vais te retrouver et t'empêcher d'agir, autant parce que je ne supporterai pas qu'un autre de mes fils devienne mon opposé que parce que tu es mieux que ça. Tu es ce que je ne serai jamais : un homme bien - un homme de bien. Et Gotham City, le monde, ont trop besoin de toi pour que je te permette de tout gâcher. |
| | | | Sujet: Re: Revenge [Batman] | |
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