Après 22 heures, les appartement de Little Edouard Street avaient la fâcheuse manie de couper l’approvisionnement en électricité de leur locataires.
Ce n'était pas par avarice, le gardien Monsieur Gilles était d'ailleurs un homme tout à fait charmant, mais bien pour éviter d'attirer l'attention des petits malfrats qui rôdaient dans le quartier à cette heure là. Cette méthode marchait si bien qu'au final, tous les immeubles environnants l'avaient adoptée.
Il se trouvait qu'en plus, cela représentait une économie non négligeable, incroyable ce que les gens pouvaient consommer comme énergie de 22 h à Minuit.
C'est précisément à cette heure là que, alors que le soleil lançait ses derniers rayons par dessus les pointes grises de la ville, l'Augure posa le pied sur le pas de l'hôtel.
Bien sûr, ce n'était ni par hasard ni par malchance qu'il avait décidé de jeter son dévolu sur la pauvre bâtisse. Sa cible y habitait bel et bien, et sa tête lui avait été échangé contre une belle somme d'argent.
La veille, cet homme, Monsieur Doug, si quelconque qu'on aurait put l'imaginer en train de poser des panneaux publicitaires traitants de voitures familiales, avait demandé par mail à le rencontrer.
Lorsqu'il s'étaient vus, Dieu que cet homme était quelconque, Doug avait, à la grande surprise de Tharan, ouvert une mallette remplie de billets et exigé qu'il tua une jeune femme habitant dans la Litte Edouard Street.
On lui avait aussi enjoint de détruire des photos et tous documents écrits qui pouvaient s'y rapporter, peu importait la méthode.
Un meurtre, sans conditions, récompensé par autant d'argent, ça avait piqué l'intérêt de l'Augure. Mais rien à faire, le Monsieur-qui-paraissait-quelconque-mais-qui-n'avait-rien-de-quelconque n'avait rien voulu dire, répondant par un air blasé.
Tharan aurait aussi bien put lui demander la météo.
Aussi, une fois rentré chez lui avec la mallette, autrement dit payé d'avance, Mr Smith se prit à réfléchir à sa victime. C'était une femme qui gênait son commanditaire. La demande de destruction de pièces à conviction ne pouvait que signifier qu'elle était un témoin gênant dans quelque affaire louche. Autant jeter un coup d'oeil aux photos avant de les brûler. Il avait préparé son matériel en quatrième vitesse, mit un costume cravate assez sobre et s'était embarqué dans un taxi le lendemain à 20 heures.
Après 2 heures dans les embouteillages, il s'était retrouvé dans ce quartier triste, vide et relativement mal famé. Mais bien sûr, ce n'était pas lui qui devait craindre d'être agressé ce soir.
Rajustant de ses mains gantées son ourlet de pantalon, il s'approcha de la porte d'entrée puis la poussa, peinant à le faire d'un bras, l'autre étant occupée par sa valisette. L'intérieur du hall était assez propre, comparé à la tête de la rue.
Un vieil homme à l'air gentil se tenait sur le côté, dans un petit bureau, juste derrière les boites à lettres entassées sur le mur. D'après sa casquette, c'était le gardien.
L'Augure s'approcha.
"Pardonnez moi Monsieur, je cherche Natacha Dabouchka, elle à demandé les soins d'un médecin à domicile."
Le vieil homme à l'air gentil le va la tête et répondit d'un air sympathique:
"Mademoiselle Daboucka est absente de son domicile pour le moment malheureusement. Peut être voulez vous attendre son retour dans le hall? Je peux vous faire un café si vous le désirez Doc."
"Ce ne sera pas nécessaire, merci bien," rétorqua l'Augure.
Il extirpa son silencieux de l'intérieur de sa veste et tira une fois dans la tête du vieux monsieur à l'air gentil qui s'écroula sur son bureau, avec son air gentil définitivement fixé sur son visage. Smith rangea son arme et se saisit du cadavre à l'air gentil pour l'enfermer dans le placard du bureau. Ensuite, il se saisit du trousseau du mort, examina le registre de clientèle, releva la chambre Mademoiselle Daboucka puis laissa un petit mot sur la porte du bureau du gardien: "De retour sous peu".
Cela fait, il appuya sur le bouton d'appel de l’ascenseur. Ce dernier étant en panne, il s'engouffra dans l'escalier et grimpa jusqu'au 3 ème étage. Arrivé devant la chambre de la jeune femme, il glissa le trousseau dans le serrure et ouvrit la porte. Une fois à l'intérieur, il la verrouilla derrière lui.
Sans allumer la lumière, il posa sa mallette sur la table basse du salon et l'ouvrit. A l'intérieur, il y avait ses deux ninjatos, son casque, un briquet et une petite lampe de poche. Il enfila son casque en vitesse, vérifia les sangles d'attache, alluma la vision nocturne et, gardant la lampe de poche et le silencieux, commença à explorer le petit appartement.
On ne pouvait pas dire que sa victime vivait richement. Probablement sans emploi, ou pigiste à l'occasion, elle n'avait pas les moyens de posséder un coffre fort ou un système d'alarme. Monsieur Doug avait précisé que c'était une arnaqueuse minable. Probablement pas assez douée pour bien cacher ses affaires personnelles.
Sans hésiter, il se saisit du grand portrait de famille surmontant la lampe de chevet et entreprit de l'ouvrir. Un petit tas de photos en tombèrent immédiatement.
L'Augure se baissa et à la lumière de sa lampe de poche, examina les clichés.
Un meurtre, comme c'était original. D'après les cuves qu'il pouvait y voir, il s'agissait des locaux de Axis Chemicals.
On pouvait y voir un type en train de se faire balancer dans l'un d'elles, probablement pour y connaitre un sort assez horrible. L'Augure conclut par corollaire que son employeur était, à l'origine de la mort de l'homme de la photo, que la fille de l'appart avait été témoin de la scène et que, selon toute apparence, Tharan Smith était payé pour faire le sale boulot d'un grand de Axis Chemicals.
C'était très banal tout ça. Il revint à la valise, l'ouvrit une seconde fois, et après avoir fait claquer le briquet, il brûla les photos une par une, n'en gardant que le coin. Cela fait, il ouvrit la fenêtre de la cuisine et lança les petits morceaux de papiers qui s'envolèrent au gré du vent.
Revenu au salon, il referma sa valise après y avoir rangé ses affaires, ne gardant que son casque et son revolver silencieux. Il se dirigea ensuite vers la porte d'entrée et attendit là.
Environ 20 minutes plus tard, des pas se firent entendre dans le couloir.
La serrure tourna et la porte s'entrouvrit, laissant passer une fille à l'allure frêle. Cette dernière se tourna vers l'interrupteur pour allumer la lumière et tomba morte, un trou dans la tête.
L'Augure rangea son arme dans sa veste, fouilla le corps à la recherche de photos, n'y trouva qu'un portefeuille qu'il s'empressa de vider par terre, n'en gardant que le liquide, ça lui paierai son billet de taxi.
Laissant la scène en plan, il ôta son casque, qu'il rangea et sortit de l'appartement, refermant la porte derrière lui.
Une fois dans le Hall d'entrée, il se débarrassa du trousseau de clef en le glissant dans une boite aux lettres.
L'air au dehors était frais et assez vivifiant. Tharan marcha une petite demi heure, jusqu'à avoir rejoint la route passante la plus proche. Là, il sortit son téléphone portable, l'alluma et appela un taxi.
A 23h10, l'Augure quitta le petit quartier où vivait Monsieur Gilles et Mademoiselle Dabouchka.