J'ai enfin réussi à traîner ma carcasse jusqu'au manoir Wayne. L'affrontement avec Dark Hawk, Jason et enfin Bruce ont été plus que violent en cette soirée. Cela faisait beaucoup d'affrontement pour une seule soirée, et mon corps douloureux et blessés en ferait les frais pour quelques jours. Il me faudrait deux ou trois jours pour que mes courbatures cessent. Je n'ai plus de masque, j'avais marché comme j'ai pu malgré la douleur sur plusieurs kilomètres. J'ignore jusqu'à l'heure qu'il est.

Alfred tenta de m'intercepter à l'entrée, mais je n'avais pas envie de lui parler. Je l'écarte d'un geste de la main, sans une seule parole pour cet homme qui as tant fait pour moi. Sa voix à la fois douce et triste résonne encore dans le grand hall terriblement vide du manoir. Maître Timothy. Je ne mérite pas ce titre. Je devais descendre à la Bat-Cave, j'avais des choses à récupérer, et je devais m'occuper les mains pour pouvoir réfléchir un peu. Quand j'y repense, Alfred n'avait même pas eu l'air particulièrement choqué de me voir en tenue de Nightwing. Mes yeux fatigués me jouent sans doute des tours. Il faudrait aussi que je soigne un petit peu, comme par exemple ma plaie au niveau de l'oeil.

Je suis maintenant dans la Bat-Cave. Je dessers rapidement les attaches de mon costume, retire mes gantelets, et les jette au sol. Je n'ai déjà plus de domino. Je retire ensuite la partie supérieure de mon costume, dévoilant mon corps blessé, avec la marque de la violente frappe de Bruce qui commence déjà à se transformer en bleu. J'ai peut être une hémorragie interne. Je devrais vérifier. Je dégrafe la ceinture de gadgets du costume de Nightwing que je jette au sol. Je retire la fin du costume et m'en débarrasse tout en avançant vers le présentoir des armures et costume. Je dois m'en fabriquer un nouveau.

De mon costume de Red Hawk, constitué d'un pantalon noir stylé militaire, d'une armure de torse rouge, de gantelet et de bottes en métal. Je récupère les gantelets, les bottes, et l'armure de torse. Je me dirige ensuite vers mon premier costume de Red Robin. J'attrape d'abord le pantalon noir, doublé de kevlar, que j'enfile immédiatement. J'enfile ensuite mes bottes de métal. Puis mon armure de torse, et mes gantelets. Je ferme enfin le harnais marqué du symbole du faucon. Il m'avait manqué. Je place ensuite le capuchon et la cape sur mon visage. Je suis redevenu Red Robin. Robin est mort, et Red Robin est né dans le sang.

Tout mes équipements se rangeront dans mon harnais. Je me dirige donc vers l'endroit où sont rangés toutes nos réserves d'équipements. Je ne sais pas à quoi je me prépare. Mais je sens que quelque chose va venir. Ainsi, je récupère une dizaine de mes shurikens de base, que je plie, avant de ranger dans mon harnais. Dix autres rejoignent un autre emplacement, explosifs ceux ci. Accompagné ensuite de shurikens téléguidés par l'ordinateur intégré dans mon gantelet. Ce n'est pas tout ce dont j'ai besoin. Un grappin est maintenant dans ma ceinture, accompagné d'un distributeur de gel explosif. J'ai presque tout ce dont j'ai besoin. Mon fidèle bâton favori, marqué du faucon, sans lames. Il mesure environ 40 centimètres, mais j'ai juste à appuyer sur le symbole du faucon pour qu'il se déploie, et atteigne la taille de 80 centimètres. L'autre bouton, pour sa part, déploie le bouclier pare balles. Mon équipement est complet.

Je me dirige maintenant vers le hangar aux véhicules. Il faut que je répare mon ancienne moto. Je m'agenouille à coté de ma fidèle Red Bike, et commence à la vérifier rapidement. Toutes ses modifications semblent encore en place, elle a juste besoin d'un rapide coup de clé à molette, et de remettre à niveau l'essence et l'huile. J'effectue les quelques mises à niveau nécessaire. Tout est bon.

Je sens que quelque chose va se passer. Quelque chose va se passer sans tarder.

