Une salle de la Mairie avait été entièrement privée de ses fenêtres, on avait installé un système de génération de bruit blanc, les murs avaient été doublement isolés, avec cette triple sécurité on évitait toute fuite imprévue. La pièce était éclairée par trois larges et puissants néons, au sol un tapis rouge menait à une tribune où se trouvait trois sièges, un pour le Maire, un pour l'huissier de Justice et le dernier pour le représentant du gouverneur. Sur le côté, deux policiers et un fonctionnaire avec un coffret attendaient. Toute personne désirant entrer au service de la Mairie comme Justicier d'État pouvait imprimer un formulaire ainsi qu'une demande pour entrer au sein du Corps via internet. Les fiches étaient nominatives et uniquement traitées par le représentant du gouverneur qui agissait sur un poste mobile sécurisé par les soins de la défenses. Il vérifiait le casier judiciaire de l'individu en question et remplissait lui-même le dossier qui resterait sous scellé jusqu'à son arrivée dans le bureau du gouverneur.

Tout avait été calculé et financé par la mairie pour donner une impression de parfait contrôle, Shreck se moquait éperdument de lutter contre les justiciers, les traquer n'était ni dans son intérêt ni dans ses projets, mais toute personne qui pouvait potentiellement se retourner contre lui était à considérer et ce corps serait un pilier pour affaiblir l'influence des électrons libres en costumes, tout en profitant de la force et de la détermination des justiciers pour soutenir sa politique sécuritaire. Il serait l'unificateur de ces individus et porteraient un coup fatal à tous ceux qui avaient penser pouvoir changer le monde sans en subir de conséquences. Il n'avait foncièrement aucune haine envers eux, mais la présence de structure organisée, comme l'avait laissée présager la capture de Black Canary le laissait perplexe. De toute façon dans quelques jours il aurait probablement un groupe de Justiciers qui lui obéiraient au nom de la Justice et de l'Ordre, il lui faudrait juste jouer finement et puis il savait pertinemment que ceux qui prêteraient serment auraient autant intérêt que lui à mener leurs missions à bien.

Moins d'une journée après cette annonce, la Mairie avait déjà reçue deux candidatures, un bon début songeait-il. Maximilien s'installa dans la pièce pendant qu'un policier mettait en marche le générateur de bruit blanc. Tout avait été prévu et le représentant du gouverneur avait envoyé par mail le descriptif de la cérémonie. L'heure tant attendue arriva et l'on fit pénétrer la première Justicière qui acceptait de rejoindre les rangs de cette formidable machine. L'huissier de Justice se leva à l'entrée de la jeune femme et les policiers fermèrent à clef la porte histoire de ne pas être interrompu.

-Veuillez-vous avancer.

Sitôt qu'elle atteindrait la barre qui se tenait devant l'estrade, on lui ferait décliner son identité de Justicière et le responsable du gouvernement validerait ou non. Ensuite, Shreck aurait pour but de décrire les obligations et devoirs des Justiciers et Justicières d'État, puis elle devra décrire ses activités et son équipement. Enfin, on lui ferait prêter serment sur la Constitution et sur la Bible, elle signerait le registre du corps avec son identité secrète et on lui remettrait ses autorisations ainsi que son insigne. De son siège situé au centre, Shreck ne manquerait aucune étape et irait avec une satisfaction grandissante voir cette personne rejoindre le camp des vainqueurs, de ceux qui pouvaient faire de leurs petites aspirations de grandes destinées.

En attendant il était fort curieux de découvrir la personnalité qui se cachait derrière cette allure militaire...

Tout se déroulait selon l'ordre établit, la justicière présenta son pseudonyme, le responsable du gouverneur se leva après que l'huissier se soit assit. De son fauteuil, Shreck réfléchissait déjà aux services que pourraient lui rendre ces individus qui venaient lui offrir indirectement leur fidélité. Il se demandait ce qu'en penseraient les autres justiciers, seraient-ils des traîtres à leur yeux? Probablement, ces idéalistes en cape devaient avoir du mal à accepter que leurs rivaux, à savoir la justice prostituée aux intérêts privés et l'Ordre à puissance et omniprésence variables quoi que Shreck en dise lors de ses discours, viennent réussir à séduire leurs alliés.

-Lady Blackhawk ,commença le représentant, la ville de Gotham City et l'État du New Jersey vous reconnaissent en cette assemblée exceptionnelle. L'actuel Maire de Gotham, Maximilien Shreck ici présent vous présentera vos droits et devoirs envers la société de la ville que vous protégerez. Sachez que votre réponse au serment sera enregistré auprès du procureur de l'État du New Jersey et votre identité sera conservée sous scellé dans les bureaux du gouverneur.

Il laissa sa parole au Maire qui s'enorgueillissait déjà. Maximilien sortit ses lunettes de lectures et déroula la déclaration du serment, l'on aurait cru assister à un adoubement chevaleresque en plein XXIème siècle.

