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Dans le cadre du programme Grande Enquête, issue de la volonté gothamite d'éradiquer le problème de la corruption à Gotham exprimé au moment des élections de début 2013, vous êtes convoqués le 22 Mai à 15 heures au commissariat de police de Gotham City, où vous serez pris en charge par le personnel de la mairie. Le contenu de votre examen restera ultra-confidentiel et sera soumis aux secrets médicaux et professionnels, et il ne s'agit en aucun cas d'une menace personnelle ou d'un méthode d'étude de la vie privée clandestine. Cet examen sera obligatoire, et encadré par une équipe psychologue dirigée par le docteur Rachel Parks, mais n'atteindra à aucune des libertés individuelles et collectives des différents professionnels concernés. Pour le bien de Gotham, des Gothamites, et donc de vous,

Talia Head, maire.

C'est par cette cette convocation que je suis forcé de me présenter au commissariat pour un stupide contrôle de corruption. Est-ce que j'ai une gueule de corrompu ? Certes, je peux en avoir une bien torchée, mais quand même ... J'aimais pas ça, ça puait la conspiration et le fichage des gens avec des tas de casiers où des milliers de dossiers sur les politiques et les financiers étaient entreposés. Je détestais ce genre de truc, c'était insoutenable.
Ces espèces de psychologues, fils à papa, tous nés avec une cuillère en argent dans l'anus avaient fini leurs études grâce à l'héritage familial. Même ce dénommé Jeremiah Arkham, le bâtard des Arkham, était un cinglé au plus haut niveau. Je les aimais pas ces mecs en blouse blanche.

Ouais, j'avais les nerfs. Un petit arriviste venait de ressurgir comme par hasard des morts et me reprend une place que je convoitais. Certes, ce n'était qu'un poste, mais a vrai dire, l'attrait du pouvoir, l'intérêt de rendre ce pouvoir législatif plus "profitable" était motivant. Je voulais faire du Procureur de Gotham la personne la plus en vogue, celui qui détenait des dossiers, qui pouvait faire plier n'importe qui, même le criminel le plus endurci. Tout ça bien sur, pour éliminer les communistes et ces pourritures rouges hors de mon beau pays.

Cigarette au bord des lèvres, je m'avance péniblement, retardant l'échéance pénible où l'entrevue avec un soi-disant juré ou un medécin m'énervait suffisament. La seule chose pénible qui pourrait me foutre en l'air, serait de faire des courbettes à Lindenberg dans la même journée. Je crois même que je pourrais balancer quelqu'un du haut d'un toit pour me détendre. J'ouvre la porte du couloir et du bâtiment ordonné et ...

"Bonjour, Mike Toreno, je viens pour les tests."

Rachel Parks s'avoue un peu étourdie.

Elle s'assit sur la chaise métallique faisant face au bureau, ses mains blanchies par des années passées à étudier posées sur le bureau, froid, beaucoup trop froid, et métallique, beaucoup trop métallique. La sensation est désagréable mais Rachel a trouvé un échappatoire depuis plusieurs heures dèjà. Elle pose ses mains sur les dossiers plus ou moins lourds de ses patients. Pardon, des hommes honorables venus participer à son examen. Et c'est encore une fois en cherchant à réchauffer ses mains en les tenant éloigné de l'acier froid qu'elle se rendit compte de la taille du dossier du prochain invité. Un instant de flottement accompagna ses réflexions avant que son coeur ne se rapelle à elle en un bond, réveillant tous ses souvenirs. La venue de la maire, ses yeux omnipotent dans la ville posés sur elle pendant son entretien, le visage d'un homme, une photo d'identité agrandie révélant le faciès d'un homme actif, dans la cinquante ou la quarantaine, à la barbe fraîche et aux mouvements dignes. Rachel se mit à fixer intensément la porte. Ils allaient arriver d'un moment à l'autre. Tous les deux étaient maintenant des personnages importants de la cité et c'était pour cela que Talia Head allait venir, afin de rencontrer son nouveau procureur adjoint et d'en savoir - beaucoup - plus sur lui par la même occasion.