Dark Hawk... Talia Al Ghul... Edward Nashton... Quelques fois, il suffit de quelques noms pour vous mettre en colère et vous faire perdre tous vos moyens. Quelques noms semblant anodins, lâchés au détour d'une phrase, mais qui, pourtant, révèlent en votre interlocuteur un torrent de haine, de rage, de larmes, qui finit par l'envahir et par plonger ses pensées dans les ténèbres. D'un coup, la communication est coupée. Votre interlocuteur s'est isolé, caché dans une bulle dont lui seul a la clef. Oh, bien entendu, la bulle n'est pas opaque : Vous voyez l'autre s'agiter dans son monde, s'énerver, se rebeller contre une entité que lui-même ne connaît pas. A ce moment-là, ses gestes perdent tout sens. La bulle vous empêche d'entendre ses jurons, et ne vous permet pas de le raisonner. Alors, vous ne pouvez plus être que spectateur de la folie naissante de la personne qui vous fait face, subissant malgré vous son naufrage dans les ténèbres.

Vanité. Susceptibilité. Culpabilité. Irritabilité. Nous sommes tous accrochés à de lourdes pierres qui, sans cesse, tentent de nous enfoncer dans les ténèbres, de nous couper de la réalité. Qu'on le veuille ou non, nous sommes tous victimes de sentiments dégradants, nous spoliant de notre humanité, nous volant notre part de liberté. Alors, pour éviter de sombrer, nous nous raccrochons à des ancres, qui nous gardent liés à la lumière. Certains d'entre nous se raccrochent au passé, aux souvenirs ; d'autres s'appuient sur les espoirs, l'avenir. D'autres encore se forgent un univers imaginaire, dont ils sont les auteurs, ou non. Ils s'y complaisent, s'y enferment, y mènent leur vraie vie. Et là, c'est le drame : Où est la réalité : Dans ce monde coloré et amusant, où l'ont se sent soi, ou sur ce cailloux pollué perdu dans l'infini, à errer sans but ? Pour certains, la réponse était vite trouvée...

Les derniers se raccrochaient au présent. Et pour cela, les plus égocentriques s'attachent à l'argent, au pouvoir ; les autres s'accrochaient à des êtres. Parents, fraternels, enfants, amis, petits amis... Ils sont les seuls liens qui les rattachent à la lumière. A la vie.

Violette était de ceux-là. Prisonnière d'un costume la coupant de la réalité, emprisonnée derrière un masque de verre ou un collier de fer, elle s'étaient rattachée à des êtres pour vivre. Pour survivre. La jeune femme avait ouvert son cœur à trois personnes, et tenait à elles plus que tout au monde : Il y avait tout d'abord eu Ace. L'Etincelle voyait la jeune fille comme la sœur qui lui avait manqué, et elles avaient déjà traversé quelques dures épreuves ensembles... Elly, quant à elle, s'était plus ou moins retrouvée fille adoptive de celle-ci. Elles n'avaient que neuf ans d'écart, et pourtant, sans vraiment savoir pourquoi, Violette s'était mise à la materner...

Enfin, il y avait eu Tim. Ce garçon, avec qui elle avait enquêté sur un meurtre oublié de tous et qui lui avait sauvé la vie, avait fini par devenir celui duquel elle avait été le plus proche. Leur amour improbable, union interdite d'une criminelle assumée et d'un justicier d'état, avait survécu à leurs visions quasi-opposées de la justice et du bien. Tim, qui était proche des lois et de l'ordre, avait prouvé sa loyauté envers le système en se faisant embaucher comme justicier d'état. Violette, elle, méprisait les codes et allait rendre elle aussi la justice dans les rues de Gotham. SA justice. Elle ne s'opposait pas à la justice des héros. Elle la complétait.

Quand Tim arrêtait les tueur à gage, Violette attaquait les clients. Quand Tim arrêtait un vendeur d'armes, Violette attaquait le gros bonnet qui cachait le business sous un drap de légalité et de justice. Parce qu'en tant que criminelle, elle n'avait pas besoin de mandat : Juste de carburant pour son planeur et d'une once de vigueur pour agir.

Seulement voilà, ces temps-ci, elle ne l'avait pas vu. Elle ne l'avait pas vu dans son état normal. Quand elle l'avait aperçu, sous son costume de Robin, elle l'avait vu fébrile, faible, abattu. Et elle n'avait pas réussi à le contacter depuis.

