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| Auteur | Message |
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| Sujet: New Beginning Lun 15 Oct - 21:06 | |
| « Maître Bruce, je crois que le moment serait opportun pour vous rendre à la maternité. Je crois que mademoiselle Dawes… - Alfred je vous en prie ! - Veuillez m’excusez mademoiselle. Maître Bruce, je regrette la façon cavalière dont je dois vous quitter mais comprenez… - Alfred ! - Au revoir maître Bruce ! »
Depuis plusieurs mois maintenant, leur histoire d’amour s’était ravivée, surtout avec l’annonce de la grossesse de Rachel. Et même s’il avait eu du mal à se faire à cette idée au début, il avait insisté pour prendre des dispositions afin que tout se passe le mieux possible, au point d’avoir parfois l’impression d’être en sucre, ou sur le point de mourir d’une maladie grave plutôt que de s’apprêter simplement à donner naissance à la fille de l’homme qu’elle aimait. Et malgré la récente menace des « Hiboux », elle avait senti qu’il était plus présent auprès d’elle, restant de longs moments l’air rêveur à caresser son ventre qui s’arrondissait jour après jour. Un petit peu de normalité dans leurs deux vies hors du commun.
Le pauvre Alfred avait vu la pression augmenter sur ses épaules déjà bien chargées, le maître des lieux l’ayant nommé expressément chauffeur de sa fiancée, jugeant trop risqué qu’elle prenne la route toute seule. C’est vrai que vu son état et sa situation, elle était devenue une cible de choix pour n’importe quel criminel de Gotham, et il ne voulait rien laisser au hasard. C’est pourquoi, même si elle traînait les pieds au début, elle accepta sans trop de mauvaise grâce cette nouvelle directive. Après tout, c’était pour son bien !
Le terme approchant à grands pas, elle put enfin rester au manoir, sous la surveillance permanente et bienveillante d’Alfred, qui la surveillait comme du lait sur le feu. Et ce retour à un juste ordre des choses avait permis à la jeune femme d’envisager plus sereinement le nouveau bouleversement qui s’annonçait dans son existence, et celle de son amour de toujours. Paniquée et incertaine même de le garder lorsqu’elle avait découvert qu’elle était enceinte, la réaction de Bruce, puis sa demande en mariage lui avaient prouvé qu’il tenait toujours autant à elle, et que c’était avec lui, et lui seul, qu’elle voulait tenter cette extraordinaire qui est de passer de deux à trois.
Elle était en train d’aider Alfred à la cuisine quand l’héritière des Wayne décida qu’il était temps de faire son apparition dans le monde, et le majordome, flegmatique dans les situations les plus graves, eut cette fois du mal à être totalement professionnel et ne pas céder à l’angoisse qui le gagnait.
Pourtant, moins de vingt minutes plus tard l’équipe médicale la prenait en charge, tandis qu’elle se préparait à affronter ce qui s’annonçait comme une des épreuves les plus importantes qu’elle aurait jamais à vivre. Sur le coup, même un tête à tête avec le Joker ou Harvey lui aurait semblé plus rassurant. La seule chose qu’elle espérait, c’est qu’elle n’allait pas affronter ça toute seule, guettant nerveusement la porte entre deux contractions.
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: New Beginning Mar 16 Oct - 15:50 | |
| "Alfred."
"Maître Bruce."
La maternité est évidemment en pleine activité. Autour de moi, infirmières et docteurs essayent d'amener à la vie ou de conserver en vie des nourrissons, tout en gérant les mères et pères terrorisés ; je n'arrive plus à cacher mes tremblements, mais mon esprit reste concentré. Mon corps a le droit de faillir, pas le reste.
"Est-ce que le dispositif est prêt ?"
"Le docteur Ellis et ses assistants ont bien signé les contrats préparés auparavant. L'administration de l'hôpital a laissé à Rachel un couloir entier, et elle est entrée par une entrée discrète. Les donations à la structure ont déjà été faites, et nos avocats et leurs assistants sont en train d'organiser une veille pour vérifier qu'aucun bruit ne fuite dans la presse."
"Parfait."
Dans un monde parfait, mon enfant serait en train de naître aux yeux de tous, accouché par mon père alors que Rachel m'écraserait la main et que ma mère essayerait de la consoler. Le monde parfait n'existe pas. Rachel Dawes ne doit pas accoucher de Bruce Wayne. Leur fille ne doit pas exister. Ils ne doivent pas se marier ni vivre publiquement ensemble. Ils doivent rompre, je dois officiellement lui briser le coeur et lui permettre de fuir Gotham City pour l'Europe, pour un poste de consultante dans un cabinet d'avocats renommé.
Elles doivent me quitter parce que mes ennemis peuvent découvrir leur existence et les tuer, après des heures de souffrance. Ce n'est pas un fantasme, ce n'est pas une crainte - c'est un fait. Jason a été tué par le Joker et retourné par Ra's Al Ghul. Barbara a été handicapée par le Joker. Timothy a subi l'influence néfaste de Max Shreck et de Talia Al Ghul. Et plein d'autres encore peuvent nous frapper, les frapper pour en finir avec moi.
Je pousse un long soupir, et regarde Alfred. Ses yeux trahissent son inquiétude, mais aussi la fierté. Je dois avoir les mêmes.
"Pour..."
"Les articles de journaux indiquant votre rupture avec Rachel sont prêts à être imprimés. L'avion de Rachel partira d'ici quelques jours, quand le docteur Ellis aura donné son aval. L'appartement de Rachel a été aménagé selon vos critères communs. Et votre propre jet est déjà préparé pour que vous arriviez le lendemain de leur emménagement."
