A l'intérieur du phare Cape Carmine, où il était entré une heure auparavant, le Batman fixait silencieusement un des immenses ordinateurs présents dans la salle principale. Vêtu comme à son habitude de son costume intégrale, avec cependant le masque sur les épaules, il avait analysé toutes les possibilités et les moyens d'agir par la suite. Les récents évènements, la chute des murs de New Gotham City et ce qui en a suivi, l'avaient convaincu qu'il devait agir différemment ; il ne pouvait plus se compter de lutter seul, surtout face à la Biosyn.

Cette entreprise, viscéralement maléfique, était trop grande, trop puissante pour être combattue avec ses seules forces. Ses expériences récentes lui avaient permis de comprendre qu'il ne pouvait pas tout régler seul, et l'aide pouvait être bienvenue si elle était choisie, acceptée et jugulée ; sa présence ici, ce soir-là, allait dans ce sens.
D'une main sûre, il appuya sur un bouton et commença à parler d'une voix autoritaire et sûre. Au loin, aux quatre coins de la ville, ceux qui avaient été choisis par lui pour recevoir la communication entendaient, par les petits dispositifs qu'ils venaient de recevoir avec sa marque dessus, ce qu'il avait à leur dire.

"A tous mes alliés présentement à Gotham... je vous envoie ce signal avec la plus grande urgence. Récemment, la Biosyn a lancé de nouvelles attaques, de nouvelles manipulations pour s'en prendre à l'essence même de la ville et de ses habitants. Ses cibles sont l'innocence, l'humanité et tout ce qui est encore bon et pur dans notre ville. Cela n'est pas acceptable.
Vous tous disposez de capacités, d'expériences et de forces capables de lutter efficacement contre la Biosyn et ses membres. Je vous appelle à me rejoindre au phare Cape Carmine dans les plus brefs délais, et selon le plan que vous recevez à l'instant même. Au-delà de nos différences, de nos conflits et de nos combats, nous sommes tous animés par la même volonté de faire chuter le crime et le mal ici. La Biosyn incarne tout ce que nous affrontons depuis des années. Rejoignez-moi, pour reprendre la main dans ce combat et faire enfin tomber ceux qui ont déjà trop fait dans cette ville - et ailleurs."

Le Chevalier Noir éteignit la communication et passa son masque sur son visage. Le temps était désormais à l'attente.

Dick frappait dans un sac de sable avec rage. Une douleur lui traversa le bas du dos et il retint un cri de douleur. Sa séance d’entraînement touchait à sa fin. Il ne serait plus capable de s’entraîner aujourd’hui. Sa rééducation avançait, il était maintenant capable de se tenir debout, malgré l’usage permanent d’une canne, mais il n’avait bien sûr pas encore retrouver sa forme initiale. C’était dur de voir le temps qu’il lui fallait pour se remuscler et réapprendre les mouvements de base, alors qu’il avait été un combattant hors pairs des années durant. Il avait l’impression d’être un vieillard qui essayait de retrouver sa pleine jeunesse. Chaque jour, il se levait aux aurores, arpentant le manoir Wayne, vide de ses occupants, puis se rendait à la salle d’entraînement au sous-sol après avoir prit son petit-déjeuner. C’était ensuite le même rituel : étirements, pompes, abdos, musculation - le pire étant de tirer des poids pour remuscler son dos - et bien sûr, boxe. Son adversaire était un sac de sable rouge qu’il martelait pendant des heures, jusqu’à ce que la douleur le terrasse. Parfois dans la journée Alfred passait le voir pour se tenir informer de ses progrès et lui demander de s’économiser.

Dick croisait rarement Bruce, malgré qu’il vive chez lui. Depuis l’hôpital, il n’avait que rarement eu l’occasion de discuter avec lui. De toute manière, le milliardaire n’était pas connu pour aimer la conversation. Il laissait son disciple s’entraîner à sa guise, mais il n’assistait jamais aux séances d’entraînement. Ou bien le faisait-il, mais en cachette. À moins qu’il ne se renseigne auprès de son majordome. La journée touchait à sa fin lorsque Dick, en train de se sécher après une bonne douche, entendit Pennyworth toquer à la porte de la salle de bain. Il était en train d’observer son dos et constatait avec une certaine satisfaction que ses blessures avaient bien cicatrisées. Il n’avait qu’une hâte, être de nouveau capable d’enfiler son costume. Surpris, le jeune homme alla lui ouvrir.

« Maître Dick. Maître Bruce désirerait vous voir. Voici son message. »

Le majordome lui tendit un appareil électronique, qu’il enclencha en se demandant ce que pouvait bien lui vouloir son mentor. Il savait que Batman était sur une enquête à haut risque ces derniers temps mais il n’avait jamais sollicité l’aide de son protégé, sans doute pour le ménager et le laisser se réadapter à la vie normal en toute sérénité. Mais peut-être l’heure du repos était-elle fini. Si Dick était encore incapable de se battre, ni même de se déplacer sans une canne, si Bruce avait besoin de lui, c’était qu’il pouvait être utile à quelque chose. Il écouta attentivement le message du Batman.

"A tous mes alliés présentement à Gotham... je vous envoie ce signal avec la plus grande urgence. Récemment, la Biosyn a lancé de nouvelles attaques, de nouvelles manipulations pour s'en prendre à l'essence même de la ville et de ses habitants. Ses cibles sont l'innocence, l'humanité et tout ce qui est encore bon et pur dans notre ville. Cela n'est pas acceptable. Vous tous disposez de capacités, d'expériences et de forces capables de lutter efficacement contre la Biosyn et ses membres. Je vous appelle à me rejoindre au phare Cape Carmine dans les plus brefs délais, et selon le plan que vous recevez à l'instant même. Au-delà de nos différences, de nos conflits et de nos combats, nous sommes tous animés par la même volonté de faire chuter le crime et le mal ici. La Biosyn incarne tout ce que nous affrontons depuis des années. Rejoignez-moi, pour reprendre la main dans ce combat et faire enfin tomber ceux qui ont déjà trop fait dans cette ville - et ailleurs."

