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| Sujet: So alive [Wendy] Mar 3 Juil - 14:18 | |
| Dick, appuyé sur la rambarde en bois qui le maintenait debout, tenta de faire un pas en avant. Mais la douleur qu’il ressentait dans le bas de son dos l’empêcha de poursuivre son mouvement. Il réprima une grimace et fut un temps découragé. Il avait commencé sa rééducation il y avait trois semaines, quand, après être sorti du coma, il avait pu quitter son lit d’hôpital. A cette époque, Dick pensait qu’il recouvrerait rapidement ses capacités. Mais il fallait croire qu’il s’était fourré le doigt dans l’œil, que ses blessures étaient plus graves qu’il ne l’avait imaginé. Chaque pas qu’il faisait était une torture. Chaque séance, une souffrance. Son coach, Daniel, un sud-américain avec un fort accent hispanique, se montrait impitoyable avec lui. C’était pour son bien, évidemment, mais Dick le trouvait parfois aussi dur que Bruce lorsque celui-ci l’avait formé pour devenir Robin.
Daniel, à ses côtés, l’encouragea, lui dit qu’il pouvait réussir s’il y mettait de la volonté. De la volonté… Dick n’en manquait pas. Depuis la mort de ses parents, assassinés par un gangster de bas étage, il n’en avait jamais manqué. Il avait voulu éliminer le crime à Gotham en devenant le partenaire de Batman, et y avait mis toute son ardeur dans ce combat. Ils avaient faits de belles choses, tout les deux. Ils avaient accomplis ce qu’aucun autre Gothamite n’avait accompli, en empêchant des cinglés comme le Joker ou le Pingouin de mettre la ville à feu et à sang. Dick était plein de volonté. Mais… il avait peur.
Depuis qu’il s’était fait tirer dessus, depuis qu’un monstre qui se faisait appeler le Saint Samaritain l’avait pris par surprise et abattu, Dick avait peur. Il était hanté par son échec, et revoyait les enfants qu’il n’avait pas pu sauver à chaque fois qu’il fermait les yeux. Et ça, bien sûr, c’était un facteur de déconcentration majeure. Il n’arrivait pas à se concentrer pleinement sur son rétablissement. Il était troublé par ce qu’il avait vécu, encore sous le choc. Bien sûr, Daniel le savait. Ça ne l’empêchait pas de se montrer dur, de ne jamais lâcher l’affaire. Dick aurait aimé avoir cette pugnacité en ce moment même. Il voulait s’en sortir, il souhaitait par-dessus tout retrouver l’usage de ses jambes, pour pouvoir revêtir de nouveau son costume, et combattre ses ennemis. Il avait laissé Blüdhaven sans protection, et les anciens lieutenants de Blockbuster souhaitaient y prendre le pouvoir. Ces derniers mois, Dick avait du faire face à leurs manœuvres, à leurs coups bas. Il s’était épuisé à contrecarrer leurs plans, tout en traquant le Saint Samaritain. Résultat, il n’avait vaincu ni les uns, ni l’autre.
En vérité, Dick avait peur de retourner à Blüdhaven. Il avait perdu confiance en lui à l’instant où le Saint Samaritain lui avait tiré dessus. C’était dur à admettre mais… Dick avait été vaincu. Comme il comprenait, maintenant, ce qu’avait du ressentir son mentor lorsque Bane lui avait brisé le dos, ou bien quand Killer Croc lui avait arraché le bras. Dick se sentait humilié, comme Bruce avait du l’être. Il ne savait pas s’il serait capable un jour de revenir à son meilleur niveau, de redevenir le vigilante craint par les criminels de tout poil. La nouvelle de sa défaite allait-elle s’ébruiter ? Blüdhaven allait-elle sombrer dans le chaos s’il la laissait faire ?
D’un côté, Dick savait qu’il devait se rétablir au plus vite et reprendre le combat. De l’autre, il sentait qu’il n’y arriverait, qu’il ne pourrait plus faire face. Cette foutue peur, qui s’insinuait au plus profond de lui !
Rageur, Dick avança d’un pas. C’était déchirant, ça faisait mal, mais il serra les dents. Il ne pouvait pas abandonner. Pas maintenant. Il avait été humilié, oui, mais il devait faire face, il devait… réparer son erreur. Et il avait une idée de comment il allait faire. Ça n’était pas une bonne idée, ça, il le savait. C’était… dangereux. C’était… fou. Mais il devait le faire. Pour lui. Pour ces gamins qu’il avait laissé tombé. Pour que de nouveau, Bruce soit fier de lui.
A la fin de la séance, Dick avait réussit son exercice et marché sur plusieurs mètres à l’aide de la rambarde. Fatigué par l’effort, il s’écroula dans son fauteuil roulant. Daniel semblait satisfait de lui. Il sourit et le félicita chaleureusement.
« Vous faîtes des progrès, monsieur Grayson. Vous avez compris comment ça fonctionne. Si vous voulez remarcher, vous devez souffrir. C’est la règle ».
« Merci, Daniel. » répondit simplement Dick.
Dans les yeux du jeune homme, on pouvait lire de l’orgueil et une détermination nouvelle. Il devait retrouver des forces au plus vite, et retourner sur le terrain. Daniel le raccompagna jusque dans le couloir, puis il fut pris en charge par un infirmier qui le reconduisit à sa chambre. Sur le chemin, ils croisèrent Mr Quinn, un vieux monsieur qui suivait un traitement contre le cancer. Dick et lui avaient joué aux échecs plusieurs fois ce mois-ci. Le jeune homme se faisait toujours battre à plate couture. Mais il aimait la compagnie du vieil homme. Il était la mémoire de Gotham, se souvenant d’à peu près tout ce qui était arrivé ici au cours du XXème siècle.
« Bonjour, Dick. Vous avez marché, aujourd’hui ? »
Dick acquiesça avec un grand sourire.
« N’oubliez pas notre partie d’échec à seize heure. »
« Ne vous inquiétez pas, Mr Quinn. Cette fois, je vous battrai. »
Quinn s’éloigna et l’infirmier laissa Dick devant sa chambre. Mais le justicier avait envie d’un café, et se dirigea vers la machine à café qui se trouvait au bout du couloir. Il avait réussit à maîtriser le fauteuil roulant avec lequel il était forcé de se déplacer, mais n’arrivait pas à s’y habituer. Il fallait qu’il retrouve ses jambes, et vite.
Arrivé devant la machine à café, Dick s’arrêta. Une jeune femme brune était assise sur un fauteuil, un gobelet à la main. Elle semblait fatiguée.
« Dure journée ? » demanda-t-il en actionnant la machine.
Le café brûlant remplit son gobelet, qu’il porta aux lèvres. Fiou… c’était chaud. Il remarqua que la jeune femme portait un badge. Elle n’était pas une visiteuse ordinaire, mais Dick savait qu’elle n’était pas non plus un membre du personnel hospitalier.
« Vous ne travaillez pas ici, n’est-ce pas ? Il me semble pas vous avoir déjà croisé. Et depuis le temps que je suis là, je commence à connaître du monde. »
Dick désigna ses jambes et sourit tristement.
« Au fait, je m’appelle Dick. Dick Grayson ».
Il lui tendit la main pour qu’elle la serre.
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Mar 3 Juil - 19:29 | |
| Il y a des jours comme cela... Vous savez, le genre de journée qui ne vous dit rien qui vaille. Celle où la veille au soir est un enfer, où le temps semble passer au ralenti, où les secondes sont des heures. L'ennui est votre seule compagnie en cet instant car vous n'avez ni faim, ni envie de dormir. Ces soirées infernales où le sommeil vous fuit comme la peste et même la mélancolie est si présente que cela en devient étouffant. Comment ne pas haïr ces instants où les souvenirs se déversent en cascade dans votre esprit, qu'avec des "si" vous refaites votre histoire et que les regrets vous narguent sans aucune pitié ? Accoudée sur le balcon de son appartement, Wendy écoutait Gotham. La circulation était un triste fond sonore, pratiquement inexistant, rehaussé par les alarmes de quelques voitures au loin, des ambulances passant de temps en temps. La nuit n'était pas si chaude que cela, malgré son gilet, des frissons parcouraient sa peau, la maintenant encore un peu plus éveillée. La jeune femme tourna la tête pour repérer l'horloge du salon, qui indiquait 2 heures 37 minutes. Elle ne put retenir un soupir qui s'échappa alors de ses lèvres. Alors qu'elle pensait boire une gorgée d'un thé bien chaud, un liquide froid et écœurant coula dans sa gorge. Décidément, tout foutait le camp.
Quelque part, un téléphone sonna et pendant un bref instant, Clark espéra que c'était le sien. En vain. Elle désirait tellement entendre une voix familière, amicale, rassurante. L'anglaise avait reçu un appel de son frère quelques jours plus tôt. Elle avait eu l'opportunité de lui parler sincèrement, à cœur ouvert et pourtant elle n'avait pas osé. Parce que, après tout, cela n'avait pas une si grande importance. Ou alors, elle était une grande fille, elle pouvait régler ses problèmes toute seule. Non, tout cela n'était que des paroles en l'air, des excuses pathétiques qui sont dites que pour rassurer. La vérité était malheureusement bien différente. Tout lui manquait : sa famille, une vraie tasse de thé fumante, sa vie, tout simplement. Wendy n'était juste pas assez courageuse. Pas assez courageuse pour avouer à son propre frère qu'elle était perdue dans une ville à l'histoire bien trop sombre pour elle. En fait, Wen' était terrifiée. Gotham était si malsaine, que cela pouvait lui donner la nausée. Il y avait quelque chose dans cette ville qui clochait. Les rumeurs glauques couraient, les criminels grouillaient à la nuit tombée et Clark pouvait parier que la Mort se marrait au coin des rues.
Gotham semblait être capable de tout, du meilleur comme du pire... du pire surtout. Avant, Wendy était persuadée qu'il pouvait toujours rester quelque chose d'humain et de bon dans chaque personne... Maintenant, elle se demande s'il n'y a pas le fantôme d'un monstre qui habite dans les tréfonds de l'esprit de l'homme. C'est pour cela que cette ville lui faisait si peur... elle semblait être capable de réveiller les plus bas et vils instincts chez quiconque s'en approche de trop près. Quelle bonne idée de travailler dans un endroit où la folie plane tout autour sans jamais se dissiper. L'asile d'Arkham ne lui semblait pas si impressionnant que cela aux premiers abords. Mais c'est bel et bien la récente vague de violence au sein de New Gotham City, l'évasion d'un grand nombre de criminels lui avait montré à quel point cette cité était dangereuse. Encore... elle pouvait s'estimer heureuse de ne pas s'être retrouvée en plein milieu de cette folie... C'est le son clair de l'horloge sonnant les 3 heures qui coupa court aux sombres pensées de la jeune femme. Il était temps de trouver un peu de repos, la journée allait être chargée... faites que Morphée la trouve rapidement...
Il est inutile de préciser que cela ne fut évidemment pas le cas. Wendy n'avait pratiquement pas fermé l'œil de la nuit et les traits tirés de son visage confirmèrent aisément ce fait. C'est en grommelant qu'elle se leva, prit sa douche, s'habilla un peu au hasard, prépara son thé, se brula avec son thé, se cogna contre la table basse... Se lever avait été une bien triste et mauvaise idée. Cependant, il y avait un point positif : Wendy ne devait pas aller à l'Asile aujourd’hui. Le point négatif : elle devait se rendre à l'hôpital afin de rencontrer les psychiatres qui y travaillaient. Avec l'évasion de NGC, il y avait plusieurs patients de l'asile qui avaient pris la merveilleuse initiative de se carapater. Dieu seul savait où ils se trouvaient à présent. Clark ne connaissait pas l'immense majorité des détenus et voilà qu'elle devait faire un compte rendu des risques potentiels qu'ils représentaient et de l'avancement des diverses pathologies. Elle pouvait tout aussi bien se jeter du haut d'un pont, cela reviendrait pratiquement au même... La psychiatre allait servir seulement de messagère et malheureusement, les nouvelles n'allaient pas être réjouissantes. Allez, peut-être que sur un malentendu, la réunion allait passer comme une lettre à la poste. Ou pas. Sac à main sur l'épaule et dossiers médicaux sous le bras, la Miss prit une grande inspiration et franchit la porte de son appartement. Il était temps.
Depuis son arrivée à Gotham, l'anglaise n'avait même pas mis les pieds une seule fois dans l'hôpital. Si cela n'était pas honteux... C'est donc sans étonnement que Wendy se trouva à demander telle une vraie touriste où trouver ses très chers confrères. La réponse fut quasi-immédiate : apparemment la demoiselle était grandement en avance et qu'elle devait donc patienter. '' Et je peux attendre où exactement ? " - '' Là où il y a des fauteuils et du café. " Char-mant. Oh mon dieu, trop d'amabilité d'un coup ! Alors que la jeune femme allait s'en aller (toujours en grommelant), elle eut le droit à un mélodieux '' Et n'oubliez pas votre badge, ça serait bête quand même... " En effet, cette journée allait être un vrai désastre...
C'est avec la motivation d'un mort que la brunette se traina jusqu'à un endroit qui lui paraissait calme et à proximité d'un distributeur de café. Elle en aurait bien besoin pour tenir la route ou pour tenter de faire une overdose... Alors qu'elle fixait le vide avec un enthousiasme sans limite, une voix interpella son attention. Il s'agissait d'un homme qui devait avoir environ son âge, apparemment fatigué et en fauteuil roulant. Wendy tourna brièvement la tête à droite et à gauche afin de vérifier qu'il s'adressait bien à elle.