Alfred sourit tristement et pose sa main sur mon épaule. Je me sens, à nouveau, tout enfant devant lui, incapable de prendre une décision et attendant que mon "père" de substitution m'aide. Dans mon malheur, j'ai été le plus chanceux d'être pris en charge par lui.
"Bruce... il est temps."
J'acquiesce en sentant les larmes parvenir à mes yeux ; je les retiens. Lentement, je pousse la porte de la salle d'accouchement. Deux infirmières appuient un médecin concerné. Rachel souffre, hurle, pousse, tandis que mes pas m'avancent lentement vers elle. Je suis vêtu d'un polo noir et d'un jeans, mon costume roulé en boule sur le toit de l'immeuble - j'étais en mission lors de l'appel.
Ma salive est bloquée dans ma gorge, mes mains tremblent, mon coeur bat trop fort, mais je parviens auprès d'elle. Nulle parole ne sort de mes lèvres. Nul mot n'est prononcé. Je lui serre la main, et sens sa poigne de feu craquer mes doigts - je ne réplique pas. Je la fixe, avec un sourire tendre, rare chez moi. Malgré la sueur, la transpiration, la fatigue, le reste, elle n'a jamais paru aussi belle - et ma détermination de l'éloigner de moi tant que ma mission n'est pas accomplie n'a jamais été aussi forte.
Je n'ai pas le droit de les mettre en danger, de les... Un cri. Un premier cri.
Mon coeur bat encore plus fort, alors que le docteur Ellis extrait une chose minuscule de Rachel. Je la sens s'affaisser, usée, tandis que le médecin et ses infirmières font les premières analyses. Les secondes durent une éternité. L'inquiétude grandit. J'ai peur. Je crève de trouille.
"Mademoiselle Dawes... monsieur Wayne..."
Sa voix est neutre, calme - ce n'est pas normal. Sa voix devrait être enjouée, sympathique. Sa voix devrait montrer son bonheur d'avoir réussi. Il y a quelque chose. Il s'est passé quelque chose. Elle... elle doit...
"Je vous présente votre fille."
Il se tourne et dépose dans les bras de Rachel un minuscule bébé qui bouge, bégaye et nous fixe avec ses grands yeux bleus. C'est ma fille.
Bienvenue, Helena Wayne. Bienvenue dans ce monde qui ne te mérite pas, mais que je vais changer pour toi. |
| | | | Sujet: Re: New Beginning Mar 16 Oct - 21:39 | |
| La vie peut être drôle parfois. Il y a encore quatre ans je ne me serais jamais imaginée assistante du procureur de Gotham City, encore moins fiancée de Bruce Wayne, et pas du tout mère. Et pourtant toutes ces choses se sont enchaînées à une vitesse vertigineuse. Notre brève relation quelques années plus tôt, qui avait finie dans une ruelle sale et poisseuse du sang de mon précédent patron. Et il m’avait sauvée la vie, je l’avais aidé à affronter la sienne, et puis cette nouvelle. Un petit être dans mon ventre. Son enfant. Notre enfant. Il m’a fallu un bout de temps pour digérer la nouvelle, surtout qu’il était retombé dans une de ces périodes sombres où il ne me parlait même plus.
Et ces quelques mois si vite passés loin du monde, trouvant je ne sais quelle ruse pour disparaître de la vie publique : une longue maladie ou je ne sais quoi. J’avoue que je ne m’en suis même pas préoccupée, ne faisant attention qu’à une chose : préserver ce petit être en moi, et faire tout ce qu’il fallait pour qu’elle vienne au monde sans incident.
Et ce moment est déjà arrivé. Grâce à Alfred, nous sommes arrivés à la vitesse de l’éclair à l’hôpital, et tout le reste s’est enchaîné sans que je me rende compte de ce qui se passait exactement, trop occupée par la douleur et l’angoisse de ce qui m’arrive. Pourtant je sens comme une tension. Je sais que cette naissance ne sera pas normale, parce que ni Bruce ni moi ne sommes des gens normaux. Depuis des mois je sens que quelque chose se prépare, mais ça n’est pas nouveau. Depuis toujours, il y a des choses qui me dépassent, des choses que je ne connaîtrai jamais et qui me dépassent. Je sais ce que j’ai besoin de savoir, et je suis là s’il en a besoin.
Sauf que pour l’instant, la réciproque n’est pas vraie. On m’installe sur la table de travail alors que la douleur se fait encore plus grande et violente. Et je ne peux pas lutter. Entre deux vagues de souffrances, je regarde la porte du coin de l’œil, espérant qu’il sera là. Il aurait dix mille bonnes raisons de ne pas l’être : empêcher un hold-up, éviter un meurtre ou une agression… mais j’ai besoin de le sentir près de moi. Je ne veux pas être seule dans un moment pareil.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, en ayant l’impression de mourir minute après minute, quand j’entends la porte s’ouvrir, et je sens sa main attraper la mienne. Je lève les yeux vers lui, lui accordant un regard rempli de toute la reconnaissance possible, et mon corps me rappelle à l’ordre. Un hurlement se glisse hors de mes dents serrées, et je serre sa main autant que possible. Sa main contre la sienne, le savoir près de moi me redonne de la force pour continuer.
Au moment où je pense ne plus avoir de forces je sens que c’est fini. Et un cri résonne à mes oreilles. Je m’effondre en arrière, le souffle court et le corps agité de tremblements, et soupire de soulagement en entendant qu’elle est en vie. Je lève les yeux vers Bruce, et je constate qu’il a les yeux rivés sur les médecins qui examinent notre fille.
