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Ne manquez pas les deux derniers chapitres de Darkwatch, où s'affronteront Le Chevalier Noir et l'Empereur !

Clash of the Warriors & La Révolte

"Lors d'une rafle de la Ligue des Ombres, la Lignée décide d'intervenir et de massacrer les hommes de Ra's Al Ghul. Les habitants, excédés par la situation, décident de se révolter, avec le support de l'Empereur et ses troupes. Le G.C.P.D est dépassé et les justiciers n'ont d'autre choix que s'en mêler, Batman en tête."

(Petit aperçu des évènements en vidéo ici)


CREDITS

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©Les images utilisées appartiennent à leurs auteurs
©Les bannières ont été crées spécialement pour le forum Gotham City Rpg par Deimos Hellhammer
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 Hail Léviathan

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MessageSujet: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyDim 7 Avr - 20:56

«  And so we wait, patiently. Our tendrils spreading, unchecked, uncontrolled, unseen. Our hatred vaster than empires, and more slowe. Our name : Leviathan »

Hail Léviathan 130407085245644269

La flamme brûlait bien. Seule source de lumière dans la salle étrangement étirée par la nuit, elle crépitait faiblement, soucieuse de rester discrète, mais elle brûlait bien. La lueur bleutée et versatile parvenait cependant jusqu'au visage du Son of the Pyg, et mettait ainsi en valeur sa perfection. Caressé par la chaleur colorée, la face porcine, au teint rosé savamment calculé, s'embellit encore d'un rougeur divine, révélant à la lumière sa texture parfaite et son unité imperfectible. La magie des scalpels, de peaux gracieusement retirées à plusieurs volontaires, d'une vie entière sacrifiée au travail avait menée à cette ode physique, concrète, et même palpable – oh ! Joie ! - à la grâce supérieure bovine. Après avoir brûlé son temps et son argent pour ressembler à un cochon, Son of the Pyg, sous les conseils de son prédécesseur avait réussi à devenir encore plus beau. Et, en homme infiniment bon, en visionnaire, en Jésus de la beauté, il comptait en faire profiter tout Gotham. Des tonnes et des tonnes de chair imparfaite, des centaines de femmes et d'hommes, malheureux dans leur vie d'humains laids, il sentait en lui, il sentait bouillir dans son sang la soif de les aider, d'en sacrifier une partie sur l'autel de la beauté suprême, puis de l'accorder à tous, sans concessions. Et voir dans leurs yeux le bonheur enfin trouvé, la satisfaction et une gratitude illimitée, une gratitude qui brillerait dans leurs yeux de cochons, une fierté qu'il aurait lui même bâti avec ses scies tournantes et ses tronçonneuses. Oui, il était un nouveau Dieu et...

La porte de la salle s'ouvrit à la volée, puis claqua aussitôt. Si les murs ne bougèrent pas d'un pouce, la flamme unique vacilla, quitta le visage du Son of the Pyg qui se tournait pour considérer le nouveau venu, puis revint, plus éclatante qu'avant. Plus brûlante. Le nouveau venu resta à l'entrée, et se contenta de visser son chapeau noir sur sa tête dégarnie, où les os du haut de crâne pointaient sous la peau craquelée. Un sourire avenu rongea peu à peu son pâle visage alors qu'il se rendait compte qu'il était le dernier et qu'on l'attendait. Confortablement assis sur des chaises de bureau autour d'une flamme à l'origine suspecte, trois silhouettes se dessinaient, entre le Seigneur Death Man et la vitre du septième étage. Tout à droite, et au plus près des flammes, le fils du Docteur Pyg, plus effrayant encore que son paternel regardait Docteur Death avec l'exacte attitude d'Appolon, assistant à la naissance de son frère Héphaistos, juste avant qu'on ne le jette en Enfer pour sa laideur. Amusé, le nazi dément se rappela des premiers mots du Son of the Pyg, lorsqu'on l'avait arrêté alors qu'il démembrait de jeunes femmes issues de la classe bourgeoise pour mettre au point le corps-type de ses dollotrons. Il avait brandi un catalogue de vêtements devant les inspecteurs du GCPD, braquant sur lui leurs canons entre les corps nus pendus au plafonds et éventrés comme des cochons, et, montrant des modèles prenant une pose lascive en mini-short, il avait prononcé : «  On me propose, j'achète. On étale les produits : je les choisis et je les consomme ».

Devant lui, les cernes titanesques et des marques de piqûres sur les bras, les doigts, autour des yeux et sur presque chacune de ses veines, Jolisa Windsor, n'ayant pas tourné les yeux vers Dedalus, gémissait doucement en regardant le feu, tout en imitant ses crépitements en faisant claquer ses lèvres, ses mains étrangement tournées vers le plafond, et caressant le haut de ses cuisses avec le dos de ses dernières. Elle était posée au bout de sa chaise, si bien qu'un seul mouvement l'en ferait tomber. Elle semblait précaire, voir fragile, et son style de combat était tout aussi ordonné que ses pensées mais ce n'était pas la raison pour laquelle on pouvait ne pas la craindre. C'était la raison pour laquelle ses derniers amants ayant essayé de la calmer alors qu'elle compensait ses erreurs par injection avaient été dépouillés de leurs yeux avec les ongles, de leur peau avec les dents, de leur vie avec le plus proche objet qu'elle eut trouvé. Qu'ils portaient un Glock ou une mitrailleuse à ce moment là n'avait fait aucune différence. Lors de l'un des moments de lucidité où sa traître intelligence avait encore fait des siennes, Dedalus avait eu avec la jeune Jolisa une merveilleuse et didactique discussion à propos de la création d'un sionisme Gothamite. Jolisa était belle, forte, intelligente et folle, elle était la Kahty Kane qu'il aurait voulu, pas la justicière que sa fille était devenue.

Le père de Batgirl tourna la tête une troisième fois et aperçut, aux cotès des deux premiers membres du Léviathan, le Goat Boy, plongé dans l'ombre. Sa courte fourrure blanche, comme le présumait la légende, était encore assombrie du sang des dizaines de vies qui y avaient coulés. Ses grandes dents se découvrirent à l'entrée de Dedalus, et révélèrent leur blancheur troublante au profit d'un éclat de lumière incandescente. Dans le fond de la pièce, debout comme à son habitude, plus immobile qu'une statue, l'Hérétique restait silencieux, et tendait son corps de tueur parfait dans l'atmosphère fraîche d'un bureau abandonné. De l'autre côté, un tas de chaises inusées, de seringues abandonnées de réchauds improvisés – canettes de coca cola découpées en deux, eau jaunie et allumettes premiers prix, le kit de survie du camé – et des journaux poussiéreux accompagnés de déchets divers – avaient été repoussés contre la seconde porte, de toute façon condamnée, pour faire de la place. Il ne manquait dans cette salle plus que le Lord of Death, le Mystérieux Chef du Léviathan et deux ou trois membres émérites pour faire de cette réunion improvisée un véritable état major. Ce fut Goat Boy qui brisa le silence en premier, et s'adressa en hélant à Dédalus :

- Qu'est ce que tu regardes, mon chou ?
- Un tas de cadavres puant – et une junkie.

Le tueur aux crins blancs grogna, et cracha dans le feu, alors que le vieux Dédalus s'approchait enfin pour poser ses fesses fatiguées sur une chaise. Un sourcil levé, il considéra les flammes un moment, puis demanda :

- C'est quoi ?

- Du chien, trouvé dans la rue. Et du traître, trouvé dans la rue aussi, en sang et en larmes.

C'était encore le Goat Boy qui avait répondu, mais Jolisa enchaîna aussitôt, en se balançant d'avant en arrière, les mains désormais sur les genoux.

- IL ETAIT VENU ME DEMANDER LE PARD... DRR.. le PARDON-ON ! PARCE QU'IL AVAIT DONNE UN DE NOS QG A BLUDHAVEN !!! ET QUAND IL EST ARRIVE SA TETE RESSEMBLAIT A UNE POMME ET C'ETAIT UNE GOLDEN ET JE VOULAIS LA MANGER ! LA MANGER ! ET IL PLEURAIT ET LES LAMPADAIRES ME DRAGUAIENT ET IL PLEURAIT ET IL SAIGNAIT ET JE..

Pyg se leva, mouvement parfait, peau parfaite, contrôle parfait de la situation. Une partie du Léviathan se tut, prête à l'écouter. Une phrase de John Connoly roulait dans leur tête, alors que chacun se murait dans son silence, prêtant une fausse attention au docteur fou. «  Heuresement que personne ne peut accéder à nos pensées, sinon, nous serions pris exactement comme ce que nous sommes tous : des imbéciles prétentieux et pervers. »

- Stop. Si nous sommes tous réunis ici, c'est pour deux raisons. D'abord, parce que Gotham a toujours été généreuse avec nous, que ce soit dans nos carrières personelles ou dans le cadre du Léviathan, c'est aussi parce que notre.. notre.. * il eut un rire très porcin, très reniflé* notre manitou sans nom nous a mandé. Et que c'est grâce à lui que nous pouvons nous réfugier derrière le Léviathan et user des forces de l'organisation comme nous le voulons. Je vous rappelle que le Léviathan, c'est aux alentours de mille hommes en Afrique, grâce à la propagande soudanaise et malienne, et presque autant en Asie et aux Amériques. C'est du soldat, enfant et adulte, c'est du matos, c'est des fausses identités, c'est une pieuvre serrée autour du monde, qui étend ses tentacules sur tous les continents et sur tous les plans de la .. géopolitique au commerce narcotique. Tout ça pour former une vraie union contre toutes les sociétés de justiciers qui polluent notre beau terrain de jeu. Qui parasitent nos guerres, empoisonnent la boue dans laquelle se débattent nos cibles. Allons droit au but.
L'Hérétique approuva l'idée d'un grognement lointain. Au delà du fait qu'il avait l'intelligence et les talents de Damian Wayne, il avait aussi hérité du même caractère. Les choses intéressantes commençaient.
Notre illustre inconnu manitou, donc, est courroucé de la présence d'un traître parmi nous. Il aurait en effet été victime de l'attaque de soldats du Léviathan, de sa propre organisation, et souhaite que nous retrouvions la source de ces agressions.

- Il nous prend pour quoi ? Ses humbles serviteurs, ses SS de procu, ses .. ?

- JE NE SAIS PAS JE NE SAIS PAS QUE FAIRE JE PENSE QUE DEDALUS ET PYG SONT PAS COLORES SHEISSE ! LOK'TAR ! SVETLANA !
- Taisez vous. Le véritable but de cette manœuvre est de localiser le Léviathan à Gotham, nous nous installerons ici et pourrons mener nos..
- S'installer à Gotham ? Si près de Batman et compagnie ? C'est risqué.
- S'installer à Gotham ? Si près de Batman et compagnie ? C'est une aubaine.

Un silence suivit l'intervention de l'Hérétique. Majestueusement sobre, le fils cloné de Talia Al'Ghul se tenait toujours adossé à son mur, gigantesque, tel un Oni tout droit sorti de la mythologie asiatique pour veiller sur les maîtres du monde criminel. La jeune femme s'était calmée, Dedalus ricanait doucement dans son coin, et le Son of Pyg reprit le contrôle de la conversation. Un détail que Dédalus, quasiment sourd à cause des cris des centaines de victimes de ses tortures

- Le Léviathan est réveillé, et il demeurera désormais à Gotham. Nous allons en premier cas nous occuper de cette trahison, puis nous traiterons d'autres dossiers, et passeront faire un petit coucou à Batman.
- On fait ce qu'on veut, jambonneau.
- Bien sûr. Et qu'as tu envie de faire mon petit, hein ?
- M'occuper de Batman et traiter des dossiers qui crient, qui se débattent et qui hurlent comme on traite les dossiers qui crient, offrent et hurlent.
- Bien. Occupons nous donc de notre petit problème de trahison. Nous sommes tous ici habilité à faire parler des gens, mais j'ai pris la liberté de contacter le Docteur Death, qui a dèja travaillé avec certains membres de notre organisation, afin de nous aider à faire parler nos prochaines cibles. Qui sont elles ? Il se trouve que d'après le message que j'ai reçu – boite aux lettres anonyme, posté depuis la Nevada State Route 375 -, notre bon leader adulé a retrouvé sur l'une des taupes un téléphone portable. A l'intérieur, trois numéros. Un amène à un mort, un semble avoir fait explosé quelque chose, c'était un numéro planifié pour une opération mais la voie est inretraçable et le dernier.. le dernier nous attend, à quelques centaines de mètres d'ici. C'est sûrement le membre d'une seconde vague prévue contre la tête du Léviathan, et nous pouvons apprendre beaucoup de lui. C'est pourquoi j'ai dèja appelé le Docteur Death, et c'est pourquoi, mes dollotrons, Dedalus et lui, vous allez le retrouver, le capturer, et le faire parler. Si vous n'avez pas de questions, Léviathan, nous attendons le maître de la mort d'un instant à l'autre.
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyLun 15 Avr - 20:04

Spoiler:

-Herr Doktor, (je crois que tout ceci est un vulgaire piège), déclara Ludwig en voyant son supérieur terminer de fermer sa veste militaire.

Le Docteur changeait littéralement de peau dès qu'il enlevait sa blouse de coton qui lui servait lors de ses expérimentations pour préférer son uniforme militaire en laine renforcée. Sa silhouette semblait littéralement grandir dans son uniforme fait d'une couleur aussi sombre que son être. Il avait l'air plus sinistre et plus cruel. Son visage pâle devenait soudainement cadavérique. La lueur intellectuelle de ses yeux s'évanouissait dans son reflet pour devenir la flamme sardonique d'un être voué au crime le plus froid. Ses deux bottes noires luisantes enfermaient avec une grâce stricte son pantalon noir doté de bandes latérale satinée. De profil, l'on eut pu rapidement croire voir surgir un ancien nazi des ruines du Troisième Reich. Sa chevelure blanchie par ses expériences tombait pile à la limite du col haut de sa veste d'ébène et ses quelques médailles projetaient d'angoissants rayons tremblotants sur son reflet. Les boutons frappés d'une tête de mort maintenant tous fermés, le Docteur tourna son visage vers son subordonné inquiet.

- (Je crois Ludwig que tu es trop sur la défensive), répliqua-t-il.

- (Et vous pas assez), rétorqua Wilfried qui se tenait derrière eux. (L'idée vous a-t-elle seulement effleurée l'esprit?)

Karl saisit ensuite son masque à gaz. Ce dernier reposait dans une boîte métallique stylisée dont il était seul détenteur de la clef. Cet élément, si simple et si pur, était le spectateur silencieux de la déchéance de l'être Humain. Il avait affronté des nuages toxiques de toutes les couleurs et de toutes les épaisseur, il s'était noyé dans les horreurs de son créateur, éclaboussé par le sang, la poussière ou la boue, il avait toujours tenu bon et les soins réguliers que lui prodiguait le Docteur l'aidait à supporter le poids du temps. Si l'on interrogeait ce simple objet il aurait pu peindre et décrire avec une réalisme saisissant les insatiables orgies meurtrière de Karl. Ses deux vitres rouges pouvaient, si on les observait assez longtemps refléter le temps perdu et les âmes des victimes de cet homme né quelques décennies trop tard pour parfaitement s'assortir au décors.

- (L'organisation qui s'appelle le Leviathan), commença le docteur en positionnant son masque autour du cou, (est reconnue dans le monde criminel comme synonyme de terrorisme international.)

- (Et si toutes ses rumeurs n'étaient pas fondées et qu'en fait ce ne soit qu'une grotesque façade pour faire un large coup de filet?) proposa Erwin qui nettoyait son arme comme un militaire dicipliné.

Il termina de resserrer les sangles de son masque et se tourna à nouveau vers ses subordonnées.

- (Totenmeister), reprit le Docteur, (Nous sommes ici pour faire la guerre, mais pourquoi sommes-nous si apte à la faire?)

Il laissa la question flotter un instant devant les visages attentifs de ses subordonnés, histoire qu'ils puissent imaginer quelques éléments de réponse.

- (Parce que nous sommes supérieurs! Parce qu'il n'existe pas au dessus de nous un seul être qui puisse se vanter de pouvoir atteindre notre instinct souverain. L'éminence de notre existence elle-même réduit toute peur de défaite à néant. Nous avons le talent de mille soldats et le courage d'un million. Vous craignez une invitation? Mais de qui donc? Les couards de la police? Ils sont trop occupés à reconstruire leur propre cloaque de corruption; le tribunal? Ont-ils réussi à condamner le Joker? La Garde Nationale? Le FBI? La CIA? Des organismes qui pourchassent mes fantômes de la terreur partout et nulle part! Peut-être songiez-vous à un projet de Justicier? Absurde! Ils ont tous la même faiblesse: ils sont seuls, ils s'isolent mutuellement. Parce qu'ils sont ralentis, affaiblis, diminués par une quête de reconnaissance et d'orgueil. Ils sont la lie véritable de ce monde, inférieur en tous points à nous. Et n'ayez crainte, le temps venu ils disparaîtront comme ils sont nés : dans la plus grande violence! Nous sommes l'unité qui régit l'être Humain, nous sommes le bras armés de la Guerre elle-même, nous sommes Maladie et Mort dans le cœur de nos ennemis car ils sont seuls face à nous et notre Unité toute puissante! )
"(Aussi messieurs et parce que la science elle-même est de notre côté,)
continua-t-il en montrant son laboratoire d'une main gantée de noire, (ne craignez pas les pièges de votre imagination. Nous sommes l'Alpha de cette espèce dévastée par l'égoïsme et la peur! Nous sommes l'Oméga de leur existence et nous allons lui montrer qu'en tant que tel nous disposons des vies comme nous l'entendons. Maintenant mettez vos masque et préparez-vous messieurs, si ce Leviathan est bel et bien ce que les rumeurs en disent alors croyez moi Gotham s'embrasera.)