" Plutôt une mauvaise journée à vrai dire. Comme beaucoup de gens à Gotham je suppose... "
Si elle continuait à se comporter de façon si aigrie, le pauvre homme fuirait vite et loin. Pour une fois que quelqu'un lui parlait sans que cela soit un médecin ou un de ses patients... Heureusement, il continua la discussion, tout en jetant un regard bref sur ses jambes immobilisées.
" En effet, vous êtes perspicace. En fait, je suis bien médecin, psychiatre pour être plus précise... mais je n'exerce pas ici. Je suis l'une des nouvelles de l'Asile d'Arkham... Pas patiente ! Je veux dire, je suis une psychiatre qui est à Arkham.. enfin qui y travaille. C'est pas vrai... je suis désolée. Je suppose que vous m'avez comprise, n'est-ce pas ? "
Mon dieu, elle avait presque l'air désespéré. Voilà qu'elle n'arrivait même plus à faire une phrase correcte sans passer pour une folle. Ô joie. Wendy passa rapidement la main sur son visage, tentant de remettre ses idées en place. Lorsqu'elle ré-ouvrit les yeux, elle vit avec soulagement une main tendue qu'elle s'empressa de serrer. Une ombre de sourire se dessina légèrement sur sa face.
" Ravie de vous rencontrer Mr. Grayson. Je suis Wendy Clark. Cela peut paraître déplacé mais... depuis combien de temps êtes-vous hospitalisé ? Vu l'étage où nous nous trouvons et que vous êtes conscient, vous devez-être en train de récupérer, si je ne me trompe pas... "
Niveau tact et subtilité, il y a encore des efforts à faire, cela était évident. Intérieurement, la jeune femme croisait les doigts pour que ce Dick Grayson ne soit pas paralysé parce que sinon il était possible que Wendy se jette par la fenêtre. Ce n'est pas comme s'il y avait une indication pour trouver les salles de rééducation mais avec sa chance...
[HJ- j'espère que cela convient ^^ N'hésite pas à m'envoyer un MP s'il y a le moindre souci !- HJ-]
Dernière édition par Wendy C. Clark le Lun 9 Juil - 19:18, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Jeu 5 Juil - 22:38 | |
| La brunette se présenta comme une psychiatre d’Arkham, et Dick sentit un frisson lui parcourir la nuque. Pas que la jeune femme l’effraya soudain, ça non, il n’y avait pas de risque. Elle semblait tout à fait charmante, bien qu’un peu froide, profession oblige, présumait-il. Mais il connaissait beaucoup de patients d’Arkham, parfois même intimement. Combien en avait-il combattu, de ces fous qui le peuplaient, combien en avait-il envoyé au tapis ? Il se souvenait de leurs surnoms, de leurs noms parfois, de leurs crimes sordides, et de la manière dont, avec Bruce, il les avait traqué pour les arrêter et les renvoyer à l’asile. Dans ses jeunes années, lorsqu’il était encore Robin, il avait affronté de sacrés tarés. Des monstres du calibre du Joker, ennemi emblématique de Batman, présumé mort, de Double-face, cet ancien procureur défiguré à l’acide par un criminel, ou bien encore l’Epouvantail, sinistre psychiatre aussi fou que ses patients. Que cette jeune femme fréquente ce type de cinglés mettait le justicier mal à l’aise. Il avait, en quelque sorte, l’impression d’être en contact avec eux, en étant en contact avec elle.
« Hé bien ! Ça ne doit pas être facile tous les jours. Vous devez croiser de sacrés… personnages. Vous êtes aussi impliqué dans le programme de réinsertion des détenus à la vie civile, je suppose ? »
Dick avait entendu parlé de cette idée folle de réintroduire des psychopathes du genre du Joker dans le vrai monde, en essayant de les soigner, de leur donner un travail, une maison, et tout le tintouin. Comme si un mec qui avait à son actif des centaines de meurtres, si ce n’est plus, pouvait du jour au lendemain se transformer en monsieur tout le monde, en un citoyen modèle, avec femme, enfants, et petit chien. Je n’y croyais pas une seule seconde. Pour avoir combattu les gus qui étaient enfermés à Arkham, je savais bien qu’il n’y avait pas de rédemption possible pour ces gens là. Rare était ceux que la société serait encore capable d’accueillir, de rendre « normal ».
Mais ce programme de réinsertion n’était que de la poudre aux yeux. Un programme politique parfaitement intégré au discours dominant d’après Arkham city. On avait laissé une partie de la ville à la merci des criminels et des fous, et on tentait de réparer les dégâts en « transformant » Arkham la déshumanisée en un New Gotham city à visage humain. Tout était dans l’idée de faire retrouver à Gotham son prestige. Dick ne savait pas si les Gothamites étaient dupes ou pas. Il savait juste que Bruce, lui, ne l’était pas. Apparemment, Schreck n’était pas digne de confiance, prêt à tout pour conserver son pouvoir, mais beaucoup plus malin que ceux qui l’avaient précédé au poste de maire : en même temps, le Chapelier fou, Killer Croc… A croire que les Gothamites avaient perdu la raison. Schreck aujourd’hui faisait figure de seul personne « saine » qui vaille. Et il en jouait, évidemment.
« J’espère que vous vous en sortez. Ça doit pas être facile, comme boulot. Vous n’êtes pas d’ici, je me trompe ? »
L’accent de la jeune femme l’avait trahie. Après lui avoir serré la main et s’être présenté, Wendy Clark interrogea Dick sur sa… situation. Le jeune homme tergiversa un moment. Bien sûr, il ne pouvait pas lui dire qu’il était un vigilante connu sous le nom de Nightwing et qui officiait à Blüdhaven, après avoir été le partenaire de Batman… Elle risquait de s’en aller en courant en se demandant comment elle avait fait pour atterrir dans cette ville de fous, ou bien d’aller voir la police. Dans les deux cas, ça n’était pas bon du tout.
« Par où commencer… Disons que j‘ai eu un petit accrochage avec quelqu’un qui serait digne de figurer au rang de vos patients. Je me suis fait tirer dessus. Deux balles dans le dos. C’est une longue histoire. J’ai… ça s’est passé à Blüdhaven, vous connaissez ? C’est une ville pas très loin de Gotham, et qui n’a pas très bonne réputation. Comme Gotham, elle a été victime de la récession économique, ce qui n’a pas arrangé sa situation. Et j’ai le malheur d’y vivre. J’y ai été flic pendant quelques années, et puis j’ai… démissionné. Trop dur de… d’avoir les mains liées. On en arrive à ma situation. J’ai voulu… disons, jouer les héros. J’ai eu un vieux tuyau d’un copain flic, qui me disait qu’il se démerdait pas bien avec une affaire. J’ai eu envie de l’aider. C’était une histoire de kidnapping. Des gosses dont personne n’avait rien à cirer. J’ai voulu les retrouver avant les flics, et… je les ai retrouvés. Mais je suis arrivé trop… trop tard. Je… Excusez-moi. »
Dick avait senti un flot d’émotions le submerger. Repenser à ce qu’il avait vu et vécu était insoutenable. Il se demandait encore comment il pouvait avoir vu ce qu’il avait vécu. Il aurait préféré mourir plutôt que de voir ces enfants morts. Il déglutit difficilement, puis reprit.
« Le monstre qui les a… tué… il m’a tiré dessus et ça s’arrête là. J’ai voulu jouer aux justiciers mais ça n’a pas marché. Pas du tout, même. »
Le jeune homme baissa la tête. Il avait récité la même soupe qu’il avait servi aux policiers de Blüdhaven venus l’interroger quand il était sorti du coma. Cette histoire mêlait vérité et mensonge avec une certaine habileté. Le ton sur lequel il l’avait dit était sincère. Il s’en voulait tellement de ne pas avoir été là pour sauver ces gosses.
« Comme vous le voyez, j’ai eu de la chance. Je devrais remarcher d’ici quelques mois. Mais je ne veux pas vous embêter avec mes histoires. »
Il lui sourit. Elle l’avait écouté attentivement, et ça lui avait fait du bien de se « lâcher » un peu.
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Lun 9 Juil - 21:31 | |
| Wendy avait toujours été très fière d'exercer son métier, en Angleterre du moins. Elle était habituée aux chuchotements, aux regards choqués voire méprisants de certaines personnes. Après tout, pourquoi devait-elle aider des criminels aux passés effroyables alors que de braves citoyens espèrent recevoir si ce n'est qu'un seul regard ? On lui avait conseillé plus d'une fois de revoir ses priorités et plus d'une fois, Clark a répondu qu'elle se passerait bien de conseils. Si tout le monde pensait de cette façon, qui s'occuperaient d'eux ? Les oublier n'était pas une solution. Les enchainer comme de vulgaires animaux non plus. L'asile d'Arkham n'était pas mal dans son genre. La majorité des patients s'était enfoncée dans leur folie. La plupart d'entre eux niaient le fait qu'ils pouvaient être malades, les soigner devenait alors une tâche bien plus difficile et dangereuse.
Lorsque le jeune homme lui parla du programme de réinsertion de New Gotham City, Wendy soupira légèrement. Peu de patients participaient à cette initiative, à vrai dire, la plupart d'entre eux n'y étaient pas aptes. La population y avait probablement cru un instant et Clark y avait déposé ses espoirs dans ce projet. C'était pour cela qu'elle se trouvait à Gotham et malheureusement, toutes ces belles paroles n'ont pas durées. Le récent discours de Maximilien Shreck avait confirmé ses doutes et craintes. De toute évidence, plus aucune tolérance n'allait être prise en compte, ce qui, selon la jeune psychiatre, n'allait guère arranger les choses. Un couvre feu, de nouvelles forces de police qui semblent pouvoir tirer sur leurs gibiers... L'évasion de NGC allait tourner à la chasse à l'homme, au cauchemar...
Depuis son départ de Londres, la vie sociale de Wendy avait été réduite aux quelques coup de fil qu'elle recevait de sa famille et de rares amis. L'anglaise n'avait rencontré que très peu de monde, elle n'en avait pas eu le temps ou la motivation. Ce boulot était fatiguant, peut-être deviendrait-il un peu trop éprouvant dans le futur. Pour l'instant, elle arrivait à tenir la cadence, il fallait juste espérer que cela allait durer. Wen' ne savait pas trop où cette discussion allait la mener, peu lui importait. Même s'ils devaient parler de la météo ou de l'élevage des saumons en Norvège, cela lui convenait parfaitement. En y repensant, il y avait de quoi être inquiet à son sujet... Sur un malentendu, Clark ne pouvait pas être si désespérée que ça.
" Non, ce n'est pas facile tous les jours. Heureusement, je suis une femme de patience, peut-être que cela me servira... du moins je l'espère. Je suis à Gotham pour le projet de réinsertion à la base, bien que celui-ci semble être un cuisant échec pour l'instant... "
C'est peu dire... Fonder des espoirs dans la bonne foi de criminels était une chose absolument stupide à faire, Wendy le savait parfaitement. Elle n'était pas si naïve que cela. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la déception et il ne fallait pas être devin pour le voir. La psychiatre jeta un bref regard aux dossiers qui étaient déposés à côté d'elle, preuves des derniers déboires de la ville. Avoir un peu de soutien dans ce bas monde faisait toujours plaisir. Cela changeait des phrases funèbres et glauques qu'elle entendait. Des " bon courage " qui n'étaient autre que des chimères cachant des "Paix à votre âme".
Grayson semblait avoir remarqué son accent, pour changer. Wendy ne savait plus combien de personnes lui avaient cette réflexion, elle en avait perdu le compte. Pas que cela ait une grande importance. Penchant doucement la tête sur le côté, elle répondit avec un sourire.
" Je suis anglaise oui. J'ai quitté Londres pour venir à Gotham, il y a quelques semaines déjà. J'avoue que cela n'a pas été la meilleure idée que j'ai eu mais bon... J'ai choisi ce métier en toute connaissance de cause, j'ai des responsabilités, je les prends. Mais parfois, tout ça... Wendy fit de brefs gestes avec ses mains ... c'est juste trop. Il faut savoir prendre du recul, ce qui n'est pas toujours évident..."
Pas évident ? La jeune femme se souvenait encore de ses premières années dans les hôpitaux psychiatriques, du mal être constant qui l'habitait et parfois des violentes nausées lorsqu'elle découvrait le dossier d'un patient. Encore récemment, cela lui arrivait. Rien que le dossier de Victor Zsasz lui avait retourné l'estomac et le voir encore plus. Toutes les cicatrices... Elle passa rapidement sa main sur son visage, revenant au présent.
La curiosité est un vilain défaut, tout le monde connait cet adage. Wen' avait perçu l'hésitation chez Dick Grayson, quoi de plus normal ? Poser une question extrêmement personnelle à un inconnu était à la fois malpoli et déplacé. Ses parents l'avaient mieux éduquée que ça ! Alors qu'elle allait retirer sa question, le brun prit la parole, l'anglaise était bien placée pour savoir que la seule chose à faire était d'écouter attentivement. Par tous les saints, comment de tels monstres pouvaient exister ? Bien entendu, cela frôlait l'ironie mais s'il y avait bien une chose que Wendy ne supportait pas, c'était que l'on touche à des enfants. Jamais un patient avec ce type de crimes lui avait été confié pour la bonne et simple raison qu'elle ne s'en occupait pas. Tout simplement hors de question, cela la touchait trop pour faire son travail correctement. Il ne fallait pas pousser non plus, elle avait ses propres limites.