Quelques secondes plus tard on me tend une petite chose, et j’hésite même à l’accepter à tel point j’ai l’impression que mes bras n’auront plus la force de la tenir. La première chose que je constate est qu’elle est minuscule, mais gesticule déjà. Elle est là… depuis de si longues semaines, de si longs mois, je l’ai sentie grandir dans mon ventre, et maintenant elle est dans mes bras. L’adrénaline qui redescend, l’effort, l’émotion, tout ça fait que j’éclate en sanglots tout en riant, effleurant doucement sa tête de mes mains. Elle est magnifique, et surtout, elle est la fille de l’homme que j’aime et que j’ai toujours aimé. Helena.
Je lève à nouveau les yeux vers lui et constate qu’il n’en mène pas large non plus.
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: New Beginning Mer 17 Oct - 14:36 | |
| Les minutes suivantes défilent sans que j'ai le moindre contrôle dessus. Les évènements arrivent sans que je puisse les gérer ou y prendre part. Ce n'est pas mon monde, ce n'est pas mon univers, et je m'y sens étranger ; c'était celui de mon père, et mes yeux s'humidifient en pensant que ni lui, ni ma mère ne sont là pour ça. Ma main tient toujours celle de Rachel, mais mon esprit abandonne la lutte. Trop de tension, trop d'épreuves, trop de peur - j'ai besoin d'un break. Que quelqu'un prenne le relais et gère tout au mieux. Heureusement, le docteur Ellis est suffisamment professionnel pour le faire, et je ne sais pas vraiment ce qu'il se passe ensuite.
Trois heures s'écoulent, et je me retrouve devant les couveuses - seul. Rachel se repose. Rachel s'est endormie en me serrant la main, un sourire sur le visage. Les infirmières m'ont mené hors de la chambre en me brusquant, mais j'ai retenu mes réflexes d'auto-défense. J'ai déambulé, je crois, dans le couloir de l'hôpital que j'ai réservé pour l'occasion, et je ne sais pas comment je suis arrivé devant les couveuses - ou plutôt la couveuse.
Helena s'y trouve - seule, aussi. Il aurait été trop dangereux de la laisser avec d'autres bébés, les autres parents n'auraient pas tenu leurs langues et je refuse de la mettre en danger.
"A peine quelques heures, et déjà seule au monde..."
Mes murmures résonnent dans le couloir sombre et sans vie. Les infirmières s'occupent de Rachel, le docteur Ellis doit vaquer à ses occupations, et je fixe... mon enfant. Ma fille. Helena Wayne. Première née de Bruce Wayne. Tu devrais faire demain la une des journaux, au lieu de t'enfuir vers l'Europe pour échapper à mes ennemis. Je te voue à une existence anonyme, sans gloire, sans fortune, sans les honneurs dus à ta famille. Je te voue à une existence sans moi, ou au moins durant ton enfance, tant que je n'aurais pas libéré ma ville et réussi le serment fait à mes parents.
Je pousse un long soupir en voyant ce bébé dormir, le bras sur le visage - mon bébé. Mon enfant. Le poids de ma mission et de mes responsabilités devient encore plus lourd.
"Vous ne voulez pas la laisser partir."
Alfred, aussi discret que moi, et encore plus fin psychologue. Un sourire triste s'esquisse sur mon visage, mais mes yeux ne quittent pas Helena.
"Non."
"Il le faut. Pour son bien."
"Je sais..."
"Non, Bruce. Vous ne savez pas."
A nouveau, il pose sa main sur mon épaule. A nouveau, je sens ce qu'il va me dire, et je n'aime pas ça.
"Vous avez choisi votre combat, j'ai choisi de vous accompagner. Richard a choisi de poursuivre comme Robin après avoir retrouvé l'assassin de ses parents, Timothy a choisi de prendre le relais en prouvant sa valeur - même Jason a choisi d'essayer de faire de sa vie un acte positif. Rachel a également accepté les risques de votre vie commune. Helena... elle n'a choisi que de vivre, Bruce."
Ma bouche s'assèche. J'avais raison - je n'aime pas ce qu'il dit. Sûrement parce qu'il a raison.
"Helena sera la cible de vos ennemis, autant ceux de Bruce que de Batman. Helena a besoin d'un cadre sûr pour grandir, pas d'une cave sombre et humide. Helena a besoin de sécurité, de chaleur et de douceur. Vous ne pouvez pas lui offrir ce cadre, Bruce - et vous ne pouvez pas abandonner votre mission. Vous en mourriez."
Je pousse un nouveau long soupir. Ma voix n'est qu'un murmure.
"Je sais..."
"Elle mérite de vivre - pas de survivre."
"Dès... dès qu'elles seront prêtes..."
"Le docteur Ellis m'a indiqué qu'elles le seraient d'ici deux jours."
"Alors, ce sera les deux plus importants jours de ma vie."
Sans le voir, j'imagine le sourire d'Alfred derrière moi. Mes yeux fixent toujours Helelan, ce petit bout qui vient de moi et dont je vais me séparer pour son propre bien. Plus que deux jours. Autant les faire durer, et mettre de côté mon autre carrière. Il y a autre chose de plus important en jeu. |
| | | | Sujet: Re: New Beginning Mer 17 Oct - 17:46 | |
| J’ouvre les yeux et je mets quelques secondes à comprendre où je me trouve. Une chambre d’hôpital. Qu’est-ce que ? Instinctivement je pose ma main sur mon ventre maintenant vide. Helena ! Mon cœur s’arrête une seconde, m’imaginant mille scénarios possibles avant de me rappeler les raisons qui m’ont amenée ici. Je soupire de soulagement, et prends enfin le temps de regarder plus en détail autour de moi. Dehors il fait nuit, et j’ai dû m’endormir. Depuis combien de temps ? Je cherche Bruce du regard, mais je suis seule dans cette chambre impersonnelle bien que luxueuse.
