Le Gardien et la Lame (PV Cerberus)

Gardien, nous devons parler. Rendez vous là où les prières des gens se rassemblent
Signé: K

Un message comme un autre laissé au coin d'une rue. Un message codé que seul deux personnes ou d'autres un peu plus malins comprendraient si ils faisaient fonctionner leur cerveau. L'attaque du Joker, ces types aux visières rouges et tout ces fous furieux qui arpentaient la ville devaient être stoppé et il y'a encore quelques heures, j'ignorais comment m'y prendre. J'étais déchirée par mes choix, mes obligations et mes serments et alors que je regardais Trisha dormir dans le lit de ma chambre du Ritz, des scénarios se repassaient en boucle dans mon esprit. J'étais seule, perdue au milieu de nul part sans allié et sans véritables possibilités quant à une contre-attaque sur les réseaux criminels.
Chaque fois que je réfléchissais, je le faisais en plongeant mon regard dans cette lame maudite qu'était la Voleuse d'Âme en esperant pouvoir y' trouver les réponses à mes questions, les réponses à mes inquiétudes, comme si Maseo allait me parler, comme ces nombreuses fois. Mais il n'y' avait rien, pas un mot ni même une petite lueur d'espoir. La voix s'était emmurée dans le silence, pas parce qu'elle refusait de me répondre mais parce que je connaissais déjà la réponse à ma question. Jusqu'à 19H00, je laisse Trisha dormir puis je la réveille doucement en lui demandant de s'habiller et de se tenir prête. Impossible pour moi de la laisser ici seule et cela n'a rien a voir avec le règlement. Je ne faisais confiance à personne dans cet établissement et certainement pas à un pingouin constipé en costume cravate. Ne me demandez pas comment j'ai pu me faire accepter au Ritz, cela serait trop long à raconter et le simple fait que je sois asiatique n'a pas aidé. Seuls quelques billets ont été en mesure de m'offrir un accès. à une chambre mais pour un temps seulement.

J'évite les transports en commun et fais demander un taxi qui nous mène, moi et la petite à Park Row. Un quartier pauvre et misérable de la ville où le chômage est endémique, la pauvreté omniprésente et la peur immiscée dans le cœur des gens. J'ai couvert la petite comme je le pouvais afin que le froid ne la touche pas et la capuche de sa veste noire cache son visage. Tout le monde ne voit qu'une mère et son enfant, mais la relation qui nous unissait était devenue plus forte au cours de ces dernier jours. J'avais un devoir envers elle et je n'étais pas le genre de monstre à laisser une enfant seule sans aide.

Park Row était un quartier pauvre mais encore surveillé par quelques caméras reliées au G.C.P.D et quelques réseaux informatiques et si on parle de réseau alors on sait que "lui", verra mon message. Feutre gras en main, je commence alors a écrire mon message à son encontre et il me faut une petite minute pour m'assurer qu'il soit visible et face à la caméra. Une fois cela fait, j'attrape Trisha par la main et nous partons en direction de la vieille église au coin de la rue.

A l'intérieur, tout est délabré, abandonné et personne n'y vit, pas même un sdf. Quelques bancs en bois sont encore là, rongés par le temps et la moisissure. J'avise l'autel de l’église, encore en état sur lequel j'assois la petite. Je lui demande de ne pas bouger, de ne pas avoir peur et que quelqu'un va nous rejoindre. Je ne lui dis pas de qui il s'agit mais je la rassure en lui disant que ce n'est pas un méchant comme ceux du Skycrapper. Elle hoche positivement la tête pour me faire comprendre que tout est bien entré dans sa tête et je lui réponds par un sourire avant de m’asseoir à même le sol, à coté de l'autel. J’espère maintenant qu'il ne tardera pas.

*BIIP*

Hmm?

*BIIIP*

Je me leva péniblement. Il était quelle heure? 19h ? Déjà? Merde. J'avais passé toute la nuit et toute la matinée à bricoler le nouveau patch de mon système de surveillance, et je ne connaissais que trop bien cette alarme qui me réveilla. Ce n'était pas mon réveil, mais mon ordinateur qui m'annonçait que quelque chose se passait. Je me dirigea vers l'écran principal puis tapa plusieurs codes sur mon clavier. Le Logiciel me montra une inscription sur un mur au coin d'une rue au niveau de Park Row :

Gardien, nous devons parler. Rendez vous là où les prières des gens se rassemblent
Signé: K

Mon programme avait déchiffré lui même l'écriture sur le mur et m'avait alerté en raison des principaux mots-clés : Gardien et K. Cela aurait pu être tout à fait anodin comme message et l'ordinateur aurait pu passer outre cette information s'il n'avait pas reconnu la personne qui avait inscrit ces mots. Il s'agissait de Katana, que j'avais rencontré quelque temps auparavant dans une bibliothèque. Le combat s'était mal fini pour nous deux mais nous avons chacun pu mesurer notre adversaire. J'avais promis que je la surveillerais, et c'était le cas, mais je ne pouvais pas tout le temps intervenir. L'attaque des mutants à l'hôpital central de Gotham, le combat contre le Joker avec l'aide du justicier d'état l'Artiste, et le meurtre d'un violeur dans le coin d'une rue de Bludhaven. J'avais vu tous événements, mais je ne pouvais pas toujours intervenir. Pendant qu'elle se battait contre les mutants, Talia Head, la prétendante à la mairie à l'époque, était en train de subir une tentative d'assassinat au Lady Gotham. J'avais du pirater le monument tout entier pour déclencher les arroseurs anti-incendie et ainsi neutraliser son ennemi Gueule d'Argile. Pour les autres, je n'avais juste pas pu voir l'événement à temps.

Quoiqu'il en soit, elle m'avait convoqué et les enregistrements de ses mouvements à travers la ville montrent qu'elle était accompagnée d'une petite fille que je n'avais pas encore dans ma base de donnée. Je me changea rapidement, prit mon téléphone et me dirigea illico presto vers le lieu de rendez-vous. Si elle m'appelait c'était probablement urgent et je me demandais si c'était lié aux récents attentats à Gotham City. Il y a deux jours encore, je m'étais cru en zone de guerre en train de soigner le plus de blessés possible au Gotham Plaza. Cela m'avait poussé à travailler et à améliorer nuit et jour mon logiciel pour détecter ce genre d'incident. Je voyais beaucoup de choses mais je ne pouvais pas tout voir et je ne pouvais pas tout le temps agir.