Marteler les idées les plus simples était une méthode totalitaire qui avait fait ses preuves au travers de l'Histoire, surtout dites avec la conviction et la sincérité du Docteur. Il ne hurlait pas, ne criait pas, il expliquait calmement, comme un professeur à des élèves attentifs. Il ne se croyait pas prééminent, il le savait, c'était d'une logique à toute épreuve. Résultat d'une expérience qui devait créer l'être supérieur même loin de la perfection, il s'élevait comme le modèle le plus aboutis de la destruction faite Homme. Les autres pouvaient se tourner vers Dieu, vers des croyances en un modèle représentatif de l'univers et de ses règles, lui se tournait simplement vers un miroir pour reprendre foi en sa propre détermination. Karl ne pensait pas en terme de Justice ni de Morale, il pensait en terme d'ascendance et il avait beau se tordre les méninges, il ne voyait personne au dessus de lui.

A présent ses hommes ne doutaient plus. Erwin et Ludwig étaient naturellement les plus réceptifs aux discours du Docteur et Wilfried, même s'il n'osait se l'avouer, avait besoin d'une autorité au dessus de lui. Inconsciemment il se conceptualisait le Docteur comme un véritable supérieur. Lui qui avait été rejeté par la Nation à laquelle il avait tout sacrifié, il s'était retrouvé seul et sans hiérarchie, lui qui en avait tant besoin. Karl était plus qu'un simple Docteur, plus leurs opérations avançaient, plus les plans qu'il préparait devenaient réalité et plus il prenait la consistance d'un guide en leurs esprits dominés par la cruauté.

Les pans du manteau de la Mort claquèrent alors qu'elle entreprit de descendre les escaliers. Ses hommes terminaient leur préparation, vérifiant leurs armes, leurs chargeurs et les étuis de leurs couteau. Si tout allait mal le Docteur aurait le droit à une belle vengeance. Erwin s'installa en tant que chauffeur, un Berreta caché sous le pare-Soleil, Ludwig prit la place du mort et cala soigneusement son fusil d'assaut entre ses jambes. Wilfried s'assit aux cotés de son supérieur en tant que passager. Il n'était pas entièrement rassuré, mais le Docteur savait ce qu'il faisait, il n'avait pour le moment jamais échoué.

- (Si tout se passe mal, la soirée finira avec l'expiration de tous nos ennemis), fit-il pour lui-même.

- (Je serais presque tenté de tout faire raté à cette simple idée Wilfried, prend garde), plaisanta Karl.

Les deux hommes rirent un temps alors que le véhicule progressait dans Gotham, s'assurant de toujours prendre les routes les moins fréquentées, l'on évitait ainsi les mauvaise rencontre. Depuis la vitre teintée, Hellfern observait les rues et les ruelles, les trottoirs où grouillaient les prostitués, les enfants faméliques, puis les habits de luxes et les parures de bijoux aux cous de jeunes femmes botoxées. Savaient-elles qu'elles étaient soignées à grand renfort d'une toxine mortelle? Mieux valait que non mais la pensée fit sourire le criminel qui resserra les lanières de ses gants en cuir noir. L'on ne fit que peu attention au véhicule qui se noyait dans la masse, seul un clochard en quête d'argent s'approcha malencontreusement de la vitre de Ludwig pour réclamer un peu d'argent. Karl demanda une pièce et Wilfried et l'enduisit d'un liquide verdâtre qu'il gardait dans une poche de son pardessus. Il la secoua un peu pour que l'étrange composé devienne transparent. Le misérable vit la vitre arrière se baisser légèrement et une main gantée avec l'objet de sa convoitise en jaillit. Il a saisit en remerciant le Docteur qu'il ne distinguait pas dans la pénombre comme un prince. Lorsque le feu redevint vert, tous éclatèrent de rire en songeant à la lente agonie qui attendait l'individu.

Erwin immobilisa le véhicule et regarda le carton sur lequel était inscrit l'adresse. Il se tourna vers son supérieur. Ludwig vérifia son arme, Wilfried se raidit.

- (Nous y sommes Docteur), déclara-t-il avec un air sombre.

- Winderbach, fit le Docteur en ouvrant sa portière. (Veillez à vous déployez dans la zone comme convenu, je n'aimerais pas qu'une simple roquette mette fin à vos jours.)

Il s'étira une fois sur ses deux jambes et regarda le lieu du rendez-vous. Il ne payait pas de mine, ce qui rendait l'invitation plausible. Lorsqu'il s'avança vers la porte d'entrée du lieu, ses hommes quittaient le véhicule pour s'installer dans les parages et garder de près la sortir des lieux. Sans se soucier d'un quelconque piège, Karl poussa le porte d'entrée. Un vaste hall s'offrait à lui. Heureusement les indications de son invitation étaient assez claires pour qu'il puisse progresser dans le dédale de couloir et de portes. Il trouva finalement celle qui devait lui révéler ses commanditaires. Son gant se referma sur la poignée et il ouvrit doucement la porte.

Lorsqu'elle fut pleinement ouverte, il se permit de détailler l'assistance. Le premier mot qui traversa son esprit fut "Faszinierend" (Fascinant). Il y avait un Goliath contre un mur, un homme avec un masque de Porc debout face à une assemblée intrigante: un vieillard, une jeune femme et un autre homme masqué comme une chèvre ou un animal du même acabit, cette soirée risquait d'être aussi passionnante que dérangeante. Il fit claquer la porte derrière lu puis écarta les bras.

- Guten Abend, commença-t-il avec un ton enjoué, l'on a, semble-t-il, besoin de mes services. Herr Doktor Death en chair et en os.

Il ne savait pas à qui il avait affaire, mais autant les mettre au diapason tout de suite, il était essentiellement là pour son plaisir, celui de savoir si oui ou non il aurait face à lui des amis ou des ennemis pour son principal loisir. Et si on venait à lui proposer de quoi mettre ses talents en action, il n'allait pas rechigner à la tâche. Il tira sans attendre une réponse une chaise et s'assit dessus. Il n'allait pas faire de manières dans une pièce où l'on avait caché comme on avait pu tout ce qu'il fallait pour se droguer dans un coin et mis des bougies histoire de tamiser l'atmosphère et noyer dans la pénombre ce que l'on ne voulait ou ne devait pas faire voir. Son masque examina encore un peu les alentours. Tout autour de lui suintait le crime et la cruauté, les regards, les postures, la poisseuse ambiance semi-mystique, décidément, il se sentait bien ici.
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyDim 21 Avr - 19:45

- [...] le septième jour Dieu livra les hommes aux animaux de la terre pour que les animaux les dévorent. [...] il se détourna de sa création et Satan demeura seul pour tourmenter les hommes. -

A l'arrivée de Docteur Death, un courant d'air vint balayer la pièce où les restes des traîtres du Léviathan achevaient de se consumer. Le foyer crépitant faiblit. Il n'allait pas être long à s'éteindre et dégageait une écoeurante odeur de suif, de corde chaude et de baillons consumés. Dehors, au pied de la barre d'immeubles qui abritait les quartiers généraux provisoires du Léviathan, des enfants jouaient au ballon derrière les baies vitrées doublées de film occultant. Au loin, la lente respiration de la ville résonnait du bourdonnement des hommes inconscients. Plus forte et plus grave, la respiration du monstre Léviathan s'arrêta à l'arrivée de l'ancien nazi, mais reprit aussitôt de plus belle, avec la force du lion affamé et l'haleine du prédateur satisfait. En réponse aux salutations distinguées du spécialiste de la faucheuse, des regards déments, des pupilles écrasées et des oeils borgnes se soulevèrent en même temps, et s'accrochèrent à la forme noire qui venait de pénétrer dans la noire Eden, où les apôtres du Mal s'étaient réunis pour décider d'un nouveau départ. La fumée pas si blanche qui s'échappait du tas informe aux pieds du Son of the Pyg embruma un instant l'espace entre le récipient de la Haine humaine et ses hôtes brûlants, et brouilla la vision des deux partis mais très vite, le claquement du cuir usé des gants de Dédalus rompit le silence. Sa voix toute aussi abimée mais beaucoup plus profonde prit alors l'héritage de cette prise de contact spéciale et prometteuse, et malgré sa faiblesse due à l'âge, se fraya un chemin jusqu'aux oreilles du Docteur Death. Seul Joliane savait pourquoi une si faible communication pouvait parvenir à traverser une pièce. Chargée comme elle était, elle pouvait voir les sons, et elle n'était dieu merci pas daltonienne pour un sou : la voix de Dedalus était rouge, rouge pourpre, c'était la couleur de la voix du Diable et le diable parle à tout le monde. Tout le monde peut l'entendre, n'importe où, n'importe quand.

- Wilkommen, Docteur Death. Bienvenue parmi nous. Le Léviathan a en effet mandé vos services, mais ne restez pas là, rejoignez nous donc. Parlons en.

Sans prévenir, Goatboy se mit à bêler, et son cri animal déchira l'air et tomba sur l'horrible verité comme un marteau de juge venu la confirmer : l'assemblée qui se tenait ici n'avait rien d'humain. Où peut être était elle justement trop humaine ? Elle était une sorte de dépôt, la matérialisation physique dans le corps de six personnes de tout ce que les humains cachaient au fond de leur coeur, leurs bas instincts, l'horreur qu'ils imaginaient, voyaient et rêvaient chaque jour et qu'ils enfouissaient chaque nuit en s'endormant au plus profonds de leur être. Tous les jours, ce dépôt intérieur s'agrandissait et la décomposition des cauchemars et des folles envies qui les tenaillaient donnaient une terre désolée, dévastée, où le Diable se promenait allègre. C'était le terreau de leurs pires actions, et donc de leurs actions les plus humaines : meurtres, viols, vols.. Privés de forêt pour cacher cette terre, plus dévastés les uns que les autres, les membres du Léviathan étaient le reflet du Vrai Humain, et c'était probablement pour cela qu'on cherchait tant à les faire taire. "Ce sont des enfants. Ils ont la pureté des diamants les plus parfaits. Aucune ombre. Aucune inclusion. Aucune faille.Mais leur pureté est celle du Mal"

C'est le Docteur Pyg qui prit en main la conversation, une fois que le Docteur Death se fut rapproché, sous le regard douceâtre de Dedalus, dont la fille - Batwoman - avait dèja failli mourrir entre les mains du seigneur de la guerre et de la mort. Le vieil homme au chapeau soupira, et une phrase d'Hegel - "Les enfants poussent au tombeau" - trottinait dans sa tête alors qu'il écoutait le dément porcin, et qu'il s’apercevait qu'on pourrait aussi l'appeler le Démon porcin.

- Le Léviathan est menacé. Si nous voulons nous imposer dans l'Eden satanique qu'est Gotham, là où poussent les racines du mal et où le Chaos est ordonné, nous devons être aussi parfaits que moi, mais dans notre unité, et dans notre universalité. Toute l'organisation doit être un même couteau, sans fioritures et à la lame parfaite, le seul couteau qui pourra transpercer le coeur de la Justice, le chancre bordélique des faiseurs de bien, ces punaises parasites accrochés à une cause et incapables de s'en déloger. Si vous voulons faire couleur tout leur sang, nous devons être unis dans la désharmonie. Une guerre ne se gagne qu'avec de vrais alliés. Et sans traître. Or, le Léviathan est compromis. Je parle par là des deux Léviathan : l'organisation en elle même et, plus précisément et à travers elle, notre fondateur, dont l'identité, vous m'en voyez désolé Docteur Death ne pourra vous être révélée puisque nous même ne la connaissons pas.

En tout cas, quelqu'un a percé ce mystère, a trouvé notre fondateur, celui qui nous a permis de nous appuyer de tels fonds pour répandre la haine sur toute la planète. En clair, c'est comme si les chevaliers de l'apocalypse risquaient de perdre les écuyers qui fournissaient leurs montures. Nous avons trouvé ce traître. Le Léviathan s'est défendu, et a échappé aux tentatives d'assassinats, mieux que cela, il a mis à terre quelques uns de ses assaillants - nos propres soldats - et trouvé dans leurs vêtements un téléphone suspect, payé par l'organisation mais jamais commandé par aucun de nos lieutenants. Dans ce téléphone, un numéro. Un nom.


Le briefing de la mission était aussi une proposition adressée au Docteur Death. Si le partenariat ne l'intéressait pas, il pouvait encore oublier ces histoires, sortir, et déclarer la guerre au Léviathan à ses risques et périls. Mais s'il acceptait d'aider pour cette mission, ce serait le début d'une connection entre un réseau se donnant le moyen de son ambition apocalyptique, et le groupuscule de Death, qui rentreraient alors dans l'Arche satanique, l'arche taliesque, comme un animal de Noé, libre d'y circuler et de régner dans le nouveau monde que la mort de Batman et de ses acolytes préfigurerait.

- Milton "Mounkir" Tchort. C'est une fausse identité bien sûr, et un jeu de mot : Mounkir est le nom d'un démon islamique qui juge les âme des morts, et Tchort est le diable russe. Je ne suis pas très biblique, ni apocalyptique, ni sataniste, vous savez bien que le seul dieu de la mort, c'est moi, mais groin ! Quelle classe ! Cet homme est un bon agent, mais nous devons le supprimer. C'est un ancien prédicateur, qui a monté sa propre secte baptiste, les Enfants du Léviathan, en Afrique puis au Cambodge, et qui a terminé sur du Jim Jones style, c'est à dire qu'il a demandé un suicide de masse de tous ses adorateurs, pour la gloire du Léviathan. Le nombre de victimes se compte en dizaines, c'est bien moins que Jones, mais il a pris son pied quand même. Cela fait quatre mois qu'il se cachait dans l'organisation, et le Léviathan l'avait placé à Gotham pour enseigner à l'université. Mais on ne le trouvera pas là bas : c'est les vacances.

Tchort serait dangereux, plusieurs de ses plus fidèles adorateurs le suivent toujours, ses enfants ont grandi depuis l'époque du Cambodge et il les a formé, ils sont aussi agents de notre organisation. Mais on va devoir tout nettoyer. Je ne sais pas où habite Tchort, mais avant de nous livrer tout ça, le Léviathan a fait ses recherches, et les Dollotrons m'ont ramené ça ce matin.


Un homme basané, au menton indien mais à la figure européenne fit irruption dans la pièce, l'air résigné. Il était torse nu, et sa sueur abondante embaumait une forte odeur de menthe, qui éclipsa la fumée aussitôt et vint agresser les narines de tous les occupants de la pièce non masqués. Il avait un torse fort et musclé, lardé de quelques griffes et d'une étrange trace de rouge à lèvre laissée par un dollotron. Tout le monde se frotta les mains, mais Pyg se tourna vers l'invité germain :

- Docteur Death, si vous acceptez de nous aider, nous vous laissons cet homme. Montrez nous votre art et arrachez lui la position de son maître. Es wird es geben ?

( HRPG : Désolée de la latence, j'ai eu beaucoup de mal à me mettre dans la tête de déments assumés... Enfin, je ne trouve pas les mots, mais ce fut dur ^^ Désolée.
Post Scriptum : Tu peux inventer pour la cachette de notre ennemi,mais il s'agit d'une villa, avec un terrain bien dégagé. Où tu veux ^^ ]
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptySam 27 Avr - 11:46

Au fur et à mesure de l'entretient, Karl s'imprégna de l'atmosphère poisseuse des lieux. Cette association aurait pu à première abord être considérée comme une foire au monstre, voire, pour les plus terre-à-terre, une antichambre de l'Asile d'Arkham. L'on ne pouvait pas regarder ces gens comme d'ordinaires individus, mais d'un autre côté, on ne pouvait s'empêcher d'avoir une pointe de fascination. Celui qui portait un masque de porc parlait moins qu'il ne vomissait un flot de paroles. Le Docteur Death n'était pas familier avec le champ lexical emprunt de théologie de ses hôtes, il préférait la froide considération scientifique du monde, pas d'entité éthérée, les créatures mythologiques appartenaient à la mythologie et lui était tangible dans un monde où il fauchait des vies comme du blé.

