Chinatown, quartier de mystère, là où peu osaient s'aventurer. Rumeurs, ragots, meurtres, deals et enlèvements, cette parcelle de la ville avait doucement dérivée jusqu'à devenir une zone de non droit où tout était permis, vulgairement parlant. Au loin, la circulation brisait en partie le silence de cet endroit qu'on disait hanté. Vide la jour, il émettait d'étranges lumières dont personne n'osait s'approcher la nuit. C'est là le choix qu'on donnait à la population : Victime des superstitions, ou victime de leur curiosité. Il fallait juste tirer la carte et attendre de recevoir la sanction.

Bien sur, rien ne vous obligeait à croire des vieilles histoires de fantômes, et vous auriez pris la bonne décision en raisonnant de cette manière, ce qui ne veut pas dire que vous rendre sur place en soit une aussi, sauf si on recherchait la mort dans l'immédiat. Les Triades organisées y' faisaient la loi et la Police ne daignait guère s'en meler.
Actuellement, la famille la plus puissante ne faisait pas forcément partie des plus anciennes, fait assez étrange et inhabituelle puisque tout s'accordaient à parler de « Vieux de la vieille » lorsqu'on mentionnait les familles asiatiques, irlandaises ou italiennes de Gotham City. Origines différentes, mais même combat.

Figures androgynes et jeunes, elles s'affairaient dans l’entrepôt, voguant d'une tache à une autre dans un immense amalgame de paroles et de machines, au milieu d'une seule figure, dieu pour les uns, leader pour les autres. Seikyo Akumu était son nom...Parrain de la famille Akumu, son titre et les trafics en tout genre ne se feraient pas sans son autorisation. Il était à la fois parole, dieu et maître de cérémonie, un être craint et respecté par ses pairs, ayant prouvé sa valeur en méritant avec honneur sa place ici, à Gotham City et avait très vite su s'imposer avec ses méthodes . En fait, il était même assez étonnant de voir jusqu'à quel point Kagi avait su se faire une place dans le quartier asiatique, sans même faire appel à ses propres réseaux, ce qui le rendait bien plus dangereux. Seul, il était une menace à ne pas négliger, alors imaginons ce qu'il serait capable de faire, avec plusieurs personnes à son services et d'autres qui pourraient bien être ses émissaires. Supposons qu'il arrive à étendre réellement son influence, que des criminels plus grands, plus timbrés encore, décident de se joindre à lui dans un futur proche.
A vrai dire, même en temps que parrain, Kagi restait un yakuza qui dépendait d'un autre, et ainsi de suite, jusqu'à une éminence grise bien plus puissante. Cela marchait peut-être de cette façon à Kyoto...mais pas à Gotham, et il allait vite devoir apprendre les règles de cette ville. Mais pour le moment, Kagi était au bas de l'échelle, bien que son nom commencait doucement à circuler dans les quartiers.

Dehors, les gardes entouraient le périmètre et s'assuraient que personne n'ose venir déranger Kagi-Sama et toute personne ayant pu oser avant mal finie, ou du moins, disparue de la circulation. Par moment, on retrouvait un corps flottant sur la berge et la conclusion était plus bâclée que vérifié : La noyade. Bien sur, une autopsie aurait prouvé le contraire, mais qui oserait aller enquêter dans ce quartier ? Qui aurait l'audace de vouloir approcher et s'attaquer à une des familles les plus puissantes de la ville et finir dans un sac à viande à étiqueter?

Peut-être ces étranges formes qui observaient en silence, cachées dans les ténèbres des ruelles. Qui étaient ils ? Leurs intentions?C'était un mystère qui ne tarderait pas à trouver une réponse dans quelques minutes. En silence, ces hommes cagoulés vérifiaient leur matériel sans s'échanger un seul regard. Ils ne se connaissaient pas, ne s'aiment pas, mais tous avaient été désignés pour une seule et même mission. Échouer, c'était mourir et ils allaient devoir agir de concert pour pouvoir triompher et montrer à ce jeune jouvenceau que Gotham ne lui appartiendrait pas....qu'elle ne lui appartiendrait jamais.

