Comme un phare qui guidait les voyageurs à travers la tempête jusqu’à une terre paisible et bienfaisante, le siège des bureaux de la Green World Corporation attiraient ceux qui croyaient en un futur pour la terre le jour, les doux idéalistes qui pensaient qu’on pourrait bientôt trouver la solution à tous nos problèmes sans avoir à changer son mode de vie, et ceux qui croyaient plus aux déduction fiscales autorisées lors d’un placement sur les énergies renouvelables. Et la nuit, c’était un tout autre public qui était attiré par le prestigieux édifice. Ceux qui ne croyaient pas en l’écologie plus qu’en leur première chaussette, mais qui mettaient genou à terre et pliaient l’échine allégrement devant le dieu Dollar. Même si ça impliquait des investissements douteux, des alliances risquées et des pots de vin sous la table. Et cette organisation parfaitement rodée aurait pu continuer encore très longtemps à jouer aux Janus à deux visages. Sauf qu’il suffit d’un seul grain de sable pour gripper la plus complexe des mécaniques.

La nuit était calme et claire sur Gotham, et une myriade d’étoiles scintillantes semblait vouloir faire croire aux habitants de la ville qu’un futur plus brillant était possible. Pourtant, le groupe de cinq hommes présent sur le toit des bureaux de la Green World Corporation ne s’intéressaient ni aux étoiles, ni aux habitants, ni même à la ville. On les avait envoyés ici pour suivre une toute autre mission, et cette mission concernait le nouveau PDG de cette florissante société : Julien Morgan.

Celui qui semblait être leur chef rajusta ce qui ressemblait aux lunettes des pilotes lors des débuts de l’aviation, puis d’un signe de sa main gantée de noir, commanda l’attaque. Du coin de l’œil, il surveilla ses troupes qui rajustaient leurs harnais et fixaient leurs filins avant de descendre lentement le long de la paroi en verre de l’immeuble. Puis il se poussa à son tour dans le vide, et commença à descendre silencieusement en rappel. On n’entendait aucun bruit, seul le très léger sifflement des cordes dans les baudriers était perceptible quand le vent cessait de souffler.

Puis, d’un commun accord, tous s’arrêtèrent, parfaitement alignés à la verticale, face aux grandes vitres. Le penthouse. Le nid de leur cible. Le chef tendit sa main vers le sac à dos qu’il portait, et attrapa quatre sortes de boutons qu’il disposa aux quatre coins de la fenêtre. Il couvrit ensuite la vitre d’une sorte de film, et il se décala à peine lorsqu’il déclencha les mini explosifs. Cela ne prit pas plus d’une seconde, et ne fit pas plus de bruit qu’un soupir. A l’aide d’un laser, il découpa une ouverture suffisamment grande pour le laisser passer, lui et ses hommes, et tira le carré de vitre en arrière, qui retomba en sifflant pendant de longues secondes avant de finir par heurter le sol, des dizaines d’étages plus bas. Il fit ensuite signe à ses hommes de pénétrer à l’intérieur du Penthouse, s’y glissant en dernier pour fermer la marche. Ombres parmi les ombres, ils commencèrent à glisser d’une pièce à l’autre de l’immense appartement, jusqu’à parvenir dans la chambre de leur cible. Son nid.

Ils se placèrent tous autour du lit, en rang serré, contemplant stoïquement le riche industriel endormi, jusqu’à ce que leur chef juge bon de le réveiller en posant le canon d’une arme sur son front et en prononçant d’une voix inhumaine et métallique.

