Thomas Jokins se regarda une dernière fois dans le miroir, et sourit, satisfait.

"C'est parfait." dit-il en ajustant sa casquette de gardien d'Arkham au sommet de son crâne.

"A un détail près."

Son regard s'abaissa vers le bout de son avant-bras droit. Il n'y avait pas de main, simplement un crochet.
Il sortit de la salle de bain, et fit face au vrai Thomas Jokins, ligoté à une chaise, bâillonné, et vêtu seulement d'un caleçon. A présent, c'était Jack qui portait ses vêtements, et même son visage. Il s'accroupit devant lui, toujours souriant.

"Qu'en dis-tu ? Ressemblant, n'est-ce pas ? J'en suis assez fier."

Il fixa Thomas dans les yeux silencieusement durant plusieurs secondes. Le gardien tremblait, paniqué, et on ne pouvait entendre que quelques gémissements incompréhensibles derrière son bâillon. Puis il lui montra son crochet.

"Tu vois, si j'avais été noir, j'aurais pu me faire passer pour ton patron, Aaron Cash."

Discrètement, il sortit son couteau à cran d'arrêt de la poche de son pantalon, toujours en restant accroupi devant Thomas.

"Mais il m'aurait fallu beaucoup trop de fond de teint pour lui ressembler. On ne peut pas dire que tu sois chanceux. Malheureusement pour toi, il ne peut y avoir qu'un seul Thomas Jokins."

D'un geste brusque et sans la moindre hésitation, Peau de Serpent trancha la gorge du gardien de prison, avant de se redresser.

Il agrippa la base de son crochet avec sa main gauche et tira dessus d'un coup sec pour le retirer. Puis il ouvrit une petite mallette et en sortit une fausse main gantée qu'il accrocha au bout de son poignet droit grâce au mécanisme qu'il avait bricolé. Il ne pouvait bien sûr pas la bouger et devait la garder dans sa poche la plupart du temps pour rester crédible : un problème auquel il faudrait qu'il remédie plus tard.

Jack regarda sa montre qui affichait vingt-heure trente. Son tour de garde à l'asile d'Arkham commençait dans une demi-heure. Il rangea le crochet dans la mallette qu'il referma, la prit avec lui, puis quitta l'hôtel pour rejoindre sa voiture. Il n'avait laissé aucun indice dans la chambre, rien qui puisse indiquer à la police, qui retrouverait le corps des heures plus tard, que Jack Houston était dans le coup. Le maître d'hôtel pourrait simplement leur dire qu'un certain Josh Tanouck, l'une de ses nombreuses fausses identités et un autre de ses nombreux visages, était entré en compagnie d'un gardien qui avait fait un malaise, et qu'il avait vu, quelques dizaines de minutes plus tard, ce fameux gardien ressortir de l'hôtel. Il ne l'avait pas vu rentrer à nouveau et n'avait pas non plus vu M. Tanouck sortir.

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Peau de Serpent entra à l'intérieur de l'asile d'Arkham, sous l'identité du gardien Thomas Jokins, et salua son collègue à l'accueil. Il se dirigea vers la salle de vidéosurveillance et prit la place d'un de ses collègues qui avait fini sa journée. Thomas s'assit sur une chaise et commença à regarder attentivement les écrans de surveillance qui défilaient sous ses yeux, en compagnie de deux autres gardiens.
Au bout de plusieurs minutes, il se releva et se dirigea vers la sortie de la pièce.

"Tu vas où, Thomas ?"

"Je vais pisser, je reviens dans cinq minutes."

Il quitta la salle de vidéosurveillance et se rendit aux toilettes, avant de s'enfermer dans une cabine. Il sortit un pistolet dissimulé dans sa veste de gardien, ainsi qu'un silencieux qu'il vissa au bout du canon. Puis il rangea son pistolet dans sa veste avant de sortir des toilettes et de retourner à la vidéosurveillance.

"C'était rapide !"

"C'était une petite envie." répondit calmement Thomas tout en visant les gardiens qui avaient les yeux rivés sur leurs écrans.

