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| Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) | |
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Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 29/12/2012 Nombre de Messages : 171 Vous à Gotham : Ancien commissaire de la ville. Possède une double identité en tant que justicier d'Etat sous le nom de l'Artiste et en tant que commissaire sous le nom d'Andrew Blake. Citations : Chapeau, L'Artiste. | Sujet: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Dim 21 Juil - 19:20 | |
| Hôpital Central de Gotham, 14h23
Dans les couloirs blancs et vides de l'hôpital, les médecins semblèrent surpris de voir un personnage aussi important de la ville. L'illustre nouveau commissaire marchait d'un pas lourd vers une chambre. Chambre à laquelle il avait beaucoup pensé ces derniers temps, chambre qui l'avait presque tourmenté dans son sommeil à force de se torturer l'esprit. Ce n'était autre que l'endroit où se trouvait sa nièce, seule rescapée de la tuerie de la discothèque de Blüdhaven et peut-être même miraculée de ce désastre. Elle se trouvait dans la partie "réhabilitation" du bâtiment, la chambre 56 pour être précis.
La chambre de "Katty Beker" était peut-être l'une des plus connues de l'hôpital. Cette fille que le Justicier d'Etat avait ramenée en sang et dans un état proche de la mort avait préoccupé les chirurgiens et les médecins pendant plusieurs semaines. Au départ, ils l'avaient mis dans le coma pour éviter que la douleur ait raison d'elle et il en avait profité pour amputer sa jambe en mauvais état. Les messages que son père envoyait au vieil Andrew n'était jamais réconfortant sans pour autant être alarmiste, elle semblait se remettre peu à peu de son aventure dramatique mais elle en porterait les séquelles toute sa vie.
Le médecin en charge avait dit aux parents qu'elle ne pourrait plus jamais faire usage de ses jambes, sa moelle épinière était gravement touchée et l'usage d'une chaise roulante était obligatoire pour elle. De plus, sa cure de désintoxication aux substances qu'elle avait ingérée avait été longue et éprouvante. Son père, Georges, avait même raconté rapidement à Andrew qu'une soirée, ils avaient dû l'attacher au lit tellement elle convulsait à cause du manque. Tout le corps infirmier était d'accord pour dire qu'ils n'avaient presque jamais vu quelqu'un dans un état de souffrance pareil, la drogue l'avait ravagé.
Le commissaire n'allait pas rendre visite en tant que parrain aujourd'hui, il voulait des réponses. En tant que Justicier d'Etat, il se serait grandement compromis à aller demander des informations à la gamine mais en tant que commissaire, il avait carte blanche. De plus, il devait rester très évasif sur le sujet. Massacrer une quinzaine d'innocents, même drogués et en manque au point de se montrer agressif, n'était pas dans les attributions d'un justicier d'Etat. Si quelqu'un tombait malencontreusement sur le fin mot de l'affaire, l'Artiste ne serait plus que considéré comme un horrible criminel.
Une fois son esprit remit à niveau, Blake chassa rapidement son angoisse en posant sa main sur la porte. Il l'ouvrit délicatement mais le bruit grinçant du métal le trahit directement. La jeune femme tourna directement son regard vers une figure familiale à ses yeux alors qu'Andrew posait son regard sur elle comme un témoin à risque.
"Bonjour parrain ! Quelle bonne surprise de te voir ici !" fit la gamine en ouvrant grand les bras dans l'espoir de recevoir un câlin. "Papa m'a dit pour ta nomination au poste de commissaire, t'es dans les petits papiers de la maire on dirait."
"Effectivement." répondit le vieux en faisant une grimace cachant son gêne. "Tu te remets bien de tes blessures ? Ton père m'a tenu informé pendant tout ce temps mais je n'ai pas eu vraiment le temps de venir te visiter, excuse-moi."
"Oh tu sais, les médecins sont confiants. Ils disent que je pourrai sortir dans un petit mois si tout va bien. Bon ok, c'est plus pareil sans mes jambes mais c'est de ma faute alors je ne vais pas me plaindre." enchaîna Katty en faisant un sourire qui avait tout l'air d'un masque contre la tristesse.
"Tu as bien de la chance que cet homme t'ait sauvé ce jour-là on dirait... Tu ne sais toujours pas qui c'est d'ailleurs ?"
"Inconnu au bataillon ! Papa dit que c'est un homme qui avait un compte à régler avec le dealer mais je ne vois pas pourquoi il m'aurait sauvé alors... Tous les autres ont été tués de toute manière..." répondit la fille en regardant le mur en face d'elle d'un air vide. "Mais assieds-toi donc, ne reste pas debout à ton âge vieille crapule !"
Le vieux alla s'asseoir sur le siège vert à côté de sa nièce. Il regarda rapidement le pansement qu'elle avait sur son genou qui était dorénavant tout ce qui lui restait du bas de son membre. Il ne put s'empêcher de penser au morceau de chair lui tombant dans les mains à la sortie de la discothèque ainsi que la silhouette de l'homme prenant la fuite. Il aurait sa peau, il le tuerait et exposerait son corps en public, ce n'était qu'une question de temps. Une fois assis, la gamine lui prit la main et la serra fort. Elle ne semblait pas comprendre la raison de la venue de son parrain dans la pièce.
"J'ai plusieurs questions à te poser pour l'enquête." commença-t-il doucement. "Je sais que Blüdhaven n'est pas dans ma juridiction mais le criminel pourrait se cacher à Gotham donc je tiens à prendre mes précautions."
"Fais donc ton travail, tu es encore en service à cette heure-ci de toute façon."
"Est-ce que l'homme qui dirigeait la discothèque t'a donné un pseudonyme ? Quelque chose qui pouvait permettre de remonter jusqu'à lui ? Ou te souviens-tu d'une caractéristique marquante à son sujet ?"
"Non je ne me souviens pas de grand-chose à son sujet... Pas de nom ou de pseudonyme dont je me souviens. Il ne disait presque rien mais avait une attitude très malsaine. Il ne posait pas de questions tant qu'il recevait de l'argent. La seule chose qui m'avait marqué était sa tendance à avoir une espèce d'accent allemand de temps à autre, mais c'est tout... Désolé parrain."
"Ce n'est rien, je vais retourner au commissariat et noter ton témoignage. Merci de ta sincérité Katty, j'ai entendu que tes parents allaient te transférer dans une école près de Washington. Est-ce vrai ?"
"Oui, ils m'ont dit que Gotham m'avait déjà fait trop de mal donc je vais dans un école privée près de Washington, j'espère que je m'y plairai."
Andrew ne répondit pas, il se contenta juste de se lever pensif et de faire un baiser sur le front de sa nièce avant de partir tel un fantôme du local. Il ne savait que penser, cette affaire était tellement sombre et pourtant il se sentait si proche du but... Il lui fallait l'aide de quelqu'un spécialisé dans les enquêtes, il devait bien y avoir quelqu'un au commissariat qui pouvait s'en charger... Ou plutôt, être manipulé pour trouver le coupable et permettre ainsi à l'Artiste de se venger...
Commissariat de Gotham, 16h34
Le commissaire avait bien pris le soin de réunir tous les dossiers sur l'affaire sur son bureau. Certes, il n'y avait pas grand-chose au vu du maigre tas de papier. En fait il n'y avait quasi-rien hormis la déposition de sa nièce et l'état des lieux du comté de Blüdhaven. Il y avait aussi les rapports des médecins légistes sur les nombreux cadavres mais cela ne l'intéressait pas, après tout c'était lui qui les avait tué. Il ne lui manquait plus que l'inspecteur qui allait travailler pour lui, celui qui allait trouver le pot aux roses.
Il passa rapidement les fiches des divers inspecteurs au peigne fin. Son attention fut directement portée vers une fliquette qui avait de l'expérience derrière elle. Anna Ramirez, connue pour avoir fait divers fait d'armes contre certains criminels de la ville dont le terrible Bane dont le nom même fait trembler les unités policières. C'était elle qu'il lui fallait, c'était elle qu'il fallait manipuler pour obtenir l'identité de cette espèce de nazi directeur de discothèque.
D'un geste décidé, le vieil homme appuya sur l'interphone et demanda au secrétariat d'un ton extrêmement sérieux :
"Appelez-moi l'inspectrice Ramirez, je la veux dans mon bureau dans une dizaine de minutes."
De son autre main, il sortit deux tasses de son tiroir ainsi que son thermo de café. Il versa le liquide dans les deux verres puis étala le dossier sur la table en face de lui pour exposer la chose à la femme. Espérons qu'il ne se soit pas trompé à son compte, l'échec n'était plus possible face à l'allemand inconnu.
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| | | | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Mar 23 Juil - 11:38 | |
| Commissariat de Gotham City, 16h42L'enquête flanchait. Aucune piste, mais la balle retrouvée dans le front de la victime avait indiqué le nom de l'arme, cependant, il y'avait énormément de gens qui avaient ce type d'armes dans Gotham, loi des armes libres à la con tiens, et pour remonter au vendeur, cela n'allait pas être un luxe. Dommage. Pourtant je relis en boucle le dossier, je lis, je lis, et vraiment j'essaie de trouver le moindre truc qui permette de donner une information sur le modus operandi des deux agresseurs. On ne tue pas une bande de bonhommes comme ça ? Sans laisser de traces visibles ? On avait retrouvé sur les lieux un composé chimique qui avait sans doute drogué l'ensemble des victimes, mais on était pas vraiment sur avant d'avoir les résultats du labo. Une barre chocolatée en guise d'énergie portable, j'observe attentivement ce qui entoure le dossier. Mais rien a faire pour le moment, le mieux, c'est que l'indic' sera un meilleur choix pour donner des rensignements s'il en avait bien entendu. C'était pas une joie de travailler ce merdier, trop de cadavres, de quoi dégueuler, et j'ai suffisament vu de cervelles en bouillie pour le restant de mes jours. Pourtant, y'a un truc qui cloche. Un truc qui ne colle pas avec tout ça, les criminels sont toujours des bêtes égocentriques, toujours à l'affût de la moindre reconnaissance, et là, aucune revendication, aucune envie de se faire connaitre, étrange. Plus les jours ont passé, plus c'était le parcours du combattant. J'avais beau me farcir des nuits blanches, chercher le moindre contact avec mes réseaux dans le Cartel Mexicain, rien. Personne ne savait rien, personne n'avait rien entendu. Sanchez, un des internes du GCPD m'appelle, il ouvre la porte du bureau des Inspecteurs avec une légère précipitation.
Sanchez - "Inspectrice Ramirez, le Commissaire veut vous parler."
Merde, merde et merde. Trop peu d'indices, trop peu de fiabilités, et j'allais surement me faire engueuler. Mes meilleures pistes, c'était ce pauvre type d'Etienne Guibourg, le Priseur.
C'était la seule chose que ce témoin se souvenait avoir vu. De loin, bien entendu. C'était pas spécialement le genre d'affirmations, mais si on a utilisé du gaz, c'est que la théorie du Masque à gaz peut être une bonne piste. Après, il fallait trouver le bon suspect. Je prend mes dossiers en cours, trois dossiers pour être précise et je me dirige à la hâte vers le bureau. Je toque et je rentre avant de saluer le commissaire. Je ne l'avais pas encore rencontré, mais j'étais sûre d'une chose, il semblait être vraiment dans la réalité de la condition de flic à Gotham.
- "Vous vouliez me voir, Monsieur le Commissaire ?" |
| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 29/12/2012 Nombre de Messages : 171 Vous à Gotham : Ancien commissaire de la ville. Possède une double identité en tant que justicier d'Etat sous le nom de l'Artiste et en tant que commissaire sous le nom d'Andrew Blake. Citations : Chapeau, L'Artiste. | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Mar 23 Juil - 15:00 | |
| L'attente fut fort heureusement courte. La jeune femme ne semblait pas aimer faire attendre les gens - contrairement au commissaire qui avait toujours pris cette mauvaise habitude d'arriver en retard à chaque conférence ou réunion. Alors que le vieil homme finissait rapidement le fond de sa tasse de café en face de lui, il entendit des pas hâtifs dans le couloir, le tout se rapprochant furieusement du bureau d'Andrew. Avant que la jeune femme entre, il disposa la tasse de café pleine en face de la chaise en face de lui alors qu'il s'en reversait une pour lui-même.
Une fois Ramirez dans le bureau, le commissaire resta silencieux et répondit brièvement par un signe de tête à la salutation de la jeune femme. Elle posa rapidement la question que n'importe qui poserait dans la même situation mais le vieux lui donna comme réponse un geste de la main en direction de la chaise en face de lui, l'invitant à s'asseoir. L'inspectrice bien obligée d'obéir s'exécuta alors qu'Andrew la fixait du regard, elles n'étaient pas si mal que ça les fliquettes du commissariat après tout. Mais trêves de plaisanteries, l'heure n'était pas aux pensées malsaines et aux plaisanteries mal placées. Il fallait retrouver ce malade.
"Inspectrice Ramirez, c'est un plaisir de vous rencontrer." commença le commissaire tout en tendant une poignée de main vers la femme assise en face de lui. "Vous devez sûrement savoir la raison de votre présence ici, n'est-ce pas ? Sinon vous en seriez pas inspectrice au GCPD je présume. Cette fameuse enquête sur la tuerie à Blüdhaven est, je vous l'accorde, un véritable casse-pipe et sûrement une des plus dures de votre vie mais j'ai réussi à avoir la déposition d'une jeune fille rescapée de ce massacre. J'espère qu'elle vous aidera à attraper notre inconnu."
Le commissaire s'empara rapidement de la farde en carton où il avait noté quelques dizaines de minutes auparavant la déposition de sa nièce prise plus tôt. Il la relut lentement pour être sûr de ne pas avoir commis d'erreur puis la tendit vers la jeune femme d'une main amicale, un léger sourire sur les lèvres. Il attendit bien évidemment que la femme ait fini de lire avant de continuer la suite de la discussion. Il fallait la jouer fine, le vieux n'oubliait pas qu'il était fortement impliqué dans ce massacre d'innocents.
"Cette jeune femme qui a été interrogée n'est autre que ma nièce. Vous n'êtes pas sans savoir que normalement les dossiers racontent qu'il n'y a eu aucun survivant. Cela était voulu, je l'ai protégé de manière à ce que le coupable ne la retrouve pas pour la faire taire." expliqua le commissaire tout en buvant une gorgée de café. "Elle m'a raconté qu'un homme était venu réglé ses comptes avec le taré qui dirigeait la discothèque et vendait de la drogue à foison. Apparemment il l'a récupérée et emmené à l'hôpital en voyant son état critique. Malheureusement elle ne souvient pas de qui était son mystérieux sauveur, la malchance nous guettent de plus en plus Madame Ramirez..."