Une urgence ? J’aurais dû m’en douter, et je sens ma gorge se nouer à l’idée qu’il m’a laissée seule ici. Au moins il a été là au moment le plus important, mais on a pas échangé une parole depuis que notre fille est venue au monde. J’aurais imaginé qu’il serait heureux, pleinement heureux pour la première fois de sa vie, mais c’était tout le contraire. On aurait dit qu’une ombre supplémentaire venait de se rajouter au tableau, un poids de plus sur ses épaules. Je lui ai donné le plus beau cadeau que je pouvais lui faire, mais ça n’a pas suffi à lui faire oublier son devoir. Sa croisade. Pourtant je sais que c’est ça qui le fait se lever le matin et tenter de lutter seul contre un ouragan jour après jour, et c’est aussi pour ça que je l’aime, mais j’avais pensé qu’Helena aurait pu être un nouveau moteur pour lui. Une autre raison de laisser les jours se succéder. Et ça me rappelle douloureusement que je ne le comprendrais jamais totalement. Qu’une partie de lui restera un mystère qu’il ne partage qu’avec Alfred, et encore. Pourtant, sa fille est une partie de lui, son sang.
Au bout de quelques secondes, je relève la tête et réalise que quelque chose n’est pas normal. Le silence. Le silence oppressant. Normalement un hôpital est comme une ruche, pleine d’agitation, de médecins pressés, d’internes débordés, d’infirmières zélées qui discutent, et plein de patients. Ici rien. Pas le moindre coup de téléphone, pas le moindre éclat de voix, personne.
Je me redresse et gémit légèrement : mon corps entier n’est qu’une gigantesque courbature, mais il faut que j’en aie le cœur net. Où je suis réellement ? Qu’est-ce qui se passe ici ? Je repousse les draps et pose mes pieds nus sur le sol glacé. Je marche lentement, comme une petite vieille, mais cette impression d’être seule au monde est trop oppressante. Il faut que je voie ma fille.
Je sors dans le couloir et commence à appeler, mais ma voix reste sans écho. Mon cœur se met à battre plus vite à l’idée que quelque chose ait pu arriver à ma fille, à ce petit être que j’ai tenu à peine quelques minutes dans mes bras avant que les médecins ne l’emmènent.
Eho ? Y’a quelqu’un ? S’il vous plait ?
Mon angoisse augmente au fil des secondes muettes, et je suis au bord des larmes alors que je tourne au croisement d’un autre couloir. Heureusement je reconnais au loin sa silhouette que j’ai déjà vue des dizaines de fois, tant derrière le masque que derrière le costume trois pièces.
Bruce ? Bruce c’est toi ?
Je continue à m’approcher alors qu’il vient vers moi et me jette encore ce regard plein d’inquiétude, et d’une douleur sourde.
Bruce, qu’est-ce qui se passe ? Je… je me suis réveillée, j’étais seule et… il n’y a personne dans tout l’étage… Est-ce que… est-ce qu’Helena va bien ? Où est-elle ? Bruce je t’en prie dis-moi ce qui se passe !
Je n’avais même pas remarqué que je tremblais comme une feuille, tant de froid que de peur, mais il me rassure en me disant que tout allait bien. Il me soulève comme si j’étais une plume, me grondant gentiment comme une petite fille pour m’être levée, et m’amène devant la vitre qui nous sépare de notre fille. Mon cœur reprend enfin un rythme normal maintenant que je la vois. Elle est là, à quelques centimètres, si minuscule et si magnifique. Elle bouge doucement et sa poitrine s’élève lentement au rythme de sa respiration.
Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas l’installer dans ma chambre ? Je ne veux pas être séparée d’elle, s’il te plait…
Toujours dans ses bras, il me ramène jusqu’à ma chambre et me dépose tendrement sur le lit, remontant les couvertures sur moi. Je garde sa main serrée dans la mienne alors qu’il est assis sur le lit à côté de moi.
Merci… d’avoir été là. Je sais que ça n’a pas dû être facile, mais… j’avais besoin de toi. Et comme toujours tu as été là…
Les choses sont un peu rentrées dans l’ordre, l’homme que j’aime est à mes côtés, notre fille va bien. Mais je ne peux m’empêcher de sentir que quelque chose cloche.
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: New Beginning Sam 20 Oct - 14:04 | |
| Mon visage affiche un sourire sincère, mais mes lèvres sont scellées. Je n'ai prononcé que quelques mots, ceux indispensables pour la rassurer et lui faire accepter le retour dans sa chambre. Je ne sais pas quoi lui dire. Je ne sais pas comment lui rappeler la décision que j'ai prise, et que je lui ai fait d'accepter. Alfred est allé voir pour ramener Helena ici et nous faire passer le plus de temps ensemble, mais chaque parole de Rachel est comme un poignard dans mon coeur.
J'ai toujours veillé sur elle - mais je vais devoir l'abandonner. Les abandonner. Au moment où elles auront le plus besoin de moi.
Je pousse un long soupir en serrant plus fort encore la main de la femme que j'aime. Mon sourire se transforme pour devenir plus triste, plus mélancolique. Ma voix n'est qu'un filet de son, un murmure lent et posé.
"Le docteur Ellis a indiqué que vous pourrez sortir d'ici deux jours. L'avion est déjà préparé pour... vous emmener en Europe, comme convenu."