La Biosyn… C’était donc ça. Bruce lui avait parlé de cette organisation criminelle extrêmement dangereuse et violente, une sorte de société secrète qui avait pour vocation de faire de Gotham un enfer - ça n’était pas une première -. Flatté que Batman sollicite son aide, mais nerveux à l’idée de se plonger dans ce combat, lui qui se remettait difficilement de son dernier échec, Dick lança un regard circonspect à Alfred.

« Vous ferriez bien d’y aller, maître Dick. Batman a besoin de vous. »

Ces mots résonnèrent en lui… Oui, Alfred avait raison. Il devait aider son ami et mentor. Attrapant sa canne, il partit dans sa chambre se rhabiller, enfilant un jean et un T-shirt uniforme, rien de reconnaissable. Il adjoignit à son complet le port d’une casquette des Gotham goliaths. Puis il se rendit au garage. Son état lui interdisait de conduire sa moto, et il opta pour un coupé sport aston martin, l’une des nombreuses voitures de Bruce Wayne. Alfred lui en donna les clefs, après qu’il eut promis de rouler prudemment et de ne pas l’abimer. En moins de deux, Dick arriva à Cap Carmine. Il se gara à quelques encablures du phare où avait lieu la réunion, histoire de conserver un peu de discrétion. Il espérait que personne ne viendrait désosser la voiture pendant qu’il serait avec Batman et les autres. Dick avait hâte de connaître qui étaient les autres justiciers du réseau.

Mais au phare, il ne trouva que Batman et Red Hawk. Apparemment, Dick était dans les premiers à avoir répondu à l’appel.

« Bonsoir. » dit-il simplement à l’adresse de ses deux amis.

Puis il se dirigea vers Tim en boitant et en s’aidant de sa canne. Un sourire apparut peu à peu sur ses lèvres. Tim… Dick avait beaucoup d’affection pour celui qui fut le troisième robin et qui avait maintenant choisi sa voie, comme lui autrefois. Les deux jeunes gens s’étaient toujours bien entendu et une amitié sincère était née entre eux deux. Elle perdurait encore aujourd’hui et ce fut avec joie que les deux hommes se retrouvèrent. Ils se firent l’accolade.

« Heureux de te retrouver, vieux frère. »

John fracassait la tête de quelques dealers de cocaïne. Cela faisait plusieurs semaines qu’ils recherchaient à remonter le filon, mais sans grande réussite. John savait qu’il n’y avait qu’une seule personne qui gérait le trafic de cocaïne dans Gotham, mais il y avait plusieurs dizaines d’intermédiaires différents. C’était donc difficile pour l’Iroquois de trouver qui était à la source de cette revente. De plus, la plupart des dealers de rue donnaient des faux noms, par crainte de représailles, ce qui compliquait encore plus la tâche du justicier indien. Entre ce trafic et la lutte de tous les instants qu’il livrait contre la Biosyn, John avait de plus en plus de mal à se reposer, même si son départ de plusieurs mois lui avait permis de s’entraîner durement et de se ressourcer. Il se demandait si l’ancien Iroquois aurait réussi à tenir le coup.

De la dizaine d’hommes qu’il combattait au départ, il n’en restait plus que trois. Les revendeurs étaient armés de petits pistolets, incapables de percer l’armure de titane et de fibres de carbone au prix astronomique que portait l’Iroquois. Néanmoins, il ne se jetait pas non plus sous les balles de ses ennemis, le choc risquant de lui briser les os malgré la protection. Après deux tirs et un lancer de tomahawk ainsi qu’un combat au corps à corps moins long qu’un spot de publicité, la plupart des trafiquants se retrouva au sol, groggys. John en attrapa un par le cou.

« Pour qui tu travailles ! Dis moi tout où je te promets que tu goûteras à de longues souffrances. »

Malheureusement pour l’Iroquois, l’homme tomba dans les pommes à cause de la peur qui lui inspirait le justicier, mais aussi à cause des coups puissants et parfaitement placés du sioux. John soupira. Les criminels n’étaient plus aussi résistants qu’avant.

Il sentit alors une grosse voix s’élevait, tandis que son communicateur, attaché à sa ceinture de cuir, s’alluma. La voix du Batman retentit et un long discours suivit. Ainsi donc, Batman voulait reformer une sorte de Réseau pour combattre la Biosyn. Batman avait raison, ils n’étaient pas trop de quatre pour affronter cette terrible menace. L’homme chauve souris leur donnait rendez-vous à Cap Carmine, à quelques kilomètres du la position de John. Celui-ci ne se pressa pas, prenant le temps d’attacher les vendeurs de drogue.

Il enfourcha sa moto-cheval, fit vrombir le moteur et partit en direction du phare, qu’il atteint en moins d’un quart d’heure. Ne voulant pas se faire trop remarquer, il gara son étrange monture à proximité de l’endroit, à côté d’une flamboyante Aston Martin et d’une rustique mais pratique et efficace Ford Durango. Les trois engins formaient un étrange trio. L’Iroquois avaient entendu dire que le grand Baseball possédait cette voiture, ne s’encombrant d’un matériel ultra perfectionné comme les autres justiciers de la ville : il rendait la justice à l’ancienne, avec une batte et ses poings. Quand à la voiture de luxe, John n’avait pas la moindre idée de son propriétaire. Peut-être un riche millionnaire qui aidait Batman dans sa lutte contre le crime en civil, sans aucun costume.