Andrew passa ensuite rapidement en revue les autres dossiers. C'était une chose qu'il avait déjà fait et refait sans cesse mais il voulait trouver le moindre indice permettant de remonter à l'homme responsable de tout cela. Il voulait le retrouver pour se venger, il voulait le retrouver pour le tuer et le regarder mourir un sourire aux lèvres. Cependant il ne se sentait pas à l'aise de manipuler de la sorte une de ses subordonnées pour arriver à ses fins, là n'était pas ses méthodes. Lui qui préférait mettre les choses au clair tout de suite se retrouvait à mentir à une jeune femme pour trouver son ennemi. Mais le diction ne disait-il pas : "la faim justifie les moyens" ?
"La seule chose dont elle se souvenait à propos de son agresseur était un accent allemand. Ce qui me parait plutôt bizarre car je n'ai pas recensé de directeur de discothèque avec un nom à consonance allemand dans les registres..." enchaîna le commissaire. "Il a peut-être usé d'une fausse identité pour ne pas se faire attraper, après tout c'était un important dealer de drogue chez les jeunes personnes. Il faudrait chercher dans les bas-fonds de Gotham des personnes qui ont des informations à propos d'un allemand dans le milieu criminel à mon avis."
Il avait peut-être trouvé une piste possible pour l'inspectrice en face de lui. Il devait bien exister un perdu dans cette ville capable de dire si un homme d'origine allemande essayait de se faire une place dans la jungle du crime gothamite. Andrew ne parlait pas par-là d'aller tout de suite sortir la cavalerie pour partir à l'assaut des barons du crime mais plutôt d'agir discrètement et d'aller voir les taupes ou les indics dans les quartiers chauds de la ville. L'East End ou Chinatown semblait être peut-être les deux meilleurs endroits pour cela.
"Et vous inspectrice Ramirez, avez-vous réussi à réunir des réponses de votre côté ? Je sais que ce n'est pas une tâche facile pour vous mais si un malade pareil se balade dans les rues de Gotham, notre population est en grand danger. Que pensez-vous de l'idée d'aller chercher des preuves chez les indicateurs ?"
Le commissaire attendit patiemment la réponse en appuyant son dos sur le dossier de sa chaise. Il regarda aussi rapidement son horloge murale, il était presque dix-sept heures et la journée n'était pas prête d'être finie.
Dernière édition par Andrew Blake/L'Artiste le Mar 23 Juil - 16:28, édité 2 fois |
| | | | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Mar 23 Juil - 16:02 | |
| Le Commissaire ne disait pas un mot, juste une invitation a m'assoir, légère peur. Je m'assied donc dans la chaise, attendant patiemment ce que me veut le nouveau commissaire. Il avait l'air d'être un vieux mâle bourru, un peu pompeux, enfin en apparence, restait a savoir s'il avait mérité la réputation qu'on lui donnait au bureau. Je n'avais pas participé à la reprise de Park Row, mais on m'avait dit qu'il avait réussit son coup, malgré la destruction du tribunal Solomon Wayne. Seuls mes yeux bougent, je le regarde gesticuler avant de l'entendre parler.
Le Choc fut terrible. Il avait une nièce ? Survivante de cette tragédie à Blüdhaven ? Bordel, c'était vraiment le coup de chance. Le miracle qui pourrait surement aider à mettre le mot sur toute cette affaire. A moins que celle-ci ne se rappelle de rien, ce serait bien dommage. Prenant la farde donnée parle commissaire, je pense que ceci pourra s'avérer utile si on avait des concordances avec d'autres pistes que nous étions susceptibles d'utiliser. Je garde le silence, j'attend qu'il termine, c'est mon supérieur et je ferme ma gueule, autant passer pour ce que je suis, une inspectrice qui fait l'usage de ses cinq sens pour résoudre les enquêtes.
Un accent allemand ? Voila qui réduisait énormément la liste des suspects. On pourrait faire le contrôle des arrivées à Gotham et chercher pour quelqu'un en provenance d'Allemagne qui aurait demandé une carte de séjour à durée indéterminée ? Peut-être. Quelqu'un qui s'y connait en drogue et en poisons, cela pourrait vite nous permettre de mettre la main sur cette ordure qui a fait ça. On pourrait aussi choper le soit-disant Sauveur de la jeune nièce du Commissaire, histoire qu'il réponde de ses actes devant la justice. Il y'a eu des morts, innocents oui, mais des victimes quand même. Nul n'était exempté de la loi.
Le Commissaire veut maintenant mes dernières notes sur cette fameuse enquête. Je me lève et je dépose mes trois dossiers sur le bureau du commissaire. Trois affaires sur lesquelles on attendait mes conclusions. C'était le moment de faire mon rapport, et de montrer que j'en avais dans la caboche. Mais bien entendu, c'était un peu comme une victoire pour moi d'en être là où j'en étais, issue des minoritées, et lesbienne en plus, c'était pas gagné. Gordon m'avait couvert mon homosexualité, sous prétexte qu'avant, on embauchait pas les marines et les policières. Mais Gordon m'avait fait confiance et c'était un mec réglo. J'espère que le nouveau commissaire n'en sait rien. Revenons-en aux dossiers, je les déplie et je montre chacune des affaires que je traite.
- "Monsieur Blake, voila les dernières avancées. Pour le cas de Cole Ridman, retrouvé mort dans son appartement, pendu les mains attachées, nous avons découvert sur les lieux du crime un objet qui fut cassé et réparé aussitôt. Le prévenu recherché est Humpty Dumpty, en fuite depuis l'émeute à Arkham. Pour le deuxième cas, l'équipe dans laquelle je travaille, planchons sur les derniers imports de Falcone Corporations, des pâtes dans des caisses, banal. Mais nos indics prévoient une arrivée massive d'armes dans trois jours par le comté de Kane."
Je referme les deux dossiers au fur et à mesure qu'ils semblent parfaitement résolus. Enfin pas tout à fait, mais on y planchait hein ? Fallait juste pas se louper dans les timings.
- "Pour ce qui est du cas de Blüdhaven, nous avons un suspect, Etienne Guibourg, issu d'Europe de l'Ouest. il pourrait correspondre à notre suspect à cause du Masque à gaz, puisque vous avez sous-entendu qu'il avait l'accent allemand. Nous sommes en train d'analyser les différentes parties de la drogue utilisée, mais c'est difficile de trouver les composés utilisés. Cependant, nous avons retrouvé des balles appartenant à ce sauveur et nous essayons tant bien que mal d'arriver jusqu'au détenteur de l'arme. On y arrivera et une fois que nous l'aurons, nous l'interrogerons. Ce dossier est complexe, il n'y a ni mobile, ni raison à ce bain de sang. J'ai déjà mis mes indics sur le dossier, les cartels mexicains, chinois et russes n'ont pas donné de réelles avances. Quelques pistes, vagues, sans intérêt. Je compte faire infiltrer quelques contacts dans le noyau dur, et toucher les fous d'Arkham."
Je laisse le dossier ouvert, il fallait qu'il regarde les différentes notes, je ne touche pas encore à mon café, je n'ai pas spécialement soif mais d'abord le travail, le repos après. Autant se prendre un peu de loisir après. |
| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 29/12/2012 Nombre de Messages : 171 Vous à Gotham : Ancien commissaire de la ville. Possède une double identité en tant que justicier d'Etat sous le nom de l'Artiste et en tant que commissaire sous le nom d'Andrew Blake. Citations : Chapeau, L'Artiste. | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Mer 24 Juil - 15:07 | |
| L'inspectrice semblait bien réagir aux dires du commissaire. Elle ne posait pas de questions dérangeantes et se contentait d'obéir et de répondre, un brave petit soldat en quelque sorte. Elle semblait cependant être en difficulté avec l'inconnu de la discothèque, chose qui semblait tout à faire normal pour Andrew qui lui non plus n'avait rien trouvé d'extravagant au sujet du vendeur de drogue mystère. Cette affaire était un véritable casse-pipe, même pour l'inspecteur le plus doué de la ville apparemment. Mais ce n'était qu'une question de temps.
Ramirez semblait vouloir détourner premièrement le sujet sur les deux enquêtes qu'elle avait presque résolue. Cela ne dérangeait en rien le vieux commissaire qui préférait de temps en temps recevoir des informations positives que du négatif à vous en détruire les oreilles. L'homme restait silencieux, comme à l'habitude, pendant que la jeune femme énonçait ses réussites. Une fois qu'elle eut fini, elle parla rapidement d'un suspect pour la discothèque, c'était toujours cela de pris après tout. L'idée des indics parmi les fous d'Arkham est une bonne idée aussi, le Ventriloque et le gang du Fool devait en savoir peut-être un peu sur cet allemand.
"Très beau progrès sur ces affaires, inspectrice Ramirez." lança le commissaire à la femme tout en s'emparant des deux dossiers résolus sur la table. "Pour le cas de ce "Humpty Dumpty", je vais faire passer le mot à toutes les unités disponibles et ordonner son arrestation à vue. Si vous avez un quartier que vous soupçonnez être sa cachette, je renforcerai les patrouilles dans le territoire pour essayer d'attraper cette andouille. Si nous arrivons à l'avoir, cela fera au moins un évadé de moins sur notre longue liste. C'est du beau boulot, félicitations."
Le commissaire s'empressa ensuite d'ouvrir l'autre dossier sur la fameuse Famille Falcone. Les Intouchables de Gotham comme on les appelait. De tous ils étaient connus pour être une des pires familles mafieuses de Gotham et cependant ils arrivaient toujours à s'en sortir blanc comme neige grâce à leur corruption et leurs avocats pourris au possible. Il était clair que la police ne pouvait rien face au parrain qu'était Carmine mais arrêter ses petites frappes était toujours quelque chose de bénéfique du point de vue d'Andrew.
"Faites attention à ne pas vous brûlez les ailes avec le cas Falcone." continua le vieux en refermant le dossier tout en buvant une gorgée de café. "Vous connaissez comment est ce vieux ripou. Un vice de procédure et ce sera encore nous les coupables de l'affaire malheureusement. De plus nous n'avons encore presque aucune chance de pouvoir l'inculper pour trafic d'armes, il s'en sortirait encore intact. Cependant, si vous arrivez à faire enfermer ses soldats à Blackgate, eux n'arriveront jamais à payer la caution de libération... C'est toujours cela de pris non ?"
Une fois les deux affaires conclues, Blake referma les fardes puis les rendit à l'inspectrice d'un geste de la main. Il resta pensif une petite minute sur le cas de la discothèque et repensa à ce que la jeune femme venait de lui dire. Et si l'information capitale de cette enquête était en fait de le composé de la drogue ? Il fallait peut-être l'aide d'un expert dans le sujet pour débusquer ce fantôme après tout. Et il devait bien y avoir un rat de laboratoire prêt à aider la police dans cette affaire, il suffisait de regarder le registre après tout.
"Je vais contacter un homme pour vous aider dans votre affaire, inspectrice Ramirez." fit Andrew à la femme tout en cherchant dans le registre. "J'ai sous la main un certain Karl Hellfern, spécialiste en toxines. Je le contacterai au plus vite pour qu'il vienne vous aider avec l'analyse du laboratoire. En attendant, appréhendez notre suspect et mettez-le en détention. Si nous retrouvons le même composé sur lui que dans la drogue, il est forcément notre coupable."
Le commissaire referma le livre tout en regardant une dernière fois le prénom de l'homme. Il était rare de voir le nom "Carl" écrit avec un K dans les contrées américaines. Sûrement un fils d'émigré allemand, il saura peut-être informer l'inspectrice sur ses connaissances dans la communauté germanophone qui sait ? En attendant, il fallait focaliser la femme sur le criminel et non sur lui. Si elle arrivait à remonter jusqu'à l'Artiste tout serait fichu, il fallait trouver l'autre avant lui.
"Une dernière chose inspectrice." lança le commissaire en souriant vers la jeune femme. "Nous vous préoccupez pas trop de ce prétendu sauveur pour le moment, son tour viendra plus tard bien évidemment. Je préfère coincer un dangereux vendeur de drogue qu'un sauveur de jeunes filles en détresse, si vous voyez ce que je veux dire."
Dès que sa phrase fut finie, Andrew se leva de sa chaise pour raccompagner la jeune femme vers la sortie. L'expert en toxine allait arriver incessamment sous peu et il n'allait pas la retenir plus qu'il ne le fallait.
"Vous faites fureur dans le commissariat on dirait." conclut le vieil homme en ouvrant la porte. "J'ai vu sur votre dossier votre orientation plutôt inhabituelle. Enfin, chacun sa vie privée après tout. Tant que vous ne volez pas toutes les femmes aux hommes, je ne vais pas vous retenir plus longtemps ! Vous pouvez disposer, et bonne chance."
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| | | | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Sam 27 Juil - 21:43 | |
| Karl Hellfern ... C'est moi où la consonnance + le métier est étrangement similaire ? Passe sur le métier, je veux bien qu'on ait des spécialistes ... Mais quand même. Oh et peut-être que je me fais des idées, c'est peut-être un autrichien, où une espèce de russe décérébré qui vient du fond du trouducul de la Sibérie, même si Karl est un prénom prédestiné, pourquoi avoir des doutes ? S'il était dans la police, c'est que son casier était vierge. Tu commences a délirer ma pauvre Anna, faut arrêter le café, ça ne va plus.
"Ok, Commissaire, je me concentrerais sur l'ordure qui refile ses merdes."
Bon, le Commissaire voulait d'abord enrayer la menace avant de s'attaquer aux autres problèmes qui entouraient le labyrinthe qu'était cette affaire. C'est pas un problème dans un sens, la seule chose a savoir, c'était comment un expert allait m'aiguiller sur la bonne voie. Il avait l'air réglo malgré ses airs à la Rambo du Vietnam. Il semblait ne pas être un partisan du "Je m'en branle comme pas deux" et semblait s'investir dans toutes les affaires qui passaient. De toutes évidences, on en avait un bon.
"Ne vous en faites pas de ce côté-là, je ne mélange pas ma vie professionnelle avec ma vie personnelle."
