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| Sujet: Guérison par le froid  Lun 28 Oct - 21:00 | |
| "Kof ! Kof ! *Tousse* Kof !"
L'automne était arrivée à Gotham, amenant avec elle les pluies diluviennes et son lot de maladies et de petits rhumes, qui se transmettaient très rapidement au sein de la population.
Jack n'avait pas été épargné. Cloué dans son lit depuis trois jours avec 39° de fièvre, il venait tout juste de retrouver la force de se lever. Enfilant une robe de chambre noire par dessus son pyjama rayé bleu marine, il mit les pieds dans ses pantoufles et se dirigea vers le coin cuisine de son appartement. Il ouvrit le frigo, et soupira en voyant à quel point il était vide. Il ne restait plus qu'un fond de bouteille de jus d'orange, entamé depuis plus d'une semaine. Ce n'était pas étonnant, il était ruiné. Cela faisait des mois qu'il se tenait à carreaux, ne faisant plus aucune activité illicite (ni même licite). Des mois plus tôt, la police était venue le chercher en pleine nuit pour le placer en garde-à-vue, car il était suspecté d'être le meurtrier de Jill Hampton, son ex-petite amie avec qui il avait eu un différend. Fort heureusement, par manque de preuves (la seule arme qu'ils avaient trouvé chez lui ne correspondait pas à l'arme du crime), et comme toute leur opération ne reposait que sur les paroles de Jill qui l'avaient accusé de complicité avant de trouver la mort, il avait finalement été relâché. Mais les flics avaient continué à le surveiller les semaines suivantes, à plusieurs reprises il avait remarqué une voiture de flics en civil garée au pied de son appartement. De ce fait, il n'avait plus aucune rentrée d'argent, mais il avait toujours son loyer, ses factures et sa nourriture à payer. Toutes ses économies y étaient passées, et une fois de plus il se retrouvait endetté. Sauf que cette fois-ci, ce n'était pas de plusieurs millions de dollars, et il valait mieux avoir sur le dos le propriétaire de l'appartement que des mafieux pleins aux as et propriétaires des casinos les plus réputés de la ville.
Il vida le fond de la bouteille de jus d'orange dans son verre, qu'il but d'une traite avant de se diriger vers la salle de bain. Il entra à l'intérieur et s'arrêta net en voyant l'horrible reflet de son visage dans le miroir.
*Wow la vache !*
Son visage était complètement déformé, difforme même, sa peau pendait lamentablement de tout côté, son nez était si renfoncé qu'on aurait dit une truffe de cochon, et sa bouche était tellement tordue qu'il comprenait pourquoi le jus d'orange avait coulé sur son menton lorsqu'il l'avait bu. Bref, il avait l'impression de voir son autoportrait peint par Picasso en personne.
En effet, Jack avait un don bien particulier qu'il avait remarqué alors qu'il était cobaye dans un laboratoire pharmaceutique. Il avait la faculté de façonner son visage à sa guise comme s'il s'agissait de pâte à modeler, et ainsi de pouvoir prendre l'identité d'autres personnes ou même d'en inventer de nouvelles. C'était principalement pour cette raison que la police n'avait trouvé aucune preuve tangible à propos de sa supposée complicité avec son ex. De ce fait, il lui arrivait parfois, en se réveillant le matin, de se retrouver comme un monsieur patate dont on aurait inversé la bouche, les oreilles et les yeux, c'était plutôt effrayant mais il savait qu'en quelques tours de passe-passe avec son unique main, il pouvait arranger les choses et redevenir... lui-même. Toutefois, ce matin là son corps s'était surpassé, parce qu'il ressemblait vraiment à rien. Il massa un peu ses joues et modela quelques formes pour remettre son nez en place et sa bouche plus droite, mais il remarqua avec lassitude que sa peau élastique persistait à n'en faire qu'à sa tête et à s'étirer vers le bas.
*Bon... Je suppose que ça ira mieux après la douche...*
Il s'introduisit dans la cabine et commença à faire couler de l'eau, mais au bout de quelques minutes, il se rendit compte que quelque chose clochait. Son arcade sourcilière droite se mit à descendre tout doucement, dégoulinant comme un petit tas de boue que l'eau ruisselante emmenait avec elle, jusqu'à couvrir complétement son œil. Il appuya dessus avec sa main pour le tirer vers le haut, puis passa la main sur son visage pour s'essuyer un. Il écarquilla des yeux lorsqu'il remarqua avec effroi que la peau de sa joue gauche restait collée à ses doigts. Il tira dessus lentement pour tenter de les décoller, mais une partie de la peau de son visage se détacha en s'arrachant comme un masque de latex collant à la peau qu'on arracherait du visage.
