Aleksandrovitch regrettait sa mère patrie, il regrettait tellement de choses, sa mère aussi tiens...ce visage rayonnant qui, du fond de son verre l'observait de ses yeux noyés de larmes de vodka. Affalé sur sa table, la bouche pâteuse, des larmes ruisselantes qui se perdaient dans les méandres de sa barbe poivre et sel mal entretenue, un bras ballant dans le vide comme un pendule fou dont la gravité ne savait que faire, l'autre enserrant une bouteille en verre vide, reposée sur la table, le docteur vivait une expérience qu'il ne connaissait que trop bien. Il ne savait plus depuis combien de temps il avait la joue collée à cette table, il ne savait plus depuis combien de temps il admirait le fond de son verre vide renversé, il ne savait plus où il était ni finalement qui il était, mais était-ce si important?

Les applaudissements lors de son diplôme étaient comme les ressacs d'une houle de souvenirs, l'image déformée par le cul de son verre du décors grisâtre extérieur lui rappela la pluie de Leningrad sur les carreaux de son premier laboratoire. La vie avait cela pour elle que le temps rendait les souvenirs magnifiques et l'avenir terne. Son esprit embrumé était las. La politique avait eu raison de ses recherches, de ses désirs et de son idéologie, elle l'avait extirper de sa terre natale, l'Europe l'avait rejeté et il avait dû traverser un océan pour finalement trouver une terre d'asile. Un jour peut-être reverrait-il le ciel blanc et cotonneux de l'hiver Russe? Peut-être un jour retournerait-il déposer une rose sur la tombe de sa mère, si le renversement du pouvoir n'avait pas détruit au passage le cimetière.

On frappa à sa porte, ce fut comme si l'on avait frappé au marteau sur la table où il était affalé. Sa colonne vertébrale, secouée par le choc de ses sens se releva d'un seul coup. La bouteille vint s'écraser au sol et son verre roula avec la grâce d'un ballet russe qu'il avait vu à Moscou. Un milicien entra et soupira d'exaspération en voyant la loque qui servait de responsable de l'unité médicale au sein des douanes. Il le souleva par le col, le tint debout comme il le put, lui referma la veste en évitant soigneusement les exhalation éthylique de l'ivrogne. Encore un blanc bec qui pensait tout savoir de la vie songeait-il au milieu de la brume de l'alcool. Lorsqu'il le lâcha pour voir s'il tenait debout, il fut surpris de l'équilibre du vieil homme imbibé. Il fit un pas, puis deux et le souvenir d'années d'expériences en marche prirent le relais sur la réflexion à proprement parlée. Lorsqu'il fut dans le couloir, il demanda en se frottant le visage:

-Qu'est-ce qu'on m'veut?

-Nous avons identifié le sujet numéro 459-8652, vous disiez vouloir l'étudier.

-Le.... le serpent c'est ça? fit-il en faisant craquer ses cervicales qui le faisaient souffir. Parfait....où est-il?

-Il est encore dans le complexe monsieur, nous sommes en train de lancer la procédure d'interpellation. Que devrons-nous en faire?

-Bah...de toute façon, Shreck a fait virer tous les... tous les... enfin tous les.... incubateurs voilà.... avant la fin des "élections", grommela-t-il, va falloir l'envoyer dans un laboratoire extérieur...

-Vous voulez dire que...

-Votre..."administrateur", répliqua-t-il en vomissant le nom, a voulu assurer son joli petit cul si vous préférez....et..et....et du coup toutes les installations dont j'ai besoin, eh bien elles sont dans votre jolie Gotham.....Alors.....alors....alors, écoutez-moi bien, dès que vous avez récupéré notre reptile rampant là, vous l'incarcérez...et ensuite et bien....vous préparez son extraction d'Arkham City...

-New Gotham Ci...

-Peu importe le nom que vos.... vos...politiciens ont choisit de donner à cette espèce de prison en plein air bourrée de vos cas sociaux et de vos bêtes de foires !, cria-t-il. Et par pitié, arrêtez de parler pour rien dire, votre voix est stridente...

