Scarface était tranquillement en train de comptabiliser les revenus que lui rapportait son auguste établissement quand Mugsy vint frapper à sa porte pour lui remettre une drôle de carte : une invitation signée d’un certain Killer Moth, un gus dont il n’avait que vaguement entendu parler. Il ne fallut guère de temps pour apprendre ce qu’il y avait à savoir sur son compte : un super-vilain kitsch comme c’était pas permis fringué en bestiole de toutes les couleurs, qui avait commis quelques crimes de petite envergure dans la partie Gotham avant de se faire épingler comme un papillon sur un mur. Là où c’était le plus intéressant, c’est qu’il avait juré ses grands dieux que sa capture était le fait du Batman, revenu de loin. En somme, encore un de ces losers qui avait la tête bien pleine mais mal faite ; à ce qu’on disait, ses gadgets étaient plutôt inventifs mais niveau intelligence criminelle, c’était une vraie bille. En bref, le candidat idéal pour rejoindre le gang nouvelle version du parrain pantin. Ça allait être du gâteau de l’embrigader, il allait même pas comprendre ce qui lui arriverait avant de signer pour son équipe. Cet ahuri allait se sentir comme chez lui au milieu de tous ces ringards rafistolés, le caïd miniature était décidément trop bon avec ces minables.

Aussi quand approcha l’heure du rendez-vous, on sortit la limousine du boss qui se rendit à l’endroit indiqué sur le carton. Arrivé là, Scarface, entouré de ses fidèles Rhino et Musgy eut une drôle de surprise, drôle était le terme approprié : le Joker et sa pouliche étaient là aussi ! M…, ça lui avait échappé, d’autres invités étaient prévus à la fête ! Si le demeuré aux antennes avait rameuté tout le haut du panier de la criminalité de Gotham, le débaucher risquerait d’être plus difficile que prévu. Dans une telle situation, deux possibilités s’offraient : soit il faudrait se battre pour lui, or il ne le méritait pas, soit celui ou celle qui lui proposerait d’intégrer ses rangs allait se coller la honte au derche. Un choix cornélien s’il en était bien que l’appellation, quoique parfaitement adaptée, ne fut pas connue de Scarface. Bon, autant faire bonne figure d’autant qu’on avait dû repérer sa bagnole alors il était sûrement trop tard pour reculer. La vitre s’abaissa.

« Salut Joker, ça va… pas fort, on dirait… »

Le Prince du Clown du Crime faisait vraiment peine à voir, à tel point que le gangster fait de bois en aurait été presque ému s’il avait eu un cœur. Cette vermine de Pandora était peut-être plus à prendre au sérieux qu’elle n’en avait l’air, en fin de compte.

« Euh tu sais s’il y a encore du monde de prévu ? » interrogea la marionnette autant pour tuer le temps que par curiosité.

Des points d'interrogation... C'est ce que toute personne avec un minimum de sens d'observation aurait pu remarquer dans les yeux d'Edward Nygma lorsque celui-ci lut le message électronique qu'il avait reçu sur sa mini-console universelle. Killer Moth, la "Mite" qui avait été envoyé tout récemment à Arkham suite à un braquage raté, l'invitait à une étrange réception où se tiendrait, selon les mots raffinés du courriel, une "assemblée des plus prestigieuses." Le Sphinx savait que Killer Moth était considéré comme la risée des grands criminels de Gotham; ces aventures rocambolesquement mesquines couraient sur toutes les lèvres et faisaient bien des gorges chaudes. "Soit c'est un vrai taré, soit c'est la seconde personne la plus brillante de la ville, après moi..." pensait l'Homme-Mystère. "Je ne fais pas confiance à ceux de qui on se moque... On s'est si souvent moqué de moi, et pourtant, je suis devenu une légende! Les gens ont des frissons quand ils entendent le nom du Sphinx. Cette Mite est peut-être un fin stratège. Il ne se laisse frapper que pour mieux se relever et contre-attaquer en force... Qui sait? Et il a quand même la délicatesse de m'inviter à sa petite fête... Ou alors il s'agit d'un piège? Oh, ça ne sent pas bon tout ça..."

Nygma avait quand même décidé d'aller jeter un coup d'oeil à l'adresse inscrite dans le message, celle de la "Moth Cave". Le nom lui-même suffisait à amuser le Sphinx. Mais d'un autre côté, ce n'était sans doute qu'un détail supplémentaire pour faire baisser sa garde. Le maître des énigmes se mit donc en route dans les ruelles humides de la ville-prison en rasant les murs: il fallait quand même qu'il soit discret et qu'il ne se fasse pas repérer par une bande de vendeurs de drogues ou de tueurs en série. Enfin, il arriva près du bâtiment et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit un camion s'arrêter tout près de là et d'où une équipe de clowns maquillés s'extirpa brusquement. L'une des brutes poussa alors une chaise roulante hors du véhicule et sur cette chaise roulante trônait nul autre que ce bon vieux Joker. Edward restait en retrait, à quelques mètres de là, attentif à la suite des évènements. Harley Quinn s'occupait de son petit chéri d'amour et ce-dernier lança soudain:

- "Alloooo y'a t'il quelqu'un à la maison ?"

Le Sphinx eut envie de pouffer de rire. "Sacré bouffon! C'est bien lui, ça..."

À ce moment, une longue limousine se gara près du camion et l'Homme-Mystère entendit une vitre s'abaisser, mais il était trop mal placé pour voir de qui il s'agissait.

« - Salut Joker, ça va… pas fort, on dirait…»

La voix était grave, mais laissait filtrer une once de douceur. Soudain, de manière plus nasillarde, l'individu poursuivit:

« Euh tu sais s’il y a encore du monde de prévu ? »

Nygma préféra rester dans l'ombre. La personne dans la limousine devait nécessairement être un grand criminel pour s'adresser de façon si directe au Joker et si d'autres invités étaient censés venir, il était préférable d'observer de loin. La réunion à la Moth-Cave devenait de plus en plus mystérieuse et cela avait bien de quoi plaire au Sphinx.

