Le Gotham Malls était assez grand, même pour un centre commercial. Sa masse impressionnante dominait les rues aux alentours, plongeant dans l'ombre complète tout ceux étaient encore dehors, même à une heure pareille. Il devait bien être aux alentours de minuit. Même la lune, pourtant pleine et belle, ne perçait pas dans les ruelles de East End, pour la plupart nimbées des ténèbres les plus denses. Les rares passants étaient pressés par le poids du noir, comme s'ils étaient poursuivis par un monstre nocturne, prêt à les attraper par les mollets au moindre ralentissement. Seuls quelques rares mafieux, trop occupés par leurs gains, leurs parties de poker et les consignes de leurs intransigeants parrains avaient le courage, ou la bêtise, de braver les dangers de la nuit.

Les parrains. Encore plus fort que la menace sourde de l'obscurité, leur pouvoir tenait le couteau sous la gorge des habitants du coin. Aucun homme, aucune femme ne pouvait prétendre s'y soustraire. Sauf peut être les justiciers. Il n'y avait qu'eux pour perturber le quotidien des criminels, surtout ceux de bas étage comme les dealers et les macs. Et puis, il fallait aussi compter avec les rivalités intérieures, les tensions et la jalousie. Tout cela faisait que la vie nocturne du mafieux était bien remplie.

L'Augure se dit que, dans le cas présent, ce serait surtout leur mort qui serait bien "remplie". Camouflage activé, il avait trouvé un balcon discret, depuis lequel il scrutait avec la lunette de son sniper, la lumière d'un des restaurants. Comme prévu, on s'activait encore à cette heure. Sans vraiment payer attention au occupants du bar, il comptait déjà le cash qui l'attendait, dans un mallette, bien au chaud sous le capot d'une de ces belles voitures italiennes. Celle du mafieux qui l'avait engagé.
Ses exigences étaient simples: Il fallait éliminer un dealer de seconde zone et tous ses acolytes. Ils parasitaient le commerce propre et bien rangé des parrains. Aucune restriction, hormis celle d'être discret, et ça, c'était sa spécialité.

Il s'était même permis une petite fantaisie. Il n'avait pas eu le plaisir de pratiquer le corps à corps récemment, et il pensait achever le travail au ninjato. Au cas où, son fusil était dans son dos, prêt à l'usage. Il fallait juste attendre que le groupe d'hommes sorte, emprunte la ruelle en contrebas pour récupérer les voitures. Prévenant, il avait tout de même piégé les voitures, juste dans l'éventualité d'un fuyard gênant.

Sans plus attendre, toujours invisible, il sauta de son balcon, atterrit en contrebas et se fondit dans les ténèbres environnantes, prêt à frapper les mafieux qui n'allaient pas tarder à sortir.
Quelques minutes plus tard, la porte du restaurant s'ouvrit. Accompagnées de quelques rires et de beaucoup de jurons, les futures victimes de l'Augure déboulèrent dans le rue sombre et vers une mort certaine...

L'Augure surgit de l'ombre et avant que le premier malfrat ne réagisse, il lui trancha la gorge d'un geste souple et rapide.
Son sang jaillit et retomba comme une pluie fine alors que la pression de son artère chutait. Il s'écroula à terre devant ses camarades qui ne comprirent pas tout de suite ce qu'il leur arrivait.

"Il a tué Jino!!"

Sans réfléchir, il se jetèrent sur l'Augure qui, après avoir empalé son premier agresseur, perça le front du second. Le sang tachait maintenant le sol et coulait à gros bouillons. Le dernier homme, choqué et tremblant de rage, dégaina son arme pour l'abattre. L'Augure lança son ninjato qui transperça le genoux du pauvre gars. Il gémit de douleurs en s'écrasant par terre, les mains crispées sur sa cuisse. Après avoir récupéré et rengainé ses lames, l'Augure s'approcha d'un pas nonchalant. Toutes les cibles n'étaient pas là, il manquaient leur chef et quelques autres sbires. Or, d'après ses infos, le groupe entier devait se trouver dans le bâtiment. Si ceux ci étaient sortis, le reste devait être encore occupé à l'intérieur. Seulement, hors de question de les attendre maintenant, ils tomberaient sur les cadavres de leurs collègues. Il devait aller débusquer les mafieux dans leur planque.
Une fois près du survivant blessé, il le saisit par la veste et le souleva jusqu'à sa hauteur. L'intéressé soufflait et suait sous le coup de la peur e de l'adrénaline.