Bien entendu, c'était faux.J'avais eu une relation avec une ancienne femme du GCPD, Renée Montoya. C'était un peu mal goupillé, surtout lorsqu'on a cassé. Cela a fait mal et elle a demandé sa mutation dans un autre Central de la ville. J'avais merdé lamentablement ce coup, et Gordon m'en avait voulu pour un moment.
"Monsieur ..."
Avant qu'il ne me sorte de son bureau, j'avais besoin de poser quelques questions, des questions plus personnelles. Enfin, c'était plutôt une affirmation, ou une déclaration ? Qu'est ce que j'en sais ? J'ai du mal avec toutes ces tournures de phrases et c'était déjà pas le plus amusant pour en parler.
"Quelles sont vos vraies ambitions pour Gotham ? La plupart des collègues, après Park Row, sont intrigués et admiratifs, mais ... Rassurez-nous, ce n'était pas un coup de pub n'est-ce pas ?"
Je reste devant le seuil de sa porte, attendant sa réponse. D'ici quelques instants, le dénommé Karl ferait son entrée dans ma vie pour me parler de ses expertises. Mais pour ce qui était du commissaire Blake, j'avais besoin d'être sure qu'il suivrait la voie du Commissaire Gordon ou celle de Loeb.
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| | | | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Mar 30 Juil - 21:47 | |
| L'appartement de Kal subissait les affres de sa vie professionnelle hyperactive à un point qu'il ne l'admettait plus lui même. Au milieu de piles de revues scientifiques bourrées de marque-page, une table de petit déjeuné entièrement dévolue à la dure tâche d'être une paillasse d'expérimentation légère, un frigo remplit d'échantillon de toxines plus que de nourritures, l'on en venait à se demander si l'individu vivait réellement. Alors qu'il terminait un café noir particulièrement serré, le Herr Doktor admirait la réaction de l'un de ses nouveaux composants. Il tenait la lame d'expérience entre ses mains et observait la diffusion de la lumière au travers de la vitre qui donnait sur la ville de Gotham. Il eut un petit sourire satisfait mais son horloge digitale lui indiqua qu'il était temps pour lui de se préparer à son rendez-vous de la journée. Il reposa délicatement son expérience et laissa tomber sa tasse salle dans sa poubelle, il n'aurait de toute façon pas le temps de la laver, il en rachèterait une sur le chemin. Il se regarda dans le miroir qui trônait dans sa chambre. Récemment pris dans la tourmente de sa double vie, Karl avait malencontreusement vu son masque à gaz préféré fusionner littéralement avec la peau de son visage(1). Une réaction sinistre qu'il n'avait jamais réellement cru possible. Voir sa peau, dont la capacité régénérante était accrue par le NKV, cicatriser sur le textile composite qui avait atteint sa température de fusion n'avait pas été sans le surprendre. Heureusement il avait grassement payé Le Ventriloque (2) pour être libéré de cette malédiction. Son masque avait été réparé, mais son visage était encore marqué ça et là. Ses injections de produit l'aidait à guérir, mais il ne pouvait hélas pas vaincre toutes les limites de son corps et de la Nature. Il passa une main blafarde sur la longue cicatrice qui descendait de sa tempe droite vers son cou, zébrant sa joue habituellement si belle, rendue famélique par la malnutrition qu'avait impliqué sa semaine de nutrition à la perfusion. Ses yeux azurs étaient sinistrement soulignés par des cernes de fatigue qui peinaient à disparaître. Décidément, Gotham laissait bien des marques sur lui. Il vivait pleinement les changements de son existence et comptait bien suivre le mouvement plutôt que de se laisser prendre de vitesse et risquer une chute bien plus douloureuse. Plus question d'avoir l'air décontracté. L'image lointaine d'une Berlin en plein oubli, en quête d'une identité après tant de revirements historiques s'estompait dans l'esprit tourné uniquement vers la Guerre et le meurtre. Karl avait toujours vu sa vie de façon délétère et c'était complu dans un habillement sobre, détendu, insouciant. tout cela était terminé. Il enleva les bandages souillés de ses bras pour les remplacer par des propres. Ses veines étaient de plus en plus dégradées par ses traitements et il savait qu'il devrait se payer le luxe d'une opération clandestine de premier ordre s'il tenait à survivre dans les prochaines années. Il enserra ses pansements avec de la bande adhésive médicale avant de boutonner sa chemise blanche comme la mort qui relevait quelques peu ses couleurs anémiques. Il ferma jusqu'en haut cette dernière, bloquant sa gorge maigre dans son col haut. Il se saisit d'une cravate en soie d'un noir d'ébène et l'épingla avec une perle rouge sang. Son reflet dans le miroir lui arracha un sourire pâle. Il ferma soigneusement le gilet qui était assorti à sa cravate. C'était étrange toutes les similitudes qu'il y avait entre un uniforme de parade et un costume trois pièces, on sentait une succession de tissus se piéger les uns les autres, assurant ainsi une posture droite et fière, tout en dévoilant votre statu aux autres et lorsque l'on se regardait dans le miroir on se sentait investi par une autre énergie. Une étrange puissance purement sociale. Naturellement Karl se sentait supérieur au commun des mortels et se savait en bien des points artificiellement supérieur, mais voir ainsi sa tenue concorder avec sa Nature le remplissait d'une certaine joie. Il saisit sa veste en songeant à la raison de cette convocation qui traînait sur la pile de courrier éventré que son meuble d'entrée. Le GCPD, institution en pleine dérive sachant ce qu'elle devait faire, ignorant tout du comment elle devait s'y prendre, le réclamait une nouvelle fois. Il avait cru déceler en ce nouveau commissaire un je-ne-sais-quoi de meurtrier, Park Row avait été une belle démonstration, mais après? Il s'était enfoncé dans une ligne de conduite classique, banale, ennuyante et monotone. Il soupira en ajustant la position de sa veste. Il devait le faire, il le savait, le GCPD était une bonne couverture, excellente même et il avait l'avantage d'avoir quelques détails sur les agissements de ses adversaires. On lui avait fait analyser quelques composants depuis quelques mois, mais cette nouvelle affaire semblait différente, on ne lui avait transmis aucun échantillon préliminaire. Il descendit et rencontra sa logeuse qui balayait nonchalamment le pas de sa porte. Elle le faisait avec une telle régularité que l'on aurait pu se demander comment son carrelage faisait pour ne pas briller comme s'il eut été poli. A l'entendre il devait être aussi contrariant que son ex-mari parti avec une jeune étudiante du troisième étage. Enfin, du troisième étage d'il y a 10 ans. Karl ne lui parlait jamais, elle parlait pour deux, il se contentait d'un "madame" pour la saluer au matin et au soir. Alors qu'elle entame un long monologue sur la difficulté de la vie dans une ville aussi cruelle et pétrie par le crime, il s'excuse très poliment en regardant sa montre et entreprend de quitter le perron de son immeuble. Son taxi l'attend. Il met son chapeau avant d'entrer à l'intérieur et le tient lorsqu'il en sort. Le commissariat, à peine reconstruit tentait de donner l'illusion qu'il n'avait jamais réellement disparut. Des fenêtres du rez-de-chaussé protégées par des grilles, des voitures de polices alignées en sa devanture, sans compter le ressac incessant de la foule qui rentrait et sortait. Des agents en costumes discutaient, une cigarette ou un café à la main et observèrent l'étrange individu progresser en leur direction. Karl avait troqué son manteau de cuir pour un manteau plus habillé de feutre noir à doublure rouge carmin, tant est si bien que le vent taquin donnait l'impression de le faire claquer tel un oriflamme de guerre. Ses deux mains, qu'il avait ganté de cuir se portèrent à son chapeau lorsqu'il tint à saluer aimablement une sergent qui profitait de sa pose. L'éducation hélas était un élément qui se perdait, regrettait-il. Il n'eut le droit qu'à un rictus amusé de la part du groupe et préféra ne pas relever. Il gravit l'escalier en esquivant quelques petites frappes raccompagnées à grand renfort de menottes vers une voiture de policer pour être dirigé vers le Palais de Justice. Ce qui était un murmure dans la cité grouillante de vie devint une cacophonie lorsqu'il poussa la porte d'entrée. Sonneries de téléphones, embrouillaminis de conversations, pas de course, bruit d'imprimantes dans un concert de cris qui devaient passer par dessus des cloisons plastiques qui s'arrêtaient à mi-hauteur d'Homme, tout semblait fait pour ne laisser aucune chance à un quelconque son de traverser cette canopée assourdissante. Enlevant son chapeau, révélant ses cheveux abîmés par ses expérimentations scientifique, le docteur s'approcha de l'accueil où une jeune femme peinait à faire comprendre à l'autre bout du fil qu'il était au commissariat de police et pas chez Pizza Express. Elle raccrocha en soupirant de désespoir. Elle tourna un visage que d'aucun aurait qualifié d'ange mais que Karl notifia comme étant rongé par les cosmétiques, vers le nouvel arrivant. Il reconnut quelques rides au bord de ses yeux et de ses lèvres, signe qu'elle aimait rire; elles viendraient bientôt lui donner du charme aux yeux de son ou ses compagnons, mais finiront par creuser des sillons semblables à des tranchés achevant de la "dévisager". Dure malédiction que de voir le monde se décomposer en restant une sorte d'être inaltérable. Il la gratifia d'un sourire poli. - Bonjour, fit-il avec une voix emprunte d'un puissant accent allemand. Herr Doktor Karl Hellfern, j'ai été convoqué par votre Commissaire.Il ponctua sa petite phrase d'un sourire aimable, quoique forcé. La jeune femme hocha de la tête affirmativement et saisit la pièce d'identité que lui avait donné le Docteur en même temps que sa convocation. Elle décrocha le combiné pour appeler l'un de ses collègues. - Veuillez patienter à côté, lui lança-t-elle en lui indiquant des sièges qui s'alignaient le long d'un bureau, elle lui tendit un badge où était frappé le nom "Visiteur". - Vous devriez arrêter les cosmétiques, commenta-t-il en repliant sa convocation, ils vont finir par ronger votre peau et ravager votre beauté. L'on ne viendra plus à vous apprécier à votre juste valeur. Puis il partit, laissant l'hôtesse d'accueil se remettre de son toupet, la bouche grande ouverte. Le docteur n'eut pas le temps de s'asseoir qu'un type, visiblement peu souriant, vint à sa rencontre. Derrière eux, l'hôtesse se regardait dans un miroir de poche. - Rendez-vous du commissaire? demanda le policier avec une tonalité qui laissait penser que le réchauffement planétaire n'était qu'une illusion lointaine. - Ja, répliqua le docteur en observant les débuts de cheveux grisonnant qui blanchissaient les tempes de l'individu. Lui-même. Ils marchèrent dans le plus grand silence jusqu'à la salle d'attente du bureau du Commissaire. - Veuillez prendre place, indiqua le policier. Karl lissa son manteau pour s'asseoir convenablement. Il ne lui restait plus qu'à attendre que l'on ait besoin de lui. Ce qui ne mit pas longtemps à arriver. Une femme plutôt vieille à la démarche sculptée par son surpoids visible s'approcha de lui. Son visage était souriant, rosée par une vie que connaissaient bien les amateurs de bonne chair. L'expression glaciale de l'invité du commissaire la fit hésiter avant qu'il ne se force à y dessiner un sourire. Sa cicatrice s'étira et déforma d'avantage son visage émaciée. - Monsieur Hellfern? Vous pouvez rentrer, annonça-t-elle très aimablement. Le scientifique se leva sans attendre et remercia cette dame dont il estimait l'espérance de vie à environ 5 années, si elle faisait quelque chose pour ses articulations. Elle frappa à la porte et l'ouvrit pour laisser la silhouette sinistre du docteur se dessiner dans son encadrement. - Bien le bonjour, lança-t-il avec sa voix la plus aimable quoique toujours fort teintée de son accent germanique. Herr Karl Hellfern, il semblerait que l'on requiert mes services. Et dire que la dernière fois qu'il avait dit cela c'était face à des agents du Leviathan... Son sourire devint sincère et lumineux. (1) Voir Leviathan : https://gotham-city.actifforum.com/t5249-hail-leviathan(2) Sujet à venir |
| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 29/12/2012 Nombre de Messages : 171 Vous à Gotham : Ancien commissaire de la ville. Possède une double identité en tant que justicier d'Etat sous le nom de l'Artiste et en tant que commissaire sous le nom d'Andrew Blake. Citations : Chapeau, L'Artiste. | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Lun 5 Aoû - 20:47 | |
| La jeune Ramirez était sûrement plein de questions à propos du vieil homme en face d'elle. Quoi de plus normal après tout ? Le changement de commissaire fut extrêmement brutal, Andrew étant nommé du jour au lendemain par la remplaçante en titre de Maximilien Shreck. L'inspectrice était passée d'un homme qu'elle connaissait, peut-être même d'un ami proche ou de quelqu'un qui la comprenait, à un inconnu de la même tranche d'âge. Un inconnu des forces de l'ordre qui débarquait avec son beau costume hors de prix et ses antécédents à l'armée - plus particulièrement au Vietnam.
De toutes les questions que la jeune femme aurait pu poser, elle posa bien sûr la question des ambitions de Blake sur la ville. Le vieil homme sourit à la demande de Ramirez avant de se mettre quelques instants à réfléchir sur ce qu'il allait dire. Il ne pouvait pas tout dire franchement, la jeune femme ne réagirait pas correctement à quelqu'un qui lui balancerait à la figure : "Descendre toute cette racaille et rétablir la paix à la méthode de l'Oncle Sam". En tant qu'Artiste, il l'aurait dit franchement, mais en tant que commissaire il fallait se la jouer plus fine, répondre aux attentes des subordonnés.
"Mes ambitions, inspectrice ?" répondit le commissaire en frottant rapidement sa barbe mal rasée. "La maire m'a mis à ce poste pour régler la terrible crise que subit notre ville ces derniers mois. Vous n'êtes pas sans savoir que nous n'arriverons jamais à nous débarrasser des nombreux gangs sans passer à l'attaque de manière lourde contre eux, n'est-ce pas ? C'est donc moi que l'on a appelé, vétéran de nombreuses guerres et sergent de renommée. Je mettrai fin à cette folie qui a avalé la ville, je mettrai fin à ces mains mises sur des territoires entiers de la ville. Ce ne sont pas des paroles, Ramirez, c'est une promesse." conclut le commissaire. "Une fois la crise terminée, je laisserai ma place à plus compétent pour la paperasse. Bon trêve de plaisanteries, je vous appellerai quand notre fameux expert pointera le bout de son nez."