Rachel soupira. Etait elle l'instrument de Big Brother ou le long travail qu'elle était en train d'effectuer allait il vraiment exterminer toutes les mauvaises herbes de Gotham et ne garder que les fruits qui pourraient rendre la vie plus savoureuse et plus facile à Gotham ? La question se posait, mais pour y répondre, elle était obligée de s'éxecuter et, devant la remplaçante de Maximillien Shreck, aucune erreur n'était possible. De toute façon, d'après sa fiche, le sujet Toreno s'occupait tout seul de remonter les bretelles de tout ceux qui faisaient une erreur le concernant, et, personnage versatile, il avait sûrement laissé pour accéder au fond de son esprit un chemin tortueux et quelque peu brumeux que Rachel allait avoir du mal à suivre. Mais cela l'intéressait au plus haut point. C'était même la quintessence de son métier.

La Maire arriva une poignée de minutes avant le sujet, seule, ses gardes apparemment en grande conversation avec leurs collègues de la police et salua Rachel avant d'aller se chercher une chaise afin d'assister à l'interrogatoire. Pardon, à l'entretien. Les deux femmes firent quelques présentations et Rachel expliqua succintement ce qu'elle comptait accomplir, en précisant qu'elle allait traiter Mike Toreno comme tous les hommes et les femmes qu'elle avait interrogé jusque là et cela sembler parfaitement aller à l'immortelle qui n'avait rien répondu jusqu'à ce que le nouveau procureur adjoint rentre dans la pièce et jette les bases d'une conversation sur la psychologue et la maire, désarmées. C'est Talia qui réponit en premier, suivie de la brune à la peau trop pâle.

- Bienvenue, monsieur Toreno. Bienvenue au commissariat, bienvenue à Gotham, bienvenue dans notre Gotham, bienvenue dans notre combat.
- Oui, c'est bien ici, bienvenue monsieur Toreno. Asseyez vous, je vous en prie. Dites moi.. Etes vous prêt à commencer ? Ou voulez vous dire quelque chose à madame Head avant qu'elle ne vous parle à la fin de notre entretien ?

Elocution rapide, provocation gestuelle, usage de l'impératif et d'injonctions dominantes dès les premiers mots. Mike Toreno était un habitué du pouvoir, un habitué en tout cas des milieux de pouvoir. Personne dans la pièce n'était dupe, son aspect négligé et sa nervosité décontractée n'étaient que deux oxymores de caractères qu'il avait bâti autour de lui pour se protéger et pouvoir attaquer les personnes qui l'entouraient à coups d'ordres tout en se sentant légitime dans ses actes et dans son caractère. Toreno était un homme arrivé, probablement un homme intelligent, et il ressortait de sa première intervention, une véritable tirade théatrale, beaucoup d'idées que Rachel s'empressa de griffonner sur le papier, sans lever le nez de son invité. Menaces, tentatives de coup d'état sur la conversation et affirmation bourrue de sa virilité agacée par le rendez-vous se pressaient dans ses paroles et la psychologue s'adapta inconsciemment à la matière qu'il venait de lui jeter, afin de continuer la discussion dans les meilleures conditions. Rachel remit ses cheveux en place tandis que le politicien s'asseyait et lorsqu'il se mit à fumer et affirma plus que ne demanda qu'il allait continuer, elle le regardait sans ciller pendant quelques secondes et sourit avant de jeter un regard à ses fiches en murmurant :

- Si, cela nous dérange. Il est interdit de fumer dans un bâtiment public, encore moins un commissariat et encore moins sur la chaise située du mauvais côté de la salle d'interrogatoire. Vous le savez, monsieur Toreno, c'est votre métier, du moins c'était votre métier lorsque vous vous occupiez de petites affaires, de régler ce genre de problèmes. Vous connaissez la loi.

Sa conclusion était évidente, limpide, mais elle l'ajouta à ses notes tout en la lançant en l'air, certaine que Toreno allait faire semblant de s'énerver que l'on le compare ainsi à un petit provocateur délinquant, bien qu'il l'ait cherché avec sa réflexion à contresens de son métier et de ses connaissances.

- Vous aimez donc provoquer, monsieur Toreno. Vous aimez sortir de votre rôle. Dites moi.. Commençons d'abord par le plus important. L'essentiel : vous vous nommez Mike Toreno, dans la fleur de l'âge fonctionnel, et en plein cursus honorum accéléré depuis plusieurs années. Vous avez vécu sur la Côte Est, et vous connaissez les hautes sphères de notre pays. Vous avez des relations. Des connaissances. Vos yeux se sont posés sur des choses que certains citoyens paieraient pour voir. Vous avez exercé un certain temps, et votre carrière semble s'ouvrir au monde politique comme justicier. Vos statistiques sont bonnes, et nous n'avons pas reçu de recommandations ou d'avertissements vous concernant de la part de vos anciens supérieurs - je parie que vous détestez ce mot - et de vos collègues.