"Voici les devoirs inhérents à la charge de Justicière d'État:
- Vous devez respect et obéissance aux puissances publiques et à leurs représentants,
- Vous devez respect aux lois en vigueurs,
- Vous jurez par ce serment de ne jamais mentir ou retenir des informations liées à la défense nationale et fédérale,
- Le gouvernement jure de vous offrir soutient moral et financier ainsi que moyens pour défendre tous les droits liés à votre charge de Justicière d'État,
- Vous avez le droit de refuser une mission si cette décision reste motivée, en cas de refus non justifié, vous serez convoqués à un tribunal à huis-clos pour décider de votre destitution,
- Vous serez considérée comme fonctionnaire de l'état et ne pourrez en aucun cas défendre des intérêts privés,
- Vous toucherez le salaire indiqué sur votre contrat de fonctionnaire d'état,
- Il vous est interdit de fréquenter, aider, soutenir, laisser en liberté des criminels reconnus en tant que tel par les lois sous peine d'être inquiétée pour complicité de malfaiteur,
- Votre passée de Justicière, s'il existe, est pardonné et considéré comme nul et non avenu dans tout jugement qui pourrait vous être porté,
- Toute action venant briser ce serment ferait de vous une criminelle et peut être passible de l'incarcération à vie,
- Vous jurez, par le présent serment de respecter et de faire valoir ce qui de droit vous revient et vous incombe.

Le Jurez-vous?"

Après cette phase solennelle, Shreck replia le document et observa depuis sa position surélevée la jeune femme, la solennité de la scène était à son comble, de son côté le fonctionnaire qui disposait de l'insigne et du contrat que devait signer la jeune femme attendait quant à lui impatiemment de pouvoir se libérer les bras. L'huissier sortit un formulaire attestant de la validité de la procédure. Jamais de toute sa vie Shreck avait tenu un tel simulacre, ce qui l'intéressait était le pouvoir qu'il pouvait retirer de sa nouvelle position et celui-ci était merveilleusement séduisant et pleine de perspectives délectables.

La justicière jura fidélité, mais avec une pointe d'inquiétude, quoi de plus normale, elle était en train de délaisser ses anciens alliés - si elle en avait - pour rejoindre Shreck et la nouvelle Mairie, un beau plongeons dans l'incertitude après tant de luttes passées contre la police. Mais la phase la plus intrigante commença, elle fit un descriptif de son équipement et pas des moindres! Shreck, pour travailler avec l'armée connaissait quelques produits qu'il ne produisait pas. Elle leur décrivit ce qui équivalait à une flottille de guerre pour Justiciers! Mais qui avait-elle été pour eux? Une revendeuse, une pilote, les deux à la fois? Pour disposer d'un tel équipement, elle ne devait pas avoir travaillé seule, ou alors elle s'était vendue à des criminels pour vivre. Tandis qu'elle rajoutait couche sur couche, que l'huissier commençait, en rédigeant la liste à avoir des doutes sur la légalité de l'équipement en question, le représentant du gouvernement blêmissait. Shreck quant à lui commençait à entrevoir plus que quelques justiciers qui combattaient chacun pour leurs gloriole, ils avaient, pour certains, une organisation, une sorte de force centralisée, sinon pourquoi une femme avec deux équipement aéronautique serait une justicière? Il passa une main devant sa bouche, ses yeux passèrent de la joie du recrutement à l'intense réflexion sur les statu des justiciers.

Lorsqu'elle terminait, l'envoyé de monsieur Finger observa Shreck qui se levait.

-Justicière Black Hawks, la ville de Gotham City vous a entendu et vous accepte, fit-il alors que le fonctionnaire munit de sa boîte s'approchait.

Rituellement il extirpa de la boîte l'insigne et l'épingla sur la poitrine de la jeune femme.

Voici l'insigne qui fait officiellement de vous un membre du corps d'élite des Justiciers d'État de Gotham City!

-Comme vous n'en avez pas fait la demande, la ville de Gotham n'a pas pourvu d'appartement en votre pseudonyme, si vous en désirez un, nous vous invitons à en faire la demande auprès des bureaux affiliés aux Justiciers d'Etat. Votre adresse principale sera celle que vous avez indiqué à monsieur le gouverneur.

Il extirpa un appareil électronique qui s'adaptait à l'oreille.

-Ceci est un communicateur avec lequel vous pourrez constamment être contacté par nos agents entre vos différentes missions.

Enfin il sortit les deux derniers papiers de la boîte.

-Voici une copie de votre serment ainsi que votre premier ordre de mission.

Shreck déplia solennellement l'ordre de mission et le lut à haute et intelligible voix.

"La Justicière Black Hawks a pour première mission le soutient des forces de New Gotham City pour l'arrestation de la criminelle Harley Quinzlett alias Harley Quinn. Cette dernier disposera de tout le soutient nécessaire pour l'accomplissement de sa mission. Cette mission est intemporelle et durera le temps nécessaire à la capture de cette criminelle. Les détails liés à l'équipement autorisé et les forces humaines déployable pour cette missions sont reportés en annexes."
"Justicière, rendez Gotham fière de vous, conclut-il en lui tendant les deux papiers.