Entendre que cet homme qui lui faisait face avait risqué sa vie pour tenter de sauver des gosses était incroyable. Il avait beau avoir un passé de policier, cela ne changeait rien à la valeur du geste qui restait admirable. Elle avait tellement l'habitude d'écouter des récits à glacer le sang qu'elle en avait presque oublié qu'il existait des personnes qui faisaient tout le contraire de ses patients et qui en souffraient. Au moins une chose était certaine : il lui faudrait des mois pour que Dick retrouve l'usage correct de ses jambes mais cela n'était rien à compter du travail qu'il lui faudra réaliser pour ne plus voir le visage de ces enfants dans ses rêves... cauchemars plutôt. Il y avait trop de douleur dans sa voix pour laisser Wendy statique. Alors que le blessé avait toujours la tête baissée, la jeune femme posa son verre et se rapprocha, permettant ainsi de poser une main sur la jambe gauche de l'ancien officier et prit la parole avec plus d'assurance.
" Premièrement, vous n'avez pas à vous excuser. Deuxièmement, vous ne m'embêtez pas, vraiment. Troisièmement, on va vous le dire, le répéter, vous le rabâcher un nombre incalculable de fois, vous n'allez pas y croire au début mais vous n'êtes pas responsable de ce qui est arrivé. Cela a beau ressembler à un terrible cliché, ça reste la vérité. La ré-éducation va être difficile, mais ça ne sera pas le plus dur, je le crains. Chercher le soutien de votre famille et proches est indispensable. Avec un peu de chance, je connais votre psychiatre... "
Plus besoin de café pour rester éveillée, Wendy était aux aguets.
[HJ-je suis désolée pour le retard, la qualité de la réponse et les fautes >< S'il y a le moindre problème, j'édite de suite !-HJ]
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Sam 14 Juil - 14:53 | |
| Dick, une fois qu’il eut fini de raconter son histoire, attendit la réaction de la jeune psychiatre. Elle ne se fit pas prier et Wendy s’approcha de lui, lui touchant la jambe gauche et prenant une moue compatissante. Elle lui expliqua ce qu’il avait déjà entendu mille fois dans la bouche des gens qui s’étaient succédés dans sa chambre depuis son réveil : il n’était pas responsable, il avait fait ce qu’il avait pu, il avait eu maille à partir avec un monstre sans pitié et que c’était ce monstre qui avait tué ces gamins, et pas lui. Oui, on lui avait servi cette soupe là à chaque fois qu’on était venu le voir. Et même cette belle inconnue à qui il venait de se confier remettait le couvert. Elle était psychiatre, ce qui expliquait cette volonté de « soigner » le mal-être du jeune justicier. Mais celui-ci n’était pas là pour qu’on le plaigne, pour qu’on lui dise qu’il était innocent, pour qu’on le déresponsabilise de ses actes.
Dick avait fait le choix de traquer un prédateur sexuel, le Saint Samaritain, en connaissance de cause. Alors qu’il était épuisé, qu’il avait dû essuyer des combats violents contre les lieutenant de Blockbuster, l’ancienne ponte du crime de Blüdhaven, il s’était mis en chasse. Il avait besoin de sauver ces enfants. Oui, c’était un besoin. Il se sentait capable de le faire. Il avait eu la prétention, malgré la fatigue, malgré les blessures, malgré les épreuves morales qu’on lui avait infligé quelques jours plus tôt, de penser qu’il les sauverait. Il s’était lourdement trompé. Et son erreur avait été fatal à ces enfants. Comme pouvait-il se le pardonner ? Il était Nightwing, le jeune prodige, le premier Robin. Pour la plupart de ses amis, il était un modèle à suivre, l’antithèse d’un Batman sombre, le chevalier blanc de la lutte contre le crime. Mais c’était faux. Il n’était pas tout ça. Dick avait été pendant longtemps le modèle de Tim Drake, le troisième Robin. Celui-ci l’avait adulé, l’avait toujours pris en exemple. Evidemment, il n’était pas au courant que depuis quelques années, Nightwing était tombé de son piédestal.
Ce n’était pas la première fois que le justicier flanchait. Quand est-ce que sa vie était partie en sucette ? Dick n’aurait su le dire. Lorsque Barbara Gordon, son amie et amante, s’était faite tirée dessus par le Joker, la laissant paralysée et en fauteuil roulant pour le restant de ses jours ? Ou bien cela remontait-il au moment où Bruce et lui s’étaient violemment disputé après la mort de Jason Todd, le second Robin ? A moins que ce ne soit la mort de Blockbuster, le caïd du crime de Blüdhaven, dont il avait participé à l’assassinat. A côté de ça, il y avait bien sûr ses échecs sentimentaux majeurs : son mariage raté avec Kory, alias Starfire, sa coéquipière chez les Titans. Il avait cru l’aimer, mais au final, avait réalisé que leur relation ne menait à rien, que tout deux étaient indécis quant à leur relation. Ils avaient rompus. Et puis il y avait eu Barbara, l’ancienne Batgirl. Avec elle aussi il avait tout foiré. Leu relation ne s’était pas très bien fini et aujourd’hui, les deux anciens amants n’avaient plus vraiment de contact.
La vie de Dick était un foutoir sans nom. Et s’ajoutait à cela la mort de ces enfants qu’il n’avait pas pu sauver. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Le coup de trop. Il n’avait plus la force de le supporter. Ces derniers temps, il s’était senti prêt à craquer, à déverser sa colère sur les criminels qu’il pourchassait. Il s’était retenu, heureusement. Aujourd’hui, il était en fauteuil roulant, presque incapable de se déplacer sur ses jambes, coincé à l’hôpital à ruminer ses mauvaises pensées. Ça n’aidait pas à son bon rétablissement psychologique. Il n’arriverait pas à se pardonner, malgré ce que pouvait lui dire Wendy.
Mais il ne voulait pas faire fuir la jeune femme pour autant en déversant sa tristesse et sa colère sur elle. Wendy était différente des gens qu’il avait vu ces jours derniers. Elle était certes psychiatre mais il n’était son patient. Dick avait vu des médecins, des flics, Bruce, Alfred : soit des professionnels, soit des gens de la famille. Qu’une personne étrangère au service, qui ne le connaissait pas, essaye de lui remonter le moral sans qu’elle soit payée pour, ça lui mettait un peu de baume au cœur. Dick lui était reconnaissant de s’intéresser à lui. Il était demeuré de très longs mois seul, sans autres relations sociales que Bruce, Tim, les flics et les criminels qu’il pourchassait. L’arrivée de Wendy, le fait qu’elle s’intéresse à son histoire, lui permettait de sortir de sa bulle. Peut-être de penser à autre chose qu’à broyer du noir.
Dick sourit à la jeune femme lorsqu’elle tenta de le réconforter.
« Merci d’essayer de me remonter le moral. C’est gentil. Mais ce qui est fait est fait, la culpabilité est toujours là et elle ne s’en ira pas de sitôt. Mais c’est gentil d’essayer de m’aider. J’apprécie. »
Dick était sincère. Il aimait bien la jeune femme et appréciait ses efforts pour le réconforter. Loin de sa ville d’origine, loin de ses proches, elle aussi devait se sentir seule à Gotham, comme une étrangère. Travailler à Arkham n’était sûrement pas tout rose. Quand on pensait aux individus qui y étaient enfermés, il y avait de quoi faire de sacrés cauchemars. Si le Joker avait apparemment été « éliminé » par Batman, il restait pas mal d’autres cinglés dignes d’y figurer. Gotham avait la réputation d’héberger un paquet monstre de fous en tout genre. Que Wendy ait le courage d’affronter ces gens, d’essayer de les aider, Dick trouvait ça impressionnant. Elle était bien plus courageuse que lui.
Un détail dans ce que la jeune femme venait de lui dire fit néanmoins tilter le justicier. Elle pensait qu’il avait un psychiatre. Oh, le docteur Phillipps lui avait bien proposé de rencontrer quelques spécialistes, ce qui accélérerait sans aucun doute sa remise en forme et son rétablissement, mais Dick avait toujours éludé la question. Il ne se voyait pas confier ses problèmes et balancer ses états d’âme à quelqu’un. Pas de cette manière, du moins. Comme Bruce, il avait eu tendance à se refermer sur lui-même ces derniers temps. Il n’avait plus l’habitude de parler. Encore moins d’évoquer ses problèmes.
« Je n’ai pas de psy. On m’a proposé d’en consulter un mais je me vois mal déballer ma vie à un inconnu. Ce n’est pas dans ma nature. Je sais ce que vous allez me dire : vider mon sac et expliquer à quelqu’un combien je me sens coupable de n’avoir pas pu sauver ces… gamins m’aiderait beaucoup. Mais moi je n’y crois pas trop. Je préfère discuter avec une inconnue devant une machine à café plutôt que de m’allonger sur un canapé en racontant mes problèmes. »
Dick fit un clin d’œil à la jeune femme et avala son café. Du jus de chaussette. Il grimaça de dégoût.
« Vivement que je quitte cet endroit. Si vous trouvez le café infect, croyez-moi, vous n’avez pas vu la bouffe qu’on nous sert ici… »
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Jeu 26 Juil - 23:56 | |
| Cela faisait déjà un certain nombre d'années que Wendy n'exerçait que dans des pénitenciers, hôpitaux psychiatriques ou dans la situation actuelle : un asile. Ses patients avaient la plupart du temps des passés lourds, des enfances plus que douteuses. A la fois malades et dangereux, Clark avait rarement éprouvé de la pitié à leurs égards. Là n'était pas son travail. De toute façon, comment cela pouvait être le cas ? Leurs actes étaient parfois tellement ignobles qu'ils semblaient dépasser les limites de l'entendement. La jeune femme en avait entendu des horreurs... certains de ses patients avaient été tellement incohérents qu'on pouvait presque douter de leur culpabilité, d'autres se rendant pleinement compte de leurs actes et qui en étaient honteux. Puis il y a les autres... les trop méthodiques, les trop intelligents pour leur propre bien. Les trop calculateurs, trop manipulateurs pour leur accorder une seule once de confiance. Les monstres. Ceux qui sourissent en parlant de leurs crimes, qui éclatent de rire sans même baisser les yeux. Qui expliquent avec détail et délectation leurs atrocités, qui les idéalisent, qui les respectent. Qui en sont tout simplement fiers. Wendy en avait rencontré qu'un seul, encore, il n'était même pas son patient, il se trouvait juste dans le service où elle exerçait. Certaines personnes se demandaient s'il était encore humain, si une âme était toujours présente chez cet individu.
Peut-être vous demandez-vous où tout ceci vous mène ? C'est ce jour-là que la jeune femme su qu'elle devait se forger une carapace en béton armé pour faire ce métier. Elle ne pouvait pas se permettre d'être émotive, compatissante, ni d'éprouver de l'empathie envers ces patients-là. Il fallait devenir le contraire de ce qu'elle était lorsqu'elle se trouvait dans la même pièce. Un mur, capable d'encaisser des récits glauques sans sourciller, sans avoir une violente nausée pendant l'entretien. Ne pas montrer sa surprise, son aversion, son humanité. Rares étaient ces cas, mais ils représentaient bien plus que des challenges, des dilemmes. Alors se trouver en face d'un homme capable de se faire abattre par des balles pour sauver des innocents lui faisait douloureusement comprendre quelque chose... Wendy n'avait pas le droit de rester de marbre à ce discours, elle n'avait pas le droit de se comporter de la même façon qu'avec des criminels. Elle ne devait pas mettre son mur en place... Ce genre de réflexe l'horrifiait. Clark avait peur de ne pas être capable d'enlever ce masque, d'être si habituée que plus rien ne pourrait la toucher.
Alors non, elle ne pouvait pas accepter l'incompréhension de ce Dick Grayson. "Remonter le moral" ? Non... il ne comprenait pas, pas du tout. Il ne s'agissait pas de cela. Un café peut tenter de vous remonter le moral lorsque vous avez un coup de fatigue. Il n'y avait rien de comparable. Wendy ne voulait pas réconforter cet homme. Quelle idée stupide et naïve ! La jeune femme plissa dangereusement les yeux. Il était évident qu'il n'y croyait pas un seul instant, qu'il n'essayait même pas de se déculpabiliser. Il n'admettait pas son innocence dans cette désastreuse histoire. L'idée même que cela soit le cas ne devait pas lui effleurer l'esprit malgré le rabâchage. De la gentillesse ? Clark ferma brièvement les yeux, cela n'allait pas du tout. Il n'y avait pas de pitié derrière les propos de la Miss. Dick n'avait pas besoin de ça pour avancer, au contraire. Wendy n'avait aucune envie de tirer un mouchoir de sa poche et de devenir larmoyante juste pour faire croire qu'elle comprenait le vortex de sentiments contradictoires qui tiraillait Grayson. Cela n'était pas le cas. Elle pouvait juste imaginer... et encore.
" Je serai gentille avec un enfant qui vient de s'égratigner. Cela n'a rien à voir avec de la sympathie Mr. Grayson. La culpabilité est normale, bien que trompeuse. Il n'est pas question d'écouter ce que vous dise les gens, d'acquiescer avec un sourire et dire merci. Vous devez y croire, non pas parce que cela vous soulagera, mais parce que c'est la vérité. "
Wen' savait qu'elle pouvait sembler niaise et pleine de bonnes intentions. Plus d'une personne avait eu cette vision de la jeune femme et elles ne sont guère allées plus loin que le bout de leur nez. La majorité des gens avait cette incroyable capacité de juger les autres en un temps record. La psy' considérait qu'elle n'en faisait pas partie, du moins, elle l'espérait grandement. L'anglaise attendait avec une certaine impatience le nom du fameux psychiatre. Il y avait en fait peu de chance qu'elle le connaisse... à part s'il s'agissait du Docteur Hurt ou du Docteur Arkham. Dans les deux cas, les probabilités étaient réduites. Il y avait trop de travail à l'Asie pour exercer au Central Hospital, quoique... en ayant une très bonne organisation, cela pouvait passer. Elle utilisa sa main libre pour reprendre et porter une nouvelle fois le café à ses lèvres... du thé, toujours prendre du thé, une valeur sûre. Il n'y avait que ça de vrai. Et là...ce fut le drame. Lorsque le charmant brun déclara qu'il n'avait aucun psy', Wendy n'eut d'autre choix que de s'étouffer avec sa boisson. Par chance, tout le contenu resta dans sa bouche, cela ayant comme conséquence une toux de plusieurs secondes et des larmes perlant aux coin des yeux.