Je pris les transports en commun, ma voiture étant au garage depuis que cette explosion de gaz au Plaza avait soufflé toutes les vitres de mon véhicule. J'arriva une trentaine de minute après que Katana soit entrée dans l'église. Jusqu'ici, je n'avais pas cherché son véritable nom, considérant que tout justicier à Gotham méritait une vie privée, mais je devinais un peu son histoire et d'où elle venait.

L'endroit était désert, sale, humide, délabré, abandonné...bref le pire de ce que pouvait produire Gotham City dans ses pires jours. Ce n'était clairement pas un endroit pour faire la fête mais je devais savoir ce que Katana me voulait. Me rappelant de notre dernière rencontre, j'avais tout même amené mes armes avec moi...on ne sait jamais. Je remonta mon foulard jusqu'au nez puis entra dans l'église. Je m'approcha de la justicière tout en restant éloigné de plus de 5 mètres, le souvenir de notre dernière rencontre toujours en tête.

"Une femme a demandé. Un Chien de Garde est apparu. Que voulez-vous ?"

Je vis derrière elle la dénommée Trisha, elle ne semblait pas avoir peur mais plutôt...méfiante à mon égard.

"Ton aide" disais je d'une voix neutre alors que Trisha s'accrochait à moi à l'apparition de l'homme. Je me tourne vers elle en parlant d'une voix plus douce, lui disant que c'était l'homme que j'attendais et qu'il n'y avait rien à craindre que lui. Notre dernière rencontre doit encore le hanter et je le sens méfiant, gardant ses distances. Qu'il se rassure, je ne compte pas me battre, et surtout pas devant la petite. Je la rassois sur l'autel et je prends une minute pour lui passer ma main sur le visage en souriant. Je suis maintenant sa gardienne, à la manière du Cerbère qui est la gardien de cette ville.

"Les choses doivent changer et j'ai besoin de toi.......J'ai besoin d'alliés." disais je d'une voix plus assurée alors que je me tournais vers le justicier hacker. Je n'avais pas choisi ce lieu au hasard mais cela n'avait rien avoir avec un combat. Je voulais que nous soyons au calme, là où personne n'aurait l'idée de nous trouver ou de nous tirer dessus. Je garde aussi mes distances car nous nous entendons très bien et je ne veux pas m'éloigner de la petite.
Est ce que je te fais confiance? Oui.....je sais que tu ne tenteras rien et tu m'a laissée ma chance. Tu a de la chance, gardien de Gotham City....J'apprends vite, comme tu le vois.

"Trop d’événements.....Trop de morts, j'ai comprise que je ne pourrais y'arriver seule. L'enfant que tu vois à mes cotés a faillie mourir à deux reprises. D'autres n'ont pas eu la chance de survivre et j'en ai assez. Nous avons les mêmes objectifs mais pas les mêmes méthodes."

Il coffre, je tue. Il menotte, j'empale. Il laisse les âmes libres, et je les emprisonne. Je me doute intérieurement que si je continue sur ma voie, il refusera de m'apporter son aide. Laisser des monstres en vie ne me rassure pas mais si je continue ainsi, alors je les rejoindrais très vite dans l'enfer où je les ai envoyé. Si je voulais son aide alors je me devais d'être honnête avec lui.

"Le Joker, les nombreux gangs.....et tout ce qui se passe autour de nous......va devenir le terrain de jeu d'une menace encore plus grande. Il y'a deux jours, ce que je croyais n'être qu'une légende urbaine s'est averé être réel......J'ai besoin de personnes aux compétences particulières....des gens comme toi."

Il y'eut alors un silence de ma part pendant lesquel je le fixais avec intensité. Aucun d'entre nous ne répondit mais très vite, je repris la parole, brisant le silence mortuaire qui régnait dans cet ancien lieu saint.

"Il y'a quelques jours, tu aurais pu en finir avec moi, m'emprisonner mais tu en a décidé autrement. Je te demande donc ton aide mais tu est en droit, si tu le désires, de poser des conditions. Sache que je te révelerais tout ce que je sais, peu importe l'issue de notre rencontre."

"Mon aide?"

Ses paroles m'abasourdirent. Ce n'était pas tant les mots qui me choquaient, je me doutais un peu qu'elle n'avait pas fait tout ce chemin pour me demander une carte de la région, mais c'était la manière dont elle l'avait dit. Au début, elle l'avait dit d'un ton neutre, mais je pouvais percevoir de plus en plus d'inquiétude dans l'intonation de sa voix. D'accord, elle était loin de me supplier à genoux mais je pouvais tout de même deviner qu'elle avait vraiment besoin de mon aide. Pourtant d'après ce que j'ai pu voir, et endurer, elle était parfaitement capable de se débrouiller toute seule mais peut-être avait-elle besoin d'un soutient logistique ? Quoiqu'il en soit ma réponse ne changeait pas :

"Hors de question."

Un Non, parce que je connaissais parfaitement ses méthodes : brutales, violentes, sans pitié. Si je l'aidais, je savais que tôt ou tard elle finirait par tuer quelqu'un et alors je m'en voudrais. Même si je lui demandais, même si je lui posais comme condition de ne jamais tuer, elle ne pourra jamais s'empêcher de le faire quand un de ces criminels (au hasard le Joker) atteindra la limite. Et même si je souhaitais vraiment savoir de quoi elle parlait en évoquant une menace encore plus grande qui planait sur Gotham, je ne pouvais pas l'aider. J'avais déjà bien à faire. Et puis, ce n'était sûrement pas une tâche de mon niveau. Le Joker, Bane, le Ventriloque... tous ces criminels étaient bien trop fort pour moi. Batman et toute sa clique s'en occupent déjà, moi je me charge simplement de nettoyer les rues des petits malfrats.

