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Ne manquez pas les deux derniers chapitres de Darkwatch, où s'affronteront Le Chevalier Noir et l'Empereur !

Clash of the Warriors & La Révolte

"Lors d'une rafle de la Ligue des Ombres, la Lignée décide d'intervenir et de massacrer les hommes de Ra's Al Ghul. Les habitants, excédés par la situation, décident de se révolter, avec le support de l'Empereur et ses troupes. Le G.C.P.D est dépassé et les justiciers n'ont d'autre choix que s'en mêler, Batman en tête."

(Petit aperçu des évènements en vidéo ici)


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 "Le mal que fait un homme vit après lui."

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MessageSujet: "Le mal que fait un homme vit après lui."   "Le mal que fait un homme vit après lui." EmptyMer 10 Oct - 15:14

Il s'éveilla au son de la pluie. Elle était donc enfin venue, l'orage couvait depuis plusieurs jours, les cieux s'étaient chargés d'une tension inouïe, comme si les nuages avaient rassemblé leurs forces avec patience, attendant le moment opportun pour déverser leur flot de colère. Les gouttes battaient les petits carreaux de sa fenêtre, il se leva, alluma avec précautions la mèche de sa lampe à huile. Il reposa le verre encore froid en prenant soin de ne pas exposer la flamme aux courants d'air qui s'infiltraient sous les portes, dans les interstices de fenêtres, sous les tuiles parfois quand la tempête venait. Tenant la lampe comme une planche de salut il traversa la chambre à pas mesurés. L'aube n'était pas encore là, de toutes façons le ciel était si chargé que le soleil ne se risquerait sans doute même pas à briller aujourd'hui. Il posa la lampe sur l'applique et s'appuya de tout son poids sur le rebord de bois brut sur lequel reposait la vasque. Il versa de l'eau du broc, fraîche, au goût de fer, et s'aspergea le visage plusieurs fois, vigoureusement, avant de s'essuyer avec un linge blanc immaculé. Se redressant de sa haute taille, l'homme prit alors ses vêtements et s'habilla en silence. Le vent avait cédé place au grondement sourd du tonnerre, l'orage était bel et bien là, le jour ne viendrait donc pas, le soleil resterait caché par l'épaisse couche de nuages, refusant ses rayons à la communauté.
Il descendit les marches, quittant la chambre austère pour rejoindre la pièce à vivre. Il ouvrit un garde manger où il se servit un morceau de pain noir qu'il mastiqua sans plaisir avant d'avaler une tasse d'eau. Il ne prit pas le temps de s'asseoir et se rendit immédiatement de l'autre côté de la porte, dans le magasin.
Les étals n'étaient pas très fournis en ce lendemain d'Action de Grâce. Chacun était venu y prendre ses pommes de terres, ses oeufs, ses citrouilles pour les tourtes, ses marrons et ses noix de pécan. Chacun était venu s'y servir contre argent, dans le but de célébrer ce jour de fête, d'opulence et de gratitude. Dans l'hypocrisie la plus totale tous avaient mangé les victuailles qu'ils avaient acheté là, priant le Seigneur d'accorder la prospérité à leur Communauté, à leurs cultures, à leurs élevages, à leurs enfants...
Tous s'étaient copieusement nourris de ces mets, les libations se mêlaient aux prières, les deux dans une poignante atmosphère de dévouement total au Très Haut. Le marchand y avait bien-sûr participé, il avait bu la bière dés le jour précédent, à s'en rendre malade le jour des Grâces, mangé le maïs et s'était régalé comme eux de chair de dinde. Ils s'étaient tous amassés dans l'église, dans l'atmosphère humide et orageuse ils avaient tous écouté la parole du Pasteur Jacobs qui les avait tous loués pour leur grand respect des commandements. Tous avaient participé à cette célébration de l'esprit de gratitude. Et pourtant tous mentaient.
Il le savait, tous tremblaient devant un hypothétique colère divine à venir, leurs grâces ne cachaient qu'une peur absolue d'un châtiment. Il savait aussi qu'ils n'attendraient pas l'intervention divine pour statuer sur le sien. Les célébrations n'avaient été qu'une trève, il savait ce qui se tramait, il savait ce qu'avaient murmuré entre eux le Pasteur Jacobs et le Clerc Martens. Il savait ce que la veuve Van Saar avait confié aux deux hommes. Depuis des semaines la rumeur courait les ruelles de la petite ville, elle déferlait aussi bien que la Gotham River près de ses rives herbeuses, aussi sûrement que le vent s'infiltrait dans les volets, elle avait couru et s'était amplifiée ici, au sein de cette Communauté repliée sur elle même.
Il posa le chapeau aux larges bords sur sa tête, cachant ses cheveux qu'il avait poivre-et-sel en dépit de ses quarante ans encore à venir. La pluie tombait à verse, délavant les rares couleurs de la rue. L'eau qui tombait était comme un rideau masquant les activités des hommes au regard de leur Seigneur. Il ferma la porte du magasin derrière lui. Au-dessus d'elle l'enseigne se balançait au vent de novembre, on y lisait en lettres gravées et peintes en noir l'inscription suivante :