Elle n'en croyait pas ses oreilles. Certes, il était compréhensible que certaines personnes soient un peu réticentes à l'idée de voir un psychiatre mais ne pas le faire du tout... La brunette prit en note le compliment et ne rata pas le clin d'œil, le rouge qui lui monta légèrement aux joues dut la trahir. Elle n'était plus habituée à ce genre de réflexion... enfin, elle ne l'avait jamais été. La légère trace d'humour fit sourire l'anglaise, cet homme semblait être réellement adorable. Les pires choses arrivent souvent aux meilleurs... malheureusement. Se raclant légèrement la gorge et passant rapidement la main sur son visage, Wendy replongea son regard dans celui du jeune homme.
"Je peux comprendre votre méfiance mais vous ne devez pas vous rendre compte à quel point c'est important... Je ne dis pas cela pour défendre ma profession, vraiment. Il n'y a pas que le fait de vous aider, dans votre cas c'est plus... Un léger moment d'hésitation se fit sentir, peut-être était-ce trop brusque... peut-être pas... ... éviter l'auto-destruction. Cauchemars, insomnie, dépression, repliement... même des cas d'amnésies... trop de choses peuvent vous tomber dessus sans prévenir et empirer la situation. Je ne veux pas vous faire peur, sincèrement, ce n'est pas mon but mais... La main qui se trouvait sur la jambe s'en détacha. Wen' fut tenter de la déplacer vers l'avant bras mais elle s'arrêta en chemin, préférant la poser sur l'accoudoir du fauteuil roulant. Trop tactile, cela était inapproprié et faire fuir Dick était la dernière chose qu'elle voulait. Je peux toujours rester cette inconnue, mais avec du meilleur café. Je ne sais pas si je suis capable de vous aider mais je peux toujours essayer. Vous méritez au moins cela. " Ça... ce n'était définitivement pas prévu au programme. Il allait la prendre pour une espèce de harceleuse ou pire. Mon dieu, qu'avait-elle fait ?
[HJ- J'espère que ma réponse te convient. Lorsque tu la liras, je serai probablement absente. Navrée pour cela. >< N'hésite pas à m'envoyer un MP si je dois faire des modifs ! -HJ]
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Mer 1 Aoû - 22:53 | |
| Wendy essaya de convaincre Dick des bienfaits de la psychanalyse, dans le sens où son état psychologique était tellement grave qu’il risquait de basculer dans une abime sans fond et autodestructeur s’il n’avait pas recours à l’un de ses confrères. Au vue du nombre d’épreuves que le justicier avait vécu, il lui faudrait une vie pour se guérir des blessures qui avaient meurtries son âme. Mais Wendy ne pouvait pas comprendre. Elle le voyait comme une victime, déraisonnable, entêtée, et le traitait comme telle. Il prenait tout à la légère, selon elle. Dick allait-il si mal que ça ? Sûrement. Mais il ne l’admettrait jamais. Batman avait été son mentor. Il lui avait appris à garder ses émotions pour lui, à feindre le bonheur quand des yeux le scrutaient, à refouler parfois jusqu’au plus profond de lui-même pour que personne ne soupçonne jamais son identité secrète. Pour le commun des mortels, Bruce Wayne avait un fils adoptif dont on connaissait très peu de choses, et personne ne le soupçonnait d’être un justicier masqué, qui plus est comme son père !
Aussi, les mots de Wendy, si ils étaient justes, n’ébranlèrent pas les certitudes de Dick Grayson. Il se contenta d’hocher calmement la tête lorsqu’elle parlait. En son for intérieur, Dick se sentait toujours autant coupable, mais il n’en montra rien et esquissa même un maigre sourire pour rassurer son interlocutrice. Il voulait qu’elle croit qu’il allait bien. Il n’avait pas envie de s’apitoyer sur son sort alors que cinq enfants innocents étaient morts. Wendy aurait beau dire qu’il n’était pas coupable de ces meurtres, qu’il avait essayé de sauver ces gosses, rien n’y ferrait. Pour lui, il n’avait pas besoin de thérapie, il était persuadé que ça ne fonctionnerait de toute façon pas sur lui. S’il avait longtemps été un pendant positif, humain de Batman, Dick avait basculé du côté des ténèbres, de l’obscurité terrible, depuis quelques années. Il aurait fallu au moins deux Barbara Gordon pour le faire revenir du bon côté de la barrière : le côté où résidait l’espoir. Gotham avait besoin d’un héros incarnant l’espoir et personne n’aurait pu mieux porter l’espoir que Dick Grayson. Un héros positif, ce qu’il avait longtemps été. Maintenant que la ville était en danger permanent et qu’elle souffrait dans sa chair des actions de ses maires successifs, Nightwing n’avait rien à lui offrir d’autre que sa haine et sa colère.
Alors pourquoi ne pas abréger la conversation ? Pourquoi faire semblant de croire au discours de la belle anglaise ? Pourquoi sourire alors que le cœur y est à peine ? Sans le vouloir, sans le savoir même, Dick commençait à éprouver une certaine attirance pour Wendy. Ça n’avait rien de physique pour l’instant, bien que la jeune femme soit très jolie. Cette attirance résidait plutôt dans l’aura qui émanait d’elle : elle était rassurante. Wendy était une fille bien et ça se sentait. Une fille lumineuse dans une ville obscure et pleines d’ombres. Un ange perdu dans un gouffre de noirceur et qui ne savait comment s’en extirper. Dick avait terriblement d’une fille comme elle dans sa vie. Il ne le savait pas encore, mais Wendy était sa rédemption.
« Wendy, je… tout ce que vous dites est vrai. C’est difficile à admettre mais… »
Dick ne poursuivit pas sa phrase. Le regard dur et tendre de son interlocutrice le troublait profondément.
« Peut-être que j’ai besoin… de votre aide. »
Le jeune homme respira profondément.
« Mais je ne veux pas que… je préfère que nous nous voyions dans un cadre qui ne soit pas académique. Je n’ai pas envie que vous soyez ma thérapeute, Wendy. Je veux juste que vous soyez la personne avec qui je puisse… discuter. Ça vous va ? »
Dick sourit maladroitement. Wendy venait de proposer la même chose. Il voulait se confier à elle, dans une moindre mesure, et elle voulait l’écouter. C’était vraiment parfait. Dick voulut dire quelque chose de plus, mais la jeune femme venait de retirer sa main de son genoux, ce qu’il prit pour de la froideur. Il continua pourtant à sourire.
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Quelques jours plus tard, Dick Grayson retrouvait Wendy dans cette même aile, tout deux avait un café à la main. Cette fois, Dick avait veillé à ce qu’Alfred leur en apporte un de qualité lorsqu’il était passé voir le jeune homme. Les jeunes gens marchaient tranquillement dans le couloir, Dick étant obligé de s’aider d’une canne. Ils parlaient de tout et de rien. Arrivé devant une fenêtre qui donnait sur la cour de l’hôpital, Dick fit signe à Wendy de s’asseoir sur le rebord. Une lumière douce et chaude les baignaient. Il était temps pour Dick de se confier à la jeune femme… [J'ai accéléré un peu les choses, j'espère que ça ne te gêne pas ] |
| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Mar 7 Aoû - 20:11 | |
| [HJ- Non, pas du tout, c'est même bien pensé. ^^ J'espère que ma réponse te conviendra, sinon, MP. -HJ] Wendy se sentait légèrement angoissée... non, à vrai dire, elle l'était totalement. Elle proposait rarement ses "services" ainsi, presque jamais en fait. Il n'était pas dans son habitude de clairement laisser le choix aux personnes. Après tout, elle était médecin et ses patients n'avaient guère le choix en fin de compte. Mais là, tout était différent et Clark n'était pas habituée à ce genre de situation si... humaine. Elle ne pouvait pas se comporter de la même façon. Aucune question piège de devait être posée, pas de manigance afin d'élaborer un diagnostic. Pourquoi est-ce que cela lui semblait presque hors de portée ? La vraie question devait plutôt être : depuis quand est-ce que tout ceci avait commencé ? Ces manies presque spontanées à présent, son travail semblait avoir plus de répercutions qu'elle le pensait. Encore un problème qui lui faudrait vite régler avant que cela empire. Alors... peut-être que le brun pouvait lui permettre de remonter la pente, de se détacher de son job, de la nostalgie qui la frappait lorsqu’elle ne brassait plus dans tous les sens. Une vraie bouée de sauvetage, lui permettant de remonter à la surface, évitant de se noyer sous le flot des derniers désenchantements de sa vie. A cet instant, vous pouvez être certain que la demoiselle n'y avait pas songé une seule seconde. Jamais elle ne consentirait à miser autant sur quelqu'un, surtout lorsque celui-ci doit se débattre avec ses propres démons. La jeune femme sentait bien que Dick n'était pas réellement à l'aise avec le principe de la psychiatrie. L'idée même de dévoiler, de parler de sentiments rebutait plus d'une personne, surtout lorsque cela doit être avec des inconnus. Ce n'est pas le faux-sourire pseudo-rassurant qui allait berner la Miss. Wendy connaissait bien ce sourire là. Elle-même l'avait utilisé plus d'une fois ces derniers temps avec sa famille. Une vaine protection, une tentative quelque peu ratée mais étrangement habituelle. Ce réflexe signifiait tant de choses, aucune étant agréable. Que cela soit de la douleur ou de la déception, tout pouvait y passer. Le regard de l'anglaise se fit moins strict et tenace, bien plus doux. Autoriser l'aide de Clark pouvait déjà être un pas important pour Grayson. Cependant il était évident que même si l'homme qui lui faisait face acceptait son offre, la suite des évènements serait bien plus compliquée et douloureuse pour lui. Les bonnes personnes sont toujours celles qui paraissent souffrir le plus parait-il... Aux yeux de l'anglaise, Dick Grayson en était le pénible exemple. Le son de la voix masculine détacha la Miss de ses pensées, lui faisant presque éprouve un certain stress. Elle ne comprenait pas pourquoi elle se mettait dans tous ses états, il n'y avait aucune raison à cela ; du moins, elle n'en voyait pas. Pendant un bref moment, elle crut qu'il n'allait jamais finir sa phrase. Lorsque Wen' entendit la réponse de l'officier, elle ne put retenir un soupir de soulagement. Cela l'étonna presque. Il fallait réellement qu'elle reprenne son calme, bien que ce dernier n'ait jamais été franchement perdu. Le sourire du brun lui fit serrer légèrement le cœur. Non, elle n'allait pas regretter sa décision, elle en avait la certitude. Dick lui demandait si cela lui convenait ? A vrai dire, la Miss ne trouva rien d'autre à dire que " C'est parfait. "Malheureusement, leur discussion fut rapidement interrompue par l'apparition des médecins que Clark devait voir. Devoir professionnel oblige. *** C'est avec une petite part d'appréhension que Wendy retourna à l'hôpital après quelques jours d'absence. Elle est heureuse de revoir Dick, ce n'était pas le problème. Elle craignait juste de tout faire rater. La psychiatre savait s'y prendre avec ses patients cependant, Grayson ne l'était pas, toute la subtilité de la situation se trouvait là. Par chance, elle avait retrouvé le sommeil, au moins, grâce à cela, elle n'avait plus une tête à faire peur. Ô joie. La britannique fut agréablement surprise de le voir sur ses deux jambes, malgré la présence de la canne. Marchant à leur rythme, les deux protagonistes passèrent de nombreux sujets de discussions en revue. Certains étant particulièrement banaux -qui ne déplurent pas à la jeune femme- à d'autres plus sérieux. De toute évidence le programme de rééducation de Dick semblait bien se passer, Wendy espérait intérieurement que le brun n'en souffrait pas trop. Elle avait été tenté plus d'une fois de l'aider, se ravisant à chaque tentative. Blesser l'égo masculin n'était pas la meilleure des idées. En tout cas, Wen' ne s'était pas trompée, Grayson était quelqu'un de très agréable... chose presque rare à Gotham City. Savourant le café que lui avait proposé Dick, - car oui, cette boisson avait remonté dans son estime à la première gorgée - Clark suivait ses pas, qui a menèrent près d'une fenêtre qui, de toute évidence, allait devenir leur nouveau perchoir. Posant son verre là où la place se trouvait, elle coupa momentanément le contact avec le jeune homme. Elle ne tarda guère à raccrocher à son regard, qui la faisait toujours subtilement frissonner. Par tous les saints, il ne devait pas être permis d'avoir de tels yeux, sincèrement. Cette réflexion fut absorbée par une autre plus préoccupante. Il n'avait pas prononcé un mot depuis leur pause sur la fenêtre. Une mine inquiète se dessina sur son visage. Wendy se rapprocha, prenant en même temps une profonde inspiration avant de poser la question ô combien fatidique et clichée. " Dick... est-ce que ça va ? "De nombreuses choses pouvaient se cacher derrière ces quelques mots parfois exubérants. Trouvez-vous le sommeil ou est-ce que les cauchemars le hante ? Mangez-vous correctement ? Est-ce que vos sourires ne sont-ils que des façades ? Tant d'autres possibilités que l'on n'ose pas poser à voix haute... Wen' se doutait bien qu'il ne lui faisait pas confiance, du moins, que superficiellement. Elle comprenait. Il était important que Richard parle à quelqu'un, que cela soit elle ou pas. Il devait s'en sortir... parce qu'elle le souhaitait cruellement.