Une somptueuse limousine fit à son tour, apparition et se dirigea lentement vers les autres automobiles. Cette dernière, arborait une magnifique carrosserie noire, tandis que la toile du toit, était d'un blanc neige magnifique. On pouvait apercevoir au volant du véhicule Tac, tandis que Tic observait d'un œil avisé, les différents protagonistes.

La voiture stoppa l'arrêt, à quelques mètres d'un autre véhicule de luxe. La porte arrière s'ouvrit, laissant sortir un homme de main du Juge Fou, ce dernier mit la main dans son veston - prêt à se saisir de son arme au cas où - et fit signe à son boss, qu'il pouvait sortir, que le secteur était sécurisé.

Un homme de grande taille en sortie, dévoilant aux yeux de tous, son plus beau profil. Harvey Dent alias Two-Face, avait lui aussi, reçu une invitation, et avait répondu présent. Comme il s'en doutait, il n'était pas le seul à avoir reçu une demande de visite. Ses alliés actuels étaient présents pour la plupart. Joker était présent mais dans un piteux état. Il ne s'était toujours pas remis des blessures que lui avait infligé cette enragé de Dame Pandora. A ses côtés se trouvait Harley Quinn. L'homme au double-visage, c'était toujours demandé comment, cette dernière faisait pour rester auprès de son "poussin", après les maintes tentatives d'homicides que ce dernier avait tenté sur elle. Un mystère qui ne trouverait certainement jamais, de réponse.

Tout en se rapprochant du Prince des Clowns, l'ancien chevalier blanc put apercevoir dans l'autre voiture, le parrain version miniature. Le tas de bois était lui aussi présent, accompagné comme à son habitude du Ventriloque, à moins que ce soit le contraire. Les deux hommes se détestaient cordialement mais devaient mettre leurs égos de côté, pour le bien-être des affaires.

" Messieurs ... " lança Double-Face à l'encontre des génies du crime.

Ainsi donc, ce bon à rien de Killer Moth, avait pris la liberté de convoquer les "dirigeants" des lieux. Qu'espérait-il faire ? Il était connu dans le milieu Gothamite pour être un criminel sans réelle envergure. C'était un rigolo qui enfilait un costume de mite ridicule, et qui tentait d'impressionner son monde avec des gadgets farfelus. Il était même étrange que cet énergumène n'ai pas été le premier, à être balancé dans Arkham City.

" Alors comme cela, la fameuse mite, ce serait faites attraper ? Et pendant l'absence du Chevalier Noir ? Hahaha, il ne défaillit pas à sa réputation ! " dit-il à ses alliés.

La soirée allait surement être des plus amusantes.

Le pauvre petit Joker malade ne pouvait partir sans son infirmière favorite aux traits et à la taille élancés spécialement habillée pour l'occasion. Un petit bonnet d'infirmière coiffait ses cheveux formés en deux grandes lulus de chaque côté de sa tête. Sont corset aux couleurs rouge et bleu serrait sa taille et continuait avec une jupe fort courte et blanche. Le maquillage n'avait pas été autant exagéré que certaine fois, mais le fond de teint restait blanc. Ses yeux souligné de noir et ses lèvres étaient d'un doux rouge.

Ils embarquèrent dans le camion avec quatre des hommes de mains mutilés du Joker. Elle prit place près de son poussin qui lui exprimait beaucoup d'affection depuis un certain temps. Le doute planait quelque fois sur la bonté de ses gestes mais elle profitait de ces rares moments de tendresse. Un mouchoir passa sur les lèvres du blessé pour enlever les éclaboussure de sang qui apparaissaient à chaque toux. Harley était aux petits soins.

Quand ils furent enfin arrivé à destination, les clowns mirent à terre la chaise roulante, maintenant très utile, du Joker. Harley prit place derrière les poignées et attendit qu'il prit place pour le pousser vers la porte. Les autres suivirent le cortège, les premiers arrivés sur place.

Puis arriva une première limousine, suivit d'une autre encore plus luxueuse. Les différents criminels de la ville qu'elle avait côtoyé à Arkham était présent. Il ne manquait surement plus que le Chapelier Fou et ScareCrow pour compléter le groupe de malfrat présent. Tous semblait sourire devant la faiblesse du Joker, oubliant de ce fait sa présence et celle de ses sbires.

Elle sourit à la remarque de Double-Face sur le petit criminel qui s'était fait attrapé en l'absence de Batman. Tous ceux présents avaient déjà eu une démêlé avec ce super-héro de Gotham. Maintenant qu'il n'était plus, et que le règne de la ville se disputait entre les criminels, se faire attraper était presque une honte.

Le pingouin arriva ensuite avec son goût abjecte d'habit. Elle se pencha à l'oreille de son poussin lui indiquer l'arrivé du Pingouin étrangement souriant lui aussi. Ainsi penchée, Harley se donnait à coeur joie pour balancer son bassin et jeter des coups d'œil aux hommes présents.

Killer Croc était de retour à Arkham City après sa petite excursion en dehors de ces murs. Ayant abandonné ses hommes de main durant son évasion lorsque les douanes avaient été fragilisées, il se retrouvait désormais seul, une fois de plus, dans le repaire qu'il avait créé en compagnie de Nefer et de ses hommes. Mais cette histoire de secte égyptienne, c'était du passé. Nefer n'était qu'un incapable faible, minable, inutile, et Croc n'avait pas besoin de lui. Il s'en était débarrassé, tout comme il s'était débarrassé de ses hommes de main qui n'étaient que des boulets le ralentissant. Il avait bien réfléchi, ce qui était plutôt rare, et il en était arrivé à la conclusion qu'il se débrouillait bien mieux tout seul. Il avait la force, il pouvait écraser tous ses ennemis et n'avait besoin de l'aide de personne. Les autres caïds étaient des minables qui restaient cloîtrés dans leurs bureaux en envoyant leurs propres hommes au combat. Mais lui était un homme de terrain, il était fait pour se battre, pas pour donner les ordres.

