Commissariat de Gotham, 1h03

Nuit bien agitée que passait le commissaire ce jour-là. Les dossiers ne se terminaient plus et le pauvre vieux se demandait si au final, les crimes de la ville n'allaient pas plus vite que la vitesse d'administration qu'il avait. La pile sur son bureau ne faiblissait jamais, tel un titan de papier, elle semblait même grossir chaque jour. Le commissaire avait dû encore faire des heures supplémentaires pour essayer de finir une grande partie de son travail mais c'était d'un soupir mortel qu'il regarda l'heure sur sa montre. Il n'était pas loin d'une heure du matin avec toutes ces conneries. D'une humeur ravageuse, Andrew clôtura rapidement la farde en carton qu'il était en train de remplir. Un rapide coup de sceau du GCPD et hop ! C'était dans la boîte.

Le commissaire se leva durement de sa chaise et s'étendit comme quelqu'un qui venait de se réveiller, son dos craquant de toute part. Il bailla de fatigue puis alla s'emparer de son imperméable qu'il revêtit lentement mais sûrement. Une fois sorti de son bureau, il se retrouva dans le couloir noir du bâtiment, les lumières ayant été coupées pour "économiser le budget". Un rapide coup de clé ferma lentement la porte et laissa enfin à l'ancêtre la permission de rentrer chez lui dans le calme et le silence morbide de la nuit. En passant dans la pièce d'accueil, Andrew salua rapidement l'officier de garde pour cette nuit puis descendit rapidement les escaliers pour aller se réfugier dans sa voiture, la pluie annonçait déjà une nuit merdique.

Un claquement de portière métallique, un moteur vrombissant sur la route mouillé et il n'en fallut pas moins au vieux commissaire pour commencer son périple pour rentrer chez lui. Les essuie-glaces battaient la cadence, les lourdes gouttes de pluies tombant avec acharnement sur le véhicule du vétéran. Heureusement pour Andrew, les routes de Gotham n'étaient pas très fréquentées la nuit et laissait plutôt champ libre pour une petite pointe de vitesse risquée. Mais au final, il n'en avait rien à foutre de faire un petit excès de vitesse... Il était fatigué et même si il choppait un procès-verbal, il le ferait sauter sans remords pour la saloperie de poste qu'on lui avait refourgué. À quand une tâche sur le terrain ? On ne l'avait quand même pas engagé que pour remplir la paperasse...

Une fois rentré chez lui, le commissaire s'empressa de s'allumer son cigare du soir, ou plutôt de la nuit, et de s'enfiler le reste de la bouteille de whisky laissée sur la table. Le long liquide brûlant coula dans sa gorge comme un torrent de bonheur, quoi de mieux qu'un bon remontant avant d'aller se coucher. Le vieux rentra dans sa chambre et posa son cigare encore fumant dans le cendrier puis défit son nœud de cravate serrant son coup depuis bien trop longtemps. Il jeta ses chaussures en cuir dans un recoin de la chambre puis s'écroula sur son lit, la tête déposée sur son coussin moelleux. Petit à petit, il finit par oublier qu'il aurait dû enlever tout le reste et tomba dans les bras de Morphée, le cigare encore chaud et dégageant sa fumée nocive dans l'air frais de la pièce.

Appartement d'Andrew Blake, 7h00

Une lourde main s'abattit sur le réveil de la chambre. Son alarme raisonnant dans la boîte crânienne comme un bruit de trompette, comme un clairon de réveil à l'armée. Andrew grogna face à la ponctualité de l'appareil et ne souhaita qu'une chose : que de temps en temps il se trompe et rajoute une petite heure en plus, ce n’était pas énorme au final, une heure... Le vieux se releva difficilement de sa position puis remarqua au final qu'il était encore tout habillé de la tête au pied. Il jura contre lui-même et s'insulta d'une voix mal réveillée puis se dirigea vers sa salle à manger, histoire de se réveiller en douceur.

Un zombie erra pendant quelques temps dans les pièces de l'appartement, le pauvre homme ne sachant où aller déambula partout où il le pouvait avant de se rendre compte qu'il était temps pour lui de se faire un café bien fort et noir pour se mettre d'aplomb. Traînant des pieds jusque dans sa cuisine, il s'empara d'une tasse ainsi que de sa machine à café et mit une dose peu recommandée de poudre à café dans l'engin. Le long liquide chaud et noir sortit presque instantanément de l'autre côté pour aller se réfugier dans la tasse que le vieux porta tout de suite à sa bouche.

"Dégueulasse !" dit-il en crachant tout le contenu de sa bouche dans l'évier.

Mécontent de ses performances avec le café, le vieux déposa violemment la tasse sur le comptoir sans pour autant la casser puis se dirigea vers sa salle de bain histoire de commencer à se préparer. Il enleva enfin ses habits ayant trop servi puis prit une bonne douche brûlante pour faire passer le réveil difficile. Un petit rasage en bonne et due forme eut lieu pour ne pas ressembler à un homme des cavernes ainsi qu'un brossage de dents réglementaire. Une fois propre comme un sous neuf, Andrew jeta ses fringues dans la manne de lavage que reprenait la bonne chaque jour puis se dirigea vers sa chambre.

Il s'empara de son costume bleu puis s'habilla du plus correctement possible. Son téléphone était toujours sur la table de chevet. Le vieux se dirigea pour aller s'emparer de l'appareil puis remarqua qu'il avait reçu un message pendant la nuit. Numéro inconnu, c'était bien sa veine encore une fois. Il grommela comme à l'habitude puis ouvrit le fameux SMS avant de se rendre compte de son contenu plus que perturbant. Apparemment quelqu'un s'était occupé de Double-Face, le tyran de Park Row, et demandait au GCPD de reprendre les lieux. Peu importe qui avait envoyé ce message, il fallait être sûr de ses dires.