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Mer 8 Aoû - 21:43 | |
| Alors que les deux jeunes gens s’asseyaient sur le banc mis à leur disposition, interrompant ainsi leur discussion sur un sujet des plus banals, un rayon de soleil vint les baigner, leur offrant une chaleur bienfaisante et agréable. Cet atmosphère particulier mettait Dick en confiance. Depuis ce matin, la journée était belle. Il n’y avait pas un nuage à l’horizon. De plus, le jeune homme avait passé une bonne nuit, ce qui, dans sa situation, relevait de l’exploit. Il était habitué aux douleurs dorsales depuis des mois : une souffrance atroce qui l’empêchait de dormir correctement et le forçait à prendre des antidouleurs à n’en plus finir, si bien que son médecin avait arrêté de lui en prescrire. Vraiment, il avait souffert le martyr, pensant que jamais ça ne s’arrêterait. Et si la douleur ne le tenait pas éveillé, les cauchemars affreux qu’il faisait à chaque fois qu’il s’assoupissait l’empêchait de trouver du repos. Non, il n’avait pas passé une aussi bonne nuit depuis longtemps et ça lui faisait du bien. Huit heures de sommeil, c’était un exploit pour le justicier qui, même du temps où il était en bonne santé ne s’autorisait que très peu de repos, occupé à traquer les criminels une bonne partie de la nuit.
Sans doute l’idée de revoir Wendy lui avait permis de trouver le sommeil. Depuis qu’il fréquentait la jeune femme, Dick allait mieux. Elle l’apaisait, exactement comme ce rayon de soleil qui caressait son visage à l’instant. A sa sortie du coma, Dick se sentait terriblement coupable d’avoir laissé mourir les victimes du Saint Samaritain. Mais depuis quelques jours, cette culpabilité s’atténuait, et ce, parce qu’il réussissait à parler de ses problèmes à quelqu’un. Que cette personne soit en plus de ça aussi charmante que Wendy arrangeait bien les choses. L’anglaise lui avait tapé dans l’œil dès le premier jour où il l’avait rencontré : elle était la seule personne avec qui il se sentait complètement à l’aise. Avec Bruce c’était difficile d’évoquer ses problèmes. Wendy était l’inverse de son mentor, elle était toujours à l’écoute et jamais avare de conseils.
Dick but un peu de son café sans quitter Wendy du regard. Il avait envie de reprendre leur conversation mais il sentait que la jeune femme souhaitait aborder un sujet plus sérieux. Il lui laissa donc le loisir d’engager la conversation.
Elle lui demanda simplement s’il allait bien. Mais le ton qu’elle employait rendait le tout solennel. Effectivement, on pénétrait sur le terrain du sérieux, et ce n’était pas pour plaire à Dick. Il préférait vraiment parler de tout et de rien plutôt que de lui-même, même avec Wendy. Simplement passer du temps avec cette dernière le ravissait. Elle lui donnait de l’énergie, elle lui redonnait le goût de vivre sans même le savoir, rien qu’en étant présente dans sa vie. Ce matin, ils s’étaient baladés dans le parc avoisinant le Central Hospital, profitant que la jeune femme ait un jour de congé. Le temps était superbe, la ballade avait été superbe, et Wendy était superbe elle aussi. Vraiment cette journée était magnifique. Sauf que maintenant, Dick allait devoir parler d’un sujet sérieux, et il avait peur que cela gâche le charme qui opérait entre les deux jeunes gens.
« Ça va plutôt bien, Wendy. A vrai dire, quand on a commencé à se voir, je ne pensais pas que j’allais aller mieux. Honnêtement, je voulais plus te faire plaisir qu’autre chose en acceptant que tu me psychanalyse autour d’un café… »
Il rit de bon cœur sans quitter son interlocutrice des yeux. Décidément, il n’arrivait pas à détacher son regard d’elle.
« Tu dois être contente que tes tours de passe-passe marchent aussi bien. Parce que j’ai vraiment l’impression que ça… marche. Est-ce qu’il y a des trucages ou bien c’est vraiment de la magie ? J’aime vraiment discuter avec toi, ça me fait du bien. Merci, Wendy. »
Dick ne pensait pas autant se livrer mais les mots étaient sortis tout seuls. Le justicier était sincère. Wendy lui faisait du bien et qu’il ose lui avouer lui fit monter brusquement le rouge aux joues. Il avait peur que la jeune femme se braque et qu’elle se fasse soudainement professionnelle. Il espérait devenir au moins ami avec elle, et si elle se mettait à agir comme une doctoresse, il n’était pas sûr que ça colle…
« Ta famille te manque toujours autant ? » demanda-t-il pour changer de sujet.
Il savait que Wendy n’avait personne à Gotham, que ses proches vivaient tous en Angleterre, ce qui devait être déchirant pour elle. Vivre dans une ville aussi dure et froide que Gotham sans personne pour vous soutenir, c’était une expérience assez violente. Des êtres comme Bruce ou lui aussi pouvaient y survivre et s’y sublimer en devenant des vigilantes, mais pour une « simple » psychiatre, Gotham devait apparaître comme un lieu terrifiant.
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Ven 10 Aoû - 0:36 | |
| Wendy avait peur que sa question ne casse l'ambiance légère et agréable qui avait enveloppé les deux jeunes gens. Elle n'avait aucune envie de devoir faire demi-tour, elle était heureuse d'être ici, en bonne et rassurante compagnie. Encore une fois, elle n'avait pas l'habitude de se sentir aussi confiante, apaisée et à l'aise. Depuis son arrivée à Gotham, la psychiatre se tenait presque constamment sur ses gardes, prête à la moindre bavure ou mauvaise surprise. A force de rester quasiment toute la journée dans la même pièce que des criminels sans foi ni loi, il fallait bien s'en douter. et elle devait bien l'admettre qu'il ne la laissait pas indifférente. Après tout, qui ne pouvait pas être charmé par Dick ? Avec des yeux aussi expressifs, une carrure impressionnante et une gueule d'ange, cet homme était tout simplement beau. Persuadée que son visage avait dû prendre une belle teinte pivoine, Clark but plusieurs lampées de café, appréciant son goût... avant de revenir à la discussion, plus précisément à la réponse du jeune homme. L'anglaise avait bien senti son scepticisme lors de leur rencontre, bien qu'elle fut soulagée de son approbation finale. Wen' était bien entendu ravie d'entendre que Richard voulait lui faire plaisir, mais là n'était pas le but. Cet homme était vraiment quelqu'un de bien : sympathique, gentil, drôle... Malgré toutes les crasses que la vie lui avait faites, il avait l'air d'être toujours aussi bon. Comment pouvait-il encore se fier à quelqu'un, croire en quelque chose, vivre au lieu de survivre ? Il était étonnant... et bien trop meurtri.
Son rire était clair, ravivant et communicatif. Après avoir replongé ses yeux dans ceux du brun, elle afficha un sourire et laissa échapper quelques éclats. Cela faisait un bien fou. La miss ne s'attendait pas à des remerciements aussi tôt, en fait, elle n'avait pas prévu d'en recevoir. Elle ne les méritaient pas, elle n'avait rien fait pour.
" Je suis contente de l'entendre Dick, vraiment. A vrai dire, je n'y suis pas pour grand chose. Je n'ai fait que débarquer dans un hôpital et m'affaler à côté d'une machine à café. Sincèrement, tu n'as pas à remercier, ça me fait plaisir d'être ici. Il faut bien que tu comprennes que je ne me sens pas obligée de venir, je ne le fais pas par je ne sais quelle pitié. "
Beaucoup de personnes ne croyaient pas en la sincérité de tels mots. La psychiatre priait intérieurement pour que Grayson n'en fasse pas partie... mais le sourire de Wendy se fana presque brutalement. Pour la discrétion, c'était raté. Ennuyer et déprimer Dick avec ses propres problèmes personnels était bien la dernière chose que voulait la demoiselle. De toute évidence, il avait rappelé avec succès un point sensible. Clark ne pouvait pas lui en vouloir, il désirait simplement changer de sujet. L'anglaise ne pût soutenir le regard bleu plus longtemps. Détournant la tête vers la fenêtre, la lumière, bien que douce, réussit à l'éblouir, lui faisant fermer les yeux pendant un bref instant. Beaucoup de choses lui manquaient. Les repas de famille avec ses parents et son frère autour d'une table ronde agrémentée de quelques fleurs. Les regards complices de William. L'heure du thé et des petits-fours avec ses amis afin de parler de tout et n'importe quoi... plus de n'importe quoi d'ailleurs. Les balades nocturnes à Londres... sans qu'aucun maudit couvre-feu ne vienne les interrompre. Oh oui, sa famille lui manquait atrocement. Elle n'avait personne avec qui déjeuner, personne avec qui diner. Rien que d'y penser, cela faisait presque mal. Une vie sociale réduite pratiquement à néant. L'envie d'attribuer tout ceci à Gotham était ô combien tentante mais malheureusement erronée. Clark avait fait un choix, en toute connaissance de cause, enfin, presque. Elle était passée de : famille aimante, frère attentionné et fiancé, à : sadiques, schizophrènes et psychopathes. Le tiercer gagnant en quelque sorte.
Il aurait été facile d'afficher un faux-sourire et de rassurer Dick. Mais il était la première personne avait qui Wen' pouvait sincèrement parler. Bien entendu, elle avait brièvement discuter avec cette Anne Wending, mais cela n'était définitivement pas la même chose. La miss s'était immiscée dans la vie du jeune homme et en était reconnaissante. Elle avait la chance de pouvoir être à ses côtés, un minimum de sincérité était requis, même si cela n'était pas aisé, elle lui devait au moins cela. Sa gorge s'était serrée pendant que son esprit la tourmentait de souvenirs qui paraissaient trop lointains à présent. Son regard toujours un peu perdu, elle prit une inspiration et parla d'une voix douce, peut-être trop basse à son goût. Nostalgie, quand tu nous tiens !
" J'ai fait des choix, je n'ai pas le droit de m'en plaindre mais... Je me doutais bien que ça allait être dur, mais pas à ce point. C'est perturbant. Je suppose que c'est un coup à prendre, le temps de reconstruire un semblant de vie. "
Wendy retourna la tête en direction du jeune homme, la penchant un peu sur le côté afin de prendre appui sur le rebord. Non, elle ne voulait pas jouer la pauvre petite étrangère perdue et triste, cela était trop niais et ingrat. Elle n'était pas comme ça, elle ne voulait pas devenir ainsi. Cette fois, elle n'hésita pas à le regarder droit dans les yeux - prenant son courage à deux mains -, ses lèvres s'étirant en un léger sourire, la voix plus confiante.
" Je suis beau être nouvelle, cela fait quelques temps que je suis à Gotham et tu dois être la première personne à me poser cette question. Je ne veux pas te déranger avec tout ça, nous sommes à Gotham, il y a des choses bien plus importantes. C'était... c'était stupide. Je... Enfin... Merci à toi. "
Idiote. Elle était vraiment une sombre idiote. Cette fois, son courage vola en éclat. En effet, instinctivement, Wendy porta son regard sur ses mains qu'elle trouvait maintenant particulièrement intéressantes.
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Sam 11 Aoû - 17:11 | |
| Wendy ne comprenait pas à quel point elle avait illuminé la vie de Dick en y faisant irruption. Dans un océan de solitude, balloté par des eaux en furie, le jeune homme ne pouvait que faire face sans rien espérer d’autre que survivre. Ces dernières années avaient été pour lui des épreuves continuelles, difficiles à surmonter, créatrices de blessures accentuées par la solitude. Batman était son mentor, l’être d’exception que Dick admirait le plus, mais impossible de se confier à lui, d’avouer sa propre faiblesse… il avait tellement peur que le chevalier noir le renie, ne soit plus fier de lui, le chasse de sa vie. Après tout, Barbara avait agi ainsi. Elle l’avait laissé tombé, alors qu’elle le voyait sombrer et devenir de plus en plus violent avec les criminels qu’il « chassait ». Au lieu de l’aider, la jeune femme lui avait dit d’aller se faire voir et avait claqué la porte. Le justicier avait eut du mal à le supporter. Il avait tant aimé cette femme… Et il aimait Bruce comme un père. Les deux personnes qu’il aimait le plus lui semblaient inaccessibles. Quant à ses amis - Victor, Garfield, Roy, Donna et les autres -, il ne les avait pas vu depuis des lustres.
Le seul qu’il ait vu récemment était Wally West, son meilleur ami. Les deux hommes avaient été longtemps coéquipiers au sein des Teen Titans, ce groupe de jeune super-héros, composé au départ des sidekicks des grandes figures de la JLA. A l’époque, Dick portait le costume de Robin, et Wally, celui de Kid Flash. Amis de longue date, ils avaient tout deux faits partis de la première mouture de l’équipe. Ils étaient jeunes alors, et une amitié forte étaient nées entre eux. Depuis ils avaient partagé de nombreuses aventures, affrontés de nombreux ennemis, et s’étaient épaulés l’un l’autre durant les moments de doute et de souffrance. C’était pour cette raison que Wally s’était rendu à Blüdhaven il y avait un an, ayant appris ce qui s’était passé avec Blockbuster et sentant que son ami avait besoin de lui. Mais Dick était au fond du trou à l’époque et il l’avait envoyé baladé. Il n’avait pas voulu de l’aide de Wally. Ni de personne d’autre, d’ailleurs. Le temps de l’innocence était fini depuis longtemps et Dick était devenu Nightwing, tandis que Wally avait pris le manteau de Flash. Le temps ayant fait son œuvre, les deux jeunes gens s’étaient éloignés l’un l’autre. Et la mort de Blockbuster, le rejet de toute aide de la part de Dick, avait entériné leur éloignement.