Quelque chose n'allait pas, et elle ne savait pas de quoi il s'agissait.

Violette avait attrapé son téléphone portable et avait commencé à composer le numéro de Tim. Elle avait attendu deux sonneries, trois, quatre, cinq. Rien. Pas une réponse. Alors elle avait jeté le téléphone sur la table et s'était assise dans le fauteuil miteux de l'appartement, fermant un peu plus les rideaux de la fenêtre qui la séparait de la rue.

Gramercy Row était un vrai champ de bataille pour les personnes comme elle. Les hommes armés qui avaient prit possession du quartier n'y allaient pas de main morte. Violette n'était pas (ou peu) connue des services de police, mais ces gens-là ne l'aimaient pas. Et que se passerait-il s'ils décidaient d'entrer dans son appartement ? Ils verraient une femme emmitouflée dans une combinaison, accompagnée d'une criminelle et d'une gamine disparue. Autant dire que la jeune femme ne ferait pas long feu. Et pour cela, elle se devait de prendre toutes les précautions nécessaires.

Elle attendit quelques instants, et attrapa à nouveau le téléphone, le regardant d'un air inquiet. Elly était apparue dans la pièce. La petite s'était avancée, approchée du sofa et s'y était assise, observant sa « mère » adoptive.

« Violette ? »

Elle ne répondit pas. Elle n'avait pas grand chose à répondre. Sans attendre, elle recomposa le numéro, sous l’œil inquiet de la petite aux cheveux violets. Elle porta le téléphone à son oreille et attendit à nouveau une réponse de Tim, qui jamais ne vint. Elly, un peu mal à l'aise, avait ramené ses genoux contre sa poitrine naissante, posant sa tête sur ceux-ci en la couchant sur le côté. Ses bras enlaçaient ses genoux, les gardant contre son cœur, alors qu'elle essayait de comprendre ce qui se passait.

Sentant la panique monter, la jeune femme recomposa le numéro, de manière plus fébrile et appuyée. Elle ramena à nouveau le téléphone contre son oreille, commençant à murmurer doucement quelques mots inquiets.

« Allez, réponds, Tim... Je t'en supplie, réponds-moi... »

Le téléphone présent dans mon masque sonne. Ma lentille m'indique que c'est Violette qui m'appelle. Je suis las, fatigué. Je n'ai pas le courage de lui parler. Pas après ce que j'ai fait. J'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir. Pour m'occuper l'esprit, je recommence à m'occuper de ma moto. Elle n'en a pas besoin, je cherche juste à éviter l'inévitable. Je me connais, je ne vais pas tarder à céder, et je vais répondre à Violette.

Je n'ose pas réellement lui dire à quel point je peux l'aimer. Nous sommes tellement différent, et pourtant ... un amour sincère est né de cela. J'aime également Elly, même si celle ci ne me fait aucunement confiance. Violette et moi avions prévu de vivre ensemble, mais mon retour au manoir avait stoppé net cet hypothèse.

Je venais seulement de comprendre quelque chose. Ce n'étais pas moi qui m'accrochait à Violette pour ne pas sombrer dans la violence. C'était moi qui lui servait de point d'appuis. Et je ne suis pas prêt pour cela. Je l'aime ... Je ne veux pas la perdre ...

A la troisième sonnerie, je décroche enfin en appuyant sur l'interrupteur de mon masque. Sa douce voix remplit mes oreilles. Ma voix est lasse, fatiguée, voir triste. Je ne suis plus moi même. Et pourtant, l'entendre me redonne le sourire dans ma tristesse. Tim. Mon nom. Moi. Bruce et Alfred ne m'appelle que Timothy. Dick aussi m'appelle comme cela. Mais ça fait des semaines que je ne l'ai plus vu.

Violette.

Ma voix est monotone. Je ne répond que de mauvaise grâce. Je dois me ressaisir. Elle m'aime, et je l'aime. C'est la seul personne à s'inquiéter pour moi. Bruce n'a rien trouvé d'autre à faire que de me tabasser. J'ai écarté Alfred sans pitié. J'essaie de dissimuler ma fragilité d'esprit sous un voile de bonne humeur.