Je me retourna et quitta l'église, la laissant avec la petite fille. Je contemplais la rue qui devenait de plus en plus sombre. Le vent soufflait, emportant un journal et le plaquant sur une boîte aux lettres délabrées. On pouvait voir dessus la Une qui indiquait le nombre de morts et de blessés lors des derniers attentats, avec une petite fillette pleurant en photo.

...Hm...

Peut-être que je devrais quand même tenter le coup. Après tout, je m'étais engagé à faire ça. Je fis volte-face et retourna dans l'Eglise.

"Bon ok je marche. Mais ce sera sans mort, tu pourras émasculer si tu veux, mais pas de mort et je pourrais partir quand je l'aurais décidé. Ce sont mes seules et uniques conditions."

Et aussi, je refuserais de m'occuper de la petite quand elle ira s'amuser à découper du méchant...mais peut-être que je ne devrais pas l'évoquer en face d'elle?

Ils reviennent. Ils finissent tous par revenir et son regard ne pouvait me mentir plus longtemps. Cerberus, tes yeux sont un livre ouvert pour moi. Je m'attendais à une réponse négative puis à ce que tu réapparaisses en me dictant des conditions que j'accepte en hochant positivement de la tête avant de répondre que j'étais d'accord. Ce qu'il ne sait pas c'est qu'il va sans doute affronter une armée de tueurs et que je me dois de l'éclairer sur certains points.

"Laisse moi une minute avant, s'il te plait" lui disais je d'un ton calme, pour me tourner vers la petite qui ne bougeait pas. Elle portait un petit sac, une sorte de besace avec un casque et un lecteur de cd que j'avais achetée avec un contenu adapté pour les enfants de cet âge. Ce que Cerberus et moi allions nous dire, Trisha n'avait pas besoin de l'entendre. Je lui demande de porter cela et d'écouter jusqu'à ce que j'ai fini avec mon interlocuteur. Sans dire un mot, la petite acquiesce en souriant avant de poser le casque sur sa tête. A présent, Cerberus et moi pouvons parler tranquillement de ce qui va arriver.

"Je suis au courant pour les avions...les massacres et ce qui est arrivé à Gotham Plaza. Dans ce chaos, j'y ai reconnu une vieille histoire, une légende que se transmettaient la plupart des vieux maîtres du Japon."

Je reprends ma respiration lentement en m'assurant que la petite n'a pas enlevée son casque. Bien entendu, elle le porte toujours. Je dois reconnaitre qu'elle est très obéissante et calme, chose que j'ai rarement vue chez des enfants. Une fois bien assurée, je reprends mon histoire en fixant mon interlocuteur.

"Il y'a quelques années, plusieurs événements et meurtres semblables ont secoué le Japon....C'était peu de temps avant que je devienne celle que je suis aujourd'hui. Plusieurs familles de Yakuzas ont commencées à s'exterminer sans raison apparentes. D'autres étaient mises en pièces après des soi-disantes attaques de la part d'une autre famille...et au final, tous étaient innocents. Personne n'avait attaqué personne car quelqu'un d'autre s'était en fait chargé de déclencher cette guerre. Ce qui est arrivé à Gotham Plaza et à Little Italy, c'est exactement ce que j'ai vue au Japon, il y'a quelques années, avant de venir ici...Ca a duré 5 ans. 5 années où un grand nombre de mafieux, criminels et autres délinquants ont commencés à disparaître et se faire tuer."

Un leger coup de vent ponctue la première partie de mon récit. Sans dire un mot, je regarde mon interlocuteur qui semble très intéressé face à ce que je raconte. A quoi pense il? Me croit-il folle? Arrive il à croire mon histoire, pourtant véridique et réelle? Plus qu'inquiétante encore, cette légende terrifiante qui est citée dans mon récit vient maintenant de prendre Gotham pour cible.

"Pendant 5 ans, le taux de criminalité avait connu une très forte baisse. Tous avaient peur de cette menace invisible. On parlait parfois de fantômes, d'esprits des morts revenus se venger et personne n'avait trouvé d'explications. Je fais partie des rares à connaitre la vérité. Sache qu'ils sont aussi réels que toi et moi. Je t'invite à te renseigner sur ce que je t'ai raconté, avant de continuer mon récit."

J'écoute attentivement et ne rate pas un seul détail de ce que me dit Katana. Quand elle eut fini son exposé, une seule phrase me sortit de la bouche :

"Tu es folle."

Le genre de récit qu'elle racontait me faisait clairement penser à certains film comme l'inoubliable Rogue avec Jason Statham et Jet Li. Sauf que Jet Li avait été remplacé par des...fantômes? Ou du moins une organisation voulant éradiquer le crime à la manière forte. Cette stratégie pouvait marcher, en théorie, mais comment cela se fait-il qu'il n'y avait aucun témoins? Les Yakuazas étaient loin d'être les plus stupides mafieux que cette Terre ait portée, donc se faire avoir une tactique aussi basique m'étonnait. Diviser pour mieux régner comme disait l'adage, sauf qu'apparemment, personne ne régnait sur les ruines de l'Empire des Yakuzas. Je ne la croyais pas sérieuse, mais je devais en savoir plus sur ses motivations.

"Si ce que tu me dis est vrai, pourquoi tu ne laisses pas faire ? Aux dernières nouvelles, ces méthodes correspondent assez bien à ton...caractère..."

Je me souviens encore de ce violeur qu'elle avait émasculé, torturé puis tué à l a Bibliothèque. Et d'après le combat qui s'en était suivit, elle défendait hardiment ses convictions. De plus, j'avais également eu l'occasion de l'observer via les caméras et on pouvait pas vraiment dire qu'elle était devenue un ange. Mais peut-être avais-je tort ? Peut-être que l'arrivée de cette petite fille l'avait plus changé que mes arguments...ou alors elle avait un compte à régler avec celui ou ceux qui déclenchaient ces attentats.

