Esther balaya des yeux le chargement qui venait de lui être livré. Une caisse pleine d'éther était arrivée au restaurant, et il fallait vérifier la marchandise. Les bouteilles bleues furent sorties une à une de leur protection de poli-ester, et rangées consciencieusement dans une caisse métallique, qui fût verrouillée. La marraine se frotta les mains : Dans une opération, des anesthésiants bien utilisés faisaient très souvent la différence. Elle aspira l'une des dernières bouffées de sa cigarette et se tourna vers la porte d'entrée de la cave. Francis, celui qui faisait office de serveur, venait d'entrer. Il s'approcha de la marraine et montra la porte du pouce.

« Madame, un homme vient d'entrer dans le restaurant. Il dit qu'il veut vous voir. »

Esther fronça un sourcils, et s'avança vers la porte de l'arrière-boutique. Elle ouvrit un battant et jeta un regard à travers celui-ci, observant l'homme typé asiatique qui attendait sa venue.

« Comment s'appelle-t-il ?
Doulas Kakihara, madame. Il dit être des entreprises Sionis. »

Sionis... Malgré tous ses efforts de réflexion et de mémoire, ce nom ne lui disait rien. Elle interpella un autre de ses hommes de main, Marc, et lui demanda de se renseigner à propos de la Sionis Entreprise et de cet homme. Celui-ci sortit de la cave et rejoint le deuxième étage pour entamer ses recherches. La jeune femme interpella ensuite à nouveau Francis, et lui demanda d'amener leur hôte à son bureau, tâche à laquelle il s'attela. Elle jeta son mégot à terre et l'écrasa de la pointe du pied, avant de demander à un troisième homme de main, Michel, d'amener en haut une bouteille de bordeaux et une boîte à cigare. Après avoir patienté quelques instants, le temps que ses commandes aient été acheminées, elle se mit en route.

Elle ouvrit la porte de son bureau, salua l'homme, et s'assit derrière le grand ensemble qui le séparait de son interlocuteur. Elle tendit la boîte de cigare et la bouteille de bordeaux à celui-ci.

« Bonsoir, monsieur, lança-t-elle avec son accent français. Que puis-je pour vous ? »