Une soirée des plus normales pour Arnold ce jour-là. Il avait reçu le journal du matin par un de ses hommes et l'avait étalé sur son bureau, impatient de le lire. Après tout, Wesker était un citoyen de Gotham City comme les autres et avait le droit de s'informer, hormis sa schizophrénie qui le distinguait du peuple ordinaire. Tout en prédisposant ses lunettes sur le haut de son nez comme à l'habitude, il essayait du mieux qu'il pouvait de lire les rares lignes intéressante du journal. Malheureusement pour lui, ce genre de document n'était qu'un ramassis de salades absurdes sur ce qu'il se passait en ville. D'un côté, nous avions un cambriolage de banque habituel et de l'autre l'assassinat d'un éminent actionnaire d'une société qui avait le vent en poupe. Rien à signaler pour le moment, la ville était tombée dans la criminalité de basse qualité et la paresse. Outre ces articles abrutissant, il n'y avait toujours aucun signe du Batman dans les journaux, peut-être avait-il décidé de ranger le costume ou encore de ne plus agir pour un certain temps ? Arnold pensa tout naturellement qu'il se faisait discret au vu des accusations portant sur lui, en tout cas lui se serait fait discret au vu de son attitude timide et peureuse.

Une fois le journal fini, il le replia soigneusement et le déposa sur le bureau auprès duquel il était assis. Il ouvrit un de ses tiroirs et s'empara de son livre de compte habituel ainsi que de son magnifique stylo ouvragé. Débouchant délicatement le capuchon, il commença à écrire toutes les activités de la journée ainsi que leur rendement. Les ventes d'armes battaient leur plein ces derniers temps, le trafic avait toujours un certain succès de la part de la pègre de Gotham City. La criminalité étant omniprésente en ville, il ne fallait pas s'étonner sur la demande s'élargissait de plus en plus. Sachant que la meilleure offre se situait chez le Ventriloque, les affaires battaient leur plein. La vente de drogue quant à elle marquait aussi de gros bénéfices qui réjouissaient Arnold au fur et à mesure de l'écriture. La caïd de la drogue d'Amusement Miles, ce fameux Mister Y, ayant perdu une grosse partie de son influence, Scarface avait hérité des clients en manque et tout le monde savait qu'une fois la drogue du Ventriloque ingérée, il était impossible de s'en décrocher mis à part par la mort, ou par un bon hôpital bien entendu.

Une fois les comptes clôturés, il referma le cahier et le redéposa dans le tiroir préalablement ouvert puis se leva. Il essaya le peu de sueur sur son front grâce à son mouchoir de poche et se dirigea vers la salle principale du club où l'ambiance ne manquait pas. Scarface restait là, sur sa chaise, il ne voulait pas se mêler à ses serviteurs. Sortant de son bureau, Arnold admira quelques instants la disposition de ses nouveaux hommes dans la pièce. D'un côté nous avions les mâles en chaleur, dérangeant les magnifiques serveuses dans l'espoir fou d'un rendez-vous galant, d'un autre les joueurs effrénés se lançant dans des parties de cartes interminables et encore d'un autre côté, les amoureux du spectacle qui admirait la scène ou se situait le groupe de musique. Esquissant un sourire timide face à son entourage, Arnold remarqua Mugsy qui se faufilait jusqu'à lui. Une fois arrivé, il s'adressa à Wesker le plus respectueusement qu'il pouvait :

"Arnold, enfin Mr Wesker je veux dire, les armes que vous aviez commandées sont arrivés il y a quelques minutes. Le fournisseur vous fait savoir qu'il vous remercie pour cette fructueuse collaboration ainsi que pour la confiance que vous lui attribuez, que dois-je lui répondre en retour de votre part, euh enfin de la part de Mr. Scarface je veux dire. Excusez-moi." Il bafouilla un peu, Mugsy était toujours dérangé par la schizophrénie d'Arnold.
"Il n'y a aucun problème mon cher Mugsy, dites à l'homme que Mr. Scarface le remercie pour son travail de qualité et que la somme que nous devons lui verser sera versée demain au plus tard. Rangez les armes dans le camion situé dans la rue arrière par rapport au club et allez-vous reposer. Vous semblez terriblement fatigué mon pauvre." Il parlait toujours d'une voix douce et timide.

Mugsy acquiesça et s'effaça dans la foule rapidement. Le sentiment de satisfaction remplissait le cœur de Wesker. Il se retourna lentement et posa ses yeux sur la scène où il admirait le fabuleux groupe de musique qui avait pris place aujourd'hui. La jeune femme était plutôt talentueuse et mignonne. Arnold tombait légèrement sous son charme mais se laissait bercer par la fabuleuse musique sortant de sa bouche. Il était rare d'avoir un aussi bon condensé de talent émané d'un groupe encore inconnu aux oreilles de Gotham.


