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Ne manquez pas les deux derniers chapitres de Darkwatch, où s'affronteront Le Chevalier Noir et l'Empereur !

Clash of the Warriors & La Révolte

"Lors d'une rafle de la Ligue des Ombres, la Lignée décide d'intervenir et de massacrer les hommes de Ra's Al Ghul. Les habitants, excédés par la situation, décident de se révolter, avec le support de l'Empereur et ses troupes. Le G.C.P.D est dépassé et les justiciers n'ont d'autre choix que s'en mêler, Batman en tête."

(Petit aperçu des évènements en vidéo ici)


CREDITS

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 Mon histoire

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Invité
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Invité
MessageSujet: Mon histoire   Mon histoire EmptyLun 30 Sep - 1:39

Bonjour à tous et à toutes ! Calendar 

Je me lance...

Il y a quelques années de cela, aimant m'évader par l'écriture et la lecture, j'eus décidé de me lancer dans une histoire. Une histoire créée de toutes pièces de ma main. Un monde que j'aurais créé moi-même.

Il me fallait un univers. Après un long week-end de réflexion, je choisis finalement de m'inspirer du jeu vidéo "Fable". Pour les personnes qui l'ignorent, "Fable" est un jeu unique en son genre qui vous emmène dans un monde fantastique. Un monde fait de montagnes brumeuses, de forêts noires et enchantées, de villes très animées. Un monde habité par des marchands, des citoyens, des héros mais aussi de monstres aussi cruels les uns que les autres. Un monde où quelques élus peuvent contrôler la magie. Un monde où le héros doit choisir la voie du bien ou du mal.

Bref, un monde où l'imagination est reine. Je ne pouvais rêver mieux pour créer une histoire. Je me suis donc enregistré sur un site/forum de jeux vidéo qui m'offrait une section où je pouvais parler du jeu. C'est là que j'ai commencé à écrire. Je recevais de nombreux avis et cela m'encourageait à continuer. Malheureusement, l'école m'a empêché de poursuivre mon oeuvre. J'ai dû l'abandonner. Et ce n'est que très récemment que l'idée de reprendre mon histoire m'est revenue à l'esprit. Je l'ai recommencé, je l'ai peaufiné, et aujourd'hui, grâce au soutien de ma bien-aimée Catgirl/Kitrina Falcone, je me dois de vous la faire partager. N'hésitez pas à m'envoyer vos avis, bons ou mauvais. Je vous enverrai les chapitres au fur et à mesure.

L'histoire que je vous propose est un mélange entre le fantastique et le dramatique. Vous vous en rendrez vite compte. Au fil des chapitres, d'autres destins, d'autres personnages se révéleront. Sans le savoir, tous ces individus sont liés par un sort commun. De gré ou de force, chacun va rencontrer l'autre et se lier autour du personnage principal, un petit garçon pauvre, que vous découvrirez dans le premier chapitre.

Je suis très... trèèèèès... loin d'avoir terminé. En fait, je ne suis qu'au début de mon histoire. J'ai déjà pu écrire 81 pages Word, soit le double en format de livre. Je tâcherai de continuer quand j'aurai le temps, ce dont je ne dispose pas en ce moment...

Allez, je me tais, et je vous fais parvenir mon premier chapitre. Comme je l'ai dit, la suite suivra. Bonne lecture à tous !

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La dernière marche des Héros

Chapitre 1 : La tempête

Des nuages lourds et gris chargeaient le ciel. Leurs ombres donnaient au paysage un ton froid et obscur. La neige virevoltait, tournoyait violemment sous le vent. La cime des arbres ployait, les petits animaux étaient presque emportés. Tout était cent fois plus grand, plus imposant. Le moindre petit sapin semblait dominer le monde. La terre, le ciel, tout paraissait menaçant. Si on levait les yeux là-haut, on avait l’impression que le voile noir allait s’écraser. Si on portait notre regard sur le sol, on peinait à ne pas s’imaginer celui-ci s’effondrer sous nos pieds. Et pour cause : il n’y avait plus personne dehors. Pas la moindre trace de vie humaine. C’était comme si la fin du monde était là, toute proche. Le vent à lui seul suffisait à écarter du dehors tous les plus téméraires. Il sifflait, grondait, s'immisçait à travers les arbres, s’infiltrait partout là où il le pouvait. Et même si on osait le défier en sortant, il nous plaquait contre les murs, nous emportait avec lui.

Cependant ce n’était qu’une journée d’hiver, comme j’en avais vécu tant d’autres.

Un souffle sortit de l’interstice sous la porte et fit s’envoler le travail de mon père. Les feuilles glissèrent sur le sol, en désordre. Posant son stylo avec rage sur la table en bois massif du salon, papa s’agenouilla et entreprit de tout ramasser. Je ne manquai pas de relever le juron qu’il sortit. Las, je tournai la tête vers la fenêtre. Les flocons s’écrasaient toujours avec autant de force et d’acharnement sur la vitre. Le ciel était toujours aussi sombre. Pfff... Ce que j’aurais aimé pouvoir aller dehors, m’amuser un peu. Rien qu’aller voir maman à Bowerstone me ferait le plus grand bien. Mais cela faisait deux mois que ça durait. Pas le moindre rayon de soleil, le moindre brin d’herbe. Deux mois à n’avoir vu personne d’autre que mon père...

Et pourtant j’avais ressenti de l’excitation au début. Ça allait être une tempête historique. Tous les messagers avaient apporté la nouvelle, aux quatre coins d’Albion. On avait en effet découvert, il y a peu, un moyen de prévoir les gros changements météorologiques. Les gens s’étaient préparés à affronter le joug de la nature, ils avaient fait des provisions pour un bon mois d’isolement. Le peuple s’était agité. Rien qu’à la capitale, on ne parlait que de ça, quinze jours avant l'événement. Tous les matins je voyais des charrettes partir, des hommes rejoindre leur famille, des moines rentrer dans leur temple. Les voyageurs avaient demandé l’hébergement à des habitants et les marchands en avaient profité pour écouler leur stock. Toute la ville avait été en effervescence. Et j’avais été vraiment content de voir les choses sortir ainsi de l’ordinaire. J’ai même été encore plus heureux quand j’ai appris que j’allais m’en aller avec mon père, près d’une forêt, pour qu’il y étudie la magie qui y régnait. Pour moi c’était signe d’amusement. Seuls, loin de toutes civilisations. Enfin une aventure comme j’en rêvais !

Sauf que... Voilà deux mois... Deux mois que je reste assis près du feu, dans la cabane au milieu des arbres. Sans rien faire d’autre que d’écouter la plume de papa crisser, d’observer la neige s’abattre sur les vitres et de se morfondre sur le fait que l’on n’ait pas assez à manger. C’était d’ailleurs ce qui me préoccupait le plus. J’avais même peur... Je le cachais bien, mais j’avais peur. Intérieurement, je paniquais. Et si on ne survivait pas ? Et si la tempête durait encore un mois ? Rien que la pensée de mourir, agonisant, à cause du manque de nourriture, me tordait les entrailles. Mais encore une fois, je ne laissais rien paraître devant mon père. Il avait l’air déjà assez inquiet comme cela. Quand je le voyais, le nez plongé dans ses livres, les yeux plissés, la mâchoire serrée, je savais que quelque chose n’allait pas. Qu’y avait-il de si contraignant dans ses recherches ? Je n’osais même plus lui poser la question. La dernière fois que je l’avais fait, il s’était mis en colère.

_ Ca ne te regarde pas. Et puis qu’est-ce que tu en as à faire ? Ca ne t’intéresse pas tout ça !

Et bien peut être que si, ça m’intéressait. La gravité du visage de mon père ces derniers temps avait pour moi rendu ses recherches plus intrigantes qu’autre chose. De toute évidence, il avait découvert un objet, une relique ou bien encore une force extraordinaire en travaillant sur la magie des lieux. La nuit il dormait à peine. Je le savais, car c’était le même cas pour moi. Je l’entendais parler tout bas. Je ne savais pas de quoi, mais grâce à son ton j’en devinais la gravité. Le matin, ses cernes n’en étaient que plus grandes, son teint plus blanc, ses traits plus tirés. Et c’était le seul être humain avec qui j’étais en contact.