Le plus grand d'entre eux portait son regard à sa montre tout en accordant de temps à autre un regard vers l'entrée de l’entrepôt, gardé par 3 types armés. Pour n'importe qui, le fait d'entrer par devant serait suicidaire, mais pas pour ces hommes habitués aux basses besognes. A leurs débuts, on les prenait pour des rigolos, des grandes gueules sans aucun sérieux, mais bien vite, ceux ayant eu affaire à ces malades de la batte en fer pouvaient affirmer que ces mecs, que personne n'avait jamais su identifier, étaient aussi sérieux qu'un infarctus. D'ailleurs, les 3 gardes en firent les frais lorsqu'ils se firent prendre en sandwich, attaqués sur les deux fronts, et en silence, sans même pouvoir tirer un seul coup de feu. Une fois mis à terre, celui qui semblait être le leader du groupe des ombres fit signe de le suivre. Ce dernier était suivi par un large groupe, toujours en silence, se mouvant parmi les ombres et les faibles lumières des lampadaires. Avant de lancer la suite de l'opération, il s'assura que les gardes étaient encore en vie. Il fallait attirer l'attention, oui, mais ne pas en faire trop. Les mouvements saccadés du ventre des japonais montrait qu'ils vivaient, mais que leur tronche avait vu des jours meilleurs. Les ordres étaient respectés et il fallait que ca continue de cette manière, ainsi était la volonté des maitres.

Maintenant que les gardes étaient neutralisés, la suite de la fête allait pouvoir se jouer. Le leader fit signe à certains de ses hommes de faire le tour et de se faufiler par les accès arrière, ainsi que par certaines fenêtres qui n'étaient pas gardées. Kagi s'imaginait que son pouvoir ne serait pas contesté et que personne n'oserait venir piétiner ses plate-bandes...mauvaise erreur de calcul de sa part car il ne fallu quelques minutes pour neutraliser les deux gardes à l'arrière et entrer, sans se faire repérer. Tout comme ceux de devant, ces deux là vivraient avec la honte d'avoir échouer. Pourquoi les tuer alors qu'on pouvait les briser ?

A l'intérieur, on pouvait compter quelques personnes, dont le yakuza androgyne qui semblait très occupé à discuter avec ce qui semblait être certains sbires bas de gamme, des petits voyous embauché à la petite semelle. Sans doute étaient ils le genre à rechercher du sensationnel en plus de l'argent facile....Dans ce cas, ils allaient être servi, comme en attestait la grenade qui roulait sur le sol et que personne n'avait vu, excepté un des hommes qui eut juste le temps de hurler avant qu'elle ne diffuse une aveuglante lumière blanche qui irradia l’entrepôt.

Le signal était lancé et le groupe des cagoulés à la batte passaient maintenant à l'action.

Inconscience, courage exacerbé ou stupidité, difficile de dire quelle était la vraie réaction du jeune homme asiatique face à cette entrée des plus tonitruante. Le jeune leader de la famille Akumu n'était pas réputé pour être un dégonflé et il semblait prêt à faire face à la nuée d'hommes cagoulés avec un certain stoïcisme. Celui qui semblait être le leader, avait fait un pas en avant en pointant Seikyo de sa batte de baseball, lui intimant presque de s'approcher et d'encaisser la correction qui lui était due. Mais cela, c'était avant que le jeune asiatique ne décide de prendre la poudre d'escampette. Peureux mais pas stupide, il fallait lui reconnaître cette qualité, mais aussi rapide qu'il pouvait l'être, il l'était bien moins que le leader qui avait décidé de se lancer à sa poursuite, en prenant bien soin de ne pas être sous le feu du jeune homme, ce dernier ayant décidé de son propre chef d'ouvrir le feu, blessant un des hommes de main du groupe.
Il fallait reconnaître qu'il avait aussi de la suite dans les idées, en couplant à la fois les fumigènes à une espèce de boule puante. Non content de gêner le groupe d'hommes à la batte, l'odeur risquait fort de les indisposer.
A eux de se remettre en selle car il était hors de question d'échouer et de laisser ce petit rigolo s'en tirer ainsi. Et en toute sincérité, croyais il vraiment que tout le monde était présent dans l’entrepôt.
Oh non, loin de là, il n'y'avait qu'un petit nombre de sadiques armés et une bonne moitié se trouvait encore dehors. Tout flingueur qu'il était, ses balles étaient en sous-nombre face à l'immensité d'hommes attendant les ordres dehors.