Alors qu'il était seul dans son repaire, on avait déposé furtivement une lettre durant son sommeil. Il l'avait lue à son réveil quelques heures plus tard. Il s'agissait d'une invitation de la part d'un certain Killer Moth. Jamais entendu parler. Mais son surnom ressemblait beaucoup trop au sien. Et rien que pour ça, il méritait que Croc vienne lui toucher deux mots et le remettre à sa place. Il n'y avait de la place que pour un seul Killer à Arkham City, et c'était Croc. Chiffonnant la carte d'invitation, il quitta son repaire d'un pas décidé et se dirigea vers le lieu spécifié, parfois contraint de demander son chemin à quelques détenus qui connaissaient mieux les lieux que lui, en les menaçant. Lorsqu'enfin il arriva à l'emplacement indiqué, qu'elle ne fut pas sa surprise de voir les autres également présents. Le Joker et sa poule, Double-Face, le vieux et sa marionnette, et même cet empaffé de Pingouin. Ils étaient tous devant l'entrée du bâtiment, attendant visiblement qu'on leur ouvre la porte. Ça faisait un bail qu'il ne les avait pas vu. La dernière fois, c'était la nuit où il avait mutilé Batman. Aucun d'entre eux ne l'avait supporté et il était plus ou moins en conflit avec eux, finalement. Il ne savait pas trop quoi en penser. Batman n'était plus là, il l'avait vaincu, et de ce fait, il avait gagné le droit de diriger Arkham City, selon ses propres principes. Mais ces gars là, la crème de la crème, refusaient de se soumettre à lui. Est-ce qu'il devait profiter de cette réunion pour tous les massacrer ? Pour les menacer ? Ou bien est-ce qu'il devait les traiter en tant qu'amis, ou plutôt, bons vieux camarades de cellule. Devait-il s'allier à eux ? Ou au moins à l'un d'entre eux ? Pour le moment, il hésitait. Maintenant que Nefer n'était plus là, c'était difficile de prendre les bons choix. Il avait bossait quelques fois avec le Joker, mais il savait qu'on ne pouvait pas lui faire confiance. Il était trop fou. Scarface, lui, était un type de confiance, c'était vers lui qu'il s'était tourné à ses débuts. Mais il ignorait que le grand parrain qu'on appelait Scarface était en fait un vieux schnock qui faisait joujou avec une marionnette, à l'époque. Autant dire que ça ne lui plaisait pas trop de rendre des comptes à ce genre de gusse. Quant à Double-Face et au Pingouin, il avait eu quelques rixes avec eux et avaient parfois eu l'envie de les dévorer. Mais c'était du passé, tout ça. Peut-être était-il temps de faire la paix.

Il s'avança vers les gars. Deux limousines, rien que ça, ils ne se refusaient rien. Il se demanda un instant comment un ex procureur à moitié aussi moche que lui, et une vieille branche de ventriloque qui jouait à la poupée, avaient-ils bien pu obtenir tout ça ? Cette fortune, ce respect, ces hommes de main. Qu'avaient-ils de spécial ? Qu'avaient-ils de plus que lui ? Ils n'étaient pas musclés. Ils n'impressionnaient pas. Une simple balle pouvait les descendre. Et ils n'avaient jamais vaincu Batman. Quelque chose échappait à Croc. Il y avait quelque chose, dans sa vie et dans celle de Gotham City, qu'il ne comprenait pas. C'était lui qui aurait dû sortir de l'une de ces limousines et être habillé en costard. Mais au lieu de ça, il était venu à pied, vêtu du même pantalon et de la même veste déchirés depuis des jours et des jours. Le monde était injuste.

"Qu'est-ce que vous foutez là, tous ?" demanda t-il de sa voix rocailleuse.

Il se demandait bien comment allait se passer ces "charmantes" retrouvailles.

Si Jonathan Crane avait été par le passé souvent invité à des réceptions et des colloques de médecine, il en était autrement pour les criminels. Il n'appréciait pas beaucoup ce genre de réunion, la dernière en date, avec Pandora avait été fructueuse malgré son silence et les remaniements multiples d'"allégeances" qui en suivirent. L'invitation qu'il avait reçu de la part d'un criminel de la moindre importance (Killer Moth) l'avait intrigué et l'occasion d'analyser le comportement étrange de cet individu était distrayante au vue de la situation actuelle. Une chose était certaine, l'individu n'avait pas peur du ridicule. Tout les ragots à son sujet était plus des anecdotes cocasses qu'une véritable curriculum vitae de criminel pur et dur. Difficile à croire qu'on l'avait jeté dans Arkham, une cour de récréation, pensait certains infirmiers aurait été plus indiqué.

Cette personnalité si extravertie couplée au besoin de nourrir un public était remarquable, une sorte de Nygma sans son QI et sa faculté de mentir et contourner les règles. Crane se demanda un instant si sa tenue de médecin n'aurait pas été plus indiqué, mais traverser Arkham en costume trois pièces avec une mallette à la main n'était pas une idée très judicieuse. Il revêtit donc son rituel costume d'Épouvantail et quitta le manoir d'Arkham. un infirmier seulement l'accompagnerait (ou plus précisément conduirait l'ambulance) jusqu'au lieu de rendez-vous.

Il ne savait pas vraiment ce qu'il y trouverait. Crane se croyait l'ennemi de personne, pour la simple raison qu'il n'était foncièrement l'ami de personne. Son travail était devenu sa vie, mais derrière le masque de l'Épouvantail, il se permettait quelques écarts de conduite, il n'était plus seulement l'observateur, mais l'acteur d'une vie vouée à la science. L'Épouvantail descendit du véhicule, vérifia ses piètres défenses en cas de problème et s'avança vers le lieu de la réunion. Sur place il fut surprit du monde qui s'amassait. Les plus grands criminels et les plus dangereux, réunis par le pire de tous, si un seul d'entre eux décidait que la réunion se passe mal, nul doute qu'elle tournerait au désastre.