Le sioux marcha quelques instants avant d’atteindre le phare. Connaissant Batman, l’entrée principale était truffée de pièges en tout genre, de rayons laser et autres choses pas très agréables. Il fallait chercher une porte dérobée, cachée dans les ombres. John mit dix bonnes minutes avant d’enfin trouver ce qu’il cherchait. Il monta pour découvrir quatre hommes. Batman, toujours aussi sombre ; un homme portant une casquette de baseball, mal rasé et la cigarette au bec. D’après ce qu’on lui avait dit, cela devait être Baseball. Un homme était vêtu d’un jean et d’un T-shirt accompagné d’une casquette. Sa tête ne lui disait rien, cela devait être un ami de Batman, ou peut-être un justicier en civil. Le dernier était l’ancien Red Robin, dorénavant justicier d’Etat. Quel était le nom sous lequel il opérait désormais ?

John adressa un signe de tête en guise de salut au Roi de la nuit de Gotham ainsi que Baseball, puis se dirigea vers les deux autres, qui discutaient. Il serra la main du civil, un sourire sur les lèvres, puis il se tourna vers le jeune justicier. Il était légèrement mal à l’aise, ne se souvenant pas de son nom.

« Tu dois être…Red Eagle, n’est-ce pas ? »

(HJ/ Bonsoir à tous.
Pandora interviendra au prochain post, comme Azrael, pour raisons personnelles. Dû à la prochaine absence de l'Iroquois, nous sauterons ces tours une fois qu'il ne sera plus disponible et partirons du principe qu'il écoute et réfléchit en silence. Bon jeu à vous. /HJ)

"Red Hawk."

Le Batman sortit de l'ombre dans laquelle il s'était cachée lors des arrivées de Baseball et de l'Iroquois. S'il avait salué timidement les entrées de Tim et Dick, il avait tenu à observer les comportements de ses deux autres alliés. S'il acceptait de leur faire confiance dans la lutte à venir, il savait également qu'ils avaient vécu des moments difficiles et que leurs conceptions de la ville et de la Justice n'étaient pas les mêmes ; Bannerman était beaucoup plus expéditif que lui, même si ses récentes "pratiques" changeaient la donne, et Redd avait traversé une récente crise d'identité.
Pour tous deux, il faisait le pari de les incorporer à ce combat, autant pour avoir du "muscle" à ses côtés que pour savoir s'il pourrait développer plus en avant leur alliance.

"Red Robin a changé son nom en Red Hawk quand il a accepté un poste de Justicier d'Etat auprès des services de la mairie."

Sa voix était autoritaire, mais légèrement plus sympathique que d'habitude. Débiteur, demandeur, il mettait un peu d'eau dans son vin, même si la pratique était difficile.

"Tous, ici, avaient été contactés par des moyens personnels, qui indiquent que je connais vos identités et vos faiblesses. En ce sens, j'ai sur vous un avantage et la possibilité d'exercer une forme de chantage ; cela me permet de justifier mes menaces à venir."

Son regard blanchâtre passa sur l'Iroquois et Baseball, alternativement.

"Red Robin est infiltré au sein des Justiciers d'Etat. Si vous révélez cette information, si vous en usez, je ferai de même avec les éléments qui sont en ma disposition. J'ose croire en vous et vous faire confiance, mais je tiens à rappeler que votre connaissance de son statut est équilibrée par mon savoir sur vos vies. Le plan autour de Red Hawk est trop important pour être pris à la légère, mais je suis persuadé que vous le saviez déjà."

S'il semblait menaçant, le Chevalier Noir voulait simplement rappeler la règle du jeu à ses camarades. Sans rien dire de plus, il se détourna d'eux et s'avança vers la table. Un peu de pianotage sur son avant-bras gauche, siège de son ordinateur intégré à l'armure, lui permit de faire apparaître une boule holographique, qui montra rapidement un visage quelque peu connu des Gothamites mais avec un aspect bien plus terrifiant.



"Friedrich Von Reagan. Troisième à la récente élection municipale de Gotham City. Fondateur, président et cerveau de la Biosyn, entreprise vieille de plusieurs décennies qui a voué son existence à augmenter la durée de vie et les pouvoirs de Von Reagan. Que savez-vous dessus ?"

Bruce était conscient de jeter un pavé dans la mare. Rares étaient ceux qui connaissaient les liens entre Von Reagan et la Biosyn, et il savait que ses alliés n'en faisaient pas partie. Apprendre par eux leurs souvenirs sur l'ennemi lui permettrait de combler les blancs et de montrer la voie à suivre ; autant commencer en douceur la réunion.

Tim semblait heureux de revoir Dick. Les deux hommes s’étaient toujours appréciés. L’un avait adoubé l’autre comme nouveau Robin, et ils avaient été des alliés sur le terrain comme dans le civil pendant de nombreuses années. Si Dick avait quitté Gotham depuis et laissé tombé son rôle de leader des jeunes Titans, il gardait toujours des liens très forts avec Tim qu’il considérait comme son petit frère. Mais depuis quelques temps, ils n’avaient pas eu l’occasion de se voir, Dick étant très occupé à Blüdhaven, tentant tant bien que mal de purger la cité portuaire du mal qui le rongeait, combattant des criminels d’envergure, Blockbuster bille en tête. Le combat contre ce dernier, chef de la mafia locale en plus d’être un surhomme, s’était soldé par un drame. Dick avait laissé son adversaire mourir, encourageant son alliée, la vigilante extrême Tarantula, de l’assassiner. Le sentiment de culpabilité qui rongeait le justicier après cet acte l’avait fait couper les ponts avec ses amis - les Titans bien sûr - et surtout la bat familly. Si Bruce était au courant de ce qu’il avait fait, il n’était pas sûr que Tim le sache. Et il ne préférait pas qu’il l’apprenne, à vrai dire. Voir dans le regard de son ami la déception, ça, il ne pourrait pas.