Dans l’univers sombre et violent dans lequel il évoluait, Dick n’avait pas vu la lumière depuis longtemps. Et Wendy était l’étincelle qu’il cherchait… Mais il craignit de l’éteindre en posant une question indiscrète, qui visiblement mit la jeune femme mal à l’aise. Il venait de lui demander comment elle allait alors qu’elle était loin de sa famille. Quel manque de tact… Evidemment qu’elle devait en souffrir. Il ne se passait pas un jour sans que lui-même souffre de la disparition de ses parents et de l’éloignement d’avec ses amis des Teen Titans. Comme Wendy, il avait tout quitté pour s’adonner à sa mission. Si la belle anglaise aidait du mieux qu’elle pouvait les patients d’Arkham, lui tentait de les mettre hors circuit et de ne pas les laisser en liberté. Et les voilà tout les deux, débarquant à Gotham et s’y sentant perdus. Encore quelque chose qui les rapprochait. Dick pensait, une fois sorti du coma, que rester à Gotham serait l’affaire de quelques mois, histoire de récupérer et de terminer sa rééducation, pour ensuite retourner à Blüdhaven poursuivre sa croisade contre les successeurs de Blockbusters, les nouveaux lords du crime. Mais plus le temps passait et plus il s’habituait à vivre à Gotham. Il avait en fait peur de retourner à Blüdhaven et d’affronter ses ennemis. Il ne se sentait pas à la hauteur. Aussi Gotham lui offrait un repos, presque une cachette, qui le préservait du monde réel. Pas sûr que ce osit pour cette raison que Wendy soit venue ici. Quoique… Tout les deux fuyaient quelque chose. Si Wendy ne s’était pas épanché sur la raison de sa venue ici, Dick savait que ça devait être une triste histoire. On ne quittait pas sa famille comme ça, sans une bonne raison.
« Je suis désolé de raviver tes souvenirs. Ça doit être dur pour toi d’être loin des tiens. Surtout à Gotham. C’est une ville très… dure, pour ceux qui n’y sont pas habitués. Moi, j’ai grandis et vécu ici pendant longtemps. C’est ma ville. Mais pour toi, Gotham doit te sembler bien repoussante. »
Dick écouta la réponse de Wendy, et laissa un silence avant de poursuivre :
« Tu n’as pas à t’excuser, ni à me remercier de me préoccuper de toi. On a tous nos blessures. Je sais ce que c’est d’essayer de faire face sans trop y parvenir. Cacher mes émotions, je sais faire aussi. Mais… je n’ai pas envie de me cacher avec toi. »
Dick détourna la tête. Il était gêné d’avouer quelque chose d’aussi important à ses yeux. Il ne connaissait Wendy que depuis peu, après tout. Ne jamais faire confiance trop vite, lui avait répété Bruce pendant des années. Ne jamais faire confiance à personne, plutôt. Mais Wendy était… spécial. Et puis, s’il lui avouait qu’elle l’aidait beaucoup, qu’y avait-il de mal ? Ce n’était pas comme si il allait lui révéler sa double identité ou quelque chose dans ce genre.
« J’espère que tu finiras par te plaire ici. Tu n’es pas seule, de toute façon. Et si tu as besoin de te confier ou quoique ce soit, et bien… je suis là. »
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Mar 14 Aoû - 18:26 | |
| Wendy était consciente que fuir l'Angleterre n'était pas la meilleure façon de combattre son passé... qui n'était pas si ancien que cela. Elle avait encore du mas à se rendre réellement compte de tout ce que cela impliquait. Il était définitivement trop tard pour faire marche arrière, trop d'engrenages avaient été lancés, impossible de renoncer. La jeune femme n'était pas du genre à commencer des projets et de les lancer moisir dans un coin, enfin, généralement pas. Les derniers mois avaient posé de vrais problèmes à la demoiselle, réduisant ses plans futurs en de vastes blagues. Sa famille avait été merveilleusement présente pour l'aider mais la dernière chose que voulait voir Wendy dans leurs regards était de la pitié. Dire le contraire ne servirait à rien, la vérité restait toujours aussi troublante et douloureuse. Il y a avait trop de sentiments dont Clark ne souhaitait pas faire face. Pitié, inquiétude, tristesse... Tout cela revenait du pareil au même. Elle ne voulait pas que les gens prennent des pincettes avec elle. Elle n'était pas faible. Elle n'était pas une pauvre petite fille effrayée. Lui raconter de douces histoires rassurantes et naïves n'était d'aucune utilité. Elle ne tomberait pas, pour rien au monde, dans les illusions des contes et merveilles. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle savait que la vie n'était pas une fable. Toutes les histoires n'ont pas de belles fins. La sienne n'allait jamais terminer par elle vécut heureuse et eut beaucoup d'enfants.
Il était étrange de penser qu'elle allait probablement finir seule, sans enfant dans ses pattes du moins. Pas de petits enfants l'appelant "grand-mère". Dick avait raison, Gotham était loin d'être une ville facile. Sa réputation la précédait et cela n'allait pas changer de sitôt. Cependant, quelque part, Wendy remerciait cette ville dite maudite d'exister. Cette cité aux péchés les plus effroyables les uns que les autres lui permettait de penser à autre chose. De relativiser. Il lui fallait au moins cela. Pas le temps de se morfondre dans des rêves improbables ou pour un passé révolu, beaucoup trop de travail l'attendait chaque jour. Devenir accro' à son job n'était pas non plus un soulagement. Il était toujours difficile de trouver son équilibre, de ne pas pencher d'un côté ou de l'autre de la balance. Bien des mots étaient utilisés pour décrire Gotham. La plupart étant lugubres, glauques, déprimants et ainsi de suite. Étrangement, jamais le qualificatif "repoussant" n'avait traversé l'esprit de la psychiatre. Clark ne se trouverait pas là pour aider une cause perdue. Des gens bien vivaient là-bas, des personnes capables d'endurer des combats pénibles, cruels et injustices. Quelqu'un comme Richard, assez fort pour réapprendre à marcher, assez courageux pour se dresser contre des personnes qui sont elles repoussantes. Assez bon pour venir en aide à une population déjà condamnée pour la plupart. Un homme à l'histoire torturée, dans une ville peut-être un peu trop ingrate. Une perle rare.
La tête de l'anglaise était toujours baissée, son regard encore porté sur ses doigts qui s'entremêlaient entre eux, jeu nerveux. Les traits crispés de son visage s'adoucirent légèrement, balayant les amères pensées de son esprit.
" Pas repoussante, non. Chaque cité à ses propres charmes, il faut juste creuser un peu plus profond pour Gotham. Les apparences sont trompeuses, j'espère que cela est le cas pour cette ville. Je dois avouer que mon opinion n'était pas très glorieuse. Cela a dû être bien plus difficile pour toi que pour moi de vivre ici. Au moins, tu as permis de remonter un peu Gotham dans mon estime. Ce qui n'était pas évident."
Cette fois, un petit rire vint détendre l'atmosphère. L'heure n'était ni aux regrets, ni à la tristesse. Un peu de lumière et de joie ne pouvait pas lui faire de mal, au contraire. Ne voulant pas se cacher plus longtemps derrière un rideau de cheveux, Wendy releva la tête, dégageant quelques mèches derrière ses oreilles. A l'entente du mot "blessures", elle effleura brièvement son annulaire gauche, à présent dépourvu de son ex-bague de fiançailles, comme pour vérifier son absence. Un pur réflexe inconscient. Au moins, aucune de ses mains n'étaient venues frôler son ventre. Un automatisme de plus en plus présent en la présence d'enfants. Cicatrices indélébiles, invisibles et toujours là. Clark était bien incapable de repousser les mots de Dick. Comme il l'avait si bien dit... il savait ce que cela faisait. Certainement bien plus qu'elle. Tout comme le jeune homme, elle était capable d'afficher un sourire pour rassurer. Elle aussi voulait avouer les sentiments qui la hantaient, les meurtrissures qui la blessaient. Malheureusement, la peur avait cette étrange capacité à tout paralyser sur son passage. Sa vie avait été pratiquement réduite en poussières la dernière fois où la brune avait fait suffisamment confiance pour parler à cœur ouvert. Elle mourrait d'envie de se laisser aller, de craquer pour une fois. De laisser dévaler les larmes qu'elle retenait depuis l'annonce du médecin. La terreur de tout reperdre l'avait prise en otage. Pas une deuxième fois...
Elle n'était pas certaine de mériter tout ceci mais Wen' était sincèrement touchée par l'attention que lui portait Dick. Son embarras attendrit la jeune femme. Comment cela se faisait-il qu'une illustre inconnue soit à ses côtés au lieu de sa famille, amis, amant ou amante ? Je n'ai pas pu m'en empêcher de le caser celui-là. Pourquoi une telle solitude autour d'un homme ayant besoin de soutien ? Cela la perturbait, tout comme le léger manque de confiance qu'elle percevait. La tasse de café avait été oubliée, encore à demi remplie, refroidissant lentement. Dommage... C'est avec timidité que la main droite de la Miss vint prendre place sur celle plus masculine de Grayson. Elle y exerça une légère pression qui se voulait rassurante.
" Alors ne te cache pas, tu n'as pas besoin de le faire. Je vais rester à Gotham pour un bon bout de temps, je ne vais nulle part. Avant, c'était parce que j'avais fait un choix et que je respecte mes engagements. Maintenant, c'est parce que je le veux. "
Sa main se décala légèrement, presque avec remords, restant toujours à proximité. Sait-on jamais... Une question émergea dans son esprit... Sa présence lui faisait chaud au cœur mais n'avait-il pas dit quelques jours auparavant que...
" Sais-tu quand tu pourras sortir ? Je suppose que tu retourneras à Blüdhaven lorsque cela sera le cas, non ? L'hôpital est un endroit déprimant, tu dois être impatient de rentrer chez toi. De partir. "
Bien entendu que cela devait être le cas, qu'avait-elle espéré au fond ? Il n'avait pas de raison particulière de rester à Gotham... son travail n'y était pas, la majorité de ses amis devaient être là-bas, son chez lui... Son ton s'était presque fait âpre sans qu'elle ne s'en rende compte. Décidément, tout foutait le camp...
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Mar 14 Aoû - 22:50 | |
| Finalement, Wendy ne trouvait pas Gotham si repoussante que Dick le pensait. Elle y voyait de l’espoir, quitte à creuser en profondeur pour le trouver. Dans cette ville, il était noyé sous le crime, la corruption, le mal à l’état pur parfois. Chaque jour, il était malmené par des êtres sans foi ni loi, qu’ils soient biens sous tout rapport comme un maire ou un chef d’entreprise, ou qu’ils soient fous à lier comme un Joker ou un Epouvantail. Que Wendy pense trouver à Gotham quelque chose de beau parmi toutes ces immondices en disait long sur sa personnalité. C’était le genre de fille à ne pas baisser les bras, à s’accrocher coûte que coûte, une battante. Plus Dick apprenait à la connaître, plus il appréciait cela chez elle. Elle ne lâchait pas l’affaire, comme en témoignait ce qu’elle faisait pour lui depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Et pourtant, Wendy avait ses blessures et ses fêlures. Le justicier l’avait senti au fur et à mesure qu’il la côtoyait. Il ne savait pas ce qu’il en retournait mais il savait qu’elle avait souffert. Le fait qu’ne fille de bien comme elle souffre le mettait en colère. La cruauté des dieux…
Tournant en dérision le fait qu’elle trouve un peu d’espoir en Gotham, Wendy se mit à rire. Cela faisait l’effet d’un baume au cœur. Alors qu’elle semblait jusqu’ici un peu inquiète et qu’elle avait une expression de dureté sur son visage, ce rire la métamorphosa complètement. Il rehaussait sa beauté de manière stupéfiante. Beauté qui se révéla encore un peu plus quand elle dégagea le rideau de cheveux qui lui masquaient le haut de son visage. Dick la vit toucher son annulaire gauche lorsqu’il prononça le mot « blessures ». Et ce doux visage reprit sa dureté d’avant. Associé à ce geste, les mots qu’il venait de prononcer prenait pour elle un sens bien particulier. Mais Dick ne posa aucune question à ce sujet. Il n’avait aucune envie de mettre Wendy mal à l’aise. Lui, qui était un expert en relations qui ne marchaient pas, ne voulait pas forcer la jeune femme à se confier sur ce point : il savait à quel point cela pouvait être douloureux.
Lorsque Dick révéla à Wendy qu’il ne voulait rien lui cacher sur lui-même et qu’il lui faisait confiance, elle l’encouragea dans cette voie. Elle essaya de le rassurer en lui disant qu’elle ne partirait nulle part, qu’elle ne comptait pas quitter Gotham et même, qu’elle voulait rester. Que quelqu’un d’extérieure à cette ville souhaite sciemment y rester était étrange. Dick y avait vécu une grande partie de sa vie, et une partie de ses souvenirs s’y trouvaient. Grammercy row, l’hôtel de ville, la batcave bien sûr, ou encore le Robinson park où Batman et lui avaient bien souvent eu à affronter Poison ivy, tout ces lieux étaient chargés de souvenirs et chaque fois que le jeune homme y passait, il les sentait revivre sous ses yeux. Gotham était une ville nostalgique, résolument tournée vers le passé. Elle n’avait jamais su se remettre des différentes crises économiques qui l’avaient touchés, et elle refusait de regarder vers l’avenir comme si il s’y terrait des monstres bien plus effrayant que tout les joker du monde. Il fallait avoir beaucoup de souvenirs dans cette ville pour l'apprécier.