Andrew composa immédiatement le numéro du commissariat et tomba sur l'officier de garde, qui apparemment était encore en service à cette heure.

"Commissaire Blake à l'appareil, j'ai besoin d'un renseignement." fit-il d'un ton sec.
"Que puis-je faire pour vous aider commissaire ?"
"J'ai besoin d'un renseignement sur Harvey Dent, s'est-il passé quelque chose cette nuit ?"
"Nous comptions vous en parler à votre arrivée, les services d'Arkham ont retrouvé vers deux heures du matin le corps de Dent ficelé devant les grilles. Il y avait un message accroché à lui disant "Ce n'est que le premier". Un problème ?"
"Ne voyez-vous donc pas que celui qui a fait ça nous a donné carte blanche pour redorer notre blason ? Les hommes de Dent n'ont plus de chef, ils sont désorganisés ! Vous allez faire ce que je vous dis, écoutez-moi bien ! Appelez tous les policiers, même ceux en repos, je veux toutes les forces disponibles au pied levé d'ici une heure. Mettez juste assez de personnes pour assurer l'ordre dans le reste de la ville. Le gros de nos forces commencera le ratissage à partir de Otisburg nord mais je veux des unités qui démarrent depuis Blackgate et l'asile pour prendre en tenaille tous les hommes de Dent ! Appelez les forces spéciales, le SWAT, tout ce qui est possible ! J'attendrai à la frontière entre Otisburg et Park Row et dirigerai l'assaut depuis ce point. Envoyez un capitaine ou un gradé s'occuper de l'assaut depuis Blackgate et Arkham, c'est un ordre !"
"Bien compris commissaire, je lance l'appel général dès maintenant."

Le commissaire descendit les escaliers de son immeuble à une vitesse prodigieuse pour son âge puis sauta dans sa voiture pour arriver sur les lieux le plus rapidement possible. C'était le moment tant attendu, le GCPD allait passer à l'action !

Frontière entre Otisburg Nord et Park Row, 8h12

Les premiers camions des forces spéciales débarquaient déjà leurs hommes sur les lieux quand le commissaire arriva. Le vieux sourit en voyant l'efficacité déployée suite à son ordre, c'était le branle-bas de combat. Les armes furent distribuées et les voitures de polices arrivaient peu à peu et garaient leur voiture en ligne. C'était tout Park Row qui était mis en quarantaine aujourd'hui. Les barrages se dressaient avec le matériel disponible, tout le monde était sur le qui-vive en voyant Andrew passer dans les rangs. Le vieux se dirigea devant le gros des troupes et s'empara du mégaphone que lui tendit un gradé des forces spéciales.

"Je vous ai fait appeler aujourd'hui pour une raison bien particulière. Comme vous le savez tous, Park Row est rongé par l'influence de notre ancien procureur Harvey Dent ainsi que par ses hommes. Trop de civils subissent les exactions de ce pitoyable et odieux gang sévissant dans la zone. J'ai reçu cette nuit un message disant que Double-Face s'était fait avoir et la chose est vraie, le scélérat est enfermé à Arkham à l'heure que nous parlons. Une centaine de ses hommes restent cependant encore dans la zone et travaillent encore pour lui. Je sais que ce que je vous demande est dangereux et que je ne peux pas promettre votre sécurité pendant l'opération. Mais j'aimerais vous poser une question ? N'est-il pas juste de se battre pour ce qui nous appartient ? Pour la sécurité que notre ville mérite ?"

La plupart des hommes commencèrent à se regarder sous le discours de Blake. Certains ne savaient pas trop quoi penser, ils étaient perplexes. Peu d'entre eux avaient déjà vraiment participé à un événement aussi intense qu'une guerre ouverte contre un des pires gangs de la ville. Certains cependant acquiescèrent face au discours du commissaire. Le silence fut brisé par un applaudissement d'un des flics présent, l'applaudissement en créant un autre et ainsi de suite. Bientôt tous les policiers et forces spéciales en face d'Andrew se mirent à l'applaudir avec détermination.

"Je vous demande de ne pas abattre les hommes hormis si ils ripostent, ils y a peut-être encore des civils dans les quartiers à l'heure où je vous parle. J'ai disposé des unités qui démarreront d'Arkham et de Blackgate pour prendre en tenaille toutes les forces de Dent dans la région. Mes ordres ont d'ailleurs été transmis des deux côtés, je veux que ça soit clair, net et sans bavure. Montrons à cette ville qu'il n'y a pas que le Batman qui peut faire régner l'ordre et la justice !"

Les policiers commencèrent à armer leurs armes et à se mettre en ligne pour débuter le grand ratissage. Andrew quant-à-lui s'empara d'un gilet pare-balle ainsi que d'un fusil d'assaut puis se retourna vers le gros des forces présentes.

"Commencez !"

L'opération était lancée, Park Row serait bientôt délivrée du joug impitoyable de ce maudit schizophrène tyrannique.

