Lenny et Josh étaient des durs à cuire, et il en fallait pour arriver à les impressionner. Mais là ils avaient peur. Là, à cet instant précis, ils étaient enfermés dans une petite pièce sombre, éclairée simplement par la petite lucarne grillagée encastrée dans l’épaisse porte blindée qui leur bloquait la sortie. Ils ne savaient plus depuis combien de temps ils étaient bloqués ici. Des jours ? Des heures ? Rien ne changeait au fil du temps, à part les repas glissés par le petit guichet aménagé au bas de la porte.
Au début ils avaient décuvé, puis, après avoir repris conscience, et l’esprit clair, ils commencèrent à appeler à l’aide, à hurler, à tambouriner à la porte massive. Mais personne n’avait répondu, et rien n’était venu troubler leur captivité. Quand ils comprirent que leurs efforts étaient vains, ils avaient commencé à parler. De tout et de rien, de la pluie, du beau temps, et de leurs vies. Tous les deux étaient des anciens de la guerre en Irak, et avaient combattu pour leur pays, et pour toutes les valeurs qu’ils jugeaient inaliénables. Ils se battirent pour un idéal, et payèrent leurs idéaux au prix de leur sang. Ils souffrirent, ils furent blessés, et ils rentrèrent au pays. Sauf qu’ils n’étaient pas assez handicapés pour aller à l’hôpital des vétérans, et trop pour pouvoir reprendre une vie normale. Et la pension ne suffisait pas à leur assurer une vie décente.
La spirale se poursuivit très vite, et ils se retrouvèrent à la rue en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Aussi ils avaient été heureux lorsque leur pote d’infortune, Randy, leur avait dit qu’il y avait une distribution de nourriture gratuite, ils n’avaient pas trop hésité. Il les avait amenés à l’arrière d’un grand bâtiment recouvert de lierre, d’où se dégageait une odeur alléchante. Ils avaient mangé jusqu’à avoir l’impression d’éclater : les vrais repas étaient rares. Mais bientôt ils s’étaient sentis lourds, leurs yeux se fermant malgré eux. Et ils s’étaient réveillés dans cette espèce de cellule.
Du bruit se fit entendre, et la porte s’ouvrit enfin.