Le bon point, songeait-il, c'est qu'ils étaient aimables et disposés à son égard pour une collaboration. Karl était face à un vieil homme sec et ravagé par le temps qu'il trouvait sympathique, déjà parce qu'il avait répondu à ses salutations en allemand et parce qu'il semblait voir un reflet de l'avenir en lui. Le chef de la séance, s'il fallait en croire la logorrhée qu'il servit sur un tapis d'hermétisme, révéla la raison de cette entrevue. Au moins ne perdraient-ils pas de temps en de vains palabres sur la pluie et le beau temps. C'était là que l'on trouvait la vérité dans le monde criminel. Ce dernier monde était net, clair et précis. Les manipulateurs n'existaient que pour apparaître au grand jour et jouer avec la loi tout en passant pour honnête là où en réalité, ils ne l'étaient pas. En tant que membre de commissions de santé dans Gotham City, Karl avait eut maintes fois l'occasion de perdre une à deux heures de ses journées face à des investisseurs obséquieux qui voulaient des explications sur la rentabilité de certaines recherches. Ils se montraient aimables et souriants, mais ce n'étaient que de vulgaires apparences qui cachaient mal leur désintéressement des questions scientifiques pour préférer les plus abstraites strates de la finance. Mais ici, ils étaient tous conscients de leur pacte criminel et ne se cachaient pas derrière de vaines formulations. Ils étaient honnêtes parce que le mensonge était une façon de se protéger de soi-même vis-à-vis des autres. Dans cette assemblée, tous s'assumaient.

Le Docteur Death fut cependant désagréablement surpris d'entendre cet individu au faciès de cochon parler d'une forme de perfection. Ce mot le révulsait. Il était chargé de trop d'imprécations passées pour qu'il puisse l'accepter dans n'importe quelle situation. Mais le reste de son discours l'enchanta. Ils l'avaient donc invité pour une affaire de haute trahison. Il haïssait les traîtres, ils étaient la faiblesse des forts. Il suffisait généralement d'un seul maillon faible pour que la meilleure organisation plonge dans la débâcle. Dans son groupe, Karl n'avait réuni que quelques fidèles pour s'assurer qu'aucune fuite ne vienne mettre en péril ses plans, mais il ne doutait pas que lorsqu'il devrait faire grandir sa petite armée, il aurait à faire face à quelques débordements de ce genre. Les paroles de Pyg concernant le pseudonyme de leur adversaire passèrent dans l'esprit du Docteur mais n'accrochèrent pas.

Il retint en son for intérieur qu'ils affrontaient un manipulateur de masse relativement doué, le genre de type retord qui s'était pensé assez malin pour vaincre le Leviathan. Lorsque l'on entrait dans une association quelconque, l'on découvrait ses bons mais aussi et surtout ses mauvais côtés, chose qui souvent provoquait la détresse et le désespoir. Ce que l'on imagine d'un premier abord magnifique devient, si on l'approche, d'avantage réel et donc perfectible, la désillusion fait place à la motivation et dès lors on doit toujours s'attendre à ce genre de réaction de refus. Pour Karl, le dénommé Milton "Mounkir" Tchort n'était pas un mauvais bougre, c'était juste un esprit inférieur qui avait réagit de façon basique et prévisible. Il avait eu entre les mains des dizaines de vie qu'il avait sacrifié par la seule force de sa volonté, il avait basculé dans l'ivresse du pouvoir et cette soif est similaire à celle d'une drogue, inextinguible et de plus en plus oppressante.

Sans s'en rendre compte, Karl s'était affaissé dans son siège, la situation avait le mérite d'être captivante. Il avait un coude sur un accoudoir de son fauteuil et se tenait le bord du masque tandis que son autre main tapotait en rythme sur la table. Il était incapable de réfléchir dans une position statique, le Docteur Death devait toujours extérioriser l'énergie physique que lui procurait le NKV. Dans son bureau il faisait les cents pas, il jouait avec un stylo pendant que ses étudiants effectuaient leurs examens surveillés et il torturait les chronomètres lorsqu'il effectuait un important relevé.

L'on fit ensuite entrer un individu. Quelconque des yeux du docteur, mais qui semblait avoir accepté un sort terrible, celui-là ne faisait pas partie de l'organisation où alors appartenait à la mauvaise branche, ce que lui confirma son hôte porcin. Karl n'avait aucune idée de ce qu'était un "Dollotron", mais il supposa que c'était un surnom affectueux pour ses hommes de mains. De tels détails ne devaient pas l'empêcher de se concentrer sur l'essentiel: le nouveau venu était un traître qui détenait une information importante, à savoir la localisation de son supérieur.

Le marché était ainsi, il récupérait l'information et la leur fournissait. Il avait dans les poches de son manteau de quoi faire tomber des barrières, mais rien qui puisse venir briser un homme vraisemblablement fanatisé par un guru mégalomane. Il lui faudrait un peu plus de matériel.

- Messieurs, fit-il après quelques secondes de réflexions, je n'apprécie pas les hypocrites et encore moins les traîtres, j'accepte donc avec grand plaisir de vous aider dans votre quête de Justice. Cependant je ne dispose pas sur moi de toutes mes capacités. Voici donc ce que je vous propose, je demande à mes hommes qui m'ont amené ici de me ramener du matériel, je commence avec ce que j'ai sur moi et je complèterais avec leur apport ultérieur.

Il se leva sans attendre d'avantage pendant que l'on attachait l'Homme à une chaise. Karl sortit un téléphone et appela Wilfried légèrement à l'écart pour lui demander de faire acheminer son équipement de "docteur". Le rire de son subordonné laissait entendre qu'il se réjouissait de voir son supérieur entreprendre de sérieuses activités en cette soirée. Lorsqu'il eut raccroché, il se tourna vers le visage résigné de sa future victime. Une main gagnée s'empara d'une chaise et il la poussa avec une lenteur sadique en face du serviteur du traître qui releva légèrement la tête. Le petit soupir satisfait de Karl fut amplifié par les vocalisateurs de son masque à gaz. Il enleva son manteau et le posa délicatement sur le dossier. De là où était le prisonnier, il pouvait admirer les quelques seringues qui brillaient dans sa doublure. Les petites médailles du docteur tintèrent.

- Je pourrais commencer en vous demandant de ne pas avoir peur, commença Karl en s'asseyant, mais nous savons tous deux que cela ne serait qu'un vain conseil.

- Je n'ai...pas...peur, articula-t-il en fixant les deux vitres rouges du masque.

L'individu devait probablement encore s'accrocher à l'idée de servir un Dieu vivant ou au moins un prophète particulièrement dans les bonnes grâces d'une entité cosmique ou une chose du genre. De l'index droit le docteur pointa sa première médaille.

- Médaille du mérite, pour avoir massacré une population civile innocente dans un conflit armé. Quelques 2.700 victimes par mes toxines, 1.200 par achèvement au lance-flamme.

Le doigt passa sur la seconde médaille.

- Service rendu à la Nation après le bombardement d'une cité industrielle, 10.000 morts, ensevelis, étouffés, gazés, mitraillés, pas un seul militaire.

Enfin la troisième.

- Service Exceptionnel. Je n'ai jamais rechigné à aller sur le terrain car je suis un scientifique et j'aime observer ce que font mes armes. Aujourd'hui mon sujet d'observation....c'est vous.

En face de lui il sentit que ses paroles ne firent rien, l'individu était habitué à faire face au danger. Karl n'était rien de plus à ses yeux. Il fallait rétablir la vérité, il n'était pas dangereux, il était mortel.

- Savez-vous pourquoi je vous dis cela?

- Rien à foutre.


L'individu reprenait du courage, c'était une bonne chose. Une fois en confiance les gens étaient plus réceptifs à un changement, le système des montagnes-russes: plus on monde et plus la descente est impressionnante.

- Parce qu'une vie n'est qu'une vie et tout courageux que vous êtes, vous êtes soumis au cycle de la biochimie organique. Vous pouvez parler maintenant ou attendre que votre organisme ne pousse votre volonté à vous ouvrir à moi, que choisissez-vous?

L'insulte qui surgit de sa bouche étira le sourire invisible de Karl qui plongea la main dans une poche intérieure de son manteau. Il en sortit un sachet qu'il ouvrit avec délicatesse. La poudre n'était pas un excellente moyen de faire parler quelqu'un, généralement elle rendait toute articulation difficile du fait de l'inflammation qu'elle provoquait dans les muqueuses, mais cette poudre n'était rien d'autre qu'une petite drogue sans effets notables, cependant, en face, il l'ignorait. Le Docteur la jeta au visage de l'individu qui fit ce qu'on lui avait appris: retenir sa respiration. Le maître de la Mort regarda alors l'individu contenir tout son appareil respiratoire. Il épousseta à un moment les cheveux de ce dernier qui provoquèrent une petite neige blanche de poudre. L'on aurait dit un orfèvre qui renait soin d'une pièce particulièrement rare.

Death sortit ensuite un autre sachet. La couleur de ce dernier était grisâtre comme de l'amiante. L'individu décontracta légèrement sa cage thoracique, sûrement pour tromper la vigilance du Docteur et reprendre une respiration limitée mais discrète. Toutefois, cette petite seconde de répit allait lui coûter cher. Avec une vigueur que l'on attendait pas d'un homme aussi nonchalant que Karl, il frappa droit dans le plexus Solaire de cet idiot. Les poumons se figèrent et l'individu chercha à respirer comme si l'air était dépourvu de tout oxygène. Ses narines se contractaient vainement et sa bouche avait les mouvements d'un poisson hors de l'eau. Dès que le sifflement qui signifiait que le diaphragme reprenait ses droits se fit entendre, le Docteur aspergea les narines et la bouche du sujet avec sa substance. Les particules firent d'une seule goulée le trajet de la bouche vers les poumons. Elles se fixèrent sur les amygdales, enveloppèrent la trachée, rejoignirent les bronches, intoxiquèrent les bronchioles et enfin se déposèrent avec légèreté dans les alvéoles pulmonaires. Dans les dix prochaines minutes elles allaient lentement profiter des échanges sanguins et remplacer l'oxygène sur certains globules rouges.

L'individu râla et toussa.

- N'ayez crainte, c'est tout à fait normal, votre corps réagit, expliqua-t-il en se rasseyant. Dans quelques minutes vous aurez la peau aussi sensible que celle d'un bébé, horriblement soif si mes souvenirs sont bons et ah oui, j'allais oublier, vos glandes lacrymales se dessècheront. Oui, c'est un composé fascinant qui agit sur la régulation de l'eau dans le corps humain.

C'était plus fort que lui, cette manie de toujours tout décrire. Il n'aimait pas laisser les gens dans le brouillard, quitte à ce qu'ils décèdent, autant qu'ils sachent pourquoi.

L'individu grogna sous le coup de la brûlure qui s'étendait dans toute sa trachée. Karl observa sa montre.

Sans une once de ménagement, le docteur prit le visage de l'individu et lui examina la pupille. Il appuya brièvement à l'aide de l'une de ses pouces sur la rétine, provoquant le réflexe lacrymal. Des larmes se formèrent. Il n'était pas encore à point. Certaines personne voulaient avant tout des réponses rapides, mais la torture était une histoire de patience et d'administration logique, Karl procédait avec une technique enseignée à Vlatava: d'abord, fragiliser la cible, elle ne sera jamais amicale, elle ne sera jamais ouverte à tout vous dire, même si elle tente de vous le faire croire. Il faut donc la mettre dans un état où elle sera réceptive à la moindre de vos requêtes. Après la première question surtout, il ne faut pas l'assommer sous les interrogations, il faut lui parler, lui faire comprendre que tout ceci est routinier et que vous prenez grand plaisir à ce travail.

Karl enleva l'un de ses gants, révélant une main blanchie par l'absence de bains de Soleil. Il prit le pouls de la victime. Bien, il réagissait au composé, son cœur avait accéléré et, lui semblait-il, il faisait un peu de température. Il lui faudrait trouver un catalyseur pour améliorer la formule, histoire de gagner quelques minutes pour les prochaines fois. Le médecin de la Mort resserra les liens des bras, dès lors que le produit ferait effet, ce traître allait commencer à s'agiter sous la douleur. Des petits rien qui rendaient l'interrogatoire si excitant.

Mais le regard de l'individu lui faisait comprendre qu'il faudrait faire plus. Le Docteur Death sortit une seringue après l'avoir cherché dans une poche. Il regarda de nouveau sa montre. Bien. Il enleva la protection de l'aiguille et la plongea dans le bras de ce dernier. Il injecta doucement son contenu. L'heure pour une nouvelle petite explication.

- Composé qui va légèrement dérégler vos hormones. Rien de bien méchant.

Il aurait probablement des sautes d'humeurs dans les prochaines heures avec au mieux des crises de larmes. Une fois encore le Docteur regarda sa montre.

- Bien, nous avons un peu de temps, commenta-t-il.

Son portable vibra dans sa poche. Ludwig arrivait avec son matériel. Karl sortit de la pièce et revint avec deux larges mallettes noires. Il les posa sur la table à proximité du corps qui se recouvrait d'une nouvelle sueur. Sa victime luttait, c'était un bon point, elle ne pourrait de toute façon pas lutter éternellement. Le déclic des verrous qui s'ouvraient firent sursauter le traître.

- Maintenant, déclara la voix cruelle du Docteur, nous allons pouvoir commencer.

Tout ce qu'il voyait de son tortionnaire était à présent son dos, cette étrange silhouette enserrée dans un uniforme noir ceinturé dont aucun cheveux n'apparaissaient sous son masque à gaz. Lorsqu'il revint, il prépara tout le nécessaire pour une perfusion. Il attacha une poche à une longue tige télescopique, prépara avec soin les canaux de branchement et prépara le site d'injection.

- Allez, fit-il comme une infirmière qui cherchait à rassurer son patient. Dites-vous que c'est une expérience à vivre au moins un fois dans sa vie.

Lorsqu'il enfonça l'aiguille pour installer le site, l'individu se contracta, son épiderme devenait sensible, si l'on comparait son soubresaut avec son absence de réaction lors de sa précédente injection.

- JE...je....vous...emmer...

Une main gantée saisit sa mâchoire avec force.

- Vous m'amusez, rétorqua le Docteur. Vous pouvez vomir vos insultes que cela ne changera rien, votre corps va vous trahir et votre esprit va suivre. Vous pensiez sans doute que je vous frapperais en espérant délier votre langue? Vous espériez la violence dont vous aviez l'habitude? Il resserra sa prise. Détrompez-vous, vous affrontez la cruauté dans sa plus belle mesure, une cruauté scientifique et méthodique. Et n'oubliez pas ceci: Herr Doktor Death ne laisse rien au hasard.

Il le relâcha et brancha la perfusion, il était prêt pour les premières questions.

- Voici le jeu, fit-il avec un ton enjoué. Vous allez répondre à ma prochaine question. Selon mon degré de satisfaction à votre réponse, je vais vous injecter un nouveau produit. Mais avant, nous allons faire quelques petits contrôles, histoire que vous sachiez où vous allez.

Le Docteur prit un marteau à réflexe de l'une de ses mallettes et frappa sur le coude. La douleur qui devait normalement juste provoquer une petite réaction, sembla amplifiée. L'individu fut secoué par une décharge électrique. Au second coup, il voulut geindre, au troisième ses yeux voulurent pleurer. Le gloussement satisfait du docteur souligna l'apparition des premières larmes de sang de sa victime. Bien, très très bien. La victime sentait ses yeux fondre sous la douleur et tout ce qui se passait autour de lui se brouillait derrière un écran adipeux écarlate.

- Savez-vous pourquoi vous êtes ici?

- V.. Va... te....faire....f...


Le Docteur n'attendit pas la fin du mot pour se saisir d'un bocal de soude caustique, l'ouvrir et la déposer sur l'avant bras droit de l'individu qui cria pour la première fois. A l'aide de son gant de cuir, Karl frottait la zone aspergées et commença à faire fondre la peau de sa victime. La soude réagissait avec la graisse de la peau pour se transformer en un savon jaunâtre à l'odeur pestilentielle. L'on commençait à apercevoir les muscles. L'individu devait manger relativement gras, conclut le docteur.

- f....outre.... termina malgré tout sa victime.

Réponse incorrecte et mal polie, voilà qui allait réduire ses chances d'avoir un quelconque traitement de faveur. Karl prépara une seringue pour injecter un composé de mescaline dans sa poche alors que la soude continuait de ronger les tissus. Le produit se mélangea impeccablement avec la solution aqueuse. Il prit ensuite un casque audio qu'il installa sur les oreilles de l'individu. Il brancha ensuite un micro et un appareil audio à deux entrées qu'il relia au casque. Karl prit le micro et fit un test. Le mouvements de tête de l'individu lui firent comprendre que cela fonctionnait.

En attendant que la mescaline fasse effet, il testa ses réaction en lui écrasa avec une pince plate les ongles. C'était normalement un test que l'on faisait à des personnes inanimées pour qu'elles réagissent, c'était une douleur qualifiée dans le monde médicale comme génératrice d'un fort stimuli. Les grognements devenaient de plus en plus forts mais aussi de plus en plus distants, l'esprit commençaient à quitter le monde sensible.