Je ne devrais pas parler de ça maintenant, je ne devrais pas briser ce moment, mais... je ne veux pas qu'elle s'oublie dans une réalité qui ne sera pas la nôtre. Nous ne pourrons pas être une famille normale tant que je n'aurais pas accompli ma mission, ou au moins que je n'aurais pas considéré que le temps de la retraite est venu. Elle le sait - elle l'a toujours su. Ca ne doit cependant pas changer grand-chose à l'instant présent.
"Ces deux jours à venir... nous les passerons ensemble. Tous les trois. Pas de départ, pas de mission, pas de... l'autre. Juste tous les trois."
La porte s'ouvre alors, révélant Alfred en train de pousser un chariot contenant la petite Helena dans sa couveuse. Mon coeur fond en la découvrant, et les mots se bloquent dans ma gorge - je les force quand même à sortir.
"Et je vous rejoindrai en Europe pour votre emménagement, et je viendrais aussi régulièrement que possible. Quelques... alliés me remplaceront. Je... je ne veux pas totalement passer à côté de vous et... et d'elle."
Je me relève, et m'approche en silence de la couveuse. Sous les yeux émus d'Alfred, qui s'est placé discrètement dans un coin pour ne pas gêner, j'ouvre le chariot et m'empare de l'enfant... mon enfant. Avec les gestes les plus doux et les plus tendres, je la prends dans mes bras et m'approche doucement de Rachel, le sourire aux lèvres. Je me penche vers elle, lui présentant définitivement le fruit de notre union. A ce moment-là, je suis prêt à tout pour abandonner ma mission et vivre auprès d'elle, mais mon inconscient me rappelle autant le serment que les dégâts causés par mes ennemis.
"Voici ta maman, Helena. La plus belle d'entre toutes."
Quelqu'un doit les stopper - quelqu'un doit les empêcher de nuire. Pas seulement pour protéger les innocents, pas seulement parce que c'est bien... mais parce que je refuse que ma femme et ma fille vivent dans un monde où elles peuvent être menacées par de tels maniaques. Si je dois sacrifier des années de ma vie, de bonheur, pour leur permettre de vivre e paix et de revenir ici, je le ferai.
C'est le sacrifice le plus dur de mon existence, c'est le pire choix à faire... mais c'est ce que je dois faire. Pour elles. |
| | | | Sujet: Re: New Beginning Ven 26 Oct - 19:23 | |
| Malgré mes tentatives pour briser les trop nombreux silences qui s’installent entre nous, Bruce Wayne reste frappé de mutisme. Encore plus grave et sombre qu’avant. Un fossé se creuse lentement alors que je pensais que la naissance de notre fille allait enfin ôter la chape de plomb qui pèse en permanence sur ses épaules. Lui redonner le sourire qui ne trouve que trop rarement le chemin vers son visage. Dissiper les nuages noirs qui ont fait son quotidien depuis de si nombreuses années. L’espace d’une seconde, je me dis que j’aurais peut-être mieux fait de… de faire un autre choix, pour pouvoir continuer notre vie ensemble. Pour lui éviter ce qu’il a l’air de considérer plus comme un poids, une inquiétude supplémentaire qu’un cadeau ou un nouveau départ. Mais rapidement l’image de ce petit être apparaît dans ma mémoire, et je me dis que j’ai fait le bon choix, même s’il implique des sacrifices.
On dirait que pour une fois, Bruce lit dans mes pensées, parce qu’il m’indique que dans deux jours sa fille et moi allons changer de continent. De vie. Un nouveau départ, à des milliers de kilomètres, et surtout, loin de lui. J’avais espéré qu’après la naissance d’Helena, en la voyant, en la tenant dans ses bras, il n’aurait plus le cœur à mener à bien ce projet, le fait de l’éloigner. Mais on dirait que ça l’a rendu encore plus sûr de lui. Déterminé.
Je hoche la tête silencieusement, et le contemple alors qu’il a le regard baissé. Il est si beau, et si sombre. Je suis peut-être une des personnes qui le connait le mieux, et en même temps il a encore tant de zones d’ombres auxquelles je n’aurai jamais accès. Personne d’autre d’ailleurs. Je ne sais jamais avec certitude ce qu’il pense. Mais je l’aime. Parce qu’il n’y a, et n’aura jamais personne d’autre que lui. Malgré sa croisade, malgré ses fêlures. Et je reconnais l’ampleur du sacrifice qu’il me, qu’il nous consent, en me promettant qu’il passera avec nous chaque seconde avant notre départ.
Je souris timidement et demande d’une petite voix.
Est- ce que tu vas y arriver ?
Je tourne la tête en entendant Alfred entrer dans notre chambre, avec la petite héritière des Wayne. Lui aussi la contemple comme un trésor, et je sais qu’il ne s’était pas attendu à ce que cette illustre lignée se prolonge. Bruce continue son discours, sa voix ayant perdu de son assurance depuis que son regard s’est à nouveau posé sur cette petite chose qui n’est même pas sur terre depuis une journée.