Voilà pourquoi j’étais si las, si fatigué de rester dans cette prison en bois.
Ce soir - ou bien ce matin, qu’en sais-je ? Il n’y a plus de soleil pour nous l’indiquer- nous mangeâmes l’habituelle purée de blé. Quand la plupart de nos provisions avaient disparu, nous en avions été réduits à cela. C’était immonde, surtout que papa ne prenait pas le temps de la cuisiner. Mais en portant la cuillère à ma bouche je fus surpris de constater que le goût amer de ce plat ne me faisait plus rien. L’habitude...

Mon père était en face de moi. Nous mangions sur la table même où il travaillait. De toute façon pas possible d’en mettre deux dans un aussi petit bâtiment. Il y avait à peine la place pour deux lits, une cheminée, et cette table.

Notre repas fut tout aussi silencieux que d’habitude. Nous n’entendîmes que le tintement des couverts sur les assiettes. Son visage était seulement illuminé par une petite lanterne, posée au milieu de la table. Ses yeux fatigués brillaient à sa lueur. La seule autre source de lumière venait du feu vacillant et elle éclairait l’autre bout de la pièce. Sous son influence, nos ombres s’étendaient, se tordaient et s’agitaient sur les murs, bien que nous bougions à peine. Je pris une autre cuillère de purée de blé.

_ Je vais sortir ce soir.

Je relevai la tête, surpris. Cela faisait longtemps que je n’avais plus entendu sa voix. Et puis ce qu’il avait dit était pour le moins étonnant.

_ Comment ça ? Tu ne peux pas sortir, fis-je.

_ Il faudra bien.

_ Mais tu veux sortir dehors ? Demandai-je en mettant l’accent sur ce dernier mot.

_ Oui.

Je restai muet. Il croyait vraiment qu’il pourrait marcher plus de quelques mètres ? Je savais que c’était par rapport aux découvertes qu’il avait faites, mais on ne pouvait pas lutter contre cette tempête. C’était de la folie ! Le silence reprit ses droits et plus aucun de nous deux ne parla pendant deux ou trois minutes. J’étais un peu inquiet par cette déclaration. Si mon père sortait par ce temps, il allait lui arriver quelque chose, je le savais. Soudain, il posa brutalement sa cuillère. Le bruit me sortit de mes pensées et je le fixai. Papa avait les mains qui tremblaient. Il me regarda puis, comme s’il voulait cacher cette faiblesse, ferma les poings. Une goutte de sueur brilla sur son front. Il me dévisagea, les yeux grands ouverts. Il baissa ensuite les yeux, comme honteux, vers son assiette. Il ouvrit la bouche. Il la referma, hésitant apparemment à me dire quelque chose. Mais ce fut tout. Enfin c’est ce que je crus. Parce-qu’il lâcha finalement en un souffle :

_ Désolé... désolé... je suis tellement désolé...

Il se prit la tête entre les mains. Je restai les lèvres à moitiés ouvertes, ne sachant que faire ni que dire. Il se leva brusquement. Je sursautai. Papa se dirigea, sans me jeter un seul regard, vers la porte. Il l’ouvrit, laissant passer des kilos de neige. Il faillit vaciller sous le vent, mais il tint bon et s’avança vaillamment dehors. Il fit un pas... deux pas... Il le faisait ! Il allait vraiment sortir !

_ PAPA ! NE T’EN VAS PAS !

Mais le sifflement du vent couvrit ma voix.

_ Adieu, fit une voix sanglotante que j’entendis à peine. Adieu fils !

Et la porte se referma.

Je restai là, abasourdi. Cela avait été tellement soudain, tellement inattendu. J’étais comme paralysé. Mon père, mon papa, venait de sortir pour ne jamais revenir. Il l’avait fait volontairement. Je ne connaissais ni ses motivations, ni son but. Il n’avait rien voulu m’expliquer, même quelques minutes avant sa mort. Des centaines de pensées différentes se mêlaient à présent dans ma tête. J’étais partagé entre l’incrédulité, la surprise et le chagrin. Une boule se forma dans ma gorge. Il allait revenir, oui, il allait revenir. Papa ne pouvait pas mourir, c’était tout bonnement impossible. La tempête n’était pas si forte que ça, après tout. J’eus un rire ironique. Non bien sûr ! C’était d’ailleurs pour ça que tout Albion s’était cloîtré chez soi ! A mon sourire se mêla une larme.

Pourquoi ?! Pourquoi avait-il fait ça ?! C’était tout simplement insensé ! Je tombai à genoux sur le sol poussiéreux de la cabane. Je pleurais à présent. Maintenant j’étais seul, au milieu d’une forêt, sans personne pour me venir en aide. Mon papa était parti, il m’avait abandonné. Moi qui croyais qu’il m’aimait, voilà qu’il me laissait mourir. Je n’étais qu’un enfant, un pauvre petit enfant de dix ans !

Je portai ma main à mon visage pour essuyer mes larmes. Mais en même temps la fureur s’empara de moi et je me griffai la joue le plus fort que je le pouvais en grognant comme un animal blessé. Il m’avait laissé mourir ! Du sang ne tarda pas à se mélanger à mes pleurs. La douleur ne me soulagea pas le moins du monde. Elle ne fit qu’empirer la panique dans laquelle je me trouvais. Maintenant j’avais le visage qui me piquait affreusement. Gouttes de sang et larmes se succédaient pour venir s’écraser contre le sol. Ce fut ma seule occupation durant les minutes qui s’ensuivirent. Regarder ainsi les fruits de ma souffrance se relayer. Goutte de sang. Goutte d’eau. Goutte de sang. Goutte d’eau... Certaines se glissèrent entre mes lèvres. Cela avait un étrange goût salé. Une flaque écarlate se forma à mes genoux.

Mon père était-il perdu à jamais ? Car c’était la question qui me préoccupait le plus. C’était horrible de ne pas savoir si une personne qui nous était chère avait perdu la vie... Je jouais avec la flaque avec mes doigts. Un courant d’air venant du dehors fit glisser le liquide. Il coula entre les interstices du plancher. Je préférais observer ça plutôt que de penser à ma situation. Je passai des heures entières à me lamenter. Ou des jours. Je ne savais pas. A un moment la porte s’ouvrit avec fracas. Je sursautai, complètement sorti d’une sorte de transe. J’eus un espoir, un espoir qui me fit sourire et crier, enjoué :

_ Papa ? C’est toi ?!

Mais je n’eus rien d’autre comme réponse que le vent qui me narguait et la neige qui jouait avec moi. Mon sourire s’évanouit. Je répétais :

_ Papa ? Papa ? Réponds-moi...

Une soudaine envie de pleurer me reprit. Ma gorge était tellement serrée que je m’étonnais de pouvoir encore respirer sans difficulté. Je me recroquevillai sur moi-même, la tête dans les bras, toujours à genoux, et je sanglotai. Les flocons me chatouillèrent. La porte n’était toujours pas fermée. Mais je m’en fichais.

Suite à une bourrasque de vent, le feu s’éteint. Le cabanon devint sombre, inquiétant. Le froid commença à s’infiltrer. Mes mains me piquèrent, mes dents se mirent à claquer. Je logeai encore plus ma tête dans mes bras. De la neige commença à me recouvrir le dos. Le froid se faisait plus intense de seconde en seconde. J’étais bête. Pourquoi est-ce que je ne bougeais pas ? Il me suffisait de fermer la porte. De me lever, et de fermer la porte. Mais en même temps, cela valait-il encore la peine de survivre ?

Une sorte de sentiment étrange me prit soudain à cette idée. Comme de l’adrénaline. “Cela valait-il la peine de survivre” ? Je me demandais ça, moi ? Bien sûr que oui, ça en valait la peine ! Mon père était mort, j’en étais presque sûr. Mais je ne devais pas me laisser abattre. J’étais triste, mais est-ce que me donner la mort était la meilleure solution ? Sûrement pas. Que dirait maman quand elle verrait mon cadavre gisant sur le sol de la cabane ? Quand elle se rendrait compte que papa était mort, lui aussi ? Et moi, qui n’avais que dix ans, est-ce que je ne voulais pas continuer à vivre ? Si, bien sûr. Je me forçai à sourire et nettoyai le sang séché qui me parsemait le visage d’un revers de la main. Je me levai, la neige qui me recouvrait le dos tombant, puis refermai la porte en luttant contre le vent.

