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Ne manquez pas les deux derniers chapitres de Darkwatch, où s'affronteront Le Chevalier Noir et l'Empereur !

Clash of the Warriors & La Révolte

"Lors d'une rafle de la Ligue des Ombres, la Lignée décide d'intervenir et de massacrer les hommes de Ra's Al Ghul. Les habitants, excédés par la situation, décident de se révolter, avec le support de l'Empereur et ses troupes. Le G.C.P.D est dépassé et les justiciers n'ont d'autre choix que s'en mêler, Batman en tête."

(Petit aperçu des évènements en vidéo ici)


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 Un père et un fils [Nighwing]

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Bats
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Bats
MessageSujet: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptySam 16 Juin - 23:19

"Monsieur Wayne, vous ne pouvez pas entrer, vous..."

"Docteur Philipps."

Un regard noir tomba sur le docteur Howard Philipps, le responsable du service de réanimation du Central Hospital. Un homme grand, fort, imposant, aux cheveux blonds comme le blé ; un homme ayant réussi tant dans ses études que dans sa pratique sportive, ayant dû choisir entre une carrière de footballeur américain et sa passion pour la médecine. Un homme sûr et autoritaire, qui avait passé quinze années en Afrique et était revenu depuis six ans à Gotham City, pour récemment prendre la direction d'un des services les plus sensibles de la structure.
Un homme, pourtant, qui se faisait entièrement dominé par l'attitude et le ton secs d'un play-boy fainéant supposé être plus à l'aise à séduire des jeunes femmes légères qu'à s'imposer auprès de grands professionnels. Bruce Wayne était définitivement une grande surprise.

"Mon père a fondé et dirigé le Central Hospital. La Fondation Thomas Wayne finance le Central Hospital. Je fais partie du conseil d'administration du Central Hospital. Rien que ces éléments me permettraient d'aller visiter n'importe quel patient, docteur Philipps."

Il avait fait un pas en avant. Tout, dans son maintien, respirait la confiance en soi et l'autorité. Vêtu d'un ensemble de costume noir et blanc, classique, il était plus petit que le médecin, mais celui-ci semblait se recroqueviller sur lui-même.

"Mais je pense que le fait que ce patient, votre patient, soit Richard Grayson, l'homme que j'ai recueilli après la mort de ses parents, que j'ai élevé, que j'ai vu grandir et devenir un être d'exception. Ce patient, votre patient, est mon fils, docteur Philipps. Voulez-vous vraiment m'empêcher de le visiter ?"

Howard Philipps fixa pendant de longues secondes le "people" devant lui, cherchant dans son esprit comment lui répondre et emporter la discussion ; après une attente, une torture mentale, le médecin recula finalement d'un pas et laissa son interlocuteur décidé passer devant lui et ouvrir la porte menant à une chambre isolée du service de réanimation. Fermant lourdement la porte derrière lui, Bruce Wayne poussa un long soupir en découvrant son fils endormi - dans le coma.

"Oh, Dick..."

Ses pas furent lourds, maladroits. La distance jusqu'au lit lui semblait immense, insupportable. L'image de Grayson blessé, aux portes de la mort, était un véritable supplice, d'autant plus qu'il se savait responsable.
Quelques mois plus tôt, quand Bruce avait été vaincu, humilié et mutilé par Killer Croc et qu'il avait décidé de se ressourcer et de se retrouver en visitant les lieux où il s'était jadis entraîné, son fils l'avait retrouvé et lui avait demandé comment l'aider, comment le soutenir ; Wayne avait simplement répondu de rester à Blüdhaven. De continuer le combat. De finir sa mission. De sauver la ville.

Et il l'avait fait. Richard avait nettoyé les rues de Blüdhaven, avait lutté contre les monstres locaux et venait de tomber sous les balles de l'un d'entre eux. Par sa faute.
Evidemment, Bruce n'avait pas tiré, mais c'était lui qui l'avait recueilli, formé et poussé dans cette voie. Et s'il était plus que fier de l'homme qu'il était devenu, du héros formidable qu'il était devenu, il se sentait toujours coupable quand il était face à des échecs, des difficultés, des drames... des blessures. Comme maintenant.

Debout aux côtés du lit, il posa une main étonnamment tendre et douce sur les cheveux de son ancien élève, Wayne poussa un long soupir. Il venait d'être prévenu de son transfert ici, après avoir été opéré à Blüdhaven. Alors que sa propre existence prenait enfin un tour agréable, avec son union à venir avec Rachel et l'enfant qui serait bientôt des leurs, il ne pouvait supporter la situation. Il ne pouvait supporter de toucher enfin au bonheur si Dick disparaissait. Il ne pouvait supporter de gagner une fille si son fils le quittait.
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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyDim 17 Juin - 18:18

Dick était allongé sur un lit d’hôpital, dans une chambre impersonnelle et aseptisée, isolée du reste du service et reléguée au bout du couloir. Cette aile du Central Hospital était affectée aux patients dans le coma, et constituait une sorte d’ilot de silence et de calme au sein de l’établissement. On était loin du service des urgences où les médecins se démenaient corps et âmes pour sauver ceux qu’on leur amenaient à coups de défibrillateurs et autres intubations. Là-bas, la vie était encore palpable, car les médecins n’avaient pas encore perdu leurs patients, ils pouvaient encore faire quelque chose. Tenter, du moins. Mais ici, la vie semblait s’être envolée. L’étage était plongé dans un mutisme mortifié, doté de chambres individuelles, propres et toutes semblables, avec des hommes, des femmes, des enfants parfois, tous plongés dans un profond sommeil sans savoir si ils allaient pouvoir se réveiller un jour… ou mourir, si leur cas était trop grave… incurable.

Des tuyaux maintenaient Dick en vie, de manière artificielle, bien sûr, et un tube avait été enfoncé dans sa gorge, pour qu’il puisse recevoir de l’air dans ses poumons. Les yeux fermés, le visage lisse, il semblait dormir tranquillement. Le docteur Philipps le surveillait depuis son transfert à Gotham, et lui rendait visite quotidiennement, pour voir si il y avait une quelconque amélioration dans son état. Son patient était stationnaire, mais ça ne voulait pas dire qu’il s’en sortirait. Il avait reçu deux balles dans le dos, qui n’avaient, fort heureusement, pas endommagé ni sa colonne vertébrale, ni sa moelle épinière. Mais le poumon droit avait été perforé et il avait perdu beaucoup de sang au niveau du bassin, l’endroit où la seconde balle l’avait touché. A Blüdhaven, un chirurgien l’avait opéré avec succès, réussissant à sauver son poumon et par là même, sa vie. Mais Dick était très affaibli, incapable de se réveiller après l’opération, si bien qu’on avait dû le plonger dans le coma pour éviter qu’il ne meurt.

Le Central Hospital de Gotham était doté d’un service de pointe dans le traitement des comateux. Dick avait donc été transféré ici. Si le jeune homme s’en sortait, sa blessure à la hanche deviendrait un problème et il devrait faire de la rééducation pour pouvoir remarcher un jour. Mais on était encore loin d’un réveil. Et Bruce Wayne le savait. Il s’était entretenu avec le docteur Philipps. Les espoirs étaient minces. Il avait connu ça pour Barbara, lorsqu’elle s’était faite tirer dessus par le Joker. Mais là, c’était pire. Bruce se sentait coupable de ne pas avoir été là pour empêcher que ce drame n’arrive. Au moins était-il là maintenant. C’était ce que penserait Dick s’il était conscient de sa présence. Il apprécierait.

Mais Dick était loin, très loin d’ici. Son mentor ne se doutait pas où l’esprit de son disciple s’était réfugié.


*
Le sang tambourine à mes tempes. Je me réveille en écarquillant les yeux. Toujours le même cauchemar, qui me poursuit toutes les nuits. Donna à mes côtés dort encore. Je lui caresse doucement les cheveux, puis me lève pour aller chercher un verre d’eau à la cuisine. Dans mon rêve, je vois des gamins morts. Ça, ça n’est pas normal. Donna essaye de me convaincre d’aller voir un psychologue, qui pourrait tirer les choses au clair, voir de quel drame d’enfance découle ce cauchemar effrayant. Je déteste qu’on fouine dans mes affaires, ça n’est pas pour raconter ma vie, allongé sur un divan, en espérant que le type qui m’écoute résoudra mes problèmes d’un coup de baguette magique. Je ne crois pas trop à la parlotte, quand il s’agit de raconter mes problèmes. J’ai toujours eu énormément de mal à me confier aux autres. Donna pense que je suis autiste, ou quelque chose comme ça. Elle trouvait ça charmant quand elle m’a épousé. Elle continue de me taquiner avec ça, mais je sais que ça la gène que nous ayons du mal à communiquer quand il s’agit de moi.