Bruce… tu es son père. C’est pour la protéger que j’ai accepté de partir à l’autre bout de la planète. Je suis morte de peur à l’idée de me retrouver toute seule là-bas, et de ne pas savoir m’occuper d’elle mais… c’est ce qu’il faut. Elle aura besoin de toi, et j’aurai besoin de toi. C’est ta fille, elle doit te connaître, elle aura besoin de toi, de te voir. Je sais que tu feras du mieux que tu pourras. Même… si… les choses auraient pu être tellement différentes…
Je le vois prendre sa fille dans ses bras, et le contraste est encore plus impressionnant quand je vois cette petite chose dans des bras si forts. Je suis étonnée de la douceur et de la délicatesse avec laquelle il la porte, il la touche, lui qui peut n’être qu’un concentré de rage meurtrière quand les circonstances l’exigent. Un soir, quelques minutes, et tout aurait pu être différent. S’il n’avait pas voulu sortir, si ce type n’avait pas été là… il aurait simplement été le digne héritier d’une des plus illustres familles de la ville, sans autre souci que de reprendre les affaires familiales. Mais est-ce qu’il m’aurait regardée ? Se serait-il rappelé de son amie d’enfance, avec qui il jouait faute de mieux ? Et surtout, est-ce que je l’aurais aimé, ce Bruce lisse et sans taches ? C’est ce qui lui est arrivé qui a fait de lui l’homme qu’il est, l’homme que j’aime, malgré tout ce que ça implique.
Je prends notre fille dans les bras, qui nous regarde avec de grands yeux, l’air tranquille, et je ne peux m’empêcher de sourire. Définitivement, je ne regrette rien. Malgré tout ce qui s’est passé, ce n’était pas grand-chose en comparaison de ce nourrisson entre mes bras. Notre fille. Ca te va bien les nourrissons dans les bras… On aurait dû tester ça plus tôt !
Je tente de faire un peu d’humour, ne voulant pas passer les derniers jours qui nous restent à me morfondre. J’aurais suffisamment le temps de le faire à Londres. Et quand il me complimente, j’en rajoute un peu.
Garde ça pour toutes les mannequins que tu vas mettre dans ton lit une fois que l’avion aura quitté la piste !
Je ris doucement mais intérieurement j’ai envie de pleurer, et je baisse les yeux sur notre fille le temps que les larmes qui perlent au coin de mes yeux disparaissent pour ne pas le rendre plus mal, ne pas le faire culpabiliser plus qu’il ne l’est déjà.
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: New Beginning Sam 27 Oct - 12:47 | |
| "Il n'y en aura pas."
Je dépose lentement Helena dans les bras de sa mère, et approche ma chaise pour être quasiment collé contre le lit. Mes yeux fixent toujours la petite chose placée contre Rachel, et ma voix n'est qu'un faible murmure.
"Il n'y en a jamais eu."
Mes yeux glissent lentement, pour se poser finalement sur la jeune femme. Un léger sourire s'esquisse sur mon visage alors que ma main caresse doucement sa joue.
"Tu sais que ce ne sont que des rumeurs. Alfred est passé maître dans l'art d'endormir mes invitées avec quelques produits dans leurs verres, et elles préfèrent inventer de folles nuits avec l'héritier Wayne plutôt que d'avouer leur ignorance. Leurs carrières en profitent, et moi aussi."
Ma main se pose définitivement sur la joue de Rachel, avant de glisser vers son oreille puis ses cheveux.
"Tu es la seule, Rachel. Et tu la resteras."
Je me penche légèrement, et dépose un tendre baiser sur ses lèvres. Cet instant, que j'aimerais éternel, ne dure que quelques secondes, avant que mon corps ne se rassoit calmement sur la chaise. Mes yeux se fixent ensuite sur la silhouette du docteur Ellis, qui revient dans la chambre pour murmurer quelques mots à Alfred. Il la quitte ensuite, laissant mon majordome et père de substitution s'approcher. Posant les mains sur le bas du lit, souriant, il nous observe tous les deux avant de parler d'une voix lente.
"Le docteur suggère que ces demoiselles se reposent maintenant. L'épreuve a été difficile pour toutes les deux, et elles ont besoin de retrouver leurs forces."
Maintenant que je suis aussi père, je mesure la chance que j'ai eu de bénéficier de son attention et de son éducation : sans Alfred, je n'aurais été rien - et rien n'aurait été comme maintenant. Il fut mon ami, mon maître, mon mentor, mon employé, mon serviteur, mais il est et restera toujours mon père. Thomas Wayne m'a mis au monde et m'a donné les valeurs que je défends, mais c'est Alfred Pennyworth qui m'a permis de vivre avec et de me battre pour elle.
"Je reste."
"Je n'en doutais pas."
Un simple signe de tête suffit à Alfred pour nous quitter nous laisser seuls. La porte se ferme quand je dépose un baiser sur le front de Rachel. Ma main dans la sienne, j'attends en silence qu'elle s'endorme en caressant, avec mes autres doigts, le petit front d'Helena. Deux jours seulement - mais deux jours de bonheur comme jamais je n'en ai eu s'ils continuent ainsi. |
| | | | Sujet: Re: New Beginning Mer 31 Oct - 11:47 | |
| Mon bras vient enserrer doucement ce petit être qui vient de moi, notre fille, tandis que mon autre main se pose sur celle de Bruce qui caresse mon visage. J’ai essayé de faire de l’humour, mais c’est juste une façade. Parce que dans ma tête une horloge s’est enclenchée, avec son fatidique tic-tac. Que chaque seconde passée auprès de lui est aussi une seconde qui me rapproche du moment où je devrais partir, m’exiler à l’autre bout de la planète, pour mon bien et surtout pour celui de notre fille. J’inspire légèrement pour me redonner une contenance, et ne pas l’inquiéter d’avantage.
Je le sais, ne t’inquiètes pas… Et j’espère bien rester la seule et l’unique ! Enfin, la seule autre que je tolèrerai dans ta vie sera celle que je tiens dans mes bras en ce moment…
Je ferme les yeux pendant qu’il m’embrasse, et je le sens enfin totalement avec moi, loin de ce qui le préoccupe, loin de sa croisade, loin de Batman. Pendant quelques secondes, je ne suis qu’avec Bruce Wayne, qu’avec l’homme sans le masque. Sauf que cette parenthèse enchantée est trop courte, et le médecin vient pour m’ordonner de me reposer. Je sens que j’en ai désespérément besoin, mais chaque seconde passée à dormir est une seconde où je ne profiterai pas de lui.