Spoiler:

Les rues semblaient désertes, rien aux premiers abords du quartier. Cela semblait normal dans un sens que toute cette bande de racaille se soit replié vers une position plus facile à défendre, même un gamin aurait compris ça. Au Vietnam, Blake avait eu l'habitude de goûter à cette façon de combattre, c'était un habitué de la chose au final. On se plaçait à cinq dans une position retranchée et de là on pouvait flinguer une bonne trentaine de Viet qui vous fonçaient dessus tête baissée. Mais ici ce n’était pas des bridés que la bande de l'ancien juge avait en face d'eux, c'était une armée de flics entraînés et dirigés par un maître de la guerre en personne. La soirée promettait d'être amusante.

Au loin on pouvait voir les premiers rayons du soleil se lever dans la brume gothamite, le tout accompagné du célèbre vent froid matinal. La plupart des flics d'ailleurs avaient sorti leurs manteaux rembourrés pour ne pas subir de pénalités dues à la température, un choix sage. Au-dessus de toute l'escouade de Blake, on put rapidement voir deux hélicoptères survoler les environs et faire des aller-retour pour informer le commissaire des agissements ennemis. Andrew quant-à-lui essayait de diriger du mieux qu'il le pouvait l'affaire, il fallait limiter la perte de flics pour faire bonne figure, surtout qu'avec les temps qui courraient, c'était dur de regarnir les rangs.

"Commissaire, on a un groupe envoyé par la mairie à la barricade, qu'est-ce que je fais ?" fit une voix dans le talkie-walkie de Blake.
"Demandez-leur de s'identifier et si ils ne veulent pas vous me les virez à coups de pompe dans le cul." répondit sèchement le commissaire.
"Passez-moi ce transmetteur vous et laissez-moi parler à votre supérieur." reprit une voix différente dans l'appareil. "Commissaire ? Je me présente Ari Bodnar, dirigeant de la SMP Amaranth Inc. La maire nous a fait dépêcher sur les lieux pour vous aider contre les troupes de Dent. Ai-je la permission d'entrer avec mes hommes et de vous rejoindre ?"
"Si c'est mademoiselle Head qui vous envoie, je ne voudrai pas la contrarier de nouveau. Rejoignez-moi à l'angle de l'avenue Bron Street."

Le commissaire donna l'ordre de s'arrêter à tous les hommes qui étaient avec lui et leur donna rapidement l'ordre de se disperser dans la grande avenue menant au tribunal. Au loin, on pouvait déjà voir la plupart des criminels courir de droite à gauche pour former un périmètre de sécurité. Apparemment, la vue de l'immense corps de police présent en ce jour ne les ravissait pas tant que ça. Après quelques minutes d'attentes, une quinzaines d'hommes extrêmement bien armés se présentèrent en face de Blake, leur chef en tête de peloton. L'homme fit un rapide geste de la main pour disperser ses hommes puis se mit seul à côté d'une voiture en ruine avec le commissaire.

"Je suis impressionné Monsieur Blake, c'est un véritable travail de professionnel que vous nous faites là. Pas étonnant pour un vétéran de l'armée américaine, vous avez le profil d'un véritable Artiste à première vue." fit-il d'un ton narquois au vieux.
"Je ne suis pas là pour recevoir vos remerciements et vos félicitations Bodnar, vous êtes ici sous mes ordres c'est clair ? Vos hommes s’occuperont des maisons à l'Est puis rejoindront le point de ralliement devant le tribunal. Est-ce clair ?" dit brutalement Blake face à la fourberie de l'homme.
"Très bien Monsieur le commissaire, je donne tout de suite l'ordre Monsieur le commissaire !"
"Et une dernière chose, je sais que la maire vous a donné mon autre identité mais je vous promets que si vous continuez à jouer à ce petit jeu-là, vous danserez les tripes à l'air avant la fin du printemps. Je me suis fait comprendre, Monsieur Bodnar ?"

Le chef du corps armé haussa les épaules pour montrer son indifférence au commissaire puis prit le contrôle de ses troupes et les dirigea bille en tête en position près des ennemis. Blake donna rapidement l'ordre d'avancer à toutes les compagnies puis fit un point d'arrêt, à la fois assez prêt pour observer les alentours et à la fois assez loin pour éviter les tirs. Il changea rapidement la fréquence de son talkie et le redirigea vers la premier hélicoptère en couverture au-dessus de lui.

"Faucon 1, vous me recevez ? Ici le Commissaire Blake."
"Faucon 1, bien reçu."
"Rapport de l'état des défenses ennemies Faucon 1."
"Le gros des forces est dans votre avenue en position dans les bâtiments. Plusieurs mitraillettes lourdes aux étages et des gardes armées d'AK-47 sur les toits, pas de signe de sniper pour le moment. Pareil pour les unités au nord mais la poche de résistance est moindre. Une grosse partie des forces ennemies est cependant repliée dans le tribunal à tous les étages. Rapport terminé."

Le commissaire se mit à réfléchir quelques instants, il fallait débusquer ces rats et les enlever de leurs bâtiments avant de prendre d'assaut le tribunal. Heureusement pour lui, il y avait beaucoup de forces spéciales dans le corps réquisitionné et cela était de bons augures pour la suite des opérations. Le commissaire s'avança vers le groupe spécial du SWAT et s'adressa directement au capitaine, un jeune homme apparemment.

"Je vous veux dans l'hélico le plus vite possible, vous débarquerez sur les toits en haut de nous et ferez une progression jusqu'aux bâtiments ennemis. Je veux un nettoyage complet de la zone dans tous les recoins, on n’est pas là pour faire les choses à moitié. Evitez les pertes, si ils se montrent trop menaçants, vous pouvez tirer pour tuer. Vous serez appuyés par Faucon 1 et l'Amaranth Inc. au sol, je vous veux dans maximum une heure devant le tribunal. En avant, on se bouge ! Go go go !"