« Toi aussi tu m’as manqué, Tim. Maintenant que je vais mieux et que je suis de nouveau dans l’équipe, on aura l’occasion de se voir. »

Dick sourit à son ami. Puis un nouvel arrivant entra dans la pièce. Baseball. Il s’agissait d’un grand type au visage mal rasé et à moitié dissimulé par une casquette qu'il portait sur les yeux. L’homme me salua de loin, ainsi que Tim. Red Hawk et lui se connaissaient bien, ayant eu l'occasion de travailler ensemble. Tiens, encore une nouveauté. Red Hawk. Dick avait appris que son ami avait opté pour une nouvelle identité, avec un nouveau costume et sans doute de nouveaux gadgets. Bref, il prenait son indépendance, comme lui l’avait fait quelques années plus tôt en laissant le costume de Robin pour devenir Nightwing. Maintenant, Tim travaillait au sein des Justiciers d’état, une brigade crée par le nouveau maire pour aider les forces de l’ordre dans leur combat contre le crime. Les seuls vigilantes qui soient tolérés en ville…

Dick n’eut pas l’occasion de demander à Tim pourquoi il s’était mis au service du nouveau maire. Un autre justicier venait de faire son apparition. Il ressemblait en tout point à un indien. Bruce lui avait expliqué que de nouveaux justiciers avaient fait leur
apparition à Gotham ces derniers temps. Dick tenta de se souvenir des
noms qu’il lui avait donné, mais sans succès. Drôle de costume, mais qui devait produire son petit effet sur les petites frappes et autres malfrats. Décidemment, Gotham comptait de drôles de personnages. L’homme s’approcha de Dick et lui serra la main avec un sourire chaleureux. Dick répondit à son sourire et lui dit :

« Heureux de vous rencontrer. Je suis… »

Dick hésita un instant. Il ne savait pas s’il devait faire confiance à cet homme. Il temporisa.

« … un ami de Batman… Et de Red Hawk. Malgré ma patte folle, j’espère pouvoir être utile à l’équipe. Je ne sais pas ce que Batman nous réserve, mais le connaissant, on va avoir du pain sur la planche. »

Dick n’avait pas tort. Après que l’Iroquois - c’était son surnom de justicier - se soit présenté à Tim, Batman interrompit leur conversation pour préciser que le jeune homme se faisait appeler sous le nom de Red Hawk, maintenant. Il s’empressa d’ajouter d’une voix neutre et dure - du Batman tout craché - que Red Hawk était en fait infiltré dans les justiciers d’état et qu’il travaillait en fait pour Batman. Histoire que tout le monde garde le secret, il expliqua qu’il possédait des moyens de pression suffisant pour empêcher Baseball et l’Iroquois de révéler ce secret. Il fit ensuite apparaître un hologramme au centre de la pièce après avoir pianoté sur un ordinateur intégré à son armure.

Cet hologramme représentait un homme aux cheveux noirs et longs, au teint cireux et aux yeux rouges, lui donnant l’air d’un être démoniaque. Dick frémit en imaginant que c’était cet individu devait préoccuper Batman. C’est qu’il avait presque des faux airs de Trigon, ce gus là. Et ça, ça n’était pas bon du tout. Batman le présenta : il s’agissait de Friedrich Von Reagan, un homme d’affaire qui s’était présenté à la précédente élection municipale. Apparemment, il était à la tête d’une entreprise, la Biosyn, bâtie à sa gloire et dont la science lui avait augmenté sa durée de vie. Terrifiant. Comme Bruce demandait à l’assemblée ce qu’elle savait sur lui, Dick se tut. Il ne savait rien à son propos, mais il se doutait que pour inquiéter Batman, il devait être très dangereux.

"Deteste les mais apprends à les connaitre"...cette petite voix qu'était la tienne, avait résonnée dans les ombres du repaire du chevalier noir.L'aile de la nuit, le Chevalier noir, et le jeune prodigue, réunis sous ce toit. Spectacle touchant et émouvant pour n'importe qui, mais pas pour toi, alors que doucement, avec grâce et volupté, la lumière commence à glisser doucement sur ta personne. Bien que non présente au début des retrouvailles, ta présence ne s'est faite qu'à l'instant précis où le justicier à la cape venait de commencer le briefing. L'image de ce monstre d'Erebius te donne la nausée et son sourire, ce rictus immonde te fais toujours ressentir cette haine à l'égard de ce qu'il appelait "sa belle oeuvre"
Camouflée sous ta cape, ton visage cachée et voilée par cette ombre qui t'est si chère, tu ne laisses rien apparaitre, excepté ce regard rouge rubis que tu accordes au jeune Robin et tes pas résonnent en symbiose avec le matériel electronique de la salle. Une fois à portée et vue de tous, tu stoppes ta marche en tournant ton regard vers le 3éme écuyer.