Comme s’il lisait dans mes pensées, il m’embrasse tendrement et garde ma main dans la sienne alors que je m’abandonne enfin. Enfin calme et sereine. Les heures qui suivent passent bien trop vite. J’apprends à faire connaissance avec notre fille, ma petite Helena. Le médecin nous fait passer une batterie de tests, les infirmières m’apprennent comment m’occuper d’elle, et petit à petit je commence à maîtriser les gestes qui font de moi une vraie maman. L’allaiter, la changer, la bercer… et je fonds comme neige au soleil en voyant que Bruce joue aussi le jeu, allaitement excepté. Bruce Wayne qui change une couche. Et Alfred ne peut pas s’empêcher de la contempler avec admiration. Le petit miracle qu’il n’espérait sans doute pas.
Puis vient le moment de la séparation. Du départ. Mes affaires sont réunies et empaquetées, de même pour celles de notre fille. Et j’attends avec appréhension le moment où il m’annoncera qu’il est temps. Moment qui vient trop vite. Je m’habille pour la première fois depuis que je suis entrée à l’hôpital, et installe notre petite fille dans son couffin. Elle dort paisiblement, et je la regarde en me disant qu’elle n’a strictement aucune idée de tout ce qui se joue autour d’elle et pour elle. Des sacrifices que chacun de ses deux parents ont accepté d’endurer pour qu’elle puisse vivre sereinement. Loin du danger.
Je ferme mon manteau, vérifie que la petite est bien emmitouflée et quitte la chambre d’hôpital, précédée par Alfred qui porte ma valise. Pendant une seconde, mon regard reste vissé sur cette pièce, l’endroit où j’aurais connu mes deux derniers jours de bonheur parfait à Gotham. Grâce à elle. Grâce à lui.
Un ascenseur nous emmène jusqu’au parking souterrain. Personne, à part nous. Encore une fois, tout a été prévu pour que personne ne sache ce qui vient de se passer dans cet hôpital. Ni que je le quitte. J’installe Helena sur mes genoux alors qu’Alfred démarre et regagne les rues de Gotham. Ma gorge se noue alors que mon regard se pose sur ces rues si familières que je connais depuis toujours. Gotham est ma ville et mon univers. C’est là que je suis née, que j’ai grandi, que j’ai étudié et commencé à bâtir ma carrière. Là que j’ai rencontré l’homme que j’aime, et là que j’ai donné naissance à mon enfant. Tout ça, je vais le quitter. Pour un pays que je ne connais pas, pour une ville que je ne connais pas, avec des gens qui me seront étrangers. Des larmes silencieuses roulent le long de mes joues, mais le petit être près de moi me donne la force de le faire. Au bout d’une dizaine de minutes on quitte les grandes artères pour s’approcher de l’aéroport privé de Bruce.
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| | | Membre Non-Joueur Date d'Inscription : 05/03/2011 Nombre de Messages : 3801 Vous à Gotham : Chevalier Noir | Sujet: Re: New Beginning Sam 10 Nov - 14:54 | |
| Aucune parole n'est prononcée durant le trajet. Aucun mot ne peut définir mon état.
Ces deux jours passés avec elles ont été parmi les plus forts et les plus beaux de mon existence. Savoir que je dois les quitter est un déchirement, et mon manque de sommeil vient autant des premiers cris d'Helena que des doutes qui me rongent depuis sa venue au monde. Je ne veux pas qu'elles partent. Mais je ne veux pas qu'elles meurent.
La vie que je mène met en danger mes proches. Si j'accepte la présence de certains autour de moi, c'est parce que je sais qu'ils peuvent se défendre plus que la moyenne et peuvent donc être capables de "tenir" si mon secret est révélé, avant que je ne vienne les aider. Rachel ne le peut pas, Helena encore moins, et je ne supporterai pas qu'il leur arrive quelque chose.
J'ai failli devenir fou quand Rachel a été enlevée par les hommes de Sharp, alors que je ne l'avais pas vu depuis des années et que je pensais, à tort, mes sentiments disparus pour elle. Je ne peux pas accepter qu'elle et notre fille puissent être menacées. Cela me détruirait qu'elles disparaissent, et je sais également que cela me détruira de les savoir auprès de moi. Ma concentration en pâtira, et je serai plus poussé à des erreurs et à des échecs que je ne peux plus me permettre.
Le véhicule s'arrête devant mon aérodrome privé, très rarement utilisé. Lentement, je sors de la voiture et vois Alfred aider Rachel faire de même ; elle tient la petite contre elle. Mes yeux se posent d'abord sur Helena, puis sur l'avion derrière moi, mon ouïe ayant été attirée par le bruit du moteur déjà allumé. Mon ventre me fait souffrir, mes doigts se crispent, ma bouche s'ouvre puis se referme et mon coeur bat trop fort ; je déteste cet instant.
"Il n'y aura jamais personne d'autre... il n'y a jamais eu personne d'autre. Ni Selina, ni Talia, ni les autres n'ont jamais réellement compté. Elles n'étaient que de pâles copies de la femme que tu es, et que j'aimerai jusqu'à mon dernier jour."
La déclaration est subite, imprévue ; j'ose même penser que mon esprit ne m'a pas demandé mon avis avant de la formuler, et je suis autant spectateur qu'acteur de cette démonstration. J'esquisse un sourire timide en fixant Rachel. Elle n'a jamais été aussi belle.