Tout en refermant la porte derrière la femme, Blake ne put s'empêcher de laisser partir un long soupir de soulagement. Il n'aimait vraiment pas devoir rabâcher les oreilles des policiers avec ses vieux discours à la noix et préenregistrés. Le vieil homme en profita aussitôt la femme partie pour aller s'asseoir à son bureau et s'engloutir une tasse de café. Les aiguilles de l'horloge montraient déjà dix-sept heures seize, quelle plaie. La plupart des gens rentraient chez eux heureux d'avoir fini à cette heure tardive mais Blake devait encore subir cette corvée d'enquête à la noix. Et en plus maintenant il fallait attendre la venue du rat de laboratoire, que des bonnes nouvelles.
Andrew ne comptait pas attendre à ne rien faire, loin de là. Saisissant le dossier sur l'affaire et étalant de nouveau les feuilles sur la table, il chercha pendant de nombreuses minutes ce qui pouvait être son Graal Sacré personnel. Cet indice qui ne résidait nulle part mais qui pourtant aurait pu mener directement à sa cible, cette espèce de fantôme invisible se moquant dans l'ombre de la stupidité du commissaire. L'idée de savoir ce malade encore en vie l'étouffait, il sentait la colère monter en lui à chaque ligne qu'il repassait de long en large. De rage, le vieux jeta son crayon par terre et se leva brusquement de sa chaise pour regarder au travers des stores de sa pièce. Il desserra sa cravate qui bloquait sa respiration et patienta plusieurs minutes à regarder dans la rue, silencieux et pensif.
"Monsieur le Commissaire ? Le scientifique est là." fit une petite voix criante en ouvrant la porte, la voix traversant les pensées de Blake jusqu'à le faire sursauter dans son silence.
"Faites-le entrer, nous avons fort à faire et il commence à faire tard pour ce genre de bêtises." répondit sèchement le commissaire en fixant la vieille dame qui n'était autre que Marta, sa secrétaire.
Le fameux invité ne se fit pas attendre pour se dévoiler dans la pièce. Son accent allemand percuta directement les oreilles de Blake qui s'était assis sur sa chaise en attendant. Ce "Herr" si familier dérangeait ses pensées les plus profondes, les allemands devaient adorer utiliser ce mot pour se qualifier apparemment, foutus fritz. Tout en regardant la silhouette du bonhomme, Andrew indiqua la chaise en face de lui à l'homme pour qu'il aille s'asseoir. Il en profita pour servir une tasse de café à son invité tout en regardant plus particulièrement son visage, cette cicatrice en plein milieu de sa figure laissait penser que l'homme avait subi une lourde opération quelques temps auparavant.
"Alors Monsieur... Hellfern, c'est bien cela ?" commença Blake en refermant le dossier sur l'affaire en face de lui. "Tout d'abord désolé pour vous convoquer à une heure si tardive, la justice n'attend pas malheureusement. Si vous me le permettez, nous parlerons de votre rémunération plus tard concernant vos services. Si je vous ai convoqué aujourd'hui, c'est pour une expertise sur un de nos plus grosses enquêtes en cours. Une sombre histoire de massacre dans une discothèque, vous voyez le genre... Deux personnes sont recherchées pour avoir causé ce désastre, nous avons de quoi retrouver l'un des deux mais nous manquons de connaissance. C'est là que vous entrez en jeu, voyez-vous."
Blake se repositionna sur sa chaise de manière à moins massacrer son vieux dos et en profita pour reprendre une gorgée de café. Cette saloperie de boisson était presque devenue plus habituelle que son whisky adoré. Il finissait ses journées en ayant les mains tremblotantes à cause de la caféine, le tout accompagné de magnifiques maux de têtes qui donnaient juste envie de se tirer une balle dans le crâne pour les arrêter. Une fois le liquide tiède avalé, Andrew regarda rapidement l'homme dans les yeux avant de continuer.
"Il est bien évident que je vous demanderai de garder cette affaire sous silence tant qu'elle n'est pas résolue mon cher Monsieur Hellfern. Je n'ai pas envie d'avoir une foule de journalistes à la sortie du bâtiment parce que quelqu'un a laissé échapper une information. Mais je ne doute pas que vous êtes quelqu'un de confiance, n'est-ce pas ? Sinon vous ne figureriez pas dans le carnet des experts à appeler, cela va de soi." dit le commissaire en laissant échapper un rire amical. "Je vais appeler l'inspectrice qui gère cette affaire pour que vous puissiez collaborer ensemble, laissez-moi deux petites secondes."
Andrew porta son imposante main jusqu'à l'interphone avec sa secrétaire. Le petit appareil faisant le même bruit familier qu'à l'habitude.
"Marta, pouvez-vous demander à l'inspectrice Ramirez de venir devant mon bureau pour emmener Monsieur Hellfern ici présent au laboratoire. Dites-lui qu'elle doit briefer notre homme aussi, je ne tiens pas à laisser notre expert dans l'incompréhension de ce qu'il fait."
"Bien entendu Commissaire, je l'appelle tout de suite."
Une fois la communication terminée, Andrew fit pivoter rapidement son siège vers son interlocuteur et se leva pour lui donner une poigne de main des plus professionnelles.
"Je suis désolé de vous faire quitter mon bureau maintenant mais ce n'est pas moi qui gère le dossier malheureusement. Je tenais juste à faire connaissance avec ce fameux expert dans mon carnet. Je suis heureux de vous rencontrer Karl, espérons que vous puissiez éclairer nos lanternes dans cette sombre affaire.." conclut le commissaire en regardant de nouveau la cicatrice de l'homme. "Sacrée blessure que vous avez là, j'ai eu la même au Vietnam quand j'étais encore un gamin. Ça met un temps de dingue à s'effacer, une vraie plaie. Revenez me voir quand vous avez terminé Monsieur Hellfern et bon travail !"
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| | | | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Mer 21 Aoû - 21:35 | |
| - Tout à fait commissaire, Karl Hellfern, répondit-il brièvement à la première hésitation du commissaire de la ville.
Karl s'était assis sur le siège quelque peu inconfortable que lui proposa son hôte. Un homme âgé pour ne pas dire usé. L'on ne pouvait pas dire qu'il émanait de lui une force de vie, il n'avait pas l'air dans son élément. Instinctivement le docteur avait relevé toutes les rides qu'il pouvait voir, la barbe rasée par précaution plus que par habitude, les mains d'un homme dont les doigts révélaient un passé martial. Des mains de soldats. Mais il n'eut pas le temps d'aller plus loin que déjà le commissaire lui parlait de son affaire. D'un hochement de la tête sobre, le scientifique le remercia pour la tasse de café et la saisit avec une main toujours gantée. Le breuvage fumait encore. Le discours de son interlocuteur attira toute son intention et le stoppa dans son geste de dégustation.
Le docteur fit montre d'une maîtrise de soi exceptionnelle pour ne pas éclater de rire lorsqu'il entendit le descriptif de l'affaire qui l'avait fait venir à une telle heure. Une discothèque, un massacre, deux hommes. Son regard s'illumina malgré tout d'une lueur amusée, presque sadique. La situation avait de quoi être cocasse, surtout si elle cette affaire était réellement liée à Blüdhaven et ce fameux Artiste. Se souvenant qu'il avait une tasse de café dans la main, Karl prit une petite gorgée et se rendit compte que l'on pourrait alimenter une centrale électrique avec un café aussi fort même si fondamentalement l'effet de la caféine était chez lui neutralisé par le NKV.
Le commissaire lui demanda ensuite d'être discret quant à cette affaire, il pouvait le croire sur parole.
- Je vous assure monsieur le Commissaire que toutes les données de cette enquête resteront confidentielles.
Même la vérité tant qu'à faire. Il répondit par un rire très poli au petite commentaire du commissaire sur sa présence dans les papiers du GCPD. C'était un expert, pour ne pas dire, un professionnel passionné, d'où certaines petites dérives de ses pratiques. Restait que la situation pouvait devenir préoccupante dès lors qu'ils mettraient la main sur un début de preuve. Le commissaire, homme affairé sans aucune doute - surtout dans Gotham City - lui indiqua la suite des événements: il allait être introduit auprès de l'inspectrice puis emmener au laboratoire pendant qu'elle lui expliquerait toute l'affaire.
Il serra la vigoureuse main que lui tendit son supérieur temporaire et essuya une petite remarque sur sa cicatrice. Sinistre histoire.
- Oui, commença-t-il. J'ai quelques espoirs d'une guérison rapide. Vietnam vous dites? J'ai moi-même commencé ma carrière dans l'armée. Vlatava, auprès des forces internationales. Ce n'était pas toujours beau à voir, mais je persiste à croire que la guerre est révélatrice de bien des caractères. Il est regrettable que nous négligions les services militaires dans nos sociétés, le respect de l'autorité passait souvent par là. Enfin, je ne vous dérangerais pas plus longtemps. Comme convenu je reviendrais vers vous aussitôt que possible.
Lorsqu'il quitta le bureau, une jeune femme typée latino-américaine l'attendait. Charmante s'il était possible de l'être, elle avait dans son regard une détermination que l'on retrouve souvent chez les personnes de ce sexe dans des emplois qui nécessitent de la fermeté et le besoin d'être reconnu. Les milieux machistes forgeaient les femmes les plus redoutables. C'était en tout cas le résultat de nombres d'observations que Karl avait fait durant sa carrière. Il la salua avec un sourire poli atténué par l'observation qu'il faisait des quelques rides de sourire qui commençaient à ronger le bord de ses lèvres et de ses yeux. Il percevait le début de flétrissure sous ses yeux, elle dormait peu. Ses ongles n'étaient pas particulièrement soignés.
La voix était légère mais teinte d'autorité, elle semblait soulagée de voir le scientifique.
- Monsieur Hellfern je suppose? fit-elle en lui serrant la main. Inspecteur Anna Ramirez.
- Lui-même, répondit-il sobrement.
- Suivez-moi, je vous conduis jusqu'au laboratoire.
- Mais avec grand plaisir, se força-t-il à dire pour faire bonne figure.
Alors qu'ils passaient entre les bureaux et traversaient les couloirs, la jeune femme lui faisait un court résumé de la situation.
- Nous sommes face à un cas qui a la mérite de nous laisser presque sans preuve. Plus d'une trentaine de victimes dans une boîte de nuit de Blüdhaven, un nombre hallucinant de projectiles et des particules toxiques inconnues. Récemment nous avons retrouvé un témoin ce qui nous a offert un éclairage maigre mais bienvenu.
Elle n'eut pas le loisir de voir l'expression de Karl qui se décomposa à l'entente du mot "témoin". Il n'avait pas souvenir d'un survivant à cette affaire si ce n'était le justicier et il n'avait sûrement pas fait un simple déposition.
- Un témoin? fit-il le plus naturellement du monde avec une voix teinte de tellement d'innocence qu'elle aurait pu faire passer Auschwitz pour un club Med.
- Oui, une jeune femme, mais ce qui nous a poussé à réclamer vos services sont ces fameuses toxines.
Lacunaire. Elle lui cachait quelque chose.
- Nous avons bien des experts, mais ils sont tous occupés ou en vacances et cette analyse ne peut attendre. Le seul qu'il nous reste est peu expérimenté, il a avoué ne pas comprendre la structure de ce composé ni son utilité.
Si c'était bien la toxine qui lui avait servi à tuer l'un de ses débiteurs alors effectivement cet individu était inexpérimenté, pour ne pas dire incompétent. L'inspecteur ouvrit la porte des laboratoire et l'odeur stérile agressa leurs narines. C'était une vaste salle toute en longueur meublée de paillasses d'expérimentations et de hottes aspirantes. Les pas des deux individus résonnaient sur le carrelage d'une blancheur laiteuse. De multiples portes toutes surchargées d'indications et de pictogrammes plus menaçant les uns que les autres étaient encastrées dans les murs et menaient au besoin vers divers zones de test. Un laboratoire complet, songea le docteur. Anna Ramirez reprit son exposé, plus fourni cette fois-ci, l'intimité silencieuse du laboratoire avait pris le pas sur le brouhaha indiscret extérieur.
- Cette toxine, reprit-elle en soulevant un dossier qui reposait sur une table, a été retrouvée en quantité sur quelques meubles ainsi que dans l'organisme d'un individu. L'on en a relevé aucune trace de cette dernière chez d'autres victimes. Son aspect novateur nous a laisser présager plusieurs pistes, nous avons ressortis quelques échantillons de divers autres toxines d'un autre criminel qui a sévit en ville. Nous aurions besoin d'une expertise de cette molécule, ainsi que d'une analyse comparative.
" Je vous laisse le dossier de l'affaire, vous comprendrez que ce dernier n'est pas exhaustif, nous avons assurer la confidentialité de certaines informations.
- Procédure standard, commenta le docteur en feuilletant le dossier.
- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, Valentin devrait pouvoir vous aider.
- Valentin? C'est votre chien de garde?
- L'aide labo il..., répondit-elle en regardant autour d'elle. Où il est encore passé? Je vais vous le chercher.
- Prenez votre temps, rétorqua le docteur en regardant les photographies de la victime de sa toxine.
Il eut un petit sourire en observant le piètre travail de la police scientifique. Ils avaient pris des clichés trop lointains ou trop proches, les zones sensibles n'avaient pas été convenablement délimitées avant la prise de ses clichés et l'analyse du légiste.... Alors qu'Anna Ramirez repartait de la zone pour aller quérir le fameux "Valentin", le docteur l'interpella.
- Me serait-il possible de voir le cadavre?
Il souleva une photographie pour souligner ses propos.
Lorsqu'il se pencha sur le corps blanchâtre et raide de sa victime, les souvenirs de la soirée lui revinrent. En face de lui, le légiste soulevait un sourcil accusateur.
- Vous vous amusez bien? lui lança-t-il froidement.
Karl Hellfern souleva son visage dont la balafre était déformée par un sourire de pleine satisfaction. Ayant troqué ses gants de cuir pour d'autres en amidon de blé, son costume sévère enfermé dans une blouse stérile, il eut une réponse qui déstabilisa le praticien.
- La satisfaction est un sentiment coupable chez ceux qui ne s'assument pas totalement, voir les dégâts de cette toxine est très révélateur et je commence à entrevoir ses effets. Je prends effectivement grand plaisir à décortiquer ces charmantes molécules en ne négligeant aucun détail.