"La Biosyn ne m'a pas créee. Elle m'a changée.....Avant, j'étais humaine, Robin.....mais ce n'est plus le cas depuis longtemps. Avant de sortir les armes et de demander le pourquoi de ma présence ici, sachez que c'est parce que vous aurez besoin de mon aide pour vaincre cet homme et que j'ai moi-même des comptes à régler avec ces ordures. Batman est déjà au courant de la plupart des evenements, et il est necessaire que je vous en parle par moi-même." rétorque tu avec neutralité à l'égard des invités. Aucune agressivité et aucun ton amical dans ta voix. Tu n'est pas ici pour devenir leur amie et encore moins pour les combattre. Ce qui se trame et se déroule dans cette ville n'est plus que ta bataille...mais aussi la leur. C'est ainsi écrit, ainsi décidée, et tu comptes bien honorer ta promesse au Chevalier Noir.

"J'ai fait une promesse à votre ami......Je compte la tenir. Maintenant, écoutez moi très attentivement et sans m'interrompre. L'homme que vous voyez, Friedrich Von Reagan se fait surnommer Erebius et c'est lui qui est à l'origine de l'attaque de Sonatine sur la ville. Il a crée la Biosyn Corporation, qui sert de façade aux vraies manigances de la Confrérie d'Hécate, ce groupe que vous avez affronté lorsque Sonatine a attaqué la ville. De ce que je peux vous dire sur Erebius, je sais qu'il est extremement dangereux et craint par ses subordonnés. On dit qu'il est immortel et que comme moi, la mort n'a plus d'emprise sur lui..." ajoute tu avant de laisser un leger silence dans la salle. Tu portes ton regard à chacun des protagonistes avant de reprendre ton discours, presque en soupirant.

"....C'est malheureusement vrai. Par des manoeuvres impies, Erebius est devenu immortel tout comme il m'a empoisonnée avec son pouvoir. Mais il y'a pire: Les armes biologiques qu'il a crée au fur et à mesure de son existence lors de ses recherches. Le virus Héraclès est ce qu'il y'a le plus à craindre chez lui, car il procure, en fonction des sujets, des capacités et dons différents. Comme tu l'a dis, Robin, Erebius est parvenu à creer un grand nombre de créatures dont plusieurs sont sous son contrôle et d'autres....................qui lui ont échappée" termine tu en portant ton regard sur le défenseur de Gotham. Le pauvre avait vécu l'enfer à Mallet Island et tu t'en doutais malgré le silence dont il faisait preuve sur le sujet. Ce dur sentiment, cette envie de lui poser des questions se faisait plus insistante chaque jour. Qu'avait il vu la-bas? Qu'avait il découvert pour que cette rage envers la Biosyn s'amplifie de manière aussi intense? Tes réponses ne viendraient pas tout de suite, jeune fille. Peut-être un jour, qui sait....quand il le voudrait, quand il consentirait à t'en parler seul, en privé.

"Il y'a quelques semaines, j'ai indiquée la position d'une de leur base à Batman et il en est revenu. Mais il y'a des choses dont je dois vous parler et dont Batman n'est pas encore au courant: Gotham est sur leur liste et désignée comme un terrain de test.......Ils n'ont jamais voulu s'emparer de la ville, mais uniquement s'en servir comme terrain d'expérience et d’approvisionnement pour leurs armes....Il y'a plus de 20 ans, ils ont transformé une petite île à plusieurs kilomètres de l'ouest de Los Angeles en enfer vivant. Un an après, quelque part, au Texas, la petite ville de Prospection a été rayée de la carte après un test nature qui a duré des jours. De nombreux hommes, femmes et enfants furent victimes d'une fausse campagne de vaccination dans le seul but de tester une variante du virus qui coule dans mes veines....Il en a résulté l'apparition de créatures contre nature mortes, qui continuaient à vivre......ce que vous appelez "Zombies"......Pour ne prendre aucun risque avec les Gouvernements, la Biosyn a usée de son influence et a faite rasée la ville avec une ogive nucléaire...........C'est ce que risque Gotham aujourd'hui....Il y'a aussi le cas des Enfants: Erebius a besoin de sujets jeunes pour ses expériences et il compte se servir ici, dans les lieux les plus à même de le fournir. A votre avis, pourquoi Sonatine a il visé l'Orphelinat de Rutledge? Pourquoi ai je l'air aussi jeune, alors que je suis agée de 35 ans?"

Un nouveau silence s'abat alors sur la salle. Tes révélations sont choquantes, brusques et tu est persuadée que les autres ne devaient certainement pas s'y attendre. Tu attends que l'un d'eux se décide à reprendre la parole alors que tu daignes enfin retirer la cape qui couvre ton visage, dévoilant les traits fin, non plus d'une enfant, mais celle d'une adolescente dont le physique commencait doucement à changer. Toi-même, ces derniers temps, ton regard te renvoyait un changement physique étrange, que tu ne parvenais pas à croire.
Ta redemption arrivait, et le changement n'était pas que moral: Il était aussi physique.

"Mais il existe encore pire que le virus Héraclès: Les Hécatés."

Tu fais un signe de tête au justicier, lui confirmant que tu viens à l'instant de finir et que tu souhaites le laisser reprendre à son tour. Il est le manitou, le grand maitre de jeu, l'investigateur de cette action visant à détruire à jamais cette ignoble confrérie et il t'a accordé un temps de parole. C'était à lui de reprendre, de dire ce qu'il avait à dire, maintenant.

Tu devais faire face à tes démons, ne plus les fuir, et les affronter. Sois rassurée car désormais, ta liste d'alliés venait de s'agrandir. Cette simple pensée te réconfortait. Tu n'étais plus seule. Tu n'avais plus peur.

Le Batman poussa un long soupir après les interventions de ses différents invités. Dans un coin de son esprit, il était en alerte au cas où le System prendrait définitivement le contrôle d'Azrael - il devrait être plus qu'efficace et réactif pour éviter un bain de sang.

"La Biosyn contrôle le quartier de Gramercy Row."