Deux tirs silencieux, et les deux gardiens s'effondrèrent d'une balle dans la tête. Thomas rangea son arme et sortit de la salle en refermant la porte derrière lui. Il se dirigea dans le couloir des cellules réservées aux patients les moins dangereux. Un collègue chargé de surveiller cette zone était assis sur une chaise, à l'entrée du couloir. Il fut surpris de voir Thomas ici.

"Thomas ?! T'es pas à la télésurveillance ?"

"Y a un problème aux soins intensifs ! Ils ont besoin de toi !" s'exclama Peau de Serpent en prenant un air paniqué.

Son collègue le crut sur paroles et s'empressa d'aller voir ce qui se passait à l'autre bout de l'asile. De nouveau seul, Thomas sourit et sortit un trousseau de clés de sa poche. Il ouvrit la grille donnant sur le couloir des cellules et pénétra à l'intérieur. Durant plusieurs dizaines de seconde, il chercha un nom sur les portes des cellules, avant de s'arrêter devant l'une d'entre elles. Il chercha la clé dans le trousseau, l'enfonça dans la serrure et ouvrit le verrou. Il ouvrit ensuite la porte de la cellule du Great White Shark, le fixa et lui dit en souriant :

"Monsieur White ? C'est votre jour de chances : vous êtes acquitté."

Jack s'approcha de lui, et lui passa les menottes aux poignets avant de lui faire un clin d’œil.

"Ayez l'air malade, et nous sortirons d'ici très facilement."

L'objectif était de prétexter que Warren White se sentait mal et avait besoin d'être escorté jusqu'à l'infirmerie, si jamais ils croisaient des collègues. Enfin, ce plan là était valable jusqu'à arriver à proximité de l'entrée, où ils devraient déclencher le plan B : libérer Warren de ses menottes, lui prêter une arme à feu, et s'enfuir tous les deux en tirant sur tout ce qui bouge, entre autres le gardien situé à l'accueil.

C'était encore une journée maussade... Lorsque le carillon de l'horloge de l'étage sonna vingt heures, le cuisinier passait donner un plateau repas aux bagnards qui logeaient dans les cellules dorénavant. Il s'arrêta premièrement à celle d'un obèse qui restait la plupart de son temps assit, les menottes aux poignets. Allez savoir... peut-être est-ce un bien vital ? Par la suite, il donna un plateau par l'interstice d'une cellule qui abritait un certain George Marchal. D'après la fiche du procureur, il avait été arrêté et condamné pour vol à l'arraché sur une personne de plus de 60ans...Minable... Marchal était un gringalet d'un mètre quatre-vingt à peu près. Une longue chevelure tombait jusqu'au bas de son dos. Elle était noire et grasse. Les deux bandits n'avait pipé mot jusque là. Par la suite, le cuistot se mit à ouvrir l’interstice d'une cellule et dit.

« Allez Warren ! Viens manger ! »

Le ton désabusé et immature qui avait été interprété par le chef il y a de cela quelques secondes s'adressaient à Warren White ou Great White Shark. Le cuisinier passa son chemin. Warren avait envie de vomir à chaque fois qu'il mangeait ici. Ils préférait désormais les planctons ou autre créature marine. Il n'osa s'approcher de son plateau.

Soudain, dans un bruit sourd, la marmite de dégueulis que le cuistot servait aux criminels Gothamites se renversa. On entendit quelques gémissements et un autre bruit sourd provenant de la marmite. Warren se leva péniblement et essaya par tous les moyens de voir ce qui se passe par l'interstice qui était restée ouverte. C'est alors que la porte de sa cellule s'ouvrit et laissa apparaître les traits d'un employé d'Arkham. White n'en crut pas ses yeux mais oui ! On voulait le libérer. Sans hésiter, il se plia à la demande de l'individu et se mit sur un brancard, juste après s'être rependu de la purée sur les contours de la bouche. Il se fit emmener par l'homme on ne sait où. Seul l'homme avait la réponse.

Peau de Serpent marchait d'un pas précipité dans les couloirs de l'asile en poussant le brancard à roulettes sur lequel était allongé Warren. Comme ils étaient seuls pour le moment, il se permit de lui raconter ce qu'il se passait, en parlant à voix basse.

"Pour tout vous dire... Je ne suis pas vraiment un gardien."