Wendy, alors qu’elle lui expliquait qu’elle ne comptait pas s’éloigner de lui, prit la main de Dick. Le geste était timide, mais il produisit son petit effet chez l’ancien robin, qui y répondit en la lui serrant avec douceur. Elle était aussi seul que lui l’était. Elle était très belle, trop pour être réelle. Emanait d’elle un parfum doux qui réveillait chez le justicier une vague de souvenirs, qui n’avaient rien à voir, eux, avec ceux des super vilains qu’il avait pu affronter à Gotham, en compagnie de Batman. Wendy ressemblait au passé, mais de celui qu’on ne voudrait jamais oublié, de celui des bons moments passés : l’enfance idyllique d’un jeune prodige fils d’acrobates de cirque, les premiers émois amoureux, les premiers baisers échangés derrière une roulotte de diseuse de bonne aventure, …
Mais Wendy finit par retirer sa main. Dick se crispa. Qu’avait-il pu s’imaginer ? La jeune psychiatre jouait son rôle de confidente, d’amie, rien de plus. Voilà pourquoi elle lui avait pris la main. Pour l’encourager à parler, pour qu’il se confie à elle, rien de plus. Rien de plus…
Dick répondis, légèrement troublé :
« Je… je ne compte pas me cacher. »
Il savait que l’heure était venue de se confier à la jeune femme. De se livrer complètement à elle et de lui dire ce qui lui traversait la tête. Ces idées noires qui le torturaient, son désir de vengeance, … Il fallait que ça sorte, qu’il le lui dise. Mais il voulait procéder par étapes. Il inspira, puis se lança :
« Je te mentirai si je te disais que je n’ai pas souffert dans ma vie, mais je ne veux pas me plaindre. Et en te racontant mes « malheurs », j’aurais l’impression de me plaindre. Te dire que j’ai perdu mes parents quand j’avais douze ans faussera ton opinion sur moi, j’en suis sûr. Tu me prendras pour un de ces gosses traumatisés par un tel choc, mais je t’assure que j’ai passé le cap, que de ce côté-là, j’ai réussi à faire mon deuil. Ça n’a rien à voir avec ce qui est… arrivé. »
Ça y était. Voilà que Dick repensait aux meurtres, aux enfants, et au Saint Samaritain, cet être abject qu’il haïssait terriblement. Il désirait tant le retrouver… mais il craignait d’être face à face avec lui. Il avait peur de ce qu’il serait capable de lui faire… Mais comment l’expliquer à Wendy ? Devait-il seulement le faire ? Pouvait-il faire confiance à la jeune femme ? Oui, il le sentait. Mais il était encore trop tôt pour lui dire ce qu’il ruminait. Beaucoup trop tôt. Si elle pouvait le sauver, elle le ferait, mais en temps et en heure.
Wendy changea de sujet en demandant au jeune homme quand il sortirait de l’hôpital et s’il comptait retourner à Blüdhaven une fois sa rééducation achevée. S’il était impatient de rentrer chez lui ? Dick n’était même pas sûr d’avoir un chez lui. Oh, il avait cru que Blüdhaven serait son nouveau chez lui, lorsqu’il s’y était installé, voilà quelques années. Mais il s’était trompé. Il n’avait plus sa place à Blüdhaven. Personne ne l’attendait, là-bas. Gotham était ce qui ressemblait le plus à une « maison » pour lui. Batman, ce qui ressemblait plus à une « famille ». Et dans l’équation apparaissait Wendy. Qu’était-elle, pour Dick ? Une amie ? En tout cas, elle avait un rôle à jouer dans la vie du jeune homme. Et s’il restait à Gotham, il comptait bien rester auprès d’elle.
« Je ne vais nulle part, moi non plus. Une fois ma rééducation terminée, je pense rester à Gotham un moment. Je suis le fils adoptif d’un milliardaire : Bruce Wayne. Oui, je sais. Tu te demandes comment j’en suis arrivé, avec un père pareil, à devenir flic dans un coin rongé par la criminalité comme l’est Blüdhaven… Disons que, comme père, on a vu mieux que Bruce… »
Presque par automatisme, Dick protégeait le secret de son mentor en dépeignant Bruce Wayne comme les médias le voyaient : un type imbu de lui-même et particulièrement égoïste. Mais au fond de lui, Dick savait qu’il y avait une part de vérité dans la description qu’il venait d’en faire. Bruce avait été un père pour lui, mais il avait été dur, ne sachant jamais vraiment montrer ses émotions. Batman était trop omniprésent dans sa vie pour qu’il se consacre vraiment à l’éducation de quelqu’un. Dick avait été obligé de grandir très vite sous l’égide d’un tel homme.
« … mais Bruce est ma seule famille. J’ai envie de passer du temps avec lui. »
Le jeune homme voulut rajouter « et avec toi » à l’adresse de Wendy, mais se retint. Si elle montrait de l’intérêt pour lui, Dick pensait qu’elle se souciait simplement de sa santé, et physique, et mentale.
[petite blagueuse, va ]
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Sam 18 Aoû - 17:43 | |
| Wendy se sentait particulièrement idiote. Si Dick pensait être prêt à retourner chez lui, cela était un bon point, indubitablement. L'en empêcher aurait été une grossière erreur, surtout si cela reposait sur des principes égoïstes. Clark n'avait aucune envie de voir le jeune homme partir. Auprès de lui, la demoiselle ne pensait pas -ou peu- à son travail, aux criminels qu'elle fréquentait ou aux histoires douteuses qu'elle entendait. La présence de Richard était rassurante, peut-être que cela était dû à son côté policier... Gotham était imposante, un peu sauvage peut-être. Wen' était bien heureuse de l'avoir rencontré, un point de repère était toujours le bienvenue, surtout pour une femme n'aimant guère la solitude. Richard se tendit imperceptiblement, malgré la discrétion, elle le ressentit. Etait-il déçu ? La probabilité qu'il s'intéresse à elle était minime, n'est-ce pas ? Il devait avoir quelqu'un dans sa vie. Sincèrement, il suffisait de le regarder pour savoir qu'il pouvait avoir toutes les femmes qu'il voulait. Non, il devait être simplement gêné de son contact et n'osait pas lui dire, rien de plus. Tout en se mordant la lèvre inférieure, elle comprit - après un temps de réaction - ce qu'elle pensait être une erreur. Par tous les saints, allait-elle continuer à faire de telles gaffes ? Elle ne voulait pas le déranger c'est juste que... Wendy ne savait pas franchement comment s'y prendre. Réfléchir avant d'agir pouvait toujours être une bonne idée.
Il y a des choses que la jeune femme comprenait, des émotions qu'elle pouvait pleinement ressentir. Certaines personnes sont plus empathiques que d'autres... parfois même trop pour leur propre bien. Malheureusement, il y a parfois des situations qui vous font paraitre totalement inefficace, inutile. Jamais une perte d'un proche n'avait marqué l'histoire de Wendy Clark. Bien entendu, la plupart de ses grands-parents devaient être maintenant six pieds sous terre. Après tout, pourquoi pleurer lorsque l'on ne connait pas les personnes ? Se rajouter de telles souffrances n'était pas nécessaire dans un tel monde. Perdre ses parents à douze ans... Les paroles de Dick lui firent presque mal. Compatir ne servait pas à grand chose... Wen' ne pouvait même pas imaginer ce que cela pouvait infliger comme douleur. Rien que de partir dans un pays étranger la démoralisait au plus haut point. Juste essayer de se projeter dans un monde où elle ne pouvait que fondre en larmes sur les tombes de ses parents, sur celle de son frère... Non, cela n'était pas concevable, trop insupportable à vivre. Comment des mots pouvaient-ils être réconfortants dans de tels cas ? En quoi cela apportait de l'aide ?
Richard avait le droit de se plaindre, de pleurer ou d'être en colère. Il semblait même surréaliste que cela ne soit pas le cas. Avec tous les malheurs qui lui sont tombés dessus, il y avait de quoi craquer, de sombrer dans de profondes abysses. Pourtant... il n'avoir pas l'air d'être détruit, du moins, en apparences. Et c'est bien ce qui effrayait et inquiétant Wen. Et si quelque chose s'était irrémédiablement et définitivement brisé à l'intérieur ? Une fêlure si finement dessinée qu'elle n'attendait plus que le coup de grâce pour se transformer en faille ? Il y avait trop de "si", trop d'hypothèses plus dramatiques les unes que les autres qui planaient au-dessus de Dick. Il est tellement difficile de continuer à se battre contre une vie toujours un peu plus cruelle chaque jour, avec des gens à l'égoïsme infini. De l'autre côté, il est si tentant de baisser les bras, d'abandonner le combat, car après tout... est-il réellement possible de lutter sans se brûler les ailes ? Cela en valait-il encore le coup ? Puis... il y a les gens comme Dick. Ceux qui prennent les armes pour les autres, qui servent de support, de pilier. Des personnes apparemment prêtes à subir les tourments d'autrui, de s'interposer entre une balle et sa cible. Qui -dans ce bas monde- était capable de réaliser de tels exploits ? Certains diraient un idéaliste fou et naïf... Wendy préférait voir les choses autrement... un héros.
Peut-être qu'il avait réellement fait le deuil de ses parents, après des années, cela était grandement possible. Il devait toujours rester des conséquences de cette perte, cela paraissait logique et surtout, normal. Aucun mot n'avait franchi les lèvres de la brunette. Au diable ses propres états d'esprit, l'heure était à l'écoute. Cela était nécessaire, à la limite du vital. Dick devait être cerné par le ressentiment envers le Samaritain... qui ne le serait pas ? Un criminel s'en prenait à des enfants donnait presque à chaque fois des nausées à la psychiatre. Colère, dégout, douleur, déception... Le jeune homme devait se sentir oppresser par une vague de sentiments à la fois contradictoires et violents. Peut-être ne savait-il pas comment réagir à tout cela... Pleurer ou hurler. Réconfort ou solitude. Violence ou calme. Beaucoup trop de possibilités, cela devait donner le tournis. Une mine étonnée se dessina sur la visage de Clark. Fils de Bruce Wayne ? Sérieusement ? Il fallait vraiment qu'elle se tienne au courant des personnalités de Gotham... L'anglaise ne serait même pas capable de reconnaitre le maire si on lui mettait en face...
Le portrait que peignait Grayson de Bruce Wayne n'était guère flatteur, si ce n'est péjoratif. La psychiatre avait déjà jeté de brefs coups d'œil sur les articles décrivant le millionnaire excentrique... ou milliardaire, elle ne savait plus. Cela n'avait pas grande importance. Dick aurait très bien pu devenir un sale gosse capricieux auprès d'un homme possédant tout ce qu'il désire. Alors oui, il était étonnant de voir ce que le jeune homme était devenu... il avait de quoi être fier. Policier dans un endroit miteux ne correspondait en rien à l'archétype de l'héritier d'une fortune colossale. Bien au contraire. Est-ce que Wayne avait-il daigné voir son fils depuis son hospitalisation ? Il était impossible qu'il soit aussi narcissique, personne ne l'était au point de laisser sa propre famille se morfondre dans une chambre d'hôpital. Wendy n'avait jamais rencontré cet homme d'affaire, ou philanthrope... peu importe les surnoms dont les médias le ornent... en tout cas, la Miss n'avait pas l'opinion la plus favorable. Se sentait-il un minimum inquiet pour son fils ? L'idée même que Dick se retrouvait seul dans cette épreuve fit grincer les dents de l'anglaise. Richard était réellement trop gentil pour son propre bien.
Rester à Gotham, aux côtés de sa famille était une sage décision... surtout que cela soulageait grandement Wendy, bien qu'elle essaya de cacher comme elle pouvait son apaisement. Puiser de la force dans le soutien familial était certes difficile, mais aussi indispensable. Richard avait beau l'air d'être capable de faire face à cette épreuve, il restait humain. Forces et faiblesses étaient parfois trompeuses et mesquines. Rétablir l'équilibre de son corps était une chose... soigner correctement son esprit était -malheureusement- plus complexe. Wendy ne savait que trop bien les conséquences d'un tel déchainement de violence. Des dégâts catastrophiques, du genre ceux qui peuvent changer une vie d'un claquement de doigt.
Vérifiant que le couloir était vide, elle se repositionna et prit une profonde inspiration.
" Je pourrai très bien te dire que je sais ce que tu ressens, que tout va bien se passer, ça serait un mensonge. Rien ne sera évident, ni évident Je dois t'avouer que je ne sais pas quel genre de relation tu entretiens avec... ton père, mais si tu lui fais suffisamment confiance, si tu peux lui parler, fais le. C'est important. Je sais que cela parait facile à dire mais il n'y a pas de réaction type à ce que tu as vécu. Si tu veux crier ou hurler sur quelqu'un, fais le. Pleurer, fais le. Casser quelque chose, fais le. Tant que cela ne te blesse pas, tu peux faire ce que tu veux. Il n'y a rien de stupide, personne ne te jugera, surtout pas moi. Je ne suis pas là pour ça, ni pour faire un quelconque diagnostique. Si tu veux quelqu'un pour boire un café, seulement ça, je suis là. "
Wendy avait l'impression d'avoir couru un marathon, elle était à bout de souffle. Penser à respirer entre les mots pouvait aussi être une bonne chose... parmi tant d'autres.
