La limousine du nouveau Maire arriva avec son escorte, depuis les derniers évènements et la précarité des institutions, Shreck avait préféré renforcer sa garde rapprochée. De l'autre côté du mur, le couvre-feu était de vigueur, probablement pour l'une des dernières fois dans sa forme agressive. Les immenses peintures "Arkham City" faites sur les murs seraient prochainement remplacées par une fresque grandiose permettant de fondre dans le décor cette super-structure de réinsertion et l'on y verrait la mention "New Gotham City", à l'heure qu'il était les affiches annonçant le changement étaient déjà imprimées et prêtes à se répandre sur les secteurs d'affichage public.
L'homme d'affaire entra dans le centre militaire principal et se réunit avec les principaux officiers de la milice. L'affaire était délicate, urgente et nécessaire, autant pour le bon déroulement de la suite de ses affaires que pour la ville de Gotham. Après s'être confortablement installé dans son fauteuil d'administrateur, Maximilien fit crisser ses gants comme pour retenir l'attention sur ses gestes et sa prochaine question. Il ne regardait personne en particulier et fixait d'un air grave le mur qui lui faisait face. dans sa tête se retournait le problème et la balance de l'opération, la situation était intolérable et les pouvoirs du Colonel pouvaient à tout moment se retourner contre lui et ses aspirations politiques et sociales. Oui, ce soir le colonel allait vivre une soirée qu'il n'oublierait pas.
-Les unités sont-elles en position? demanda Shreck.
-Les patrouilles du complexe sont toutes à proximités du mur pour intervenir rapidement, les hélicoptères patrouillent également essentiellement dans les quartiers limitrophes. La plupart des détenus migrent lentement vers les zones les plus éloignées, il ne seront pas une gêne pour l'opération, expliqua le responsable du couvre-feu.
-Les unités en repos ont été rappelées sous prétexte d'un contrôle médical et d'une inspection de l'équipement en vue de la réévaluation logistique, fit un deuxième.
-L'équipement d'urgence a été transféré dans les sous-sol où nous équipons une partie des miliciens qui formeront la seconde vague en cas de résistance, les unités en factions internes ont été également équipées sous prétexte d'une menace terroriste du Pingouin.
-Les "unités spéciales" ont été déployées à proximité du centre militaire où se trouve le colonel. Les endroits où se trouvent ses plus fidèles alliés ont été renforcés, nous craignons principalement l'utilisation des unités mobiles de la part de Dead Light...
-Le colonel ne doit pas être dupe, répliqua Shreck, il nous faut frapper maintenant. Poursuivez l'opération comme prévu et lancez sur tous les canaux de communications le chef d'accusation, je ne veux aucune bavure compris? Le colonel doit être appréhender comme le terroriste qu'il est et devra répondre de ses actes aussitôt qu'il sera capturé. Si vous m'apportez un cadavre, je vous promet un séjour tout frais payé de l'autre côté du mur.
D'un geste sec il regarda sa montre et se leva. La tension était à son comble et il savait que cette simple intervention pourrait provoquer sa perte comme sa réussite, et Shreck n'était pas du genre à accepter facilement la défaite.
-L'on m'attend pour célébrer les 10 ans d'existence de l'observatoire, je vous fait confiance messieurs et n'oubliez pas qui signe votre chèque à la fin du mois, je vous en promet un que vous n'oublierez pas de sitôt en cas de réussite. Prévenez-moi au moindre problème et lorsque l'opération sera terminée.
Tous firent un salut militaire lorsque le milliardaire sortit de la réunion express. Il dévala l'escalier qui menait au sas de sortie avec en tête la délicate opération qui allait embraser pendant quelques heures les douanes, il se répétait que tout irait bien et que son prochain rendez-vous devait être sa principale préoccupation. Il laissait des soldats gérer la situation, qui mieux que eux pourraient gérer la situation au cœur de l'action? Tel était le talent d'un administrateur, toujours utiliser les bonnes compétences au bon moment. Il était 20h30, l'observatoire terminait de préparer son buffet froid, la limousine de Shreck redémarra avec son escorte, les bars et boîtes de nuit de Gotham se remplissaient tandis que dans son écrin de béton, Arkham City sanglotait sur son propre sort. La nuit allait être sublime pour les uns, longues pour les autres, terribles pour Dead Light.
Le plus haut gradé de la milice entra dans le central de communication et tendit aux opérateurs un papier officiel signé du Maire et administrateur Shreck lui-même. Ils le lirent rapidement et enclenchèrent le programme qui avait nécessité deux semaines de préparation, trois ingénieurs en informatique, six techniciens, quatre secrétaire et un investissement que Maximilien espérait amortir. Les alarmes retentirent dans les couloirs, les lumières devinrent rouges, les écrans d'affichage internes trnasmirent l'image du Colonel Silberman avec la mention "recherché pour trahison et intelligence avec l'ennemi", pour les plus attentifs, l'autre nom qui accompagnaient celui du colonel feraient mouche car l'on ne recherchait pas seulement Marcus Silbermann, mais "Marcus Willis Silbermann". Les hauts-parleurs annoncèrent la trahison de l'unité DeadLight pour utilisation de matériel non autorisé et participation à des actes terroristes, invitant à leur reddition ou l'utilisation de la force pour les arrêter.
Les sommations ne seraient pas, l'on arrêterait où tirerait à vue. On verrouilla les portes des différents secteurs, quiconque chercherait à les ouvrir serait nécessairement de l'unité Dead Light et annoncerait au central de communication surprotégé pour l'occasion où diriger les forces en présences. Les machines mobiles de la Biosyn attendaient patiemment dehors leur heure de gloire, les hélicoptères rétrécirent leur patrouille vers les mur, les patrouilles s'installèrent dans les bâtiments limitrophes, on déploya les snipers et les brigades canines. Dans la Mairie, Thomas reçu un message de son supérieur et il sortit le dossier monté de toute pièce contre l'unité et validé auprès du procureur et de son équipe, Shreck avait bien compris que si le président surveillait Dead Light de près, il serait bien impuissant de réfuter les faits que toute un population soutiendrait, dans quelques heures Bien le Bonjour Gotham et le Gotham Globe auraient entre leurs mains le dossier public du bureau du procureur.
Bien plus qu'une guerre chaude, Shreck devait détruire toute confiance en cet envoyé du gouvernement, il devait être dans l'esprit de la ville l'unique pouvoir avec le docteur Simon Hurt à être capable de vaincre le crime et à rester incorruptible, il aurait pourchassé un ennemi de Gotham et de la sécurité nationale tout en renforçant ses positions et l'efficacité de ses services, la Biosyn était probablement au courant de l'affaire, miss White viendrait probablement savourer la chute de Silbermann.
La limousine s'immobilisa devant l'observatoire et le maire s'abaissa pour voir à travers sa vitre teintée les banderoles qui accueillaient avec des lettres festives les invités. Les responsables du bâtiment, sourire aux lèvres, descendaient déjà les marches pour l'accueillir, lorsqu'il posa son premier pied enveloppé dans ses guêtres sur le sol, roulement de flash et applaudissements, on lui serra la main et ses hommes en noirs se répartirent pour retenir la foule de journalistes. On lui demanda ce qu'il pensait de cette soirée, il répondit simplement:
- Cette soirée sera à l'image de la nouvelle Gotham, heureuse, fière et pérenne...