Le Docteur reprit le micro et hurla dedans pour avoir une réaction. Les pupilles de l'individu étaient dilatées et ses sourcils bougeaient étrangement, comme ne parvenant plus à faire le focus sur la réalité.

- M'entendez-vous? demanda ensuite doucement Karl.

La tête se déplaça un temps comme s'il elle essayait de dissiper des images invisibles et la bouche de l'individu s'ouvrit, une voix affaiblie en sortie.

- Ouais...

- Pourquoi êtes-vous là?

- JE...vous...voulez savoir...où est mon chef...,
articula-t-il avec difficulté.

- Alors? Où est-il?

- Dans ton...


Sans attendre la fin de la réponse de ce sous-produit d'être humain, Karl enclencha son MP3 et un son étrangement modulé en sortit pour se répandre dans la chambre auditive de sa victime. La mescaline et ses dérivés ont la fabuleuse faculté de modifier les modulation phoniques pour les transmettre au cerveau sous forme d'images, de flash visuels voir même de décharges électriques dans certaines parties motrices. L'individu était d'ailleurs en train d'écouter le résultat de 10 ans d'études que son père avait mené pour l'URSS. Les sonorités extraites de cette études permettaient avec une probabilité de 68 pourcent de générer des perturbations chez le cobaye. L'heure était venue de rajouter une ligne au banc de test.

Le traître fut d'abord secoué comme si on lui avait planté un poignard dans le dos. Ses paupières se fermaient irrégulièrement et parfois sans être synchronisées. Une cacophonie de modulations et d'images commencèrent à brouiller ses perceptions. Le monde prenait des airs distordus, les murs changeaient de forme, les visages s'allongeaient et le masque à gaz qui se tenait devant lui se déformait en partant de ses deux orifices rouge sang. Les sons s'arrêtèrent, mais l'esprit continua à propager les effet de la première bande dans son être. Il chercha à ouvrir la bouche, aucune parole n'en sortit. Celui-là n'aurait pas besoin d'une seconde dose.

Karl enleva le casque des oreilles des sa victime et lui détacha un bras. L'individu ne le nota même pas, trop occupé à séparer la réalité de l'illusion.

- Où es-tu? demanda la voix soudainement douce et profonde du docteur. Dis-moi où tu es.

- JE...je...

- Tu es libre...

- Non...Je...

- Essaie de bouger le bras gauche.


Le membre de l'Homme s'agita un peu, de haut en bas et ses doigts testèrent leur propre liberté.

- Je suis...libre...mais je....

- Tu vas pouvoir repartir, où veux-tu aller?

- Je...

- Où veux-tu aller?

- Non, je...

- Où veux-tu aller? Tu peux partir, mais où vas-tu aller? Chez toi? Chez ta mère, chez ton maitre?

- Le...le maître.

- Tu veux retourner chez ton maître?


La tête hocha affirmativement. Ses yeux dilaté observaient toujours une réalité qui se déformait de minute en minute. Des larmes voulurent se créer à ses yeux, il se entait si seul et abandonné. Son dérèglement hormonal fit effet. Des larmes de sang commencèrent à ruisseler sur son visage. Il ne savait plus où fixer son attention, sauf sur cette voix, si calme et paisible. Son corps hurlait de douleur, ses yeux, sa tête, sa bouche enflammée, sa peau ignoblement déchirée par sa sensibilité exacerbée et cette soude qui touchait à présent son biceps. Il sentait le sang de ses veines bouillir pour rajouter à sa perdition. Des images incertaines apparaissaient et disparaissaient au fil du temps, le visage du maître cependant se gravait de plus en plus distinctement.

- Il est temps pour toi de rentrer non?

- ....Oui.....

- Dis-nous où tu vas aller.

- Chez le....le maître.

- Mais où?

- La....la....la villa...


Enfin l'on progressait. Karl prit le pouls de cette loque qui suait à grosses gouttes.

- Quelle villa?

- La villa...Bergen Valley...


Bergen Valley était un patelin complètement isolé, le New Jersey le surnommait le non-lieu tellement il détonnait. Situé entre Métropolis et Gotham City, il n'était revendiqué que par un village voisin qui vivait de la culture du Maïs pour l'industrie automobile. Il ne devait pas y avoir beaucoup de villa dans ce coin.

- Comment est-ce? Racontes-moi.

- Grand...grand....grand...grande villa....grand jardin....grande piscine...le....le maître est grand.


Le Docteur Death enfonça une nouvelle seringue dans le cou de son confident. Il ne fallait pas qu'il le lâche maintenant.

- Tu as beaucoup de camarade là-bas?

- ....on....nous...au moins...trente....et le Maître!


L'image de son maître semblait prendre de trop grandes proportions, il fallait le faire revenir à des considérations plus triviales. Karl saisit son bras libre, se leva, posa la semelle de sa botte sur le pli de son coude et tandis qu'il balbutiait des "maîtres" autant qu'il le pouvait, le chiropracteur de la faucheuse appuya avec une précision sadique. Le bruit sec que fit l'articulation qui se brisait ne laissa aucune doute sur son état finale. Un tendon venait de se détacher, la synovie quitta son logement et les jointures des os se brisèrent. La douleur dissipa les images du maître déifié, le monde recommençait à devenir un concert d'atroces souffrances. Son hurlement fut rafraîchissant.

- Concentre-toi, fit la voix du Docteur. Comment comptes-tu retourner là-bas?

Il hurla une seconde fois à s'en arracher les cordes vocales.

- JE SAIS PAS!!!!! J....J'AI MAL!!!

Les larmes revinrent, charriant avec elles leur bonne part de douleurs. La main du docteur saisit le coude brisé et le serra. Bien souvent l'on pense qu'une affliction est plus forte dans la durée, à tort, les tortures liées à des violences physiques sont plus efficaces lorsqu'elles sont distillées avec parcimonie et irrégularité, contrairement à la torture psychologique. Le corps émet des messages pour alerter, mais si vous rendez les messages continuels alors il va vous endormir avec des hormones et rendra la zone moins sensible.

- Reprend-toi, le maître t'attend, fit-il.

- Oui, je....je...l'oublie pas! articula-t-il. Sa respiration anarchique rendait son débit extrêmement lent, il bavait désormais abondamment. Je...

- Que dois-tu faire pour le rejoindre?

- ME lever! me...lever!...Et la route!!! La route vers.....Me....tropl....is....croissement....le croiss....le...croisement...Route....32.....le route

- Mais tu es déjà débout, tu as déjà pris la route habituelle, tu as été jusqu'au croisement. Tu es juste en face de la villa maintenant
, reprit la voix caverneuse de la Mort. Tu ne la vois pas ?

- ...Oui....je....je...vois...165...villa....le....165......voie 32.... SOLITUDE! .......................... ça....ça marche!

- Qu'est-ce qui marche?

- Le code pour entrer...le code....SOLITUDE!


Il hurla comme un damné son mot stupide, avait-on idée d'utiliser de tels codes dans un monde aussi moderne que le nôtre.

- Je vais....pouvoir...dormir...

La main du docteur serra plus fort, arrachant un nouveau cri à son supplicié. Il se décida ensuite à le lâcher et à se retourner vers ses hôtes. Comme le médecin qu'il était, il prit ensuite un carnet et rédigea un début de compte-rendu, l'individu avait fait montre de réactions intéressantes à la mescaline, il devrait sans doute entreprendre une étude sur de nombreux esprits atteint par une forme de lavage de cerveau, il était devenu réceptif à la suggestion, comme c'était prévisible, mais l'image du maître avait été prise, contre toute attente comme une libération. Son inconscient aurait dû la transformer en image de terreur. Tout ceci était follement intéressant. Lorsqu'il termina ses première abréviations, gardant pour lui d'autres considérations médicales, il releva le masque et lança.

- Je puis vous assurer à 79 pourcent de la véracité des dires de notre sympathique camarade.

Il ponctua sa phrase avec une tape sur l'épaule de son "camarade". Il ne doutait pas que son petite numéro n'impressionnerait que les plus férus de science d'entre eux, il y avait tellement de façon de prodiguer la torture pour atteindre ses objectifs, chacun avait ses méthodes et selon les individus, elles donnaient lieu à des variantes intéressantes. Peut-être certains auraient préféré plus de cris, plus de violence physique. Karl était économe et surtout un médecin qui préférait agir comme un chirurgien que comme un boucher. Il n'avait pas effectué de gestes superflus, il s'était contenté d'agir sur ce qu'il connaissait le mieux: la biochimie. Il connaissait les réactions humaines et savaient en tirer profit, sa petite démonstration l'illustrait d'ailleurs parfaitement.

- Voilà un exercice vivifiant, reprit-il en rangeant quelques uns de ses accessoires. Désirez-vous d'autres informations? Il est à point pour vous donner toute satisfaction.
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyDim 5 Mai - 15:26

La prestation ne manquait assurément pas d'un certain talent. Et ce dernier découlait forcément d'un long et ardu entraînement, lui même entraîné probablement par un véritable plaisir à l'exercice. En épluchant les secrets de sa victime, et en mettant son âme à nue au fil de l'acier, Karl Hellfern s'était attiré la sympathie et l'habituelle haine concurrentielle des membres présents de l'organisation Léviathan. Disons qu'en tout cas, il s'était assuré de leur reconnaissance professionnelle. Dans le même temps, le Léviathan avait maintenant les détails de l'organisation de son regrettable ennemi, un type bien mais trop semblable à une girouette à la Tim Drake pour survivre dans une bande de traîtres discrets qui n'aimaient pas qu'on les trahissent eux-mêmes. Bienvenue en enfer, la boîte vous engage comme videurs de lieutenants trop ambitieux. Silencieux, les jambes croisées assez féméninement, Pyg, Dedalus et Joliane écoutaient et profitaient du spectacle, se retenant parfois de participer, alors que le Goatboy, plus virilement assis, prenait des notes fougueusement inscrites en bêlant de temps à autres, entre le rire et le grognement. Heretic, lui, avait apparemment finalement réussi à devenir partie intégrante du décor, et observait la scène sans bouger ni intervenir, non pas comme un meuble, mais plutôt comme une sorte de relique, un objet important que les occupants de la pièce n'oubliaient pas mais qui ne devait être sorti que dans les moments importants. Suite à la réussite du docteur nazi, un petit blanc succéda à sa question et seul le griffonnement féroce de l'assassin aux crins blancs disputait aux sanglots et au débit respiratoire de la victime la domination sonore de la pièce.

Se considérant apparemment comme une sorte de leader de la communication, c'est le maître porcin des dollotrons qui répondit en premier, tout en se relevant, parfaitement bedonnant et parfaitement souriant, avant de marcher parfaitement jusqu'à la vermine brisée qu'Hellfern avait laissé sur le sol, et qui embaumait toujours tant la menthe qu'il en fut presque troublé. Le cochon se tordit ( parfaitement ) pour être à la hauteur du pauvre soldat et murmura, en lui tenant le menton.

- Non, je ne pense pas que nous ayons besoin de savoir plus de détails. Une fois écrasée, de toute façon, la chair de ses traîtres sera écrasée, qu'elle soit vieille, jeune, africaine, boursouflée ou je ne sais quoi. Dollotrons !

Trois des pantins indiciblements appareillés apparurent alors, comme par magie, derrière la porte, et s'étant frayée un passage entre les matériaux et hommes du Docteur Death rejoignirent, souriantes, leur maître adoré. Adulé. Cochon de lait. Ce dernier se désintéressa alors de la poche glissante et rougeâtre, vide d'oxygène et de tout ce que Karl en avait tiré, et d'un geste, fit signe à ses créations montées de toute parts par l'anatomie de femmes et d'hommes issus de toutes les cultures de s'en débarasser, vite et bien. Elles ne se firent pas prier, et très vite, le corps encore bien vivant quoi que plus très énérgique disparut vers l'Enfer, un monde meilleur où Pyg ni Dedalus n'habitaient encore. Le vieux nazi chauve prit alors la parole, après avoir redressé son feutre noir et ses lunettes rondes. Le père de Batwoman, s'étant levé, déplaça derrière lui un courant d'air froid en allant se placer au centre des compagnons de méfaits.

- Nous frapperons ce soir. Je me procurerai les plans types du modèle de villa cet après midi. Et nous emporterons une poignée de soldats, ainsi que quelques dollotrons de Son of Pyg. Ce sera un élégant plaisir de vous voir guerroyer à nos côtès, cher Docteur.

...

De la guerre, on n'oublie jamais rien. On simule, tout le temps, on cache sous le goût des fraises, le goût d'une peau, la sensation du vent, de l'herbe pilée, on joue la comédie, on comble, mais jamais on ne passe outre. Ni la montée de l'adrénaline au fur et à mesure que s'approche l'ennemi, ni le contact glacé - non, la caresse - de la mort qui attend notre premier faux pas, ni la sensation indéfinisable qui prend le coeur lorsque l'une de nos balles atteint l'ennemi, qu'il s'effondre, qu'on lui a enlevé sa vie mais que la nôtre va continuer encore un peu. Dedalus n'a rien oublié. Il a magnifié. Jouant des nuits durant sur la même partition sanglante, il en a changé les accords et a multiplié la présence des envolées lyriques, tel un Wagner physique. Et maintenant à chaque assaut, à chaque fois qu'un corps chante une rivière de sang entre ses gants noirs, non seulement il se souvient, mais il vit sans arrêt le plaisir de la guerre. C'est beau.

La villa était probablement bien protégée, et probablement l'ancien applicateur de la solution finale avait il déclenché quelque alarme lorsqu'il avait enfoncé son poing ganté dans le système d'ouverture du portail mais la réalité était ainsi : dollotrons comme membres du Léviathan avaient investis le jardin relativement vaste du Judas du Léviathan. Et enfin, pour l'organisation de Talia, il était temps de passer à l'action.
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyVen 10 Mai - 17:35

Allongé sur une terre mousseuse et spongieuse, Karl et ses Todeskorps ressentaient enfin l'excitation d'un combat. Les opération passaient généralement par des préparatifs longs et franchement fastidieux, aussi quelques petits exercices de ce genre étaient les bienvenus. De l'autre côté de ses jumelles, Karl admirait l'immense villa, édifice à la démesure de l'égocentrisme de son propriétaire, noyée par le crépuscule naissant. Il y avait une large piscine dans l'immense l'arrière cour; quelques sentiers délimités par des cailloux blancs laiteux commençaient à s'estomper à cette heure où la pénombre dissipe les limites et brouille les couleurs en une palette indéfinissable de teintes sombres. Wilfried, aux cotés de son supérieur observait les alentours de la lunette de tir de son arme d'assaut.

Quelques gardes sillonnaient ça et là le terrain, marchant d'une démarche qui soulignait un ennui plus qu'une réelle ardeur combattive. Leurs armes étaient pour la plupart pointées vers le sol, comme s'ils se sentaient sûr de leur propre force. L'effet de surprise n'en serait que plus efficace. Le Docteur sourit à l'idée d'une bonne fusillade. Comme il ne regrettait pas de s'être tantôt rendu à cette réunion.

Elle s'était d'ailleurs achevée sur une invitation à participer à ce déballage militaire. Un traître au Leviathan, logé quelque part dans cette immense bâtisse attendait son châtiment. L'étrange vieil homme de cette congrégation criminelle l'avait convié très aimablement à attaquer à leurs côtés, ce qu'il avait bien entendu accepté avec la joie et l'entrain qui définissait son aliénation au sens commun. Mais comme toujours Wilfried avait recommandé une action plus pernicieuse qu'une simple entrée en grande pompe par la porte principale. Il n'était pas un criminel qui cherchait la gloire, il était un militaire qui cherchait la victoire, ce qu'il partageait avec Karl. Il étaient donc postés sur un flanc de la propriété, derrière un grillage misérable qui délimitait plus qu'il ne protégeait. Mais comme il y avait derrière eux une simple rivière qui donnait sur une zone marécageuse, leur adversaire devait s'être sentit à l'abri. Il n'avait probablement jamais imaginé que quatre personnes armées et équipés comme des militaires viennent s'embourber dans la fange qui s'étendait ici.

Les gestes de Wilfried furent nets. Erwin sortit sa pince coupante et Ludwig le couvrit avec son fusil. Pas question pour eux de reculer alors que leurs longs manteaux et leurs bottes étaient recouvertes d'une boue nauséabonde. Tout ceci était follement excitant. Le trou allait bientôt leur permettre de passer. Le lieutenant du Docteur Death regarda le ciel pour regarder la position de la lune. La lumière de cette dernière allait leur assurer une petite protection en projetant l'ombre des bosquets sur leur première zone de déploiement. Le maître des Todeskorp regarda sa montre. Il fit un geste de la main pour indiquer que leurs alliés avaient dû ouvrir la grille d'entrée. Erwin rangea sa pince et passa en premier de l'autre côté. Rampant comme jadis dans la boue de Vlatava, il se sentait pousser des ailes. Ludwig le suivit, puis Karl et enfin Wilfried.

Un rapide coup d'œil vers l'avant de la propriété leur révélèrent quelques mouvements indistincts, leurs alliés étaient en train de se déployer.