Ils passèrent une porte puis deux autres couloirs étonnamment vides avant de bifurquer dans un autre couloir. Ils se retrouvèrent alors face à un autre gardien qui faisait sa ronde habituelle.

"Mais qu'est-ce que tu fais ?!"

"Il est malade ! Je l'emmène à l'infirmerie."

"Retourne vite à ton poste avant que l'on apprenne que tu l'as quitté, je m'en charge !"

Thomas lâcha le brancard et recula de quelques pas, laissant son collègue prendre sa place. Une fois que ce dernier lui tourna le dos et commença à s'avancer, Peau de Serpent pointa son canon avec silencieux et lui tira une balle dans le dos, qui se logea dans son cœur. Il rangea son arme silencieusement, enjamba le cadavre et reprit le brancard avant de continuer leur cheminement vers la sortie, tout en sifflotant.

"Nous ne devrions plus être très loin."

A peine eut-il terminé sa phrase, que l'alarme de sécurité se déclencha dans l'enceinte de l'asile.

*Oh. Ils ont dû trouvé les cadavres dans la salle de vidéosurveillance.* pensa t-il.

"Bon, plan B !"

Aussitôt, Thomas retira les menottes au Great White Shark, et lui tendit un Beretta.

"Il faut qu'ils enfilent leurs combinaisons pare-balles et qu'ils s'arment : ça nous laisse un peu de temps pour courir jusqu'à l'entrée du bâtiment. Suivez-moi !"

C'était une chance que Great White Shark n'était pas enfermé dans le quartier de haute sécurité d'Arkham, sinon l'évasion aurait été autrement plus difficile. Même si depuis quelques temps, la sécurité s'était quelque peu relâchée. Avec ce système de réinsertion des criminels et leur projet de New Gotham City, les évasions n'étaient plus aussi nombreuses qu'autrefois. Mais puisque Jack avait ralentit leur système de sécurité en éliminant les gardiens qui surveillaient les caméras, ils avaient gagné un temps précieux.

C'était donc une journée de chance pour Warren White! Après quelques années de sévices, il allait être libéré. C'était donc un gardien qui l'aidait à s'échapper. La corruption était donc présente dans les couloirs d'Arkham. Embarqué sur un brancard, il faisait tout bonnement le mort. Il devait jouer le mort tout du moins. C'était son honneur qui était en jeu. Le gardien informa son "collègue" qu'il n'était pas gardien. On s'en serait douté oui...

Ils croisèrent quelques gardes dans les corridors d'Arkham. L'un d'eux périt sous un coup de feu. C'était l'émeute dans l'asile. Que penser de ce gardien? Etait-il fiable? Serait-ce un piège. Nous allions bientôt le savoir. Great White Shark peinait à respirer sous une couverture trop chaude pour lui. Il prit une grande respiration et se contenta de faire le malade. Les deux brigands prirent un virage sec avant de terminer vers un escalier où l'entrée du bâtiment était à gauche.

Il fallait désormais faire preuve de ruse. L'inventivité sera gagnante. Qu'allait faire le faux garde pour espérer voir Warren White dehors. Que voulait cet homme? Trop de questions embrumaient la tête de requin de White. En tout cas qu'il n'espère pas un jugement précipité de la victime de Freeze...

Le requin n'était pas très bavard, c'était le moins que l'on puisse dire. Il se contentait pour l'instant de le suivre sans le questionner ni dire quoique ce soit. Jack espérait au moins que son contact avait dit vrai à propos de l'argent que Shark lui donnerait pour l'avoir libéré. Voyant qu'il ne réagissait pas après le retentissement de l'alarme, il insista :

"Ok, on n'a plus le temps de jouer au malade imaginaire. Maintenant, on trace !"