Il fallait, en temps normal sortir une phrase bien sentie, une petite pique, c'était une sorte de règle immuable du milieu; on n'entrait pas chez les criminels sans prononcer un mot représentant sa personnalité. L'Épouvantail, malgré l'emprise dont il disposait sur Crane n'arrivait pas encore à supprimer sa froideur habituelle, il fallait quelques évènements, quelques réminiscences ou un choc pour que Crane laisse place à son archétype. Il se contenta donc d'un:

-Bonsoir.

Il balaya l'assistance de son masque difforme et nota la présence de tout ces criminels jadis ennemis entre eux, aujourd'hui'hui les dents serrées à attendre leur hôte, sauf le Joker, mais c'était à prévoir. il n'y avait plus qu'à attendre patiemment l'arrivée, probablement ridicule de ce fascinant criminel.

Assis dans sa salle de surveillance, Killer Moth exultait : sur l’écran s’affichaient les plus grands noms de la scène criminelle de Gotham City, chacun d’eux était une véritable légende et c’était lui qui avait accompli l’exploit d’en réunir autant à sa porte. De tous ceux qu’il avait invité, seul le pourtant réputé très sociable Chapelier Fou n’avait pas encore fait acte de présence mais la rumeur le disait introuvable depuis peu. Mister Freeze et Clayface n’avaient quant à eux pas été conviés car supposés se trouver du côté Gotham et à ce qu’on disait, ralliés au mauvais camp. Quel dommage, ne dit-on pourtant pas que les loups ne se mangent pas entre eux ? Une maxime que le maître des mites avait faite sienne. Mais pour l’heure, il dansait de joie.

« Moi Killer Moth, je suis vraiment trop fort !! Tadatadadadada ! Et sur ce, branchons le micro extérieur et… ah, le voyant est déjà allumé… QUOI ?!……. Hmm, hmm ! Euh, hum hum, le bandit aux antennes se racla la gorge afin de prendre une grosse voix. Euh, me voici, le seul, l’unique Killer Moth qui… ne danse pas, du tout, cela va sans dire... Eh bien, quelle joie de vous voir tous ici, la crème du crime, la fine fleur de la félonie, quel honneur vous me faites ! Mais je vous en prie, ne restez donc pas dehors, entrez, entrez ! Vous aussi, Sphinx, allons, allons, ne soyez pas timide, il n’y a que des amis ici, j’y ai veillé. »

Une petite caméra clignotait au-dessus de la position du Riddler. Sur ce, la porte de la base de la Mite s’ouvrit, donnant sur le modeste comptoir d’un magasin de lampes.

« Bienvenue dans mon auguste demeure ! Comme vous l’aurez constaté, l’endroit ne paie pas de mine ou devrais-je dire de mite. Houhahihihihaha, de mite, hinhinhinhinhin, de mite ! Hahem, mais assez ri, car voyez-vous, d’une simple pression à l’endroit approprié, se révèle derrière une porte dérobée habilement dissimulée par une humble façade, mon véritable domaine, mon antre, la seule et unique… Moth-Cave ! Prenez donc place si vous le souhaitez et servez-vous du mousseux et des petits gâteaux à volonté, ils sont là pour ça. Faites comme chez vous dans le petit salon, mi Moth-casa es su casa et ce ne sont pas là des paroles en l’air, sachez que si vous trouvant dans quelque embarras, vous deviez chercher quelque refuge, ma porte vous sera toujours ouverte, parole de filou, j’ai une chambre d’amis, vous savez ! »

Sur simple pression d’un bouton sur la console de Moth, un mur coulissa, donnant ainsi accès au véritable quartier général du super-vilain ; sorte de véritable laboratoire du crime, l’endroit recelait du nécessaire aux méfaits de la Mite Tueuse, gadgets , créatures mutantes et même une voiture portant son emblème, Drury n’avait pas lésiné sur la dépense pour faire bonne impression à ses collègues. Celui-ci se leva de son siège afin d’accueillir en personne ses prestigieux invités pendant que ses hommes les recevaient, leur faisant des courbettes, leur proposant de débarrasser de leur manteau ceux qui en portaient, présentant des assiettes de petits fours et leur indiquant leur place, des chaises en plastique bon marché avaient été disposées à cet effet.

Tapi dans son coin, le Sphinx n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles. Après l'arrivée du Joker, d'Harley Quinn et du Ventriloque (qu'il avait finalement reconnu après mûres réflexions), il aperçut une luxueuse limousine se garer près des autres véhicules et Double-Face en sortit, accompagné de ses hommes de main peu recommandables et montrant à tous le côté de son visage le moins effrayant. Toutefois, d'où il était, Nygma pouvait apercevoir une partie de l'autre moitié, et cela lui suffisait amplement pour avoir envie de détourner les yeux. "Toujours aussi amoché, ce pauvre Dent..." pensa le maître des énigmes. L'ex-procureur salua ses compagnons et fit une petite remarque dégradante à l'égard de leur hôte, sans doute pour détendre l'atmosphère.

À cet instant, l'honorable Oswald Chesterfield Cobblepot, toujours aussi élégant, arriva au lieu de rendez-vous, escorté par cinq gardes extrêmement bien armés. En fait, tous les gens présents étaient bien entourés, sauf l'Homme-Mystère qui lui, était seul. "Qu'importe, mon génie vaut bien une cinquantaine de leurs sous-fifres à la noix!" Le Pingouin, en se retrouvant devant le Joker dont l'état de santé laissait un peu à désirer, ne put s'empêcher de se moquer de sa hauteur, lui qui avait tant souffert de sa petitesse exceptionnelle. Ce à quoi le Clown riposta que lui, au moins, n'était pas borgne. "Aïe, les couteaux volent bas, c'est le cas de le dire!"