"Admettons que tu as une bonne raison de combattre et que ce que tu dis est vrai. De quelle menace parlons-nous ? Un homme isolé ? Une organisation ? Quelle est la taille de cette organisation et ses moyens ? Là on ne parle plus de criminels...mais de terroristes internationaux."

Dans le même temps, je rentrais quelque mots clés sur mon "very smart" phone afin de vérifier son histoire. Une multitude de données me parvint, mais ça parlait surtout de guerre des gangs sanglantes. Plusieurs articles de presse annonçait une guerre au sein de Tokyo même, cette histoire me rappelle ce qui s'était déroulé il y a quelques semaines à Amusement Miles, et les forums sur le net parlaient vaguement d'attentats mais tout en japonais. Je n'avais pas encore intégré un logiciel correcte de traduction sur mon téléphone. Quoiqu'il en soit, il semble que une partie de ce que disait Katana était vrai. Mais savait-elle réellement à quelle menace on faisait face ?

"Une armée, Cerberus" disais je sur un ton, on ne peut plus sérieux, sans le quitter du regard. Mon maitre m'avait raconté cette histoire tant de fois que j'en connaissais les moindres détails. J'avais vu ce que la Lignée était capable de faire et je connaissais les méthodes de ceux qui la composaient. Tout ce que j'ai vu et entendu à Gotham ces derniers jours confirmaient mes pires craintes. Les avions, les corps décapités et dénudés de leur peau à Robinson Park. C'était exactement ce que j'avais vue à Tokyo, principalement dans l'arrondissent de Shinjuku. La Lignée avait, ce jour là, détruit deux familles puissantes et plus de la moitié d'une bande de Bosozokus, des voyous de la baie de Saitama. Tout avait été fait en une nuit: Des corps mutilés, décapités, écharpés...Des traitements que même moi, je me refuse à appliquer. Je suis une tueuse, une meurtrière mais mon code d'honneur m'interdisait un tel comportement. Mais eux, ces monstres de la Lignée.....Ils ne semblaient avoir aucune limite. La police était dépassée, mais les gens, malgré un certain dégout, avaient approuvé que quelqu'un se salisse enfin les mains. Je ne pouvais blâmer la population de leur peur de l'insécurité, mais je les blamais d'encourager des actes de tortures. Ceux des familles et les voyous étaient des salauds qui méritaient de mourir, mais pas d'une telle manière.

"On les appelle "La Lignée". On ne sait rien d'eux. On ne sait pas qui ils sont, mais ils existent et sont plus dangereux que tout. Ce qu'ils ont fait il y'a deux jours...et ce qu'ils ont fait à Robinson Park devrait te convaincre qu'il existe pire que moi."

Je détourne temporairement le regard de Cerberus, toujours dans l'optique de surveiller la petite, qui s'est allongée sur l'autel, toujours en écoutant son cd et en me souriant, sourire que je lui rends en lui passant la main sur la tête. Une fois bien assurée, une fois de plus, que la petite se portait bien, je reprends mon discours, sur un ton plus sombre encore.

"La Lignée est dirigé par un homme qui se fait appeler "L'Empereur". Jusqu'à aujourd'hui, personne n'a été en mesure de percer son identité, mais leurs agissements sont à déplorer."

Je me détourne temporairement du chien de garde. Je quitte un instant son regard car je me doute qu'il continue de me jauger et certainement, de me juger. On dit que de toutes les rencontres, la première est déterminante dans une relation de confiance et malheureusement, je n'avais pas particulièrement brillée lors de notre première fois qui avait faillie mal finir.

"Je sais ce que tu dois te dire: Je suis une tueuse aussi, mais contrairement à la Lignée, je ne me suis jamais abaissée à certains actes dont ils ont pu faire preuve et je sais que tes craintes à mon égard te repassent sans cesse dans ton esprit.....Mais n'a tu donc pas compris que maintenant.......tu est devenu mon maitre?"

Je me doute que la révélation risque de le choquer mais c'est le cas. Depuis ce soir là, j'ai une dette éternelle envers lui et j'avais quittée mon statut de ronin pour lui obéir si tel était son souhait.

"Mon code d'honneur m'oblige à te servir et t'obéir , dorénavant....et mon honneur serait entaché si je refusais."

Je m'étouffe avec ma propre salive au mot "Armée", et pourtant je n'avais jamais vu Katana aussi sérieuse. En fait...je la voyais tout le temps sérieuse, jamais vu un sourire. Heureusement que j'avais mon foulard sur le nez, Katana m'aurait sûrement foudroyé du regard en voyant mon sourire. Ce qu'elle racontait était trop farfelue pour être pris au sérieux... ou alors je venais de réaliser la gravité de la situation et mon sourire était plutôt un sourire nerveux, comme le dernier sourire que je serais capable d'afficher avant une éternité. Bordel...dans quoi je m'étais embarqué ? Comme si je pouvais pas faire comme tous les geeks de mon âge, à rester dans mon studio, grossir, dormir et jouer à WoW.

Bref, visiblement cette Lignée était liée à tous les derniers événements passés à Gotham et tout indiquait que cette organisation n'allait pas s'arrêter là. Je ne connaissais pas (encore) ce groupuscule mais on pouvait trouver de tout sur Internet de nos jours, donc en cherchant sur les forums discutant de complot ça ne devrait pas être trop compliqué.

Tout en écoutant Katana, je fis défiler une lister d'organisation soupçonnée de meurtre et autre coups montés par les adeptes de la théorie du complot. Je connaissais la plupart de ces gens pour avoir discuter avec eux sur un canal de discussion spécialisé. Ils pensaient que Kennedy avait été assassiné par les extraterrestres et que le 11 septembre était un coup de la CIA. Bref, une belle bande de tarée. La liste défilait devant mes yeux : Illuminati, non... Templiers, non plus...Ligue des Assassins, non plus... Franc-Maçon, encore moins... ah voilà, La Lignée. Je clique sur le lien qui me redirige vers une page affichant un "Tableau de chasse" officieux de la Lignée. Je pouvais voir près d'une centaine de meurtre associés supposés en Europe et aux Etats-Unis et le triple au Japon. Bon ok, je commençais à m'inquiéter un peu mais rien ne dit que cette liste est vraie.