CYRUS GOLD-STORE

Il marcha sous la pluie battante et sous les grondements de l'orage. Des éclairs faisaient parfois apparaître les rues aux maisons silencieuses comme sous le plus éclatant des soleils. L'aube devait être levée, rien ne permettait d'en être sûr. Il dépassa la place où se trouvait le puits puis parvint à l'ombre menaçante de l'église, la première que les colons bâtirent lorsqu'ils fondèrent le village de Gotham. La silhouette de l'édifice dominait celles des maisons à toits en croupes et aux pignons pointus. Elle était censée être l'image d'un refuge au milieu d'une terre encore nouvelle, ce matin, elle n'évoquait pour Cyrus que l'effroi le plus total. Il resta un moment à regarder sa façade de bois peint en blanc, déjà usée par les conditions climatiques de la région. Elle évoquait en lui le paradoxe de leur Communauté, tiraillée par la reconnaissance d'avoir trouvé en cette baie le lieu de leur établissement dans le Nouveau Monde et la crainte de voir tout repris par manque de piété. Il soupira longuement. Puis un cri le sortit de sa relative torpeur.

-Il est ici, c'est lui ! Il reconnut la voix. Elle était emplie d'une rage revancharde mais ne laissait entendre aucune surprise. On l'attendait c'était évident.
Il se tourna pour voir les lumières. Les villageois s'étaient assemblés, menés par la Veuve Van Saar. Ils tenaient à la main des lanternes, peinant à éclairer la rue bien que le matin était maintenant venu.
Le Clerc Martens était là, ainsi que le Pasteur, le meunier, le Docteur Peters, villageois et villageoises, tous se trouvaient là ce vendredi matin, où Cyrus Gold se trouva au plus mal.
-Ne nous rends pas la tâche plus compliquée qu'il ne le faut Ami Gold. S'écria le Clerc qui tenait un lourd pistolet dans sa direction. Peut-être était-ce le seul du village. Il était également le seul à se trouver en ce moment à cheval. Tel un seigneur des temps féodaux, il se présentait ici exempt de toute humilité, valeur pourtant primordiale dans la Communauté.
-Je ne suis pas votre ami Clerc Martens, je ne suis l'ami de personne et je ne l'ai jamais été ! Répondit alors le marchand.
Il avait raison. Gold faisait partie de la Communauté, mais dans les faits il en avait toujours été exclu. Lui seul quittait régulièrement le village. Il se rendait en calèche jusqu'à la capitale encore nouvelle de leur état et de leur pays. Lui seul parcourait les rues pavées de New-York, siège du nouveau pouvoir présidentiel, mais aussi refuge du péché sous toutes ses formes les plus abjectes. Jamais Gotham ne suivrait ce modèle, elle resterait le pur refuge de la vraie foi. Celle de la Communauté. Pour ces aller-retours entre Gotham et la New-York, Cyrus Gold attirait les suspicions. Comment ne pouvait-il être contaminé par le péché de la grande ville ? Il transportait le fruit des cultures de la Communauté jusqu'aux marchés de la capitale, il revenait avec d'autres produits, plus élaborés, et de l'argent. Beaucoup d'argent. On l'appelait Cyrus l'Avare, de là à le traiter de voleur il n'y avait qu'un pas que les esprits franchissaient allègrement, et de voleur il était facile de devenir bien pire.
-Tueur ! Hurla la Veuve Van Saar.
Un éclair ponctua l'injure, la foule était au bord de l'explosion, seul l'aura d'autorité du Clerc et du Pasteur pouvait encore la contenir. Sur son cheval, le Clerc se contenta d'un léger signe de la main, comme pour apaiser la colère qui grondait derrière lui. Ce ne fut d'aucun effet et la foule se jeta rapidement sur le marchand qui n'eut pas même le temps d'amorcer sa fuite.
Les coups pleuvaient, inexorablement, sur sa tête d'où était tombé le chapeau aux larges bords, puis, quand il fut sur le sol boueux, dans ses côtes.
-Assez ! Cria finalement le Clerc. Il sera jugé. Conduisez-le à l'hôtel de ville.
Entravé, meurtri, Cyrus fut trainé jusqu'à l'édifice où une assemblée constitué du Clerc, du Pasteur, du Docteur et du Juge Delmar s'apprêtait à statuer sur son sort.