Ludwig se mit en position pour couvrir la zone près de la piscine, Erwin verrouillait les fenêtres tandis que leur chef préparait une série de grenades fumigènes de sa conception. Leurs ennemis ne pleureront pas que des larmes, songeait-il en tendant le tout à Wilfried. Ludwig suivit un garde qui se rapprochait et lâcha son arme, trop peu discrète pour le moment. Il sortit son couteau et contourna son adversaire qui faisait sa ronde nonchalamment. Lorsque ce dernier voulut tourner pour rejoindre la zone de la piscine, il empoigna sa bouche, le tira en arrière et lui planta son couteau directement dans la gorge avec la précision d'un assassin. Il tira ensuite le cadavre vers une zone ombragée.

Wilfried lança les quelques grenades depuis sa position. Ludwig se rabattit vers Erwin et se mit en position pour arroser quiconque viendrait les gêner. Le bruit de verre brisé allait rameuter tout le monde vers la position du Todeskorp, mais cela laisserait aux groupes du Leviathan le temps de faire leur travail. Karl sentit la tension du moment grimper. A l'intérieur du bâtiment ses petites grenades répandaient un nuage verdâtre toxique qui allait faucher avec une précision scientifique quelques vies insignifiantes. Son lieutenant lui tendit un fusil à fléchettes. Pas question pour lui de rater l'occasion de tester ses produits. Il sortit de son manteau un jeu de projectiles et commença à charger l'arme, sous couvert de son fidèle lieutenant. Il s'allongea sur le sol et attendit que quelques victimes arrivent à proximité.

Des cris et des pas de courses se faisaient entendre au milieu de quelques toussotements. Le bruit des armes que l'on préparait pour le combat recouvrait le bruit des grillons alentours, bientôt l'on entendrait plus que la Mort et ses harmoniques de destruction! Un premier assaillant arriva dnas la plus grande panique, il fut reçu par une fléchette à plume rouge, un composé dérivé de la peste mélangé avec un produit tétanisant, histoire qu'il n'ait pas le loisir de répliquer avec son arme. Il fit quelques pas, chercha dans la pénombre avec le canon de son fusil et s'écroula. La main gantée tira sur le loquet du fusil alors que Karl riait. Ce soir serait une belle soirée.

Ludwig tira une première rafale du côté piscine, envoyant deux hommes complètement désorientés colorer l'eau de l'étendu cristalline. Erwin mitrailla un malheureux qui voulait reprendre un peu d'air depuis une fenêtre éventrée. Wilfried envoya une nouvelle paire grenade au deuxième étage, ravi de n'avoir pas perdu la main. Enfumés, leurs adversaires allaient devoir sortir le plus vite possible. Le groupe commença à se décaler vers la terrasse arrière, de là ils auraient accès au premier étage depuis une baie vitrée. Tous vérifièrent leurs masque et Wilfried envoya ses deux dernière grenades au travers d'une vitre qu'Erwin avait démoli avec précision.

- (En avant Totenmeister!) hurla alors Karl.

Le quatuor s'élança alors au travers de la baie vitrée, mitraillant les quelques malheureux qui toussaient à n'en plus pouvoir. Un tir ennemi transperça les pans libres du manteau de Ludwig, le plâtre des murs commença à souffrir et le magnifique piano à queue encaissa une salve de tir d'un malheureux enfumé dont les yeux irrités commençaient à sécréter des larmes sanguines. Les cadres au murs se détachèrent sous les assauts furieux, la décoration intérieure fut revisitée à grand renfort de cris et de chute de corps. Le tapis s'engorgeait de sang et les filtres des masques à gaz protégeaient leurs porteur de l'odeur âcre qui se mêlait au dangereux composé du Docteur. Un garde, un mouchoir sur le nez, chercha à tirer sur la position d'Erwin, pulvérisa un vase inestimable, défonça un pan de bibliothèque et ruina un aquarium qui déversa son eau et ses habitants sur le sol. Wilfried tapa du pied dans une grenade proche d'eux pour enfumer un peu plus les installations. Une fléchette cloua l'assaillant qui s'écroula sur le cadavre de l'un de ses collègues. L'intérieur blanc et nacré de la demeure commençait à roussir. Karl tira ensuite avec son fusil sur un individu qui cherchait à s'enfuir par les escaliers mitoyens. L'individu poussa un cri bref avant de dévaler les marches.

- (HA HA, voilà la véritable ivresse de la chasse), cria-t-il. (Déployez-vous!)

Ludwig enjamba le cadavre et couvrit les hauteurs, Erwin progressa avec Wilfried vers la pièce voisine. Deux hommes s'y réfugiaient, ils accueillirent le groupe avec des tirs mal ajustés, touchant un Totenmeister à la jambe. Le lieutenant tira son home blessé jusqu'à l'arrière un canapé et sortit son arme de poing. Il tira lui aussi sans réellement visé, histoire de refroidir l'ardeur de leurs ennemis. Erwin sortit un morceau de bandage de son manteau et fit un garrot rapide avant de bourrer avec une compresse la zone brûlée. Des morceaux de plâtres volaient autour d'eux. Les mains maintenant ensanglantées, il fit un hochement de tête pour signaler qu'il était paré pour prendre la position ennemie. Leurs adversaires commençaient à tousser, ils avaient donc l'avantage pour les prochaines deux secondes. Les allemands sortirent en même temps et mitraillèrent la zone approximative du pathétique retranchement de leurs ennemis. La table qu'ils utilisaient comme bouclier se transforma en passoire et le meuble à vaisselle qu'ils avaient repoussé pour solidifier le tout se supporta pas les coups de bottes que leurs envoyèrent les deux enragés. La vaisselle s'écrasa aux cotés des deux fidèles du traitre qui n'eurent pas le temps de demander grâce.

Leurs vies abrégées, Ludwig, resté en arrière, entreprit de gravir avec son supérieur les escaliers pour explorer les étages. Un homme désespéré leur bondit dessus. Il se prit une fléchette dans le coup, mais sa pupille dilatée montrait que ce dernier revenait d'une petite prise de drogue. L'anesthésiant ne lui fit aucun effet. Ludwig se prit un coup de couteau dans le flanc et râla de douleur. Il ne voyait plus que le visage de cet homme dans un nuage coloré de toxine. Son cœur assourdissait ses oreilles, il tenta de repousser son assaillant qui paraissait avoir une force décuplée. Un coup de feu retentit à ses côtés, le Herr Doktor avec dégainé son berreta et venait d'abattre avec froideur cet homme.

- (Dommage, fléchette bleue), commenta-t-il, (je ne pourrais pas voir les effets du Nostrinium Vitalis ce soir.)

Ludwig s'autorisa un petit rire avant de se débarrasser de son affectueux cadavre. Karl enjamba à son tour la carcasse en regrettant sincèrement cette perte de produit. Derrière eux, Erwin et Wilfried commençaient à gravir les escaliers. Ils étaient essoufflés, s'attendaient au pire, mais qu'importe, cette soirée est une très très bonne soirée!
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptySam 18 Mai - 12:06

Enfin.

Dedalus avait presque eu l'impression de rouiller. Depuis son dernier combat contre sa jeune fille Batwoman, le docteur n'avait que peu senti le souffre embaumer l'air près de ses narines et peu senti les étincelles de tirs proches irriter et exciter sa peau usée par une vie d'expériences et d'experimentations, valonnée de çi de là par les blessures que les coups et les tentatives de se débattre communes à ses victimes avaient finalement laissé au fil du temps. Depuis que la justicière à la crinière rousse l'avait remis à sa place, il s'était tellement absorbé dans l’absorption de son entité dans l'immense réservoir à entités malsaines du Léviathan, tellement employé à la tâche pour s'imposer comme l'un des lieutenants principaux du monstrueux engrenage destiné à faire tomber le monde qu'il n'avait que très peu posé les pieds sur un champ de bataille, laissant ses hommes enfoncer les portes, brûler les appartements, torturer les hommes, les femmes, les enfants pour faire vibrer un bout de toile qu'il empruntait finalement lui même afin d'exterminer sa proie. S'il posait encore sa forte botte couinante sur le visage du cadavre à la fin, il ne s'était pas réellement trouvé en situation de survie, dans un duel à mort, depuis quelques mois. Et cela lui faisait le plus grand bien de recommencer.

Pour l'assaut de la dernière demeure du traître, le Léviathan avait mis les bouchées doubles et mobilisé plusieurs de ses membres les plus éminants : Goat Boy, Sgr.Death, et Mr.Pyg, accompagné de ses chers dollotrons, faisaient équipe au côté du Dedalus, et si la force de l'Heretic allait manquer au groupe, sa présence effrayante était magnifiquement bien éclipsée par les guerriers du clan de Docteur Death, déterminés et passionnés, comme il était facile de le constater dans chacun de leurs mouvements, pleins d'amours de la guerre et de la grâce inégalable du poing du fort frappant le faible. Ils partirent brûler leurs ennemis sur l'autel de Mars si rapidement que le Léviathan lui-même, pourtant à l'origine de l'opération, s'en trouva presque lésé. Toujours en veille sur la pelouse de la haute demeure, les tueurs de Pyg et ses compagnons se mirent en mouvement, le docteur aux gants trop-noirs-pour-être-noirs brandissant son pistolet mitrailleur en tête, tel Shemhazai guidant les anges déchus sur le paradis reconquis.

La maison, une large demeure de type villa, offrait beaucoup d'entrées et beaucoup de fenêtres d'où beaucoup d'armes pouvaient à tout moment décharger beaucoup de balles dans le corps de beaucoup de membres du Léviathan. Mais l'entrée en éclaireur, en premier lion de la meute, des Todeskorps avait de quoi occuper la sécurité adverse. Il était presque ironique de penser qu'il s'agissait là de soldats du Léviathan, appartenant à la même organisation et ayant les mêmes objectifs mais qui avaient été attachés au mauvais lieutenant et seraient nettoyés par leurs compagnons, même s'ils avaient passés le même entretien et enfilaient chaque matin le même costume. Cela avait quelque chose de bizarre, mais aussi de purificateur et presque joyeux. Dedalus et ses compagnons allaient se soulager d'un poids et faire la fête dans le sang de leurs propres hommes. "Ce sont des enfants. Ils ont la pureté des diamants les plus parfaits. Aucune ombre. Aucune inclusion. Aucune faille. Mais leur pureté est celle du Mal" Une petite rivière, accrochée à la fontaine et à l'une des verandas, se tordait langoreusement sur le côté de la villa et c'est là que tout commença. Une petite minute après l'intrusion des hommes du Docteur Death, le Seigneur Death, qui fumait une cigarette au coin de l'eau, entendit un petit sifflement et l'eau clapota une fois avant qu'il ne lève la tête vers les hauteurs de la blanche villa. La seconde d'après, il tombait à terre et le point rouge de la cigarette le rejoignait, comme un néon rouge vu de loin. Le corps du maître de Guerre ne fit qu'un bruit léger lorsque son mystérieux ennemi le confia aux bons soins de la rivière, mais il suffit pour réveiller le Léviathan, qui se mit en marche.

Dedalus distingua un mouvement sur l'un des deux balcons majeurs de la facade et des voix étonamment calmes provenant de la haute terrasse. Il leva dex doigts et les pointa sur les dollotrons à sa gauche, lesquels se courbèrent avant d'avancer précautionneusement vers la porte fenêtre la plus proche. Ils étaient à mi chemin lorsque tout le jardin se noya soudain dans une lumière éclatante. Toutes les portes fenêtre s'ouvrirent et des silhouettes sombres apparrurent, tandis que les deux dollotrons tombaient au sol comme deux pantins désarticulés, des fleurs de sang parsemant leurs costumes. Les armes adverses se mirent à cracher une forte géhenne et Dedalus déplaça le curseur de son pistolet sur rafales automatique avant d'arroser au hasard le sol devant lui.

La déclivité de la pelouse protégeait partiellement le Léviathan mais sur les balcons, des hommes bougaient constamment pour trouver le meilleur angle de tir et Pyg grouina lorsqu'un petit geyser de terre apparut à quelques centimètres de son pied droit. Un homme de Tchort avait fait un long crochet par la rivière pour surprendre le groupe mais un Dollotron lui sauta dessus, ses mains ouvertes sur des scalpels trop propres et le mordit au cou en retombant, avant d'être percée par les derniers coups de gâchettes de son adversaire. En mouvement, le Léviathan arrosa de rafales continues les portes les balcons et les fenêtres. Plusieurs vitres éclatèrent et l'un des gardes ennemi tomba de son promontoire avant de s'écraser au sol, inerte. Les Dollotrons bondirent de leur cachette en hurlant et Dedalus se concentra sur la côte est du bâtiment pour empêcher les gardes de gêner l'avancée des pantins du cochon. Deux pourtant s'écroulèrent et le reste du groupe entra directement au rez de chaussée ou une fusillade nourrie germa aussitôt. Les soldats du Léviathan, allongés derrière Dedalus, se relevèrent alors et partirent rejoindre le combat en continuant à arroser les balcons mais désormais, quelques malins s'étaient glissés derrière les tables métalliques du jardin et une pluie d'étincelles accompagna les sifflements qui dévastèrent le Léviathan.

Pour faire bonne mesure, des boerbels surgirent d'un peu partout et se jetèrent au cou de tous ceux qui passaient trop près de leurs courses effrénés. Dedalus et sa clique entrèrent tout de même au rez de chaussée et traversèrent la salle à manger dévastée, suivie d'un couloir à la dizaine de portes ou leur avancée, lente et sanglante, fut largement ralentie. Ils arrivèrent tout de même à un escalier et investirent le premier étage sous une pluie de flammes, leurs armes brandies au hasard au dessus de la tête et trouant le plafond d'une réponse adéquate au piège dans lequel ils étaient tombés.

Il restait encore la bibliothèque à parcourir, puis un long couloir avant de trouver la salle dans laquelle s'était enfermée le prédicateur..



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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyVen 24 Mai - 23:29

Les escaliers franchis, soutenu par la force irrésistible du Leviathan, le Todeskorp rejoint avec aisance la salle principale du premier étage, restait cependant quelques obstacle sur la voie: une pièce inconnue qu'était la bibliothèque et un couloir qui donnait sur l'antre du traître. L'objectif de Karl était clair: il sécurisait avec ses hommes le chemin et il laissait le soin aux lésés de se charger de leur ennemi. Ce fut sans une once d'hésitation qu'il lança Wilfried et Erwin couvrir Ludwig qui serait redoutable au couteau dans cette pièce. Les derniers résistants n'étaient ni surpris ni des petits joueurs, ils étaient l'élite de ce qui restait de forces du propriétaire des lieux. Leur résistance serait, l'espérait Karl, épique et surtout sanglante. La défense tira les premières rafales lorsque la porte des lieux fut ouverte à grand renfort de coups de bottes.

Un rapide coup d'œil permit à Wilfried de faire un état des lieux. La bibliothèque était immense. L'entrée était couverte par deux voire trois individus cachés derrière une table de bois massive, des rayonnages empêchaient de voir ce qui se trouvait dnas la seconde moitié de la pièce et les côtés étaient plongés dans l'obscurité. Des échelles métalliques forgées menaient à une sorte de petite coursive qui arpentait les bords de la bibliothèque, idéal pour des tireurs. Position avantageuse pour les défenseurs. Ils ne pourraient l'avoir sans forcer le passage et au prix de lourdes pertes qu'ils ne pouvaient se permettre à moins qu'ils ne tentent une manœuvre plus habile. Karl se pencha à ses côtés en armant son fusil.

- (Je crois qu'il serait de bon ton de ramener un peu d'alcool pour ces jeunes gens), déclara-t-il en observant les alentours, (il me semble en avoir vu quelques unes dans la cuisine de l'étage inférieur. Les rideaux nous seront très utiles aussi. Wilfried, il faudra dépoter les plantes que l'on a croisé et récupérer la Terre avec de l'eau.)

Son lieutenant partit accompagné d'Erwin et remonta en quelques dizaines de minutes trois excellents whisky, deux portos, quatre grandes bouteilles de vins et des liqueurs de collection, un seau trouvé dans la salle de bain remplit d'eau dans laquelle Ludwig commençait à émietter de la terre. Karl décrocha les rideaux sans douceur et en arracha des bandes régulières.

- (Parfait), fit Karl. (Débouchez les alcool forts, laissez le vin de côté.)

Wilfried sortit son couteau et sabra les bouteille avec la dextérité d'un homme qui avait plus de fois coupé des mains que des goulots. Erwin bourra les bouteilles avec le tissu que lui donnait le Doktor. Ludwig tendit le briquet dont il se servait habituellement pour chauffer ses lames et cautériser des plaies, vieille habitude de la guérilla.

- (Il faudrait faire une sommation), proposa Wilfried en donnant un cocktail Molotov de grand luxe à son chef.

- (Et perdre l'occasion de carboniser quelques malheureux?) résuma le Docteur avec un ton outré alors qu'il allumait la mèche. (Sais-tu combien de docteur n'ont pas la chance de pouvoir étudier dans des conditions aussi extrêmes la combustion humaine? Laisses-moi te le dire: beaucoup trop hélas.)