Quand la petite cabane fut close, tout me parut beaucoup plus calme. Même mon esprit fut plus clair. J’avais l’impression de m’être réveillé d’un long sommeil profond. Je balayai la pièce d’un regard nouveau. Un frisson me parcourut. Il faisait très froid. Il fallait que j’allume un feu... Je m’approchai de l’âtre et fis la grimace. Devant ces bûches, ce soufflet, ces pierres à feu je me rendis compte que je ne savais rien faire. Jusque-là je m’étais laissé porter par mes parents. Ils faisaient tout, mon lit, le ménage, à manger. Moi je n’avais que dix malheureuses années. Je n’avais aucune expérience. Je tentai tout de même quelque chose. Je plaçai deux bûches dans la cheminée en les recouvrant de brindille. Je me munis ensuite de la pierre à feu. Avant de l’utiliser je la retournai dans mes mains et l’admirai.

C’était quelque chose de rare, et je voyais bien que c’était précieux. D’après mon père (je refoulai mon envie de pleurer) c’était l’invention du même homme qui avait découvert le moyen de prévoir les gros changements de météo. Si je me souvenais bien il s’appelait Edgard Olswar. Tout le monde en parlait à Bowerstone, avant mon départ. Il était à l’origine de nombreuses révolutions dans lesquelles figurait le mini-canalisateur de magie. La pierre de feu était l'une de celles-là. Même les gens n’ayant aucun don particulier pouvaient se servir de magie, pourvu qu’ils aient un peu d’argent.

Je tentai donc d’actionner la pierre. Le temps de penser à cela, une gerbe de flamme jaillit du canalisateur et vint brûler le bois que j’avais mis. Je n’avais même pas visé. Il m’avait juste suffit de penser à la chose, et elle s’était produite. Un petit sourire se dessina sur mon visage. J’avais maintenant un avant-goût de la satisfaction que pouvait ressentir quelqu’un capable de maîtriser la magie. Et c’était vraiment jouissif. J’en oubliai presque mon père. Le feu s’éleva brusquement, et la chaleur m’agressa. Je m’éloignai rapidement de la cheminée, en m’affalant sur mon lit. La cabane semblait maintenant beaucoup plus rassurante, emplie d’une lueur orangée. La neige, entrée quand la porte était ouverte, se mit à fondre. Je ressenti un sentiment de bien-être intense. Je m’apprêtais à fermer les yeux quand mon regard se porta sur les parchemins de mon père. Ils étaient toujours là, sur la table. Certains étaient éparpillés un peu partout sur le plancher, aux alentours. Je me levai de mon lit bien chaud et accueillant, et pris une des feuilles au hasard. Je plissai les yeux, les forçant à ne pas se fermer sous la fatigue, et me mis à lire :

“que c’est un mal plus profond. Non, personne ne voudra le croire. Je sais que c’est quelque chose de bien plus ancien, quelque chose qui aurait existé dès la création d’Albion. Une chose profondément liée à ce monde. Il faut que j’y aille, il le faut. Ce n’est pas seulement ça. Je sens que le simple fait d’avoir découvert ceci me ronge. “Ca” m’attire. J’ai l’impression que quelque chose s’empare de moi petit à petit. Mais il y a encore des tonnes de mystère à éclaircir. Je touche au but, je le sens ! Concernant les ondes qui”

Les écritures s’arrêtaient là. Autour, il y avait d’écrit plein de calculs compliqués que je ne comprenais pas. Je m’emparai d’une autre feuille :

“admettre, Olswar est décidément ignoble. Je viens de découvrir le signe qu’il m’a envoyé par bourrasques. Il me nargue. Le même signe que j’ai découvert sur le tome intitulé “Le commencement” ou encore que j’ai retrouvé dans un livre parlant de la civilisation Girow est présent dans ses messages. Il sait que je sais. Mais il ne peut m’atteindre autrement que par moquerie. Ah ! Si je”

Puis c’était tout. Je retrouvai le même schéma que sur le précédent parchemin que j’avais lu. Autour de ces mots étaient tracés toutes sortes de lignes, de calculs, de pentacles incompréhensibles. Mais Olswar ? Que venait-il faire dans les recherches de papa ?

Je passai un temps qui me parut infini dans cette cabane. J’avais réussi tant bien que mal à me faire de la purée de blé tout seul, et j’arrivais à subsister à mes besoins. Mais qu’est-ce que c’était long... Qu’est-ce que je m’ennuyais... Mes vêtements étaient tous sales, couverts de poussières, de sang séché et autres détritus, comme du blé écrasé. Quelques araignées avaient établi domicile dans les coins du cabanon. Mes journées étaient toutes aussi monotones les unes que les autres. Moi, un enfant de dix ans, réduit ainsi à déprimer, coupé de tous les contacts extérieurs. Et cette neige qui n’en finissait pas, ce vent qui faisait toujours craquer les fondations de la cabane... Peut-être que certains auraient dit que je gagnais en maturité. Moi je pensais plutôt que c’était une expérience qui nous marquait à jamais, qui nous ébranlait au plus profond de nous-même. Et ça, c’était contre nature pour un petit garçon comme moi. A dix ans on voulait courir, s’amuser, prendre les choses avec légèreté. On ne voulait pas penser à notre prochain repas, à nos provisions de bois et à la mort. Oui, car je songeais de plus en plus à cette éventualité. A chaque fois que j’y pensais mon sang se glaçait et je sentais mon coeur battre plus fort que jamais. Mon père avait dit un jour que mourir de faim était la pire des morts qui puissent exister. Certes, pour l’instant je ne manquais de rien. Mais chaque jour, je voyais mes réserves s’amoindrir et chaque jour je craignais le pire. Que se passerait-il si la tempête durait une année entière ? Je devrais faire comme mon père et sortir. Sortir à la recherche de choses à manger. Et je mourrais sûrement. Comme lui...

D’ailleurs j’avais espéré qu’il revienne. Je me disais qu’il était peut être resté là où il était parti plusieurs jours, pour étudier les lieux. Mais ce vague espoir avait dépérit en moi, au fur et à mesure que je voyais mes réserves de nourriture faire de même. Le mauvais temps m’étouffait, m’enlevait toute joie de vivre. Ces nuages noirs de neige me pesaient. Le vent me déprimait. Et cette neige... Cette neige si incessante, cette neige qui me semblait infinie. Elle cognait encore et encore aux vitres, comme si elle espérait les casser. La froideur du paysage s’immisçait en moi et je finissais par en assimiler la lourdeur. J’étais las, tellement las.

Je ne comprenais rien aux rapports de mon père. J’avais tout lu, jusqu’à la dernière feuille, mais impossible de voir ce qu’il avait découvert. Il y avait cependant des choses récurrentes dans ses recherches. Mon père parlait souvent de la création d’Albion. Il évoquait aussi la magie ancienne de ce monde, et un cycle qui devait se perpétuer. D’après lui, quelque chose allait bientôt se passer. Quelque chose de très grave. Etait-ce pour cela qu’il avait dû partir ? Pour empêcher une catastrophe d’arriver ? Cela me semblait tiré par les cheveux, mais je préférais croire que mon père était mort en héros plutôt que bêtement. De plus, j’avais remarqué un signe qui apparaissait souvent autour des informations écrites de mon père. On aurait dit une sorte de croix. Une croix insérée dans une rosace étrange. Le nom d’Olswar n’était plus reparut. Mon père ne l’avait évoqué que deux ou trois fois. Il avait peut-être seulement été paranoïaque en pensant que le savant lui voulait du mal.  J’avais essayé de feuilleter un peu les livres que lisait papa pour ses recherches, mais c’était vraiment trop compliqué pour moi. Je savais lire, mais il y avait des tas de mots incompréhensibles. J’avais donc vite abandonné l’idée de comprendre ce que faisait mon père.

Les journées passaient donc. Elles défilaient, une par une, lentement. Trop lentement, à mon goût. J’étais usé. Je n’espérais même plus revoir un jour le soleil. Mes cernes se creusaient de plus en plus, bien que je dormis le plus souvent que je pus. La vie me semblait désormais vide et sans consistance. Plus aucune motivation, aucun but. Seulement manger, dormir, manger, dormir... Des actions répétitives et sans intérêt.