Enfin, un autre criminel arriva seul, ce qui aurait pu rassurer Edward si ça n'avait pas été Killer Croc. Géant, énorme, effrayant, monstrueux, le reptile bipède avait de quoi faire trembler n'importe quel citoyen sain d'esprit. Il en imposait encore plus depuis qu'il avait mutilé le Chevalier Noir, mais son plan qui était tombé à l'eau avait dû lui laisser un goût amer en bouche et le rendre encore plus agressif. D'ailleurs, la seule chose qu'il prononça lorsqu'il ouvrit la bouche fut:

"Qu'est-ce que vous foutez là, tous ?"

"Charmant..." Ne manquant pas une occasion de s'amuser, le Joker compara le rassemblement de criminels à un pique-nique de Disney et prit un malin plaisir à attribuer un personnage des dessins animés à chaque invité. Pour faire un lien entre le Ventriloque et Gepetto avec son Pinocchio ou entre Double-Face et le Prince Charmant, il fallait être sérieusement dérangé et c'était la principale particularité du Prince du Crime.

Sur ces entrefaites apparut une ravissante créature, la belissime Pamela Isley, alias Poison Ivy. Le Sphinx ne tenait pas particulièrement à la protection de l'environnement, mais il devait avouer que la scientifique était particulièrement séduidante. Et sa couleur préférée était la même que lui: le vert... " Franchement, Edward, redescend sur Terre! Tu sais bien que cette femme est dangereuse et que son pouvoir est justement d'attirer les hommes pour mieux les éliminer quand ils sont à portée de ses lèvres empoisonnées! Parfois, je me demande si tu réfléchis! "

Puis, comme s'il n'y avait pas déjà assez de malfrats comme ça, l'Épouvantail se joignit à la troupe, vêtu de ses plus horribles habits. Même sans être sous l'emprise de sa toxine, l'allure du docteur Jonathan Crane donnait froid dans le dos. "Je me souviens du temps où il travaillait encore à l'asile d'Arkham. Ce qu'il était mesquin... Personne n'aurait pu deviner ce qu'il faisait endurer à certains patients, tout ça dans le but de faire avancer ses recherches. En fait, il est aussi détraqué que les autres! Maintenant que j'y pense, il n'y a que moi qui soit saint d'esprit dans toute cette petite assemblée! Sans nul doute que Killer Moth m'a invité pour apporter un peu de logique à sa réunion."

Soudain, une voix se fit attendre aux alentours:

" Moi Killer Moth, je suis vraiment trop fort !! Tadatadadadada ! Et sur ce, branchons le micro extérieur et… ah, le voyant est déjà allumé… QUOI ?!……. Hmm, hmm ! Euh, hum hum... Euh, me voici, le seul, l’unique Killer Moth qui… ne danse pas, du tout, cela va sans dire... Eh bien, quelle joie de vous voir tous ici, la crème du crime, la fine fleur de la félonie, quel honneur vous me faites ! Mais je vous en prie, ne restez donc pas dehors, entrez, entrez ! Vous aussi, Sphinx, allons, allons, ne soyez pas timide, il n’y a que des amis ici, j’y ai veillé."

À ce moment précis, Edward se mit à regarder en l'air dans tous les sens et aperçut la lumière clignotante d'une caméra placée au-dessus de lui. Son ego se sentit touché et il eut bien envie de détruire cette espionne d'un coup de canne, mais il se dit qu'il aurait l'air encore plus idiot. N'ayant plus de couverture, le Sphinx sortit du sombre racoin où il s'était tenu depuis le début, pendant que Killer Moth ne cessait de discourir sur son repaire. Lorsqu'il eut fini, Nygma venait de rejoindre tous les autres et crût le moment approprié pour lancer une devinette:

"- Combien faut-il de criminels pour changer une ampoule?"

Si quelqu'un aurait voulu répondre, le maître des énigmes ne lui en laissa pas l'occasion, puisqu'il reprit immédiatement, fier de son coup:

"- Cinq! Un pour changer l'ampoule et quatre pour éliminer les témoins!"

Souriant, Edward fixa tour à tour son regard sur les grandes personnalités présentes, puis sur l'entrée de la Moth-Cave, avant de s'y diriger d'un pas décidé. Beaucoup de questions se percutaient dans les tréfonds de son esprit, mais la seule façon d'y répondre était de foncer tête première dans la demeure de la Mite. Cette rencontre entre vilains l'intriguait plus que tout au monde.

A peine Double-Face venait-il d'arriver, que le Pingouin fit à son tour une apparition des plus remarqués, se moquant ouvertement du Prince des Clowns. Il était de notoriété publique que ces deux hommes la, se détestaient cordialement. Une fois de plus, ils confirmaient les dires.

L'homme au double-visage ne porta guère attention aux délires des deux individus et préféra se mettre en retrait. Préférant attendre patiemment la raison de sa venue. Alors qu'il attendait la venue du maitre des lieux, il vit arrivé différents criminels, aussi bien physiquement que psychologiquement. On pouvait voir l'homme-reptile plus connu sous le pseudonyme de Killer Croc, la séduisante plante Ivy et le troublant Jonathan Crane. Que du beau monde, si on peut dire ainsi.

Soudainement une voix, fit son apparition.