Les ordres n'eurent pas à être donnés car à peine dehors, il fût stoppé net par plusieurs personnes lui barrant la route, et arreté dans sa course par une batte jetée entre les jambes, provoquant la fin de sa course et l'envoyant se ramasser lamentablement sur le sol, presque comme une loque. L'idée n'était pas de le tuer, mais de le bloquer ici, et ce fût une chose rapidement faite alors que le leader fit son apparition dehors.
Kagi aurait pu être battu comme plâtre après cette piètre tentative d'évasion, mais ce n'était pas ainsi que cela devait se passer. Les ordres étaient formels et le leader restait un homme d'honneur qui se devait de s'occuper de Seikyo Akumu, seul, et face à face.

Il n'y eut aucune parole, rien que le bruit du vent et de la circulation au loin, et un léger brouhaha qui s'élevait de l'intérieur de l’entrepôt. L'odeur immonde du fumigène mêlée à celle de la bombe puante amenait ses effluves jusqu'à l'extérieur ou se trouvait l'autre groupe et le jeune yakuza à qui le leader fit signe de se relever. Ce dernier n'adopta aucune position de combat, et n'eut aucune parole. Pas besoin de mot ou de grandes répliques. Le corps et les gestes parlaient à sa place et l'heure de la correction venait de sonner. Peut-être le jeune homme s'imaginait il faire face à des concurrents d'autres triades, des pègres concurrentes. Cela ne serait pas étonnant quand on savait que les différentes mafias, ou peu importe leurs noms, se donnaient le mot pour passer à l'attaque quand l'idée leur traversait la tête. Les Francais s'en prenaient aux Irlandais. Les Italiens se massacraient entre eux et les Japonais faisaient leurs affaires entre eux, mais tous, étaient une nuisance pour cette ville, et il était temps de faire un exemple.

Le Leader avait pris son mal en patience lorsque le Yakuza décida de faire tourner le groupe en bourrique tout en affichant un sourire inconscient ou sur de soi. Avec ce genre de personnage, il était difficile de différencier le sérieux et la plaisanterie et son petit numéro stupide aurait pu tourner très rapidement à la bouffonnerie. Cela devait être sa manière à ne pas céder à la panique et dans un sens, cela semblait fonctionner pour lui. Plusieurs hommes s'étaient alors avancés pour faire cesser ces idioties mais un seul geste de la main du dirigeant des troupes avait suffit pour rappeler à l'ordre les serviteurs de la Cours des Hiboux.

Mais il y'aurait pu avoir matière à rire lorsqu'il sortit des petites baguettes en bois de ses affaires pour se battre. En d'autres circonstances, les hommes auraient éclatés d'un rire bien sonore, voire, gras, mais il n'y eut que le silence pour répondre au japonais, qui ne tenta point de se défiler. Au moins il faisait honneur à son peuple en acceptant la sentence, tout en défendant sa vie. A vrai dire, le Leader s'y attendait, bien que l’enchaînement des événements aurait pu paraître étrange sur le moment.
Seikyo était un homme étrange au comportement presque puéril, mais il était courageux et emplis d'honneur et le moins que le leader puisse faire, c'était de répondre à cet honneur de façon équivalente, peu importe les ordres de la cour. Cela ne pourrait nullement interférer avec les ordres.