Ca, c'est ce que nous savons, monsieur Toreno. Maintenant, pour le bien de Gotham, nous allons avoir besoin du reste. Comment vous définiriez vous, avec la franchise qui fait votre .. votre singularité ? N'hésitez pas à dire ce que vous pensez, spontanément, à décrire ce que votre miroir capture dans votre regard chaque matin.

Talia, dans son coin, bougea légérement pour croiser les jambes, prête à écouter le meilleur comme le pire et s'attendant à une nouvelle tentative de provocation indépendantiste. Avant que quelque chose ne se passe, elle desserra les lèvres et clarifia les choses, faisant presque sursauter la psychologue concentrée.

- Nous ne vous voyons aucunement comme une menace pour Gotham, monsieur Toreno. Simplement, vous êtes notre nouveau procureur adjoint et, je ne sais pas si vous connaissez cette ville, mais dans le cas inverse, vous saurez bientôt qu'il faut toujours être méfiant. C'est ce que le peuple de Gotham m'a conseillé. C'est pareil pour tous vos collègues. Je suis venue vous voir parce que vous avez plus d'intérêt, monsieur Toreno, vous êtes appelés à devenir plus important.. C'est ce que vous cherchez et nous voulons savoir comment.

La lueur rouge brillante que le bout du cigare de Toreno dégageait dans l'obscurité de la pièce suivit les yeux de Talia et Rachel alors qu'elles écoutaient les rêves et les aspirations d'un homme décidément drogué. Sa provocation à la cigarette, sa manière de sourire et de mener la conversation comme s'il l'avait entièrement planifiée et de dégager un tel agacement lorsqu'il parlait d'Arthur Lindenberg et des psychologues lambdas diplomés de l'UGC, tout en lui sentait le camé du pouvoir. Mike Toreno avait sûrement bu l'autorité et la force diplomatique dèsses premiers biberons et avait grandi, évolué, étudié, officié avec un trou à l'intérieur de lui, un gouffre dans les parties essentielles de sa personnalité qui ne pouvait être bouché qu'à force de pouvoir, mais un pouvoir discret, aussi total qu'anonyme, assez grand pour que son nom fasse trembler mais pas assez connu pour qu'il attire les affaires ennuyantes et les journalistes du même acabit. Il était du genre à marcher seul dans les couloirs du pouvoir, sa cigarette à la bouche, son costume rassurant sur sa peau vieillissante et ouvrir ou fermer à son gré les portes des arcanes politiques et judiciaires, décider de l'avenir de villes et d'hommes sans être embêté, et sans être accompagné. C'était un vieux loup solitaire.

Rachel n'avait pas écrit aussi vite sur son petit carnet depuis l'interrogatoire de Slade Wilson qu'elle avait fait quelques années plus tôt. Sans prendre le temps, ou alors sporadiquement, de repousser les cheveux bruns qui tombaient devant ses yeux, elle noircit plusieurs petites pages de notes et n'oublia pas de relancer Toreno avec de la torrine de mots aussi neutres que Hm hm, Ah et Je vois. Petit à petit, même s'il se contrôlait et ne posait ses mots sur la table qu'à visée, le procureur pour l'instant adjoint se dévoilait peu à peu. Talia, elle, restait les jambes croisées sur sa chaise au fond de la salle et avait ancré son regard bleu sur le visage du nouvel arrivant à Gotham, en quête d'expressions et d'informations visuelles alors que sa psychologue se concentrait sur ce qu'elle pouvait interpréter de la partie vocale de l'entretien. Toreno nourrissait un réel dédain pour le procureur Lindenberg, ne sachant pas qu'il allait démissionner dans quelques jours. Lorsqu'il eut craché son venin, Talia attendit quelques secondes, le temps que Nahash devienne un serpent plus docile - sans oublier qu'il resterait encore un serpent - avant de murmurer, sans bouger du coin d'ombre dans lequel elle s'était installée.

- Mais vous avez des choses à cacher, vous aussi. Nous avons tous des choses à cacher..