La scène qui dura le temps d'un battement de cils passa au ralenti pour tout le monde. La silhouette noire de Karl se découpa un instant dans l'encadrement, manteau flottant au gré de l'inertie, révélant sa doublure intérieure pourpre. Ses médailles tintèrent doucement et son bras acheva son geste ample. La bouteille de liqueur prit son envol. La lumière des lieux se diffusait dans son liquide opaque et la flamme de la mèche improvisée se reflétait dans les deux vitres rouges du masque du terrible médecin. La bouteille explosa au contact de la table et la mèche enflamma son contenu. Un adversaire tenta de se relever pour distinguer ce qui se passait et accusa des éclats de verre. Une tache de feu se répandit sur le mobilier. Le verni de la table commençait à suinter et le bois s'entama plus vite que ne l'aurait espéré Karl. Des gouttes flamboyante vinrent commencer à lécher les ouvrages qui se tenaient sur une étagère non loin.

Un traître se leva, une rafale le manqua de peu et il répliqua, touchant l'épaule de Wilfried et explosant quelques éléments de mobilier derrière eux. La bataille pour la bibliothèque ne faisait que commencer. Les flammes éclairaient à présent une bonne partie des lieux. Une fumée toxique commençait à s'élever. Ludwig et Erwin s'avancèrent en premier. Un homme leur sauta dessus depuis la balustrade. Une fléchette vola depuis l'encadrement de la porte et se ficha dans un excellent livre d'anatomie comparée. Le couteau de Ludwig dansa en émettant des éclats de lumière. L'adversaire qui lui avait sauté dessus était tout aussi bon que lui au corps à corps.

Un uppercut fait reculer l'allemand qui revient à la charge. Son genoux vient rencontrer le bassin de son agresseur, ce dernier s'écrase sur une étagère léchée par les flammes et elle cède. Une dizaine de livres tombent dans le plus grand désordre. Derrière, Erwin arrose les rambardes métalliques derrières lesquelles se cachent quelques félons. La douleur de l'épaule de Wilfried est trop grande pour qu'il puisse utiliser autre chose que son arme de poing, il aide comme il le peut son subordonné. Karl jette le seau de boue sur une zone du sol pour noyer quelques flamme qui viennent perturber leur progression.

Ludwig esquive un coup de pied, son coup de couteau subit le même sort. Sa lame reflète les flammes alentours, mais il est entièrement subjugué par se rafraîchissant corps à corps. Ses yeux sont illuminés de la flamme du guerrier, cette même flamme qui anime son ennemi. Ce dernier prend un livre et le lui lance pour gagner du temps. L'allemand encaisse le live et se propulse sur lui. Ils font un magnifique roulé boulé sur le sol alors que le plafond ne se distingue plus des panaches de fumée noire. L'atmosphère devient étouffante mais aucun des combattants n'a envie de quitter la place. Une salve de fusil vient pulvériser une étagère à côté de Karl. Il n'a que le temps de se protéger de ses mains gantées pour éviter d'être blessé par les éclats de bois. Un cadavre criblé de balles tombe à proximité de lui. Il recharge son arme, tire sur un homme qui lui tourne le dos. Lubiens Maxis. Celui-là devrait hélas mourir étouffé avant que le produit ne fasse effet.

Le bruit sourd des flammes recouvre les cris des combattants et leurs halètement. En sueur, Ludwig tente une parade pour éviter le coup de poing de son ennemi, il l'encaisse au niveau du torse et lui plante le couteau dans le bras. Avec la dextérité de l'habitué, il le fait tourner et brise l'articulation du coude. Son ennemi sert les dents pour ne pas crier. Il est blessé, mais il tiendra encore quelques round se dit le Totenmeister en enlevant la lame. Un coup de tête vient lui confirmer ses doutes. Un autre homme dont l'arme est totalement déchargée saute dans la mêlée, il cherche à assommer Erwin d'un coup de crosse mais le sous-fifre du Docteur a de bons réflexes. Il se protège en mettant son arme de travers et il se fait repousser jusque sur une étagère en flamme. Des morceaux de papier calcinés virevoltent un moment autour d'eux. Leurs visages montrent leurs détermination même si la bouche de l'un est cachée par un masque à gaz. Karl réagit alors et frappe avec la crosse de son fusil à la base du cou de l'assaillant. Celui-ci lâche prise, juste assez de temps pour qu'Erwin puisse retourner le canon de la sienne et tire à bout portant dans le corps. Le sang gicle et recouvre la tenue du Docteur qui ne peut empêcher la fuite d'un rire sadique.

De l'autre côté, Wilfried tient en respect quelques hommes dans les hauteurs, il explose une tête trop curieuse et fauche une paire de jambe fuyarde alors que l'air irrespirable emplit l'atmosphère lourde de chaleur. Leurs visages sont tous rougis par la température démentielle. Ludwig sent que son ennemi fatigue, tout comme lui. Il tente une dernière figure, coup de pied, couteau le long de son avant-bras, un coup de poing qui n'en est pas un pour le distraire et coupure au visage. Déstabilisé il frappe avec violence dans sa gorge avec son autre main. L'homme au coude brisé tente de reculer pour prendre ses distances, il ne lui en laisse pas l'occasion. Un violent coup de pied au genoux le fait fléchir et met sa tête dans l'alignement de son couteau. La tempe ne résiste pas et les yeux de son ennemi se vident de vie.

Le corps inanimé tombe au sol. Derrière le Docteur hurle un ordre en vidant le reste du seau de boue sur le sol pour laisser un passage à ses alliés du Leviathan.

- (Direction le couloir du traître, nos alliés vont pouvoir passer!)

Les quatre hommes, tous recouverts de suie noire, de sueur et de sang étaient essoufflés après leur petite victoire. Erwin reprenait son souffle, un sourire mauvais animait le visage de Ludwig qui enleva son masque à gaz dont les conduits respiratoires étaient encrassés de particules de carbones et Wilfried coula un peu de whisky sur sa plaie pour la désinfecter rapidement.

- (Pure malte), commenta le lieutenant en regardant l'étiquette.

- (Si avec ça tu guéris pas), commença Ludwig, (alors tu mérites de perdre un bras.)

Ils partagèrent alors un moment de répit en riant, qu'il était bon de retrouver la guerre...
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyDim 2 Juin - 14:54

Trop long.

Le couloir dans lequel s'abritait le Prédicateur semblait désormais dégagé et silencieux mais un sifflement inquiétant agaçait les oreilles des pontes du Léviathan et de leurs soldats hilares de l'adrénaline pré-létale et barbouillés d'un mélange d'hémoglobine très humain et ubuntu, venu de différents soldats provenant de toute les cultures mais appartenants tous au Léviathan. Vive la cohésion internationale. Dedalus, en tête de cortèg, avait d'abord pensé à une balle qui serait passée près de son oreille mais ce genre de sifflement bref et plus puissant était beaucoup plus court et généralement suivi d'un bruit mat ou d'un hurlement, au moins un grognement. Rien de tout cela n'arrivait et pourtant, le bruit persistait. L'ancien nazi plissa les yeux perplexe et empêcha de son bras rachitique les hommes du Léviathan de progresser dans le couloir, dernier retranchement de leur ancien allié. Silencieux, il fit comprendre aux membres du Todeskorp ses intentions en durcissant le regard et s'avisa du nombre des survivants tout en faisant demi-tour, s'éloignant du couloir pour commencer à déambuler dans la bibliothèque en cendres. Ses bottes noires cloutées écrasaient les bouts de bois et les livres déchirés par les balles mais il passait ses longs doigts sans odeur, sinon celle de tous les hommes qu'il avait tué dans une même indifférence olfactive, sur les tranches des ouvrages encore valides, ou seulement troués en leurs millieux par un plomb perdu. La bibliothèque du Prédicateur contenait une importante partie de la culture bibliographique et littéraire sur laquelle se basait le Léviathan et couvrait des domaines d'expertises des plus intéressants et des plus sordides, très représentatifs du groupuscule criminel international mais aussi de la propre carrière du Prédicateur. En effet, nombre de bouquins religieux, de mémoires sectaires et d'apocryphes rares et sûrement de grande valeur se pressaient sur les étalages vermeil.

Alors que Dedalus continuait son inspection, l'Heretic entra doucement dans la pièce, désarmé et en retard mais beaucoup plus menaçant que les soldats aux dents éclatés et aux fusils levés qui l'acceuillirent. Son ombre écrasa les différents pions de l'échiquier alors qu'il traversait la pièce pour s'entretenir avec Hellfern des exploits de son équipe et de la suite des événements. Une lueur d'excitation dans ses pupilles rougeoyantes, Dedalus avisa un buffet éventré dans un coin de la pièce et se rendit compte que les assauts avaient fait sauter les verrous et les lourds tiroirs blindés sans pour autant détruire son contenu. Intrigué, le maître de la mort s'avança vers le meuble et son intérêt doubla alors qu'il pouvait lire de plus en plus précisément les lettres capitales inscrites en son sommet :

INRI.

Un frisson d'athée dérangé parcourut ses vieilles côtes à la lecture du fameux acronyme et il pressa le pas pour plonger sa main dans le gouffre béant qu'offraient les dommages de la fusillade. Des dossiers. Des dizaines de pages agrafées entre des feuillets ocres ou verdâtres en cuir ancien. Il en déplia un au hasard et des clichés issus de ses rêves lui glissèrent entre les doigts. Formes noires encerclées d'un sac d'aluminium à même le sol ou jetées en masse sur de lourds camions rouges, hommes sauvages et indiciblement joyeux frottant des machettes et des couteaux de cuisine sur le sol et les murs, pour alarmer leurs victimes et leur promettre une mort prochaine : Rwanda 1992.

Bâtiments détruits, parcs municipaux jonchés des cadavres de mères et de leurs enfants, stades de football transformés en charnier géants où les hommes fixaient à jamais le ciel sous le grill des projecteurs : Vukovar, Srebrenica, 1995.

Fébrile, Dedalus continua son inspection au fur et à mesure qu'il délie les dossiers, tout ce que l'homme à de mauvais et tout ce que le Prédicateur vénérait lui tombe dans les mains : Emile Louis, Albert Fish, Hosni Moubarak se succédèrent dans une succession kaléidoscopique mais passionnée avant que l'incarnation spirituelle de ce Mal ne vienne titiller les yeux du père de Batwoman. Satan, Adramalech, Belzebuth, ou même Pazuzu, des peintures rupestres, des écrits sataniques, des versions mayas, aztèques ou amazoniennes des légendes démoniaques et les mémoires de sectes adoratrices maintes fois visitées par le Prédicateur, suivie de peintures souvent issues du Moyen-Age représentant la bête, soit tuée ou repoussée par Saint Michel ou par le Créateur lui même, ou bien vainqueuse, au centre du monde ou sur son cadavre et procédant enfin à l'apocalypse. Les efforts de Dieu se montraient vains, dans ces parareligions qui pensaient toutes avoir réussie à contourner l'inévitable mensonge de l'Eglise et parvenir à sa verité. Le Déluge par exemple, organisé par le Créateur pour repousser le Diable et sauver les humains ne faisait que repousser la Bête dans un gouffre au fond du monde, le Grand Canyon ou une autre faille plus anonyme dont il finissait par sortir pour tourmenter les humains. Dedalus comprit que l'INRI gravé sur le sommet du coffret ne signifiait plus Jésus de Nazareth, Roi des Juifs mais Janus de Nazareth, roi des Juifs. Un même orthographe dans les initiales mais un sens tout différent. D'après le prédicateur, Jésus, cloué sur la proie, avait renié son père et dans ses hurlements de douleur, il était devenu le fils du Diable et non de Dieu et avait insulté les romains en se débattant sur sa croix jusqu'à son dernier souffle, condamnant ces moutons qui avaient échappé au berger.

Dieu s'était alors détourné de l'humanité. Il n'y avait plus de vie après la mort, pas de salut, rien. Le Grand Mensonge. Des années de guerre évangélique et de conflits religieux pour servir une idée rassurante basée sur du vent. Le Diable était seul à jouer avec les hommes. Dedalus ressortit de la bibliothèque du Prédicateur pensif, mais prêt à en découdre. Le sifflement ne s'était toujours pas interrompu."

L'Heretic enfonca les portes sur le passage du cortège funèbre mais personne ne se cachait derrière. Personne ne se jeta sur eux pour les empêcher de toucher à leur nouveau Guide, dont la trahison n'était qu'une erreur d'ambition. Rien. Et lorsque Todeskorp et Léviathan rallièrent la dernière salle, le sourire de leur ancien allié les acceuillit, alors qu'il tenait dans la main un évangile satanique, dont la reliure semblait faite de peau humaine. Deux femmes et un homme se tenaient à ses côtés mais ils n'adressèrent que peu d'attention aux canons pointés vers leur crâne, aspirés par les dernières paroles de leur chef.

- "Et lorsque le Diable en eut assez de jouer avec les humains, il se détourna lui aussi de la création divine et réveilla le Léviathan pour qu'il la dévore et la broie avant de retourner dans le néant de l'Abime Eternelle"..

Et la bombe sifflante qui se trouvait au millieu de la chambre explosa, aux pieds des pêcheurs, allemands comme américains.
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyLun 3 Juin - 21:51

La religion était une forme de pensée que Karl associait à un dysfonctionnement des liaison neuronales, une sorte de mélange entre un centre logique déficient et une région imaginative déréglée. Il n'avait pas repéré l'étrange sifflement, trop accaparé par la récente bataille qu'il avait mené avec ses hommes et l'adrénaline qui noyait ses sens. Victime de son propre corps alors qu'il se pensait tout en connaître, l'ironie à l'état brute. Il se souvint de la porte qui s'était ouverte, de l'excitation de ses hommes à enfin mettre la main sur le traître et tout ça pour voir un tableau digne des plus grandes heures de l'Inquisition. Un homme tenant un livre, prononçant de sordides paroles insensées sur des mondes et des individus qui n'existaient pas. Puis le son fut la première victime de l'engin explosif. Le temps s'arrêta avant de se brouiller. Les souvenirs se mélangèrent et l'immense lumière de l'explosion aveugla l'assistance.

- Mon fils, fit la voix de son père, la Science est la réponse à toutes les questions....

Il se souvenait de ses mains qui enserraient ses épaules alors qu'il le regardait droit dans les yeux.

- La Science n'implique pas de foi aveugle, la foi est le refuge de la faiblesse humaine pour trouver des échappatoires à une réalité qu'ils ne supportent pas! L'Homme est mauvais par nature, pas par malédiction divine....

Son manteau fut soufflé en arrière alors que l'immense lumière s'intensifiait encore.

Les paroles que l'Heretic lui avait dit plus tôt revinrent à leur tour, effaçant le regard de son père alors qu'il se faisait sermonner.

- Le Leviathan est heureux de vous compter à ses côtés....

Les premiers tirs dans la bibliothèque se superposèrent à un coup de mortier de la guerre de Vlatava. Ses pieds décollèrent du sol, son masque se tourna et découvrit le visage de Ludwig qui se déchirait comme du papier cadeau, celui-là même que vingt ans plus tôt il déchira pour y trouver un microscope. Alors qu'il redécouvrait l'étrange objet, son père lui parla de nouveau.

- Pour que tu n'oublies pas qu'il n'y a qu'un moyen de comprendre la vie...

Il se sentit pousser en arrière par cette force qu'il avait tant de fois rencontré sur les champs de bataille, cette force qui pulvérise les tympans, fait s'envoler des chars et s'effondrer des immeubles entiers. Il sentit la chaleur calciner son manteau de cuir et atteindre le textile de son uniforme. Les crépitements furent un temps les seules notes que daignèrent enregistrer ses oreilles. Comme les crépitements des vinyles de son père avant que ne résonnent les cœur de l'armée rouge...

L'une de ses mains lâcha son arme qui se consuma et se tordit telle une branche de cerisier sous les coups de lance-flamme. Il traversa le couloir qu'ils avaient conquis avec grand peine et toucha le sol. Le même contact que la première fois qu'il avait pris seul du NKV, cette brûlure qui vous consumait de l'intérieur, des muscles qui se durcissent et transmettent leur symphonie douloureuse. Ses jambes se soulevèrent malgré lui et il fit un premier tonneau. L'univers se ouvait avec grâce autour de lui... il avait déjà vécu cela.

A Blüdhaven, lorsqu'il avait étranglé une jeune femme, une créature de la nuit maquillée atrocement exactement comme la jeune femme du cadre photo qui se décrocha devant lui... Une jeune femme qui vendait son corps comme une marchandise, il l'avait payé pour espérer retrouver le frisson que seule la guerre donne. Elle s'était déshabillée comme si elle pensait avoir affaire un client classique. Elle avait rit en voyant son masque à gaz, dont la texture crépitait, elle avait demandé où étaient les fouets et le cuir pour elle. Lorsqu'il avait sortit les gants qui étaient tels deux charbons ardents, elle avait commencé à demander où elle devait se mettre pour recevoir sa fessée. Son rire qui se voulait coquin et ses manières de serpent avaient changé lorsqu'il s'était jeté sur elle pour l'étrangler.