Cette nuit-là je m’affalai, une énième fois, dans mon lit, en ayant marre d’attendre quelque chose qui ne viendrait jamais. J'éteignais de quelques gestes mécaniques le feu pour économiser le bois. J’attendis, comme d’habitude, des heures et des heures, les yeux ouverts, la gorge sèche, avant de m’endormir sous le claquement du vent. Je fis des rêves peuplés des silhouettes fantomatiques de ma famille. J’étais dans le noir complet, et je les voyais bouger, se déplacer, tout autour de moi. Ce fut mon père qui s’approcha de moi. Son corps ondulait étrangement. Il tenait quelqu’un d’autre par la main, mais celui-ci était dans l’ombre. Papa fit quelques pas et me tendit sa main, celle qui était libre. Bizarrement je pris peur. Ce geste avait quelque chose d’effrayant. Ca me repoussait, m’horrifiait atrocement. Ce qui aurait pu être un simple rêve se transforma en cauchemar, seulement par un sentiment d’horreur de ma part. Mon père insista, m’invita à coup de tête à lui prendre la main qu’il me tendait. Mais moi je ne voulais pas. Je ne voulais pas ! Je tentai de bouger, mais l’ombre qui m’entourait m’avait comme ligoté les pieds. Elle flottait comme de la brume jusqu’à mes chevilles et avait un effet paralysant. Mon coeur se mit à battre dans la réalité. Il me fallait partir ! Mon père s’approcha encore plus. Désormais il n’était qu’à quelques centimètres de moi. Il me tendait toujours sa main, et moi je le regardais avec des yeux exorbités, comme si c’était le diable en personne. Soudain, mon regard se porta vers l’autre personne, qui était cachée. Celle-ci s’apprêtait à sortir de l’ombre. Elle fit un pas, deux pas. Son visage m’apparut clairement. C’était ma mère. Elle avait un sourire bienveillant qui semblait me dire de ne pas m’inquiéter. J’oubliai alors toute peur. Mon ventre se décontracta, et je souris à mon tour à ma mère. Puis, sans plus aucune hésitation, je saisis la main de papa.

Dès que j’entrai en contact avec sa peau, je sus que j’avais fait une erreur. Une terreur sans nom m’envahit. Je hurlai. La peur envahit le moindre pore de ma peau, la plus petite parcelle de mon corps. Je n’avais plus qu’une envie : partir. Le plus horrible c’est que ça me paraissait atrocement réel. Je me débattis de toutes mes forces toujours en hurlant. Mais impossible de me libérer de l’étreinte de mon père. Ma mère me regarda. Elle avait désormais la mine sérieuse. Elle m’observa comme une chouette, les yeux exorbités, en tournant la tête d’un côté. Puis elle sourit à nouveau. Mais son sourire n’avait plus rien de bienveillant. On aurait dit un monstre, une machine prête à tuer. Ses lèvres s’étirèrent jusqu’aux oreilles. Mes mains tremblaient, mes jambes flanchaient. Un filet de bave s’étira de la bouche de maman. Elle me parla ensuite, d’une voix étonnamment douce, qui contrastait avec les traits qu’avait pris son visage.

_ Tu vas devoir te débrouiller sans nous, d’accord ?

Je ne dis rien, tétanisé. Que voulait-elle dire par là ? Je voulus lui demander, mais ce ne fut pas nécessaire.

_ Car je suis morte, vois-tu, morte ! Me hurla-t-elle au visage, la voix rauque à présent. Morte !

Je ne savais pas pourquoi, mais je devinai que c’était la réalité. Sa voix était monstrueuse. Son ton diabolique. Je me mis alors à hurler, le plus fort que je pus. Plus fort que je n’avais encore jamais hurlé. La terreur me contrôlait à présent, je n’étais plus moi-même.

Je m’éveillai en sursaut, la respiration haletante. Mes cheveux étaient collés à mon front moite. Mes habits trempés de sueur. Je fus soulagé de voir cette pièce habituelle, ces mêmes meubles avec lesquelles je cohabitais depuis plusieurs mois. Plus jamais ça. Plus jamais... C’était le pire cauchemar que je n’avais jamais fait. Cette peur... Je n’avais jamais rien ressenti de tel auparavant. Je me pris la tête entre les mains en soufflant. C’était fini. Ce n’était qu’un rêve, un bête rêve. Ma mère n’était pas morte, mon père n’était pas un monstre. Tout ça n’était pas vrai ! J’essayai de me convaincre comme cela pendant quelques instants. Allez... Il fallait que je me reprenne.

Un bruit attira soudain mon attention. Non, pas un bruit. C’était différent, une impression étrange. J’avais la sensation qu’il manquait quelque chose qui était présent dans ma vie depuis ces derniers mois. Voilà, il manquait un bruit. Un bruit régulier, qui berçait mes nuits et qui rythmait mes journées. Comme un clapotement. Je réfléchis un moment, quand soudain la réponse vint à moi. La neige ! Le vent ! Je ne les entendais plus ! Ces craquements incessants, ces fracas entêtants ! Ils n’étaient plus là !

Frémissant d’excitation, je me précipitais vers la fenêtre. Là, plus de flocons ! Plus rien pour me gâcher la vue ! Je clignai des yeux plusieurs fois, comme pour me convaincre que c’était vrai. Mais c’était bien là. Ou plutôt, ça n’était plus là ! Je ris aux éclats. Puis je regardai à travers la vitre. Les arbres ne se balançaient plus avec colère. Le ciel n’était plus noir et lourd. Il y avait encore des nuages, mais un petit rayon de soleil perçait au travers. Tout paraissait beaucoup plus calme et paisible. Je vis un lapin bondir. Je ne pus m’empêcher de rigoler une deuxième fois. Une bouffée de joie m’envahit. La tempête était terminée !

J’ouvris la porte à la volée et me précipitai dehors. Mes pieds crissèrent sous la neige. L’air était délicieusement frais. J’inspirai profondément en profitant au maximum de mes premiers pas à l’extérieur depuis des mois. L’ambiance était magique. Les rayons de soleil filtraient à travers les arbres, et les effets de lumière étaient époustouflants. La lumière se reflétait un peu partout sur la neige et me rendait béat. Les ombres noires des arbres s’étendaient à l’infini sur la neige immaculée, les reflets des sinistres nuages se teintaient de scintillements éclatants, ce qui donnait un magnifique contraste. On se serait cru dans une oeuvre de grand peintre entièrement en noir et blanc.

Pour la première fois depuis une période qui m’avait paru durer des années et des années, j’observai réellement ce qui m’entourait. Tout me paraissait plus clair, plus net. Enfin j’étais sorti de cet enfer ! Enfin j’allais pouvoir retrouver ma mère, manger quelque chose de bon, et dormir dans un lit propre ! Je retrouvai soudain mon excitation d’enfant et ma joie de vivre. Je souris et me mis à courir le plus vite que je pus à travers les sapins. Sans autre but que de me dépenser le plus possible. Mon sourire se mua en un rire. Un rire innocent et niais. Je bondissais de tronc en tronc, le coeur désormais léger. La neige m’éclaboussait à chacun de mes pas. Je me répétai sans cesse la même phrase dans ma tête : la tempête était terminée ! La tempête était terminée ! C’était tout ce qui m’importait. Je ne savais pas où j’allais comme ça en filant, mais je m’en fichais. Je voulais partir le plus loin possible de cette cabane. Loin de ce quotidien monotone, de cet ennui affreux.

Je déambulai des heures et des heures comme ça, profitant de la moindre odeur, du moindre piaillement d’oiseau. Au bout d’un moment, les arbres se firent plus rares ou se muaient en simples arbustes. Je remarquai que j’approchai de la lisière de la forêt. Mes jambes commençaient à fatiguer, aussi fus-je soulagé d’approcher de la sortie. C’est ainsi qu’en traînant les pieds, j’émergeai de sous le couvert des sapins. Après l’euphorie, je me sentais courbaturé et fatigué. Mon ventre commençait à gargouiller intensément et j’avais froid aux pieds, la neige s’étant infiltré dans mes chaussures. J’arrivai à une plaine, lisse et blanche. Je m’assis tranquillement sur une souche d’arbre. J'entrepris d’enlever mes chaussures et d’en chasser l’eau glacée. Je restai longtemps là, à me reposer et à regarder les environs. Je remarquai que le ciel se dégageait petit à petit. Le soleil n’allait pas tarder à se montrer, à moins qu’il ne fasse nuit avant. Les pieds nus, je me prélassais, en pensant à des choses et d’autres. Ma mère allait être si contente de me revoir ! Mais... Un énorme doute m'envahit, en y pensant. Comment allais-je la retrouver ? Je ne connaissais absolument pas le chemin ! J’étais perdu en montagne, je ne savais où, en Albion. Ce monde était vaste, tellement vaste ! Je me rappelais avoir marché plusieurs jours avant d’avoir atteint la cabane, avec papa. Rien que cette clairière était trop grande pour moi. Je m’imaginais devoir en traverser des dizaines comme cela, pour finalement m’écrouler sur le sol neigeux. Si je ne savais pas où aller, je risquai rapidement de mourir de faim. Mourir de faim... Encore et toujours cette peur abominable. Elle me traquait assidûment et me prenait par surprise à chaque fois, tantôt camouflée sous les réserves de blé, tantôt me guettant sur ces vastes territoires blancs inhabités.