Il changea un nouvelle fois la fréquence de son appareil et se mit à donner les ordres aux compagnies situées au nord de la zone.

"Compagnie Alpha et Beta, je veux que vous nettoyez les bâtiments en face de vous et que vous contourniez la zone pour prendre par surprise les hommes situés dans le tribunal. Je répète, si les ennemis se montrent trop menaçants, tirez pour tuer. Vous serez appuyés par Faucon 2."

Une fois tous les ordres donnés, il prit le gros des forces de police basiques puis se dirigea vers le quartier ouest pour y mener son combat. La masse de policiers avançait arme au poing, prêt à en découdre avec tous les crétins situés dans ce quartier de la ville. Ce matin, il n'y aurait pas d'autres possibilités pour la bande de Double-Face que de se rendre ou de périr en défendant les idéaux malades d'un schizophrène. Cette ville en avait assez de la folie environnante, il était temps d'y mettre un terme.

Les policiers étaient toujours en marche dans les rues de Park Row, ils ne tarderaient pas à arriver à la grande avenue qui menait au tribunal Solomon Wayne, l'ancien repère de Double-Face. James aurait adoré appréhendé ce misérable criminel de ses propres mains, mais quelqu'un s'en était déjà chargé à ce qu'il avait compris. Sûrement encore un de ces putains de justiciers, il y en avait de plus en plus, certains faisaient des exploits, mais certains citoyens, fascinés par ces exploits, essayaient eux aussi de lutter contre le crime en voulant devenir eux-aussi des "justiciers". Au final, on les retrouvait, le lendemain matin, morts avec une balle dans la tête . Non ! C'était à la police de luter contre la criminalité de Gotham, c'était les seuls habilités à le faire et cela devait rester ainsi.

Les rues étaient pratiquement désertes, on pouvait voir quelques familles quittaient leurs maisons en remontant les rues pour fuir vers Otisburg Nord avec quelques objets de valeur, comme s'ils croyaient que le quartier allait être raser de la carte. On pouvait lire la peur et le désarroi sur les visages des personnes qui fuyaient. Par mesure de sécurité, des flics les arrêtaient et les contrôlaient, les criminels étaient en mesure d'employer des techniques bien fourbes lorsqu'il était question de quitter le navire, il fallait donc mieux être prudent et les fouiller pour voir s'ils avaient une arme sur eux. Le reste des habitants du quartier étaient probablement restés chez eux, ne voulant pas s'exposer au risque qu'ils encouraient, s'ils allaient à l'extérieur. D'autres, ceux qui avaient le sommeil léger, devaient être encore en train de dormir, ne se doutant de rien. James put quelques personnes se mettre à leurs fenêtres pour observer l’impressionnante force de police qui marchait pour reprendre le contrôle du quartier.

Le soleil se levait doucement sur Gotham, les rayons de celui-ci fendant la légère brume matinale qui s'était formée. Le vent froid matinal était de la partie, cela ne compliquait pas forcément la tâche aux policiers, en tout cas les forces du SWAT n'avaient pris aucune mesure contre cela, ils avaient l'habitude d'intervenir sous des déluges de pluie, des tempêtes de neige et des bourrasques de vent impressionnantes. S'ils devaient attendre un temps clément pour pouvoir arrêter les criminels, ils en choperaient qu'un tous les 10 ans. Certains flics avaient sortis leurs manteaux rembourrés pour ne pas souffrir du froid, James trouvait que c'était plus une gêne qu'autre chose dans une telle situation. Ils purent voir les hélicoptères qui faisaient des aller-retours au dessus d'eux, allant plus en avant pour observer comment s'organiser l'ennemi.

Le commissaire donna l'ordre aux flics de stopper leur marche, alors qu'ils venaient d'arriver dans la grande avenue, c'était là que tout allait commencer et que tout allait se compliquer surtout. Plus loin dans l'avenue, on pouvait voir des criminels, certains l'arme la main , qui courraient de droite à gauche, formant des positions de tir "fortifiés" avec ce qu'ils leurs passaient sous la main. Mais difficile de voir ce qu'ils avaient comme arme vu d'ici avec la brume. James vit des hommes extrêmement bien armés et équipés, comme le SWAT, arrivés et se diriger vers le commissaire pour avoir uns discussion avec lui. A l'écart, la conversation s'engageait dans l'escouade Delta:

"- C'est qui ces gars ? Je les ai jamais vu au poste moi..." demanda Jenkins, le flic baveur.
"- T'étais pas là au discours du maire ou quoi ? C'est les gars d'Amaranth Inc, envoyés par la Mairie et travaillant pour notre chère Maire" répondit , simplement, le capitaine.
"- Cela nous fera pas de mal un peu de renforts, on risque d'en baver là-bas!"
"- Non, c'est rien que des putains de mercenaires ! Il n'y a que l'argent qui les intéresse et rien d'autre, ne leurs faites pas confiance..."

James n'aimait pas ces sociétés militaires privés, leurs employés n'étaient que des mercenaires, intéressés par l'argent et pouvant réaliser même les actions les plus ignobles pour recevoir leur paye à la fin du mois. Les mercenaires se mirent en tête devant les flics, cela faisait encore plus rager James, ils voulaient faire les malins, il attendait de voir ce que ça donnerait quand ça commencerait à tirer dans tous les sens. Les flics avancèrent encore un peu pour que le commissaire puisse analyser un peu plus la situation. Après que celui-ci est contacté les hélicos en vol, il vint vers les forces du SWAT. Ils voulaient qu'ils avancent parallèlement à l'avenue depuis les toits pour dénicher les criminels qui s'y étaient installés et pour neutraliser ceux aux fenêtres des appartements. Ils avaient une heure pour arriver devant le tribunal, top chrono ! Une fois les ordres donnés, ils purent s'en aller.