Il se repencha ensuite sur le cadavre et lui ouvrit la bouche. A l'aide d'une lumière il observa l'état de décomposition de sa gorge. Une petite pression à la base de la trachée révéla qu'elle était presque totalement dissoute. Cela dépassait ses propres prévisions. Le reste du corps était sclérosé. Des plaques bleues parsemées de mauve recouvraient les jambes.
- Des varices qui ont mal tournées, nota le docteur pour lui même.
Se rasseyant à sa paillasse aménagée, ayant laissé un légiste bougon dans les sous-sols du commissariat, Karl réfléchissait. Sa toxine avait fait des merveilles et les souvenirs de cette soirée rendait cette journée délicieusement formidable. Ne restait pour lui qu'à retourner les accusation vers un autre que lui. Heureusement la moitié du travail était faite, la police s'intéressait à un autre individu, ne restait qu'à tourner toutes les preuves contre lui. Première étape, découvrir le mode opératoire de ce criminel.
Il saisit le dossier que l'enquêteur lui avait aimablement laissé, passa par dessus l'histoire de ce dernier et ses bilans psychologiques pour s'arrêter à la partie concernant son modus operandi. Il tiqua n'ayant rien de probant à se mettre sous la dent et se reporta aux précédentes analyse des composés qu'il employait. La lecture s'avéra être plus intéressante. Ces toxines étaient plus proches de drogues qu'autre chose, mais il y avait là de quoi faire. Ne restait plus qu'à relier les deux composants.
Le docteur pouffa en songeant qu'il allait faire l'analyse de sa propre création. Il prépara quelques échantillons, griffonna quelques notes et posa sur le papier les tests qu'il allait faire pour "comparer" les deux substances dont il pouvait de mémoire citer les différences. Le fameux Valentin arriva alors que le Docteur revêtait a blouse de travail. Il le salua gauchement et le gratifia d'un sourire tellement enfantin que Karl s'empêcha de lui proposer un hochet.
- Vous devez être le Docteur Hellfern.
- En effet, répliqua-t-il alors qu'il insérait un échantillon dans une chambre d'analyse.
- Vous avez racheté Axis Chemical non? J'ai suivi un peu l'affaire, mon père était dans l'ancien comité de direction.
- Si j'étais vous, je ne m'en vanterais pas, commenta le docteur, tuant à la naissance une conversation pourtant prometteuse d'un ennui mortel.
Le reste de ses manipulation se passa dans le plus grand calme. Lorsqu'enfin il termina de noter ses observations et ses commentaires, il était 22 heures 40. Valentin dodelinait sur son bureau, lui qui ne pouvait partir tant qu'il restait quelqu'un dans le laboratoire. La paillasse, malgré le nombre de manipulation était organisée, même s'il fallait déplorer une quantité incroyable de matériel utilisé. Karl referma les dossiers qu'on lui avait confié et imprima son compte-rendu. Il se tourna vers le jeune homme alors qu'il remettait son manteau.
- Bien, je vous laisse ranger tout cela. Les toxines sont toutes étiquetées et rangées, il ne vous restera qu'à les remettre à leur place dans la chambre froide. Pour le reste, je vous laisse nettoyer. Bonne soirée jeune homme, mes amitiés à votre paternel.
Et il partit sans rien rajouter, laissant Valentin à son désarroi. Karl laissa les dossiers comme il le devait à la secrétaire de la section de nuit et se dirigea vers le bureau de Commissaire, décidément, il travaillait à toute heure. Il frappa quelques coups à la porte et poussa la porte lorsqu'on l'invita.
- Bien le bonsoir monsieur le Commissaire, pas de repos pour les braves, salua-t-il sobrement. Je crois pouvoir vous affirmer à presque 87 pourcent que votre enquête vient de faire un bon en avant.
Il lui tendit le compte-rendu de dix pages qu'il avait effectué.
- Je me permet de vous desservir un rapide résumé. Ce compte-rendu a été fait dans sa forme la plus officielle pour éviter tout vice de procédure, il reprend pour l'essentiel les manipulations, observations et conclusions. La toxine que vous avez retrouvé est une toxine qui a pour effet et pour but de fragiliser les vaisseaux sanguins et les tissus fragile de l'organisme, elle semble utiliser l'eau du corps humain pour parvenir à ses fins. Etant donné la réactivité du produit, l'individu a dû beaucoup souffrir et longtemps.
" Comme convenu, j'ai confronté cette analyse avec une drogue d'un suspect potentiel et même si la nouvelle toxine est plus raffinée, elle dispose d'une base commune et d'une architecture moléculaire relativement proche, ce qui laisse pensé que les deux concepteurs ou ont travaillé à partir de la même base, d'après mes observations j'ai plusieurs pistes toutes décrites dans le compte-rendu, mais il me faudrait faire de plus profondes recherches pour la déterminer exactement, je ne dispose pas du matériel suffisant dans vos installations.
" J'ai également confronté cet échantillon avec une autre molécule retrouvée sur une scène de crime mettant en scène votre principal suspect. Je ne crois pas réellement au hasard, mais nous avons là deux composés du même type. Une toxine qui consiste en la destruction lente de son consommateur mais qui peut être stoppée avec le contre-poison adéquat. Une forme de chantage que votre homme semble avoir déjà effectué d'après son dossier, mais je préfère laisser ce genre d'analyse à l'inspecteur Ramirez. Toujours est-il que si je me fie aux précédentes toxines de ce genre que j'ai étudié, il est parfaitement possible de synthétiser des antidotes pour neutraliser leurs effets.
Karl était resté debout lors de son exposé et passa une main le long de sa cicatrice qui lui faisait mal, heureusement le NKV faisait son office et elle commençait à se résorber. Décidément, cette ville était pleine de surprise. |
| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 29/12/2012 Nombre de Messages : 171 Vous à Gotham : Ancien commissaire de la ville. Possède une double identité en tant que justicier d'Etat sous le nom de l'Artiste et en tant que commissaire sous le nom d'Andrew Blake. Citations : Chapeau, L'Artiste. | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Lun 26 Aoû - 19:54 | |
| Ce docteur ne semblait pas déplaisant à première vue. Un homme droit, strict et sûrement très attaché aux règles apparemment. De plus, il semblait avoir lui aussi commencé sa carrière en participant à divers conflits dont Vlatava. Son petit discours sur le caractère ainsi que les formations militaires donnèrent le sourire au vieux commissaire. Il était bien de temps en temps de rencontrer quelqu'un droit dans ses bottes et conscient de l'importance des services militaires. Plus de jeunes dans ces camps d'entrainement, c'était moins de voyous dans les rues pour les années à suivre. Mais le gouvernement était devenu idiot, c'était les Etats-Unis tout entier qui tombaient dans le ridicule petit à petit.
Andrew resta silencieux tout en regardant le mystérieux bonhomme quitter son bureau. Tous ces discours sur la guerre et l'armée, ça lui en avait rappelé des souvenirs. Il se souvenait encore de sa période où il n'était considéré que comme un bleu-bite. On le réveillait à cinq heures du matin alors qu'il s'était couché à une heure, on l'engueulait comme un déchet pour qu'il fasse le parcours du combattant avec un sac de pierre sur le dos, c'était le bon vieux temps... Le commissaire rigola même dans la solitude de son bureau grâce au magnifique souvenir du goût horrible de la tambouille que les cuisiniers préparaient. C'était une espèce de mixture de pommes de terre et de morceaux de gras dégueulasse mais qui te faisait tenir toute la journée, on était loin des repas cantines des putains de morveux de l'époque actuelle.
Mais trêve de souvenirs inutiles et encombrants, l'important était de chopper ce malade mental qui le hantait depuis trop longtemps. Ramirez avait apparemment un suspect, un certain Etienne Guiborg. Il était fiché pour faire du vol d'objets rares et les vendre aux nantis de la ville, on était bien loin de l'homme qui massacrait les clients de la boîte de nuit à coup de produits chimiques à vrai dire... Très loin même... Mais il fallait tester la chance, voir si cette espèce de lesbienne mal tapée avait réussi à trouver l'homme. Cependant il fallait encore fouiller les dossiers, trouver où il se planquait pour parvenir à son arrestation. Ce Monsieur Hellfern allait prendre un bout de temps avant de pouvoir finir son analyse, il fallait l'attraper pendant ce laps de temps.
Andrew se décida donc à utiliser une des pires choses pour lui : la technologie. Il s'empara de l'ordinateur portable relié au réseau de la police et l'alluma en martelant le bouton de démarrage, il n'y comprenait pas grand-chose à vrai dire. C'était dingue de s'imaginer qu'il pouvait manier toutes les armes existantes mais qu'il était un incompétent total avec les ordinateurs. Bref, une fois l'engin allumé, il se mit à rechercher dans les dossiers existants le nom de ce prétendu suspect. Il était effectivement fiché pour beaucoup de choses, vol de meubles, de tableaux, de poteries mais il n'était pas fiché pour meurtres ou utilisation de produits chimiques... Soit il était innocent, soit il cachait bien son jeu. En tout cas, se précédente arrestation était près d'un immeuble de Burnley, pas loin de la mairie. Le dossier dit qu'il avait été relâché par manque de preuve et qu'aucun de ses larcins n'avait été retrouvé dans la perquisition. Il était donc temps de rendre une nouvelle visite de courtoisie à ce cher Etienne, mais cette fois-ci à la méthode Blake.
Tandis qu'il s'emparait de son imperméable digne de Colombo, le commissaire ferma rapidement son bureau avant de descendre l'étage à grande vitesse. Une fois devant le local d'accueil, il s'arrêta rapidement devant les secrétaires.
"Appelez-moi trois agents, je les veux dans l'avenue Kennedy, immeuble numéro 13. Je les rejoins là-bas dès maintenant, on n’a pas de temps à perdre." demanda-t-il avec hâte à la jeune secrétaire.
"Euh... très bien commissaire... Je peux leur dire au moins pour quelle raison ou vous leur expliquez là-bas ?" répondit la fille avec un professionnalisme laissant à désirer.
"Arrestation de suspect, Ramirez a apparemment demandé un mandat d'arrêt contre cet homme alors autant aller le cueillir maintenant plutôt que de le laisser fuir la ville."
La discussion fut coupée net et la jeune femme n'eut aucune information de plus de la part de son commissaire. Andrew était obnubilé par l'idée d'attraper celui qu'il recherchait depuis si longtemps, il ne savait pas s’il devait se sentir si proche du but ou totalement à côté de la plaque. La caféine dont il avait tant abusé faisait trembler ses mains. Il tenta tant bien que mal de se calmer en démarrant sa voiture puis se dirigea vers ce fameux immeuble où se cachait l'homme. Était-ce vraiment la fin ? Il ne pouvait y croire.
Arrivé sur les lieux, il gara la voiture de service avec hâte, si bien qu'il s'était en fait garé comme un étudiant apprenant à conduire. Les trois policiers réquisitionnés attendaient déjà devant la porte du bâtiment, aucun d'entre eux n'osa faire une remarque à leur supérieur suite à sa place de parking improvisée. Ils s'empêchèrent même de rire à la vue du vieil hirsute qui marchait vers eux. Andrew se dépêcha d'arriver en face de ses subordonnés avant de remettre son manteau correctement, il ne voulait pas passer pour un sans-abri en face d'eux.
"Bon mes petits amis, tout ce bâtiment appartient à un dénommé Etienne Guiborg. On l'a déjà coffré auparavant sans trouver de preuves chez lui mais cette fois-ci c'est différent. On ne l’attrape pas pour des vols de trucs rares mais bien pour meurtre et utilisation de produits chimiques. Faites attention en rentrant, je ne veux pas qu'il s'échappe ou que l'un d'entre vous se fasse avoir. Il est potentiellement dangereux, restez sur vos gardes."
Le commissaire ouvra donc la marche en entrant dans le bâtiment. Il fut cependant surpris de tomber face à un immeuble qui avait tout d'une habitation pour sans-abris. Les murs en pierres tombaient en ruines, l'escalier avait tout d'une construction qui allait se casser la gueule à tout moment. L'odeur n'était pas réjouissante non plus, elle chatouillait violemment les narines des forces de l'ordre présentes dans le bâtiment. On se demandait presque comment quelqu'un qui vendait des objets rares pouvait vivre dans une merde pareille. De plus tout était silencieux, les quatre hommes montèrent jusqu'au dernier étage sans voir âme qui vive. Mais la dernière chambre semblait être habitée, il y avait une musique classique qui en sortait ainsi qu'un rayon lumineux sur le pas de la porte. Guiborg était là-dedans, pas de doute.
Andrew essaya tout d'abord de tourner la poignée mais l'homme semblait avoir fermé sa chambre de l'intérieur. Ce fut donc sans hésitation que le commissaire défonça l'entrée d'un coup de pied magistral, envoyant la serrure voler au milieu de la pièce sous les yeux du prétendu suspect qui se leva brusquement. L'homme laissa tomber sa tasse de thé en porcelaine au sol, sur sa moquette hors de prix. Alors que les trois autres policiers s'emparaient du fameux Etienne, Andrew resta bouche bée devant la décoration richissime de la pièce. Des meubles faits d'un bois des plus rares, des coussins en soie, une télévision hors de prix. Ce fameux Guiborg aimait vivre dans la richesse.
"Monsieur Guiborg." commença Andrew avec sérieux. " Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et d’avoir un avocat présent lors de l’interrogatoire. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné d’office, et il ne vous en coûtera rien. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n’importe quel moment d’exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition."
"Pourrais-je au moins savoir les raisons de mon arrestation, mon cher ?" demanda d'un ton des plus nantis ce cher Etienne.
"Meurtres et utilisation de produits chimiques dangereux en vue de commettre ces meurtres." répondit Blake tout en comprenant rapidement que ce n'était pas l'homme qu'il avait affronté dans cette fameuse boîte de nuit.
"C'est absurde, relâchez-moi sur le champs ! Ces accusations sont totalement infondées et absurdes."
Le commissaire remarqua directement le masque à gaz qui était délicatement accroché au mur tel un trophée. Il se dépêcha de le décrocher et de le brandir sous le nez de l'homme.
"Un masque à gaz Monsieur Guiborg ? Comme notre suspect accusé de meurtres ? Est-ce tout simplement par hasard que ceci est dans votre appartement accroché au mur ? Emmenez-le au poste les gars, j'en ai assez entendu pour ce soir et il se fait déjà tard. Je n'ai pas envie de poser un lapin au scientifique que j'ai engagé sur l'affaire..."