Il fut cependant interrompu dans son extase par l'énorme main de Rhino qui se posa sur son épaule. Il sursauta, tout naturellement puis se retourna en claquant les talons et observa le grand colosse qui se trouvait devant lui. Il ne voulait pas le déranger pour rien, ce n'était jamais le genre de Rhino qui appréciait énormément Arnold en tant qu'homme.

"Boss, il y a quelqu'un qui veut vous voir. Il parait qu'il se prénomme Mister Poker et que vous lui avez demandé une entrevue. Qu'est-ce que je fais boss ?"
"Je l'avais oublié mon cher Rhino, faites le rentrer et conduisez le jusqu'à mon bureau. Je vais prévenir Mr. Scarface de sa venue, bonne fin de soirée Rhino."
"Vous aussi boss !"

Arnold rebroussa chemin jusqu'à son bureau et s'empara de son marionnette qui gisait sur une chaise tel un mort. Une fois emboîtée dans sa main, elle commença à s'articuler et à remuer les yeux de façon dérangée. Elle se retourna pour fixer son compagnon et d'un regard agressif le fixa droit dans les yeux. Arnold fut paralysé sous le regard de braises que lui lançait Scarface puis d'une voix tremblante s'adressa à lui :

"Mon...monsieur Scarface... Je m'excuse de vous déranger ma... mais vous avez un rendez-vous avez un dénommé Mister Poker ce soir."
"Je le favais déjà bougre d'incapable ! Va t'affeoir pour qu'il n'ait pas l'air d'avoir à faire à un âne quand il te verra imbéfile !"

Wesker obéit le plus naturellement du monde et alla s'asseoir sur sa chaise. Il disposa Scarface sur ses genoux, ni trop haut ni trop bas pour lui permettre d'avoir la vue sur celui qui se placerait en face de lui. D'un petit geste effacé, il sortit un petit cigare du bureau et le plaça dans la bouche de la marionnette. Il replaça correctement son chapeau de gangster et essuya un peu son magnifique costume en soie pour qu'il paraisse fraîchement nettoyé et repassé. Une fois les gestes de routine accomplis, il soupira un grand coup pour se mettre en condition face à la rencontrer à laquelle il allait participer. Il n'avait jamais extrêmement aimé ce genre de réunion, surtout pour le genre d’olibrius qui se trouvait en face de sa poupée. Scarface quant à lui ronchonnait des phrases incompréhensibles, il était prêt à rencontrer ce soi-disant revendeur d'or et à faire une bonne affaire avec lui. Dans cette ville, plus rien ne devait passer sans l'approbation du plus grand gangster de Gotham, à savoir l'incommensurable Monsieur Scarface.

La Dame de Coeur connaissait une véritable expention sur le territoire Gothamite. Le trafic d'or de Lazare Dumont n'avait jamais été aussi profitable pour son trafic. Les cartes de jeu réalisées avec ce précieux métal jaune se vendaient comme des petits pains. La plus grosse commande avait été faite par un investisseur japonais un peu trop sûr de lui. C'était un vrai bonheur. Depuis l'accident à l'Iceberg Lounge avec Le Pingouin, le bussiness de Mister Poker n'avait jamais connu une telle célébrité.

Son trafic étant donc extraordinaire et sa popularité exponentielle, il était temps pour l'obsédé des jeux d'argent de sortir de son trou de Gotham Outer et de faire des alliances avec les plus grands parain du crime de Gotham City. Le valet de pic, sbire de Lazare, avait informé les super-vilains de la ville qu'un nouveau collègue était arrivé. Le Ventriloque et sa pathétique marionnette avaient été l'une des cibles de Poker pour ses alliances. Ni une, ni deux, le valet de trèfle contacta le schizophrène et la nuit qui suivait l'entretien téléphonique, Scarface lui avait donné rendez-vous.

Il faudrait avoir perdu la raison pour croire que Dumont allait venir seul dans le quartier général d'Arnold Wesker. Aussi Poker prit-il soin de convoquer ses dames de carreau et cœur, pour l'accompagner. Ces deux harpies possédaient un comportement excécrable avec tout le monde sauf avec leur patron qu'elles craignaient. Elles se munissaient la plupart du temps de deux petites dagues qu'elles cachaient sous leur ample bure pour se défendre elles et leur patron en cas de danger. Ces femmes ne possédaient aucune pitié. Tels des chiens enragés, il fallait les tenir en laisse pour éviter le carnage.

Mister Poker et ses deux dames de compagnies pénétrèrent ensemble dans la bâtisse luxueuse du Ventriloque et furent ennuyés par deux gardes hauts comme trois pommes mais terriblement larges d'épaules.

« Nous sommes des invités d'Arnold Wesker, veuillez nous laisser entrer s'il vous plait. »

Les deux gardes ne semblaient pas de bonne humeur et ne voulaient visiblement pas laisser passer Lazare.