Tout bien réfléchi, Jack préféra ranger le Beretta plutôt que de le lui prêter : il ne voulait pas que le requin lui tire dans le dos une fois libre. Une fois que le prisonnier fut levé, Jack poussa le brancard de façon à le mettre contre une double porte qui menait au couloir derrière eux, de façon à la bloquer et ralentir les gardes quelques secondes. Puis il descendit précipitamment les escaliers en espérant que White le suive, et tira une balle dans le corps du seul gardien situé à l'accueil. Toute l'ingéniosité avait résidé dans le fait de s'introduire à l'intérieur de l'asile et d'amener Shark le plus près possible de la sortie du bâtiment. Mais dés lors que l'alerte d'évasion avait été donnée, il fallait fuir le plus rapidement possible, car plus aucune ruse ne pourrait les sortir de là. Tout résidait dans la vitesse : fuir, tirer avant d'être tué, pour espérer sortir d'ici.

Jack ouvrit la porte du bâtiment et sortit dans la nuit froide, suivit par Warren. Mais ils n'étaient toutefois pas encore sortis d'affaire : il fallait encore traverser toute l'île jusqu'à arriver à un petit bateau à moteur sur la berge, dans lequel le contact de Warren les attendrait. A présent, il fallait se fondre dans la nuit, éviter les projecteurs qui passaient au peigne fin un large périmètre situé autour des bâtiments principaux, tout en semant les gardes lancés à leurs trousses. C'était la partie la plus compliquée, et celle pour laquelle Jack s'était le moins préparé. En fait, il avait espéré qu'on ne trouve pas les gardes morts dans la salle de vidéosurveillance avant qu'ils ne soient sortis tous les deux de l'asile.

Jack avançait prudemment, en restant abaissé mais en tenant une allure assez rapide. Lorsque la lumière d'un projecteur passa à quelques mètres devant lui, il s'arrêta net et resta immobile quelques secondes. Fort heureusement, il faisait très sombre et ils pouvaient presque passer inaperçu s'ils étaient immobiles, à condition de ne pas être éclairé par les projecteurs. Lorsque enfin la lumière s'éloigna, Jack reprit sa course au travers de la cour de l'asile, et passa le fameux portique où était noté Arkham Asylum, en compagnie de Shark. Il jeta un regard derrière lui et vit une dizaine de gardiens sortirent du bâtiment principal de l'asile avant de courir dans leurs directions. Jack tira dans leur direction à plusieurs reprises, à l'aveugle, sans vraiment espérer les toucher, mais simplement pour leur faire peur et les ralentir. Puis il reprit sa course en entraînant Shark avec lui, et ils arpentèrent les gros rochers qui bordaient l'île d'Arkham. Durant leur course, Peau de Serpent expliqua un peu plus la situation.


"C'est un certain John Radfield qui m'a envoyé ici, il m'a dit que vous le connaissiez !... Il a aussi dit que vous étiez prêt à tout pour sortir de cet endroit, y compris à payer le prix fort. Est-ce que c'est vrai ?"

Ses paroles étaient entrecoupées par son souffle au rythme effréné, du fait qu'ils couraient depuis quelques minutes. Il aperçut le bateau à environ cent mètres, John se trouvait à l'intérieur et commença déjà à démarrer le moteur, tandis que les gardes étaient toujours à leurs poursuites.

L'échappatoire continuait frénétiquement. On oubliait le nombre de minutes que Great White Shark et le faux gardien avait mis pour pouvoir sortir de l'asile! Un vrai coupe-gorge. Après la terrible épreuve des balles et l'ingénieuse sortie improvisé du sauveur de Warren White, les deux complices se dirigèrent vers les rochers qui bordaient l'île d'Arkham. C'est alors que l'homme qui avait secouru Great White Shark donna plus d'explications.

"C'est un certain John Radfield qui m'a envoyé ici, il m'a dit que vous le connaissiez !... Il a aussi dit que vous étiez prêt à tout pour sortir de cet endroit, y compris à payer le prix fort. Est-ce que c'est vrai ?"

John Radfield... Le grand requin blanc ne connaissait pas cet impudent qui avait osé parler des us et coutumes de White. En escaladant les rochers, Warren décida d'en dire plus lui aussi. D'une voix nasale, il s'exprima.

"Je ne sais pas qui tu es et pourquoi tu viens me sauver et ni pourquoi tu oses prononcer le nom d'un homme que je ne connais pas et qui ment impudemment comme le rat qu'il semble être. Ce que je peux te dire, fier ami, c'est que tu recevras une coquette somme si tu continues à me suivre jusqu'à un repaire gardé secret...Alors... Es-tu capable de batifoler sous les ordres d'un ancien homme d'affaire... OU PAS?!"