Je referme le robinet, et avale mon verre d’une traite. Je repose le verre et me retourne. Donna s’est réveillée et m’a suivi dans la cuisine. Elle se tient devant moi, Elle porte mon vieux maillot des Gotham Guardsmen. Ça me fait sourire. Elle adore porter mes fringues.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » me demande-t-elle en haussant un sourcil.

Je hausse les épaules.

« Rien. Rien. Désolé de t’avoir réveillé. J’ai dû crier, ou quelque chose comme ça. J’ai encore fait ce rêve horrible. Cette fois, c’était… Non, je préfère pas te raconter. Un de nous deux qui fait des cauchemars, c’est bien assez. Je n’ai pas envie de ça pour toi, vraiment pas. »

« Ne t’inquiète pas, Dick. Je suis flic. J’en vois, des choses horribles. Ça me fait bizarre que ce soit toi qui fasse des cauchemars, et pas moi. »

Elle s’approche de moi et m’enlace. Je lui dépose un baiser sur le front.

« Quand est-ce que tu reprends ton service ? »

Elle jette un coup d’œil à l’horloge de la cuisine. Il est pas loin de 3 heures du matin.

« Dans trois heures. Je crois que ce n’est pas la peine de me recoucher. Et puis j’ai l’habitude des nuits blanches. »

Elle me fait un clin d’œil, et je soupire. Donna a un humour particulier. Et moi, je n’en ai aucun, il paraît. Je l’embrasse, ayant une petite idée de comment elle veut occuper le temps qui lui est à parti…
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Bats
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Bats
MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyJeu 21 Juin - 19:35

"Dick."

Sa voix n'était qu'un murmure, qu'un souffle. Assis aux côtés de son fils, Bruce fixait son corps inerte et essayait de cacher les tremblements de ses mains ; ça devenait de plus en plus difficile.

"Dick."

Les yeux dans le vague, braqués sur le visage immobile et stoïque de son élève, son ton avait légèrement augmenté.

"Dick."

Sans s'en rendre compte, il avait quasiment hurlé le prénom d'une des rares personnes en qui il avait une totale confiance. En s'en rendant compte, il sursauta et regarda autour de lui, par crainte d'avoir été vu ou d'avoir alerté des infirmiers. Ne voyant personne venir, Wayne se retourna et se releva pour poser, en tremblant, sa main sur l'épaule de son fils.

"Dick... tu dois te réveiller."

Sa voix était, elle aussi, tremblante. L'émotion était trop forte, même pour quelqu'un comme lui, qui avait fait du contrôle de ses émotions et du paraître une ligne de conduite.

"Tu... tu n'as pas le droit d'abandonner la ville... de nous abandonner... de m'abandonner. Tu n'as pas le droit de fuir et d'abandonner, Dick. Ce... ce n'est pas toi. Ce n'est pas qui tu es. Ce n'est pas ce que tu veux être."

Bruce poussa un long soupir, désespéré. De trop mauvais souvenirs remontaient : le drame de Barbara, l'assassinat de Jason, les meurtres de ses parents... tant d'horreurs qui avaient maculé sa vie et sa mission. Evidemment, le poids de la culpabilité était énorme, encore plus dans cet instant.
Sans s'en rendre compte, sa main se crispa avec violence sur l'épaule de Grayson. Tout, il aurait tout donné pour être à sa place, pour que Dick ne soit pas dans ce lit, plus mort que vivant. Tout, il aurait tout donné pour avoir pris ces balles à sa place... et à la place de ses parents.
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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyJeu 21 Juin - 20:10

Je suis coincé dans ces fichus embouteillages. C’est bien ma vaine, alors que je dois me rendre à l’autre bout de la ville pour cette entretien à la noix. J’ai eu la brillante idée de prendre la voie express pour éviter de passer par les rues bouchées toutes la matinée, et éviter les feux. Mais je n’ai pas pensé qu’à cette heure là, la voie express est aussi bloquée que le reste : viennent s’ajouter aux voitures les camions et les véhicules de marchandises, qui ralentissent encore plus le trafic. Depuis que je vis à Metropolis, c’est toujours la même routine. Chaque embranchement, chaque route, chaque autoroute de cette foutue ville est toujours pleine de de bagnoles.

N’y tenant plus, je klaxonne, comme si ça pouvait changer quelque chose. Je consulte ma montre : 9h10. Le rendez-vous est à 9h30. Je n’y serai jamais, pesté-je. Pourtant, ce n’est pas faute d’être parti à l’heure. A 8h30, j’étais déjà dehors, à fumer ma clope. Donna m’a filé cette mauvaise habitude. En tant que flic, elle fume comme un pompier, et impossible de la faire arrêter. Quand on s’est marié, elle m’avait promis d’arrêter. Elle a perdue sa mère comme ça, mais ne peut s’empêcher de continuer. La nicotine est plus forte que le reste. C’est indispensable pour pallier au stress qui la broie tous les jours. Toutes ces visions d’horreur qu’elle se tape chaque jour que Dieu fait… Je lui avais dis de choisir les stups quand elle est sortie de l’école de police, mais non, elle n’a rien voulu entendre, comme d’habitude. Elle n’avait qu’une idée en tête : faire partie de la police criminelle, arrêter les « vrais » méchants, les tueurs. Elle ne s’attendait pas, à l’époque, à ce que le boulot la consume autant. Je suis son rayon de soleil, son époux, oui, mais si elle doit choisir un jour entre moi et la police, je ne sais honnêtement pas ce qu’elle choisira.

Je vois un espace dans la file de gauche. Ni une ni deux, je me rabats, évitant une queue de poisson par miracle, et essuyant les klaxons furieux de l’automobiliste que je viens de flouer. Dans deux-cent mètres, il y a une sortie. Je vais traverser Metropolis, tant pis. Ça sera moins pire qu’ici, même si je dois faire un détour. Au moins n’arriverai-je qu’avec tout au plus cinq minutes de retard. J’allume la radio en appuyant doucement sur l’accélérateur.

« bzzz… bonjour Metropolis ! Aujourd’hui, ciel bleu pour tout le monde ! La perturbation d’hier ne sera qu’un mauvais souvenir, le soleil régnera en maître toute la journée ! Les températures de ce matin sont, elles-aussi, au beau fixe : 23° en fin de matinée, et cet après-midi, nous risquons de frôler les 28°. Une pensée pour tout ceux qui seront au boulot sans pouvoir profiter de cette chaude journée du mois de juin. »

Bingo. J’ai autre chose à faire, hélas, que de profiter du beau temps. Dimanche, si le temps est toujours au beau fixe, peut être qu’on sortira, Donna et moi, au parc ou je ne sais pas où. Il y a une exposition au Planétarium. Ce sera une bonne occasion pour nous, de penser à autre chose. Et puis on pourra aller au cinéma, voir le dernier Terry Gilliam. Donna en est fan. Elle est en congé à partir de vendredi, de toute façon, et ce pour une semaine. Enfin on va pouvoir profiter l’un de l’autre, sans le poids du boulot, peut être même faire un tour chez mes parents. J’adore retourner au cirque, de temps en temps. Ça n’a jamais été la tasse de thé de Donna, ça, je le sais. Quand j’étais acrobate, gamin, je ne rêvais que d’une chose : succéder à mes parents, les célèbres Grayson volants, et devenir à mon tour le plus grand acrobate que le cirque ait jamais connu. C’était avant de rencontrer Donna, bien sûr. A cette époque, mes plans de carrière avaient été bouleversés par…

« … rafic est fortement perturbé sur la voie express. Elle semble bloquée jusqu’à Riverplate. Ensuite, le trafic redevient fluide. Si vous êtes dans les bouchons, nous vous invitons à prendre la première sortie. »

La fameuse sortie que je compte prendre se profile à ma gauche. Je tourne, et sors de cet enfer automobile. Les bouchons, ça me rend dingue. Moi qui aime la liberté plus que tout, rester bloquer dans des caisses en métal pendant des heures, je trouve ça con. Aberrant, même. Comme je l’ai prévu, les rues sont moins remplies que la voie express, et je peux enfin respirer. J’arriverai finalement à l’heure. Ou avec cinq minutes de retard. Mais je ne pense pas que Jason soit à l’heure. Ce crétin se fiche de sa carrière comme d’une guigne. Quelle connerie d’avoir accepté de devenir son agent. Quand je l’ai vu, la première fois, s’entraîner aux arceaux, je l’ai trouvé incroyable. Je voyais en lui ses folles capacités de gymnaste, je pensais qu’il serait aussi bon que moi, à force de travail. Il avait le potentiel pour. Si seulement il en avait quelque chose à faire, s’il n’était pas aussi… suffisant.

