- A Gotham : plus de nouvelles du Démon, les mercenaires menacent toujours la ville accompagnés de nouvelles troupes, la police est en attente sous la menace des bombes de même que la garde nationale ;
- A Arkham : Les Tyger One ont été globalement battus par l'armée de Simon Hurt. /HJ)
"Où en est la situation ?""Les deux villes sont plus ou moins sous contrôle.""Plus ou moins ?""Nous n'avons aucune nouvelle du Démon, mon... Maître Arkham. Le G.N.N. semble avoir été repris, les Tyger One sont en difficulté pour tenir les douanes et les Gardes Arkham essayent de lutter contre les différents mouvements de foule dans Gotham City.""Des mouvements de foule ?""Euh... oui. Apparemment, certaines fanges de la population n'acceptent pas votre... euh... retour et vos projets...""Je vois. Disposez."Le capitaine McKean, chargé de la gestion logistique des Gardes Arkham, fit une petite révérence devant son maître et se retira. Laissant seul dans son bureau le maire par intérim, encore plus haï et encore plus loin du peuple que jamais. Et il ne s'en rendait pas compte.
Quelques heures plus tôt, aux premières heures de la journée, il avait été sorti de la Batcave où son nouvel esclave l'avait laissé la veille. Sûr de lui, de ses plans et de ses projets, Quincy Sharp, qui se prenait toujours pour Amadeus Arkham, avait calmement attendu que ses troupes réussissent à le retrouver et à le ramener enfin en pleine lumière, auprès de ce peuple qui avait tant besoin de lui et qui l'acclamait.
Dans son esprit malade, il était encore persuadé d'être le seul sauveur des deux villes, et n'intégrait aucune information sur la révolte qui éclatait chez ceux, de plus en plus nombreux, qui ne supportaient plus son règne.
Quincy/Amadeus était calme, dans son grand fauteuil, entouré par les nouveaux objets déplacés quelques instants plus tôt de l'orphelinat pour qu'il se sente mieux ici. Des souvenirs issus de sa première vie : photographie de son ancienne famille, vieux tableaux, vieux meubles mais aussi les anciens appareils électriques qu'il avait utilisé sur Mad Dog quand il s'en était pris aux siens.
Quincy/Amadeus se sentait chez lui, mais il ne pouvait demeurer plus longtemps ici. Les villes avaient besoin - et il ne pouvait rester sourd à leur appel.
Calmement, il se leva et regarda à l'extérieur, par la fenêtre du bureau du maire de l'Hôtel de Ville, dans cette lueur sombre d'aube ; le temps était à l'orage, et la luminosité était minimale. Tout autour, une trentaine de Gardes Arkham le protégeaient et préparaient à la prochaine étape du Plan : annexer définitivement les deux cités en éliminant les éléments rebelles. Définitivement.
Des camps étaient déjà prévus dans Arkham City, et des chambres à gaz avaient été programmées pour le lendemain ; Quincy/Amadeus n'appréciait pas l'idéologie nazie mais appréciait, chez eux, leur efficacité. Lui qui avait toujours tenté de
soigner avait perdu ses proches et sa réputation en ne voyant pas que certains éléments devaient être éradiqués. Mad Dog avait été l'exemple de sa faiblesse et de son échec ; ce serait le dernier.
Maintenant, Quincy/Amadeus ferait ce qui devait être fait, pour le plus grand nombre. Les deux villes seraient sauvées, et il serait enfin acclamé comme le génie qu'il était réellement. Enfin, on le verrait comme l'être d'exception qui n'arrivait qu'une fois par génération.
"Maître ? Nous avons un problème."Le capitaine McKean était à nouveau dans la pièce : il ne l'avait pas entendu entrer, et il n'appréciait ni sa venue, ni son discours. Fronçant les sourcils, Quincy/Amadeus s'approcha et lança un regard noir à son subordonné, qui pianotait sur sa tablette pour lui montrer les plans de la sécurité du bâtiment.
"Certains gardes ne... répondent plus. Et... une bouche d'égout a été déplacée dans l'arrière-cour."Il ne répondit pas... c'était Lui, il le savait. Mais c'était impossible.
Il l'avait vaincu. Il avait maté le Batman.
Le Batman était sa chose.
Il ne pouvait pas venir ici et s'introduire discrètement. Il aurait dû le rejoindre fièrement, pour terrifier la ville en s'associant à son sauveur. C'était le plan - c'était son plan.
Et le Batman ne pouvait pas en dévier.
Sur la tablette devant eux, les points lumineux supposés représenter les différents gardes à l'intérieur de l'Hôtel de Ville disparaissaient - les uns après les autres. Très rapidement, chaque lueur s'éteignait, dans un rythme terrifiant et suivant un chemin précis : celui menant au bureau du maire. Les lumières mêmes de la pièce s'éteignirent alors, les plongeant dans une quasi obscurité. Et Quincy/Amadeus ne comprenait toujours pas.
Le Batman avait été brisé, une nouvelle fois. Il l'avait forcé à arborer ses couleurs, à s'humilier avec ce costume - jamais Bruce Wayne ne l'aurait accepté, même pour un plan d'attaque. Il était trop fort, trop puissant, trop supérieur pour ça ; son égo était sa faiblesse, il l'avait bien prouvé en échouant face à Killer Croc. Son égocentrisme et son arrogance l'avaient déjà fait tomber, Quincy/Amadeus n'avait eu qu'à reprendre le même schéma pour réussir à nouveau.
Personne ne changeait vraiment pour lui. Personne n'avait droit à une deuxième chance.
Les coupables doivent mourir. Les malades doivent périr. C'était son ordre des choses et le monde devait se tenir.
Il fut soudainement tiré de ses pensées par la tablette qui... s'éteignit. Lançant un regard noir au capitaine McKean, il l'exhorta à la rallumer, mais toutes les manipulations de son subordonné se révélaient infructueuses : l'engin ne se rallumait pas. Les secondes devinrent alors de plus en plus longues, de plus en plus tendues, et Quincy/Amadeus fut soudainement pris d'une inspiration terrible.
Se précipitant vers la fenêtre, il tenta de voir à nouveau les gardes extérieurs - sans résultat. Ils n'étaient plus là.
Se préparant à hurler sur le capitaine McKean, son cri fut stoppé dans sa gorge par l'explosion de la porte du bureau. Propulsé en avant depuis le couloir, un Garde Arkham, le lieutenant Morrison, s'écrasa lourdement sur la moquette, inconscient et pathétique.
Il ne portait pas son costume officiel. Il était vêtu avec le costume rouge, jaune et pourpre donné par Quincy/Amadeus au Batman.
Sharp/Arkham sentit la terreur l'étreindre alors que le capitaine McKean tentait de s'emparer de son arme - mais était électrocuté par la tablette, soudainement mue en engin d'attaque. Alors qu'il s'écroulait au sol, l'engin chuta également et laissa apparaître, à l'arrière, la marque de son créateur : WayneTek. Evidemment.
Des ténèbres du couloir une silhouette se dégagea tandis qu'un éclair lézardait le ciel, à l'extérieur, amenant un peu plus de lumière dans ce bureau si sombre. Il ne put que la reconnaître, bien sûr.
Le Batman l'avait trompé. Le Batman l'avait manipulé. Le Batman s'était joué de lui.
Tout se terminait ce soir, il le sentait.
Tout se terminait enfin ce soir.