La Veuve Van Saar s'y montra virulente. Cyrus savait ce qui allait lui être reproché et s'il n'avait pas fui la veille c'est qu'il avait encore vainement espéré que les notables se montrent plus pointilleux dans leur enquête. Une grâve erreur. Aucun fait ne fut examiné, aucune circonstance ne fut étudié et aucune preuve ne fut avancée. Les enfants disparaissaient et c'était lui le coupable. On avait trouvé des squelettes aux os trop petits sur la route de New-York, à la sortie de Gotham, et lui seul empruntait régulièrement cette route. Il n'était pas marié, ce qui présageait des moeurs déviantes. Ses allées et venues et la lumière de sa lampe qui restait allumée jusque tard dans la nuit dénotaient une habitude nocture, donc criminelle.
-Ami Gold, vous défendez-vous d'oeuvrer au plus sombre de la nuit ? Et ce chaque soit que Dieu fait ? Interrogea le Juge Delmar.
-Non, mon travail m'occupe parfois très tard. Je dois établir mes comptes pour acheter d'avantage de marchandise afin d'approvisionner mon magasin, ici dans la Communauté.
-Ami Gold, l'avarice est le moindre de vos péchés sous le regard de Dieu ! Dites nous ce que vous avez fait des enfants, nous n'avons que faire de vos activités de marchand ! Le Clerc était parfaitement calme malgré sa voix qui tonnait.
-Meurtrier ! Démon ! Hurlèrent les femmes, certaines semblaient en transe, se griffaient le visage et s'arrachaient les cheveux.
-Je n'ai rien fait aux enfants, ce n'est pas moi, vous m'accusez parce-que vous me jalousez !
-SILENCE ! Hurla le Pasteur. Comment osez-vous rejeter le péché sur les fidèles de la Communauté.
-Il est naturel Ami Gold que le péché de la Ville vous ait atteint, nous vous avions averti. C'était le Docteur, il cherchait à se montrer miséricordieux avec ses airs onctueux et son sourire bouffi.
-Vous êtes-vous demandés pourquoi la Veuve Van Saar est si prompte à me trainer ici ? Devant cette cour. Il cracha ses mots comme une insulte. Son visage tuméfié exprimait une colère sans nom. Vous a-t-elle dit combien de fois elle est venue me trouver certains soirs ?
-TAIS TOI ! Cracha la Veuve Van Saar. Son visage déformé par le venin de sa haine.
-Ami Gold, vous êtes accusé aujourd'hui, la Veuve Van Saar est celle qui a porté à notre connaissance vos abjectes activités ! Le Juge toisait le marchand d'un regard proprement démoniaque. Elle nous a tout raconté avec des détails propres à révolter les âmes chastes de notre Communauté. Inutile de les exposer ici, mais elle nous a dit comme vous avez cherché à maintes reprises d'abuser de sa solitude et de sa faiblesse de femme ! Ce sans le moindre respect de feu Isaac Van Saar, son regretté époux !
-Paix à son âme. Murmura la Veuve.
-Ce qui a pu se produire entre cette femme et moi était parfaitement consenti. Nous...
Le garde qui se tenait près de Cyrus le frappa violemment au côté. Le marchand s'écroula à genoux.
-Nous refusons d'entendre ces calomnies abjectes ! Tonna le juge. Amie Van Saar, puissiez-vous un jour pardonner ces mots.
La Veuve eut un hochement de tête contrit. Elle jouait son rôle à la perfection. Cyrus reconnaissait avec peine les traits harmonieux de la jeune veuve sous son masque haineux. Il avait connu ses lèvres plus douces, animées par le même irrépressible élan qui avait conduit les siennes à s'y joindre. Il avait connu cette femme comme personne si ce ne fut sont défunt mari l'avait connue. Cyrus Gold ne s'était pas résolu à l'épouser légalement aux yeux de la Communauté. Il en payait ce vendredi le prix le plus cher. Elle l'avait soupçonné de ne voir en elle qu'une distraction, avait douté de la vérité de ses sentiments, lui qui n'avait jamais évoqué l'idée de secondes noces, lui qui partait si souvent à la ville. Le soupçon avait nourri la peur, puis la jalousie, puis la haine la plus sombre. Elle avait voulu le mettre en garde, le forcer en évoquant certaines rumeurs auprès de certaines oreilles. La machine avait été lancée et quand on avait commencé à évoquer les enfants disparus apposés au nom du marchand trop riche, il était trop tard pour faire machine arrière. La Veuve Van Saar, encore jeune, ne pouvait revenir sur son mensonge sans subir une punition irrévocable. Mentir pour accuser quelqu'un d'un crime était aussi grave que d'avoir commis ce crime lui même. Alors, au lieu de rejeter son mensonge, elle l'avait nourri, l'avait vu grandir, et s'était jeté corps et âme dedans.

