Bordel de MERDE !

Le cri vulgaire de Julian résonnait dans la nuit fraîche près des rives de Gotham. Il laissait expirer son ras-le-bol. Le 22 septembre, c’était la Journée sans voiture, mais c’était aussi le jour où il comprit que son œuvre n’avait pas éveillé les esprits des gothamites. Il se voyait comme un libérateur des consciences, on le percevait en fait comme un meurtrier sadique.

Tiens, lis cet article ma douce, j’ai besoin de me calmer. C’est un ramassis de conneries ! Ils n’ont rien compris, absolument rien. Je les aide et ils me traitent de tous les noms ! Ils veulent me tuer, moi, Julian Day !

Le Calendar Man tendit le journal à sa nouvelle partenaire, Jenna Duffy, autrement appelée la Charpentière. C’était la première date qu’ils partageaient. Ils en avaient rêvé tous les deux durant des jours et des nuits. Le 22 septembre était enfin arrivé. Julian, qui se sentait très proche d’elle, la protégeait désormais autant qu’il le pouvait. Il lui vouait déjà une grande affection. Enervé suite à la lecture du torchon en papier imprimé, il était complètement abattu. Il s’assit à terre quelques instants, le dos appuyé sur le mur extérieur de la façade arrière d’un bar. Il laissait couler une larme. Une goutte de colère, de tristesse et de déception. Fixant, tête levée, la jeune femme depuis le sol, il s’exprima comme jamais auparavant.

Heureusement que tu es là, Jenna. Toi tu me comprends. Personne d’autre n’arrive à me comprendre. J’ai tout donné pour la population. D’accord, c’est vrai, j’ai tué des gens, mais leur sacrifice devait servir à quelque chose. Leur sacrifice devait offrir aux gothamites une chance de se racheter, de devenir meilleurs. Je ne comprends pas pourquoi l’homme reste aussi mauvais. Il ne changera jamais. Mais je continuerai tant qu’ils n’auront pas compris la leçon !

Julian se releva brusquement et, sans s’en rendre compte, se forgeait une nouvelle carapace. Il développait une détermination plus accrue et une volonté d’aller beaucoup plus loin.  Il comprenait qu’il devait agir plus ouvertement pour marquer les esprits encore plus fort. Utiliser des dates plus symboliques et, de temps en temps, tuer des personnalités beaucoup plus importantes et haut-placées.

On ira jusqu’au bout, ensemble. Tu représentes beaucoup pour moi, je serai là pour toi dans n’importe quelle situation. – dit-il, prenant délicatement la main de sa partenaire.

Le bar derrière moi est réputé pour ses ivrognes. Ils se saoulent à la bière jusqu’à des heures folles avant de sortir, soit encore un minimum conscients, soit sur une civière dans un coma éthylique. Nous allons nous occuper de l’un d’eux. Ces gens ne font rien de leur vie à part démolir l’intérieur de leur corps. Autant en finir tout de suite. Je vais entrer dans le bar, ensuite, je me mêlerai à la foule et je me rapprocherai de l’un des alcooliques. Je vais essayer de savoir laquelle des voitures garées là-bas plus loin est à lui. Je te ferai signe et tu te chargeras d'elle. Tu me feras signe à ton tour lorsque tu auras terminé. Je ramènerai alors l’homme dans sa voiture et nous lui souhaiterons un bon voyage.

Julian déposa délicatement ses lèvres sur la joue de Jenna. Elles n’avaient jamais eu l’occasion de toucher la peau d’une femme. Il avait longtemps hésité avant de se lancer. Il y pensait depuis pas mal de temps. Embrasser une femme, même sur la joue, lui faisait peur. Il ne savait pas ce que cela faisait. Il s’en rendait compte ce soir. Le baiser lui avait procuré une sensation agréable. Sa peau était douce. Il aurait aimé lui en déposer un deuxième mais il aurait alors exagéré. Un seul bisou suffisait, sa grande affection pour la jeune femme était symbolisée à travers lui.

Fais attention à toi ! - dit le psychopathe, la regardant dans les yeux avant de se retourner vers le bar.

Le Calendar Man ouvrit la double barrière et pénétra dans le vieux bar des rives de Gotham. La vieille musique rock résonnait dans tout l’établissement et les quelques personne encore conscientes le fixèrent. Il ne faisait pas partie des « habitués ». Les inconnus étaient mal vus. Le criminel se dirigea vers le barman pour se faire servir un verre après avoir affronté leur regard froid. Il s’assit sur l’un des vieux tabourets du bar et se commanda un fond de scotch bien serré. L’ingurgitant d’un seul coup, il suscita l’attention de son voisin de droite.

Oula là. Vous, vous d’vez avoir des problèmes !

Julian sourit légèrement et posa son verre sur le bar.

[Les gens vont trop sociables. Ils ne se méfient de rien, c’est pitoyable] – pensa-t-il.

Quelqu’un mordait à l’hameçon. Cela avait pris moins de temps que prévu. Adoptant un air contrarié, Julian répondit à l’alcoolique et lança la conversation.

Ouais ! J’avais besoin d’un remontant. J’en ai marre de tout, j’ai besoin de me saouler pour oublier.

Les minutes passèrent et, tandis que les habitués profitaient de leur soirée, les deux hommes discutèrent tranquillement entre bons buveurs. Ils faisaient connaissance, ils se confiaient. L’homme ne se rendait pas compte que la fin de sa vie était arrivée. Il pensait avoir trouvé un nouvel ami alors qu’il venait de rencontré celui qui allait lui ôter la vie. La fin de la conversation et le début de l’exécution furent provoquées par l’une des ultimes questions de l’alcoolique.

Et pourquoi t’avais besoin de te saouler au fait ?

Ma femme. J’en ai marre, c’est plutôt elle qui me saoule finalement… Elle est dehors justement, elle m’attend.

Julian suggéra à la future victime, par un signe de tête, de regarder par la fenêtre. Jenna était dehors. Elle se tenait prête à intervenir. La Charpentière ne saoulait pas le psychopathe, au contraire. Il s’agissait juste d’un prétexte pour justifier sa présence.

C’est laquelle ta voiture ? Je vais t’accompagner jusque là-bas, t’as assez bu pour aujourd’hui, on remettra ça demain !

C’est la noire là-bas au fond. T’as raison, je pense que je vais y aller.

Se levant du tabouret en même temps que l’alcoolique, le Calendar Man fit un rapide signe de tête à Jenna en direction de la bonne voiture. Elle avait reçu le signal. La jeune femme devait maintenant se dépêcher de s’en occuper avant que les deux hommes ne reviennent jusqu’à elle. Elle disposait de quelques minutes étant donné la vitesse de marche de l'alcoolique sous le point de s'écrouler à terre, horriblement influencé par le taux d'alcool lui parcourant le sang et le cerveau.

RP annulé suite à l'annonce de mon départ prévu dans les prochains jours.