En tapotant sur quelques touches du clavier de son avant-bras gauche, il fit apparaître un nouvel hologramme, comprenant cette fois-ci la vue par satellite de cette zone précise de Gotham City. Le seul fait que Von Reagan ait pu s'implanter dans cette ville, sa ville, de façon légale le rendait fou de colère et de rage ; la seule perspective de détruire l'oeuvre de sa vie et de faire échouer ses plans machiavéliques le remplissait d'une joie malsaine, mais terriblement jouissive.

"Ma visite au sein de l'île citée par Pandora, Mallet Island, a été riche en révélations - mais difficile. La Biosyn n'est pas un adversaire classique : ce n'est pas un gang, ce n'est pas un groupe de criminels. C'est une entreprise et une secte, menant une armée de fidèles dévoués jusqu'à la mort, en plus de centaines, voire de milliers de monstres et de créatures terrifiantes. A titre d'exemple, j'ai découvert ce genre de bêtes là-bas."

Après quelques secondes sur son clavier, le Chevalier Noir fit apparaître les hologrammes des monstres qu'il avait affrontés et détruits sur Mallet Island. Le Batplane avait capté leurs formes et leurs caractéristiques, et cela lui permettait de prévenir ses alliés des véritables dangers de leurs ennemis.



Fixant pendant un long moment ces trois créatures de l'enfer, qui l'avaient tant fait souffrir avant de disparaître dans l'horreur de Mallet Island, il poussa à nouveau un long soupir avant de se tourner vers chacun de ses alliés.

"La Biosyn est une monstruosité... mais je ne peux pas la vaincre seul. Malgré mes efforts et ma volonté, elle est trop grande, trop importante, trop puissante pour que je puisse la faire tomber seul. Il m'est difficile d'agir ainsi, de solliciter de l'aide, mais la situation est trop alarmiste pour que je continue dans ma conduite solitaire. J'ai besoin de vous, car vous êtes les combattants et guerriers qui rassemblent les qualités dont j'ai besoin dans cette lutte."

Ses yeux passèrent alternativement sur chacun d'entre eux, pour bien marquer le poids de ses paroles.

"Red Robin et Dick sont ceux en qui j'ai le plus confiance. L'Iroquois et Baseball sont des guerriers et combattants durs, âpres, déterminés et expérimentés ; leur style de combat est utile et indispensable dans le combat à venir. Pandora a des qualités et des capacités dont nous aurons besoin, sans compter les informations qu'elle a et qui changeront le cours de l'affrontement. Enfin, Azrael, qui n'est pas encore là, est suffisamment connu et reconnu pour que je n'ai pas à expliquer pourquoi sa présence est indispensable."

Bruce laissa quelques secondes de silence, avant de poser la question qui justifiait leur présence ici.

"M'aiderez-vous à faire tomber la Biosyn ? J'envisage une attaque éclaire, rapide et destructrice. Cela demandera une discipline, une concentration et une stratégie efficaces. Et de passer certaines limites pour régler les cas des responsables - définitivement."

Tim et Dick tiqueraient, évidemment ; les autres suivraient certainement son idée. A voir si ses pronostics seraient les bons.

Tandis que les monstres apparaissaient en hologrammes au centre de la pièce, Dick sentit les poils de sa nuque se hérisser et un long frisson lui parcourut l’échine. Il n’avait jamais rien vu ou croisé d’aussi terrifiant depuis longtemps. Il avait dû autrefois affronter des démons comme Trigon et ses suppôts qui n’avaient, eux non plus, pas le physique facile… c’était le moins qu’on puisse dire. Mais pour le jeune homme, tout ça c’était du passé. Depuis qu’il avait quitté les Titans, Dick n’avait plus eu l’occasion d’affronter ce genre de créatures. A Blüdhaven, les monstres avaient formes humaines.

Dick contempla les hologrammes. L’un représentait une sorte de masse grise aux dents gigantesques, le second une sorte de singe albinos à l’air particulièrement agressif, et le dernier était une araignée géante d’apparence terrifiante. Penser que Batman avait affronté ce type de créatures n’était pas fait pour rassurer son ancien élève. Apparemment, Bruce avait eu beaucoup de mal à vaincre ces expériences sur pattes lorsqu’il avait infiltré le complexe de la Biosyn sur Mallet island. Qu’il sollicite l’aide d’autres justiciers relevaient de l’exploit pour lui qui était avant tout un chasseur solitaire. Si Dick ne connaissaient pas bien les personnes ici présentes à l’exception de Tim, il savait que Bruce avait fait appel aux meilleurs. Qu’il en fasse parti lui mit du baume au cœur.

D’ailleurs, Bruce expliqua qu’il avait entièrement confiance en Tim et en son premier Robin, ce qui fit légèrement sourire Dick. Il poussa même un soupir de soulagement, en constatant que sous sa carapace, Batman était encore humain. Avec tout ce qu’il avait traversé, les meurtres dont on l’accusait, la folie des maires successifs de Gotham qui s’étaient acharnés sur lui, c’était bon de le sentir encore capable de demander de l’aide à ses proches. Même s’il était handicapé par ses blessures, même s’il n’avait pas retrouvé son niveau d’antan et qu’il était obligé de se déplacer avec une canne, Dick était heureux que son mentor fasse appel à lui et lui offre toute sa confiance. C’était primordial pour sa reconstruction de sentir qu’on avait besoin de lui, et qui plus est, que ce soit son père adoptif que le demande. Depuis qu’il avait commencé sa thérapie avec Wendy Clark, une jeune psychiatre qu’il avait rencontré lorsqu’il était en rééducation à l’hôpital, Dick commençait à voir le bout du tunnel. La jeune femme était d’une patience à toute épreuve avec lui et, s’il ne lui avait rien révélé quant à son identité secrète, arrivait à se confier à elle. Qu’il le veuille ou non, cela lui faisait beaucoup de bien. Wendy n’était pas Batman. Si le justicier était aimant à sa façon et cherchait à protéger ceux qu’il aimait, Wendy était douce et attentionnée, elle avait un visage humain. Dick avait vraiment besoin d’interagir avec quelqu’un de normal. Il n’avait pas révélé à Bruce qu’il voyait la jeune femme, ne sachant trop comment il prendrait l’information. Mais sentir que Bruce d’un côté, et Wendy de l’autre, étaient là pour l’épauler, ça lui faisait du bien.