Je continue à écouter Katana quand elle commença à expliquer ses motivations :

"[...] Mais n'a tu donc pas compris que maintenant.......tu est devenu mon maitre?"

J'éclate de rire...Merde...j'avais pourtant gaffe. Ça pour un choc...je ne pensais pas que j'avais si influencé que ça en une seule rencontre (qui plus est, une rencontre très brutale et violente). Elle devait croire que me fichait d'elle. je repris sur un ton plus sérieux :

"Ecoute...je ne suis pas ton "maître". Je n'ai pas besoin ni l'envie que tu m'obéisses ou que tu me serves. Tout ce que je demande, c'est de limiter la casse. Cette Lignée dont tu me parles, je pense qu'on va devoir frapper fort pour les arrêter...et il se peut que même moi je ne puisse contrôler. Ce qu'ils ont fait au Gotham Plaza est impardonnable. On va donc les traquer, les trouver et les éradiquer."

Je pose mon téléphone sur une table moisie à côté et affiche une carte de Gotham. En fouillant dans les serveurs du GCPD, j'étais facilement parvenu à dénicher cette carte représentant les territoires. Les zones colorées indiquant les territoires des divers gang de la ville :

Le Gardien et la Lame (PV Cerberus) Gotham10

Le Gardien et la Lame (PV Cerberus) Gotham10

"Tu en sais probablement plus que moi. Il existe une dizaine de gros gangs à Gotham et une cinquantaine de plus petit. Si la Lignée prévoit de déclencher une guerre, ça va être un massacre au Sud et à l'Est, pire que pour Amusement Miles et il y a un risque pour que les conflits se déportent jusqu'au Centre ville. Donc, chère associée, par où on commence?"

"Les éradiquer, dis tu?"

La phrase sort presque naturellement alors que mes yeux se posent sur son auguste personne. SI ma déclaration de tout à l'heure semble l'avoir décontenancé, il se reprends vite et enchaine par un petit speech pour finir par revenir au sujet principal. Un regard sur Trisha me permets de voir qu'elle s'est allongée sur l'autel et qu'elle commence à doucement fermer les yeux. Les enfants sont si fragiles, si vulnérables, surtout à cet âge là et pourtant, elle a survécue par deux fois à des horreurs dont elle se serait bien passée. Maintenant que je sais que la Lignée est à Gotham, je dois absolument l'éloigner et faire en sorte de ne pas l'impliquer dans les combats. J'avais par ailleurs ma petite idée sur la suite la concernant. Mais revenons à Cerberus, qui doit attendre avec une impatience dissimulée, la suite de mon histoire.
Une inspiration me permets de reprendre mon souffle et d'enchainer.

"J'ai bien peur que les choses ne soient pas aussi simples", disais je en faisant deux pas vers lui avant de m’arrêter, toujours à bonne distance.

"La Lignée est bien organisée et est parvenue à faire croire qu'elle n'existait pas. Au yeux de tous, elle n'est qu'un mythe, tout comme la Ligue des Ombres, une autre organisation qui est à craindre. Mais chacun de ces groupes est aussi monstrueux que l'autre. A ce jour, je ne sais de la Lignée que ce qu'on m'en a racontée et ce qui m'a permise de les reconnaitre. On ne connait pas leurs noms, ni leurs visages et ils sont comme des fantômes, à la fois partout et nul part, ce qui les rends bien plus dangereux. Si on veut pouvoir les approcher, alors il va falloir nous faire remarquer, comme tu le proposes si bien."

Cerberus se sert de son téléphone pour m'afficher une carte de la ville. Il me parle des gangs, la possibilité de créer des guerres entre gangs et les dommages collatéraux que cela engendrera. Je me suis jurée que ce qui m'était arrivée ne toucherait plus personne. Cette guerre est désormais notre. Chien de Garde et Lame Ténébreuse ensembles, unis dans la justice, mais puis je parler de justice ou de punition venant de moi? Merde, je fais une belle hypocrite, à cet instant, mais peu importe. Ce qui est fait, est fait. Je ne reviendrais pas en arrière. Cerberus m'offre son aide, et je lui offre la promesse de méthodes plus épurées de ma part. En plus du carnage de Little Italy, j'avais entendu parler des violents affrontements d'Amusement Miles qui avaient coutés la vie d'un sale cancrelat véreux que personne n'allait pleurer.
Maintenant, il fallait choisir notre cible

"Le Joker est à Arkham, et le Pingouin se fait discret. Nous ne pouvons affronter ce dernier de front. J'ai entendue dire que l'ancien procureur Dent souhaitait imposer sa vision des choses. Je pense que nous pourrions commencer par celui-ci et l'obliger à retrouver sa cellule d'Arkham."

Je m'étonne moi-même en évitant de proposer une solution qui tache. J'ose imaginer que Cerberus doit en être le premier étonné. Mais je ne peux promettre que cela se fera sans mort. Certains seront sur la liste, et pas forcément parce que je le souhaite. J'ai passé une partie de ma vie à traquer des monstres, à les combattre pour finalement les empêcher de nuire et beaucoup ne m'ont pas laissée le choix. Je n'avais pas le droit de prendre leurs vies mais je ne pouvais me permettre de les laisser dans la nature.
Trop de haine, trop de colère m'ont transformée....Plus jamais je ne me suis reconnue....Qui suis je réellement? Si je me perds à nouveau dans mes pensées, j'en ressors rapidement mais je suis persuadée qu'il a du se rendre compte que je n'étais pas dans mon état normal, sans oublier le fait que je ne peux m’empêcher de jeter des regards inquiets à la petite.

Et si c'était cela? Et si mon état second venait d'elle? Suis je en train de m'y attacher plus que ce que je devrais? Elle n'est pas ma fille et j'ai perdue mes enfants...mais au fond de moi, j'ai toujours ressentie ce besoin...cette envie de redevenir celle que j'étais...mais cela ne sera plus jamais possible. Tatsu est morte le jour où tout m'a été pris. J'ai pleurée jusqu'à mes dernières larmes. J'ai enfouie mes larmes au plus profond de mon être pour embrasser la seule cause qui me motivait.