*Qu'est-ce qu'il m'arrive ?!* paniqua t-il tout en lâchant le morceau de peau qui tomba mollement à ses pieds au milieu de l'eau.
Il sortit précipitamment de la douche pour se regarder dans le miroir, et constata qu'étrangement, la peau qu'il avait arrachée ne laissait pas apparaître sa chair à vif, mais une toute nouvelle peau neuve et en bon état. Cela expliquait pourquoi il n'avait pas eu très mal. Il était donc en train de muer, tel un véritable serpent. Il agrippa le bas de son visage dégoulinant entre ses doigts, et tira dessus de toutes ses forces vers le haut pour arracher l'autre partie. Il tenait un véritable masque de peau dans sa main, et put constater en se regardant dans la glace qu'il avait retrouvé son visage original. Il ne put réprimer un petit sourire, car même s'il ne se trouvait pas particulièrement beau, cela faisait toujours plaisir d'enfin se retrouver, tel que l'on est.
Toutefois, sa joie fut de courte durée. Quelques minutes plus tard, alors qu'il était en train de se vêtir, son visage recommença à faire des siennes. Sa peau, devenant de plus en plus élastique, semblait fondre, dégouliner et s'étendre continuellement vers le bas, le rendant toujours aussi difforme. Ses yeux tombaient de quelques centimètres, ses oreilles s'allongeaient, ses cheveux tombaient ou se noyaient dans cette peau élastique et dégoutante, tout comme son nez et sa bouche qui se tortillaient.
"Mon visage !" s'exclama t-il.
Il avait beau tenté de le redresser dans tous les sens avec sa main, il n'y avait rien à faire, sa peau finissait toujours par se replier, s'étendre et dégouliner.
"Je ne contrôle plus rien !"
Qu'est-ce qui était en train de lui arriver ? Un autre effet secondaire des produits pharmaceutiques, qu'il n'aurait jamais ressenti jusque là ? Est-ce qu'il était en train de muter ? Complétement pris de panique, il ne savait pas quoi faire. Il ne parvenait pas à retrouver son calme, à avoir les idées claires. Il faisait les cents pas dans son appartement en tentant de trouver une solution tout en maintenant son visage dans sa main. Il ne pouvait rien faire tout seul, c'était une évidence. Il fallait qu'on l'aide. Aller voir un médecin ? Comment pourrait-il lui expliquer que des produits pharmaceutiques pour lesquels il était cobaye lui ont donné le pouvoir de changer de visage jusqu'à ce que tout parte en vrille et qu'il ne parvienne plus à le contrôler ? Et il n'avait même pas d'argent, il ne pouvait payer aucun soin, aucune recherche médicale. Que pouvait-il bien faire ? Même s'il trouvait un médecin capable de l'aider, personne ne voudrait le faire gratuitement et il ne pouvait même pas avancer d'argent.
La seule chose qu'il pouvait faire... C'était rendre un service, n'importe lequel. S'il guérissait, il pourrait tout faire. Tuer quelqu'un, se faire passer pour un autre, libérer quelqu'un, s'introduire quelque part... Il n'y avait que dans le milieu criminel qu'on pouvait faire un échange de service, où l'argent n'était pas la seule façon d'obtenir ce que l'on voulait. Un scientifique, il fallait qu'il trouve un ancien scientifique de renom, de préférence spécialisé dans la génétique, et reconverti dans le milieu criminel. Il y avait bien ce type dont il avait déjà entendu parler, le Dr. Fries alias Mr. Freeze, un ancien scientifique réputé devenu un criminel glacial qui avait pour espoir de sauver sa femme. Il pourrait probablement faire quelque chose, lui trouver un remède. C'était un expert en cryogénie, donc en conservation des tissus cellulaires, c'était pile dans sa spécialité. Peut-être qu'il pourrait même lui greffer une nouvelle main droite, ou bien une prothèse robotique ? Mais Mr. Freeze était un être glacial, peu sociable. Il y avait de fortes chances qu'il refuse de l'aider... Peut-être même qu'il allait le tuer. De toutes façons, Jack ne pouvait pas vivre dans ses conditions, il fallait tout tenter. Et si par chance Freeze accepter de l'aider, ce serait peut-être pour lui un tremplin pour revenir dans l'activité illégale et se refaire un peu de blés.
Il clipsa le crochet à son moignon droit, coinça son flingue entre son pantalon et sa taille, enfila son manteau, enroula une écharpe autour de son menton et mit sa capuche pour cacher la laideur de son visage détraqué, avant de quitter son appartement de façon précipitée.