Lorsque le verdict tomba, quelques heures plus tard, la foule exulta. Cyrus Gold ne fut surpris en aucune mesure.

-Cyrus Gold. Annonça le Juge, le mot "ami" ayant désormais disparu, le marchand étant de fait exclu de la Communauté par sa démoniaque monstruosité. La Communauté vous condamne pour le meurtre des enfants Elizabeth Van Tassel, Dexter Bruegel, Elie Dent, Samuel et Jonas DeVries, ainsi que tous ceux qui n'ont jamais pu être retrouvés. Vous subirez la pendaison jusqu'à ce que mort s'en suive. Avez-vous une déclaration à faire à cette cour ? Dieu vous entend !
-Cette cour, comme cette Communauté n'ont rien à entendre de moi. Vous nourrissez la haine d'une femme que j'ai blessée et c'est là mon seul péché ici. Vous craignez ce que vous ne connaissez pas et vous punissez celui qui est le plus facile à accuser ! Cette Communauté est empoisonné par le venin le plus incurable ! Vous vous drapez dans la justice divine mais vous n'appliquez que l'aveugle et vile vengeance des hommes ! Vous vous targuez de débusquer le péché dans ses plus reculés retranchements mais c'est lui seul qui vous anime ! Cette Communauté aura l'avenir le plus sombre si elle continue à nourrir ainsi les jalousies et se contenter de jugements superficiels ! Elle prospèrera dans la haine, grossira comme une tumeur et n'aura plus rien à envier à la noirceur de Babylone ! Vous fustigez New-York, mais un jour Gotham sera la capitale de la haine et l'antichambre de l'Enfer !

Les pâles visages des villageois se changèrent en grimaces d'horreur en entendant déclamer le marchand qui ne tenait plus même debout en raison de ses nombreuses blessures. Un brouhaha souleva l'assemblée alors que le Juge claquait son marteau avec fracas. Ne pouvant contenir la colère de la foule, les gardes s'écartèrent et Cyrus Gold fut à nouveau roué de coups par ceux qui purent l'atteindre. Ses vêtements furent déchirés de toutes parts et ses os furent brisés en de nombreux points. Il fut finalement jeté dans un cachot jusqu'au lendemain.

Au samedi matin, la pluie ne s'était toujours pas calmée, et Cyrus Gold était déjà aux portes de la mort quand le bourreau fit passer le noeud de chanvre autour de son cou. La foule assista à la pendaison d'un homme qui agonisait déjà sans le moindre bruit. Pas un ne poussa de cri de vengeance à son égard, personne ne hurla comme ils l'avaient fait la veille. Un air morne et contrit s'affichait sur chacun des visages de la Communauté. Seule la Veuve Van Saar affichait un rictus qui pouvait être vu comme l'expression de satisfaction de la justice enfin rendue tout autant que le visage de quelqu'un prêt à pleurer.
Le corps meurtri du marchand resta accroché au gibet toute la journée, ce ne fut que le lendemain, après l'office du soir, que des hommes vinrent le décrocher. Ils empruntèrent le chemin du marais. Il n'était pas question d'enterrer le meurtrier selon les rites, il s'était exclu de la Communauté même après la mort. On appelait ce marais Slaughter Swamp, sans doute en raison du danger qui en émanait ou peut-être parce-qu'on s'y débarassait des cadavres indésirables ou peut-être encore en raison des sacrifices humains qui devaient y avoir lieu jadis, quand les Indiens y accomplissaient encore leurs rites sauvages. Le corps de Cyrus Gold fut avalé par les eaux noires et boueuses du marais qui l'accueillit comme une nouvelle matrice. Il coula et disparut aux yeux des deux hommes qui s'empressèrent de quitter le lieu à l'atmosphère maudite étrangement palpable.
La Communauté eut tôt fait de se répartir les biens du marchand. La Veuve Van Saar ne se remaria jamais, elle disparut un jour et on retrouva son corps difficilement reconnaissable au pied d'une falaise. Comme l'avait prédit le marchand, la Communauté s'élargit, prospéra et perdit peu à peu son identité. Dans la nouvelle Gotham bien peu se souvenaient déjà vingt ans après de ce jour où on avait pendu Cyrus Gold, ni même de son nom, le marais l'avait avalé avec son souvenir.

On ne sut pas qui avait tué les enfants.

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