Le commissaire quitta le bâtiment avec tristesse. Tout homme aurait été ravi d'attraper cet homme qui semblait être le parfait suspect mais Andrew savait pertinemment que ce n'était pas son homme... Il remonta dans sa voiture sans une pensée dans sa tête, il était juste déçu de lui-même, déçu de Ramirez. Il conduisit donc jusqu'au commissariat et retourna dans son bureau sans adresser une seule parole aux personnes présentes. L'horloge murale de sa pièce marquait déjà 22h13, une heure bien tardive pour les vieux commissaires.
Il potassa le dossier pendant quelques dizaines de minutes. Il regardait les pages dans une indifférence des plus totales. Et s’il n'allait jamais arriver à attraper cet homme ? Si peut-être et tout simplement avait-il déjà décampé de la ville suite à sa confrontation avec l'Artiste ? Tout semblait déjà perdu pour le vétéran qu'il était, il sentait une colère monter en lui. La défaite n'était pas envisageable, elle ne l'avait jamais été. Heureusement, ce Karl rentra dans son bureau à temps pour le sortir de ses pensées les plus moroses. Peut-être avait-il des bonnes nouvelles ?
Andrew écouta donc silencieusement l'homme qui se tenait en face de lui. Il semblait incriminer de toutes ses forces ce fameux Etienne... Certes certaines preuves pouvaient laisser prétendre qu'il était le prétendu coupable mais tout était faux... Guiborg était innocent, du moins pour cette affaire. Et puis ces cicatrices sur la face de l'individu en face de lui, tout cela le dérangeait profondément. Quelque chose clochait dans sa tête mais il ne savait pas quoi.
"C'est avec satisfaction que je vois que vous avez fait votre travail du mieux que vous le pouviez mon cher monsieur Hellfern. Je vous avoue que je n'en attendais pas moins d'un homme de votre envergure à vrai dire. Si vous m'assurez donc que ce fameux Etienne Guiborg est notre coupable, je ne peux que vous croire n'est-ce pas ? D'ailleurs, nous venons de l'arrêter et de le mettre en détention une ou deux heures avant que vous ayez fini votre analyse. Le destin fait bien les choses n'est-ce pas ?
Imaginez un peu un homme recherché pour des faits aussi graves. Que ferait-il pour vous ? Il se cacherait ? Userait d'une fausse identité grâce à son masque cachant son visage ? Et bien figurez-vous que cet homme n'avait même pas essayé de se cacher. Il était au même endroit que la fois où nous l'avions attrapé auparavant, assis sur une chaise à boire du thé. Nous l'interrogerons demain pour essayer de voir s’il va confesser son implication dans l'affaire, espérons qu'il crachera le morceau vite...
En tout cas, je vous remercie de votre aide dans cette affaire. Si vous voulez, vous pourrez revenir demain pour voir s’il n'y a pas de traces de cette fameuse toxine sur ses vêtements. La nuit se fait proche mon cher Karl et je ne voudrais pas vous quitter sur ces mots bien déprimants. Vous m'avez parlé de votre service militaire, Vlatava vous dîtes ? Racontez-moi comment cela s'est passé là-bas, je suis très curieux."
Un long silence suivit la demande du commissaire. Il parlait d'un ton qui semblait à la fois amical et sérieux. C'était comme si il avait reçu une intuition à propos de l'homme. Il pensait avoir déjà vu cet inconnu auparavant mais où ? Et comment ? Des questions qu'il devait élucider au plus vite, mais d'abord il devait en savoir plus sur son fameux "scientifique".
[HRP : Excuse-moi si par moment le post est un peu pauvre, l'inspiration me fait défaut ces derniers temps ! Mais la guerre contre les pannes se finira par ma victoire.] |
| | | | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Sam 31 Aoû - 10:55 | |
| Le commissaire fut très réceptif et si Karl avait été moins persuadé de sa supériorité sur cet être vieillissant et qu'il pensait dépassé dans une ville qui vraisemblablement laissait le moindre élément de la police dans la plus totale incompréhension, il n'aurait jamais accepté de discuter. Dans une autre vie il avait dû être un chat, cruel, sournois, prêt à frotter les chevilles de son pire ennemi dans le seul but de le narguer et de lui faire comprendre qu'il n'avait aucune ascendance sur lui. Ce fut sans doute le poids de cette assurance névrotique qui le poussa non pas à trouver une explication douteuse pour tourner les talons et quitter le commissaire à cette heure tardive mais à accepter de discuter un peu avec cet homme. Karl entretint le silence qu'avait laissé le commissaire en étirant un sourire aimable sur son visage balafré.
- Le Destin est une force que je n'accepte pas monsieur le Commissaire. Nous sommes tous libre de choisir et c'est précisément ce choix qui permet à la police et la Justice d'avoir une raison d'être. Vous ne trouvez pas? fit-il en tirant le siège que le commissaire lui proposait. chacun choisit sa voie.
Mais le commissaire était dubitatif quant aux résultats de cette enquête. Était-ce réellement le problème de Karl? Il n'avait aujourd'hui plus aucune raison d'être inquiété parce que les échantillons de sa propre toxine étaient désormais dans la poche intérieure de son manteau. Le scientifique écouta Blake et croisa ses jambes comme s'il eut été chez lui et se pencha en arrière instinctivement, dans cette même posture qu'il avait eu dans cette boîte de nuit alors qu'il était installé dans son fauteuil.
- Vous me demandez ce que ferait un Homme qui a, semble-t-il, participé à un massacre de cet envergure? J'avoue ne pas connaître sur le bout des doigts le suspects en question, mais Gotham est habituée à ce genre de comportement contre-nature. Il suffit de regarder la hordes d'Oberricht... enfin, de... comment dit-on en américain déjà? Ah oui, de Justiciers, qui confortent la population dans la haine de la police. Voir un criminel attendre en prenant le thé de se faire arrêter avant de vomir quelques récriminations hypocrites est au diapason de la vie de cette cité. Comme je vous l'ai dit cependant, peut-être vaudrait-il mieux attendre que l'inspecteur Ramirez tire ses propres conclusions sur l'affaire. Je serais cependant ravi de vous aider à récupérer quelques échantillons sur les affaires de votre suspect.
Ou, plus précisément à en mettre quelques uns dessus, se surprit-il à penser avec ironie. Puis vint la question de Vlatava, précisément celle à laquelle il n'aurait jamais dû répondre, mais le flot impétueux de souvenirs, cette sensation grisante des jeunes années, la mélancolie de la grandeur d'une époque faite de liberté scientifique absolue le poussèrent à soupirer profondément. Un soupir de regret chargé de la toute puissance d'une époque passée qu'il rêvait de voir surgir de nouveau. Ses yeux azur fixèrent le commissaire mais il observait ses souvenirs.
- Vlatava...
Il croisa les mains.
- Probablement la plus belle expérience d'une vie. Enrichissante par bien des manières, elle m'a fait quitter la douceur laiteuse des laboratoires de l'Allemagne de l'Est au profit des étendues magnifiques de ce pays soviétique. Aujourd'hui la Nation a disparu, mais pas ses paysages de verdure et de forêts. Les montagnes déchiraient l'horizon, où que vous soyez, les routes étaient encore rudimentaires et le pays, enlisé dans la guerre civile avait réduit certaines de ses villes à l'état de cendres. Il nous revenait, à la force internationale, de soutenir les forces de la république contre les rebelles du compte Werner Vertigo. C'était avant qu'il ne les abandonne. Quand j'y pense, nous n'avions à la fin plus aucune amitié ni pour les républicains, ni pour les monarchistes. Cette guerre était totale et chaque camps avait franchit maintes fois la limite du crime.
" Nous avons dévasté les plaines, les villes, les champs, les montagnes, les marécages. Rien n'a été épargné. Les colonnes de chars eurent raison des frontières, mais comme pour l'Afghanistan ou le Viêtnam, les blindés ne furent plus d'aucune utilité lorsque nous pénétrions dans les terres. Bientôt il ne fallut plus compter que sur les Hommes et leur instinct de survie. J'ai été détaché là-bas dans le but de soutenir l'effort scientifique, raffinement de médicaments et d'antidotes. Nos ennemis ont choisi d'entreprendre une guerre bactériologique et j'ai été déclassé pour être mis dans les équipes de recherches scientifique pour le développement d'arme sur le terrain. Confection de masque à gaz, mais aussi de grenades, de miasmes, de toxines, de pollens toxiques. Tout était valable en ce temps là. Les hauts gradés se lavaient les mains de cette situation, nous n'avions à l'époque aucune restriction. Les traités ne s'imposaient plus tellement le conflit s'enlisait. Nous avions reçu tous les ordres signés à l'époque. Belle hypocrisie.
" Certains de mes collègues ont démissionné très rapidement, considérant que leur travail n'était pas de répandre la Mort. Mais vous le savez aussi bien que moi, que vaut la vie d'un adversaire? Refuser de tuer un ennemi c'est s'assurer qu'il tue l'un de vos amis, de vos alliés, ou même vous! Une décision lâche à laquelle je ne me suis pas résolue. J'ai affronté mes adversaires avec mon arme de prédilection: l'arme chimique.
Cette fois-ci Karl ne voyait même plus le commissaire, juste les forêts résineuses en flamme et les villages enveloppés dans des vapeurs toxiques colorées. Il se souvint d'une jeune femme qui saignait du nez et de la bouche, tenant dans ses bras le corps inanimé de son enfant. Il se souvint de ce combattant ennemi qui délirait suite à l'inhalation, hurlant à sa femme de fuir avec sa famille et le chien. La désolation lui revint. Le silence....
- Dans une cité de bruit et de chaos urbain, l'on en oublie la signification du Silence véritable. Le Silence qui fait suite aux batailles et aux bombardements. L'absence de bruit après un concert cacophonique. Avez-vous connu cela? Le silence qui précède le début du combat, les sifflements de balles et d'obus, le cri de vos camarades pendant l'assaut et l'action, le sang et la poudre, les fumées et les tremblements, les vues fugaces d'ennemis qui foncent, tombent, se relèvent, les balles qui déchirent les entrailles et les corps, les gerbes de terre arrachées par l'impact d'un tir de mortier et enfin ce Silence. Pas un bruit, pas un gémissement, rien que vous qui marchez sans émettre le moindre son, achevant ça et là quelques agonisants.
" Vlatava ne fut pas une promenade de santé, mais elle m'a montré une facette du visage de l'Humanité. La guerre. En temps normal et lorsque vous regardez les gens dans la rue, ils sont si persuadé de pouvoir établir leur existence sur une vie paisible qu'ils en oublient chaque jour que ce calme, ils le doivent à des gens comme nous. Des combattants comme ceux de l'armée et de la police. Regardez-nous commissaire. Avons-nous réellement notre place dans des bureaux comme celui-ci?
Karl laissa quelques temps sa question flotter et en profita pour rétablir sa connexion entre lui et le monde réel. Il eut un sourire faible et regarda pour la première fois depuis le début de son longue explication le commissaire.
- Mais je parle, je parle. Dites-moi plutôt, je suis moi-même très curieux, qu'avez-vous vécu, vous, au Viêtnam?
Cette question était étrangement sincère dans la bouche de cet homme à l'accent germanique prononcé. Il s'était toujours senti seul dans cette ville et dans cette vie, incapable de trouver quelqu'un qui ait pu connaître le frisson et l'excitation de la Guerre, il avait besoin de savoir. Il voulait savoir si cet homme qui lui faisait face était un combattant qui rêvait de combat ou bel et bien un être désabusé qui ne concevait plus cette vie que comme une longue retraite vers l'inactivité. |
| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 29/12/2012 Nombre de Messages : 171 Vous à Gotham : Ancien commissaire de la ville. Possède une double identité en tant que justicier d'Etat sous le nom de l'Artiste et en tant que commissaire sous le nom d'Andrew Blake. Citations : Chapeau, L'Artiste. | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Mar 3 Sep - 18:21 | |
| Peu à peu tout s'éclaircissait dans l'esprit du commissaire. Cependant les sombres nuages voilaient encore toute la vérité. Andrew n'était sûrement pas une flèche dans les enquêtes et encore moins un détective de renommée mais avec le temps et les informations disponibles, il allait arriver à trancher ce nœud gordien. Mais il laissa tomber son envie de vérité au fur et à mesure du discours du fameux Karl. Ses yeux s'illuminèrent presque à l'audition des actes de guerre de l'homme, enfin quelqu'un qui avait vécu une grande guerre, une bonne guerre. Quelqu'un qui était loin des illusions du bas peuple et de la connerie de la société d'aujourd'hui. Il avait en face de lui un homme qu'il respectait, ce qui était rare.
"Une vie bien chargée Monsieur Hellfern à ce que j'entends. Je vous avoue que votre récit de vie m'a passionné, c'est si rare de rencontrer des gens qui osent accepter ce qu'ils ont fait à la guerre. Avec les politiques de maintenant, on en arriverait presque à croire que nous devons nous cacher pour avoir obéi aux ordres." répondit le commissaire tout en fouillant dans ses tiroirs après une bouteille perdue.
Il n'y avait malheureusement plus rien dans le bureau, Andrew avait sûrement bu tout ce qu'il restait pendant les longues heures où il s'emmerdait dans un bureau à remplir des papiers inutiles. Tout ce qu'il voulait encore, c'était ressentir le frisson du combat, la caresse d'une mort certaines ainsi que l'adrénaline parcourant son corps et lui permettant de réaliser l'impossible, mais il en était tellement loin. Cette ville n'était qu'un dixième de l'intensité du Vietnam.
"Le Vietnam, mon cher Karl... Le Vietnam." fit le vieil homme en s'appuyant sur le dossier de sa chaise. "J'étais jeune, un bleu-bite mal formé encore au début. Vous savez comment c'est l'armée. On vous forme, on vous apprend à tirer avec un fusil sur un mannequin ou à escalader des palissades avec des sacs de pierre sur le dos, l'entrainement de base en soit. Et puis on vient vous chercher, on vous embarque sur un bateau et vous partez vers l'inconnu. Sur le bateau, vous rencontrez un gars ou deux qui parlent de leur grand frère qui combat là-bas, ils vous parlent de la jungle et des bombardements qui ont lieu. Vous vous dites que c'est comme dans les livres, c'est juste impressionnant et rien d'autre. Et puis après trois semaines de navigation vous débarquez et là l'enfer vous ouvre ses portes."