L'homme, légèrement vexé, parti pour fournir les ordres du docteur qui tituba jusqu'à son bureau, luttant avec la poignée pendant dix bonnes minutes avant de réussir à faire passer sa carte dans la fente millimétrique. Une fois cet étrange rituel accomplie, il poussa sa porte. Le docteur manqua une formidable chute et se retint grâce au dossier de son fauteuil dans lequel il finit par se laisser tomber avec ce genre de soupir qui signifie que l'on vient de finir une tâche particulièrement fastidieuse. Il visa à trois reprises la poignée de son second tiroir droit et le tira avec la force molle de l'individu en pleine émergence dans la réalité. Il tira une feuille de papier et la pose sur son bureau. Il chercha de son regard vitreux un stylo qui lui permettrait de remplir le formulaire de transfert et le saisit en tremblant. Il secoua sa main pour calmer sa crise et tira d'un autre tiroir une nouvelle bouteille de vodka qu'il déboucha. Il s'offrit une rapide gorgée au goulot et poussa le petit bruit de satiété.

Le stylo virevolta à la surface du papier comme une charrue sur du bitume. Le bruit qui émanait de son exercice d'écriture monolithique était désagréable au possible et la sonnerie du téléphone déchira sa concentration. Il se jeta sur le combiné, l'arracha de son socle et grommela.

-Quoi?

-Doit-on lancer l'opération d'interpellation docteur?

-Oui.

Au dehors, deux groupes d'intervention rapide, mandatés par le docteur Aleksandrovitch s'étaient déployés autour de leur cible. L'individu en question était à proximitée du mur d'enceinte. Les snipers étaient prêts à agir en cas de problème du haut de leurs miradors, munitions LightHammer chargées. Les deux lieutenants qui synchronisaient leurs groupes étaient dans des ruelles limitrophes et attendaient l'autorisation d'intervenir. Leurs soldats avaient installé leurs lances-grenades et terminaient de connecter leur module de grenades aveuglantes. Leurs fusils étaient en mode semi-automatique, ils avaient pour la plupart l'oeil collé sur le viseur, couvert par le reste de leurs camarades, histoire d'éviter toute mauvaise rencontre. Le vent frais du soir se levait et l'écrin silencieux de la nuit enveloppait la scène. Les récepteurs des deux lieutenants reçurent le message écrit "45/85", autorisation d'interpellation.

Les militaires firent quelques gestes à leur officier de liaison, aussitôt après cinq bruits étouffés, comme si l'on aurait tiré des balles en caoutchouc avec un mortier s'enfoncèrent dans la nuit. Les grenades virevoltèrent pendant dix secondes avant de s'écraser tout autour de l'individu. Les explosions étouffées retentirent et cinq grands éclat de lumière illuminèrent la cible. L'intensité aurait aveuglé n'importe quel individu. Les deux groupes quittèrent leurs ruelles et la couverture des bâtiments, arme en avant, prêt à tirer avec leurs munitions non-létales sur le prochain sujet du docteur. Le plus dur hélas restait à faire...

Cela fessait plusieurs heures que je passais et repassais devant les murs qui entouraient l’impressionnante ville d’Arkham City. Je cherchais tant bien que mal de trouver une solution pour sortir de cet endroit qui me fessait office de cage. Toutes mes tentatives n’ont mené à rien. J’avais beau échafauder des plans d’évasions, mais rien n’était à la hauteur de la magnifique construction de cette enceinte. Je décidai donc de me reposer pour calmer le stress qui m’envahissait peu à peu.

Un jour je vais sortir de cet endroit maudit qui me retient d’une liberté de mouvement incomparable.

Après plusieurs heures de repos bien mérités, je me suis réveillé et j’ai regardé autour de moi pour voir s’il y avait des personnes qui me suivaient. J’ai commencé à entendre un bruit au loin qui se rapprochait de plus en plus. Je ne savais d’où venait le son qui semblait s’en venir sur ma position. Je me suis donc préparé à la pire des situations possibles. Je remarquai que le son qui se rapprochait, ressemblait étrangement au son d’un hélicoptère. Quelques minutes plus tard je le remarquai qui sortait des nuages et quelques secondes plus tard que, une escouade sort de nulle part et se mette à m’encercler.

Je savais que ce bruit venant de loin ne présageait rien de bon…

J’ai remarqué que les hommes étaient bien armés avec des armes et des lance-grenades. Ce que je me demandais à ce stade ce qu’ils me voulaient. J’ai aussi observé vue les hommes avaient des armes tranquillisantes. Je me suis alors dit que ces hommes n’étaient pas là pour me tuer, mais bien pour me capturer. Je ne savais pas qui était derrière cette idée de me capturer, mais je voulais lui prouver que je ne me laisserais pas faire aussi facilement.