Lentement, je fais le tour du véhicule et m'approche d'elle ; ma main se pose sur la sienne, et je m'approche à petits pas jusqu'à frôler son visage avec le mien. Evidemment, mes lèvres glissent sur les siennes et l'instant est doux. Mais toujours trop court.
Au loin, le pilote m'appelle : l'heure est venue. Mon coeur est lourd, mes paupières se rouvrent et mon regard est triste. L'heure est venue. |
| | | | Sujet: Re: New Beginning Dim 2 Déc - 15:40 | |
| Mon cœur s’arrête en voyant Bruce sortir de sa limousine, arrivée quasiment en même temps que la nôtre sur le tarmac. Mon esprit hurle que c’est la dernière fois que je vais le voir avant longtemps, la dernière parcelle de « nous » avant que nos chemins se séparent, le mien m’emmenant dans une autre ville, un autre pays, un autre continent. Loin, trop loin.
Dans un monde normal, deux personnes restent ensemble parce qu’elles s’aiment, et avoir un enfant est quelque chose qui est censé être le lien le plus puissant qui puisse exister. Sauf que notre monde, celui dans lequel lui et moi avons été plongés depuis nos premières années, est le contraire de la réalité. Et que dans notre monde, c’est parce qu’on a eu un enfant qu’on se sépare. C’est parce qu’on s’aime qu’on doit mettre des milliers de kilomètres entre nous. C’est à cause de ce monde que l’homme que j’aime, le père de mon enfant, a décidé de consacrer sa vie à combattre le crime, à vivre dans un danger perpétuel. Et si ma présence était encore compatible avec sa croisade, celle de notre fille y met un terme.
J’ai les jambes qui tremblent et la gorge serrée. Il fait déjà nuit, et je vois juste les phares de l’avion, celles des deux voitures et nos silhouettes qui s’y dessinent. Un gout amer de Casablanca. Bruce s’approche de nous, et Alfred prend le couffin d’Helena avec autant de précaution que si c’était du cristal, grimpant dans l’avion pour l’installer et nous laisser tous les deux.
Je m’étais jurée d’être forte, je m’étais promis de ne pas pleurer, ou alors un tout petit peu, et d’essayer d’accepter aussi stoïquement que possible le moment le plus douloureux de mon existence. Sauf qu’il a trouvé les mots qui m’ont serré le cœur et j’éclate en sanglots. Je me jette contre lui, mes mains s’agrippant à sa chemise hors de prix. Une fois, une dernière fois. J’essaie de graver dans ma mémoire la foule de petites choses sans lesquelles je vais devoir apprendre à vivre : l’odeur de son parfum, la sensation de mes mains dans ses cheveux d’habitude si bien coiffés, le grain de sa peau. Pour que je n’oublie pas. Pour qu’une partie de lui me suive de l’autre côté de l’océan, en plus de sa fille. Je voudrais arrêter cet instant, lui hurler de partir avec moi, que cette quête n’aura pas de fin, qu’il a bien assez payé pour cette ville, qu’il a trop souffert. Qu’il a droit au bonheur, avec moi, avec elle. Loin d’ici, de ces psychopathes, de ces menaces, de tout. Partir loin, tout recommencer, lui, Helena et moi. Sans compter Alfred. Je veux lui promettre que je saurai le rendre heureux, car je sais que je le pourrai. Mais je ne contenterai que Bruce Wayne, et son alter-ego ne tarderait pas à se manifester. Sa lutte est plus forte que tout. Plus forte que son bonheur, plus forte que moi, que nous deux, que sa fille. Et que je le perdrai si je l’emmenai loin de cette ville qui lui a pourtant fait tant de mal.
Il se penche vers moi et prends mes lèvres, avec plus de passion et de fièvre qu’il ne l’avait jamais fait auparavant. Ca aussi j’essaie de l’immortaliser, chaque sensation, chaque odeur, et de le mettre dans une petite boite que je pourrais ouvrir quand il sera loin et quand il me manquera trop. Mes mains se nouent autour de son cou, et je sens les siennes me garder contre lui. Une dernière seconde parfaite entre nous deux, avant qu’il ne casse cette bulle et nous ramène à la réalité.
On échange un nouveau baiser puis je reste quelques secondes à le contempler, ma main caressant sa joue. Je n’avais jamais remarqué à quel point ses yeux pouvaient être bleus et profonds. Ma voix nouée peut à peine murmurer quelques mots.
Je t’aime… maintenant, toujours et à jamais. Je t’attendrai. Il n’y aura pas un jour où je ne penserai pas à toi.
J’inspire profondément, et après un dernier regard je tourne les talons. Je me force à mettre un pied devant l’autre, et surtout à ne pas me retourner. Parce que si je le fais je n’aurai plus le courage d’aller jusqu’au bout. Je ne monterai pas dans cet avion. Ma main agrippe la rampe et je monte doucement les marches.
Heureusement Alfred est là, veillant sur Helena comme un dragon sur son trésor. Je m’assieds en face d’eux et me regarde par le hublot. Il est encore là, et je pose ma main sur la vitre en guise de dernier adieu. Puis l’avion se met doucement à avancer et il disparaît de mon champ de vision.
Alfred et moi échangeons un regard, et je me laisse enfin aller, me blottissant contre lui comme une petite fille. Et comme un père il me serre doucement contre lui sans rien ajouter. Il n’y aurait rien à dire de toute façon. Il se contente d’être là, témoin muet du chapitre le plus douloureux de ma vie. La vie sans Bruce Wayne.
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