Je commençai à claquer des dents. A force de rester sans bouger, le froid avait fini par s’emparer de moi, lui aussi. Je m’emmitouflai dans mes propres bras, en serrant la mâchoire. J’avais été heureux, mais j’étais en fin de compte tout aussi perdu et voué à la mort qu’avant. Mon regard s’assombrit.

Tout à coup, me sortant de ma semi-dépression, des claquements se firent entendre, derrière une colline. Intrigué, je remis mes chaussures et me levai. De toute façon je n’allai pas rester là à ne rien faire, si je voulais avoir une chance de survivre. Je grimpai la côte. Mes jambes tremblaient ainsi que tout le reste de mon corps, mais peu m’importais. Arrivé au sommet, un spectacle s’offrit à moi. Un spectacle qui me redonna de l’espoir. J’écarquillai les yeux. J’avais vraiment une chance incroyable. Oui... Vraiment incroyable. En contre-plongée, se trouvait une route. Une route ! Je ressentis le même sentiment de soulagement que lorsque j’avais vu la tempête terminée. Puis mon regard fut attiré par ce qui avait produit le bruit. C’était une caravane, tirée par des chevaux. Mes yeux s’emplirent de larme. Enfin des gens ! Mais je n’eus pas le temps de m'attarder plus sur ce fait, car je m'aperçus que la diligence filait vers ma droite. J’allais bientôt la perdre de vue. Sans perdre plus de temps, je dévalai le versant de la colline qui descendait vers la route. La neige voltigeait autour de moi. Je glissai presque sur le sol. J'atteignis bientôt le sentier, tant bien que mal, puis me dirigeai le plus vite possible vers le chariot, en dérapant au tournant. Fort heureusement, le véhicule n’allait pas très vite. Ainsi, même si j’étais fatigué, je pus le rattraper en courant de toutes mes forces. Tout en continuant à cavaler, je fis de grands signes de la main en hurlant. Au bout d’un moment, le chariot freina, s’étant apparemment rendu compte de ma présence. J’arrivai, tout essoufflé, derrière la roulotte. Un homme en sortit, surpris. Il me dévisagea un moment puis me demanda :

_ Mais que fais-tu ici, jeune homme ?

Je soufflai quelques secondes, puis :

_ J’ai... j’ai été pris dans la... la tempête... et puis... et puis mon père... il est mort. Je... perdu...

Je m'arrêtai car les larmes me montèrent aux yeux en racontant cela. L’homme parut déboussolé :

_ Euh... Ecoute petit, je ne comprends pas bien ton histoire. Tu m’as l’air d’avoir souffert...

Une boule se forma dans ma gorge. Oh oui, j’avais souffert...

_ Je sais, tu vas venir un peu dans la caravane, je vais te faire une boisson chaude, tu me raconteras tout ça, d’accord ? Mais... Qu’est-ce qu’il y a ?!

Rien qu'en entendant ces paroles, j’avais éclaté en sanglot. Cet homme... Il était si bon. Si attentionné avec moi. Je n'avais plus l'habitude. J’avais enfin quelqu’un sur qui me reposer. J’avais passé tellement de temps à me débrouiller tout seul... Enfin je pouvais laisser tranquillement aller mes peurs et mes angoisses, évacuer mon stress. Tout allait bien maintenant. Une grande personne s’occupait de tout…


Dernière édition par Calendar Man le Mer 2 Oct - 22:27, édité 3 fois
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Bats
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MessageSujet: Re: Mon histoire   Mon histoire EmptyLun 30 Sep - 21:26

Je ne connais pas Fable, et ce n'est pas une ambiance qui m'intéresse. J'ai commencé la lecture car j'apprécie ton RP, et j'étais curieux de découvrir une histoire entièrement construite par toi.

C'est très agréable. Le style est bon, fluide, mais ça se sentait déjà dans tes RP. La construction de l'histoire est bonne, j'aime assez même si certains moments m'ont paru un peu lents, d'autres un peu rapides.

Bref, c'est très sympa', merci pour ce très bon moment !
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Harvey Bullock
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MessageSujet: Re: Mon histoire   Mon histoire EmptyMar 1 Oct - 13:50

Bravo pour ce premier chapitre, j'ai vraiment hâte de lire la suite. On perçoit particulièrement bien la détresse de ce petit garçon dans ton récit et ma curiosité est titillé par la disparition du père et l'avenir de ton héros. Continue Smile 
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MessageSujet: Re: Mon histoire   Mon histoire EmptyJeu 3 Oct - 22:01

Merci à vous pour votre réponse ! Je publie le deuxième chapitre. Chapitre plus rapide, plus court mais plus orienté vers le dialogue et, surtout, vers un nouveau personnage. Bonne lecture !

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Chapitre 2 : Un service qui ne se refuse pas

Horu se leva en tremblant et se dirigea vers le miroir. Il tenta tant bien que mal de rajuster sa cravate, imprécis dans ses gestes, puis se passa la main dans les cheveux. Il essaya de se donner un air confiant, digne de son statut de Maître de la Guilde. La personne qu’il attendait ne lui était même pas supérieure, et pourtant il avait des sueurs froides rien qu’à y penser. Il sursauta quand il entendit frapper à la porte. Il se racla la gorge.

_ Entrez, dit-il d’une voix rauque.

La porte s’ouvrit et laissa place à un homme, qui semblait avoir dans la quarantaine. Son crâne dégarni ne laissait apparaître que de rares cheveux. Son visage était assez banal, si on y écartait ses yeux pétillant de pouvoir et ses gros cernes qui lui donnaient un air d’extrême lassitude. Il était vêtu de riches étoffes et arborait de fines bottes en cuir. Cet inconnu était aisé. Tout dans sa personne indiquait qu’il ne manquait de rien. Il ne paraissait pourtant pas menaçant, et arborait au contraire un sourire chaleureux. Sourire qui semblait être très peu naturel chez lui.

_ Horu, c’est bien vous, je présume ? demanda-t-il en lui tendant la main.

Le susnommé la regarda un moment avant de la serrer avec vigueur. Du moins il voulut la serrer avec vigueur, car il trembla tout en effectuant son geste. L’aura même que dégageait cet homme était menaçante.

_ Vous semblez nerveux, fit remarquer le nouveau venu, sans pour autant cesser de sourire. Vous n’avez aucune raison, je vous le garantis.

Horu le regarda avec une expression de dégoût. Cet homme semblait se délecter de sa peur.

_ Je veux juste un peu... discuter, continua-t-il. Vous savez qui m’envoie, n’est-ce pas ?

_ Olswar... déglutit le Maître.

_ Oui, voilà... Il aurait juste un peu besoin de votre coopération, vous voyez ?

Horu fronça les sourcils.

_ Hum, allons-nous asseoir, vous m’expliquerez tout cela.

Tous deux s’installèrent à une table. A tous les coups cet inconnu allait lui poser des problèmes, pensa le Maître en s’efforçant de s’asseoir sans trembler.

_ Alors, je vous écoute, dit-il en se donnant de faux airs décontractés.

_ Bien... Comme je le disais donc, Olswar, mon employeur, a besoin de vous. Ou plutôt, il a besoin de vos héros.

_ Expliquez-moi.

Son ton avait été cassant. A cause de sa panique, il ne savait pas quel ton employer. Pourvu qu’il n’ait pas été trop sec. Pourvu que le serviteur d’Olswar ne le prenne pas trop mal...

_ Ah... Vous paraissez choqué que je demande l’aide de vos prodiges, fit celui-ci en interprétant les choses à sa manière.

Horu fut soulagé. Il ne s’était pas énervé. Il rajusta son col, une goutte de sueur perlant sur sa nuque. Vraiment... Pourquoi se rabaissait-il à ce point ? Cet homme était plus faible que lui, après tout il était le Maître de la Guilde.