"Tous tes amis ne sont pas là. Où sont les autres? Parle, et je te laisserai en vie, je n'en ai qu'après ton chef."

La douleur faisait grimacer le malfrat qui, ne pouvant retenir des spasmes de souffrance, tressautait un peu au bout du bras de l'assassin.

"Je....uuurrgg..... ils sont là haut! Uuuuurrggg, j'vous en prie, ayez pitié...!"

L'interrogé désignait une fenêtre éclairée, à l'étage du bâtiment. Parfait, c'était assez écarté pour pouvoir s'échapper en cas de problème.

"Merci", fit il et il lui brisa la nuque. Pas de survivant, c'était dans le contrat.

Il lâcha le corps et se retourna pour se diriger vers l'entrée de Gotham Malls. Infiltrer le bâtiment ne serait pas un problème, ce n'était pas un centre militaire hyper sécurisé. Il allait justement réactiver son camouflage quand le silence ambiant fût rompu par un bruit de verre brisé: ça venait de là haut.
Revenant sur ses pas, l'Augure constata que la fenêtre éclairée, qui donnait sur un balcon, était désormais brisée et que des voix lui parvenaient de l'intérieur. Des complications... Les dealers étaient sûrement en train de se disputer pour de l'argent. Il ne fallait pas qu'ils se séparent! Soudain pressé par le temps, l'Augure s'agrippa à la gouttière en métal et sauta sur une plaque d'aération qui ressortait du mur. De là, il s'agrippa à un rebord et prit pied sur le premier balcon. Sa cible était juste au dessus de lui, mais 3 étages plus haut et impossible de l'atteindre depuis l'extérieur. Discrètement, et couvert par les voix, un peu plus fortes maintenant, il brisa le verre de la porte fenêtre et pénétra dans un petit magasin de vêtements. L'alarme ne le détecta pas quand il passa camouflé, devant une pille de chemises et un étalage de chaussettes. A l'intérieur, la grille n'était pas fermée et il déboula dans une allée marchande au parquet lisse et propre. Il faisait très sombre.
Un escalator arrêté puis deux escaliers privés le menèrent jusqu'au 4 ème étage où étaient situées les salles de réunion. Etrange. Les dealers opéraient plutôt dans le sous sol de l'établissement. A cet étage, on trouvait normalement les vendeurs du marché noir en pleine négoce..
C'était peut être pour ça que l'on voulait la mort du petit groupe. Ils étaient sortis de leur plate-bande en se frottant a un commerce trop gros pour eux!
Mais cela compliquait passablement les choses puisque ce la impliquait deux choses. Ils allaient avoir des armes. Pleins. Et il y aurait probablement un client qu'il faudrait sûrement tuer s'il posait problème.

L'Augure désactiva son camouflage et s'approcha de la salle. En écoutant, il entendit toujours les voix. Un coup d'oeil sous le pas de la porte lui indiqua qu'il n'y avait pas de garde de l'autre côté. Doucement, il l'entre-ouvrit et jeta un coup d'oeil à l'intérieur.
Oh oh. Cela expliquait que le garde de l'entrée ait bougé de son poste.
Debout, près de la fenêtre qu'il venait sûrement de briser pour entrer, se tenait un individu masqué, affublé d'un oripeau rieur, un couteau assez impressionnant à la main. Les mafieux, visiblement très surpris l'entouraient.
Puis, éclatant d'un rire très italien, le chef du groupe, c'était lui d'après le signalement, déclara:

Hey les gars! Vous avez entendu? Je crois que ce roosbeef nous menace!

Et toute sa troupe d'éclater d'un rire très très méchant.
Visiblement, l'homme masqué comptait en découdre avec les italiens. Une situation qu'il fallait utiliser à son avantage. Sans faire de bruit, il poussa la porte et s'avança dans la salle. Seul l'inconnu pouvait le voir. Lentement, très lentement, il dégaina ses ninjatos et s'approcha des deux gardes les plus proches.