Batman, après quelques minutes de silence, reprit la parole en fixant ses interlocuteurs et en prenant un air dur.

"M'aiderez-vous à faire tomber la Biosyn ? J'envisage une attaque éclaire, rapide et destructrice. Cela demandera une discipline, une concentration et une stratégie efficaces. Et de passer certaines limites pour régler les cas des responsables - définitivement."

Dick réprima un hoquet de surprise. Il savait que son mentor avait tué Quincy Sharp sur le toit de l’hôtel de ville il y avait quelques mois. Il y avait été forcé par les circonstances, il avait été acculé. Sachant que Dick avait agi de la même façon avec Blockbuster, il n’avait aucune leçon à lui donner. D’autres soupçons pesaient sur lui comme la disparition du Joker qu’on lui attribuait. Là encore, il y avait sûrement une raison valable pour que Batman ait agi comme il l’avait fait. Depuis son réveil, Dick ne lui avait pas cherché des poux à ce sujet. Il savait juste que Bruce avait tué Sharp. Pour le Joker, rien n’était sûr. Mais il en savait assez pour savoir qu’il y avait eu un conflit entre le chevalier noir et Tim à ce sujet, bien que les deux hommes se soient réconciliés. Il savait aussi que Barbara, qui officiait auprès de Batman en tant qu’Oracle, s’était éloignée de lui pour cette même raison. Dick l’avait appelé pour savoir comment elle allait. La conversation avait été brève. Leur passé commun était trop lourd pour qu’ils se comportent comme des amis.

Dick voulut protester mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il ferma les yeux. Le visage de Blockbuster apparut dans sa tête. Il revit Tarantula appuyer sur la gâchette et lui faire exploser le crâne. Le jeune homme rouvrit les yeux au son de la voix de Tim.

"Bien sur que je t'aiderais. Tu peux compter sur moi. De plus, quand on n'a pas d'autres choix, il faut briser les règles ... et s'il le faut ...

Je suis prêt à tuer."

Dick se retourna vivement vers son ami.

« Tim, tu… tu ne peux pas être sérieux. On parle de vies humaines. Qu’on tue sans… le vouloir, je peux le comprendre. Pour se défendre, c’est valable. Mais planifier des meurtres… Je ne sais pas. »

Dick se tourna vers Bruce et plongea son regard dans le sien. Les deux hommes se jaugèrent ainsi pendant quelques secondes. Tout deux savaient que les temps avaient changé, qu’ils devaient s’adapter pour survivre dans un monde devenu plus abrupt, plus violent, plus dur. Batman plus qu’un autre devait faire preuve de ténacité. Il irait jusqu’au bout de sa quête vengeresse, aucun doute là-dessus. Et il balaierait la Biosyn pour tout le mal qu’elle avait fait à Gotham. C’était une guerre.

Dans une guerre, il n’y a pas de pitié à avoir pour l’ennemi. Dick était-il prêt à faire le sacrifice de son innocence, à devenir un vigilante dénué de remord, comme Batman ? Il n’arrivait pas à répondre à cette question.

(HJ/ Comme convenu, durant son absence, nous considérons que l'Iroquois réfléchit silencieusement dans son coin. /HJ)

Le Batman avait laissé ses alliés réagir à ses nouvelles annonces. Si l'Iroquois et Baseball préféraient rester silencieux, pour intégrer pleinement ces informations et leur sens, Red Hawk, Nightwing et Pandora s'étaient exprimés, illustrant des propos et des positions bien évidemment contraires. Il n'en attendait pas moins d'eux.

"Red Hawk ne tuera pas."

Sa voix avait été lourde et autoritaire, ne souffrant aucune discussion. Il avait longuement fixé Dick après que celui-ci ait été légitiment interloqué par le discours de Tim, qui avait cru que son mentor lui demandait directement de franchir la ligne. Celui-ci se tourna vers le jeune homme, pour le regarder dans les yeux pendant qu'il expliquait mieux sa position.

"J'ai réuni ici un groupe de personnalités et de profils amplement différents. L'Iroquois et Azrael sont des justiciers plus expéditifs que Nightwing et Red Hawk. Baseball est un combattant atypique, qui sait aussi agir au mieux quand la situation le demande. Pandora est maintenant mieux connue de tous. J'ai besoin de vous tous, de vos conseils mais j'ai surtout besoin que vous restiez comme vous êtes. Tous, ici, vous devrez repousser vos limites et faire des choses difficiles, mais cela n'implique pas de prévoir à l'avance un massacre ou un meurtre."

Le Chevalier Noir fit claquer ses bottes sur le sol et posa sa main sur l'épaule de Tim. Il lui en demandait beaucoup, dernièrement, et sentait que ce dernier commençait à perdre ses repères. Il cherchait une nouvelle orientation, un nouveau cadre, mais son mentor refusait de le voir plonger dans la violence meurtrière.