Rachel prit la suite, un doigt blanc posé sur l'une des premières lignes de ses notes, les yeux pétillants de l'adrénaline de l'action. Pour elle, c'était cela l'action, c'était là le moteur de sa vie, le moyeu de sa quête. Là ou les policiers se sentaient enfin vivre, un glock dans la main, l'oreille posée sur la porte du suspect pris en flagrant délit, elle ressentait la même chose en posant ses questions, en posant ses mots dans les fissures des discours de ses clients, et de savoir la soulever pour faire tomber le mur et le découvrir désarmé et livré à la vérité.

- Vous dites donc être une source de renseignements, et penser que ficher la population nous permettra de la contrôler et de la protéger. Mais vous n'aimez pas être vous même surveillé ? Monsieur Toreno... J'ai encore une question pour vous. Nous savons maintenant qui vous êtes. Maintenant, dites nous... Que voulez vous ? Que préparez vous dans votre vie et.. pour Gotham ?

Talia ne savait pas quoi penser.

Mike Toreno avait tout le temps de dire tout ce qu'il voulait et tout ce qu'on souhaitait savoir à son sujet dans cette salle et avant l'heure du dîner, il n'y avait aucune raison pour qu'il continue la discussion en dehors du département de police et sans la psychologue. Par la contre-proposition, Toreno avait essayé de changer le sujet et avait repoussé la question de Rachel par d'autres questions et un constat bancal à propos de son charme. Mais ce n'était pas du charisme que les gothamites attendaient de leur procureur, mais bien de l'efficacité et une loyauté sans failles. Son refus de répondre était louche et les zones d'ombres soulevées par la psychologue veuve se trouvaient de plus en plus intéressantes. Toreno cachait bien quelque chose, c'était désormais certain. Talia, sans répondre - elle aussi savait contourner les questions - se tourna vers le matériel ultramoderne de traitement des mensonges qu'elle avait fait installer désormais au GCPD et commença à faire le tour de la table d'interrogatoire avant de s'asseoir su cette dernière à proximité du matériel en question. Elle pouvait équiper le procureur adjoint de kilos de capteurs qui allaient surveiller sa température, ses pulsations, la vitesse de ses fluides, et sa respiration dans tout les endroits de son corps et rester à l'affut dans son cerveau, en scannant les zones de la parole et du mensonge, pour l'empêcher de raconter des histoires, mais elle n'allait pas le faire.

Depuis le début de l'entretien, Talia gardait un atout dans sa manche et elle avait faili croire qu'elle n'aurait besoin de le découvrir mais les quelques mots vicieux avec lesquels le procureur adjoint venait d'arroser la culture de ses secrets venait de tout changer et elle retira de son vêtement une lettre ocre, au sceau du procureur Lindenberg et fraîchement décachetée, si bien qu'elle dégageait une légére odeur de marguerite et de France. Un timbre à l'effigie de la Tour Eiffel glissa dans le regard de l'ancien membre de la NSA et l'adresse de la boîte postale, située près du Trocadéro, finit de l'informer. Elle déposa doucement le paquet sur la table et se dégagea de cette dernière avant de se tourner vers le miroir sans tain où Rachel s'était appuyée, après s'être levée de sa chaise. Les deux femmes eurent un contact oculaire rapide mais très lucratif et elle s'en retourna vers Toreno en espérant qu'il était en train de lire la lettre.

- C'est Lindenberg. Il abandonne. Il nous conseille Kurt Linwood au poste que vous poursuivez. Je vous conseille désormais d'être exhaustif, monsieur Toreno. Si vous voulez devenir procureur de Gotham, il vous suffit de répondre à la question de mademoiselle Parks, et nous verrons le reste, la teneur du dîner de ce soir y compris.

Au moins, Toreno ne se cachait plus et ne mâchait plus ses mots. D'abord obligée de tirer la corde pour s'informer, Rachel n'avait plus qu'à ramasser les informations que le prétendant au poste de procureur jetait dans la salle avec une colère contrôlée et déclenchée par la joie que lui procurait le forfait innatendu d'Arthur Lindenberg. Déshabillé par la vague de bonheur et d'ambition qui avait dû le balayer, Toreno se livrait et le carnet de la psychologue ne s'en noircit que plus rapidement. Talia, toujours debout près du miroir, réfléchissait au fil des informations engrangées. L'ancien agent de la National Security Agency se montrait ultra-capitaliste, voir même réactionnaire et peu moderne, tant il semblait encore vibrer aux tensions de la Guerre Froide. Ce discours,et ce point de vue sur la politique internationale, était à l'opposé des valeurs de la Ligue et de tout ce qu'elle avait intenté et construit depuis le millénaire dernier. La propre naissance de Talia avait au départ pour but la mise en place d'un nouveau monde aux idées largement "communistes", juste et extrême pour tout le monde, où chacun vivrait au mieux, sans craindre le Mal dans aucun de leurs semblables et sans polluer la Terre. Telle était le motif d'existence, la raison de vivre et de lutte de la Ligue des Assassins, plus grand réseau criminel jamais imaginé depuis l'Inquisition.