Alors que je m’arrête à un feu, je jette un coup d’œil à la fenêtre. Les passants sont peu vêtus, profitant du temps magnifique. Je suis des yeux une jolie rouquine, qui ne porte qu’un t-shirt moulant et un short qui laisse découvert ses longues et fine jambes. Je ne peux m’empêcher de penser à Barbara, et souris bêtement. Barbara et moi, c’était quelque chose. Mon sourire s’efface aussitôt, pour se muer en grimace. Elle m’a quitté pour son milliardaire à la con et est partie vivre à Gotham. Même si au lit, c’était divin, on a jamais été sur la même longueur d’onde, elle et moi. On était jeunes à l’époque. Donna était déjà dans ma vie, je savais qu’avec Barbara, ça ne durerait pas. Mais qu’elle me jette comme une vieille chaussette, ça, je ne m’y attendais pas. Qu’elle aille se faire voire, à Gotham ou ailleurs. Jamais je ne foutrai les pieds dans cette ville.

Alors que je suis plongé dans mes souvenirs, des coups de klaxons me ramènent à la réalité. Le feu est passé au vert. J’embraye, et traverse le carrefour. Je furète vaguement à gauche et à droite, puis continue tout droit. Sur le trottoir, un groupe d’écoliers mangent des glaces. Il est un peu tôt pour ça. Je poursuis ma route sur quelques mètres, quand, soudain, une pensée me percute violemment. Je freine comme un sourd, manquant de créer un carambolage. Ces gamins… merde ! Je me gare en vitesse, avant que le conducteur qui me suit ne sorte de son véhicule pour m’agresser. Une fois stationné, je lâche le volant. Mes mais tremblent… Ai-je rêvé ou… ? Non. Ça n’est pas possible. Ces gamins sont… je veux dire… ceux que j’ai rêvé, ils sont… morts. Ce pourrait-il, que… ?

J’ouvre la portière, et me dirige d’un pas chancelant vers le groupe d’écoliers à l’autre bout de la rue. Qu’est-ce que je suis en train de faire, là ? Bon sang, Grayson, ressaisis-toi ! Qu’est-ce que tu vas dire à ces enfants ? Que tu les as vus morts en rêve ? Allons… C’est pas…

« Hé ! »

Je m’arrête, et me retourne. Un quadragénaire rondouillard me fait face, tout sourire.

« Vous êtes Richard Grayson ? Le champion du monde ? »

Je soupire. Je n’avais pas besoin d’un fan sur ma route aujourd’hui. J’acquiesce machinalement.

« Ça alors ! C’est dingue. Ma femme vous adore ! Dommage qu’il y ait eu cette blessure… Juste avant les Jeux. »

Les Jeux. Si il n’y avait pas eu cette putain de blessure au genoux, j’aurais pu y participer et remporté la médaille d’or. Mais le destin en avait décidé autrement. Je m’étais bousillé les ligaments à l’entraînement, et, après quelques radios, on m’avait diagnostiqué une fragilité persistante au genoux, qui m’empêcherait de poursuivre la gymnastique au niveau professionnel. J’avais tout remporté, jusqu’alors, j’étais le meilleur, j’étais imbattable. Mais cette blessure avait tout fichu en l’air. Je déteste quand on me rappelle cet échec.

J’en ai oublié les gamins que je comptais poursuivre. J’ai un rendez-vous on ne peut plus important. Je remonte dans la voiture après avoir signé un autographe, et file jusqu’au centre-ville. Je me gare devant un building une fois là-bas. Je consulte ma montre. 9h32. Merde. Je fonce dans le hall, et me présente à l’accueil. Mais on m’interpelle avant ça. C’est Jason. Le gamin, dix-neuf ans, brun, athlétique, me regarde d’un air exaspéré, assis sur un canapé, à deux pas de la réception. Je le rejoins.

« Bravo, boss. Les embouteillages, je suppose ? Luthor va pas nous attendre. Faudrait être un peu moins à l’ouest, à l’avenir. J’aimerai pas me séparer de tes… services. »

Je me force à ne pas lui mettre ma main sur la figure, respire doucement pour me calmer.

« Tu as raison, Jason. Ne le faisons pas attendre. »

Nous prenons l’ascenseur. Je regarde Jason, qui mâche mollement son chewing-gum. Tant de potentiel… et tant de suffisance. J’ai quitté le cirque à seize ans. J’ai commencé ma carrière de gymnaste à dix-sept. J’ai gagné le championnat du monde à dix-neuf. Son âge. Si Jason se donnait la peine, il serait capable d’égaler mon palmarès. Mais il préférait signer des contrats publicitaires avec des grandes entreprises, et s’en mettre plein les fouilles. Depuis qu’il a gagné le championnat national, il ne se sent plus. Quand LuthorCorp l’a contacté pour qu’il représente la marque, Jason a sauté sur l’occasion.

Luthor nous accueille dans son bureau, tout sourire. Pendant une heure, il nous sert le laïus habituel. Jason ne sort de sa torpeur que quand les mots dollars lui arrivent à l’oreille. Le contrat juteux est signé. Je toucherai une importante commission. Ainsi va la vie. Je pourrai me payer les vacances au ski… dans les Alpes, et pas dans les rocheuses, ça nous changera, Donna et moi. Question argent, je suis un peu son super-héros.

Alors que nous quittons le bureau de Luthor, la baie vitrée se met à trembler légèrement. Nous nous arrêtons. Jason se tourne vers moi, inquiet. Un tremblement de terre ? Luthor essaye de se rassurer en esquissant un sourire.

« Tout va bien, mes amis. Nous ne sommes pas en Californie mais les tremblements de terre, ça arr… »

« Dick », entendis-je derrière-moi. "Dick !"

Je me retourne. Jason semble terrifié. J’ai un vague sentiment de déjà-vu. C'est comme si... comme si la voix de Jason ne lui appartenait plus vraiment, comme si quelqu'un d'autre parlait à travers sa bouche. Une voix rauque. Grave. Familière. Et paniquée.

« Regardez ! »

Jason a les yeux écarquillés. Il s’est approché de la baie vitrée, qui offre un panorama incroyable du ciel de Metropolis. LuthorCorp a la plus haute tour de la ville.

« Regardez, bon sang ! »

Nous nous approchons. Il désigne un point dans le ciel. Une forme. La forme se rapproche de nous, se rapproche, et se rapproche… Plus elle se rapproche, plus nous pouvons la détailler. Luthor a un hoquet de stupeur, je deviens pâle comme un linge. Un homme, vêtu d’une combinaison bleu et rouge, et d’une cape rouge, se dirige vers nous… en volant ! Un homme qui vole ! Alors qu’il arrive à notre hauteur et nous salue, mes yeux se bloquent sur sa poitrine : un énorme « S » y est tatoué.

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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptySam 23 Juin - 17:42

« Je t’assure que c’est vrai ! Ce mec volait et il portait une combinaison rouge et bleu… sa cape était rouge, et… tiens… il avait un « S » géant et rouge sur la poitrine. Comme un symbole, tu vois. »

Donna me gratifie d’un regard à la fois amusé et las. Elle avale une bouchée de lasagne en soupirant. Elle s’exaspère de mon humour pathétique. Si seulement elle comprenait que ce n’est pas là de l’humour, mais la stricte vérité. Elle a eu une dure journée, je le sais. Et elle ne supportera pas longtemps ce qu’elle croit être une facétie. Si seulement elle pouvait comprendre que je ne lui mens pas. Ce type qui volait, je l’ai vu comme je la vois, il était là, en face de moi, flottant dans les airs, à six-cent mètres du sol. À travers la baie vitrée, Luthor, Jason et moi pouvions contempler ce miracle, interdits, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Nous avons été les témoins privilégiés d’une apparition divine. Hallucination collective ? Une drogue dans le café que nous avions bu dans le bureau de Luthor ? Peu probable. Le retour de Jésus sur Terre ? Le surhomme avait plutôt l’air sorti d’un comic que de la Bible. Il portait une sorte de costume, avec une cape, exactement comme un super-héros, en fait. Oui, c’est bien ça : il ressemblait à un super-héros de comic. Je ne me suis jamais intéressé aux super-héros dans ma jeunesse, le genre héroïque étant tombé en décrépitude depuis les années 60.

« C’était un super-héros ».

Après avoir avalé mon morceau de lasagne, je lâche cette phrase, avec tant d’émotion dans ma voix que Donna éclate de rire.

