Aujourd'hui était un grand jour pour Wendy Clark. Au niveau professionnel du moins... La jeune femme allait enfin avoir un des tristement célèbres patients de l'Asile d'Arkham. Ne vous faites pas de fausses idées. Elle n'était pas spécialement excitée à l'idée de rencontrer un de ces criminels psychopathes, loin de là. Wen' était juste fatiguée d'entendre des pseudos rumeurs, des chuchotements inquiétants, les regards toujours désolés des conducteurs de bus qui la déposaient à l'asile. La psychiatre avait beau avoir accès à certains dossiers, elle n'avait rencontré pour l'instant qu'un faible nombre de patients. Il lui fallait un temps d'adaptation, cela ne faisait aucun doute possible mais l'anglaise voulait aussi passer outre les racontars. Ce jour J était enfin arrivé, Wendy était prête. Du moins, c'est ce qu'elle espérait...

Le Docteur Hurt lui avait proposé d'assister à un entretien dans le contexte de ré-insertion de New Gotham City. Il fallait dire que Clark trouvait ce projet particulièrement intéressant et bienvenue dans une ville telle que Gotham. Malheureusement peu de détenus d'Arkham semblaient motivés pour saisir cette opportunité. De toute évidence, tuer quelques personnes était plus palpitant que de tenir un magasin de chaussures. Cependant, un certain Victor Zsasz faisait partie des quelques prétendants à la ré-insertion et cela pouvait être assez effrayant pour tout dire...
Son dossier avait fait frissonner plus d'une fois la jeune femme d'effroi. Ce n'était pas la première fois qu'elle allait avoir à faire à un tueur en série, mais jamais d'une telle extrémité. A présent, la psychiatre comprenait d'où venait la réputation de Gotham et encore, Zsasz ne devait pas être le pire...

C'est avec une certaine inquiétude que Wendy étudia le dossier de cet homme... Comment se faisait-il qu'il se soit engagé dans une telle procédure ? Elle ne voyait pas de logique à cela, à part la possibilité d'obtenir une potentielle libération afin d'agir en toute liberté. Ce scénario n'était définitivement pas le meilleur possible, peut-être se trompait elle. Clark n'arrivait pas à concevoir qu'un homme qui laisse des traces indélébiles de ses meurtres sur sa peau, les exhibant ainsi ouvertement aux autres puisse vouloir cesser d'éprouver cette sensation de supériorité. Il était évident que cet homme pense avoir besoin des cicatrices. Il était connu pour cela après tout. Éprouvait-il au moins un soupçon de regret vis à vis de ses victimes ? Quoiqu'il en soit, Wen' n'allait pas tarder à avoir les réponses à ses questions. Il était l'heure.

La brunette prit le dossier de Victor sous son bras ainsi qu'un paquet marron pâle et saisit son téléphone, elle devait prévenir Hurt qu'elle arrivait. Les douanes étaient extrêmement bien protégées, les hommes armés ne manquaient pas, leur présence devait être de toute évidence nécessaire, malheureusement. Il fallut peu de temps au docteur Hurt pour décrocher et la briefer un peu sur la situation, de toute façon, Wendy était arrivée à destination. Après quelques politesses et échange de mots Hurt l'invita à rejoindre la salle d'entretien où se trouvait le patient. Se trouver dans la même pièce de lui était assez... impressionnant, les cicatrices ressortaient bien plus que sur les photos. Il y en avait tellement... La psy' était tout à fait conscient qu'elle ne pouvait pas se permettre d'être mal à l'aise devant Zsasz, elle se détendit le plus possible et prit place devant lui.

" Bonjour. Je suis le docteur Clark et le docteur Hurt m'a proposé d'assister à cet entretien. J'espère que cela ne vous dérange pas Victor. Je peux vous appeler Victor ? "

Établir une relation de confiance avec le patient était requise et l'appeler par son prénom affreusement cliché, mais cela devait être fait. Wendy laissa plusieurs secondes de silence afin de le laisser répondre, profitant ainsi de ce laps de temps pour jeter un coup d'œil aux affaires déjà déposées sur le bureau, celles de Hurt probablement. Elle en fit de même en déposant son dossier et le paquet qu'elle avait pris en partant.

" Le fait que vous avez fait vous même la démarche pour la demande de réinsertion est une très bonne chose et je suis certaine que le docteur Hurt vous a déjà parlé à ce propos. J'aimerai, quant à moi, vous poser une question... "

Tout en parlant, l'Anglaise avait ouvert le paquet, dévoilant ainsi un miroir d'un grande simplicité (à noter que les bords étaient ronds et protégés, précaution obligatoire avec la présence d'un homme qui aime les choses coupantes...) La femme savait très bien que ce n'était pas une méthode très conventionnelle... au pire elle pouvait toujours dire que les anglais étaient étranges... Elle lui tendit l'accessoire, n'hésitant pas à le regarder directement dans les yeux.