De plus, Talia avait appuyé durant son élection sur des promesses d'évolution sociales et juré de rééquilibrer l'énorme gouffre qui séparait les occupants des grattes ciels de Burnley et des villas de Midtown des inombrables sans domiciles fixes des rues d'Otisburg et des familles obligées de se loger dans des logements louches, vendus par des organisations encore plus suspectes. C'était une de ses promesses et la tueuse avait toujours tenu ses promesses. Elle en avait toujours eu les moyens, cela facilitait la tâche. En bref, Toreno avait une vision politiquement antithétique de celle de l'héritière du Démon, mais... n'allait il pas au final n'être qu'un procureur général ? Si elle lui gardait une bride discrète autour du cou et qu'il ne s'intéressait pas trop à la partie politique du métier, sa nomination n'aurait aucun impact économique et dans le cas contraire, elle pouvait le faire remplacer facilement. Non, son caractère et son point de vue sur l'Histoire n'étaient pas importants, c'était un détail qu'elle se devait de noter mais qui ne saurait l'empêcher de faire un travail efficace et.. "Juste" ?

A bien y réfléchir, la véhémence dont il faisait preuve pouvait être mise à profit. En effet, un procureur déterminé pouvait être tout aussi utile qu'un assassin surentraîné de la Ligue pour faire disparaître ou taire des gens. Oui, d'un certain point de vue, l'ancien G-Man avait le profil. Il fallait désormais en faire un Gotham-man, ce qui s'annonçait compliqué, et réussi à le museler un peu. Mais c'était bien possible.

- Bien. Je pense que ce sera tout, merci de votre sincerité, monsieur Toreno. Nous n'avons même pas eu besoin de ce matériel qui m'a coûté des années de thé verts. Monsieur Toreno... Linwood semble occupé. Que diriez vous d'entrer en fonction dès la semaine prochaine ?

- Je n'ai plus de question, monsieur Toreno.

Son entretien terminé, Rachel Parks était dèja occupée à ranger ses affaires et le verrouillage de ses porte-documents avait remplacé le visage vieillissant de l'ancien G-man dans les champs pourtant très étendus de son attention et de sa concentration. Elle se levait dèjà lorsqu'il avait ouvert la porte et hissait sur son épaule le sac de cuir brillant qui contenait tout ce que l'avenir et le présent de Gotham avaient de caché. Mais Talia regardait toujours le nouveau procureur et n'avait aucunement bougé, les jambes croisées mais les yeux intensément concentrés, non pas sur l'apparence de Mike mais sur ce qu'il devait être en train de penser. Plongée dans son avenir, Talia évita un instant les yeux de l'homme, après l'avoir immobilisé sur le perron avec sa phrase à cliffhanger.

Toreno semblait si heureux d'avoir le champ libre qu'il en oubiait ses rênes et elle venait de constater que son caractère et sa croissance dans des millieux ultra-capitalistes pouvaient faire ds dégats qu'elle n'avait aucune envie de nettoyer ensuite. Toreno pouvait beaucoup aider Gotham mais comme beaucoup d'excellentes armes, il était à double tranchant. Autant prévenir avant de devoir guérir. Cela n'allait probablement pas lui plaire, mais il devait être conscient qu'il était désormais un homme de pouvoir mais qu'à Gotham, dans une période où il était important de rappeler qui avait l'autorité, il resterait surveillé et que sa nomination sans élections appelait à quelques remerciements, voir une dette. Talia n'alourdit sa dernière phrase d'aucune émotion ni d'aucune épice d'élocution, laissant Toreno en prendre la complète mesure. C'était un homme intelligent, elle ne doutait pas qu'il saurait en faire bon usage.

- Je n'ai plus de question, mais j'ai encore un conseil. Vous êtes le nouveau Grand Procureur de Gotham, mais n'oubliez pas que vous êtes mon procureur. Un administré important du gouvernement Head. Nous reconstruirons Gotham ensemble, mais je ne me fais pas de souçi. Je compte sur vous, monsieur Toreno.