« Mais oui, bébé. Un super-héros. Et Jason, et Lex Luthor, soit dit en passant le type le plus puissant de Metropolis, ont eux aussi assisté à la naissance de ton Superman ? »

« Oui. C’est exact. Ils n’en revenaient pas. Comme moi. On a d’abord cru qu’on avait versé quelque chose dans notre café, mais non, ça ne peut pas être ça. Qui aurait intérêt à empoisonner le café de Lex Luthor ? Enfin, je veux dire, oui… bon… beaucoup de gens doivent lui en vouloir, mais… si le poison nous fait voir des super-héros, à quoi ça sert, hein ? C’est pas comme ça qu’on peut éliminer quelqu’un, si ? »

« Une erreur de dosage, sûrement. »

Elle ne comprend pas. Elle ne me croira que si elle voit le Superman en action. Si elle le voit de ses propres yeux. J’espère vraiment qu’il va se manifester bientôt, et que tous les médias en parleront. Comme ça, elle sera bien obligé d’admettre que je lui ai dis la vérité, que j’ai raison. Ça lui clouera le bec une bonne fois pour toute, et son scepticisme à la con n’aura qu’à aller voir ailleurs si j’y suis. Mais pour l’instant, rien n’accrédite ma thèse du super-héros, je n’ai aucune preuve de ce que j’avance. Jason ne répond pas au téléphone. Il semble vraiment traumatisé par ce qu’il a vu. Lui qui ne croit en rien, se croit supérieur à tout le monde, ça a du lui faire un petit quelque chose de se retrouver nez-à-nez avec un demi-dieu. Quant à Luthor, impossible d’obtenir un rendez-vous ou ne serait-ce qu’un entretien téléphonique : l’homme d’affaire est parti en vacances. Départ précipité.

Je lève les mains en l’air, résigné. Donna n’entendra pas raison pour le moment, tant pis. Elle se lève de table et ramasse les assiettes.

« Ton tour de faire la vaisselle. Si tu m’as raconté toute cette histoire pour y échapper, tu te trompes, Dicky. »

Elle me tire la langue, avant d’entreposer la vaisselle dans l’évier. Puis elle retourne dans le salon, et me gratifie d’un baiser lorsqu’elle passe derrière moi. Je sais déjà à quoi elle va occuper toute sa soirée. Donna a la fâcheuse habitude de ramener son travail à la maison. Lorsqu’elle enquête sur un dossier qui lui tient particulièrement à cœur, elle y pense sans cesse, et son cerveau analyse les faits en permanence. Parfois, quand je lui parle, j’ai l’impression qu’elle est ailleurs, et j’ai une petite idée d’où elle se trouve. Bien sûr, la forcer à se reposer à penser à autre chose serait peine perdue. Ça fait sept ans que c’est comme ça, je ne vois pas pourquoi ça changerait. Parfois, j’ai l’impression que c’est ce qui tuera notre couple. On a beau s’aimer l’un l’autre, on est jamais à l’abri de ce genre de problèmes. Avant, c’était ma carrière qui étouffait notre vie de couple. Maintenant, c’est son job. Chacun son tour. Je ne peux pas la blâmer, puisque j’ai fais la même chose qu’elle.

Je nettoie les assiettes au jet. Il serait temps d’acheter un lave-vaisselle, comme tout le monde. Une fois l’opération terminée, je rejoins Donna dans le salon. Hors de question de perturber son travail, évidemment, un peu de tendresse ne lui fera pas de mal. Je sais qu’elle est à cran ces derniers temps. Une histoire de tueur en série, je crois. En tant qu’inspecteur, elle est chargée de mener l’enquête avec son partenaire, le sergent Harper. Je passe délicatement mon bras autour de son cou.

« Tu me préviendras quand t’en auras marre de la galerie des horreurs, chérie. »

Elle tourne sa tête vers moi, et je me penche pour l’embrasser. Soudain, j’aperçois une photo dans le dossier qu’elle a ouvert. Je fais un bond.

« Hé ! Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Je… Bon sang, donne-moi cette photo, Donna. »

« Tu es sûr, Dick ? C’est… c’est une scène du crime, tu sais. Je ne devrais même pas… »

« Donne-la moi ! »

Donna semble désemparée. Elle obtempère, visiblement inquiète de me voir dans cet état. Je regarde attentivement l’image sordide que j’ai sous les yeux. Des petits corps sont alignés le long d’un mur. Leurs visages, barbouillés de sang, sont pourtant très reconnaissables. Oh, mon Dieu…

« Ces gamins… je… les ai vu hier. Hier matin, en allant à mon rendez-vous chez Luthor… »

« Dick, si c’est encore une plai… »

« Merde, Donna ! J’ai l’air de plaisanter ? Je t’ai dis que j’ai vu ces gosses hier. Ils bouffaient des glaces, bordel. Et, je les ai vu aussi en rêve. Ce cauchemar que je fais toutes les nuits, ce sont ces gamins, bon sang ! Ces gamins là ! »

« Mais c’est impossible. Ces enfants sont morts il y a une semaine. Tu… tu es sûr que ça va, Dicky ? Tu as l’air… »

Fou ? Je commence à le devenir, ça c’est sûr. D’abord ce mec en cape qui crapahute dans le ciel de Metropolis, puis maintenant ça… Je… je ne vais vraiment pas bien, ça c’est une certitude. Et pourtant, tout semble vrai. Et puis ce cauchemar que je n’arrête pas de faire, ça a commencé bien avant il y a une semaine. Je secoue la tête, tentant de me ressaisir. Je dois rester lucide, ne pas… sombrer. Il se passe quelque chose, cette histoire n’a aucun sens. Je dois lui en donner, essayer de… comprendre.

« Raconte-moi, Donna. »

« Je n’ai pas le droit, Dick. Mais… Bon. Si ça peut t’aider. Ces cinq enfants ont été… violés. Puis assassinés. Une patrouille les a retrouvé dans un squat samedi dernier, vers 8h du matin. On a rappliqué à 9h, et fait boucler la zone. Les meurtres, d’après le légiste, a été commis sur place, dans la nuit du vendredi. Le… monstre qui a fait ça les avais enfermé dans le sous-sol. C’était sa tanière, en quelque sorte. Il capturait les enfants et les ramenait là-bas pour… commettre ses sévices. Notre enquête nous a mené sur la piste d’un Gothamite de passage à Metropolis. Et… tu ne vas pas aimer ce que tu vas entendre, Dick. Notre suspect serait le milliardaire Bruce Wayne. »
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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyDim 24 Juin - 17:34

Moi qui avais juré de ne jamais mettre les pieds à Gotham city, me voici arpentant ses ruelles glauques, subissant son temps maussade et sa brume tenace, et priant pour ne pas faire de mauvaises rencontres. Dans ma main, un revolver chargé, dont je tiens la crosse d’une main fébrile. Il s’agit de l’arme personnelle de Donna. Quand je lui ai annoncé ma décision de me rendre à Gotham pour revoir Barbara et la mettre en garde contre son époux, Wayne, elle m’a confiée son flingue, m’adjoignant d’être très prudent. Je n’en reviens pas qu’elle me laisse me jeter dans cette aventure sans au moins essayer de me convaincre de renoncer. Elle a lu dans mes yeux que, hélas, je ne peux pas, que c’est trop tard, que je dois résoudre cette affaire qui me tourmente pour obtenir les réponses que je cherche. Si Wayne est le tueur, je dois comprendre pourquoi j’ai rêvé de ses crimes, avant même qu’ils n’aient lieux. C’est du délire, oui, je sais, mais je dois le confronter pour obtenir ce que je veux. Et puis il y a Barbara. Cette idiote risque sa vie en restant avec le milliardaire, et elle ne le sait même pas. Je dois la mettre en garde, je dois la… sauver.

Avant cette série de cauchemars qui ont bouleversé ma vie, jamais je n’avais songé à Barbara autrement qu’en une emmerdeuse, indécise dans ses choix, égoïste et lâche. Bien sûr, il y a a toujours ce désir latent qui m’anime quand je vois une jolie rousse, ce qui ravive en moi de très bons souvenirs. Mais à côté de ces bons souvenirs, il y a le reste, et Dieu sait que ce reste là, il vaudrait mieux l’oublier. Nos disputes ont été mémorables. Les vases lancés à la tête de l’autre, les insultes qui pleuvaient, et les menaces, aussi. Quand elle a compris que je fréquentais une autre femme, Donna, alors qu’elle m’avait déjà largué, elle m’a invectivée pendant une séance d’entraînement, et est ensuite allé voir Donna pour s’expliquer avec elle. Donna lui a filé une trempe, je crois. Car Barbara n’est ensuite plus jamais réapparue dans ma vie. Mais voilà qu’elle fait son retour, elle, dont le mari semble être un psychopathe pédophile. Et un sentiment nouveau m’habite à son égard : je dois la sauver.