Mais est ce vraiment ce que je veux?

"...............D'abord Double-Face. Ensuite, je préconise le Ventriloque......cher associé."

Résumons la situation. Gotham était en ce moment proie à une véritable guerre des gangs.

Au Nord, on avait les territoires de Harvey-Dent/Double-Face et du Joker. Il était bien connu que ces deux-là se fritaient régulièrement via des raids sur des points-clés comme les bars, les dépôts de munition ou les salles de shoot. Des petits nouveaux avaient cependant fait leur apparition : l'alliance entre le Fool et Killer Croc. Je n'avais jamais vraiment creusé leur cas mais leur plus haut-fait fut la "bataille" d'Amusement Miles. D'après ce que j'ai recueillis sur certains blogs, c'était un gang en pleine expansion recrutant le plus souvent des non-humains comme Clayface, Freeze ou ManBat. Mais encore une fois, ce n'était que des rumeurs, même si on dit que les rumeurs ont un fond de vérité. C'était amusant de voir que la plupart des cinglés et des non-humains étaient finalement regroupés auprès de Blackgate et d'Arkham.

A l'Est se trouvaient les territoires des principaux vendeur d'armes du marché noire : le Ventriloque, des petits vendeurs à la sauvette, et un mystérieux revendeur dont je n'ai pas encore clairement établit l'identité (même si je soupçonne fortement le patron de la Green World Corporation Julian Morgan). Etre sur la côte Est de Gotham leur permettait d'être au plus proche des ports, comme Dixon Docks ou Port Adams, et donc une sécurité en plus quant à l'acheminement des armes illégales. Cette partie de Gotham représentait l'un de mes objectifs principaux. Ça n'arrêtera pas la vente d'armes mais ça ralentirait sa diffusion et si le GCPD pouvait sécuriser efficacement tous ces ports, on finirait par achever le crime à l'usure.

On trouve au Sud de Gotham tripotée de gros gangs dont celui de Killer Moth et de l'alliance entre le Pingouin et le Chapelier Fou. Le Pingouin était très réputé dans le milieu du crime, presque autant que Double-Face, mais ça... c'était avant. Aujourd'hui, on entend de moins en moins parler de lui, à moins qu'il ne prépare un mauvais coup avec le Chapelier ? Quoiqu'il en soit, l'autre partie du territoire était bien plus à craindre. Killer Moth était un parfait gestionnaire et chef de gang. En surface, il avait la plus grande zone d'influence de la ville et avait accès aux côtes Sud du pays. Donc si on arrêtait l'importe d'arme à l'Est, c'était lui qui en tirait les bénéfices. C'était un détail à ne pas négliger. En plus des ces trois là, il y avait tous les gangs au Chinatown dont un tout nouveau apparemment dirigé par un certain Kagi. Bref, c'était mon soucis premier mais on ne sait jamais quand est-ce qu'ils pourraient profiter d'une mauvaise situation pour le reste des gangs.

Enfin, au Centre se trouvaient les territoires de Falcone et de Catwoman. Cette dernière avait une forte zone d'influence mais comportait principalement des prostituées (sans vouloir être vulgaire) et donc ne représentait pas une véritable menace. En revanche, celui de Carmine Falcone était inquiétant. Autrefois Parrain Suprême de Gotham, Carmine est tombé bien bas mais on dit d'un animal blessé qu'il est beaucoup plus dangereux. J'ai peur qu'il ne lance des actions brutales et désespérée pour reprendre ses territoires.

Une grand question me taraude cependant l'esprit : où était Black Mask ? Il y a un an encore, c'était lui le "Big Boss" de Gotham et puis tout à coup, son territoire s'est fracturé en une multitude de gangs rivaux. Je pense que cela a à voir avec la fin de New Gotham City mais je ne peux pas en savoir plus sans données supplémentaires. Cela ne m'étonnerait pas s'il se lançait dans une féroce campagne pour tout reprendre et fédérer tous les gangs.

Bref c'est un beau bordel à Gotham avec des intrigues à la Game of Thrones (je suis un geek avec d'être un justicier hein...) et la Lignée voulait mettre le feu aux poudres quitte à régner sur les cendres. Je m'inquiétais plus de ce que je ne connaissais pas que de ce que je savais. Et pourtant, l'information n'était pas ce qui me faisait défaut.

J'écoute attentivement le discours de Katana et elle proposa de commencer à nettoyer Gotham en commençant par le procureur.

"Donc si j'ai bien compris, on se débarrasse d'un max de méchants pour se faire remarquer par la Lignée et on espère qu'elle nous approche? Ça me semble pas être une mauvaise idée... On fera d'une pierre, deux coups. Pour Harvey Dent, je pense avoir un plan...mais je dois encore réfléchir dessus. Je n'ai pas envie de me lancer dans une bataille sans un minimum de préparation. Double-Face a subit une sévère défaite à Amusement Miles mais il lui reste encore une centaine d'hommes à diriger. On s'occupera du Ventriloque en temps et en heure."

Je regardais la petite commencer à dormir, il allait être temps de clore la réunion. Je reprend mon téléphone et le range dans ma poche.

"Elle va avoir besoin de toi...Es-tu sûre de vouloir t'embarquer dans cette croisade? Je ne peux pas dire quand ni comment, mais cette mission va nous tuer tous les deux tôt ou tard. Et je peux très bien me débrouiller tout seul..."

Et pour cause, je n'avais pas d'attache. Ma vie ne manquerait à personne et personne ne me manquerait, j'étais comme ça. Et je savais d'avance que, pour elle, ne pas tuer allait être aussi difficile que d'arrêter une drogue mais elle pouvait au moins compter sur la petite Tatsu pour la faire avancer.

"Je n'ai pas le choix..."disais je à voix basse en baissant le regard. L'instant d'après, il se posa à nouveau sur la petite qui dormait maintenant à poings fermés, toujours avec son casque sur les oreilles. Les derniers événements l'avait épuisée et j'aurais pu la laisser à l’hôtel...mais je ne pouvais pas. Je ne faisais confiance à personne, et jamais elle n'aurait supportée de se retrouver seule.