Comment vas tu ma chérie ?

Je ne suis pas crédible, non. Elle me connait trop bien, elle va sentir sans la moindre difficulté que je ne vais pas bien. Elle va vouloir savoir. Elle va s'inquiéter. Elle va me parler. Elle va me poser des questions. Et je vais me sentir forcé de lui répondre. Vu que je l'aime. Cette impression, non ... Cette vérité pure et simple, mon amour pour elle, va me pousser à lui répondre. Je lui dois bien ça.

Je ne sais pas si je dois aborder la question moi même, ou la laisser faire. J'ai tué Dark Hawk, pour protéger Elly. J'ai affronté la Biosyn, en allant voir Violette. J'ai fait beaucoup de choses, je lui dois bien ça. Et j'ai beau me mentir, en me disant que je suis triste, aigri et solitaire, comme Bruce, je sais bien que je dois lui parler.

Dark Hawk ne pourra plus jamais menacer Elly.

Ma voix est tellement plus évocatrice de mon véritable état d'esprit. Je dois être franc avec elle.

« Violette.
- Tim ! »

Ça y est, il avait répondu. Mais quelque chose clochait. Dés la première syllabe, la jeune femme avant froncé les sourcils et baissé la tête. La voix monotone, fatiguée et presque blasée de son amant l'avait trahi dés le début. Pourtant, il essayait de se cacher, de se rattraper... Mais on n'efface pas ce que l'on dit. Jamais.

« Comment vas-tu ma chérie? »

Il avait essayé de sourire, de rendre sa voix un peu plus énergique, mais c'était trop tard, il était repéré. Cette chose qui n'allait pas, ce grain de sable glissé dans les dents de l'engrenage de la vie n'avait pas pu se cacher. Le silence fût total au téléphone, quelques instants durant. L'un cherchant ses mots, l'autre attendant ses dires. Violette avait posé ses yeux sur sa fille adoptive, l'observant, assise sur le fauteuil en face d'elle. Elly avait bien comprit qu'il se passait quelque chose de grave et attendait d'en savoir plus, inquiétée de l'air grave que grimaçait l’Étincelle.

« Dark Hawk ne pourra plus jamais menacer Elly. »

C'était dit, ça y était.

Violette ferma les yeux et ne répondit rien quelques instants. Elle se vida l'esprit et réfléchit à la situation. Tim et elle avaient toujours été comme un couple impossible. Là où l'un défendait la justice légale, l'autre défendait la justice loyale. L'un n'allait pas sans l'autre, mais ces deux rôles entraînaient des visions du monde très différentes. Alors que Violette n'aurait pas hésité une seule seconde de tuer Dark Hawk pour protéger un membre de sa famille, Tim, lui, semblait hanté par les remords d'avoir ôté la vie. Elle soupira longuement et chercha à son tour ses mots. Peut-être qu'après tout, elle n'aurait pas dû faire entrer la petite dans la vie du Red Robin. L'avoir imposée, comme une voleuse, et être la cause de son état d'aujourd'hui... De quel droit avait-elle imposé son mode de vie ? Elle l'avait rendu vulnérable, et aujourd'hui, il en payait le prix... Par sa faute.

« Euh... Tim... Ecoute-moi... »

Un petit temps de pause.

« Tu t'en veux, je le sens. Et je comprends. Mais tu dois te dire que tu as fait le bon choix. Si Jessica était passée à l'action, tu sais très bien comment j'aurais réagit... Je l'aurais tuée. Je l'aurais fais souffrir... Tu sais très bien que j'en suis capable. »

Une nouvelle pause.

« Tu as fais ça pour nous protéger. Et c'est ce que font les gens biens, tu sais. Tu es un justicier. C'est le contraire qui m'aurait étonné... Si... Si j'avais tué Dark Hawk, ça ne l'aurait pas ramenée à la vie... Je... »

Une troisième, un peu plus longue.

« Je sais que tu n'es pas fier de toi, Tim. Mais moi, je le suis. »

Euh... Tim... Ecoute-moi... Tu t'en veux, je le sens. Et je comprends. Mais tu dois te dire que tu as fait le bon choix. Si Jessica était passée à l'action, tu sais très bien comment j'aurais réagit... Je l'aurais tuée. Je l'aurais fais souffrir... Tu sais très bien que j'en suis capable.