Barbara. Où es-tu ? Je suis allé chez Wayne, mais il n’y avait personne. Inquiet pour ta sécurité, j’ai suivi ton cher et tendre, le mystérieux Bruce Wayne. Il ne me semble pas l’avoir rencontré, ni même déjà croisé, mais j’ai l’impression de le connaître, de comprendre comment il fonctionne et où il compte aller ce soir. Car Wayne a décidé de sortir ce soir. Est-il à la recherche d’une nouvelle victime, ou bien compte-t-il se débarrasser de toi ? As-tu découvert son secret, Babs ? J’ai peur pour toi. Il a pris sa voiture, et a plongé dans les tréfonds de Gotham. Ça fait une trotte depuis le manoir dans lequel vous vivez, vous, les deux tourtereaux. Je l’ai suivi avec la bagnole, en espérant qu’il ne remarquerait pas ma présence à ses fesses. Il ne semble pas avoir découvert qu’il était filé. Il s’est garé non loin du Robinson Park, et a escaladé la grille qui en interdit l’accès. Tous mes soupçons commencent à se vérifier. Wayne est louche, mouillé dans une sinistre affaire, et jusqu’au cou.

Moi, tapis dans l’ombre, j’hésite à le suivre. Je sais que je risque ma vie à traquer un tueur sanguinaire. J’aurais au moins dû demander à Donna de couvrir mes arrières, d’appeler ses amis du GCPD. Mais non, je me suis entêté. Et me voici seul, face à la plus terrifiante expérience de ma petite vie d’honnête citoyen. Bizarrement, je ne ressens aucune peur. L’adrénaline coule dans mes veines, elle me dope à cent pour cent. C’est comme si… comme si tout d’un coup, en suivant les traces de Wayne, j’avais retrouvé une partie de moi, comme si une nouvelle vie, cachée et sombre, se révélait à moi. C’est excitant.

Je saute par-dessus la grille avec une agilité qui me surprend. Mes capacités d’acrobate, qui m’ont fait défauts depuis ma blessure, semblent revenus, voir décuplés. Une fois de l’autre côté, je me dissimule derrière une rangée de chênes aux troncs tortueux. Wayne n’est pas loin devant moi. Il emprunte une grande allée, qui traverse le parc de part en part. Que vient-il faire ici ? Et pourquoi ai-je le sentiment de connaître cet homme, pourquoi cette silhouette qui se découpe dans la lumière de la lune m’ait-elle si familière ? Des cris d’animaux alertent mon attention. Je me retourne brusquement, et crois discerner dans la pénombre des petits yeux jaunes m’observer. Wayne s’est, lui aussi, retourné. Quelle n’est pas ma surprise de découvrir que le milliardaire m’observe, lui aussi, qu’il m’a découvert et semble me transpercer de son regard. Encore une nouvelle surprise : ses yeux sont jaunes. Cette fois, on navigue dans le fantastique… ou dans l’horreur pure.

« Wayne ! Restez où vous êtes ! »

Dans un éclair, je sors de ma cachette et me précipite vers lui, arme à la main. Que peut-il faire face à un homme armé ? Mais mes mouvements ralentissent soudain, alors que j’arrive à sa hauteur, et je me rends compte que je patine dans le vide, que la terre que je foulais devient presque impalpable. Je ne la sens plus sous mes pieds ! La lune disparait derrière un gros nuage, et le parc est tout à coup plongé dans une obscurité terrifiante. Seuls restent les yeux jaunes de Wayne, qui me scrutent et me détaillent. Par reflexe, je lui tire dessus, et ce, en hurlant, mais les balles semblent le traverser pour se perdre dans la nuit. Les yeux restent. Et un rire, horrible et machiavélique, se fait entendre. Il ne semble pas émaner de Wayne. La lune réapparait et met en valeur, tel un tableau stylisé, une drôle de scène qui a lieu à quelques mètres de moi.

Un homme se tient dos à moi. Il est grand, longiligne, et je comprends, au vu des spasmes qui le secouent, que c’est lui qui est en train de rire. Wayne, lui, a disparut. Je tente de m’approcher, de forcer ce type à se retourner et à me faire face, mais un écran invisible m’en empêche. C’est alors que je remarque une forme qui git à ses pieds. Des cheveux roux, éparses, encadrent un visage que je connais bien. Barbara ! L’homme sors de sa veste grise un énorme magnum, et je comprends, avec horreur qu’il compte s’en servir contre elle. Je hurle désespérément, mais ma paralysie semble aussi affecter mes cordes vocales ; aucun son ne sort de ma bouche. Sous mes yeux, le bourreau crible mon ancienne amante de balles, et part ensuite dans un grand éclat de rire, me laissant seul, éperdu de douleur, face au cadavre de Barbara. Sans m’en rendre compte, je tombe à genoux.


*
Dans son lit, Richard Grayson eut un léger spasme qui lui fit fléchir les genoux. C’était presque imperceptible, mais Bruce Wayne, son père adoptif, veillait. Il ne pouvait pas ne pas l’avoir remarqué.


*
« Dick… »

Une voix d’outre-tombe me fait sursauter. Une forme apparait à ma hauteur. Il s’agit de Wayne. Mais… quelque chose à changé chez lui. Je n’arrive pas à distinguer son visage, et c’est comme si son corps était recouvert d’une étrange cape noire. Le cri strident d’une chauve-souris s’élève au loin, comme une complainte sinistre.

« Tu ne l’as pas sauvé, Dick ! » murmure Wayne.

« C’est toi ! C’est à cause de toi qu’elle est… Tu es un psychopathe, tu… c’est toi qui l’as fait tué, j’en suis sûr ! »

Ça ne peut être que lui ! Qui d’autre ! Il a voulu protéger ses arrières, se débarrasser d’un témoin gênant de ses activités, et sans doute va-t-il procéder de même avec moi.

« Dick… Tu ne l’as pas sauvé. Tu n’as pas sauvé tes parents non plus… »

Mes parents ? Mais qu’est-ce que mes parents viennent faire dans tout ça ? Est-ce qu’il compte se débarrassez d’eux après m’avoir tué ? Maman et papa sont en sécurité, ça j’en suis sûr. Ils sont… ils sont au cirque. Ils sont à la retraite maintenant. Ils ne peuvent pas mourir…

« Ils sont déjà morts, Dick ».

Wayne, ou cet ersatz de Wayne, semble lire dans mes pensées. Je nage en plein délire. Donna a raison : je suis devenu fou. Alors pourquoi ces visions qui m’assaillent, celles d’un enfant en pleurs sur la piste de cirque, à genoux devant les corps de deux acrobates, un homme et une femme, qui ressemblent traits pour traits à ses parents ? Pourquoi Donna m’apparait, elle aussi, couverte de sang, dans une étrange combinaison noire et étoilée ? Qui sont ces jeunes gens, en costumes de super-héros, autour de moi ? Ce garçon, en costume jaune et rouge, qui me tient l’épaule de manière fraternelle ?

« Eux ne sont pas encore morts, Dick. Pas encore… Mais quand ça arrivera, pourras-tu les sauver ? »

« Ferme-la ! » hurlé-je à la face de Bruce. « Arrête Bruce ! Arrête ! Je… je peux encore… »

*

Un nouveau spasme, plus violent, secoua le corps de Dick tout entier. Le cardiographe s’agitait, les pulsations cardiaques du jeune homme augmentaient dangereusement. Bruce Wayne semblait désemparé. Des infirmières firent irruptions dans la chambre, suivies d’un médecin, le docteur Phillipps. Celui-ci dit à l’adresse du milliardaire :

« Monsieur Wayne, vous ne pouvez pas rester là ! »


*
« … Les sauver ? Tu parles des enfants, c’est ça ? Il est trop tard, Dick. Tu as échoué. C’est fini. Tu n’es pas digne de moi… »

Non, Bruce. Tu as tort. Et je vais te le prouver. Les enfants sont dans cette vieille maison brinquebalante, qui vient d’apparaître au milieu du parc comme par magie. Je sais qu’ils sont là, je le sens ! Je me précipite à l’intérieur. Je sais que j’ai peu de temps, et une fatigue terrible est en train de me submerger, doublée d’une appréhension funeste. Mais je ne peux pas échouer. Je ne peux pas me le permettre. Je ne peux simplement pas vivre si ces enfants ne survivent pas. Armé de mon seul courage, de ma seule détermination, je défonce une porte et pénètre dans une pièce obscure. Les enfants sont là ! Ils sont vivants ! Ils sont alignés contre le mur, comme sur la photo que m’a donné Donna. Mais ils sont encore en vie ! Je me dirige vers eux, mais j’ai l’impression qu’il se passe quelque chose. Dans mon dos. J’essaye de me retourner, de faire face à ce qui se trouve derrière moi, mais mes pas, inflexibles, continuent d’avancer vers les gamins.