[HJ-Je suis hilarante, je sais. -HJ]
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Dim 19 Aoû - 13:28 | |
| Lorsque Dick avoua à Wendy qu’il préférerait rester à Gotham après qu’il soit sorti de l’hôpital pour pouvoir passer plus de temps avec sa seule famille plutôt que de rentrer à Blüdhaven, il sentit qu’elle était soulagée. Ce sentiment était presque imperceptible mais un petit quelque chose avait changé dans son attitude. Passé maître dans le décryptage du langage corporel, Dick pouvait comprendre ce que le corps de la psychiatre disait, et les signes qu’il pouvait lui envoyer. Mais involontairement, il les minimisait ou les mettait sur le compte d’une amitié ou d’un besoin de combler une solitude. Etrangère dans un pays et une ville dont elle ne connaissait rien, Wendy trouvait du réconfort auprès de lui car il était le seul, semblait-il, qui lui ait prêté attention et avec qui elle avait tissé des liens. Non, tout cela n’avait rien à voir avec des sentiments plus forts qui pourraient les unir tout deux. Néanmoins, Dick fut au fond de lui content de la réaction de la jeune femme.
Elle avait écouté attentivement et sans l’interrompre ses confessions à propos de la mort de ses parents. Depuis que Mary et John Grayson étaient morts assassinés par Zucco, rien n’avait plus été pareil pour Dick. Dès lors, il avait dû apprendre à survivre, à dissimuler sa colère, à vivre parmi les ombres. Heureusement, il y avait eu Bruce, qui l’avait aguillé à sa manière vers la lumière. A force de persévérance et de discipline de fer, Bruce avait fait de lui un combattant hors pair, le combattant du crime qui sévissait à l’époque à Gotham. Ce même crime qui continuait à sévir de nos jours, avec parfois plus de violence. Bruce lui avait inculqué des valeurs qui le rendraient meilleur que lui-même l’avait été. Il était son prodige, son allié, son ami, son fils. Et pour cela, il l’astreignait à une discipline de fer. Les nombreuses heures d’entraînement qu’il avait passé dans la batcave avaient éprouvé le mental et le physique de l’enfant qu’il était alors. Grâce à Bruce, Dick s’était forgé une solide carapace, il avait su faire de sa colère une force, utilisée ensuite pour lutter contre les ennemis du Batman. Batman et Robin. Un duo magique qui avait si bien fonctionné, et ce pendant près de dix ans. Pour devenir l’acolyte de Batman, il avait fallu faire des sacrifices. Si Bruce l’avait rendu plus fort, il l’avait aussi éloigné quelque part du monde réel et l’avait empêché de faire vraiment son deuil. Jamais Dick n’avait douté de l’amour que lui portait le milliardaire justicier. Mais cet amour se traduisait par une surprotection, un verrouillage des émotions, que Dick avait fini par repoussé. Bruce avait toujours été comme ça avec ses protégés. Était-ce là l’origine des problème de Dick ? A grandir dans l’ombre de Batman, avait-il fini par devenir comme lui ? Lui aussi verrouillait ses émotions aujourd’hui. Il n’arrivait pas à faire confiance aux autres. Il n’arrivait pas à avancer autrement qu’en affrontant des criminels, qu’en accomplissant sa mission. Blüdhaven avait été sa Gotham à lui. Batman à Gotham, lui à Blüdhaven, voilà comment ça s’était goupillé. Lui aussi avait eu ses Némésis, dont un qu’il avait fini par éliminer de la surface de la Terre. Plus les années passaient et plus son parcours ressemblait à celui du chevalier de la nuit.
Et pourtant, malgré cette constatation, Dick finissait toujours par revenir à Gotham, attiré inexorablement par cette ville de fin du monde où la beauté et l’horreur se mêlaient, où vivait le Batman, son père et mentor. Mais maintenant il y avait quelqu’un d’autre à Gotham, quelqu’un de différent de Batman : cette personne se trouvait juste en face de lui et l’observait avec tendresse et compassion. Elle avait tout de la fille qui pouvait le sauver… Parfois, Dick avait rêvé tout arrêter : sa carrière de justicier, sa traque des criminels, mettre un terme à ses obsessions. Et quand ce désir apparaissait, il se disait qu’il y succomberait le jour où il rencontrerait une fille qui valait la peine de tout arrêter. La personne avec qui il fuirait loin de la furie et du danger. Ils s’installeraient loin de tout et passeraient le reste de leur vie à profiter d’eux-mêmes. Wendy avait toutes les qualités pour être cette fille qui le sauverait. Mais Dick savait bien que ce fantasme qu’il avait ne se réaliserait jamais. Il n’y avait que dans les films où le héros s’enfuyait avec l’héroïne vers un soleil couchant. Lui ne pouvait arrêter le combat. C’était sa vie, sombre et désespérée. Personne ne le sauverait de l’abime.
" Je pourrai très bien te dire que je sais ce que tu ressens, que tout va bien se passer, ça serait un mensonge. Rien ne sera évident, ni évident Je dois t'avouer que je ne sais pas quel genre de relation tu entretiens avec... ton père, mais si tu lui fais suffisamment confiance, si tu peux lui parler, fais le. C'est important. Je sais que cela parait facile à dire mais il n'y a pas de réaction type à ce que tu as vécu. Si tu veux crier ou hurler sur quelqu'un, fais le. Pleurer, fais le. Casser quelque chose, fais le. Tant que cela ne te blesse pas, tu peux faire ce que tu veux. Il n'y a rien de stupide, personne ne te jugera, surtout pas moi. Je ne suis pas là pour ça, ni pour faire un quelconque diagnostique. Si tu veux quelqu'un pour boire un café, seulement ça, je suis là. "
Les mots de Wendy résonnèrent en lui. Si elle savait quel relation il entretenait avec Bruce (hj/oui, j’ai compris l’allusion, Wendy, c’est bas !/hj), poursuivrait-elle la discussion ? Il faisait confiance à Bruce plus qu’à n’importe qui. Les deux hommes avaient combattu côte à côte pendant de longues années. Batman était peut être la seule personne à qui il faisait confiance.
« Je peux compter sur Bruce. Il est là quand j’ai besoin de lui. Je crois qu’une discussion s’impose avec lui… »
Bientôt, Dick sortirait de l’hôpital. Bientôt, il serait l’heure de retrouver le Saint Samaritain. Pour cela, il aurait besoin de Batman.
« Je n’ai pas envie de crier, ni envie de pleurer. Je veux juste… que les enfants qui sont morts cette nuit là reviennent à la vie, que toutes les victimes du Saint Samaritain reviennent eux aussi à la vie. Mais ça, ça n’est pas possible. »
Une évidence… Dick avait une idée de ce qu’il ferrait pour évacuer sa colère et sa frustration, mais il n’osait pas le dire à Wendy. Il n’était pas encore sûr de se charger du Saint Samaritain. Il en avait peur.
« Wendy… pourrais-tu te renseigner, savoir si on l’a retrouvé ? Je parle du Saint Samaritain. J’irai mieux une fois qu’il sera mis hors d’état de nuire. »
La mort ou derrière les barreaux ? Que souhaitait le justicier ? Il ne le savait pas encore. Mais bientôt, il saurait. Aux dernières nouvelles, la police traquait le criminel mais il n'avait pas encore refait surface. Et puis Batman le traquait aussi, Dick en était certain. Dès qu'il aurait des informations, il était sur que le chevalier noir lui en ferait part.
« Wendy… »
Dick prit la main de la jeune femme dans la sienne, dans un geste soudain, qu’il ne contrôlait même pas.
« ...J’apprécie vraiment ce que tu fais pour moi. J’espère te rendre un jour la pareille. »
[si tu veux qu’on change d’endroit, qu’on fasse avancer l’histoire (un bond dans le temps de quelques semaines, n’hésite pas !]
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| | | | Sujet: Re: So alive [Wendy] Dim 19 Aoû - 18:43 | |
| Wendy savait qu'elle insistait beaucoup sur les émotions, cela pouvait sembler atrocement rébarbatif. Les non-dits n'apportaient jamais rien de bon. La miss avait toujours été sincère avec Dick, du moins, jusqu'à présent. De toute manière, il n'était guère compliqué de remarquer si cela n'était pas le cas. Elle avait toujours été un piètre menteuse. Vous trouverez difficilement pire qu'elle. Avantage ou inconvénient, à vous de voir... Clark était satisfaite de la réponse de Richard. Bien entendu, elle n'avait aucune possibilité de vérifier s'il allait discuter avec Wayne, il ne manquait plus qu'elle se mette à l'espionner. Bah voyons. Elle lui faisait suffisamment confiance pour le croire, du moins, elle l'espérait. D'ordinaire, cela n'était pas le cas. Malgré son apparence de femme trop gentille et candide, Wendy avait appris à grandir. Pas forcément par choix, pas toujours de façon agréable, mais le résultat restait le même. Quoique vous pensiez, tout n'est pas rose dans ce monde. Il faut juste parfois chercher le bon côté des choses, mettre de côté les désillusions et avancer. N'espérez même pas un instant que quelqu'un le fera à votre place, cela n'est malheureusement pas prévu au programme.
Il y avait tant de regrets et de désolation dans la voix de Grayson que Wendy flancha presque. Était-ce ce genre de pensées qui le torturait à petit feu ? Valait mieux ne pas imaginer les cauchemars qui devaient hanter les nuits du jeune homme. Trop angoissants, probablement trop cruels et réels pour ne pas être sans conséquence au réveil. Cela ne faisait aucun doute, Richard se sentait toujours aussi coupable, qu'il veuille l'admettre ou non. Encore un peu et la culpabilité pouvait suinter à travers les pores de sa peau. Peut-être que cela était exagéré, mais à peine. Clark aurait presque préféré le voir trembler sous le coup de l'émotion que de l'entendre souhaiter de telles choses. Espérer ainsi ne pouvait rien apporter de bon. Que cela soit en temps que victime ou d'officier, Wendy se doutait bien que retrouver le Saint Samaritain devait être une priorité aux yeux du blessé. Tout cela était à la fois logique, dangereux et potentiellement destructeur. Il était hors de question qu'elle le laisse se perdre dans un cercle vicieux.
Elle voulait à tout prix éviter que la recherche de ce criminel ne tourne à l'obsession. Peut-être valait-il mieux que Dick ne le retrouve pas par ses propres moyens. La police de Blüdhaven devait bien avoir les moyens de s'en charger non ? Un de leurs collègues venait de se retrouver à l'hôpital à cause de lui, des enfants avaient perdu la vie par sa faute. Il n'était juste pas possible qu'il se balade comme si de rien n'était. Peut-être était-il, avec un peu de chance, déjà localisé et emprisonné. Richard avait besoin de repos, se lancer dans une chasse à l'homme était totalement inconscient. Qui sait ce qui pouvait se passer ? Et s'il venait à se trouver en face de ce meurtrier ? Qu'arriverait-il ? L'appréhenderait-il seulement ? Ou est-ce qu'une envie bien plus terrible lui traverserait l'esprit à ce moment-là ? Beaucoup trop de risques... Maintenant que le jeune homme avait débarqué dans la vie de l'anglaise, elle ne voulait pas assister à quelque chose de dramatique. Il était peu probable qu'elle se pardonne un jour si elle venait à échouer. S'investir totalement était particulièrement audacieux, surtout pour une femme qui avait quitté son pays pour fuir les déceptions et échecs. Une décision avait été prise un peu à l'aveuglette, à double tranchant. Pile ou face. Quitte ou double.
La pièce avait été jetée, il fallait attendre maintenant qu'elle retombe et cela n'allait pas relever du hasard. Elle prenait à cœur la demande que venait de lui faire le jeune homme, bien que la demoiselle soit un peu déroutée par cette dernière. Elle voulait aider Dick et était prête à le faire, si cela devait passer par trouver des informations sur le terrible criminel, soit. Wen' craignait cependant de ne rien récolter de palpitant... que pouvait apporter internet et les journaux ? Des détails particulièrement douteux et glauques ? Hors de question qu'elle se mette à remuer le couteau dans la plaie. Peut-être pourrait-elle se renseigner auprès des gardes de l'Asile, qui sait...
Alors qu'elle s'apprêtait à répondre lorsque son prénom fut cité sans qu'elle ne s'y attende. Un frisson traitre parcourut son échine. Comment arrivait-il à faire ça ? Elle n'arrivait pas à croire qu'elle réagissait de la sorte. Ensuite quoi ? Elle allait se mettre à rougir et à glousser comme une adolescente pré-pubère ? Selon Clark, cela frisait la limite du ridicule. Puis soudain, l'une de ses mains fut prise dans celle de Richard. Dire qu'elle avait été prise au dépourvu était un euphémisme, vraiment. Son cerveau avait frôlé le stand-by pendant quelques secondes, son cœur avait très certainement raté un battement aussi. Merveilleux. Elle accentua légèrement la pression, décidant que sa main se trouvait bien où elle était, il n'y avait pas de raison pour l'enlever. L'envie n'y était pas.
Reprenant une inspiration qu'elle ne se souvenait pas avoir interrompue, Wendy croisait les doigts pour que sa voix ne la trahisse pas d'une quelconque façon, un petit bégaiement par-ci ou par-là pouvait suffir à la mettre dans l'odieuse catégorie des femmes sans cervelle. Dur...
" Oui, il n'y a pas de souci, je me renseignerai du mieux que je peux et je te dirai tout ce que j'ai pu dénicher. "
Malgré ses maigres contacts, elle ne comptait pas lâcher l'affaire, que celle-ci devienne ardue ou pas. Être têtue avait toujours quelques bons côtés, on ne se débarrassait pas si facilement de Wendy Clark.
" Ne me remercie pas, peut-être plus tard, mais pas maintenant. Ça semble un peu stupide à dire mais, dans un sens, tu m'as déjà rendu la pareille Dick. Tu ne me dois rien. Rien du tout. "
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