"- A vos ordres, commissaire !"

Les 3 escouades du SWAT s'étaient réunis autour du capitaine pour recevoir les ordres:

"- On fait comme a dit le commissaire ! Deux escouades iront sur les toits et dénicheront les pecnos qui s'y sont installés, ainsi que ceux dans les étages. Vous fournirez un appui-feu aux unités au sol si nécessaire. Trouvez une bonne couverture et évitait de tirer à découvert. S'ils ne se rendent pas et qu'ils vous canardent, vous avez l'ordre de tirer pour tuer. La troisième escouade restera au sol . On y va, messieurs !"

Ceci dit, les escouades du SWAT se dispersèrent. L'escouade Delta et Echo firent marche arrière dans l'avenue pour se rendre dans un endroit un peu plus dégagé où l'hélicoptère , dit Faucon 1 pour l'opération, avait pu se poser. Ils passèrent rapidement aux fourgons où ils prirent deux lance-grenades Milkor MGL qu'ils remplirent avec des grenades lacrymogènes. Une fois qu'ils avaient fait cela, ils purent se rendre à l'hélicoptère. Malheureusement, il était trop petit pour accueillir les deux escouades simultanément . L'escouade Delta passera en première et Echo ensuite. James expliqua son plan au pilote et grâce au talent de celui-ci, ils furent rapidement dans les airs. James se plaça sur le flanc droit de l'appareil, pendant qu'un autre flic prenait l'autre flanc, ils avaient chacun un lance-grenade. Puis l'hélicoptère fit demi-tour une fois à la hauteur du tribunal pour se rendre vers la force de police qui avançait dans l'avenue. Le pilote fit voler son appareil à plus basse altitude comme l'indiquait le plan. Dès qu'ils commencèrent à voir les criminels sur les toits, ils lancèrent leurs grenades lacrymogènes; cela les gênerait bien. Ils en lancèrent 4 sur chaque toit et en tirèrent 2 sur les criminels au sol qui faisaient face aux flics "basiques. Cela leurs permettrait d'avancer plus facilement.

Un peu avant d'arriver à la hauteur de la force de police, l'hélicoptère se stoppa et l'escouade Delta fut hélitroyé ( à la corde) sur le toit à droite des flics basques. Ils prirent position en prenant comme couverture des conduits d'aération, des cages d'escalier,etc...Ils attendirent ,que l'escouade Echo fut hélitroyé sur l'autre toit, pour avancer. Ceci fait, ils avancèrent un peu jusqu'à voir des silouhettes armés à travers le nuage de fumée produits les grenades lacrymogènes. Le SWAT se mit à couvert, assurant leur position de tir, puis le capitaine leurs cria:

"- Posez immédiatement vos armes à terre ! Ou nous serons contraints de tirer !"

La tension augmentait à chaque pas de l'armée policière. Pas à pas, tout le monde pouvait ressentir dans l'air cette atmosphère pensante, presque malsaine pour ainsi dire. Du côté de la rue principale et des bâtiments ouest, les deux partis se regardaient impatiemment sans savoir qui serait le premier à lancer les hostilités. Sans leur chef pour les diriger, les troupes de Double-Face entreraient très vite en déroute et la plupart mettrait rapidement genoux à terre, c'était indéniable mais cependant la plupart des hommes étaient trop instables pour comprendre qu'ils devaient se rendre. Blake savait pertinemment que ce genre d'animaux n'abandonnait pas si vite, loin de là. C'était pareil au Vietnam, la victoire ou la mort, un signe de bravoure ou de pure folie mais laissons les analyses aux psychologues pour le moment.

L'hélicoptère nommé Faucon 1 mena à la perfection la mission qui lui avait été confiée puis après s'envola de nouveau dans le ciel gothamite pour quadriller la zone et servir de soutien grâce à des tirs de suppression en cas de problèmes. Patient - pour une fois - le commissaire en profita pour donner des ordres à ses escouades, chacune avait des points de couverture bien spécifiques, vieux réflexe de l'armée et cependant réflexe vital. Trop de gens entassés au même endroit peut avoir des répercutions catastrophiques en cas d'explosion ou de mitraillage intensif. Après environ deux minutes à chuchoter avec les différents chefs d'escouade, le commissaire fit un signe à un homme des unités spéciales, ce dernier armé d'une lance-grenade multifonction. L'homme se dépêcha d'accourir, tout en se couvrant minutieusement, vers le commissaire puis s'arrêta en se collant contre un mur de manière à ne pas prendre une balle. L'homme releva brièvement son casque anti-émeute puis fit un signe de tête au commissaire pour lui montrer qu'il était prêt.

"À vos ordres Commissaire." dit le policier avec son éducation presque parfaite de l'école la plus proche.
"Le premier bâtiment sur notre droite contient une belle brochette de demeurés, je veux un tir chirurgical avec une grenade lacrymogène par la fenêtre. Vous prendrez ensuite la tête de dix de vos hommes et ferez une percée dans les défenses de l'immeuble, compris ?" demanda Andrew d'un sérieux stratégique.
"Compris, en attente de votre décompte."
"Lancez les hostilités, nous avons assez attendu ainsi. N'oubliez pas, pas de morts inutiles dans les rangs ennemis. Tirez pour tuer s’ils ripostent, les ordres sont les ordres. EN AVANT !"