_ Cela dépend. Si c’est pour une bonne cause, je suis prêt à vous écouter, sinon sortez d’ici, fit-il, bien trop vite pour être pris au sérieux, sur un ton qu’il voulait autoritaire. Son coeur battait à tout rompre.

Le sourire de  l’inconnu s’évanouit soudainement. Il crispa la mâchoire et foudroya Horu du regard.

_ Vous n’avez aucun pouvoir avec moi, articula-t-il.

Sous la menace, le Maître se tut. Cet homme... Il imposait sa volonté aussi facilement que s’il avait claqué des doigts. L’atmosphère de la pièce qui jusque-là avait été chaleureuse s’emplit d’une aura pesante. Horu se sentit se ratatiner à l’intérieur de lui-même. Il n’aurait pas dû provoquer ses foudres. Il s’en voulait affreusement. De toute évidence, il ne pouvait contester cet homme. Il était bien trop supérieur à lui. Rien que son regard le dissuadait d’articuler le moindre mot. Oui... il avait été bien bête de croire qu’il pouvait lui donner des ordres. L’homme se remit tout à coup à sourire. Le poids qui s’était formé sur les épaules d’Horu disparut aussi vite qu’il était venu. Il eut un étrange sentiment de liberté. Il dévisagea celui en face de lui, surpris. L’homme le regarda, apparemment satisfait.

_ Bien. Je vois que nous nous sommes fait comprendre.

Le Maître frémit, honteux de s’être fait ainsi marché sur les pieds.

_ Et pour répondre à votre question, oui, c’est bien entendu pour la bonne cause. Croyez-vous vraiment qu’Olswar soit maléfique ?

Le Maître hésita un moment, puis balbutia :

_ Non... non bien sûr...

Ce n’était pas ce qu’il pensait, cela s’entendait. Pour lui Olswar était un perturbateur, un savant qui mettait son nez partout là où il le pouvait. Il avait déjà inventé des pierres capables de canaliser l’énergie, ce qui donnait aux simples gens la capacité d’utiliser la magie. Cela déréglait l’équilibre des choses, d’après Horu. Tout le monde ne pouvait pas avoir la même puissance. Il fallait qu’il y ait des sauveurs ET des sauvés, des héros ET le peuple. Il ne pouvait en être autrement. Si le pouvoir était le même pour tous, le monde courait à sa perte, il le savait. Bien heureusement, ces canalisateurs étaient hors de prix, ce qui faisait que très peu de gens en possédaient. Il ne prenait tout de même pas Olswar pour un être maléfique, mais il ne l’appréciait absolument pas. Horu en était cependant remis à dire ce que l’homme en face de lui voulait qu’il dise, de peur de ressentir à nouveau ce sentiment d’infériorité.

_ On peut dire qu’Olswar a... des projets particuliers, poursuivit son employé.

Le Maître prit son courage à deux mains et demanda, plein d’inquiétude :

_ Je pourrais en savoir plus ?

L’homme sourit.

_ Je ne peux pas vous dire tout, cela va de soi...

_ Oui bien sûr... répondit le Maître à contre coeur.

Horu sentait que ses projets avaient un rapport avec la magie. Si Olswar voulait des héros, ce n’était pas pour rien. Ce savant n’avait pas le droit de toucher de si près à ce genre de chose ! Seule la Guilde des Héros le pouvait. C’était ainsi depuis toujours ! La magie était réservée aux Héros, un point c’est tout. Olswar se prenait pour quelqu’un qu’il n’était pas. Mais encore une fois, il ne voulait pas protester devant cet homme. Enfin, il ne pouvait pas. Tout son corps lui criait de ne pas l’agresser de quelque manière que ce soit. Il avait l’impression qu’il ferait quelque chose d'incroyablement tabou s’il contestait les idées de l’employeur de cet homme. C’était vraiment désagréable de se faire ainsi écraser par une simple présence.

_ Disons, en simplifiant les choses, répondit le serviteur, qu’Olswar a découvert quelque chose, et qu’il veut empêcher que cela arrive. Il va donc mettre en chantier une sorte de... Non... non, je n’ai pas le droit d’en dire plus.

Les yeux du mage brillèrent de curiosité.

_ Qu’a découvert Olswar ?

_ Je ne peux pas le dire. Il ne m’en a pas donné l’ordre.

Horu serra les poings. Il lui demandait un service et il n’expliquait même pas en détail en quoi il consistait ?

_ J’ai bien peur que ce ne soit pas possible, trancha-t-il, la colère le rendant plus à l’aise.

L’homme parut surpris. Il leva ses sourcils.

_ Oh vraiment ?

Le maître s’étonna à le narguer d’un sourire.

_ Vraiment. Si vous voulez bien disposer maintenant.

_ Je ne pense pas non plus que cela soit possible.

Le serviteur d’Olswar serra son poing et de la lumière bleue crépita. Il leva ensuite la tête vers le mage. Horu sentit la même sensation que tout à l’heure. La présence de l’homme l’écrasait tout entier. Si faible... Si insignifiant... C’était tout ce qu’il était... Non ! Il devait résister cette fois-ci ! Il méritait son statut, après tout. Si il l’attaquait et qu'il lui donnait un coup, son inconscient se rendrait bien compte que cet homme n’était pas surpuissant, ni invulnérable. Ca le libérerait sûrement de sa soumission. Mais arriverait-il seulement à lui porter un coup ? Cela lui semblait être le pire des blasphèmes. Et puis si cette personne arrivait à l’écraser, comme ça, rien que par la pensée, c’est qu’elle était très forte. Non ! C’était lui le plus fort. Il connaissait toutes les techniques de combat, avait appris toutes les dérivations de la magie dans le moindre détail. Il allait attaquer cet homme, c’était tout. Oui mais s’il résistait et qu’il le tuait ? C’était fort probable après tout... Horu se prit la tête entre les mains.

Le serviteur sembla amusé du dilemme qui faisait rage à l’intérieur du Maître. Un sourire sadique se dessina sur ses lèvres. Il se mit à canaliser tranquillement de la magie dans ses mains, tandis qu’Horu restait immobile, assis en face de lui, sous l’emprise de sa force mentale. Une lueur bleutée, électrique, apparut et grossit au fur et à mesure dans sa paume. L’homme prenait apparemment tout son temps. Quand la boule électrique eut atteint le diamètre d’un ballon, le serviteur la lança nonchalamment, d’un coup de poignet, sur le Maître. Celui-ci ne bougea pas. Il se demanda durant le temps qui lui restait si éviter la boule constituerait être un acte de rébellion. La sphère bleutée l’atteignit de plein fouet, et, dans une explosion qui fit voler les meubles alentours et qui délogea les lattes, le corps d’Horu fut projeté contre le mur de son bureau. Il retomba, le corps désarticulé, sur le sol couvert de débris. Il le regarda, d’un air hautain.

_ Encore un carnage d’Orbert, fit-il en riant.

Il fit demi-tour en sifflotant, le pas léger. Il s’apprêta à refermer la porte du bureau, mais ses pieds se prirent dans quelque chose et il tomba à la renverse. Sa mâchoire se cogna violemment contre le sol.

_ Pas encore... Orbert.

Le mage s’était relevé. Il était en mauvais état, mais il arrivait encore à tenir debout. L’attaque du dénommé Orbert l’avait sorti de son état. Il pouvait maintenant se battre. Il l’avait retenu avec des filets magiques, qui s’étaient enroulés autour de ses pieds. Orbert grogna et tenta de se relever. Horu le ligota aussitôt grâce à sa magie. Des fils noirs s’enroulèrent tout autour de son torse et vinrent se figer dans le plancher.

_ Tu te crois malin, Horu ? Tu crois me tenir longtemps immobile, comme ça ?

Celui-ci lui sourit. En guise de réponse, il désigna le plafond, d’un mouvement de tête. Orbert leva les yeux et s’aperçut qu’une armoire flottait juste au-dessus de sa tête. Il écarquilla les yeux. Ce salaud... Il l’avait fait léviter jusque-là. Un livre s’en échappa et le coin lui atterrit dans l’oeil. Il se secoua, de douleur. Puis, d’un geste, Horu laissa tomber le meuble sur son adversaire. L’armoire sembla détachée d’un fil invisible. Elle se tomba à toute vitesse vers Orbert. Le mobilier s’écroula par terre, dans un fracas abominable. La poussière vola un moment dans les airs Mais quand l’armoire détruite fut bien visible, Horu vit qu’Orbert avait disparu. Bien sûr... Il s’était téléporté. Et hors de la pièce, le lâche. Le mage n’y avait pas pensé. Il avait encore certaines choses à apprendre.