Alors qu'il entamait son second tonneau dans ce couloir à la température infernale, il se souvint de ses cris et de la façon pitoyable dont elle s'était débattue, se contentant de le faire rouler sur le côté. Sans habit ni talon elle n'avait eu aucune chance. Ses mains s'était serrées si fort...si fort... comme lorsque son père l'avait tenu par les bras pour lui injecter une seringue de NKV. Sa gorge avait rougie comme la joue droite d'Erwin alors qu'il encaissait l'explosion et son visage avait lentement perdu de sa superbe. Ses joues roses gorgées de vie étaient passées par une teinte violette avant de devenir blanches comme le papier peint qui avait été épargné par le souffle.

Lorsque son esprit retrouva son corps, il était immobile et le sifflement de l'explosion commençait à se dissiper. Un sifflement similaire à celui des freins du train qui l'avait mené jusqu'à Gotham City.

- Le début d'une grande coopération, lui avait dit plus tôt la voix de l'Heretic.

Il battit des paupière pour parvenir à faire un focus depuis ses vitres rouges recouvertes de poussières et de cendres. Il y avait des gémissements, des bruits de débris qui retombent et des voix, faibles qui commençaient à essayer de rassembler quelques individus qu'ils connaissaient. De son côté, Karl tentait de reprendre le cours de son existence. Ses poumons qui s'étaient arrêtés le temps de son envol reprirent leur fonction. Il respira difficilement, comme s'il devait déplier ses poumons pour la première fois. Tout était difficile, le moindre mouvement lui arrachait une crimace de douleur. Il se tourna sur son flanc pour essayer de stabiliser sa vision du monde, son manteau était en lambeaux et des morceaux de sa vestes avaient roussi. Ses oreilles continuaient de siffler désagréablement. il avait la bouche sèche et l'aérateur de son masque peinait à laisser filtrer de l'air. Une main surgit de nulle part, il eut geste de surprise de la tête, c'était Wilfried qui avait eut la présence d'esprit de se couvrir un minimum. Il semblait avoir évité le plus gros de l'explosion même si son bras blessé était désormais de surcroît brûlé. Comme s'il se réveillait sous l'eau, Karl battit un instant des bras et tourna son filtre chimique pour le décrocher. Il prit une profonde inspiration comme s'il avait été privé d'air pendant une bonne heure. Il tenta de se mettre sur ses avant-bras et il balaya les environs.

Ludwig, le visage complètement consumé ne parvenait pas à retenir les cris de douleurs, à côté de lui Erwin avait eu plus de chance: il était mort sur le coup de l'explosion. Tel un rescapé de la guerre, Karl se releva, aidé apr son lieutenant. Il se maintint un temps contre un mur et admire les restes de leurs équipée. Il commence alors à tituber en direction de ses deux hommes, enjambant quelques cadavres. La scène lui paraît trop surréaliste pour être vraie. Ce devait être une vulgaire opération, mais il avait fallut qu'elle se fasse contre un adorateur du culte du martyr, une espèce d'abruti complètement lessivé par des écrits absurdes inventés pour contrôler des masses et contredire des édits moraux jugés opposés à la nature de l'Homme! Tel était la malédiction de l'Homme, prendre le mythe pour une réalité! Le même mythe qui animait aujourd'hui le Batman et qui lui donnait toute sa force! Si toute la population venait à se rendre compte qu'il n'était qu'un homme de chair et de sang qui se déguisait comme un gosse alors peut-être le rejetteraient-ils, mais non, tout cela était trop simple! Il faudrait recâbler l'Humanité entière pour espérer lui tirer quelque chose de cohérent!

Il saisit de ses gants brûlants le col de son Totenmeister. Mort pour rien. Une mort absurde et inutile, même pas mort au champs d'honneur. Une mort à l'image de cette ville. Futile....pathétique...vaine. Erwin n'aura pas vu se concrétiser le rêve d'une guerre dans Gotham, au mieux il aura vu une petite querelle qui déchirait quelques gangs, il aura sentit le souffle d'une dernière explosion. Karl ne pleura pas, il n'en éprouvait ni le besoin ni l'envie. Il était déçu de voir partir le potentiel de cette homme avant qu'il n'ait pu l'employer, c'était du gâchis, rien de plus, rien de moins. Il lâcha le corps inerte et se tourna vers Ludwig qui souffrait atrocement. Il regarda la brûlure, rien d'impossible à soigner. Il fit un signe de tête à Wilfried pour qu'il l'aide à se relever.

- Nous pourrons stabiliser son état à Axis, fit-il tout doucement. Il y a des calmants et des antibiotiques dans le véhicule.

Karl entreprit ensuite de se rendre dans l'énorme pièce où tout était sensé s'achever. Il n'y avait rien d'autre qu'un air rendu poisseux par la graisse des morts et des cadavres calcinés. Les restes d'un vieux grimoire traînaient prêt de ce qui devait être le cadavre du guru. Il le saisit, il n'y avait plus rien à tirer des ces parchemins calcinés, au fond il n'y avait jamais rien eu à en tirer. Il le jeta au sol avec hargne, provoquant la mort définitive de sa reliure. Il étouffait sous son masque, même le filtre en moins. Il voulut détacher son masque, enleva comme de coutume l'attache qui lui ceignait l'arrière du crane et voulut tirer. Il sentit littéralement sa peau venir avec. Il s'arrêta dans son geste, comprenant ce qui lui arrivait. La coagulation rapide de son sang avait fait son œuvre alors que le matériaux de son masque était entré en température de fusion. Cette explosion venait de lui greffer littéralement son masque au visage. Il resta un temps à encaisser la sinistre révélation. Il allait devoir aviser pour expliquer cette horreur sous Karl Hellfern.

Il rattacha son masque, sachant pertinemment qu'il ne pourrait plus l'ôter seul. Il saisit un morceau de la doublure de sa veste pour essuyer ses deux verres. Le monde toujours teinté d'écarlate redevint moins obscure. Il serra les dents. Les situations n'étaient jamais critiques, mais une telle erreur le reléguait au rang de débutant! Comment avaient-ils pu tous être assez bête pour ouvrir cette porte? Il se tourna vers ses alliés du Leviathan. Sa voix n'était empreinte d'aucune haine, mais elle était glaciale comme le tranchant d'une épée.

- Objectif accompli,
lança-t-il. Voilà un traître qui ne devrait plus faire grand mal.

Il laissa la pointe acerbe de sa réplique trancher l'air et il s'approcha de ses alliés du Leviathan.

- Ayant une formation de Docteur et de médecin, je peux vous prodiguer quelques soins au besoin, y'a-t-il des blessés intéressés? demanda-t-il finalement.
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyJeu 27 Juin - 15:31

La félicité que les hommes du Léviathan avaient éprouvés après l'éradication supposée des forces du traître avait été... soufflée. Comme une bougie. Là où, quelques secondes plus tôt, des vainqueurs au pied léger et au rire hautain entraient dans la dernière tanière du Prédicateur successeur de Jim Jones, des soldats handicapés, sourds et secoués se tâtaient désormais avec des yeux écarquillés, leurs armes brisées contre les murs étroits du couloir, gisants à terre comme des jouets oubliés, fracassés par une rage adulte qui les dépassait. Alors que lentement, la poussière soulevée d'un tour de main divin redescendait avec lourdeur, collée aux bouts de bois issus des murs qui avaient explosé et des meubles qui avaient suivi le même chemin, Dedalus se releva, agrippant ses mains blanchâtres et veineuses à la carcasse du bâtiment, dédale de fils de cuivres abritant le courant électrique ou l'alimentation en eau, plombages fonctionnels ou soutien d'un mur qui n'existait plus. Pas plus que la fierté de Dedalus.

Ce dernier s'aperçut rapidement qu'il n'avait pas la moindre idée de l'endroit dans lequel il se trouvait et que sa vision pour le moins floue et ses oreilles bouchées ne l'aidaient en rien. Lorsqu'il tenta de se relever, un nuage noir grignota son cerveau avec célérité et il retomba aussitôt, le souffle coupé, pour ne se réveiller qu'une poignée de secondes plus tard, le souffle rauque, le coeur battant, l'épiderme tremblant. A force de prudence et d'une aide mystérieuse mais puissante, il se retrouva bientôt debout et les nuages noirs et rouges s'évaporèrent, chargés de dédain. Sa vue suivit le même chemin et, avec l'image, sa mémoire revint : l'odeur de la colère, la sensation de surprise. Une vague qui l'avait submergé. Dedalus repoussa du bout des doigts un soldat du Léviathan qui l'aidait à tenir debout et claqua son pouce et son index pour demander ses gants. Ils apparurent dans l'instant : brûlants et parsemés de trous encore rouges où chaque pression transformait le cuir en cendres promptes à s'envoler. Le père de Batwoman glissa quand même les accessoires dans une de ses poches, pensant pouvoir les raccomoder, et essuya son trench-coat du plat de la main, bientôt enrhumé par les émanations poussiéreuses qui s'en échappait et entouré d'un aura de de saleté et de débris blanchâtres.

Il tituba en avant, compta ses hommes avant de jeter son regard au sol tandis que les survivants de la Todeskrop vérifiait l'expiration de leur cible. Très vite, le tueur au chapeau comprit ce qui avait protégé son organisme faible et vieillissant de l'explosion : le corps massif, génétiquement modifié et hyperentraîné de l'Heretic, le petit chouchou du Léviathan, le héraut de l'organisation et l'ambassadeur international de cette dernière et surtout de son leader. Il leur avait toujours été présenté comme intouchable et son silence solennel et ses capacités martiales surhumaines avaient toujours confirmé ce constat. Pourtant, il gisait désormais au pied de Dedalus, écrasé et brûlé par l'impact. Soudain, Dédalus décela sur son visage, à partir des commissures de ses lèvres, une coloration étrange et s'agenouilla au sol pour ouvrir ses yeux et inspecter ses pupilles : c'est alors qu'il comprit.

Une bombe sale.

- Ach, sortons d'ici tout de suite, et que l'on transporte l'Heretic jusqu'à l'extérieur ! Tout de suite ! Allez !

Sans demander son reste, Dedalus arracha un bout de tissu à l'un des deux autres cadavres du Léviathan et s'en barra la bouche et le nez alors qu'il faisait demi-tour vers la porte principale. On l'informa dans les escaliers qu'outre les deux morts, trois blessés graves étaient à déplorer et seraient indisponibles quelques temps, et que l'Heretic n'était pas encore mort mais que son pronostic vital était engagé. Dedalus trouva là le seul moyen de se raccrocher à son emploi et de ne pas provoquer l'ire du Léviathan. Il fallait guérir le clone de Damian Wayne au plus vite, ou au moins lui administrer des premiers soins appropriés avant de le transporter aux urgences ou dans des blocs opératoires dédiés aux membres du Léviathan.

Par chance, la Todeskorp proposa son aide. Dedalus accepta donc, sans oublier de préciser qu'il ne savait pas ce que la bombe sale contenait mais que le petit ajout inhérent à ce type d'explosif était dèjà en train d'agir sur l'Heretic. Comme prévu, des camions de déménagements et une voiturette de livraisons florales attendait les deux organisations alliées devant la demeure et l'on s'occupait dèjà des voisins curieux. Bien entendu, l'un des véhicules contenait l'arrière d'une ambulance et le matériel nécessaire à des interventions rapides, sur le trajet. Dedalus l'expliqua aux allemands et fit rouler les cadavres, léviathans comme todeskorps, dans la voiturette de livraison. Tout irait à l'incinérateur, sauf en cas de mention contraire des sbires de Karl Helffern. Quoi qu'il en soit, la mission était en effet réussie, et seul l'état de santé de l'Heretic occupait désormais Dedalus.

Durant le trajet, pourtant, il se retourna vers Hellfern et détacha ses lèvres sans pulpe :

- C'est en effet une mission réussie, malgré ce qu'avait préparé cet idiot de Prédicateur. Nous sommes tellement désolés pour vos pertes. Le Léviathan vous offrira si vous le souhaitez une assurance financière, un crédit pour remplacer ce que représentait le matériel détruit et la valeur des hommes tués. Le Léviathan peut vous offrir bien d'autres choses, et vous semblez prêt à vous en servir. Me trompes-je ?

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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptyJeu 4 Juil - 17:25

Les batailles terminées, elles emportaient avec elles l'adrénaline, les odeurs de sang vaporisé et les cris qui ponctuaient chaque progression, le silence et les particules poussiéreuses en suspension étaient les dernières combattantes. Alors que sa peau lui lançait des décharges douloureuses, Karl voyait s'agiter autour de lui les fourmis besogneuses du Leviathan, soulevant et faisant tourbillonner des colonnes de poussières noirâtres. L'on transportait cadavres et preuves pour mieux faire disparaître leur intervention, Erwin terminerait comme un anonyme, incinéré pour la cause. Le feu emporterait tout une nouvelle fois. Wilfried avait voulu rétorquer lorsque Deadalus indiqua le destin qui attendait leur camarade, mais un simple geste de son supérieur l'avait réduit au silence. Pour le bien du Totenkorp et des projets que le Herr Doktor nourrissait, ils devaient faire fi de leurs appréciations sentimentales. Karl n'avait aucun affect envers le corps déjà bien entamé par l'explosion de son Totenmeister, chacun aurait pu y rester qu'il n'aurait ressenti qu'un agacement, celui de voir partir trop vite des éléments qui se révélaient prometteurs.

Tandis que ses bottes écrasaient quelques décombres et arpentaient des étendues de moquette et de plancher calciné, il réfléchissait. Le Leviathan était une organisation qui faisait montre d'une puissance incroyable. Elle disposait de cerveaux criminels et de moyens et pourtant... pourtant ils étaient là, dans une simple, une toute simple villa de la périphérie de Gotham à chasser et traquer un traître. Quelque chose échappait clairement à la compréhension du Herr Doktor que l'on avait éduqué à penser en terme de grandeur et de puissance. Mais pour l'heure, il avait un patient à soigner. Le docteur Dedalus semblait être extrêmement respectueux à l'égard de cet individu que tous surnommaient l'Heretic et si Karl avait tout compris, il était une sorte d'ambassadeur de la tête du Leviathan vers cette cellule. Si cette hypothèse était bonne, sa mort pouvait avoir de fâcheuses répercussions sur la suite des évènements.

Aussitôt monté dans l'ambulance, il fit tomber son manteau recouvert de poussière et observa la blessure de son patient. Il enleva ses gants, déboutonna sa veste qui rejoignit son manteau et retroussa ses manches de chemise. Tout en observant la plaie, il écoutait le docteur Dedalus et mettait en place son protocole pour agir. Avant de pouvoir faire quoi que ce fut sur l'étrange substance de cette "bombe sale", il allait devoir nettoyer la plein et retirer les éventuels éclats de l'engin explosif.

- Préparez-moi tous les kit de bandages stériles que vous avez, deux kit d'injections, sortez-moi un flacon d'anesthésiant et un d'antibiotique. Nous allons préparer un site de prélèvements sur son avant-bras droit, il me faudra des échantillons à analyser pour isoler la substance qui l'a empoisonné. Pour en revenir à vos dires cher confrère, je vous avoue que les possibilités que m'offre votre organisation son alléchantes.

Il se saisit du premier kit qu'on lui tendit, porta sa main sur un jeu de tiroirs encastrés dans le châssis de l'ambulance et les ouvrit tour à tour pour trouver du désinfectant et une paire de ciseaux sous vide. Il déposa le tout sur un plateau en plastique posé à proximité et saisit le flacon d'anesthésiant que lui tendait Ludwig. Il ouvrit un kit, monta la seringue et fit son prélèvement. Restait à ne pas trop anesthésier l'individu. Il regarda rapidement sa corpulence. Il tira sur le piston pour la remplir. Pour résister à une telle explosion sans mourir il devait sûrement être drogué ou améliorer génétiquement. Il tira deux millilitres de plus.

- Wilfried, vérifie son rythme cardiaque, fit-il avant de retourner son masque vers le visage déshydraté du vieux nazi. Je disais donc docteur que je serais plus de ravi de fournir mon aide à votre organisation. Je suis quelqu'un de particulière doué avec mes toxines, mais comme dans tout Art il faut savoir saluer un mécène.  

Le lieutenant avait plaqué ses doigts pour saisir le pouls de leur patient.

- Rapide, trop rapide, décrivit-il.

Karl tira encore un peu sur son piston. Il planta ensuite la seringue autour de la plus grosse plaie et injecta le reste dans le bras de son patient.

- ça va faire descendre un peu son rythme cardiaque, surveille-le, ordonna-t-il.

Wilfried bouscula Ludwig afin d'atteindre un cardiogramme portable et installa les électrodes tandis que son supérieur badigeonnait des compresses stériles de désinfectant. Karl n'avait pas le luxe d'attendre que l'anesthésiant fasse entièrement effet. Tant pis. Il plongea les compresses dans la large blessures et frotta pour enlever les caillots et les secrétions de l'organisme de l'Heretic. Il commençait à distinguer les tissus les plus nécrosés et touchés par l'explosion. Parfait.