Le bruit sourd de lance-grenade sonna le début de la guerre de Park Row. On put entendre dans la bâtiment le bruit métallique du roulement de grenade avant d'ensuite entendre le son du gaz s'échappant de l'objet. À peine cinq secondes après le lancement de l'opération, les forces spéciales sortirent un petit bélier et défoncèrent la porte de l'immeuble avant de rentrer dans le bâtiment, tous armés de fusils d'assaut modernes et sophistiqués, c'était de la bonne qualité. Le reste des policiers reçurent l'ordre d'avancer dans la grande rue pendant que le gros des services spéciaux s’occupait des bâtiments. La partie semblait loin d'être gagnée quand en face on remarquait déjà l'amoncellement d'une quarantaine de soldats armés de kalachnikov et autre fusils bas de gamme.

Le commissaire fit un geste d'arrêt puis donna l'ordre à toutes les unités présentes de se mettre à couvert, déjà les premiers tirs retentissaient de la part des hommes de Dent. La plupart des tirs restaient cependant imprécis et ne touchaient guère plus que la tôle froissée des voitures en ruine présentes dans la rue. Une fois tous les policiers sain et saufs et surtout à couvert, Blake donna l'ordre de riposter et là commença véritablement la guérilla urbaine à l'intérieur de Park Row. Armé de sa M16 et couvert grâce à son gilet, Andrew se remémora tous les grands moments de l'armée puis émit un léger sourire en entendant une balle fuser à côté de son oreille. Enfin, il retrouvait son domaine, son milieu de prédilection.

La plupart des policiers n'était pas habitués à entrer dans de tels conflits et donc se laissaient prendre au piège de la peur et de la panique. Les tirs venant des deux côtés étaient presque inefficace voire même inutiles, seul les vétérans arrivaient de temps à autre à atteindre une épaule ou une jambe mal placée. Le commissaire tenta tant bien que mal de se rapprocher de la ligne de conflit, bougeant de couverture en couverture avec une efficacité sans pareille. Il se colla rapidement à une ancienne Ford brûlée, à côté d'un blanc-bec tout droit sorti de l'école la plus proche. Le vieux pouvait décrypter dans son regard l'angoisse de la situation mais le jeune, fougueux qu'il était, décida de montrer au commissaire sa bravoure en sortant de sa couverture et en se mettant totalement à découvert. Après deux trois tirs maladroits de pistolets, une balle de fusil d'assaut rafla son coup, ouvrant légèrement une de ses artères et laissant s'échapper une large coulée de sang. Blake bondit aussitôt sur le gamin et le plaqua violemment au sol.

Le gamin gueulait de toute ses forces, il ne savait pas ce qui allait lui arriver. Il gigotait de droite à gauche, augmentant son débit sanguin et faisant encore plus pisser le sang de sa plaie. Après quelques secondes à essayer de le canaliser, Blake attrapa fermement son bras et le colla sur le trottoir pour l'empêcher de bouger puis commença à crier dans le vacarme de la fusillade.

"UN MÉDECIN ! J'AI BESOIN D'UN MÉDECIN ICI !" cria-t-il tout en essayant d'appuyer sur la blessure sanguinolente.
"J'vais crever commissaire ! Dites-le que j'vais crever ! C'est fini, j'ai encore fait le con ! Tout est foutu !" bafouilla le jeune flic tout en laissant s'échapper ses larmes.
"Mais boucle-la toi ! Même ma grand-mère ne crèverait pas de ça ! T'es une fiotte, c'est ça ? Est-ce que t'es une fiotte ?" demanda d'un air amusé Blake au jeunot.
"Non m'sieur... j'suis pas une fiotte ! Je vous l'jure m'sieur !"
"Alors tiens ta plaie et attends la venue du médecin, je continue mon avancée ! Courage gamin, c'est juste du sang ! Enfin... ton sang." conclut rapidement Andrew tout en remarquant un des policiers infirmiers qui avançait à travers les tirs ennemis.

Le vieux continua son parcours du combattant, chaque pas était accentué par le sentiment de pouvoir être touché à tout moment, surtout de par la carrure imposante du commissaire. Après avoir senti plusieurs fois des sifflements de balles et des coups de vent frôlés son corps, Blake arriva à une épave de camionnette où était disposé un flic des forces spéciales. Le commissaire regarda rapidement sur les côtés pour y déceler une faille puis remarqua que les hommes de Dent commençaient à s'entre-tuer dans le bâtiment à sa droite. Il remarqua aussi les escouades se rapprochant de l'événement particulier et tenta une manœuvre pour leur faciliter la tâche.

"Faucon 1. Demande de tir de suppression sur le deuxième immeuble en face de nous, présence hostile au deuxième et troisième étage. Limitez les dégâts. À vous." ordonna le commissaire grâce à son talkie.
"Faucon 1, bien reçu. Début des tirs de suppression dans dix secondes."

L'hélicoptère s'approcha du bâtiment et se plaça pile au-dessus de la zone de guerre. Les tirs de mitrailleuses commencèrent rapidement et la plupart des hommes dans le bâtiment se mirent à ramper sous le déferlement de balles, les rares voulant riposter se faisaient presque déchiqueter par le roulement des armes. En pleine action, le commissaire en profita pour tirer deux ou trois fois vers les lignes ennemies, il toucha en passant un des hommes à la cuisse. Ce fut alors qu'il cherchait une autre cible qu'il remarqua un projectile flamboyant débarquer de nulle part. Il n'eut pas le temps de prévenir l'hélicoptère qu'il était déjà trop tard, une roquette toucha de plein fouet la queue de l'engin qui se mit à tournoyer terriblement dans le ciel.