« Je ne le répéterai pas deux fois, fit-il en serrant les dents, laissez-nous passer ! »

Le bonhomme esquissa un sourire moqueur et montra ses horribles dents jaunâtres. Mister Poker perdit patience et dégaina un colt et le pointa entre les deux yeux du misérable mollusque. Même sous la menace de l'arme, les gardes ne pipèrent mot et arboraient continuellement une posture droite. Deux autres gars arrivèrent au même moment et l'un d'eux signala aux deux imbéciles de laisser passer le collectionneur de cartes en or. Dumont rangea calmement son pistolet et se laissa conduire par ses deux gaïchas vers le bureau de Scarface. Un homme d'une cinquante de kilos et aussi maigre qu'un cornichon ouvra silencieusement la porte. Le Ventriloque se tenait derrière son bureau, sa pitoyable marionnette à la main. Les deux femmes accompagnant Poker depuis le début allèrent s'asseoir tranquillement dans le fond de la pièce, sur deux chaises branlantes en bois.

Lazare Dumont marcha sur le plancher qu'il fit grincer et courba l'échine péniblement.

« Bonsoir, l'ami ou plutôt les amis, je pense que des présentations s'imposent... Je suis Mister Poker, honorable président de la « Dame de Coeur ». Je suppose que vous êtes le baron Arnold Wesker accompagné de … Euh... Scarface... Enchanté ! »

Un silence de mort s'imposa durant quelques secondes puis Wesker prit la parole.

Mister Poker était donc entré dans le repaire du Ventriloque et de sa marionnette. L'entrée fut éprouvante. Deux gros cachalots bloquaient l'entrée avec un esprit borné. On conduisit par la suite notre obsédé des jeux d'argent et ses deux dames de compagnie dans le bureau de Scarface. Lazare se présenta avec les commodités d'usages et attendit donc la réponse de son hôte. Il esquissa un sourire et essaya vainement de répondre avant de se faire rappeler à l'ordre par sa marionnette. Ainsi donc c'était CA le Ventriloque : un pauvre homme dépressif commandé par un morceau de bois taillé et décoré...

Dumont vit partir ses deux gaïchas sur l'ordre du pantin. Mais on aurait pu réflechir sur ce dernier mot. Oui ! Après tout qui était le pantin dans l'histoire ? Arnold Wesker ou bien Scarface... Mister Poker arma discrétement le chien de son colt sans se faire voir mais ne le dégaina pas.

Un léger cheveu sur la langue pimentait la compréhension de la parole de la marionnette. Il vanta les mérites de son duo de choc et proposa donc un marché à Lazare.

« Ainsi vous désirez voir le Dandy de Gotham s'allier avec vous contre le crâne de piaf de Pingouin ? Oh ce serait chouette ! Allons-y ! Vous me proposez ensuite de vous donner 10% de l'or que je vends contre une protection de choix ? Ne croyez vous pas que mon trafic suffit à ma protection ? Je contrôle le trafic le plus excentrique qu'ait connu Gotham City dans sa terrible histoire ! Mais étant donné que vous me proposez un ravitaillement en arme conséquent, je ne peux qu'honorer votre marché et l'accepter. Un van de mon casino viendra vous offrir 10% de mes larcins dorés tous les trois mois ! Si par malheur, un jour je me retrouve à Arkham par le simple fait que vous m'avez mal protégé, je peux vous garantir que vous aurez mon or dans l'os ainsi que ma bienséance ! Mais bon... Vous me parliez de notre ennemi commun, le crâne de piaf. Il faut absolument que nous réglions nos montres à gousset pour pouvoir le voir mourir, lui et son trafic. Il m'a trop déshonoré. Je n'ai plus la moindre confiance en ce fantoche à costume ! Alors, comment allons-nous procéder ? »

Une fois les pendules remisent à l'heure, Dumont allait pouvoir pourparler avec le Ventriloque sur « comment anéantir Pingouin ? » Il allait se régaler !

[HRPG : Je met fin à l'alliance car je ne vais plus jouer Poker, Merci ]

Mister Poker se demandait se qu'il faisait là. A se tourner au ridicule devant un gros et son pantin. Il décida de taper du point sur la table et de crier.

« Il est inutile de s'allier avec vous si vous ne m'assurez pas une attaque directe ! Je met fin à cette association qui me semble plus qu'inutile ! »

Lazare demanda gentillement à un homme de main du Ventriloque de l'accompagner dehors où ses dames l'attendaient impatiemment. Le Ventriloque serait donc le seul criminel que Poker aurait aperçu. Effectivement le dirigeant et son trafic émigrèrent vers la France et quittèrent Gotham sans la moindre explication. D'ailleurs, 5 ans plus tard, on avait apprit la mort de Poker suite à un bataille contre la mafia française. On ne connait pas de successeur à Poker. Son trafic d'or partit alors en fumée...

FIN DU RP