Manifestement, je viens d’agacer le Chapelier et lorsqu’il me balance une théière au visage, je ne peux m’empêcher de m’esclaffer. C’est douloureux, pour sûr, et ma joue est toute endolorie, mais je les scrute toujours, le Chapelier et sa bande de rigolos. Fixant l’expression désappointée de mon ennemi, il donne lieu à une scène bien étrange. Deux de ses hommes de main se canardent brutalement sans aucune raison et tombentt raides morts au sol. Je fixe les deux cadavres, circonspecte, avant de planter mes prunelles assassines sur le Chapelier. Face à sa menace, je me contente de sourciller, me décidant à adopter calme et silence pour la suite des festivités. Chaque chose en son temps et ça se pourrait que Jervis se décide de me faire la peau si j’le pousse trop dans ses retranchements.
Puis voilà que le Chapelier se focalise sur la petite blonde, sûrement aussi timbrée que lui qui s’est jointe au groupe – comme un cheveu sur la soupe. Je grimace d’exaspération face à leur petit manège et j’écoute d’une oreille distraite et peu concernée le discours du chef du Wondergang. Alors, comme ça, il voulait s’attaquer à Shreck ? J’esquisse un sourire en coin moqueur, observant les visages des individus assis autour de la table.

Puis soudain, Jervis semble troublé et je devine à son faciès crispé qu’il souffre de quelques désordres inopinés. Sourcils froncés, je le fixe sans dire mot, espérant secrètement qu’il cane là sous mes yeux et que toute cette mascarade soit terminée. Il glisse de sa chaise, doigts sur les temps, et il s’écroule, inconscient. Petit à petit, je sens mes membres se dégourdir, comme libérés de la pression du contrôle mental du Chapelier. Je cligne des paupières, je me redresse lentement, mon regard venimeux glissant sur les individus encore présents autour de la table. Sont-ils tous sous son contrôle ? Je n’ai pas vraiment le temps de constater. J’arrache la carte plaquée contre mon front et je la balance sur le corps inerte du Chapelier avant de me jeter sur les Tweeds qui tentent de m’arrêter avec des gestes maladroits et saccadés. Je saisis ma chaise et la balance droit devant moi, balayant l’un d’eux jusqu’au fond de la pièce. L’une de mes mains griffues attrape l’autre par son tee-shirt et je lui assène un violent coup de genou dans l’abdomen avant de le foutre à terre. Ma paume de main droite vient s’écraser dans le museau de la lapine et je tape dans son tibia, espérant que ça l’empêche de riposter. Mes mains attrapent la table que je redresse brusquement pour la renverser sur le Wondergang.

L’air peu commode je me dirige vers la fenêtre et je brise le verre à coup de coude avant de m’offrir un passage tout droit vers l’extérieur. Accroupie sur le bord, je jette un dernier regard avant de lâcher :

« La chasse n’en sera que meilleure mes mignons. On s’reverra très bientôt, croyez moi. Mes salutations au patron, si toutefois il se réveille. » – Je lâche un petit rire moqueur avant de bondir dans l’obscurité et de disparaitre dans les ruelles de Gotham.