Le jeune justicier d'Etat Red Hawk avait demandé un entretien avec le maire Maximilien Shreck. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'il avait rejoint les Justiciers d'Etat, suite à son affrontement avec Batman. Les deux personnes s'étaient réconciliés, mais Red Hawk avait choisi de se lancer dans une dangereuse mission d'infiltration. Des mois après, il n'en pouvait plus, il se sentait forcé d’arrêter. Ainsi, il avait rejeté le nom Red Hawk, et repris son ancien nom, Red Robin. Il avait également récupéré son ancien costume. Shreck ne le reconnaîtrait sans doute pas dans ce costume.

Le rendez vous était prévu à 14h, et à 14h précise, le jeune homme se trouvait devant la secrétaire du dit Shreck. Il avait un peu peur de la suite des évènements, les justiciers d'Etat n'était pas nombreux, et si le membre le plus reconnu d'entre eux les quittait, cela leur mettraient un sacré coup dur. Au final, Tim avait réussi en partie son but.

Quelques minutes après, la dite secrétaire l'invita à entrer. Le maire, Maximilien Shreck, célèbre industriel, se tenait assis à son bureau, l'air passablement occupé. Ce n'était sans doute pas le meilleur moment pour demander une entrevue mais Tim devait le faire. Il sortit une enveloppe de sa poche, et s'approcha du bureau.

Monsieur le maire ? Je viens vous présenter ma démission.

Maximilien Shreck s'activait à lire des papiers, encore, il signait de temps à autre, raturait des phrases trop lourdes ou des conclusions trop vagues, il voulait de la rigueur, il ne payait pas les secréatires à se curer les ongles ou à discuter de leur vie (il se demandait d'ailleurs ce que ces pauvres petites gourgandines pouvaient bien avoir à se raconter.) A ses côtés, Thomas Tellman, son fidèle secrétaire n'était pas en reste, il rédigeait activement du courrier, surveillait les mails de la part de ses services et rangeait des papiers que lui transmettait son supérieur. Longtemps la Mairie avait été traitée comme un cloître de fonctionnaires, il n'en était rien, c'était une industrie, une véritable entreprise de gestion de ville, des contrats, des mandats, des décrets et des décisions, des papiers officiels, des sceaux et des tampons! L'administration était une machine qui pouvait être lente et la lenteur était une chose que le businessman devenu maire ne supportait pas, il voulait remédier à toutes les failles de cette institution.

Thomas regarda un mail et se leva, sortit puis revint immédiatement, il tendit au maire une fine pochette.

-La première ébauche du formulaire pour les permis de construire vient d'être terminée monsieur, lui annonça-t-il.

-Parfait, sortez-moi le cahier des charges, répliqua-t-il en abandonnant un papier sur le coin de son bureau pour se saisir de la pochette qu'il ouvrit. Ils comptent conserver le bleu comme couleur?

Thomas qui venait d'ouvrir une armoire prit un carton annoté "réformes formulaires 09/12", il l'ouvrit sur son bureau.

-Pas que je sache, le bleu est réservé aux papiers de l'état-civil normalement, répondit-il en extrayant un petit livret qu'il donna à son supérieur.

Pendant une petite minute, le maire vérifiait les champs installés et leur disposition. Il ferma finalement le livret.

-Dites-leur qu'ils n'ont pas mis toutes les dispositions légales au dos du document, le champs 6-R n'est pas à la bonne place, expliqua-t-il en entourant d'un stylo rouge le champs en question et les petites phrase qui s'écrasaient en bas de la feuille. Grossissez l'effigie de la mairie, enlevez le nom du maire du haut sinon se seront des frais de réimpressions pour les prochains mandats. Agrandissez les parties pour les signatures et mettez en gras les références pour éviter que les gens ne se trompent. Et par pitié, que le prochain soit marron, comme prévu.

-Bien monsieur, fit Thomas qui terminait de prendre les notes, il ramassa les papiers et rangea le tout, le Maire était reparti à la contemplation d'un autre bilan des activités associatives de la ville.