Andrew ne put s'empêcher de soupirer à la fin de sa phrase. Tous ses souvenirs revenaient à la surface, c'était le bon vieux temps comme disait les vieux. Il revoyait les moments les plus marquants de sa vie dans sa tête, comme un film qui tourne en boucle sans qu'on puisse l'arrêter. Karl allait avoir son histoire et il n'allait pas en être déçu. Le commissaire était une encyclopédie vivante de la guerre mais le Vietnam était le premier chapitre et sûrement le plus important.
"Et je ne pouvais imaginer plus fascinant que cet enfer-là à vrai dire..."
L'homme déglutit, il était prêt à raconter son histoire.
"On m'a débarqué sur la plage de Da Nang, une plage qui n'avait pas encore été prise par les forces américaines. On devait être des centaines sur la plage, un truc dans le genre. Au départ, on était étonné qu'il y ait aucune résistance au départ, c'était désert. Le commandement a donc demandé qu'on crée une petite base sur la plage pour la suite des opérations. Alors vous imaginez, tout le monde s'est mis à se détourner de la jungle et à construire les tentes et tout le bordel et là, l'enfer s'est déchaîné. Les mitrailleuses Viet nous canardaient depuis la jungle tandis qu'on se prenait des tirs de mortier dans la figure. On perdait nos hommes comme des mouches, j'avais réussi à trouver refuge derrière un blindé fraîchement débarqué et je pense que c'est la seule raison pour laquelle je suis encore en vie maintenant. Au final, nos bateaux ont commencé à canarder les positions ennemies et après trois heures de feux continus, on a enfin réussi à les faire décamper. Il ne restait plus que du sang, des corps démembrés et de la fumée noire."
"C'est après ça qu'on a enfin pu commencer nos opérations sur les positions avancées des Viêt-Cong. Au départ j'étais dans la division du lieutenant William Calley, un drôle de bonhomme. On avait pour ordre d'aller défaire un bastion ennemi dans le village de My Lai un peu plus loin au nord. Notre voyage dans la jungle fut terrible, on ne pouvait pas faire cinq mètres sans avoir un tireur embusqué ou un Viet dans un arbre. On a perdu un tiers de l'unité rien que pour parvenir au village et quand on est arrivé là-bas, il n'y avait rien. On a eu certes droit à une dizaine de combattants qui protégeait le village mais sinon rien. Calley a pété un câble sur le coup et a demandé qu'on abattre tous les habitants du village, ce fut un véritable massacre. On a commencé par les vieux et les hommes, dans l'espoir qu'on ne nous demande pas d'aller plus loin mais après on a reçu l'ordre d'abattre les femmes et les enfants. Je me souviens encore des lignes de gamins, les yeux bandés et les mains liées, qu'on abattait à la chaîne comme du bétail sous les yeux de leur mère. Au final, Calley a été mis aux arrêts et on a été ajouté à une autre unité avec des blindés et du soutien aérien, c'est là que la vraie guerre a commencé pour moi."
"Je ne sais pas si la politique de la terre brûlée vous dit quelque chose mon cher Karl mais je peux vous assurer que ce n'est pas des conneries. On avançait vers les positions fortifiées ennemies en cramant tout sur notre passage. On m'avait filé un lance-flamme à cette époque et je me souviens encore quand j'ai brûlé ma première casemate. Les Viet en sortaient en feu, en gueulant de toute leur force sous la douleur et moi je rigolais en les voyant se débattre d'une mort inévitable. Souvent, on finissait de les achever avec nos Thompson pour ne pas perdre de temps. Et puis on avait aussi les bombardements au Napalm de notre aviation, c'était grandiose. Imaginez devant vous des centaines d'hommes armés dans des tranchées, aucun moyen de passer et tout à coup cinq avions débarquent et largue leurs bombes. En l'espace de quelques secondes, un immense mur de feu se lève et toute la force ennemie est réduite à néant sous les acclamations de nos soldats, grandiose."
Il racontait son histoire comme s’il y était encore, il mimait même les gestes sans s'en rendre compte. C'était il y avait si longtemps mais cela semblait comme si c'était hier. Blake aurait voulu que cela dure toute sa vie, il aurait voulu une vie de guerre si on lui avait laissé le choix. Outre les atrocités qu'il avait commises, il y avait l'amusement que cela lui avait procuré.
"Vous me parlez de Silence, je vais vous raconter ma dernière anecdote à ce sujet. Pendant l'année 72, j'ai été largué avec onze autres gars derrière les positions ennemies. On avait eu pour ordre de tenir une position jusqu'à l'arrivée des renforts. Et c'est là que le Silence prend tout son sens, Monsieur Hellfern. La nuit était noire et on les entendait, sans même les voir. Le bruit des feuilles mortes écrasées, les sifflements et les faux cris d'animaux. On avait la peur au ventre, je me souviens même que le plus jeune avait fait dans son froc tellement il avait peur. Et puis il y a eu le dénouement, nos M60 qui crachaient tout leur contenu sur des dizaines et des dizaines d'ennemis qui arrivaient en flot continu."
"Derrière les lignes ennemies, acculé et sans aucun renfort disponible, on ne se bat pas salement Karl, on fait pire. Je me souviens encore me servir du corps d'un de mes gars morts comme bouclier pendant que je mitraillais au fusil d'assaut les gars qui descendaient la colline. Je me souviens encore recevoir son sang dans la figure à chaque balle que son cadavre recevait. C'était... c'était un moment magique."
Le commissaire termina son discours et retourna à la réalité, dans son vieux bureau morose et en face de quelqu'un qu'il connaissait déjà. Les armes chimiques, la passion de cet homme pour la guerre et la propre passion d'Andrew pour la guerre. Il venait de tout comprendre, comme un éclair de lucidité.
"Cessons de nous courtiser inutilement, Karl Hellfern. Je pense que nous venons tous deux de comprendre à l'instant qui nous sommes vraiment, n'est-ce pas ?"
Un ton sérieux marqua la fin de la phrase. L'ambiance devint tout à coup pesante, presque étouffante entre les deux hommes. Ils se ressemblaient presque en tout point dans leur mode de pensée mais ils avaient malheureusement décidés de se mener un combat acharné, une dernière guerre pour des vétérans en manque.
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| | | | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Mar 10 Sep - 20:51 | |
| Le commissaire venait de devenir un objet de fascination malsain aux yeux du Docteur qui se félicitait de trouver en cet individu buriné l'étoffe d'un Homme tel qu'il les conceptualisait et pas d'un simple policier reconvertit en bureaucrate dans l'espoir d'une retraite tranquille.
Karl aurait pu en verser des larmes. Durant quelques minutes, il avait été projeté dans une contrée lointaine, ses rizière, ses marécages, ses forêts denses et son air poisseux. Cette contrée avait un nom: le Viêtnam. Cette contrée n'était plus connue que pour sa guerre et le commissaire venait de ré-immerger le scientifique dans sa violence. L'image du lance-flamme, les cris des innocents, les escarmouche et les guets-apens. Il imaginait les charge à la baïonnette et les couteaux qui marquaient le commencement de la fin. Ses yeux pourtant fatigués s'étaient illuminés d'un éclat malsain. Son sourire, d'abord figé s'était détendu pour devenir plus naturel. L'on pouvait clairement voir qu'il savourait chaque parole de son interlocuteur. Mais derrière son discours, il sentait poindre l'amertume d'un Homme qui, comme lui, avait connu l'horreur si sublime du combat.
La dernière réplique du commissaire fut un choc autant dans sa forme que dans son fond. Il avait donc fini par comprendre. En mettant bout à bout les événements et le récit de Blake, Karl aurait pu tomber à une conclusion similaire et maintenant que le voile était tombé, les deux hommes n'avaient plus qu'à pleinement assumer leurs positions, le Herr Doktork le premier. Il soupira comme s'il était soulagé d'un poids et son sourire s'étira de plus belle. Il écarta la bras comme pour dire "ainsi nous y voilà".
- Piégés par la passion, répondit-il après avoir palper le silence lourd de conséquences. Je crois que des présentations plus circonstanciées soient de rigueur. Je me présente, Karl Hellfern, aussi surnommé Herr Doktork Death. Tant qu'à faire tomber le voile, autan ty aller franchement et tout vous avouer.
Il laissa une bonne seconde s'écouler et ne put s'empêcher de reprendre en s'enfonçant dans son siège.
- Ah... Herr Oberricht... Le massacre de Blüdhaven fut un réel délice, un apéritif de premier ordre qui me laissait espérer une confrontation d'exception dans cette ville gangrenée qui se refuse aux traitements les plus radicaux! Mais la vie a pour elle d'être imprévisible... Il y a quelques temps encore je me disais que le trafic de drogues me rapporterait un plaisir même passager, mais ce qui me manquait était plus viscéral et nous savons tout deux ce que cela était: il me manquait la Guerre.
"Nous avons découvert la véritable raison de notre existence alors qu'une partie de l'Humanité agonisait autour de nous, mais vous le savez, Gotham stagne, elle se laisse lentement grignoter par le crime et à chaque fois que la police fait un pas en avant, les criminels en font deux. Manque de moyen? Non, surtout un manque de passion, manque de résolution. Les policiers font pour la plupart le choix qui ne coûte rien. Certains font leur travail, mais pour un policier intègre, combien qui tournent la tête? Combien qui tendant la main aux enveloppes d'argent? Combien qui oublient? Combien qui font disparaître des preuves? Et tout ça pourquoi? Parce qu'ils n'ont jamais connu l'ivresse du combat! Ils n'ont jamais vécu cet instant où finalement l'argent perd toute sa valeur, ou les valeurs elles-mêmes s'inversent, vous avez des ennemis et la force de vivre ou la faiblesse de mourir. Le mot fonctionnaire à lui seul est un indicateur puissant de cet état de fait ne pensez-vous pas? Payés pour faire respecter la loi, ils oublient pourquoi elle est là et pourquoi elle est importante pour leurs petites vies tranquilles.
Le Docteur croisa les mains. Il savait que ce serait probablement ses dernières paroles d'homme libre, si tant est que l'on puisse réellement parler de liberté lorsque sa vie civile ne sert qu'à cacher sa véritable identité.
- Nous avons été cela: la Guerre! Nous sommes des survivants, des guerriers, tous deux à notre manière et je vous crains moins que je ne vous respecte parce que je sais que vous regardez aussi le monde se décomposer. Une société bâti sur le socle de la paix au prix d'une guerre qu'ils ne conçoivent même pas. Pour eux se sont des chiffres, des dates et des évènements, au mieux des décisions politiques et économiques. Mais lorsque les politiques s'effacent alors là.... là, la véritable nature des conflits se révèlent! Le Bien, le Mal, tout ça ce sont des distinctions que l'on fait par ennuis, des distinctions que l'on fait parce qu'on a le temps de les faire et de les remettre en question.
" Je ne vous mentirais pas en disant que je fais ce que je fais pour le Bien, je le fais parce que... je suis fait pour cela. Je fais des armes avec talent, je les étudie avec talent, je les utilise avec talent, et le talent est ce que toute société adule! Votre talent est de combattre les criminels sans aucune concession, sans aucune pitié, sans aucune hésitation, qui pourrait prétendre vous accuser de donner ce que cette Société peut avoir de meilleur de vous?
La tête de Karl tourna pour observer le bureau.
- J'avoue ne jamais avoir réussi respirer dans les bureaux que l'on m'a donné, le sentiment d'être pris au piège sans doute. Surtout après avoir gazé tant de rebelles et des terroristes Vlatavans directement dans leurs bâtiments.
Il ne put s'empêcher de rire mais ce rire disparut comme il était né.
- En réalité je suis en manque de Guerre, de conflit, et de Mort.
Il sentait en lui quelque chose qui s'était trop longtemps tu.
- Peut-on respirer l'air après l'avoir découverte pleine de cette odeur ferreuse de sang et de poussière? Peut-on écouter la vie après avoir entendu agoniser des milliers d'âmes? Peut-on admirer un paysage après en avoir vu tant dévastés ou colorés par des nuages toxiques? Peut-on vibrer en écoutant un MP3 alors que nos oreilles bourdonnent encore du bruit des obus et de leurs impacts? Peut-on écouter un politicien parler de sécurité alors qu'il ne sait pas ce qu'est dormir en sachant qu'à tout moment une cinquième colonne ou une avant-garde puisse venir vous égorger? Bien sûr que non!
" Je ne cherche pas à vous convaincre Herr Blake, je cherche à vous faire comprendre que bien loin de les adorer, je veux être pleinement la Violence, la Mort et surtout la Guerre! Je rêve de sentir cette ville connaître une bataille, une vraie, pas ces escarmouches insipides qui voient des crétins endimanché dans des costumes de chauve-souris ou de clown, pas ces vaines bravades entre justiciers et criminels, mais un véritable carnage! Des rues défoncées, des bâtiments en ruines, des troupes qui combattent et qui ressentent la vibration unanime de l'Humanité véritable, je veux voir la peur dans leur yeux, je veux les voir pleurer sur les photographies de leur proches et prendre conscience de l'étendue de ce qu'ils ont à perdre. Je veux voir la lueur fugace d'espoir entre deux tirs d'artillerie, sentir leur détermination dans chacune de leur action désespérée. N'avez-vous jamais rêvé de voir ces gens avec leurs costumes ou leurs uniforme enfin ressentir le poids véritable de leur responsabilité? La guerre est le moteur de toute chose, de notre survie, de notre science et de notre passion. Peut-on aimer et admirer sans la peur de tout perdre?
Il se calma alors, laissant le flot de parole être endigué par sa respiration haletante.
- Oui, le temps est venu de laisser nos faux-semblants au placard, conclut-il en sortant les échantillons qu'il avait eu l'intention de voler de son manteau. Il semblerait que je sois votre prisonnier Herr Blake.
Il posa ensuite les échantillons sur le bureau et se réinstalla dans son siège en croisant les jambes.
- A votre avis commissaire, cette ville survivrait-elle à au moins une vraie bataille? demanda-t-il finalement. |
| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 29/12/2012 Nombre de Messages : 171 Vous à Gotham : Ancien commissaire de la ville. Possède une double identité en tant que justicier d'Etat sous le nom de l'Artiste et en tant que commissaire sous le nom d'Andrew Blake. Citations : Chapeau, L'Artiste. | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Dim 15 Sep - 2:55 | |
| Deux hommes qui avaient tout pour s'entre-tuer et qui pourtant se tenaient face à face à discuter. On aurait pu crier à l'absurde mais pourtant, pour une fois depuis les dernières années passées, Andrew trouvait en ce Karl Hellfern un homme avec qui il pouvait parler. Un homme qui le comprenait et savait ce qu'était les conflits, la guerre et la mort. Il n'aurait pas rêvé mieux pour finir sa journée que de décider de ce qui adviendrait d'eux deux. Silencieusement, il écoutait celui qu'il avait voulu depuis si longtemps tué et le pire, c'est qu'il ne pouvait que lui donner raison à propos de tout ce qu'il disait. Un tissu de vérité, deux hommes semblables mais faits pour se vouer un combat mémorable, un baroud d'honneur. Là était donc le destin d'Andrew Blake et de Karl Hellfern, un combat et un survivant, une mort honorable et une dernière guerre des plus grandioses.