"Il y'a plusieurs années, j'ai fait une promesse...Je me suis promise que ce qui m'était arrivée ne toucherait plus personne."disais je en détournant le regard de celui du gardien. Je ne voulais pas qu'il voit cela. Je ne pouvais ni lui montrer mes larmes et encore moins ma colère. Avant de reprendre mon histoire, je suis obligée de garder le silence, le temps que cette boule dans ma gorge se fasse moins intense. C'est la même chose chaque fois que je repense à mon mari et mes enfants...c'est une vision de flammes et de douleur qui envahit mon esprit. Les cris de mes deux petits me reviennent toujours et je m'en voudrais éternellement de ne pas avoir réussie à les sauver. Cette vie est injuste, c'est une pute qui ne fait pas de cadeau, mais elle est ainsi.
Maseo ne reviendra pas et est prisonnier à jamais dans cette lame qui est ma croix, mon fardeau...ma punition pour avoir échouée. Cela n'est pas qu'une malédiction, car je suis la malédiction. Je suis celle qui abattra d'une main vengeresse son jugement sur les impies et les monstres qui arpentent ce monde.

"Cette enfant sera mise en sécurité. Je connais des gens qui s'occuperont d'elle...."

Un autre silence nous sépare le temps d'un instant, mais je n'arrive plus à contenir cette peine qui m'habite depuis si longtemps. Si mes larmes peuvent être retenues, je ne peux empêcher cette haine envers moi-même de me dévorer pour mon comportement. Cette punition, je la mérite. J'ai entachée mon honneur, j'ai abandonnée ma vie et pire que tout, je n'ai pas été capable de sauver ma famille.

"J'ai perdu le droit d'être mère, Cerberus.......Je l'ai perdue le jour où j'ai perdue ma famille. Il a suffit d'une seule soirée pour que ma vie change à jamais."

Je lui tourne toujours le dos en baissant me regard, envahie par la honte, serrant les poings, avec l'envie de frapper. Je les serre plus fort encore en repensant au visage de Takeo, ce salaud qui a détruit ma vie par égoisme. Plus que jamais, ma haine à son égard brûle et Dieu seul sait les nombreux supplices que je rêve de lui infliger. Puisse tu être maudit pour ce que tu m'a fait.

"Chaque jour, j'entends leurs cris....Je les entends m'appeler à l'aide...et je n'ai pas réussie à les sauver. Depuis, je me suis entrainée, corps et âme en vendant mon âme à la vengeance. Je me suis juré que plus jamais les gens n'auraient à souffrir de telles tragédies. J'ai été obligée d'enterrer mes propres enfants...et mon mari, à cause de ces monstres qui nous entourent....Et quand j'ai vue cette enfant, quand je l'ai trouvée près du corps de sa mère, j'ai repensée à nouveau à tout cela....Je ne pouvais pas la laisser ici. Cela a renforcée ma détermination à lutter contre ces monstres et à faire de ce monde, un lieu plus sûr."

Je connaissais enfin les raisons qui avaient poussées Katana à devenir Katana. Je devinais par ses mots que sa famille n'avait pas péri dans un banal accident de la route mais je n'osais pas lui demander plus de détails. Malheureusement, c'était une chose courante dans le monde d'aujourd'hui. Non pas qu'au Moyen Âge ils étaient mieux lotis, mais avec toutes les connaissances qu'on avait acquis et avec une civilisation vieille de plus de 2000 ans, comment une histoire comme celle de Katana pouvait se répéter ? Elle était maudite à se venger à jamais. Je comprend maintenant ce qui nus différenciait elle et moi. J'avais perdu mes parents, assassinés comme des bêtes par les hommes de Falcone en pleine rue et c'était le petit coup de pouce qu'il me manquait pour débuter ma carrière de justicier, alors que Katana avait perdu toute sa famille et a peut-être même assisté à leur mort. Honnêtement, s'il m'était arrivé la même chose je ne sais pas ce que je serais devenu. Avec toutes ce pouvoir que je tenais dans mon simple téléphone, je suppose que j'aurais fais un carnage.

"Ce monde sera plus sûr, quelque soit le prix à payer. C'est aujourd'hui que leur règne prend fin."

Soudain... le silence. J'étais loin d'être un très bon orateur et ne savais pas trouver les bons mots pour consoler. Mais quelqu'un qui massacrait des criminels au ptit déj' avait-il vraiment besoin d'être consolé ? Finalement je décide de poser ma main sur son épaule, elle ne le voyait pas mais j'affichais un air triste...triste pour elle. Je n'avais jamais cherché à savoir qui elle était ni pourquoi elle se battait, j'imagine que chacun a le droit à son jardin secret, mais maintenant que je savais pourquoi je ne voulais pas en entendre plus. Ce qu'elle m'avait avoué était suffisant pour que je la comprenne.

"La petite a l'air crevée... Rentrez chez vous, prenez un bon bain, reposez vous et profitez de la vie parce que dès qu'on attaquera, tout ça sera terminé. Les criminels ne vont pas s'envoler du jour au lendemain. Je m'occupe des préparatifs dès ce soir."

Je me prépare à quitter la vieille Eglise. Je réalise que j'aurais pu me confier à mon tour mais je n'avais pas le cœur à ça. D'ailleurs, je ne crois pas que je me confierais vraiment à quelqu'un un jour. Avoir l'esprit concentré sur le boulot ou le massacre de criminels me permettait d'éviter de penser à mes propres problèmes, et ça marchait plutôt bien jusqu'ici.