Celui-ci se dirigea vers sa chaise, pour se reposer, soulagé qu’un ennemi si puissant s’en soit allé. Mais avant qu’il n’ait pu s’y asseoir, un long doigt, fin s’immisça dans sa chair. Une horreur absolue s’empara alors de lui. Derrière lui... Il n’avait pas pensé à regarder derrière lui... La fine lame le traversa de part en part. Il eut le loisir d’observer, ébahit, l’arme qui lui avait ôté la vie. Elle lui passa au travers de son dos, perça son coeur et reparut, bien voyante, devant son torse. Il eut le temps de voir le moindre détail et de tout comprendre. Orbert... Orbert. Orbert ! Horu regarda longuement la lame qui dépassait. Bizarrement il n’avait pas mal. Il sentait son coeur battre, ses veines fonctionner, son cerveau s’agiter plus que jamais. Il se rendit compte à quel point son corps était une machine merveilleuse. Mais il fallait bien ça avant de mourir, pas vrai ? Se rendre compte à quel point la vie était magnifique et magique. Jusqu’à ce que la mort s’empare de nous et nous emmène à jamais avec elle. Jusqu’à ce que l’on ferme les yeux une dernière fois...
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MessageSujet: Re: Mon histoire   Mon histoire EmptyLun 21 Oct - 1:25

Chapitre 3 : Une nouvelle vie

Un rayon de soleil me força à plisser les yeux. A travers la fenêtre, je pouvais voir celui-ci montrer le bout de son nez, passant au-delà des nuages. J’étais assis sur un banc, dans la caravane. Celle-ci était immobile. L’homme à qui elle appartenait me fixait, le regard chargé de curiosité. Il était lui aussi assis, sur une chaise en face de moi. Je jetai un bref coup d’oeil aux alentours. L’intérieur de la roulotte était assez primaire, bien que très grand. Une toile blanche était tendue sur une structure en arc de cercle et il n’y avait à l’intérieur qu’une table, quelques chaises et un buffet. L’homme se racla la gorge, impatient. Je reportai aussitôt mon attention sur celui-ci.

_ Alors, mon petit, que fais-tu ici, en pleine montagne, et tout seul en plus ?

Sa façon de me regarder était étrange et peu engageante. J’avais plus envie de me taire qu’autre chose. Voyant l’appréhension sur mon visage, l’homme se pressa de sourire. Il ajouta :

_ Ta tisane est bientôt prête. Je pense que tu vas te sentir plus à l’aise après ça.

En effet, une casserole d’eau chaude fumait à côté de moi, sur la table. Je remarquai un canalisateur de magie, reposant près de celle-ci. Il devait sûrement servir à allumer le feu. Je fis d’une petite voix timide :

_ Vous devez être riche, monsieur, pour avoir ça.

L’homme haussa les sourcils en direction de l’objet puis fit la moue, comme si ça n’avait pas grande importance.

_ Je suis plutôt aisé, en effet.

Il y eut un silence. Mes mains étaient rouges, et je remarquai que le froid me quittait peu à peu. Cette caravane était plutôt chaleureuse, bien que très simple. On s’y sentait en sécurité. Je baillai et m’affalai sur mon banc. Je n’avais aucune envie de parler de ce qu’il m’était arrivé. Ce serait revivre les événements. Je ne voulais pas penser à cette petite cabane, ce plancher miteux, ce vent hurlant. Tout cela était pour moi symbole d’horreur et de souffrance. J’avais envie de tout oublier. Que l’on ne me reparle plus jamais de cet hiver affreux. Recommencer à sourire, en tassant tout cela dans un coin de ma petite tête.

_ Vous voyagez seul ? demandai-je, pour ne pas qu’il me parle d’autre chose.

L’homme parut surpris.

_ Oh... euh, non. Je croyais que tu avais remarqué, mais ma petite fille dort à ta droite.

Effectivement, il y avait un lit dans un coin, que je n’avais pas vu. Les draps se soulevaient au rythme de la respiration de la fille, mais elle était tournée, et je n’arrivais pas à voir son visage.

_ Elle a onze ans. Il faut la laisser dormir, le mauvais temps la fatigue. Je suppose que tu dois avoir le même âge, non ?

_ Non, j’ai dix ans, monsieur.

_ Je vois que tu es bien élevé, mon petit. Mais cesse de dire "monsieur" et appelle-moi plutôt Gorgu. C’est mon prénom.

Il sourit encore plus. J’eus l’impression qu’il me prenait pour un demeuré. Il me parlait comme à un enfant de cinq ans. Peut-être ne savait-il pas trop comment m’adresser la parole...

_ D’accord, Gorgu, répétai-je.

L’homme hocha la tête, avec entrain.

_ Voilà. Je pense que ce sera mieux. Et toi, quel est ton nom, petit ?

Je m’apprêtai à répondre, quand je vis Gorgu pousser un petit cri et s’éloigner du bord de la table. L’eau de la tisane était en train de déborder. Il souffla un bon coup sur le feu, et celui-ci s’éteignit.

_ Ah... Je crois que j’ai laissé la casserole trop longtemps sur le feu, dit-il en s’emparant d’une serviette pour essuyer l’eau qui avait coulée. Il oeuvra pendant un moment, puis se munit de deux tasses et m’en servit une.

_ Voilà ta tisane. C’est peut-être un peu chaud. Ne bois pas maintenant.

_ Merci...

Gorgu me fit un clin d’oeil. Décidément, je n’aimais pas sa manière de me traiter.

_ Dis, petit... Ecoute, je veux bien comprendre que tu ne veuilles pas me dire ce qu’il t’est arrivé, mais il me faut un minimum d’informations. Je ne connais rien sur toi.

_ D... désolé... Je n’ai pas envie d’en parler.

Je bus un peu de ma tisane, en ne prenant pas garde de ce que m'avait dit Gorgu, et me brûlai la langue. Je fis la grimace et évitai le regard de l'homme, gêné.

_ Bon... comme tu voudras.

Je regardai ma boisson briller sans dire un mot de plus.

_ Nous allons à Bowerstone, si cela t’intéresse de connaître notre destination. Tu peux rester si tu le veux, je vais m’occuper des chevaux pour reprendre la route.

Sur ces mots, il partit, la démarche saccadée, me laissant seul avec la petite fille endormie. Son ton avait été cassant, presque agressif. Je ne pouvais que le comprendre. Il ne connaissait absolument rien de moi, si ce n’est que j’avais dix ans. Et je ne voulais lui donner aucune information. A sa place j’aurais été en colère. J'étais même surpris qu'il veuille encore de moi. Il était vraiment gentil. Il fallait quand même que je lui dise que j’allais avec eux. J’avais une chance de tous les diables. Ils se dirigeaient vers Bowerstone ! Je me levai et passai ma tête par la seule ouverture pratiquée dans la toile. Devant moi, je vis Gorgu qui se dirigeait vers les chevaux. Je lui criai :

_ Je reste avec vous !

Il se retourna.

_ Bien !

Puis il poursuivit ce qu’il avait à faire, en m’ignorant fabuleusement. Je repassai ma tête à l’intérieur de la caravane et m’assis à nouveau sur le banc. Je me demandai combien de jours de trajet nous devrions faire. J’espérais que cela ne serait pas long, car je m’en voulais de la façon dont je traitais mon bienfaiteur. Plus ce serait long, plus longtemps je serais gêné. J'étais vraiment bête. Quitte à inventer une histoire, j'aurais pu au moins ne pas le décevoir. Oh, et puis, peu importe. L’essentiel c’était que je rentrais à la maison. Tant que ça ne durait pas des années entières... Je sentis le plancher trembler à mes pieds. La roulotte se remettait en route. J’entendis les sabots des chevaux claquer sur le chemin enneigé.

L’agitation sembla réveiller la fille. Elle se retourna dans son lit en marmonnant. Je la fixai, inquiet. Que ferait-elle si en se réveillant elle voyait un inconnu assis dans sa roulotte ? Je me fis le plus petit possible. Mes craintes se réalisèrent. La fillette s’étira, toujours en maugréant de sa petite voix, puis s’assit dans son lit. Elle se frotta les yeux en baillant. Quand elle les ouvrit, son regard se figea droit sur moi. Je reculai, effrayé.