" Regardez-vous dans ce miroir Victor. Que voyez-vous ? "

Un homme qui cherche le pardon ou un meurtrier manipulateur ?

Être une femme était un avantage considérable dans le métier de psychiatre, les patients ont cette tendance de leur faire plus facilement confiance. Ou alors, certains pensent qu'il est plus aisé de les manipuler et les faire tourner en bourrique. Wendy en avait déjà fait l'expérience dans le passé... l'égo masculin, un vrai mystère. Ce n'était pas le sourire qu'affichait Zsasz qui allait berner la jeune femme. Elle n'était pas ce point-là incompétente. New Gotham City était à la fois une merveilleuse opportunité et aide à la réinsertion de certains criminels... mais aussi un juteux billet de sortie pour les personnes mal intentionnées.
Voir quelqu'un d'autre. Une réponse presque clichée, bien choisie dans le cas de Victor. Quoi de plus normal après tout ? Il n'allait tout de même pas dire le contraire en face de plusieurs psy', cet homme n'était pas stupide. Zsasz savait exactement ce qu'il était en train de faire, mais les deux médecins aussi. En effet, Hurt était rapidement revenu auprès de sa collègue, l'œil vif, le regard attentif. Victor n'était pas encore sorti de cet asile...

Wendy avait été un peu prise de court par le débit de paroles du Docteur Hurt, ce qui était, justement le but. L'enchainement de questions était une méthode parfaite pour embrouiller le patient. Cet homme arrivait à être particulièrement intimidant, bien plus que Clark, cela ne faisait aucun doute possible.
Les explications de Zsasz n'étaient pas encore confuses, mais presque. Il prenait plus de temps pour répondre, faisait régulièrement des pauses. La jeune femme n'avait pas lâché des yeux le criminel, ou plus précisément, les cicatrices qui parcouraient le corps de cet homme de toute part. Tout cela était trop bien minutieux pour que ça soit juste terminé. Wendy ne croyait pas un seul instant à la miraculeuse guérison de cet homme. Oui, il était tout à fait possible que cela arrive, mais pas juste comme cela. Un travail de longue durée était nécessaire et ce n'est pas la rencontre avec cette femme qui allait être l'exception.

La dernière question de Hurt avait, de toute évidence, fortement perturbé Victor. Il avait beau vouloir essayer de cacher son mal l'aise, en vain. Cela sautait à la figure. Les réactions corporelles sont de très bonnes indications et surtout, ne mentent que très rarement. Une question pas capitale ? Étrangement, les tremblements indiquaient exactement le contraire. Le tueur désirait vraiment sortir de l'asile, mais certainement pas pour les raisons qu'il disait. Sincèrement ? Passer de meurtrier à bon samaritain, il y avait plus d'un pas entre les deux.

" Vous savez Victor, la question n'est pas que l'on soit fier de vous ou non. Comme l'a signalé le docteur Hurt, nous soignons les personnes qui en ont besoin même si elles n'en ont pas conscience... et vous avez besoin de nous. "

" Il y a beaucoup trop de " peut-être " dans vos propos Victor, trop d'incertitudes. Vous ne savez pas pourquoi cette femme en particulier, ni pourquoi vous avez aidé sa mère... Vous êtes intelligent, je suis certaine que vous comprenez que l'on ne peut pas juste se contenter de peut-être, n'est-ce pas ? "

La psychiatre se permit quelques secondes de pause avant de reprendre.

" Ne pensez-donc pas que vous pouvez peut-être vous tromper et que vous n'êtes peut-être pas encore prêt Victor ? "

Wendy n'arrivait pas à y croire, vraiment. Cet homme qui se trouvait se trouvait en face d'elle pensait réellement pouvoir berner deux psychiatres. Se sentait-il vraiment guéri ? Clark ne voyait pas par quel miracle cela aurait pu arriver. Il devait y avoir autre chose qui se cachait devant les paroles du meurtrier. Trop de doutes se faisaient ressentir, trop de pièces manquantes. En effet, comme Victor le disait si bien, l'anglaise avait l'impression de perdre son temps, d'entendre les mêmes réponses encore et toujours...

Lorsque le patient prononça le nom de Batman, les yeux de la jeune femme se rétrécirent dangereusement. Erreur, grossière erreur. Wendy ne faisait pas partie de ces gens qui admiraient un homme habillé en chauve-souris et qui faisait justice lui-même. Cautionner de telles actions n'étaient pas prévu à son programme, elle n'était pas à Gotham pour cela.
Regarder la vérité en face ? C'est ce que la psychiatre faisait depuis le début de cet entretien et malheureusement, elle voyait un homme couvert de cicatrices prêt à tout pour sortir d'Arkham. Un homme malade et dangereux. D'un autre côté, Zsasz avait parfaitement réussi à se contrôler jusqu'à maintenant, qu'il n'avait pas perdu le contrôle alors que les deux médecins ne voulaient que ça.