Le carnage avait été rapide et précis. En un instant, seul le leader du gang était encore en vie, affalé dans son fauteil devant l'inconnu.
Après l'échange rapide entre les deux hommes, la théorie de l'Augure se confirma.
Il était en pleine négociation pour obtenir des armes auprès des anciens dealers. et ça avait mal tourné.. pour eux.
En quelques mots, le masqué obtint ce qu'il voulait, c'est à dire tout.
Audacieux. Puis, aussi rapidement que le combat s'était terminé, l'homme à l'accent anglais saisit le dealer et le suspendit au dessus du vide, dehors, au balcon.
Cela ne dérangeait pas l'Augure. Sa mission était de se débarrasser du gang. Mais il aurait tout de même apprécié de pouvoir finir sa cible.

Hey l'Anglais.. Si tu ne comptes pas partager tes stocks flambants neufs, partage au moins les victimes. Cette loque est ma cible. Je désirerait en finir avec lui moi même.

D'un coup sec, il rangea ses deux ninjatos dans son dos et s'avança d'un pas sur vers le psychopathe et sa victime.
Il s'arrêta d'eux à un peu plus de deux mètres. Il espérait que l'autre ne soit pas assez dérangé pour vouloir absolument tuer le mafieux.
Sa mission aurait été une perte de temps totale. Et hors de question de l'affronter. D'après ce qu'il venait de voir, l'individu avait l'air assez dangereux pour le battre en combat rapproché.
Autant parvenir à un compromis.

Je n'ai présentement pas besoin de stocks d'armes, surtout dans ce genre. je ne suis ci que pour régler son compte à la larve que tu tiens. Considérant l'aide que je t'ai apporté, ne serais tu pas d'accord pour me le laisser?

Au fur et à mesure qu'il débitait son discours, une idée lui vint, une idée qu'il n'aurait jamais eu quelques temps auparavant, mais que son adhésion à l'ISG avait motivé.

Tu as l'air plutôt doué. Et plutôt isolé aussi, je sais ce que c'est.
Mais avec tout ce que tu vas ramasser ici, tu pourrais entreprendre des actions d'envergure.
Voilà ce que je te propose. A l'avenir, je pourrais te donner l'occasion d'utiliser les armes que tu va récupérer.
Je prends souvent des contrats, mais tous ne sont pas aussi aisés que celui ci.
Comme ici, ce sera une aide mutuelle. Un partage des morts entre toi et moi.
Tu me donnes un coup de main et je te donne des cibles mouvantes.

Il regarda le dealer qui se balançait au dessus du vide en gémissant au bous du bras de l'inconnu qui s'était figé, comme hésitant.
Le tuer ne lui procurerait pas un plaisir particulier, mais ce serait l'accomplissement de son contrat, le preuve qu'il ne ratait jamais sa cible.

Fool était totalement flatté .
Un sourire d'ahuri se cachait sous son visage , comme si on venait de complimenter un enfant pour son dessin .
En plus de ça , ce bon monsieur lui propose de la viande ?
Un bon samaritain selon Fool ...
Toujours en tenant le Dealer qui transpirait de peur , Fool tourna la tête vers le complimenteur ...

-" Hé bien... Merci , je ne sais pas quoi dire je suis super content ! "

En disant ces mots , Fool pourrait montrer une ancienne partie de lui restée timide .
Mais c'est à ce moment que sans s'en rendre compte il lâcha le dealer du quatrième étage pour se gratter l'arrière de la tête ...
En une fraction de seconde il se souvient que cette homme voulait en finir lui même avec le dealer .

-" Oups !! "

Il se tourna à une vitesse folle vers le vide où le dealer était en train de tomber en criant .
Dans ce même instant , Fool le visa avec son bras droit tendu vers lui et referma le poing déclencha le grappin qui vient se planter dans le ventre du dealer et le retira aussitôt vers le balcon .
Fool tira le dealer qui souffrait maintenant le martyre à cause du grappin planté dans sa chair .
Il le poussa par terre et lui mît un coup de pied dans le ventre pour le faire rouler jusqu'à l'homme au camouflage .