Il lui fallu passer toute la journée dans les bas-fonds de la cité à la recherche d'indicateurs, pour pouvoir ne trouver qu'un seul petit indice quant à la position du repaire secret de Freeze : "Cherch' là où y fait froid !" lui avait-on dit.
Il lui fallu une nuit supplémentaire passée sous la pluie dans les ruelles sombres pour entendre plusieurs rumeurs contradictoires, dont une spécifiant qu'il aurait été aperçu autour d'un vieux laboratoire abandonné justement spécialisé en cryogénie. Ça paraissait presque trop évident pour être vrai et pourtant, cela ne lui coûtait rien d'aller voir.
Laissant derrière lui plusieurs morceaux de sa peau qui muait continuellement, il arriva à proximité de Cryogenics Enterprise très tôt le matin, et constata qu'il faisait assez froid. Grelotant, de la fumée s'échappait de sa bouche tordue aux lèvres tombantes au rythme de sa respiration haletante. L'endroit était désert, et seul le bruit du vent accompagnait ses pas.
"Y a qu-quelqu'un... ?" finit-il par s'exclamer, recroqueviller dans son manteau pour tenter de se tenir chaud, le visage toujours couvert d'une écharpe et de sa capuche.
Il fit quelques pas vers l'entrée du bâtiment, et tapa à plusieurs reprises sur la porte.
"Kof ! *Tousse* Kof ! Kof ! J-j-je voudrais p-parler à Mr Freeze !" balbutia-t-il, totalement transit par le froid. |
| | | | | | Sujet: Re: Guérison par le froid Ven 22 Nov - 0:14 | |
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Le docteur Fries avait laissé de côté, pendant quelques instants, ses recherches concernant le mal de Nora. Il lui faisait face, sa main se plaquant contre cette horrible capsule en verre, qui la maintenait en vie, horrible, car depuis qu'elle était dans cette capsule, elle était figée et ne bougeait plus, elle qui était si gracieuse dans ses moindres gestes, elle était condamnée à l'immobilité totale. N'importe qui aurait abandonné et l'aurait laissé partir, une bonne fois pour toute, mais ce n'était pas le cas du savant de glace. Jamais, non jamais il n'accepterait cette défaite, Nora revivra, elle remarchera sur cette terre et retrouvera la grâce qui la caractérisait jadis. C'était une promesse qu'il lui avait faite, une promesse à lui-même plutôt, étant donné qu'elle se trouvait déjà paralysé par la capsule cryogénique.
Contemplant toujours la beauté qui se dégageait d'elle derrière cette barrière de glace, Freeze se perdit dans ses souvenirs, il n'y avait qu'à cet endroit où elle était mouvante. Il se remémora leur mariage, à cette époque leur bonheur était à son apogée, mais personne ne le savait à ce moment. Le temps, cet effroyable ennemi s'était mis en route contre ce bonheur, à croire que le bonheur n'est qu'éphémère...
Tandis que le scientifique revivait ses plus merveilleux souvenirs, un étrange son se fit entendre, enfin il s'agissait d'une voix pour être exact, mais Freeze ne put la distinguer clairement, il entendit un bruit, ça c'est sûr puisque ce son l'avait sortie de ses pensées. Une fois de retour, clairement, à la réalité, le cryogéniste se prépara à activer ses drônes pour identifier l'origine de ce bruit, mais il n'en eut pas l'utilité. Quelques secondes après le son, des coups retentirent dans tout le bâtiment comme si ce dernier était complètement vide. L'écho arriva jusqu'à Mister Freeze, il abandonna du regard son épouse avec regret et se dirigea vers l'entrée.
Une fois devant la porte, le scientifique activa ses lunettes thermiques et vit qu'il ne s'agissait que d'un seul homme. Le froid qui régnait dans les alentours n'avait pas eu raison de lui, il fallait une certaine dose de détermination, ou de la pure folie. Un endroit où la température était si basse était comme une signature de celui qui y résidait, enfin plutôt une invitation à ne pas pénétrer dans cette partie de la ville, toutefois certain bravait cette mise en garde et périssait, transformer en statue de glace pour toujours.
Le docteur Fries ouvrit la porte et vit un homme étrangement camouflé derrière une bonne pellicule de vêtement tentant de lutter contre le froid. Armé de son canon réfrigérant, l'homme de glace le dirigea vers cet être.
" Tu souhaitais me parler, me voici. Fais vite ou je mettrais fin à ton existence. "
Le cryogéniste n'aimait pas être dérangé, par qui que ce soit d'ailleurs. Alors, le dérangé lorsqu'il passait un moment en compagnie de son épouse était équivalente à une véritable insulte, d'où ce ton peu agréable. HJ : Toutes mes excuses pour ce retard. |
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