En prononcant ces quelques mots, White n'avait plus qu'une chose à attendre. Aussi simple si elle en est mais très perspicace. Si cet individu le suivait jusqu'à son repaire, il pouvait facilement l'aider à reconstruire petit un gang digne de Warren...

Lorsque Great White Shark affirma ne pas connaître Radfield, Jack s'arrêta net, surpris. On l'avait mené en bateau ? On lui avait menti ? Mais alors pourquoi lui avait-on demandé de sauver Warren White ? Tout cela n'avait aucun sens, il ne comprenait pas. Il se dit qu'il valait peut-être mieux tuer le grand Requin Blanc maintenant pour éviter d'avoir des ennuis par la suite, cependant, White ajouta une condition intéressante. S'il l'amenait à son repaire secret, alors il le payerait tout de même, malgré les mensonges de l'autre homme. Pouvait-il lui faire confiance ? Il n'en savait rien, et n'avait pas le temps de réfléchir à la proposition. Les gardes se rapprochaient et tirer dans leur direction, il fallait continuer. Jack reprit la course et arriva au bateau à moteur dans lequel John les attendait. Ce dernier sourit, satisfait de voir Shark en compagnie de Peau de Serpent.

"Beau travail, Peau de Serpent !" s'exclama t-il en souriant.

Puis John Radfield sortit une arme à feu et visa le Great White Shark. Tout devint clair dans l'esprit de Jack. Ce que voulait John, ce n'était pas libérer Warren White. C'était l'amener à lui pour qu'il puisse l'éliminer ! Le requin avait dû faire quelque chose qui ne lui avait pas plu, ou alors John était lui-même engagé par une autre personne, un rival de White par exemple. Jack n'en savait rien, mais ce qui était sûr, c'est qu'il devait faire un choix, et n'avait que quelques dixièmes de seconde pour se décider. Il pouvait laisser John Radfield abattre le Requin de sang froid, puis s'échapper avec lui, après tout, il lui avait dit qu'il le payerait. Mais d'un autre côté, si John avait menti sur la raison de la libération du requin, il avait peut-être aussi menti sur la récompense à gagner. Peut-être qu'il prévoyait de tuer Jack après s'être débarrassé de Warren. Il avait le choix entre faire confiance à un type qu'il ne connaissait pas et qui lui avait mentit, ou bien faire confiance au Grand Requin Blanc, un criminel aliéné ressemblant à un monstre, qu'il ne connaissait que de réputation et qu'il trouvait particulièrement effrayant.

Le choix était difficile, mais Jack n'eut pas le temps de réfléchir. Il n'agit que par instinct. Il visa John et lui tira dessus à deux reprises avant qu'il n'ait eu le temps de faire feu sur White. Il ne savait même pas pourquoi il avait fait cela, c'était un geste presque irréfléchi, c'était comme s'il avait tiré à pile ou face pour savoir en qui il devait avoir confiance, sauf qu'il n'avait pas eu le temps de lancer la pièce, justement.
Derrière eux, les gardes se rapprochaient. Jack se tourna vers le Grand Requin Blanc, à qui il venait de sauver la vie.

"Venez vite !"

Il s'assit dans le bateau, jeta le corps de John à la mer, et attendit que le Requin l'eut rejoint pour accélérer et quitter l'île. Durant les premiers mètres, il vida son chargeur sur les quelques gardes qui venaient d'arriver au bord de l'eau sans aucun moyen de les suivre.

*Dans quel merdier je me suis fourré, moi... * pensa t-il.

Prenant les commandes du bateau à moteur, ils s'éloignèrent rapidement de l'île mais ils n'étaient pas encore tirés d'affaire. Il fallait sortir de New Gotham City, et c'était autrement plus difficile que de sortir de l'asile. Lui n'aurait aucun mal, mais comment faire passer Shark de l'autre côté avec la tête qu'il a ?

"Rassurez-moi, votre repaire secret, il est à New Gotham ?"