Elle me comprend plutôt bien. C'est étonnant qu'elle ais tant appris à me connaitre en si peu de temps. Et elle a raison. Je savais pertinemment que si je ne l'avais pas tué, elle l'aurait fait. Et pourtant, il y a une différence entre nous deux. Elle n'aurait pas ressenti de remords. Moi j'en ressens.

Tu as fais ça pour nous protéger. Et c'est ce que font les gens biens, tu sais. Tu es un justicier. C'est le contraire qui m'aurait étonné... Si... Si j'avais tué Dark Hawk, ça ne l'aurait pas ramenée à la vie... Je...

Je suis un justicier ... Oui .... J'ai l'impression de l'oublier ces derniers temps ... Je n'aurais pas du la tuer ... Mais je devais protéger Violette et Elly ... Ais je bien fait ou non ? Bruce pense que j'ai mal agi. Je le pense également. Violette semble penser le contraire. Sa voix est à la fois douce et chevrotante. Elle est choquée par ce que j'ai fait. Mais pas autant que moi.

Je sais que tu n'es pas fier de toi, Tim. Mais moi, je le suis.

Je n'ai qu'une seule chose à répondre. Une seule chose qui veut dire en tellement d'autres. J'ai du mal à articuler. Je n'ai jamais été aussi sincère qu'à cet instant. J'espère qu'elle l'entendra.

Violette ... Je t'aime ...

« Violette... je t'aime... »

Elle ferma les yeux. Que pouvait-elle répondre ? Pas grand chose... Sa seconde main se posa sur le téléphone, et elle ferme les yeux. Tout cela était de sa faute. C'était elle qui avait amené Elly dans la vie de Tim, et qui s'y était immiscée. Et maintenant, il était brisé.
Ses yeux verrons s'ouvrirent doucement et se posèrent sur la jeune fille. Elle était prise au piège. D'un côté, Elly. De l'autre, Tim. Et enfin, Ace. Trois personnes que rien ne rapprochaient, et dont Violette était le seul lien. Elle ne pouvait pas reculer.

Alors, autant avancer.

Elle se leva du fauteuil et prit une grande inspiration. Sentir l'air frais emplir ses poumons, rafraîchir son cœur qui lui faisait mal à force de brûler d'inquiétude. Elle avait peur. Peur du Joker qui était revenu. Peur qu'il arrive quelque chose à Ace ou Elly. Peur qu'il arrive quelque chose à Tim.

Peur de l'avenir. Immédiat, certes. Mais surtout lointain.

« Tim... »

Ses paupières se fermèrent à nouveau. Elle souffla longuement pour se calmer.

« Je t'aime... »

Un petit temps de latence. Elle chercha ses mots, calmement.

« Quand elle s'éveille, elle se gorge de soleil

Chantant et dansant sans se préoccuper du temps

Qu'il lui reste. Elle ignore la neige, et la pluie, et le vent

Sans se douter qu'elle s'éteindra comme une étincelle.



Qui est-elle ? »

« Je t'aime... »

C'est important pour moi de l'entendre dire ça. Elle ne peut pas savoir à quel point elle vient de me toucher. Sa voix est à la fois triste, et tendre, et terriblement sincère. Une larme coule le long de ma joue droite. J'ai aimé beaucoup de personnes. Mais jamais autant qu'elle. Je ne sais pas quoi lui répondre. Je souris juste légèrement. Elle m'a enfin redonné le sourire.
Sa voix s'ouvre à nouveau, à la fois tendre et chantante, pour me soumettre ... une énigme dirait on.

Quand elle s'éveille, elle se gorge de soleil

Chantant et dansant sans se préoccuper du temps

Qu'il lui reste. Elle ignore la neige, et la pluie, et le vent

Sans se douter qu'elle s'éteindra comme une étincelle.

Qui est-elle ?

Elle se gorge de soleil ? Une fleur ? Un tournesol peut être ? Chantant et dansant sans se préoccuper du temps qu'il lui reste ? Une cigale peut être ? Une luciole pour l'étincelle ? Je ne comprend pas. Je suis fatigué, et je n'arrive pas à mobiliser mon intelligence. Je ne sais pas. C'est clair.

Je ne sais pas ma chérie ...