Une fois ce dernier s'étant placé en garde, le Leader n'en fit pas de même, adressant juste un silencieux mouvement positif de la tête à l'égard du parrain Akumu. Prenant appui sur sa jambe droite, celle-ci se tendit pour permettre au mystérieux personnage cagoulé de charger le Yakuza et de lui placer un enchainement au corps. D'abord ayant donné l'air de charger son adversaire pour lui placer un coup de pied, il feinta et se décala jusqu'à se placer à coté de lui pour lui coller un direct à l'estomac, puis un violent coup de coude dans le dos, l'envoyant au sol sans rien dire, et sans continuer d'agir. Cela vait marché une fois, mais ca ne fonctionnerait pas une deuxième.
Le Leader avait montré qu'il attaquerait de manière vicieuse et qu'il avait de la force à revendre.

Sans un mot, il attendit que le japonais se relève.

La réponse du jeune homme fût brutale, rapide et douloureuse, laissant le leader sur place le temps d'un moment. Si Kagi avait fait montre d'un certain flegme, voire, d'une immaturité totale il y'a encore quelques minutes, il venait de passer de la bouffonnerie à l'envie la plus sérieuse de tuer....Tuer pour défendre sa vie....Tuer pour défendre son honneur...mais défendre sa vie avant tout. Il était encore plus étonnant de le voir manier avec une bonne habilité, une arme de lancer comme le kunai, ce qui, sous son masque, avait surpris le leader, qui était tomber à genoux l'espace d'un instant avant de se relever rapidement. La douleur lui brulait, s'insinuait dans ses muscles et le privait d'une certaine mobilité. Mais il avait vécu pire lors de mission plus risquées. Il avait été brulé, tranché dans sa chair, tiré comme un pigeon, battu comme un sac à viande, mais il était toujours revenu.....il s'était relevé, car on ne pouvait le vaincre et son incroyable volonté inflexible l'avait sauvé plus d'une fois de la mort....car il ne craignait pas la mort....Il était la Mort, et l'émissaire d'une décision divine qui ne pouvait être contrée....Alors n'allez pas croire qu'un simple coup de couteau allait l’arrêter.

Certes, il avait été surpris. Oui, il ne s'attendait pas à une telle réponse et non, jamais il ne se laisserait humilier de cette manière. Cette affaire, il allait la régler seul, à sa manière. Que ces hommes n'interviennent pas, comme ils avaient tentés de le faire. Un geste, un seul. Pas de mots, ni même de murmure. Un simple mouvement de main, les doigts serrés en poing avait suffit pour leur faire comprendre de rester en arrière. Ce fût le moment ou Kagi décida de se jeter sur lui, et ses paroles étaient emplies de colère dans le ton de sa voix. Ce yakuza avait fermement affiché l'intention de ne pas laisser le Leader s'en sortir indemne....Ca tombait bien, car c'était le même sort qui attendait ce dernier.....Ne pas le tuer....le brutaliser.....lui faire comprendre son erreur, ca oui.....c'était la volonté de la Cours.

*Pour toi,ô ma Cour*

Sa pensée fût jointe à sa charge, alors que tout comme Kagi, il s'était jeté sur ce dernier, attrapant ses bras au niveau des poignées et serrant pour tenter de lui faire lâcher sa foutue lame. L'homme à la cagoule joignit cela par un violent coup de tête à l'égard du jeune asiatique. L'envoyé de la Cours n'avait pas vraiment de style propre...C'était un bagarreur dont les poings et la tête étaient comme des marteaux-pilons. Peu importe les styles de combat, car seul importait la force que les poings contenaient. C'était la force qui allait dominer ce monde, régenter une population perdue pour lui offrir enfin la seule et unique vérité.

Gotham, ce soir, un de tes détracteurs allait tomber. La mort ne serait pas la finalité, mais la punition serait sévère et un nouveau coup de tête vint conclure cette pensée, rejetant le jeune homme en arrière et le forçant enfin à lâcher son arme.

Pas un mot, pas une moquerie....juste le silence de la zone et le bruit lointain de traffic......Juste lui et le jeune homme....et la volonté d'une force ancestrale présente à Gotham depuis des siècles.