_ T’es qui ? Demanda-t-elle simplement.

T’es qui ?” ? C’était tout ce qu’elle trouvait à dire ?

_ Euh, je suis... je... je voyage avec vous. Parce-que je me suis perdu.

Je devais paraître vraiment risible. L’explication que j’avais donnée était tout sauf compréhensible.

_ Ah... Très bien, fit-elle d’une voix endormie, ce qui ne manqua pas de m’étonner.

Ma réponse avait en fait l’air de la désintéresser complètement. Elle se leva cette fois-ci. Mes soupçons concernant la richesse de la famille se confirmèrent. Elle avait dormi dans des habits de velours rouge, fins et soyeux. Tout pour l’élégance. Pourtant elle les portait très mal. Sa démarche était traînante, elle faisait la moue et ses cheveux étaient en bataille. Elle se dirigea vers le buffet sans me jeter un regard de plus, et prit du pain ainsi que du fromage. Je la regardai faire, intrigué. Elle s’assit ensuite à la table en s’affalant littéralement puis entreprit de couper du pain. Elle se déchaînait comme une forcenée sur un misérable morceau, tentant en vain de le découper. J’ouvris la bouche pour dire quelque chose, puis me renfrognai. Cette fille était très... spéciale. Je l’entendis prononcer un juron, comme quoi elle n’arrivait pas à couper cette saloperie de pain. Et elle planta son couteau en plein dedans, avec une force assez incroyable pour une fille de son âge. Elle bouda, en croisant les bras.

_ Euh... Tu veux que je t’aide ? La consultai-je, hésitant.

_ Ouais. J’veux bien.

Elle ne dit rien de plus. Je déplantai le couteau et commençai à couper le pain.

_ Comment tu t’appelles ?

_ Eleor.

_ Ah, d’accord... Tiens. Voilà une première tranche de pain.

Tout en la déposant sur la table, mon regard s'arrêta sur le fromage. Sa vue me fit saliver. Je n’avais rien mangé d’autre que de la purée de blé ces derniers mois.

_ Je peux en prendre ? Fis-je en désignant la nourriture.

_ Sers-toi.

_ Merci.

Le sourire à la bouche, j’en pris une bouchée. Je fermai les yeux de contentement. C’était délicieusement bon. J’inspirai bien fort et en reprit aussitôt, en ressentant la même sensation. Enfin quelque chose d’autre que mon habituel repas ! J’en mangeai encore. Voyant mon contentement, Eleor eut un rire sec.

_ Ça va, c’est que de la nourriture. Pas la peine de te mettre à sourire comme ça.

Ces paroles me firent une douche froide, et je m’arrêtai dans mon engouement. Je me rendis compte à quel point je pouvais paraître ridicule à m’exciter pour du fromage. Je rougis. Puis je regardai Eleor. Je n’avais pas pris le temps de détailler son visage. Elle était assez belle. Du moins pour une fillette de onze ans. Mais ses cheveux décoiffés et sa moue permanente rendait le tout assez déconcertant. Cela faisait bizarre de voir ainsi un tel contraste sur un même visage. Je me dis que finalement je n’étais pas plus ridicule qu’elle qui s’énervait parce-qu’elle n’arrivait pas à couper du pain. Je continuai cependant à manger mon fromage, en prenant soin de le faire plus lentement et plus discrètement. Je ne voulais pas paraître bête devant elle, je ne savais pas pourquoi.

_ Dans combien de temps va-t-on arriver ? Demandai-je finalement.

_ 'sais pas. Deux ou trois jours j’imagine, répondit-elle, la bouche pleine.

Je soupirai. Ouf, ce n’était pas très long.

_ Et pourquoi allez-vous à Bowerstone ?

Eleor déglutit puis grogna en me regardant.

_ Parce-que papa a des affaires. Il doit vendre des trucs, et signer des papiers, et marchander. Enfin des affaires, quoi.

_ Ah, oui, je vois.

La fille continua à me regarder. Son regard me déstabilisait. J’avais l’impression qu’elle lisait en moi.

_ Pourquoi t’es monté dans la charrette, en fait ?

_ Et bien... c’est compliqué, je n’ai pas tellement envie d’en parler, marmonnai-je.

_ D’accord.

Je restai immobile. J’avais l’impression que si je bougeais ne serait-ce qu’un tout petit peu, je me ridiculiserais. Car elle me fixait toujours.

_ Au fait, t’as vu la tempête ?

Mon coeur fit un bond. Non, pas la tempête. Je ne voulais pas penser à cela. Les larmes me montèrent aux yeux, mais je les refoulai, ainsi que les souvenirs qui allaient avec. Enfin pas complètement.

_ Oui, je l’ai vue, dis-je simplement.

_ Elle était énorme quand même !

La neige battant aux fenêtres. Mon père mort. Les provisions baissant de plus en plus. Le vent faisant grincer la cabane. La cabane... Non ! Pas la cabane ! D’un mouvement d’oeil, je chassai tout cela de ma tête. Comme si le fait de faire quelque chose physiquement m’aiderait. Mais toutes ces images s’agrippaient à moi, tentaient de casser la barrière mentale que je m’étais créé. Elles s’infiltraient dans mon esprit, vicieuses, sournoises.

_ Oui, elle était énorme, fis-je, sans vraiment m'en rendre compte.

_ Dire qu’elle a duré une semaine de moins que prévu ! Je me demande si le système que les scientifiques ont inventé est vraiment performant.

Toutes ces ombres du passé me sortirent soudain de l’esprit. Une semaine de moins ? Mais j’avais passé au moins trois mois dans la tempête ! Cette fille se trompait, c’était sûr.

_ La tempête s’est arrêtée hier, tout juste, je te rappelle, fis-je, pratiquement sûr de ce que j’avançais.

_ Ah oui ? Et pourquoi mon père et moi sommes-nous parti il y a maintenant deux semaines, hein ? Tu crois vraiment qu’on aurait pu rouler par ce temps ?

_ D... Deux semaines ?!

_ C’est bien ça. Tu as l’air surpris, fit la jeune fille en haussant les sourcils.

_ Mais... la tempête s’est terminée hier...

Eleor souffla, désespérée.

_ Non elle s’est terminée il y a cinq semaines.

_ Je... Je suis sorti hier et ça venait juste de se finir.

_ Tu sais, si tu répètes toujours la même chose, ça va finir par me lasser.

Elle prit une bouchée de fromage puis continua :

_ La tempête a duré un mois et trois semaines, c’est à dire une semaine de moins que prévu. C’est tout.

Je ne trouvai rien à dire de plus. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Avais-je été victime d’une illusion ? Pourtant la tempête s’était arrêtée hier, j’en étais sûr et certain. A moins que je n’eus dormi plus d’une semaine, fis-je en riant intérieurement, ce n’était pas possible que je ne me sois pas rendu compte avant que les intempéries étaient terminées pour de bon. Non... La seule explication était que, dans cette montagne, la tempête avait duré beaucoup plus longtemps. Du moins c’était la seule qui me venait à l’esprit. Je pensai soudain à ma mère. Si ce qu’avait dit Eleor était vrai, alors elle avait dû nous attendre, moi et papa, au moins trois semaines sans que l’on ne revienne. Elle devait être morte d’inquiétude. Mais il ne fallait pas qu’elle s’en fasse. J’allais revenir. J’allais rentrer chez moi. On allait reprendre une vie normale. Du moins on allait essayer, sans papa... Les larmes me montèrent aux yeux une énième fois. Je m’efforçai de cacher ma tristesse. J’avais l’impression qu’Eleor était en train de m’analyser, comme si elle voulait juger si j’étais apte ou non à parler avec elle. Cela me pesait plus qu’autre chose. Je me levai de ma chaise pour aller dans un coin tranquille de la roulotte, essayant d’ignorer le regard d’Eleor qui me suivait. Mon ventre gargouillait toujours, mais je n’y fis pas attention. La caravane tremblait sous les irrégularités du chemin tandis que je m’asseillais dans l’ombre.
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MessageSujet: Re: Mon histoire   Mon histoire EmptySam 9 Nov - 13:04

Par manque de réponses et de commentaires je ne posterai plus aucun chapitre. Merci à ceux et celles qui ont lu le début.


Dernière édition par Calendar Man le Sam 9 Nov - 17:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mon histoire   Mon histoire EmptySam 9 Nov - 15:54

Dommage...
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