- Un tube ou un sachet, ordonna-t-il alors qu'il prenait une paire de ciseaux et de pinces.

Il souleva des morceaux de chairs et les découpa méticuleusement. Ludwig lui tendit un sachet de prélèvement médical dans lequel il déposa ses échantillons de peau. Il entreprit ensuite d'élaguer la plaie de ses parties les plus laides pour faciliter la cicatrisation. Il passa à nouveau du désinfectant. Avec la pinces il enleva nombre de morceaux métalliques qui s'enfonçaient et soupira en arrachant un peu plus de la tenue de son patient, il avait réellement encaissé le plus gros de l'explosion. Il ouvrit les emballages des bandages et se prépara à faire ce qu'il détestait le plus dans sa profession: les pansements.

- Heureusement c'est comme le vélo, ça ne s'oublie jamais vraiment, soupira-t-il pour lui-même. Ludwig, désinfecte ses plaies plus superficielles. Wilfried, es-tu prêt à lui faire un prélèvement?

Il lui jeta un kit avec une poche de sang vide. Depuis qu'il travaillait pour Karl Hellfern, Wilfried avait dû se reconvertir malgré lui en infirmière, il faisait des cardiogrammes, des prélèvements, parfois même il l'aidait à faire des injections à ses cobayes.

Karl commençait à faire son bandage le plus solide afin d'éviter une nouvelle hémorragie. Tous s'activaient maintenant autour de la large silhouette allongée. Alors qu'il passait un nouveau tour, le Doctor Death réfléchissait. Cette toxine semblait colorer légèrement les tissus organiques, le corps semblait pouvoir s'en défendre si l'on en croyait les sécrétions vertes que le corps de la victime libérait. Alors qu'il faisait son troisième tour, il se pencha sur le visage de son patient et lui ouvrit une paupière. Ses veines semblaient normales mais ses globes oculaires jaunissaient légèrement. Il prit une lampe d'examen qui trainait sur un plan de travail et vérifia ses réflexes. L'anesthésiant les ralentissait, mais ils étaient toujours présents. Le cardiogramme indiquait que le patient reprenait un débit systolique normal.

Intrigué, le docteur fit manœuvre arrière et enleva le bandage qu'il avait commencé. La plaie était de nouveau sale malgré les injections d'antibiotique, en réalité le corps peinait à se défendre. Il eut un sourire mauvais qui étira d'avantage la douleur que provoquait son masque.

- Toi je pense te connaître, fit-il.

Il saisit la poche de prélèvement que Wilfried terminait de remplir et versa un peu de son contenu dans l'emballage d'un kit stérile pour regarder sa couleur à la lumière d'une vitre. Le sang paraissait normal, mais il noircissait. L'élément en question agissait sur l'hémoglobine ainsi que sur ses facultés de coagulation et ses globules blancs.

- Est-ce qu'il respire? demanda-t-il en mettant son kit à la poubelle.

- Difficilement, fit Ludwig, on dirait qu'il souffre.

- Son rythme cardiaque remonte, déclara Wilfried.

- Reginia Temperamens, conclut Karl. Une analyse de son sang me permettra d'être totalement sûr, mais je ne pense pas me tromper totalement, en tout cas les symptômes sont clairs. Tous ceux qui n'ont pas été protégé des émanations de cette toxine vont avoir des difficultés à respirer dans les prochaines heures, cette toxine joue le rôle d'une sorte d'usine de monoxyde de carbone, elle va utiliser une partie des cellules de l'hôte telles que des plaquettes ou des globules blancs pour générer des particules qui vont se fixer sur les globules rouges et ainsi les empêcher de transporter de l'oxygène. Pour le moment, mettez notre ami en assistance respiratoire, ça nous donnera deux bonnes heures de répit, injectez-lui encore un peu d'antibiotique et faites-lui une transfusion sanguine, il devrait y avoir des poches de sang O dans l'un des placards, trouvez m'en une. ça nous offrira encore une petite heure. La période d'existence de cette toxine est relativement courte, mais il suffirait qu'elle ait atteint la rate ou un poumon pour que ses effets soient mortels.

Il se tourna vers le docteur Dedalus.

- Je peux vous faire un antidote dans mon laboratoire en moins d'une heure, mais il va me falloir un générateur de dialyse pour filtrer son sang avec, or c'est du matériel dont je ne dispose pas, pourriez-vous me fournir cela en moins de trois heures? Non pas qu'il va mourir aussi vite, mais je préfère me laisser du temps pour ces choses là.

Il saisit un flacon de solution hydro-alcoolique et s'en badigeonna les mains. Il les frotta avec la mécanique de l'individu habitué et reprit ses bandages pour refaire un nouveau pansements. Maintenant soulagé de savoir à quoi il devait d'attendre pour les prochaines heures avec son patient, il se permit de reprendre sa conversation avec son confrère.

- D'ailleurs, quelles seraient les attentes du Leviathan et surtout quelles seront mes marges de manœuvres si j'acceptais de le rejoindre? Je vous ai tous vu traquer et frapper un traître, seriez-vous.... comment dirais-je... paré pour des actions de plus grandes envergures dans l'enclos de Gotham City? J'entends par là seriez-vous prêts à financer le chaos de cette ville et jouer avec chacun de ses gangs comme si elles n'étaient que des pièces d'échecs? Je ne doute pas de vos compétences, loin de là, j'entrevois, comme je le disais plus tôt de vastes possibilités aux vues de ce que j'ai découvert, mais je me demande si vous convergez tous vers la même vision.  


Derrière eux, Ludwig terminait de fixer une aide respiratoire minimale pour l'Heretic.
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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptySam 6 Juil - 16:25

Le pronostic vital de l'Hérétique semblait s'être gelé. Ces Todeskrop étaient vraiment multifonction, et se révélaient au fil de la journée plus utile de minute en minute. Plus dangereux aussi. Il était désormais plus que temps de s'assurer d'en faire des alliés, et de lever un peu le voile sur le Léviathan afin d'instaurer un lien de confiance entre les deux partis. Après avoir jeté un œil à l'Heretic et avoir vérifié son état à l'aide de quelques stimulis - que la peau du Colosse était différente sans la barrière des gants de cuir ! -, il fit un signe à l'un des membres du Léviathan qui lui indiqua leur réaction et vint apporter un portable où les premières informations sur ce que la police avait compris de l'attaque punitive se mêlaient aux tweets des voisins hallucinés et trompés.

Le plan marchait à merveille mais comme le laissait entendre le docteur Death, arracher ses propres cellules malades n'avait rien de très glorifiant, et la petite note finale - petite mais explosive - qui avait causé plusieurs pertes semblait être un piège dans lequel ne serait pas tombé une organisation aux ambitions aussi démesurées et aux moyens apparemment si développés que le Léviathan. Mais toute cette mascadare n'était en effet que l'avant goût. Une fois rassuré sur le travail qui avait failli coûter la vie au préféré du Mastermind criminal, Dedalus reposa son regard sur Karl Hellfern et courba ses lêvres en hauteur dans un simili-sourire, ses zygomatiques provisoirement bloqués par les entailles que la bombe avait creusé autour de ses lèvres et la toute nouvelle cicatrice qui les barrait.

- Votre aide précieuse a prouvé que la réputation de vos services n'était pas exagérée, mon cher. Le matériel que vous demandez doit se trouver dans un dispensaire proche, nous n'aurons aucun problème à le réserver de façon immédiate. Quand aux attentes du Léviathan... Ce sont des questions qui tombent à point. Si vous souhaitez mieux comprendre le Léviathan, regardez autour de vous, monsieur Hellfern.

Regardez. Goat Boy, assassin ayant été formé par la Ligue des Ombres, on dit qu'il est encore meilleur que Lady Shiva et qu'il possède en plus une parfaite maîtrise de la technologie moderne et du fusil de précision, dont il est expert. Ce sont des on-dits, la réalité est plus simple, je vais vous la dire : cet homme est sans aucun doute lié de quelque façon à la Faucheuse, il a sa rapidité et son amour du travail propre.

Son of the Pyg, vous connaissez sûrement son paternel, il me semble que vous avez travaillé ensemble. Son of the Pyg a repris le travail de son père, y a apporté ses touches - et ce sont des améliorations, pas des customisations - et dispose désormais d'une véritable réserve de dollotrons. Parfois, je me demande s'il n'est pas tout droit sorti d'un roman de Lovecraft pour venir apprendre aux hommes l'horreur cosmique et son pendant terrestre.

L'Heretic. Ne vous fiez pas à sa taille et son aspect taciturne, cet homme est un petit diable. Il est beaucoup plus rapide que n'importe lequel dans cette pièce et il s'entraîne chaque jour à tous les arts martiaux, par ordre alphabétique, en commençant par l'aikido. C'est un expert du naginata et du shamshir et il semblait intouchable avant que cette bombe n'explose. Comme quoi, les apparences sont trompeuses.

Celles du Léviathan aussi. Un cochon, une chèvre, le vieux père d'une justicière idiote qui s'habille en latex, cela ne semble pas très reluisant et encore, vous n'avez pas vu le Fils de l'Homme. Mais nous ne sommes que des pions, je dirais plutôt des émissaires ou des apôtres. Personne ne connaît les chiffres de l'organisation, mais ils semblent astronomiques en tout point. Nous possédons le Mtamba,enclavé en Afrique et notre doctrine se répand dans tout le continent ainsi qu'en Amérique. Nous possédons, j'ai cru le comprendre à demi-mot mais je le vois aussi tous les jours, une aide politique au niveau international et local, surtout à Gotham City, et des hommes, beaucoup d'hommes. Par Garnisons, sous plusieurs sociétés écrans, sociétés privées, para-millitaires : toujours à portée de mains. Des mercenaires de qualité, les camps d'entraînement du Mtamba sont un merveilleux compromis des camps d'entraînements terroristes qu'on peut trouver en Somalie ou dans la corne de l'Afrique et les camps officiels des armées occidentales.

Nous sommes la concrétisation de la Mafia, vous savez de quoi je parle, vous avez sûrement entendu parler de cette image de la pieuvre qui se trouve partout et qui fait repousser ses bras dès qu'on les scies ? Je ne sais exactement quel est la finalité de tout ça, si ce n'est répandre une doctrine anti-américaine pour mieux recruter et surtout payer le terrorisme et la criminalité dans toute sa splendeur et sur toute son étendue. Nous pouvons tout faire mais je ne sais si un but précis a été.. oh, si il y a un but. Nous en avons un mais j'imagine qu'il ne vous intéresse pas.

Supprimer la justice clandestine, en particulier le Batman, et soutenir le pouvoir du leader de l'organisation en jouissant de tous les moyens qu'il nous laisse. C'est un bon marché, monsieur Hellfern. J'ai personellement dans l'intention d'essayer à Gotham une nouvelle Opération Mondsheinsonate. La coventrisation de Gotham.

Mais avant tout : une nouvelle paire de gants.

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MessageSujet: Re: Hail Léviathan   Hail Léviathan EmptySam 27 Juil - 10:23

Karl essuya ses mains pleines de sang et entreprit lentement de se rhabiller. Il tira sur ses manches pendant que la voix teintée d'un accent allemand des plus rafraîchissants répondait à ses interrogations. Le Leviathan, la concrétisation d'un mal profond et ancré dans la Nature Humaine. Tandis que la pègre avait des règles, et une sorte de culte sacrée de l'ordre en son sein, les présentations rapides que lui fit le docteur Deadalus donnait plutôt l'image que le Leviathan préférait l'efficacité à la morale et ne considérait l'éthique comme une variable hautement négligeable.

Sous son masque qui tiraillait sa peau à vif, Karl aurait aimé sourire. A peine ouvrait-il une porte qu'une multitude de merveilles se proposait à lui en retour. Il avait torturé, attaqué, soigné en une soirée et maintenant il entrouvrait à peine le paysage d'une organisation qui pourrait lui éviter bien des turpitudes. Terminée la peur de manquer, terminé l'effroi provoquer par l'intervention d'un simple justicier, plus de drogues à transmettre sous le manteau, plus de marchés de dupes avec d'autres criminels qui avaient des moyens de pression contre lui. La silhouette noire de Gotham, parée de son masque à gaz allait enfin pouvoir aspirer à une renaissance méritée.

Erwin avait été un prix à payer et s'il le fallait, il paierait en massacrant jusqu'au dernier de ses fidèles. L'opportunité était trop belle, si chatoyante dans un océan morne d'ennui. Il s'imaginait déjà... oh oui... mais patience. Toute organisation avait, hélas, ses objectifs, les gens qui agissaient par pur plaisir étaient rares et changeants, or il avait face à lui un groupe qui était capable de frapper avec minutie et une certaine coordination, il ne fallait pas douter que la tête de cette dernière disposait d'idées bien précises, mais l'important était de ne jamais rater le train et de savoir, s'il le fallait, quand en descendre. Pour l'heure il convenait de prendre le coche.

Deadalus lui présenta un léger synoptique de ses envies pour Gotham. Une opération Mondscheinsonate? Poétique et tellement grandiose. Cet homme malgré son âge avait des regrets mais heureusement aussi, des projets. Un échec impliquait de coutume une sorte d'amertume proche de la mélancolie, un frein puissant, mais il avait l'air, au contraire, motivé par ce poids qu'il portait en lui et dont il traînait un douloureux souvenir - sinon il ne ressasserait pas autant cet étrange lien de filiation qu'il portait avec une fille vraisemblablement corrompue par une volonté de "Justice".

- Coventry... Dira-t-on que le Batman, au courant, laissa Gotham sombrer dans l'apocalypse ou retiendra-t-on la destruction de Gotham comme la victoire du Fort sur le Faible? demanda-t-il en riant. J'avoue que je paierais cher pour le savoir. Si vous avez besoin de quelques composés pour agrémenter vos bombes de quelques nuages très à propos, n'hésitez pas à le demander, je serais ravi d'apporter une contribution à une telle opération.

Mais le vieux nazi l'avait titillé avec sa jeune fille. Qu'avait-elle fait de si terrible? Décidément, la curiosité était un bien vilain défaut, mais que Karl avait élevé au rang de gourmandise tellement elle semblait insatiable chez lui. Il tourna son visage vers le vieil homme en riant à l'entente de sa remarque sur les gants. Il était important de soigner son look, sans aucun doute. Après tout, n'avait-on pas demandé à Hugo Boss de dessiner les uniformes de la Wehrmacht qui avait répandu la terreur en Europe?

- A ce propos et sans vouloir être déplacé, vous parlez d'une enfant qui est vôtre, une grande déception à vos yeux j'imagine vu les adjectifs que vous lui adjoignez, je serais curieux de connaître son pseudonyme et ce qu'elle fait exactement. J'ai, voyez-vous, récemment appris que les Justiciers étaient des enfants capricieux très gênants et plus je peux en apprendre sur eux et mieux je me porte. L'information, comme le disent les plus grands stratèges, est souvent ce qui fait la différence. C'est pourquoi j'aime me terrer dans les ténèbres. J'évite d'ébruiter mon nom et mes manières afin de rester une ombre et d'être, à la différence de mes ennemis, une énigme.

" S'il m'est permis, je rejoindrais avec un plaisir immense votre organisation. Mes projets ne sont pas immédiatement dans la lignée des vôtres, mais je suis persuadé qu'ils pourront être complémentaires, une sorte d'apéritif avant le Grand Festin! Je vais vous les expliquer brièvement. Peut-être qui sait, quelqu'un s'échine à faire la même chose et j'apprécie très peu les travaux parallèles.

" J'envisage d'illuminer mon quotidien d'une guerre belle et merveilleuse, comme dans mes meilleures années. Pour cela, j'ai hélas besoin de préparer le terrain sur tous les fronts, m'assurer que mes ennemis soient bien divisés pour ensuite frapper quand bon me semblera. En quelques mots, faire en sorte qu'ils commencent à se combattre entre eux avant que je n'intervienne. China Town est pressentie pour quelques essais, les triades divisées seront un excellent catalyseur et surtout la police est très peu présente dans cette région. J'ai également un fournisseur d'arme qui serait ravi d'alimenter tout Gotham si on venait à lui proposer le bon prix. Vous reconnaîtrez, j'en suis sûr, que la guerre à l'échelle industrielle a un charme incroyable, elle précipite aussi bien les militaires que les civils et tout l'édifice économique dans un effort unanime de survie. Il n'y a que dans les Guerres Totales que les Nations s'impliquent intégralement, de toutes leurs âmes et de tous leurs corps.

" J'ai déjà un petit contingent, mais si le Leviathan peut me fournir quelques bras supplémentaires, je ne serais pas contre. D'ailleurs, avez-vous un symbole en particulier?


Ce demandant, Karl montra le brassard du Totenkorp qui ornait le bras de son manteau qu'il venait d'achever de remettre.

- J'aime l'ordre et le discipline, j'aime l'uniformité, vous comprendrez,
rajouta-t-il pour justifier sa requête.
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