« Moi Killer Moth, je suis vraiment trop fort !! Tadatadadadada ! Et sur ce, branchons le micro extérieur et… ah, le voyant est déjà allumé… QUOI ?!……. Hmm, hmm ! Euh, hum hum. Euh, me voici, le seul, l’unique Killer Moth qui… ne danse pas, du tout, cela va sans dire... Eh bien, quelle joie de vous voir tous ici, la crème du crime, la fine fleur de la félonie, quel honneur vous me faites ! Mais je vous en prie, ne restez donc pas dehors, entrez, entrez ! Vous aussi, Sphinx, allons, allons, ne soyez pas timide, il n’y a que des amis ici, j’y ai veillé. »

Aussitôt le petit dialogue fut-il terminé, que l'ancien chevalier blanc tourna la tête en direction du Sphinx. Ce dernier avait profité du crépuscule des lieux, pour si camoufler. Ce dernier fit style de rien et avança en direction du groupe de criminel. Sur un ton supérieur il lança comme à son habitude une énigme.

"- Combien faut-il de criminels pour changer une ampoule?" dit-il, avant de reprendre aussi sec, ne voulant laisser personne répondre à sa question. "- Cinq! Un pour changer l'ampoule et quatre pour éliminer les témoins!"

Le Juge Fou dévisagea son interlocuteur. C'était un fait, il ne pouvait pas "encadrer" cet homme qu'il jugeait faible et lâche. Il ne préféra pas s'attarder sur Nigma et rentra dans la fameuse Moth-Cave.

« Bienvenue dans mon auguste demeure ! Comme vous l’aurez constaté, l’endroit ne paie pas de mine ou devrais-je dire de mite. Houhahihihihaha, de mite, hinhinhinhinhin, de mite ! Hahem, mais assez ri, car voyez-vous, d’une simple pression à l’endroit approprié, se révèle derrière une porte dérobée habilement dissimulée par une humble façade, mon véritable domaine, mon antre, la seule et unique… Moth-Cave ! Prenez donc place si vous le souhaitez et servez-vous du mousseux et des petits gâteaux à volonté, ils sont là pour ça. Faites comme chez vous dans le petit salon, mi Moth-casa es su casa et ce ne sont pas là des paroles en l’air, sachez que si vous trouvant dans quelque embarras, vous deviez chercher quelque refuge, ma porte vous sera toujours ouverte, parole de filou, j’ai une chambre d’amis, vous savez ! »

A peine la phrase fut-elle finie, qu'un des murs, se mit à tourner, dévoilant aux yeux de tous, le repaire de la Mite. Des tas de gadgets trainaient un peu partout dans cet étrange laboratoire, tandis qu'au beau milieu se trouvait le véhicule de l'homme insecte. L'hôte d'ailleurs, finit par faire son apparition, saluant comme il se doit la foule. Qu'avait-il donc en tête ?

" Puis-je vous débarrasser de votre manteau ? " demanda un des hommes de main de Drury.

L'ancien procureur refusa d'un air menaçant la proposition de l'homme. Perdant patience, notre homme prit la tête du groupe de malfrats invités, et alla droit au but, comme à son habitude.

" On peut savoir ce que nous faisons ici ? " dit-il sur un ton grave.

Il fallait bien que quelqu'un pose la question, qui brulait tant les lèvres.

La soirée prenait des airs de mer avant la tempête. La plupart des ex-pensionnaires de Crane, la plupart soumis à un délicat complexe de supériorité bouillaient d'entendre leur hôte, lequel, malgré ses airs d'hôte intentionné ne pouvait cacher sa bouffonnerie naturelle. L'Épouvantail s'avança comme les autres, mais en se tenant près d'un mur, les foules ne le mettaient pas à l'aise, surtout lorsqu'il était en plein milieu.

La même question, retournée dans tout les sens fusait: que faisaient-ils tous là? Si Killer Moth voulait juste faire sa publicité, il avait réussit, quant à savoir si le message n'était pas légèrement différent de sa volonté il y avait un gouffre. Jonathan n'avait pas de manteau, aussi put-il éviter les désagréments de l'ex-procureur de cette ville. Un homme de main passait avec des boissons sur un plateau d'argent (ou tout du moins d'une matière assez brillante pour faire un joli trompe-l'œil). Crane refusa d'un geste.

Les soirées ne représentaient jadis que l'opportunité pour les pontes de réclamer de l'argent pour leurs recherches et mener des discussions stériles à propos de la pluie et du beau temps, de l'économie et de la science, désormais elles tournaient autour de la subsistance, des moqueries malsaines et de l'avenir de cette pathétique ville dans la ville. Crane n'en pouvait plus et entendre ces chiffonniers qui exultaient de leur pouvoir sans se soucier du reste était aussi insupportable que ces jadis milliardaire avides qui faisaient semblant de comprendre le cœur des recherches médicales. Ils avaient tous des hommes de mains, ils avaient la possibilité de faire tomber des centaines de vies d'un claquement de doigts, ils pouvaient, si leur bon plaisir leur en prenait tirer une balle dans cette foule.

L'Épouvantail scrutait ainsi chacun, profitant de l'attention qu'ils avaient loin de lui pour se souvenir de leurs dossiers médicaux respectifs. Il aurait aimé pouffé en songeant que la plupart auraient pu se trancher la gorge sans raison ou parce que c'était drôle. Il aurait dû mieux les soigner lorsqu'il en avait l'occasion, mais le conseil d'administration d'Arkham était toujours à émettre des réserves et des motions ridicules. Rien ne valait un bon traitement et des camisoles chimiques pour vaincre la folie. L'enfermement favorisait l'expression des meilleurs penchant et faisait tomber les barrière de refus, couplé à de bonnes injections, l'on obtenait tellement plus que la simple discussion avec le patient. Quelle hate il avait de retrouver son ancien poste, quelle hâte il avait de prouver au monde entier qu'il était le meilleur psychologue et psychiatre du monde.