Une des plus grandes règles de la magie, et un de ses apprentissages de base consistait à savoir détourner l’attention. Amener votre spectateur à regarder exactement là où vous le voulez, pour vous laisser le temps de préparer vos tours dans votre coin, d’amener la magie. Et s’il y avait bien une discipline à laquelle excellait la Cour, c’était bien celle-ci. L’argent ne comptait pas, le temps ne comptait pas. Ils étaient au-dessus de tout ça. Impassibles, froids et calculateurs, ses membres s’étaient fixés un projet, une cible, et rien ne parviendrait à leur en faire démordre. La ténacité, une autre des qualités de la Cour. Visages anonymes dans la foule de Gotham, rouages invisibles de la grande machine qui régissait la cité, ils disposaient de moyens illimités et surtout, de temps. Le temps d’observer, le temps de préparer, le temps : ce luxe qui permet de ne rien laisser au hasard.

Tout avait été prévu, calibré et étudié, il y avait des plans B, C, D et encore d’autres. Pour chaque situation. Pour chaque cas de figure. Car la Cour, une fois qu’elle a décidé de frapper, de punir, doit le faire vite et bien. Quand ça l’arrange, et où ça l’arrange. Et Julien Morgan était bien présomptueux s’il avait pensé se sentir à l’abri avec pour seules protections un pauvre type payé une misère pour jouer les hommes de paille, et deux ou trois systèmes de surveillance. Pour la Cour comme pour Morgan, les employés étaient des numéros, interchangeables à volonté. Et tel l’hydre des marais, Morgan venait juste de couper une tête, mais… ce n’étaient pas seulement deux qui allaient repousser. Mais une armée. Vague après vague, à chaque fois plus nombreuse et plus violente, la lame de la Cour allait attaquer. Et elle y arriverait. Si ce n’était pas maintenant, la prochaine serait la bonne. Ou celle d’après, montant d’un cran à chaque fois la violence, la surprise, et les moyens déployés.

Julien Morgan semblait satisfait de sa petite installation qui lui garantissait un semblant de sécurité aux yeux des mortels. Pour eux, peut-être, les criminels de bas-étage, les tueurs à gage crève la faim. Mais pas la Cour. Un homme était à terre, lacéré par les coups rapides et aveugles des canons cachés ? Peu importait, car à sa suite, ce n’étaient pas la petite troupe venue jouer les amuseurs dans son Penthouse. Mais une trentaine d’hommes qui avaient pris possession du bâtiment, neutralisant tous les systèmes de sécurité, liquidant tous les gardes. Des ombres fugaces et discrètes qui se mêlaient aux recoins sombres de la planque et transformer son bunker en palais des courants d’air.
Lorsque les mitraillettes furent vides, et que des canons fumants contemplaient le spectacle de l’industriel en train de s’attaquer violemment à l’un d’entre eux, six hommes entrèrent dans la pièce et se saisirent de l’homme d’affaires, le désarmant en quelques secondes. La Cour avait levé tous les obstacles, et elle allait emmener leur condamné. Mais avant il allait payer.

Les six hommes commencèrent à faire pleuvoir sur le corps du français une nuée de coups, assénés par la matraque que comptait leur uniforme. Aucune parole ne fut prononcée, mais une averse sans âme ni sentiments, obéissant juste à l’ordre qui leur avait été donné. Pendant ce temps, six autres hommes s’étaient postés le long du mur, se tenant bien droits, les jambes légèrement écartées et les mains croisées dans le dos. Comme les autres, leur regard était vide, fixé droit devant eux comme si le passage à tabac en règle qui se déroulait sous leurs yeux les laissait totalement indifférents. Et les officiants s’acharnèrent longtemps sur Julien Morgan, jusqu’à ce que son corps lui fasse ressentir une énorme souffrance, qu'un des célèbres couteaux de la Cour des Hiboux soit enfoncé dans son épaule droite, l'empêchant pendant encore des semaines de la mouvoir.

Julien Morgan avait été châtié.

HRP:Ce post a été validé après discussion avec les modérateurs et l'administrateur. En cas de souci, ceux-ci nous ont indiqué qu'il vous faudrait les joindre, plus spécifiquement Azrael qui est chargé des autorisations en jeu et des actions RP au vu des nouvelles règles.:HRP