"Si tu dois tuer pour te défendre, je suis sûr que tu agiras au mieux le moment venu, mais tu ne feras pas partie de ceux envoyés pour supprimer nos vrais adversaires, Red Hawk. J'ai besoin de ton innocence, de tes à priori et de tes valeurs pour ne pas sombrer ; Nightwing est également là pour cela. Vous avez toujours été des ancres pour moi, et vous devez continuer dans ces temps sombres."

Il s'approcha encore et murmura quelques mots à l'oreille de Drake, sur un ton que lui seul pouvait entendre.

"Ne deviens pas comme moi, Tim. Je ne me le pardonnerai pas."

Bruce se recula et se tourna pour embrasser du regard tout le petit groupe.

"Nous allons attaquer, discrètement, Gramercy Row. Pandora, tu vas avoir accès aux dernières coupures de journaux et aux sites Internet recensant des éléments étonnants et curieux dans la ville. Tu travailleras pendant quelques heures avec Nightwing, pour lui apprendre quoi chercher. Nightwing sera notre lien informatique durant l'opération. Nous allons faire main basse sur Gramercy Row, et nous allons agir vite et bien. Je comprendrais que certains veuillent s'en aller après en avoir appris autant sur la Biosyn... je ne forcerai personne."

Il se tut ensuite, laissant à chacun le soin de faire le point avec ses propres réflexions alors qu'il venait d'annoncer clairement ce qui allait se passer et ce qu'ils devraient faire sous peu.

Dick fut soulagé quand Bruce dissipa ses doutes. Il ne voulait pas que Tim ait du sang sur les mains, lui qui n’en avait jamais eu auparavant. En cela, Dick fut reconnaissant à son mentor et il lui lança un regard qui signifiait qu’il appréciait son geste. S’il avait envoyé Tim faire le sale boulot, cela l’aurait sans aucun doute choqué. Tim avait longtemps était Robin, et dans ce rôle, il avait été bien meilleur que lui. Le gosse avait découvert, et l’identité de Batman, et celle de Nightwing. Très bon détective et excellent combattant, Tim était un jeune prodige, un chevalier de lumière qu’il ne fallait pas envoyer faire ce genre de missions. Seuls quelques justiciers aguerris et à la morale élastique pouvaient faire ce que Batman leur demandait ce soir. Il y avait Baseball, un vigilante taciturne très bon dans sa partie et sachant manier la batte comme personne, Azrael que Dick connaissait bien et qui, en plus d’avoir été conditionné par une société secrète pour devenir un combattant redoutable, avait prit le manteau de Batman lorsque ce dernier avait été vaincu par Bane il y avait de cela quelques années. L’Iroquois quant à lui n’avait pas peur de cogner. Ce trio, à la tête duquel se trouvait Batman, serait l’équipe de choc dont Gotham avait besoin pour contrer la Biosyn.

Restaient Tim et Dick. Ils étaient les garants de la bonne conduite de Batman, ceux qui le ramèneraient vers la lumière une fois le combat achevé. Voilà pourquoi ce dernier avait convoqué ses anciens Robin à cette réunion. Eux deux représentaient l’idéal que Bruce avait voulu défendre. Si le chevalier noir avait tué, il ne souhaitait pas que ses protégés aient à le faire. Les Robin étaient les garants de sa santé mentale, qui l’éloignaient de ses obsessions, bien plus que des alliés dans sa croisade contre le crime, en somme. Ils étaient ses fils, ses amis, peut-être les seuls qu’il ait jamais eu. Avec Alfred, ils représentaient les choses positives de la vie de Bruce. Ils lui étaient indispensables. Mais si Tim correspondait parfaitement au profil, Dick trouvait que lui-même n’avait plus grand-chose à voir avec un chevalier blanc. Il avait commis trop d’erreurs, certaines impardonnables, pour figurer encore dans le rayon des justiciers immaculés. Par sa faute, Blockbuster était mort. Par sa faute, de jeunes enfants avaient péri de la main d’un tueur sanguinaire. Comment Dick pourrait rappeler à l’ordre Batman s’il franchissait de nouveau la ligne, avec ce lourd passif ?

Batman, après avoir confié quelque chose à Tim, se tourna vers l’assemblée pour expliquer le rôle de chacun. L’objectif était de reprendre le quartier de Gramercy row à la Biosyn, qui l’avait investi récemment. C’était une guerre que Batman allait mener, et ses soldats étaient tous disposés à l’aider. Azrael, Red Hawk, Baseball et l’Iroquois l’accompagneraient sur le terrain pour affronter les créatures monstrueuses de Friedrich Von Reagan. Dick resterait à l’arrière et occuperait le poste laissé vacant par Oracle, à savoir coordonner les troupes. En raison de son état physique, c’était tout ce que le jeune homme pouvait faire. En cela, il serait aidé par Pandora, la mystérieuse rescapée de la Biosyn, dont le discours de tout à l’heure lui avait glacé le sang. Elle-même modifiée et torturée par Von Reagan, elle avait affirmé que les créatures de la Biosyn n’avaient plus rien d’humain et que les éliminer de manière définitive serait bénéfique pour elles comme pour le Réseau. En effet, parmi ces créatures se trouvaient de véritables zombies dont la description fichait la trouille. Si Dick devait faire face à ce genre de créatures, il serait obligé de les tuer, et ce pour le bien de Gotham.

Dick acquiesça aux paroles de Bruce, heureux de ne pas à avoir affronter la Biosyn lui-même. Depuis qu’il était sorti du coma, il n’avait pas pu renfiler son costume de Nightwing et il ne savait pas s’il le pourrait un jour. Sa défaite face au Saint Samaritain était trop récente pour qu’il ait recouvré sa confiance en lui.