Mais pour l'heure il était dans une cave au nom grotesque et un allié étrange tentait de l'amadouer, lui et ce que les journaux appelaient la fine fleur, la crème de la criminalité. Il aurait également aimé poser la fatidique question de leur présence, mais il se retint, conscient que cela n'apporterait rien de plus. Le Chapelier Fou avait fait une entrée très particulière, annonçant une complication avec R'as Al Ghul qui aux dernières nouvelles que les azuras lui avaient transmises était devenu une sorte de protecteur. Des querelles qui ne laissaient pas Crane indifférent puisque tôt ou tard ses talents pourraient trouver de l'utilité. Mais le Joker n'avait pas agrémenter sa dernière remarque d'une plaisanterie, signe qu'il commençait ou à s'ennuyer ou à être ennuyé par quelque chose, deux choses qui pouvaient le rendre incontrôlable, comme jadis face aux psychanalystes de l'asile.

Drury commençait à serrer les dents sous son masque. Apparemment, ses invités n’appréciaient guère ses petites attentions et cela le peinait. Pis encore, il lui fallait bien admettre que cette réunion risquait de ne pas se dérouler aussi bien qu’il l’avait escompté et il commençait même à craindre pour sa propre vie. Il avait d’abord pris l’arrivée du Chapelier pour une bonne nouvelle car cela complétait son carnet d’adresses jusqu’à ce que le criminel chapeauté évoque un nom maudit, Ra’s al Ghul, la tête de démon, dont la réputation était telle que même Killer Moth, pour qui les querelles entre vilains lui passaient d’ordinaire au-dessus de la tête, ne se serait pas risqué à le convoquer ni même à l’approcher, sous peine de passer pour un traître aux yeux de ses confrères. L’ambiance était tellement chargée que même le Joker n’était pas d’humeur à la plaisanterie et cela sur tout le reste donnait plus que jamais des sueurs froides au maître des mites sous les bras duquel commençaient à se former des marques sombres, ternissant le rose fluo de son costume. Effectivement, il était temps d’en venir au sujet.

« J’y arrive, chers amis, j’y arrive ! Et même j’y voooole ! »
L’homme insecte fit alors un gracieux vol plané du balcon qui dominait le salon de la Moth-Cave pour se retrouver plus bas, tiré par un fil invisible de son invention… qui s’enroula dans la descente, laissant le vilain aux antennes trois bon mètres au-dessus du sol en train de tricoter des pinceaux, bien incapable d’atterrir comme il l’avait prévu après qu’il aurait majestueusement survolé l’assistance.

« Gngngni, saleté de crotte de… Ne restez pas plantés là, bande de larves, décrochez-moi de là ! Les sbires de Moth s’activèrent donc, tâchant de dépêtrer leur patron de l’embarrassante situation dans laquelle il se trouvait mais ne parvinrent qu’à le faire monter et descendre par à coups.
Arrêtez ça, arrêtez ça, je ne suis pas un yoyo, d’accord ? Allons, détendez-moi ça mieux que ça… Non, pas comme ça, n… ! »

Le boss Moth n’eut pas le temps de finir qu’il alla s’écraser lamentablement au sol comme un fruit mûr.

« Gnnn… La… la suite… j’ai mal… »

L’homme mite appuya sur le bouton d’une télécommande qui fit s’allumer un écran géant. On y voyait retransmis ce qui avait été filmé par le casque de Moth, plus particulièrement sa dernière escarmouche. Un poing, une silhouette sombre, une table, une assiette de fondue, des gens hilares, retour en arrière puis arrêt sur image : la silhouette sombre, drapée dans les ténèbres, surmontée de deux oreilles pointues.

« Ah, vous voyez, vous voyez ? En vérité, je vous le dis, chers confrères, il est de retour, aussi vrai que je me tiens là devant vous ! M…M…M… M… Mais pas de panique car j’ai la solution ! Si si ! »

Elle qui se croyait une bourde dans ses actions, ce criminel était sans doute pire qu'elle pour les gaffes et les blagues de mauvais goûts. Elle écoutait son message si palpitant en tâtonnant les poignée de la chaise du Joker. Ça occupait un peu ses pensées pendant que les autres coqueluches d'Arkham se jetaient des regards. C'était fou cette lutte de pouvoir, mais quoi qu'il en soit, c'était son Joker qui avait le bout des négociations.

Mais un de ces gentils messieurs la fit réfléchir. Les questions de l'Homme-Mystère le mettait dans un tel émoie à chaque fois. Elle pouvait passer des heures à chercher, jamais elle ne trouvait la réponse dans qu'elle ait reçu un ou plusieurs indices, si on ne lui avait pas déjà soufflé la réponse. Mais heureusement pour son être tout entier, il donna lui-même la réponse avant que sa tête ne surchauffe. Les apparences étaient sauvées cette fois. Même si elle avait eut l'air de chercher la réponse l'espace d'un court moment. Cette figure des yeux en l'air, l'air concentré dans une tâche aussi ardue.

Quand les portes s'ouvrirent, Harley continua de tenir son rôle à coeur, déçue de ne pas avoir faite partie de l'énumération des personnages des films. Il se servait d'elle que pour épater la galerie, les autres étaient plus importants pour le moment. Poussant tranquillement la chaise roulante comme il se devait, le baiser sur la joue toujours humide sur sa joue, la jeune pseudo-infirmière poussa la chaise roulante de son client malade. Elle n'était pas très à l'aise d'entrer ainsi cerner par tous les hommes qui font partis de son existence depuis sa première visite dans les cellules de l'asile. Certains étaient plus clément avec elle, d'autres elle espérait passer bien loin. Son statut dans la ville s'était amélioré pourtant, mais elle était loin d'atteindre la même folle passion pour gouverner le monde. Arkham lui suffisait pour le moment. Et tant que son Joker était en vie, elle pouvait encore passer pour la blonde stupide. Certes elle l'était, mais son rôle à ses côtés devenait plus présent. Qu'importe ce qui allait se dire ce soir, le Joker ne resterait pas pantelant. Un autre plan diabolique allait sortir de cet esprit dérangé. Et qui sait, elle serait surement encore impliqué dans une autre folle histoire.

Mais pourquoi cette réunion? Trop de monde n'était pas encore présent dans l'assemblée pour y inclure tous les ennemis de Batman. La même question tenaillait l'esprit de tous ses belles gens et plus que tout l'Arlequine qui se sentait minuscule.