Une fraction de la vérité...N'avais je donc pas d'autre choix que de laisser mes sentiments me guider.
Katana la glaciale...Katana la silencieuse...Katana, l'âme en peine, mais Katana tout de même, avec ses forces, mais aussi ses faiblesses. Je ne l'oubliais que trop souvent et l'enfant venait de me le rappeler. Un regard, un seul et tout m'était repassée. Plus qu'une dette ou une promesse envers l'âme perdue de sa mère, c'était un attachement que je ressentais vis à vis d'elle au fur et à mesure des heures qui s’égrenaient.
Le Cerbère ne savait qu'une partie de la vérité me concernant, mais jamais je ne pourrais lui dire pour l'épée. Et puis, me croirait il si je lui disais que j'étais la porteuse d'une lame maudite et capable de parler avec l'âme des défunts qu'elle renfermait? Peut-être devrais je lui dire un jour, lui raconter et peut-être me détestera il lorsqu'il saura que je condamne à une souffrance éternelle tout ceux que je fauche sur ma route. Chacune des vies que j'ai prise afin de purger ce monde du mal souffre dans un enfer dont je n'ai idée. Je me surprends souvent à me demander à quoi tout cela doit bien ressembler.

Un enfer avec des chaudrons? Des chaines vous déchirant la chair...ou simplement...le néant? Un monde sans son, sans image, sans lumière, où les Ténèbres régnaient en maitresse. Peut-être était-ce cela, l'enfer de cette lame.
Chaque fois que je repense à la souffrance que ces monstres endureront, je me dis que mon mari vit aussi la même chose. Jamais il ne m'attendra dans la lumière. Jamais nous ne nous reverrons car j'ignore à ce jour comment le liberer de cette arme. J'ai bien essayée de la détruire à de nombreuses reprises mais jamais je n'y parvins. Les métaux qui la composaient posaient bien des soucis aux nombreux spécialistes à qui je me suis longtemps adressée et beaucoup me répondaient que cette arme n'était pas faite pour tomber entre les mains des vivants.
Mais je la porte. J'en suis la propriétaire, maitresse et rétributrice des crimes passés, présents et futurs. Suis je donc plus qu'une humaine? Suis je plus que Katana la sanguinaire? Suis je bien plus qu'une âme vengeresse? Par moment, j'aimerais le croire...Et ces derniers jours, la présence de Trisha me pousse à y' croire. Elle m'a portée vers un autre chemin par son innocence et je suppose qu'une partie de mon attachement envers elle vient aussi de cela.

Je ne lui montre pas mais la compassion du hacker me touche. J'aimerais entendre ces paroles plus souvent et ne pas me sentir seule dans un combat qui me semble sans fin. Du jour où j'ai acceptée de devenir la porteuse de cette lame maudite, j'ai bien vite comprise que j'allais m'engager dans un combat qui ne verrait pas de fin car aussi longtemps que le bien existera, le mal continuera de perdurer.
Au sein même d'une maison de dieu, je suis en proie à ces interrogations.
Que sont donc le bien et le mal? Des mots, des concepts? Merde, voilà que je philosophais et telle que je me connaissais, je risquais de faire de la rhétorique ou de partir sur des grandes phrases.
Cerberus me rappelle à la réalité en portant son regard sur la petite et en nous conseillant de retourner à notre domicile qui n'était autre que cette suite au Ritz. J'approuve d'un mouvement de tête son conseil. Trisha Cullowski est maintenant profondément endormie sur l'autel, comme si elle se sentait en sécurité dans ce lieu.
Oui, le bien et le mal existent. Ce qui m'entoure en est la preuve, et l'homme n'a pas pu créer une arme comme la Voleuse d'Âme. Il y'a un Enfer...et il y'a un Paradis mais ma destination, que sera elle? Pourrais je un jour retrouver mes enfants et mon mari de l'autre coté, quand mon heure viendra.

Maseo....Je n'aurais de cesse de chercher un moyen de te liberer. Je te l'ai promis. Mais serais je autorisée à vous rejoindre? Et toi, la-haut, acceptera tu de me laisser une place? Et voilà que ca me reprenait, encore et encore. Je dois être fatiguée à mon tour pour me laisser aller à mes pensées les plus sombres.
Je me dois d'écouter les conseils de mon allié: Profiter de mes derniers moments avec la petite, lui trouver un abri avant de redevenir celle que j'étais. Pendant plusieurs jours, j'ai au moins pu redevenir celle que j'étais autrefois, dans d'autre circonstance mais j'étais redevenu Tatsu...le temps de quelques jours. Et dans quelques heures, voire plus, Katana allait resurgir et j'allais devoir laisser tout sentiment de coté, pour toujours.

La petite ne pèse pas beaucoup et je n'ai aucune difficulté à la prendre dans mes bras sans la réveiller. Sa tête se pose sur mon épaule droite, ce qui m'oblige à avoir des mouvements plus lents afin de ne pas la brusquer. Une dernière fois, je m'adresse au gardien avant de prendre congé.

"Ritz, 2ème étage, chambre 212....C'est là que tu me trouveras" lui disais je une dernière fois avant de faire claquer mes bottines sur le sol et de partir en lui adressant pour la première fois depuis des années, un petit sourire amical.
Qui veut la paix, prépare la guerre. Entre la Lignée, Talia Al Ghul et les nombreux autres fous furieux de la ville, lui et moi allions avoir beaucoup de travail sans oublier qu'il nous serait peut-être nécessaire de faire appel à de l'aide.

La nuit porte conseil, dit un vieux proverbe. Nous verrons si il est bel et bien fondé.

"Prends soin de toi, jusqu'à notre prochaine rencontre...et surveille tes arrières."

Une fois ce dernier conseil, je franchis enfin le parvis de l'église pour m'enfoncer dans les ténèbres de Park Row, jusqu'à la sortie du quartier. Aux yeux de tous, je ne suis qu'une loqueteuse qui est avec son enfant. Je ne représente aucun intérêt à leurs yeux et tant bien même que l'un d'eux essayerait, sa tête risquerait de rencontrer le mur le plus proche. Dans environ 30 minutes, je serais de retour à l'hôtel. Je coucherais la petite en prenant soin de passer quelques coups de téléphone. Dès demain, Trisha sera mise en sécurité et enfin, nous pourrons sortir les armes et commencer notre combat.

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HJ: Topic terminé. Cela fût un plaisir, Cerberus.

Sujet: Re: Le Gardien et la Lame (PV Cerberus)

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Le Gardien et la Lame (PV Cerberus)

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