Toute cette mascarade commençait à lui faire perdre patiente. Si cela ne tenait qu'à elle, Zsasz serait déjà retourné dans sa chambre depuis un certain temps mais là non plus, ce n'était pas à elle de décider. Hurt et seulement lui avait le dernier mot. Pour l'instant, Wendy était rassurée de voir que l'homme à ses côtés faisait son boulot correctement, voir plus que cela.

"Le projet de réhabilitation est là pour les personnes qui méritent une autre chance Victor... Or, vous ne cessez de répéter que vous ne la méritez pas cette chance. Vous le dites vous-même Victor. Le programme pourrait très bien être un échec si vous n'y êtes pas admis, cela serait dommage oui. Cependant, nous sommes médecins, nous ne sommes pas là pour faire un quelconque rendement... "

"Si je vous cite correctement, vous assurez faire cela que pour une seule et unique raison... En quoi consiste-t-elle ? Aider les autres en jouant au bon samaritain ? Trouver un travail et vous faire oublier ? Recommencer à zéro ? Ou est-ce que tout ceci n'est qu'une de vos machinations pour continuer vos crimes ?
Soyez précis Victor, que voulez-vous vraiment ?

Wendy avait la sensation de tourner en rond sans pour autant avoir plus de réponses. Elle n'avait rien entendu qui lui permettait de croire sincèrement en l'homme. Quelques phrases clichées, d'autres trop incertaines. De plus, la Miss ne connaissait que trop peu le patient, c'était la première fois qu'elle le voyait et ceci pour sa potentielle sortie. Elle avait besoin d'approfondir tout cela. Du temps, voilà ce qu'il lui fallait... Fâcheusement, il lui en manquait.

Elle serrait furieusement les poings. La psychiatre n'arrivait pas à croire que Zsasz pouvait mentir de la sorte, balancer quelques inepties devant eux et avoir ce qu'il voulait par la même occasion. Plus qu'un vil manipulateur, cet homme était un meurtrier, toujours aussi malade, voire plus grandement atteint que précédemment. Des paroles trop certaines pour qu'elles soient qualifiées de rassurantes, un ton presque hautain, un homme qui se savait gagnant. Wendy haïssait cette situation... l'impression de n'être qu'une spectatrice, de ne pouvoir rien faire même si elle le voulait. Insupportable.

A quoi bon servait les avis des médecins s'ils étaient bafoués et envoyés aux oubliettes sans aucune retenue ? Le Docteur Hurt avait mis au courant la jeune femme des conditions particulières de cet entretien. Malgré cela, Wendy avait espéré qu'il ne s'agissait pas d'une fatalité. Espoir bien vain, on doit bien se l'avouer. L'administration et leurs pouvoirs, il y avait de quoi devenir fou. Mauvais choix de mots, n'est-ce pas ? L'envie de clouer le bec à Zsasz était particulièrement forte, malheureusement impossible.

Lorsque Hurt posa une main sur son épaule, Wendy plissa les yeux. A quoi pensait-il bon dieu ? Une enfant ayant besoin d'être rassurée ? Etait-il sérieux ? Jamais elle ne se serait permise d'être autant familière avec un collègue, surtout devant un patient. L'anglaise se retint difficilement de lui lancer un regard noir, préférant garder son regard fixé sur Victor.

Elle n'avait pas prononcé un seul mot, écoutant les réponses inconvenantes de l'un et les menaces creuses de l'autre. Comme si cela allait changer quoique ce soit. Il ne manquait plus que Zsasz se mette à sourire et cela serait le pompon. Il allait probablement être assez fier de lui-même pour se le permettre. Voilà quelque chose qui n'allait pas arranger son égo'. Wendy ne comptait laisser la situation ainsi, hors de question. La moindre petite erreur de la part de cet homme allait lui être fatale. Que cela soit un comportement suspect, une parole malavisée, un soupir de trop, Clark lui tomberait dessus. Elle n'était pas là pour ouvrir grand les portes de l'Asile, ni même pour jouer le rôle d'une cruche qui se laisse avoir sans s'en rendre compte.
L'entretien touchait à sa fin et il n'y avait aucune utilité de le prolonger. L'ultime décision avait déjà été prise depuis longtemps, sans son consentement. Ce n'est pas comme si son avis comptait après tout, qui était-elle ? A part la petite touriste anglaise qui ne savait pas où elle avait mis les pieds ? Bah voyons.

" Nous ne reverrons Victor, soyez-en certain. " Une bien triste évidence. N'ayant rien de plus à ajouter, la psychiatre se retira de la pièce. Elle n'arrivait pas à croire. Etaient-ils tous inconscients dans cette satanée ville ? Apparemment, oui. Quoiqu'il en soit, elle devrait avoir une discussion sérieuse avec quelques personnes, histoire de remettre les points sur les " i " et de dire sa façon de penser. Elle n'était pas là pour servir de décoration d'intérieur, il était temps que cela entre dans certains esprits.

[HJ-ok, réponse absolument pourrie, je galère un peu ces derniers temps, je suis désolée. Cela a été un plaisir de RP ici. -HJ]