Soudain une détonation retentit, suivie d’une autre, terrible et assourdissante. Je m’écroule comme une poupée de chiffon.

« Dick ! » entends-je au loin, comme un cris étouffé.

C’est alors que je percute le sol, et que je remarque, horrifié, que du sang coule des gorges des enfants alignés sur le mur. Non ! Non, pas ça ! Je peux… je dois les sauver !

« Non !!! »


*
« NON ! » veut hurler Dick Grayson, alors que ses yeux s’écarquillent. Mais il n’émet qu’un gargouillement inintelligible, faute au tube que les médecins lui ont passé dans la gorge pour lui permettre de respirer.

Alors qu’il reprenait ses esprits, il se rendit compte qu’il se trouvait en position allongée, et qu’au dessus de lui s’affairaient des gens en blouses blanches. Les contours de leurs corps étaient flous et ils ressemblaient à des silhouettes fantomatiques. Dick ne comprenait pas bien ce qui se passait, ni où il était.

« Monsieur Grayson » entendit-il. « Vous m’entendez ? Vous allez expirer de toute vos forces quand je vous en donnerais le signal. Vous êtes prêt ? Expirez ! »

Dick obéit sans trop réfléchir, et il sentit une violente douleur lui enflammer la gorge. Il toussa pendant de longues minutes, puis essaya d’avaler sa salive, mais sans succès. Bon sang ce qu’il avait la bouche pâteuse !

« S… soif… » souffla-t-il, dans un murmure.

Mais personne ne semblait l’entendre.

« Dick ! Dick ! Tu vas bien ? »

Une nouvelle silhouette s’agitait au dessus de lui. Un visage inquiet, aux traits durs et francs, commençait à émerger du brouillard dans lequel le patient semblait plongé. Et ce visage, il ne pouvait que le reconnaître.

« Bruce… » dit-il en esquissant un sourire qui lui brûla ses lèvres gercées.
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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyVen 29 Juin - 20:58

"Dick ! Dick ! Tu vas bien ?"

Bruce avait perdu toute convenance.
Devant le corps inanimé de son fils, devant la souffrance et le coma de son héritier, il avait laissé ses émotions prendre le dessus. Alors, quand l'état de Richard semblait s'améliorer, quand les différents médecins et infirmiers étaient arrivés en trombe dans la pièce après avoir été avertis de l'évolution de la situation, il avait à nouveau abandonné ses limites et ses barrières pour permettre à ses sentiments d'exploser.

Il n'était évidemment pas habitué, et n'appréciait guère de tels épanchements. En fixant les professionnels agir pour ramener lentement Grayson au monde des vivants, il sentit son coeur prêt à exploser. Une énorme boule dans la gorge, les mains tremblantes, il poussa un long, très long soupir en comprenant ce qu'il se passait.
Son fils revenait - son fils était vivant. Dick survivrait. Dick serait encore là demain.

Un léger sourire passa sur son visage, jusqu'à ce que Nightwing murmure son nom. Avec autorité et assurance, Wayne s'avança pour parler, pour partager un contact tactile, mais le docteur Philipps se plaça à nouveau entre eux deux.

"Monsieur Wayne... ce n'est pas le moment. Nous devons..."

"Docteur Philipps. C'est mon fils. Nul en ce monde n'a le pouvoir de m'empêcher d'être à ses côtés lors de son réveil."

Le regard d'autorité extrême fut longuement partagé par le médecin. Pendant des secondes pleines de tension, les deux hommes se fixèrent, l'un jouant sa crédibilité devant ses subalternes, l'autre ayant déjà vaincu des dieux et des démons à un tel jeu ; évidemment, le docteur Philipps ne pouvait pas faire le poids.
Bruce passa à ses côtés dès que le médecin détourna le regard, et posa une main peu assurée mais chaleureuse sur l'épaule de Richard. Un maigre sourire perla sur son visage.

"Dick... calmes-toi. Reposes-toi. Tu es revenu d'une longue, très longue épreuve, et tu as besoin de forces. Mais tu es revenu, Dick. Tout va bien se passer."

Sa voix était calme, douce. Rarement il n'avait été autant concerné et agréable ; rarement il n'avait été autant inquiet pour quelqu'un.
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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyLun 2 Juil - 21:07

Le docteur Phillipps battit en retraite devant Bruce Wayne. Ce dernier, qui était jusque là crispé, ne sachant trop s’il devait se réjouir de l’intérêt soudain des médecins pour son fils adoptif, affichait une mine plus décontractée. Il avait eu tellement peur pour Dick, beaucoup plus qu’il ne l’avouerait jamais, et, en le voyant réveillé, s’était senti libéré d’un poids énorme. Le jeune homme qui venait de sortir d’un profond coma reprenait peu à peu ses esprits, tandis que les infirmières et les médecins lui laissaient un peu d’espace pour lui permettre de se remettre de ses émotions. On lui avait fait quelques examens rapides alors qu’il était encore dans le coltard, et on avait rien trouvait d’alarmant. On lui avait prit du sang pour l’analyser au labo, tandis que des infirmiers s’occupaient de changer ses intraveineuses, et de lui permettre de retrouver un peu plus vite le monde réel en lui administrant un médicament. On avait aussi changé ses pansements.

Maintenant qu’il y voyait clair, Dick se sentait apaisé. L’agitation autour de lui avait cessé, et le visage familier de Bruce se trouvait au dessus de lui. Son père adoptif, son mentor, l’homme à qui il avait toujours voulu ressemblé, se tenait au dessus de lui et souriait. Il semblait soulagé, et ça mit du baume au cœur à son ancien partenaire. Si Bruce souriait, c’est que tout allait bien.

"Dick... calmes-toi. Reposes-toi. Tu es revenu d'une longue, très longue épreuve, et tu as besoin de forces. Mais tu es revenu, Dick. Tout va bien se passer."

Dick essaya d’acquiescer aux dires de Bruce, mais une douleur le fit grimacer. Sa nuque était douloureuse et chaque mouvement qu’il essayait de faire provoquait de la souffrance. Qu’est-ce qui lui arrivait ? L’air confiant de Bruce ne lui suffisait plus. Il ne comprenait pas bien ce qui se passait et pourquoi il avait autant mal. Le pire, c’était son dos. C’était comme si la chair avait été meurtrie à cette endroit. Comme si il avait reçu un choc extrême. Mais pas moyen de se souvenir de ce qui avait bien pu arriver. Dick se racla la gorge.

« Que… Bruce… Qu’est-il arrivé ? »

Même parler lui faisait mal. Il respira longuement, et reprit.

« Je… souviens pas… étais à Blüdhaven et… traquais un monstre… Les enfants… »

Un souvenir jaillit dans sa tête. Les enfants, pensa-t-il, horrifié. Il se souvenait d’enfants que quelqu’un avait tué. Il les avait découvert dans un squat, une maison en ruine qui était le repaire d’un détraqué sexuel. C’était ce type là, oui, qui avait tué les enfants. Dick en était certain, maintenant. Un malade qui avait kidnappé des gamins des rues, des gosses dont personne ne souciait, excepté lui. Sous le masque de Nightwing, il l’avait traqué, essayant de trouver les enfants en priant pour qu’il ne leur soit rien arrivé. Mais il était arrivé trop tard…

« Les enfants sont… morts. Bruce… je dois… »

Une douleur atroce foudroya le jeune homme, dont le visage se crispa. Le docteur Phillipps, qui était resté à l’écart, s’approcha. C’était un costaud, qui tenait plus du footballeur que du médecin, mais il semblait savoir ce qu’il faisait. Il invita Bruce à sortir, pour le bien de son patient, et le milliardaire fut cette fois bien obligé d’obtempérer. À l’aide des infirmiers, Phillipps inspecta le corps de Dick, le fit le retourner sur le ventre pour voir l’état de ses blessures. Une fois qu’il eut constaté que tout était en ordre, il lui donna un sédatif. Dick avait besoin de repos. Si Bruce Wayne désirait s’entretenir avec son fils, il devrait attendre. L’état de santé du patient primé sur les désirs du PDG de Wayne Industries, aussi puissant soit-il.