Le Great White Shark était surpris par la rapidité surnaturelle de l'homme. Ce John Radfield cherchait forcement des ennuis à Warren White... Alors arrivés aux quais, les deux hommes virent ledit individu. C'était un homme imparfait aux multiples défauts. Un homme de la pègre surement. Falcone cherchait certainement à l'éliminer du fait de ses grandes manipulations à l’intérieur d'Arkham...

C'était un criminel de première cet homme! Il voulait réellement éliminer Shark! Heureusement, on vit le faux gardien tiraillé par le fait de choisir le camp de Warren ou bien Radfield... Il décida d'opter pour Great White Shark. Il avait eu raison...Il jeta le corps à la mer sans pitié. Conduisant le bateau à moteur, il s'inquiétait.

"Rassure-toi, l'ami tu le sauras bien assez vite... J'ai une proposition à te faire... Tu seras informé lorsque j'aurai récupéré mes effets à mon repaire..."

Si le faux gardien le suivait il empocherait surement un beau pactole non négligeable... De plus la proposition de White était sans nulle doute très intéressante...

Le requin lui répondit de façon plutôt vague, et parla d'une proposition sans dire de quoi il s'agissait. Jack commençait à en avoir un peu marre de tous ces mystères. Il s'était déjà fait manipuler par Radfield, et maintenant c'était au tour de Shark d'être mystérieux. Jack n'était même pas sûr d'être récompensé pour ce qu'il avait fait, pire, White allait peut-être vouloir le tuer à la première occasion. Comment pouvait-il lui faire confiance ? Il avait l'impression d'être la bonne poire qui exécutait les services de n'importe qui sans rien en retour.

"Je vous ai fait sortir d'Arkham, mais je ne peux pas vous faire sortir de New Gotham. Les frontières de cette zone sont beaucoup trop surveillées, et c'est impossible de vous faire passer pour... un citoyen 'normal'. "

Il espérait ne pas le froisser en disant cela, mais c'était la vérité. Avec son visage défiguré, Shark ne passait pas inaperçu, et même le meilleur des maquilleurs ne pourrait pas le faire ressembler à un homme lambda.

"Il faut qu'on accoste avant de se faire repérer par les garde-côtes."

Ils arrivèrent sur une petite plage de cailloux, près des profondeurs de New Gotham, là où se trouvaient les quartiers les moins surveillés et où se terraient les criminels qui avaient échappé à la prison et à la réinsertion. Jack sortit du bateau, puis courut pour traverser la plage et entrer dans les rues de la ville en compagnie de Warren.

"On aurait bien besoin d'un coup de main pour se planquer ici quelques temps. Vous connaissez des types qui se terrent à New Gotham ?"

Great White Shark suivait toujours l'homme qui l'avait libéré. Il ne prit pas de gants pour ne pas tout raconter de ses futurs plans... Cependant, White voyait bel et bien que l'homme voulait en savoir davantage. Ils arrivèrent à une plage de Cailloux. Ils allaient se terrer là pendant quelques temps.


"On aurait bien besoin d'un coup de main pour se planquer ici quelques temps. Vous connaissez des types qui se terrent à New Gotham ?"

Cela faisait des années que White n'était pas sorti d'Arkham. Il ne connaissait pas grand monde de New Gotham. Il saisit alors un caillou et le jeta frénétiquement dans l'eau, avec quelques ricochets...

"Tu sais...ça fait longtemps qu'un gaillard comme toi n'a pas eu le courage de me sortir de là! Alors ne me pose pas cette question... par contre... comme mon humble nom l'indique, je suis un requin... Devine ce qu'à besoin un requin pour vivre?!"

Warren esquissa un certain sourire narquois.

Le requin répondit avec une certaine condescendance, en sous-entendant que Jack posait une question inutile en lui demandant de l'aide. Pourtant, Peau de Serpent avait entendu dire que Shark parvenait à avoir des contacts avec l'extérieur tout en restant dans sa cellule, peut-être ne s'agissait-il que de rumeurs. Il lui posa ensuite une devinette à propos de ce qui était vital aux requins. Jack lança un regard interrogateur à Warren et, tout en haussant les épaules, répondit :

"De l'eau...? "

Il regarda nerveusement en direction de la mer et de leur bateau. Il ne fallait pas rester ici longtemps, les garde-cotes qui étaient probablement partis à leur poursuite après l'évasion d'Arkham allait retrouver ce bateau au bout d'un moment, et il ne valait donc mieux pas rester à côté quand cela arriverait.