Le nombre d'associations avait été sérieusement réduit sous Quincy Sharp et son nombre commençait lentement à augmenter au fur et à mesure du mandat de Shreck, une bonne chose en un sens, la population retrouvait le goût de vivre, mais de l'autre côté le nombre de demandes de financement augmentait et les fonds de la Mairie octroyé aux associations avait été calculé en fonction des derniers chiffres disponibles, il était pourtant logique que cette estimation était biaisée par la politique ultra-sécuritaire de Sharp, ils auraient du miser sur une estimation à N-2.

-Notez qu'il me faudra un rendez-vous avec le comité financier, convoquez Sophia cet après-midi, déclara-t-il en tendant les trois feuilles agrafées les unes aux autres. Mettez-ça dans mon agenda pour le rendez-vous, indiquez dans le mémo qu'elle se munisse du dossier des budgets associatifs sur trois ans.

S'exécutant le secrétaire n'entendit pas que l'on frappait à la porte et ne la vit pas d'avantage s'ouvrir. Lorsqu'il releva la tête il vit un Justicier d'Etat tendre une enveloppe au Mairie en annonçant sa démission. Thomas connaissait son supérieur sur le bout des doigts, il se saisit des deux dossiers qu'il devait terminer, rabattit l'écran de son portable, empila le tout et s'excusa auprès de Shreck qui avait prit l'enveloppe et l'ouvrait en silence. Lorsqu'il ferma la porte Thomas espéra que la mauvaise humeur que la nouvelle provoquerait ne le frappe pas en retour. Le coupe papier fut le seul à briser le silence de la nouvelle. Le Mairie était silencieux et réfléchissait à cette nouvelle.

Il extirpa le lettre, extrêmement formelle comme elle se devait en de telles circonstances, puis la lâcha nonchalamment sur son bureau, l'informateur avait donc eut raison, mais il aurait pu faire montre de plus de détails, le maire aurait ainsi été prêt à faire enfermer ce traître. L'honneur n'était pas une valeur que Max chérissait, c'était même l'inverse, mais le respect d'un contrat, c'était une autre paire de manche. Les yeux froids, il brisa le silence.

-J'imagine que votre décision est irrévocable je ne vous cache pas ma déception. Puis-je cependant m'enquérir des raisons de cette abandon de poste?

Il soupira une première fois, en imaginant ce qu'il allait pouvoir réserver à cet espèce de gamin qui osait défier son autorité et son serment.

-Cette lettre annonçant que vous connaissez les démarches de démission, je vais également vous demander de me remettre votre insigne ainsi que votre serment, tout l'équipement dont vous disposiez, les clefs de votre appartement et votre costume, vous disposez de deux heures pour cela. Vous serez rayé de la liste des Justiciers d'état et serez libéré de tous les droits et devoirs afférents à votre ancienne fonction. Avez-vous quoi que se soit à rajouter?

J'imagine que votre décision est irrévocable je ne vous cache pas ma déception. Puis-je cependant m'enquérir des raisons de cette abandon de poste?

J'ai affronté trop d'ennemis, vaincu trop de criminels, les membres de ma familles ont été menacé. Je ne ... peux plus le supporter. Je veux laisser tomber ma carrière de justicier. Je veux simplement redevenir un étudiant normal, monsieur le maire. Et j'aimerais éventuellement revenir à votre service à la fin de mes études.

Le jeune homme savait bien entendu mentir. Il n'y arrivait pas avec les femmes, trop sensible envers elle, mais il s'y était ré entraîné pour son entretien avec le maire. Le fait qu'il lui proposait de revenir à son service après la fin de ses études semblait une bonne chose pour Tim, quelque chose qui calmerait le maire. Mais il se trompait sans doute. Le maire n'était pas homme à accepter la sécession sans rien dire, c'était clair.