"Mayday ! Mayday! Hélicoptère touché! Nous demandons assistance au plus vite ! Mayday ! Mayday !" cria le talkie du commissaire.

L'hélicoptère tenta de se stabiliser tant bien que mal et s'éloigna de la zone principale. Malheureusement dans sa tentative, l'hélice principale heurta l'un des bâtiments proches. Des briques commencèrent à voler et l'engin s'écrasa au sol du côté Est de la zone, dans une des petites rues de l'avenue principale. Blake remarqua tout de suite une bande de malfrats se dirigeant vers l'épave pour sûrement achever les survivants du crash, il fallait réagir. Il changea la fréquence de son engin et la mit directement sur la fréquence du capitaine du SWAT puis lança au plus vite ses ordres :

"Escouade du SWAT, changement de plan ! Foncez au plus vite au lieu où l'hélicoptère s'est crashé ! Pas de temps à perdre, vous avez autorisation de neutraliser tous les hommes en chemin pour essayer de sauver les survivants. Plusieurs groupes armés se dirigent déjà vers l'épave, demande de soutien immédiate ! Nous empêcherons le reste des troupes de Dent de vous atteindre, vite !"

Le commissaire ordonna un tir général de la part des troupes de polices. La plupart des troupes de l'ancien procureur commencèrent à reculer petit à petit alors que l'armée policière avançait. Certains des hommes de Double Face en profitaient même pour déguerpir mais se faisait abattre par leurs propres alliés. C'était de la barbarie à l'état pur et il fallait y mettre un terme. Blake renforça les tirs sur les lignes ennemies, espérant que les escouades du SWAT puissent arriver à temps pour sauver les survivants de Faucon 1.

L'avancée du GCPD devenait de plus en plus importante à chaque minute passante. Les troupes de Double-Face se désorganisaient plus vite qu'il ne fallait pour le dire, les fuyards commençaient à se multiplier et les derniers combattants hardis de l'armée criminelle finissaient par être mis hors d'état de nuire. Blake dirigeait les troupes d’une main de maître, envoyant les tirs de suppression aux bons endroits pendant que d'autres unités les flanquaient par des rues adjacentes. Dans les bâtiments, les forces spéciales prenaient petit à petit le contrôle des pièces, leur tactique sans pareille était un énorme avantage. Au final, la grande avenue s'éclaircissait lentement mais sûrement, autant avec les cadavres des forces de l'ancien procureur que ceux des policiers morts au combat.

Environ vingt minutes après l'envoi des SWAT vers l'hélicoptère abattu, les forces policières arrivèrent en face du tribunal où les dernières poches de résistance se regroupaient. Le second hélicoptère, Faucon 2, se chargea de mettre à sac les positions ennemies grâce à de lourds tirs de mitrailleuses. C'était un carnage total dans les forces ennemies et dans quelques minutes, le conflit serait terminé. Le commissaire, toujours l'arme à la main, se replia sur un cadavre de voiture, et en profita pour donner des ordres rapides aux forces en présence autour de lui. Un groupe des forces spéciales gothamites avait pris position sur les toits avoisinant et s'était muni de fusil de précision pour neutraliser les cibles faciles. Appuyé par les tirs conjoints de toutes les forces, ils n'eurent aucun problème à en finir avec les rares hommes encore assez courageux pour lutter contre les forces de la justice.

Les soldats ennemis hissèrent le drapeau blanc après une dizaine de minutes de conflit. Tous étaient dans des états pitoyables et critiques mais ils avaient lutté jusqu'au bout en l'honneur de leur chef, ils avaient honoré leur serment. Les forces de la loi s'empressèrent de mettre les menottes à ceux qui se rendaient pour ensuite se mettre en position autour du tribunal, dernier bastion ennemi. Aucun rapport sur le nombre d'ennemi à l'intérieur, peut-être n’y avait-il qu’une cinquantaine, une dizaine ou peut-être même personne ? Blake n'en savait rien, il voulait juste en finir avec cette affaire une bonne fois pour toute.

"Escouade Alpha et Beta, où en êtes-vous ?" demanda le commissaire, le talkie à la main.

"Ici le Capitaine Werryn de l'escouade Alpha, nous arrivons sur le tribunal dans quelques minutes. L'escouade Beta est avec nous, le point de ralliement est fixé. Nous avons des prisonniers ainsi que des soldats blessés, les pertes de notre côté sont minimes. À vous."

"Très bien Capitaine, je veux vos soldats en position autour de la façade sud du tribunal, au cas où certains des soldats cachés à l'intérieur essayent de s'enfuir. Avancez prudemment, je suis sûr qu'ils cachent quelque chose."

"Compris, Commissaire."

Andrew demanda l'évacuation de tous les prisonniers ainsi que les blessés aux alentours avant de donner l'ordre d'envahir le bâtiment. Les sirènes d'ambulance stridentes faisaient la fanfare dans tout le quartier tandis que les fourgons de la police commençaient à arriver pour entasser les criminels dedans. Une fois les ordres faits, Blake fit un signe de la main à une escouade de dix policiers pour qu'ils avancent vers l'entrée principale du tribunal. Tous les autres flics furent mis en position pour couvrir en cas d'attaque, une cinquantaine de fusils étaient dorénavant braqués vers les portes de l'ancien bâtiment, prêt à en découdre avec quiconque se cacherait là-dedans.