"Il faut que l'on s'éloigne du bateau, on a qu'à aller se cacher dans les bas-fonds de New Gotham. Au fait, parlez-moi de cette proposition..."

Il commença à marcher pour quitter la plage de cailloux et atteindre la route.

La nuit était superbe! Un clair de lune éclairait une évasion organisée de main de maître par un corrompu! Sur la plage de Cailloux de New Gotham, Les deux hommes respirèrent quelques peu... Après un petit échange entre les deux hommes, Warren prit la décision de sortir de New Gotham. Il proposa comme Edward Nigma une énigme à son sauveur. L'homme ne comprit pas de suite...

"De l'eau...? "

Great White Shark soupira dangeureusement. Il s'exclama d'une voix nasale désagréable:

"Faut nager! Si on veut fuir les gardes, faut faire preuve d'ingéniosité! Sinon c'est pas permis ! Tu m'as vu? T'as vu la face d'un requin? Alors! On y va droit à la mer! Quant à la proposition, tu l'auras à mon repaire! Pas avant!"

Warren commença à se mettre dans l'eau en regardant avec un sourire de coin le faux gardien...

Snakey resta silencieux tout en regardant le grand requin blanc entrer dans son élément après lui avoir répondu de façon plutôt agressive. Ce type lui faisait un peu peur. En dehors de son horrible visage, qui était si monstrueux que même Jack ne saurait le copier, Shark avait quelque chose d'effrayant. Le fait qu'il sortait d'un asile rendait Peau de Serpent un peu nerveux, car cela signifiait que White était fou. Et, à le voir s'exprimer, il avait vraiment l'air atteint. Au contraire, Jack avait toute sa raison.

"Hm..." fit-il avec peu d'enthousiasme.

Il fixa l'eau d'un air peu enchanté.

*J'espère au moins que l'eau de mer ne va pas défaire mon visage...* pensa t-il.

Il regarda sa montre.

*De toutes façons, c'est bientôt l'heure pour moi de muer.*

Son regard revint sur Warren qui semblait prendre plaisir à se baigner. Jack, quant à lui, n'avait pas vraiment envie de se mouiller. L'eau devait être froide, ses vêtements seraient trempés et sales, et l'eau salée sur son visage pourrait avoir des conséquences assez moches.

"En fait, comme serpent, je suis plus vipère qu'anaconda..." finit-il par lui répondre.

Sa phrase avait un double sens. Les vipères, contrairement aux anacondas, ne nageaient pas. Le premier sens était donc clair : Peau de Serpent n'avait pas envie de nager, et il n'aimait pas ça. Le second sens, c'était qu'on pouvait aisément qualifier Snakeskin de langue de vipère, du fait de sa capacité à mentir et à manipuler les autres en prenant diverses identités.
Après quelques secondes de pause, il ajouta :

"Et pour tout vous dire... Je n'ai pas vraiment l'intention de vous suivre jusqu'à votre repaire. Nos chemins se séparent ici, je ne compte pas rester à New Gotham. Il paraît que la nouvelle maire veut fermer cet endroit, alors j'imagine que vous serez bientôt libéré de ce quartier. Et..."

Peau de Serpent passa sa main gauche sur son visage comme pour le masser à divers endroits, puis son visage se déforma et se craquela pour reprendre petit à petit sa forme originelle.

"On me surnomme Peau de Serpent. Vous n'aurez aucun mal à me recontacter de l'autre côté de la ville, j'ai plusieurs contacts dans le milieu. Je vous ai sauvé la vie... Alors j'espère que vous serez généreux avec moi lorsque nous nous recroiserons."

Sur ces mots, il lui tourna le dos et commença à s'en aller. Même s'il avait sauvé la vie à Warren White ce soir-là, il n'avait pas confiance en lui. Il préférait donc se séparer de lui pour le moment, en espérant que Shark revienne vers lui plus tard pour le payer ou acquitter sa dette.