L'affrontement qui avait opposé le Chevalier Noir de Gotham face au Boucher de Gotham s'était terminé sur une victoire écrasante du justicier. Et pourtant, le criminel avait tout essayé mais Batman méritait bien sa réputation. D'abord vaincu, puis humilié en étant attaché à un poteau comme un animal, il fût immédiatement arrêté et transféré à l'asile d'Arkham après s'être débattu comme un animal en injuriant tout le monde. Quel humiliation... C'était sa première défaite. La première défaite du Fool, face à Batman. La dernière fois qu'il s'est retrouvé dans un sale état, c'était après son altercation avec un psychopathe, il y a seize ans. Cela lui faisait tout de même une sensation étrange de se savoir vaincu et arrêté et pourtant, cela ne l'étonnait pas. Il le savait, dés que le Batman s'était manifesté, il savait qu'il perdrait.
Après lui avoir injecté un tranquillisant, il se vît embarquer dans une camionnette par des hommes en blouse blanche et amener à l'asile d'Arkham où ils lui mirent une camisole de force orange. Son visage brûlé repoussaient du regard les médecins les plus jeunes. Les médecins les plus âgés avaient l'habitude de voir de telles horreurs, avec Harvey Dent, le Joker et tant d'autres... A peine arrivé à l'asile, qu'il fût interné dans une salle, les mains liés. Le tranquillisant l'empêchait de marcher, deux gros costauds en chemise blanche, l'avaient traînés, chacun en tenant un bras jusqu'à cette fameuse salle isolé au fin fond de l'asile. Durant tout le trajet, Fool racontait tout ce qui lui passait par la tête, le tranquillisant le rendait totalement calme, il semblait être sur un nuage. Les choses qui lui passaient par la tête, c'était le sang, la chair, la destruction et la mort. Rien de plus, rien de moins. Les deux gardes firent entrer le pauvre criminel dans la salle et l'attachèrent sur l'une des planches de déplacement des détenus. La tête penché vers le bas, le docteur qui le prenait en charge n'avait surement pas encore vu son visage baissé, et caché par ses longues mèches de cheveux.
-"J'vais tous vous tuer... Quand je sortirai... Je vous arracherai la cervelle..."
Le docteur posa sa main sur l'épaule du tueur en le rassurant avec des paroles douces. On pourrait prendre ça, comme un beau geste mais ça ressemblait plutôt à du sadisme. Rassurer la victime pour ensuite la torturer engendre un impact psychologique. Et ça, Fool ne le savait que trop bien, lui même pratiquait cette méthode sur ses victimes. Cette pensée fît ricaner le tueur malgré la drogue déjà présente dans ses veines. Puis soudainement, la lumière s'étégnit, le criminel savait ce qui allait suivre. L'aiguille d'une seringue vint le surprendre, lui faisant brusquement relever la tête en prenant un longue inspiration, les dents serrés. Il sentait la drogue qu'on lui injectait dans les veines. Ses membres s'engourdissaient d'autant plus et sa vision se déformait. Malgré le manque de lumière, il voyait que les murs se tournaient sur eux-mêmes, que certaines parties du sol remontaient jusqu'au plafond et que la salle était devenue verte. Son regard se posa enfin sur le docteur. Ses yeux s'écarquillèrent, sa bouche s'ouvrit mais aucun son ne pu en sortir.
L'homme qu'il voyait en face de lui, était son feu meilleur ami. Ce dernier a été abattu sous les yeux de Jin (Fool), lorsqu'ils n'avaient que quinze ans. L'enfant qu'était le criminel n'avait rien fait, impuissant face à cette scène. Et là, il le voyait, face à lui. Seulement, il avait les yeux qui sortaient de leurs orbites, le cuir chevelu retourné, la cervelle visible et large trou au sommet du crâne. C'est le cadavre de son meilleur ami qui se tenait devant lui, après qu'il se soit prit une balle dans la cervelle. Fool ne hurla pas. Mais d'un geste rapide et craintif, il recula sa tête en détournant le regard. Combien de fois, dans ses cauchemars, il le voyait dans ce même état en train de lui reprocher de n'avoir rien fait le jour de sa mort. Un bruit aigu vint agresser ses tympans et la voix de son défunt meilleur ami raisonnait dans sa tête.
*Tu m'as laissé mourir...*
Fool tentait de boucher les oreilles en vain. Il secouait la tête dans tous les sens, la frappant quelques fois contre la planche derrière lui, il ne voulait plus le regarder ses yeux globuleux et répugnants. Et pourtant, Dieu sait que Fool en a fait des choses répugnantes mais dans ce cas là, il ne pouvait pas le supporter. C'est un traumatisme enfantin survenu avant qu'il ne devienne psychotique. C'était son seul ami, son meilleur ami et il l'a laissé mourir. Au fond, il se dégoûtait de lui même. Il était partagé entre ses états d'âme d'aujourd'hui et d'avant, le plongeant dans une profonde souffrance et une grande peur.
-"NON ! TA GUEULE ! TA GUEULE ! LAISSE MOI TRANQUILLE !"
Jamais on avait vu le terrible Boucher de Gotham dans cet état là. Lui, si sadique, si cruel, si antipathique, si insouciant... Le voilà dans un véritable état de transe, dans une situation dont il ne s'était plus retrouvé depuis seize ans, en train d'avoir peur. Après sa défaite/humiliation contre le Batman, le voilà une fois de plus humilié par un docteur de l'asile dont il ne connaît même pas le visage. Quand il aura reprit ses esprits et que la colère et la soif de vengeance remplaceront la peur, il se vengera.