Et puis ce fut le drame, le leader de l'escouade poussa lentement la porte du tribunal et en une fraction de seconde, tout se brisa. Ce qui devait être une prise de territoire se transforma en explosion immense, les dix policiers furent désintégré instantanément par la puissance de l'explosion. Des morceaux de bâtiments commencèrent à s'envoler dans le ciel tandis qu'une épaisse poussière se dégageait dans les cent mètres à la ronde, empêchant les gens de respirer. Plusieurs flics furent blessés par les projections, c'était un bordel incommensurable qui venait de se produire. Andrew quant-à-lui s'écroula au sol suite au tremblement lié à la déflagration et tenta tant bien que mal de se relever. Ses tympans faisaient un bruit terrible tandis que sa tête tournait dans tous les sens possibles, il mit cinq bonnes minutes à récupérer ses sens avant de se rendre compte de ce qui venait de se produire.  

Alors qu'il se relevait lentement, s'appuyant sur le pare-brise d'un véhicule rempli de poussière, il ouvrit grand les yeux face au désastre. Des cris et de l'incompréhension, voilà tout ce qu'il restait d'une opération servant à revaloriser le GCPD, l'échec n'en était que plus retentissant. Le commissaire alluma son talkie et le mit sur toutes les fréquences possibles et imaginables, gueulant comme un possédé.

"À TOUTES LES UNITÉS MÉDICALES DISPONIBLES, CONVERGEZ VERS LE TRIBUNAL TOUT DE SUITE. C'EST URGENT, NOUS AVONS DE NOMBREUX BLESSÉS ! APPELEZ L’HÔPITAL ET DEMANDEZ LEUR DE LIBÉRER TOUTES LES PLACES POSSIBLES POUR L'ARRIVÉE D'UNE VAGUE DE BLESSÉS, RAPIDEMENT !" dit-il les mains tremblantes.

"Commissaire, ici le Capitaine Werryn de l'escouade Alpha. L'explosion a provoqué des pertes dans nos troupes, demande de soutien immédiat." répondit une voix tout en toussotant.

"Les services de secours sont en route capitaine, nous avons subis énormément de dégâts nous aussi. Contentez-vous d'apporter les premiers soins aux blessés à votre portée et calmez la situation, je ne veux pas que la folie s'empare de mes troupes." répondit Blake en essayant de garder un ton calme et sérieux, ce qu'il n'était pas.

"Bien reçu commissaire, je vais faire mon possible."

Les services de secours fort heureusement ne traînèrent pas, les premières ambulances arrivant peu de temps après l'appel général. Les brancardiers semblaient être tout aussi confus que le commissaire face à la situation présente, les blessés étaient presque partout et il y avait trop peu de bras pour le moment pour tous les aider. Des hélicoptères furent même appelés pour venir en aide aux forces de polices tandis que les hôpitaux des contrées voisines étaient eux aussi mis en état d'alerte, il fallait évacuer les cas critiques le plus vite possible.

"Sacré bordel commissaire, ces enfoirés nous aurons fait chier jusqu'au bout... Bande d'enculés." fit Renée Montoya en s'approchant du vieux, sa tenue remplie de poussière et des traces d'égratignures sur tout son corps.

"Cette mission est un échec totale, j'en ai bien peur..." répondit le commissaire d'un ton attristé.

"Ne dites pas ça, nous avons quand même neutralisé une centaine d'hommes grâce à vous, c'est un grand pas pour la ville." dit la policière en essayant de remonter le moral du vieil homme.

"Tous les dossiers de Dent étaient là-dedans, en face de nous... Si nous avions mis la main dessus, imaginez le nombre de pourris qu'on aurait pu mettre en taule... À la place de ça, je me retrouve avec une bande de malades qui vont être transféré dans une prison détruite par un avion, des cadavres de policiers et des hommes qui ne pourront plus jamais travailler de leur vie à cause de ce qu'il vient de se produire là..."

"Quand on veut la justice, il faut souvent se salir les mains commissaire. Que comptez-vous faire maintenant ?"

"Envoyer les rapports à la maire, demander qu'on enlève cette immonde carcasse de bâtiment de là et qu'on le remplace par un monument aux morts je suppose. Faire envoyer des lettres de condoléances aux familles, remotiver les hommes, mordre sur ma chique et espérer que la prochaine fois, ils n'exploseront pas leur quartier général."

"N'oubliez pas de vous reposer pour autant, vous n'êtes plus tout jeune vous savez."

"Malheureusement... malheureusement..." souffla Blake tout en tournant les talons et en rebroussant chemin.  

Sa mine était grise, il n'avait pas de réel sentiment envers ce qu'il venait de réaliser aujourd'hui. Ce qui aurait dû être une victoire s'était transformé en un désastre, il aurait dû prévoir l'explosion du bâtiment mais dans sa hâte, il avait négligé la chose. Lui qui semblait si enthousiaste à diriger des troupes dans un conflit finissait finalement par se rendre compte que les flics n'étaient pas du tout des soldats et que leur mort était regrettable. Un nouveau jour se levait sur Gotham, une journée à la fois douce par le calme qui allait régner maintenant sur Park Row mais aussi amer par les nombreuses funérailles qui allaient avoir lieu. De plus, il fallait discuter avec la maire de la situation et s’il y avait monument aux morts, il fallait préparer un discours... La journée du commissaire était loin d'être finie et pourtant, elle semblait déjà avoir duré des années.


Hrp : Fin du sujet.