-" C'est pas passé loin ! "

Toujours avec le même sourire , la même impertinence , la même inconscience , il se tenait maintenant devant l'assassin aux ninjatos .
Mais brusquement il sautilla par dessus le dealer et alla en direction d'un des cadavres .
Là il sortit son grand couteau et le planta dans le cou du cadavre . Il commença à à scier la chair comme si c'était du bois .

-" T'es payé pour tuer un insecte ? "

Le sang giclait à flot , il giclait sur le masque du fou , sur ses vêtements , sur le mur ...
Un acte ignoble commis sur un coup de tête comme d'habitude .
Quand il eût finit , il arracha la tête des quelques filaments de chair qui retenait la tête au buste .

Il s'avança ensuite vers le balcon et dans un puissant élan , il lâcha la tête qui était en train de tomber à ces pieds mais d'un grand coup de pied , il dégagea la tête afin que celle-ci tomba dans le vide .

-" Buuut !! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !"

Encore une fois , Fool éclatait d'un grand rire effrayant .
Pourquoi subitement faisait-il ça ?
Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête pour faire ça ?
En parlant de tête , la tête volante est partie loin et on a pu entendre le crâne se briser à l'atterrissage .
Fool arrêta de rire subitement et prit un air sérieux .

-" Bien . J'accepte de t'aider mais à une condition... Je veux que tu m'aides à brûler cette ville . "

Dès que le mafieux fut à ses pieds, sanglotant à l'idée de finir là sa courte vie, l'Augure le saisit par le col et, inspiré par l'homme anglais il le lança du balcon et le regarda s'écraser en bas, après une chute ponctuée d'un cri strident.
Tout le quartier était désormais au courant que quelque chose venait d'arriver et demain, tous pourraient témoigner et raconter qu'ils avaient entendus le cri de la victime.
Rien de plus sûr pour s'assurer d'être payé.

Il se retourna vers son allié de fortune pour constater qu'il s'amusait avec un des cadavres encore chaud. La pression sanguine de ce dernier n'était pas retombée comme pouvait l'attester le jet qui fusa en dehors de sa trachée, exposée nue à l'air libre.
Puis, apparemment très amusé, le masqué attrapa la tête qu'il venait d'ôter du corps de son ancien hôte et la lança par dessus la pierre du balcon.
Il exécuta une sorte de danse de la victoire et se tourna vers l'Augure.

" Bien . J'accepte de t'aider mais à une condition... Je veux que tu m'aides à brûler cette ville . "

Sa voix, pourtant joyeuse quelques instants plus tôt avait prit un ton sérieux, étrangement inquiétant venant du masque souriant.
L'Augure réfléchis à la signification des mots de l'homme. Aucun doute, il était juste assoiffé de massacres et de mort. Cela ne le gênait pas, son propre but était d'assassiner quelqu'un mais....
Quelques temps plu tôt, il aurait sûrement accepté la proposition. Que lui importait la vie de tout Gotham?

Mais désormais attaché à l'ISG et ses membres, il se demanda ce que Jazzman dirait s'il scellait son pacte avec l'anglais. "On ne laisse personne derrière!" ou "Tu n'es qu'un égoïste!".
L'Augure était maintenant membre d'un groupe, d'une fratrie et son honneur lui imposait de penser aussi à eux quand il pensait à lui.
C'était probablement le plus grand changement que son adhésion à l'ISG avait entraîné.
Il fallait refuser de s'allier avec ce fou.

Après un regard par dessus le balcon, pour vérifier que le corps n'avait pas bougé, il se retourna vers le tueur étrange.

Je te suis reconnaissant de ton aide, mais je ne brûlerai pas cette ville.
J'ai du travail, je dois désormais te laisser seul. Les alarmes du Malls vont se déclencher dans 23 minutes suite à l'explosion d'une voiture dans la rue côté Est. Je te recommande de fuir assez rapidement.

Sans attendre la réaction de son interlocuteur, il activa son camouflage et fonça vers la fenêtre et le balcon d'où il se suspendit pour atteindre celui d'en dessous. Il fit de même pour le suivant.
arrivé au premier étage, i sauta directement sur le bitume et prit ses jambes à son coup.

Il fallait s'échapper au plus vite de la zone. Après tout, les caisses contenaient un lance roquette tactique.
Rien ne lui prouvait que l'autre n'allait pas décider de le punir de sa fuite avec une roquette bien placée.