De longues heures passèrent, éprouvantes pour Bruce, qui attendait dans le couloir. On l’avait abandonné à son sort. Finalement, le docteur Phillipps vint à sa rencontre, après avoir une nouvelle fois visité son patient. Il portait un gobelet rempli de café dans la main, qu’il tendit à Wayne.

« Votre fils va s’en sortir, monsieur Wayne. Ses blessures ont bien cicatrisés et le réveil s’est bien passé. Ce dont il a besoin, désormais, c’est de beaucoup de repos. Quand on l’a amené ici, beaucoup doutait qu’il s’en sortirait. Mais Richard est un battant. Il a envie de vivre. Je voulais vous l’annoncer moi-même. »

Phillipps sourit, espérant diminuer la tension qui régnait entre les deux hommes.

« Néanmoins, il va falloir que votre fils soit encore courageux. D’ici une semaine environ, il pourra quitter son lit d’hôpital, mais il devra faire de la rééducation. Une des deux balles qui l’ont touché a endommagé sa hanche, si bien qu’il lui faudra du temps pour récupérer et pouvoir marcher de nouveau normalement. Des mois, monsieur Wayne. Il devrait récupérer toutes ses facultés motrices. C’est une très bonne nouvelle, en tout cas, après ce qu’il a subit. A ce propos, des policiers de Blüdhaven vont passer pour l’interroger dans les jours prochains. »

Dick s’était heureusement débarrassé de son costume avant que les secours ne le découvre, si bien qu’on ignorait qu’il était Nightwing. Mais la police voudrait surement savoir ce qu’il faisait près d’un squat où l’on venait de découvrir les cadavres de cinq enfants et quels étaient ses liens avec le Saint Samaritain, le tueur.

« Vous pouvez aller le voir pour lui annoncer la nouvelle » dit Phillipps, avant de s’éloigner.

Dick était maintenant bien réveillé. Les douleurs dorsales s’étaient atténués grâces aux calmants que les médecins lui avaient administrés. Phillipps l’avait prévenu : la douleur demeurerait encore longtemps, jusqu’à ce que les blessures soient parfaitement cicatrisées.

Il accueillit l’arrivée de Bruce avec un sourire.

« Bruce. » murmura-t-il, la bouche pâteuse. « Je suis heureux de te voir. Tu m’as… manqué. Je… je ne me rappelle pas bien ce qui s’est passé. Le docteur m’a dit qu’on m’avait tiré dessus. Est-ce que… quelqu’un sait qui… qui je suis ? »

Dick avait peur qu’on ait découvert son secret. Il ne se rappelait pas s’être débarrassé de son costume.

« Je ne pensais pas revenir à Gotham… dans cet état. Désolé de t’avoir causé du soucis. Qu’est-ce qui s’est passé depuis que… je suis parti ? »
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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyJeu 5 Juil - 22:10

[justify]"Beaucoup de choses."

Les yeux de Bruce étaient fatigués mais heureux. Après plusieurs heures d'attente difficile, tendues et lourdes, il était rassuré de pouvoir enfin se rapprocher à nouveau de Dick. Même si le discours du docteur Philipps n'avait pas été aussi positif qu'il l'espérait, le simple fait de le savoir vivant et en train de guérir était une bonne nouvelle. Le reste viendrait après, même si son fils devançait déjà l'ordre des choses en voulant savoir ce qu'il s'était passé.

"Gotham City a vécu des temps troublés depuis ton départ et... et ton accident. La ville a souffert, comme ses habitants, comme... comme Batman."

Les infirmiers et médecins étaient sortis, et il était peu probable qu'ils viennent troubler leur moment d'émotion après le traitement infligé à leur supérieur par l'industriel ; cependant, Grayson voulait savoir, et il le connaissait suffisamment pour connaître sa persévérance. Dans son état, il était contre-indiqué de le choquer, de l'attrister et de le surprendre, mais il était encore plus dangereux de l'énerver et de le frustrer... et Wayne devait bien avouer que son fils adoptif lui avait manqué dans ces derniers mois très difficiles.
Parler, se libérer, raconter, était quelque chose de peu courant pour lui, d'extrêmement rare même. Malgré les supplications d'Alfred et de ses autres proches et alliés, il ne sacrifiait que difficilement à cet exercice - mais le moment était peut-être choisi pour un tel effort. Richard le méritait bien... il méritait bien la vérité.

"Waylon Jones a été élu maire après la révélation de l'imposture de Jervis Tetch. Malgré son passé, les Gothamites ont fait confiance à Killer Croc, qui a essayé de contenir ses ardeurs et ses penchants - en vain. Rapidement rongé par la colère et la rage, il s'est peu à peu abandonné à la violence et aux projets fous. Outre un combat public entre lui et Batman, il a lancé la mise en place d'Arkham City, une idée formée avec Quincy Sharp, son conseiller et directeur de l'asile.
Le principe était simple : sacrifier une partie de Gotham pour y stocker les criminels et patients de Blackgate et d'Arkham. Cette zone, baptisée Arkham City, est devenue une zone de non-droit et d'extrême brutalité, particulièrement après que Killer Croc ait abandonné la mairie et que Quincy Sharp ait été nommé maire par intérim. Viscéralement fou, se prenant pour la réincarnation d'Amadeus Arkham, le fondateur de l'asile, il n'a eu de cesse de chercher le pouvoir et la puissance personnels. Il a notamment essayé de s'en prendre à moi, en montant un complot atroce : en engageant un mercenaire, il a ordonné l'assassinat d'Alfred, qui est passé pour mort pendant plusieurs semaines ; il a monté de fausses preuves pour accuser Batman et moi de ce crime.
Pire encore : alors que ma réputation était entachée et que je pleurais Alfred, le Batman était agressé et... vaincu par Killer Croc. Exhibé comme un trophée à la télévision, ayant perdu apparemment un bras et un oeil, il n'était qu'un ersatz de ce qu'il avait été quand Croc l'amena à l'asile pour son triomphe. Le Batman s'est finalement échappé grâce à certains de ses alliés, mais a disparu plusieurs mois avant de revenir sous une forme... différente. Plus dur, plus froid, avec apparemment des éléments bioniques pour continuer sa lutte.
En parallèle, Quincy Sharp a perdu l'élection municipale et ne l'a pas supporté. Enlevant James Gordon, le vainqueur, il le fit blesser gravement avant de s'adjuger les pleins pouvoirs du fait des dangers locaux. Avec plusieurs alliés, et notamment une créature nommée NKVDemon, il créa un régime de terreur en ville, allant de plus en plus loin dans la violence et les attaques personnelles. Rachel... Rachel Dawes a notamment failli perdre la vie, mais... mais le Batman est intervenu.
Une secte, les Hécatés, a également fait des dégâts en ville : en s'en prenant à des enfants pour faire mal à ses adversaires comme Pandora, une étrange petite fille apparemment cannibale, et Azrael, qui est apparemment revenu d'entre les morts, ils ont détruit la cathédrale et fait des dizaines de victimes. Heureusement, son maître est apparemment décédé des suites du combat.
Heureusement, des éléments positifs ont commencé à apparaître : Alfred n'était finalement pas mort, il était dans le coma et protégé par Lucius, sans que je le sache ; Rachel et moi avons dépassé nos... divergences et sommes maintenant fiancés ; le Batman a, apparemment, retrouvé la totalité de ses moyens. Et... et Quincy Sharp est mort, après avoir failli transformer la ville en camp de concentration géant... c'est Max Shreck le maire désormais, et Arkham City est devenue New Gotham City, pour réinsérer ses détenus. Suite à une mutinerie et à plusieurs évasions, cette tentative de réinsertion est réduite à deux quartiers uniquement et la cité reprend peu à peu ses droits. Malgré tout ça."


Le résumé avait été difficile. Bruce avait buté sur plusieurs mots, plusieurs passages ; jouant la prudence, refusant de personnaliser son discours pour ne pas faire d'impair et se retrouver dans une situation difficile. Se remémorer ces moments brutaux et douloureux était une douleur, mais Grayson méritait la vérité et de tels efforts.
Cependant, il n'était pas encore capable de lui révéler la teneur de ses décisions sur Quincy Sharp et le Joker. Poussant un long soupir de fatigue et de lassitude, Wayne décida néanmoins de finir sur une note positive, autant par besoin personnel que pour occuper les futures réflexions de Nightwing.

"Ah... et Rachel est enceinte. De moi."