Maximilien Shreck lui expliqua ensuite calmement les choses qu'il lui restait à faire pour ne plus être un justicier d'Etat. Le jeune homme se retrouvait alors sans le moindre équipement. Heureusement, Bruce lui avait accordé son pardon. C'était étonnant de sa part d'ailleurs. Maintenant, l'esprit de Tim se recentra sur la conversation. Si le maire était en colère, il ne le montrait aucunement.

Tout mon équipement, mon costume, mon insigne, mon serment, toutes mes affaires se trouvent dans mon appartement. J'ai juste récupéré mes effets personnels. Je vous remets les clés tout de suite.

Le jeune homme déposa ses clés sur le bureau. Il avait même laissé le petit poulpe en caoutchouc qui fait pouic pouic quand on appuie dessus accroché au trousseau. Tim sourit en le voyant. Il avait cependant une question à poser au maire.

Monsieur le maire, j'aurais cependant une question. Vous garderez mon identité dans les fichiers de la mairie ?

Le passage de la jeunesse à l'âge adulte consistait bien souvent à savoir prendre les bonne décision et à rester responsable en toute situation, ne disait-on pas de quelqu'un qui semblait toujours prendre les choses à la légère qu'il était encore un "grand enfant"? Le jeune ex-Justicier d'État qui faisait face à Maximilien était encore un enfant, incapable d'accepter des situations trop lourdes pour ses épaules, lâche et fragile. Même après des années, s'il continuait à toujours faire appel à la procrastination pour évoluer il n'en resterait pas moins un gamin sans cervelle et mené sans vergogne par ses hormones et ses sentiments. Le Maire plia la lettre de démission de son ancien employé et écouta ses piètres explications, il avait désormais perdu tout intérêt aux yeux du milliardaire.

Les yeux du Maire se posèrent sur les clefs déposées sur son bureau, tout cela était d'une telle simplicité après le décorum un temps soit peu fournit de la cérémonie d'intronisation à ce rang qu'il avait espéré glorieux. Sa main vieillissante se referma sur elles et il observa un temps le reflet de la Lumière du jour dessus. Que l'on quitte son service sans qu'il n'en ait fait la demande lui-même n'était jamais un bon moment. Le jeune garçon posa ensuite la fatidique question, pathétique, il fuyait et espérait ne pas être rattrapé par ses responsabilités.

- Comme vous l'avez dit, vos proches ont été mis en danger par votre appartenance à notre corps de Justicier d'Etat, pour leur bien, celui de la population et le vôtre, votre identité sera transmise au FBI, la CIA, la NSA et le GCPD, ainsi que toutes les données afférentes à vos techniques de combat, votre équipement et autre. Comprenez également que la procédure standard nous oblige à vous mettre sous surveillance pendant les prochains 30 jours afin de vérifier que vous ne risquez plus rien et ne soyez plus inquiétés par la communauté criminelle.

Le Maire décrocha l'ignoble petit objet plastique qui pendouillait lamentablement au trousseau. Ce genre de personnalisation puérile n'était pas à son goût et ne le serait jamais, c'était le reflet d'effets de modes lucratifs pour les petits commerces mais complètement stériles pour la société. Il mit la petite pieuvre dans sa corbeille et déposa les clefs sur la pile de documents qu'il lui avait remis.

- Il sera inutile de venir dans les prochaines années pour redemander une place de Justicier d'État jeune homme, ce corps expérimental a fait ses preuves d'inutilité. Les Justiciers illégaux sont toujours aussi nombreux et il ne dépendra plus de ma volonté pour les gérer, je laisserais grand soin aux Marshall de réguler leurs comportements antisociaux, nous avons usé trop de nos moyens pour eux, il est temps qu'ils le comprennent. Soyez cependant félicités pour les services que vous avez rendu à Gotham City et la sage décision que vous avez pris de vous remettre dans la droite ligne de notre société, entreprenez de grandes études et menez-les à terme, voilà la seule véritable façon d'aider le monde à avancer. Sur ce, à moins que vous n'ayez quelque chose à rajouter, je vais vous demander de bien vouloir prendre congé, Gotham City n'est pas une ville qui laisse beaucoup de temps libre.