Et voila que Killer Moth faisait son entrée. Un vol plané dans la pièce qui se termina en arrêt à trois mètres du sol. Elle osa des sourcils, ne sachant pas si elle devait rire de ce pauvre criminel habillé en insecte, ou si elle devait faire profil bas. Elle ne pu réprimer un petit esclaffement en le voyant monter et descendre. En faite, elle éclata de rire en pensant que même le Joker faisait des entrée plus spectaculaire, mais au moins réussi. Puis, une odeur vint lui chatouiller le nez. Ne voulant pas laisser le Joker et baisser sa garde, elle se retient. Mais tout ce qui était là sentait rudement bon. Mieux que sa cuisine dont elle faisait l'étalage aux hommes du Joker. On faisait ce qu'on pouvait.

Elle regarda la vidéo qui défilait devant l'assemblée. L'image s'arrêta sur une silhouette noire, l'ombre du justicier que tous connaissait de près ou de loin. En faite, il avait foutu presque tout le monde ici présent dans l'asile à leur bons jours. Harley surveilla de près Killer Croc qui avait fait un magnifique spectacle avant que tout ne soit hors de contrôle. Comment pourrait-il croire une telle histoire?

«Batman? Ha ha!»

Pamela Isley observa l'impressionnante brochette de criminels arriver petit à petit au repaire de Killer Moth... Quelle mascarade! Elle avait longtemps hésité avant d'accepter de venir, mais sa curiosité avait remporté la bataille. Tous étaient là : Joker, qui n'avait vraiment pas l'air en bon état, Ventriloque, Harvey Dent, qui lui décrocha une oeillade appuyée, Harley, la seule qu'elle était vraiment contente de retrouver et même Nygma, qui la regarda d'une manière qu'elle n'apprécia pas. Ils avaient tous de telles préoccupations qui la dépassaient totalement. Ils agissaient seulement pour leur propre intérêt, pour des choses si superficielles comme l'argent, le pouvoir... des choses qui n'existent pas dans la nature! Et toutes leurs magouilles, toutes leurs petites combines finissaient toujours par faire pâtir sa chère dame Nature...

Elle observa leur hôte arriver d'une manière pathétique, et s'écrouler majestueusement sur le sol comme un vulgaire fruit de ginko. Mon dieu, mais qu'est-ce qu'elle faisait là! Il fallait qu'elle surveille la floraison de ses rhododendrons, soigne ses orchidées vénéneuses, et elle devait encore donner un cours de bouture à ses protégés. Du temps tellement mieux utilisé. Mais bon, peut-être que ce qu'il allait proposer pourrait enfin être instructif, ou servir ses intérêts et ceux de ses chères plantes. Un serveur passa, mais son nez se fronça lorsqu'elle contempla les différentes boissons proposées. Mon dieu, mais personne ne connaissait les vertus de l'eau? Simple et pure, rien d'autre. Non,que des choses industrielles, et chimiques, qui rejetaient des produits polluants dans l'eau et aussi dans l'air...

C'est alors que leur hôte lança la vidéo, et une lueur d'intérêt brilla dans ses prunelles chlorophylle. Batman. Quel nouveau plan allaient-ils vouloir lancer contre le justicier de Gotham? Elle croisa les bras, et son index à l'ongle violet vint se poser à la commissure de ses lèvres en posture d'intérêt.

"C'est impossible !!!" grogna l'animal, les poings et les crocs serrés.

Il était resté calme jusque là. Il n'avait pas répondu à la plaisanterie du Joker en rapport avec les personnages de dessin animé, il avait ignoré l'arrivée des autres criminels, et il n'avait émis aucune exclamation lorsqu'il avait vu les assiettes de petits fours. Il s'était juste plaint en remarquant que la chaise en plastique était bien trop petite et trop fragile pour accueillir ses imposantes fesses, mais, légèrement isolé des autres criminels, personne n'y avait véritablement prêté attention, puisqu'ils étaient bien plus intéressés par la question répétée plusieurs fois inlassablement : la raison de leur venue ici. Même lorsque le Chapelier Fou était arrivé en sang pour annoncer le retour de Ras Al Ghul, il n'avait pas bronché, se contentant de prendre une assiette et de vider son contenu dans son immense gueule comme dans un entonnoir. Ras Al Ghul, celui contre qui il s'était battu quelques mois plus tôt, le soir de la chute du Chevalier Noir. Bien que le combat ait été interrompu et qu'il ne soit pas parvenu à blesser le démon, ce dernier ne lui faisait pas peur. Croc avait reconnu en Ras Al Ghul un guerrier extrêmement puissant et courageux, au point de se battre à mains nues contre lui, ce qui était plutôt rare. Mais depuis qu'il avait vaincu Batman, il se considérait comme le numéro Un à Gotham City et était persuadé que plus personne ne pouvait le vaincre. Puis, lorsque Moth avait fait ses pitreries dans les airs, il s'était contenté de soupirer d'exaspération.
Bref, il était resté discret jusque là, et malgré sa morphologie, il s'était presque fait oublier de part son silence. Mais lorsque Moth présenta sa vidéo dévoilant une réplique du Chevalier Noir, Croc n'avait pas pu se retenir. Sa réaction, prévisible, ne s'était pas faite attendre.

"J'ai tué Batman !!!! Je lui ai arraché un bras, vous l'avez tous vu ! Personne ne peut survivre à ça !" s'exclama t-il.

Avoir vaincu Batman avait été sa plus grande victoire. La mort de Batman, il y croyait, dur comme fer. Il voulait continuer d'y croire. Batman ne pouvait pas être revenu d'entre les morts. Il était un être humain, comme tout le monde. Il avait une limite. La vidéo était un montage, ou montrait quelqu'un d'autre portant le même costume. C'était la seule solution envisageable.