Si ces hommes cherchent la bagarre, ils vont l’avoir…

Les hommes m’avaient encerclé et l’hélicoptère projetait une lumière sur moi pour bien voir ma position. Soudainement, une grenade est sortie de nulle part, j’ai réussi à l’éviter. Mais, je croyais que la grenade en était une de fumée, mais je me suis trompé, c’était une grenade «flash». Suite à l’explosion, je me sentais tout perdue et je ne pouvais voir ce qui m’entourait. Quelques secondes plus tard, j’ai senti deux aiguilles me rentrer dans la peau. Ensuite, j’ai vu une silhouette s’approché de moi. J’ai voulus l’attrapé avec le peu de force qui me restait et au moment où j’ai tendu mon bras, il s’est tassé et un des hommes est apparu avec un fusil qui tire un filet. J’étais rendu cloué au sol et je ne pouvais pas bouger. En quelques secondes, je n’avais aucune force et je me suis endormi…

L'interception de l'individu fut simple, les équipes craignirent le plus lorsque le reptile c'était retourné vers eux, mais leurs projectiles réglèrent vite la question. Le filet siffla dans l'air du soir et s'abattit sur le criminel qui s'écroula immédiatement après. Le groupe d'action avança prudemment malgré l'apparente faiblesse de leur adversaire. Deux hommes gardèrent en joue le corps inerte de leurs fusils chargés de munitions non létales.

Le docteur Aleksandrovitch continuait de cuver dans son bureau lorsque le même petit emmerdeur vint frapper avec une chose qui avait probablement la même consistance qu'un pied de biche. Le bruit siffla un certains temps avant que le professeur n'ait pu rassembler les forces suffisantes pour baragouiner un "entrez!" assez fort et audible pour que le gêneur se décide à entrer. Il se fendit du salut militaire habituel et parla avec la puissance d'un troupeau en pleine charge, du moins, pour le cerveau noyé d'éthanol du docteur.

-Cible interceptée. Nos hommes sont en trains de la conduire vers le sas de chargement.

-Excellent, fit-il en se relevant avec la grâce d'une saucisse de Francfort trop cuite. Ame...am'ner...con...conduisez-moi à lui.

-Êtes-vous sûr docteur?

-Bien entendu blanc...bec! articula-t-il en saisissant sa bouteille, cette exp...érience est la mienne et je...et je... et j'n'accepterais pas qu'on me l'a retire!

Il tituba un instant avant d'être soutenu par le milicien qui soupira de colère, comment pouvait-on laisser un tel individu en charge de l'unité médicale d'un complexe aussi sensible? Le duo de choc entreprit de traverser les sous-sol et de gravir l'escalier qui menait à l'ai de chargement dans lequel on terminait de remplir un fourgon avec le sujet. Aleksandrovitch vérifia les sangles qui attachaient le patient à la civière et en enleva une pour y installer une perfusion. Les soldats présents le regardèrent de travers. L'alcoolique installa la poche de tranquillisant avec des gestes d'une assurance qui intriguèrent les gardes, comment avec environ 5 grammes dans le sang on pouvait être aussi habile, d'autant plus qu'il peinait à rester debout en temps normal. Il referma ensuite la sangle, mais avec la force d'un pauvre vieillard imbibé, personne ne vérifia derrière lui. Deux soldats s'assirent à l'arrières, le docteur, avec deux miliciens s'installa à l'avant. Deux autres fourgons serviraient à flanquer le cortège jusqu'aux installations, on donna les dernières instructions.

-On ne s'arrête pas avant d'arriver dans l'aire où l'usage des armes est autorisée, commença le lieutenant qui gérait le convoie. Le colis peut se réveiller à tout moment, rien à craindre, le docteur devrait lui avoir mis une dose de sédatif assez puissante. Mettez vos armes sur la position manuelle et ne les chargez qu'avec des munitions non létales.

En réalité, c'était vrai, si le docteur n'avait pas noyé une retenue dans l'océan d'alcool de ses méninges pendant son addition de tête... Et le convoie se mit en route dans les rues de Gotham City.

[HRP]Navré c'est court, mais il fallait faire avancer l'action[/HRP]