Assis sur sa chaise, le commissaire ne laissait aucune émotion s'échapper. Son regard restait fixé sur l'homme en face de lui, cet homme qui lui déballait tout à coup tout ce qu'il avait sur le cœur. Il ne savait que trop bien ce que cela faisait de vivre sans aucune motivation, sans une lueur pour illuminer son chemin.
Toute cette discussion aurait pu s'arrêter rapidement au final. Un tir bien placé dans la tête, une demande d'arrestation immédiate ou un étranglement en bonne et due forme mais cela ne traversait même pas l'esprit du vieux vétéran. Même si cet homme en face de l'avait défié et même essayé et de le tuer, il ne pouvait pas se résoudre à lui faire l'affront de l'emprisonner comme un animal. Au fond de lui, Andrew avait un profond respect pour l'homme, ce Karl même si il était son ennemi, son Némésis, était sûrement l'un des hommes les plus respectables qu'il connaissait.
"Prisonnier ?" fit le commissaire en laissant un petit rire moqueur s'échapper. "Allons, ne vous moquez pas de moi Karl. L'emprisonnement, les cages et les chaînes, est-ce cela que vous voulez ? Vivre vos derniers jours comme un animal dans un zoo avec des matons qui vous crache à la figure alors qu'ils n'ont jamais connu ce que nous avons connu ?"
Andrew s'empara des échantillons quelques instants. Il les fixa lentement, sans raison, il pensait à tout autre chose à vrai dire. Au final, il les reposa sur le bureau et les fit rouler vers l'homme.
"Gardez vos échantillons, détruisez-les ou que sais-je. Etienne Guiborg sera accusé pour l'affaire à Blüdhaven. Le temps que ses avocats et que les juges se chargent de l'affaire, nous aurons suffisamment de temps pour mettre en œuvre ce que nous avons tous les deux en tête. Ne vous inquiétez pas pour Ramirez, si elle fourre son nez où il ne faut pas, je lui retirerai tout ce qui compte pour elle. Et même si par malheur, elle ne comprend pas la leçon, je me débarrasserai d'elle de façon durable, si vous voyez ce que je veux dire.
Vous parlez d'ennui dans vos bureaux, de manque de Guerre et de sang ainsi que de mort ? Regardez ce qu'ils ont fait de moi Karl. Regardez comment ils m'ont muselé, comment ils m'ont mis à l'écart dans le vain espoir que je devienne docile et que j'obéisse à leurs idéaux ridicules. Leur paix n'est que de la poudre aux yeux, ils ne sont tous que corrompus et ne vivent que dans la quête grotesque de pouvoir et d'argent. Nous valons mieux que cela, vous et moi, Karl. Nous avons compris le sens de nos vies, ce dont nous devons nous acquitter de faire avant notre mort. J'étais un Justicier d'Etat, le meilleur d'entre eux ! Mon nom même faisait trembler ces chiards de bandits ! J'ai brûlé David Galente vif dans sa cargaison de drogue ! J'ai arrêté ou massacré la plupart des criminels qui faisaient fureur dans la ville ! En quelques mois, je suis passé du complet inconnu à l'image du défenseur de la veuve et de l'orphelin. Et maintenant, cette nouvelle maire me met derrière un bureau à devoir gérer des incompétents totaux. Incapables d'arrêter qui que ce soit, incapables de mener des combats intenses ! Comme vous le dites si bien, ils sont corrompus et fainéants. Ils ne viennent travailler que pour avoir leur paye à la fin du mois, où est passé l'honneur ? La gloire des champs de bataille et la mort glorieuse dans le sang de l'ennemi ?"
Son poing se serra jusqu'à en créer une douleur insoutenable. Une rage le consumait de part en part, si bien qu'il frappa d'un coup sec sur son bureau.
"Défenseur de la veuve et de l'orphelin ? Justicier ? Tout cela n'est que de la poudre aux yeux, une image qu'on a bien voulu me donner pour rassurer le peuple. La vérité était que je ne voulais pas mourir comme une de ces vieilles loques qu'on jette dans une maison de repos et qui chie dans sa couche comme un légume. Je voulais retrouver l'ardeur du combat, le frisson de la mort et l'adrénaline qui coulait dans mes veines. Cette attitude qui pouvait me faire lever des montagnes tellement elle m'inspirait ! Vous la connaissez, vous aussi, vous la voulez, vous la désirez ! Cette envie qui vous hante, qui vous prend au cœur et vous empêche de dormir la nuit, cette envie qui vous martèle le crâne au point de vous obliger à boire pour la faire passer. L'envie du combat, l'envie de la Guerre, cette guerre qui nous a forgé et a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui.
Les politiques et les citoyens voudraient que nous ayons honte de ce que nous sommes vraiment. Elles voudraient que l'on nous mette dans un coin sombre et que l'on oublie qui nous sommes, ce pour quoi nous avons été faits ! J'ai été entraîné toute ma vie pour tuer, pour ne ressentir aucun sentiment quand je le faisais. Et maintenant, ces gens qui se battent pour le pouvoir voudraient que je me mette derrière un bureau à remplir des papiers ? Conneries je vous dis, nous vallons mieux que ça et nous le montrerons la définition même du vrai combat !"
Andrew serra les dents à l'idée de tout ce qu'on lui avait fait subir ces derniers temps. Mais tout à coup, il vit une opportunité. Il était le chef de la plus grande force armée de la ville, il pouvait contrôler cette ville comme il la voulait au final. Tout s'éclaira : si il voulait la Guerre, il n'avait qu'à la créer ! Tel un Dieu, tel Arès sur son trône olympien ! Il dirigerait les hommes au combat et à la mort pour son propre plaisir !
"La vérité, Karl, c'est que nous ne voulons pas mourir de vieillesse ou d'un cancer. Nous voulons mourir comme nos frères tombés au combat ! Nous sommes comme des vikings, nous attendons une mort glorieuse au combat pour aller festoyer entre nous au Valhalla ! Cela fait bien trop longtemps que nous foulons les pavés de cette ville à la recherche de notre dernier combat, offrons-le nous !"
Un large sourire se dessina sur ses lèvres, il pouvait enfin rêver de ce qu'il avait toujours rêvé : un dernier Vietnam, une mort plus que probable et une faible chance de réussite !
"Ils ont voulu m'écarter, me contrôler ! Ils m'ont donné un pouvoir sans limite sur les forces armées de cette ville, un pouvoir qu'il dise qu'il faut savoir gérer et limiter. Je retournerai la machine contre eux ! Je détruirai ces petits malfrats qui ne cherchent qu'à vivre pour l'argent et le pouvoir ! Je leur apprendrai ce qu'est la définition de la peur, de la mort et de la Guerre ! Ils imploreront ma pitié, mes propres alliés viendront en travers de mon chemin pour arrêter ma marche glorieuse et je les écraserai, tous autant qu'ils sont. Ils seront tués et jetés devant les marches du commissariat, ils comprendront que je suis vraiment, qui NOUS sommes vraiment.
Vous voulez un dernier combat ? Un dernier conflit où vous pourrez vous jeter corps et âme sans avoir une once de regret ? Je vais vous l'offrir Karl, je vais nous l'offrir ! Je créerai une unité d'élite, une unité avec les meilleurs hommes que cette ville peut fournir. Des gens qui ont connu la guerre, qui ont combattu fièrement pour leur pays et qui ont finalement, comme nous, été relégués sur le banc de touche. De votre côté, vous prendrez les meilleurs combattants que vous trouverez et quand le temps sera venu, nous nous affronterons tel des Dieux dans les rues de cette ville corrompue ! Nous laisserons notre envie de mort, de sang et de violence se déchaîner pendant que nos soldats mourront vaillamment. Et quand tout sera fini, l'un d'entre nous deux s'élèvera au-dessus des décombres encore fumants et pourra se vanter une dernière fois d'être le vainqueur. Nous vivrons un dernier grand combat Karl, je vous en fais le serment."
Il menait son discours tel un commandant de l'armée, ses bras appuyant ses intonations de voix. Andrew Blake, l'Artiste montrait pour la première fois son vrai visage.
"Mais cependant, Karl." finit-il en baissant l'intensité de sa voix. "En attendant, je ne vous laisserai pas en paix. Je traquerai vos hommes sans relâche, je les tuerai dans des escarmouches mémorables. Vous en ferez peut-être de même et cela vous plaira autant que cela me plaira car tel est notre destin, nous affronter jusqu'à ce que l'un de nous perde."
Andrew se leva finalement de sa chaise et tendit une main chaleureuse vers son Némésis.
"Quand vous quitterez ce bâtiment, Karl, vous ne reviendrez plus jamais. Vous oublierez vos partenariats avec le GCPD. Nous nous devons de ne plus jamais nous revoir dans ces conditions, mon ami, nous nous devons de nous revoir une dernière fois, lors de notre dernier combat."
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| | | | Sujet: Re: Un nom n'est que bruit et fumée (Enquête d'Anna Ramirez) Lun 23 Sep - 20:22 | |
| Karl avait imaginé une toute autre scène, une paire de menottes, une bastonnade dans les règles, au lieu de cela, il voyait un rideau se fermer et un autre s'ouvrir. Le commissaire venait de faire céder toutes les digues du raisonnable. Terminé le fonctionnaire aux airs tristes et accablés par un intérieur fait de tableaux blancs et de piles de dossiers, Karl vit renaître une autre flamme, pas celle de la nostalgie amer, mais celle de l'avenir glorieux. Rien n'aurait pu transporter d'avantage l'allemand que cette Ôde à la Guerre. Il ne s'était point trompé en jaugeant son homme, il l'avait percé à jour sans réellement le vouloir et il était heureux.
Oui, tous les jours Karl ressentait cette brûlure au fond de lui, ce tiraillement qui l'aidait à supporter ses injections de NKV, cette force qui le tirait du lit et qui conduisait chacun de ses pas. Ces deux hommes avaient été fait pour se rencontrer à n'en plus douter et si le destin avait été musical alors il aurait pris des harmoniques wagnériennes pour accompagner le discours enfiévré de Blake. C'était une véritable bataille de confessions. D'un côté le scientifique qui regrettait sa Science mortelle muselée et de l'autre le justicier, le guerrier, l'apôtre de la Guerre fait Dieu dans un monde en léthargie qui regrettait de voir son épée recouverte de sang sec. Oui, à deux ils pourraient faire des miracles, ils pourraient faire des combats, ils pourraient faire surgir la Guerre, si belle, si merveilleuse, si sublime et délicate, cette guerre faite de tant de promesses que Karl sentit son cœur accélérer à cette seule idée.
Le Docteur reprit ses échantillons alors que le commissaire continuait à parler lorsqu'il vint à une proposition qu'il n'aurait pu que rêver. S'offrir la Guerre, un ultime combat. Un Duel de guerriers. Karl s'y voyait déjà. Décombres fumantes et monceaux de cadavres, terre qui tremble et peuple qui pleure. Oh oui, que ne donnerait-il pas pour cela! Son interlocuteur vomit une nouvelle fois sur les institutions qui l'avaient trompé et cela alimenta l'ultime crescendo qui poussa le Herr Doktor Death à se lever de son siège pour accompagner son camarade. Lui aussi se sentait pousser des ailes, il voyait presque les Valkyries chanter pour accompagner leur litanie. Puis vint le temps des sommations. Andrew Blake jouait franc-jeu, la guerre commencerait dès ce soir, "pas de repos, pas de répit, pas de pitié" comme on disait. Deux généraux, deux stratégies, deux armées et un seul but, celui de combattre jusqu'à la fin.
Karl enleva son gant droit et serra avec fermeté la main d'un ami auprès duquel il ne s'était jamais senti aussi proche. Qu'il était agréable de sentir qu'il lui existait un opposé sur cette Terre.
- Eh bien mon cher ami, je vous promet la guerre, sans concession, sans temps mort, sans prisonnier ni armistice, je vous promet des escarmouches sanglantes, je vous assure des meurtres et des rafles pour nourrir la haine de vos soldats, je promet de distiller la peur et de rendre vos hommes conscients de la guerre qui se prépare. Mon armée sera composée de l'élite du mercenariat et de mes meilleures armes, je ne doute pas que vous serez prêt le jour de notre affrontement final, soyez sûr que je le serais de mon côté. L'un de nous n'en réchappera pas, mais il quittera ce monde le sourire aux lèvres.
" Et je vous jure que lorsque j'aurais franchi le seuil du commissariat, vous ne me verrez plus jamais sans mon masque. Au plaisir de notre prochaine confrontation. Vous n'aurez aucun mal à reconnaître le bon moment.
Puis il s'inclina respectueusement et sortit de la pièce avec un sourire béat au visage. La nuit était fraîche et lorsqu'il posa le pied sur la première marche de l'escalier qui descendait vers la rue, il se sentit un homme nouveau. Il sortit son portable et composa sans complexe le numéro de Wilfried. Il entrait dans son véhicule lorsque son adjoint décrocha.
- (Oui Herr Doktor? Un Problème?)
- (Bien au contraire Wilfried, nous avons rendez-vous avec la Guerre de notre vie.)
Puis il raccrocha et ne put s'empêcher de rire comme un damné d'avoir enfin réussit à trouver le chemin de la guerre, d'une guerre totale, sans reddition et sans pitié. Il sentait sa blessure le tirailler mais il ne pouvait s'empêcher de rire jusqu'au en venir à pleurer de joie mêlée à la douleur. De toute son existence, il n'avait jamais connu une telle béatitude, jamais son organisme n'avait été aussi soumis à une telle extase. Des jours et des semaines de doutes qui s'évaporaient, des mois de préparatifs qui se concrétisaient et surtout des heures de plaisir en perspectives.
- ICH BIN KRIEG! hurla-t-il dans l'habitacle avant de démarrer et repartir euphorique vers Axis Chemical.
Tant à faire et si peu de temps.
[HRP]Navré pour le temps de réponse et la qualité du post[/HRP] |
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