Un sourire de fierté apparut sur son visage - de fierté paternelle, bien sûr. C'était agréable.
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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyVen 6 Juil - 13:58

Dick fut surpris que Bruce s’exprime à la troisième personne en parlant de son alter ego, Batman. C’était comme s’il voulait se distancer d’une partie de sa vie, comme si le Batman n’avait pas sa place ici, en ce lieu. A vrai dire, il n’avait effectivement rien à faire dans un hôpital. Le jeune homme sentit sa voix trembler d’émotions lorsqu’il évoqua les instants difficiles que Gotham avait vécu, notamment les mandats désastreux de criminels comme Jervis Tetch, plus connu sous le nom de Chapelier fou, et bien sûr celui de Waylon Jones, alias Killer Croc. Ce dernier avait pousser Batman jusque dans ses derniers retranchements, Dick le savait. Le justicier avait dû combattre un maire devenu fou et ivre de pouvoir, et… il avait perdu. Que Bruce reconnaisse sa défaite devait lui faire du mal et Dick comprenait tout à fait ce qu’il ressentait. Même s’il n’arrivait pas vraiment à se souvenir de ce qui s’était passé, le jeune homme savait qu’il avait échoué à sauver les enfants qu’il recherchait, les victimes d’un monstre qui se faisait surnommer le Saint Samaritain.

Depuis sa défaite contre Killer Croc, Bruce avait changé. Il s’était montré plus violent, plus dur à l’encontre de ses adversaires. Il avait même fini par dépasser les bornes. Dick avait appris avec stupeur que Batman s’était rendu coupable de… meurtre. Dick revoyait encore les images de l’assassinat, qui avait été diffusées à la télévision ce soir là.


Un père et un fils [Nighwing] Scan0134
Lui qui n’avait jamais tué, si ce n’est par accident, avait basculé dans cette folie. Redouté par les criminels, Batman était devenu un tueur et personne ne savait comment un combat contre lui pouvait finir. Pourtant, le vigilante avait de bonnes raisons d’agir comme il l’avait fait. Le meurtre de Quincy Sharp, dictateur autoproclamé de Gotham, avait été… juste. Bruce n’avait pas eu le choix. Le nouveau maire menaçait de détruire tout ceux qu’il aimait. Il allait supprimer les personnes qui lui étaient les plus chères, et ce, sans un remord. A cette époque, Bruce pensait Alfred mort, qui plus est, de la faute de Sharp. Oui, Dick avait compris l’acte extrême de son mentor.

Car lui aussi avait vécu une situation similaire. A Blüdhaven, Dick, sous le costume de Nightwing, s’était opposé un super-vilain extrêmement dangereux et qui contrôlait la ville en sous main : Blockbuster. Comme Quincy Sharp, il s’était montré sans pitié à l’égard du justicier, qui avait lutté tant bien que mal pour le mettre hors d’état de nuire. Il avait infiltré la police corrompue de la ville pour y voir plus clair dans son jeu et le stopper au mieux. Il avait sacrifié tout son temps pour le combattre, pour limiter son emprise sur la cité. Il avait failli réussir. Mais Blockbuster avait découvert l’identité de son ennemi entre temps. Il avait, tout comme Sharp, menacé les proches du jeune homme. Il l’avait poussé à bout, lui expliquant bien que jamais il ne connaîtrait la paix tant que lui serait vivant. Et Dick avait craqué. Il avait laissé Tarantula, une justicière extrême, l’assassiner sans lever le petit doigt. Il en avait assez. Il ne pouvait plus continuer comme ça. Blockbuster mort, Dick s’était senti terriblement coupable. Il se haïssait encore aujourd’hui d’avoir commis cet acte abominable, d’autant qu’il se savait capable de recommencer. Mais jeter la pierre à Bruce ? Non, il en était incapable. Il n’était pas un boyscout comme Superman. Il n’était que Nightwing.

Aussi n’évoqua-t-il pas le sujet et laissa-t-il Bruce poursuivre ses explications. Le milliardaire évoqua les évènements positives qu’il avait vécu très récemment, sa relation qui semblait marcher avec Rachel Dawes, une procureur, et sa future paternité. Dick en resta coi. Bruce attendait un enfant ? C’était… surprenant. Quelque part, son mentor s’en trouvait humaniser, en témoignait la lueur de fierté qui brillait dans ses yeux quand il en parla. Dick sourit.

« Waouh, Bruce. Ça c’est une nouvelle. Mes félicitations. Je suis vraiment heureux pour toi. Tu connais le sexe de l’enfant ? La naissance est pour bientôt ? »

Ça faisait beaucoup de questions mais Dick était vraiment curieux d’en savoir plus. Est-ce que cela allait changer la vision du monde de Batman ? Sans doute. Alors qu’il réfléchissait là-dessus, Dick se rappela de ses trous de mémoire et en fut troublé. Le choc qu’il avait reçu en se faisant tiré dessus avait mis le fouillis dans ses pensées. Par-dessus tout, Dick avait peur qu’on est découvert son identité secrète. Il avait traqué le Saint Samaritain sous l’identité de Nightwing…

« Bruce. Phillipps m’a dit que des policiers voudraient me rencontrer dans quelques jours. Est-ce que… est-ce qu’on a découvert mon identité secrète ? Et le type que je traquais, le Saint Samaritain, l’a-t-on retrouvé ? »

Les réponses à ces questions détermineraient la suite des évènements…
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Bats
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Bats
MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyLun 9 Juil - 20:17

Un mince sourire apparut sur le visage de Bruce alors qu'il découvrait que son fils passait au-delà des multiples questions qu'il devait se poser sur ses actes, et préférait se concentrer sur les évènements heureux. Même s'ils devraient passer par des moments d'explication difficile, il était agréable de les repousser à plus tard.

"C'est... une fille."

Prononcer ces mots avait encore quelque chose d'irréel, comme s'il ne parvenait pas encore à y croire, à accepter leur véracité. Jusque-là, il n'avait que très peu personnalisé l'enfant, préférant gérer sa future sécurité et celle de sa mère. Là, face à son plus vieil élève et un de ses amis les plus proches, il était bien obligé de sauter le pas et d'admettre, pleinement, l'existence de la petite. Cela ne serait pas simple.

"Une quasi première, dans la famille. J'espère que vous lui ferez bon accueil."

Même s'il essayait d'être calme, serein et enthousiaste, Wayne ne pouvait s'empêcher de songer à tous les dangers qui la menaceraient. S'il avait déjà envisagé des éléments de protection, il savait qu'il s'engageait maintenant sur une voie ardue, pleine d'inquiétude et de paranoïa, encore plus fortes qu'auparavant. Et il ne savait pas s'il saurait se contenir et trouver la meilleure ligne, le meilleur équilibre entre ce qu'il fallait et ce que Rachel accepterait.
Il poussa un soupir discret en écartant ces pensées ; l'instant était mal choisi pour elles, il préférait se concentrer sur le retour à la vie de sa plus grande fierté - jusqu'à présent.

Cependant, ses sourcils se froncèrent légèrement quand Richard évoqua le Saint Samaritain et son identité. Il savait bien que son élève s'occuperait rapidement des évènements l'ayant conduit ici, mais il avait espéré gagner un peu de temps avant de devoir lui répondre.

"Ton secret est bien gardé, Richard. Tu n'as aucun souci à te faire. Quant à l'objet de tes pensées..."

Bruce posa une main réconfortante et sûre sur l'épaule de Grayson. Sa voix se fit plus autoritaire, plus confiante, comme s'il voulait imposer sa pensée à son ami.

"Tu n'as pas de souci à te faire. Sincèrement. Tes collègues policiers veulent juste prendre ta déposition, comme pour chaque personne se réveillant de coma dans de telles conditions. Tu n'as pas lieu de t'inquiéter - tout est sous contrôle."

C'était faux - ou en tout cas, pas encore vrai. Le Saint Samaritain avait disparu de Blüdhaven et était, paraît-il, à Gotham City. Le Batman avait comme projet de mener la poursuite contre celui qui s'en était pris à son fils, et il n'aurait aucune pitié pour lui... même s'il espérait pouvoir plus se contenir. Ses absences, les blancs dans son esprit et sa mémoire le hantaient, spécialement ceux à propos de la fameuse nuit où le Joker avait disparu.
Un voile de crainte passa dans ses yeux, qu'il chassa rapidement ; à nouveau, ce n'était ni le lieu, ni l'instant pour de telles pensées. Celles-ci auraient tout leur soûl de son âme la nuit tombée, quand les ombres et la fatigue l'emmèneraient inexorablement au royaume du deuil et des échecs - mais il n'y était pas encore, heureusement.
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MessageSujet: Re: Un père et un fils [Nighwing]   Un père et un fils [Nighwing] EmptyVen 13 Juil - 15:41

Bruce rassura son fils adoptif en lui expliquant que personne n’avait découvert son identité et qu’il n’y avait de ce côté-là aucun risque à avoir. Même si les circonstances avaient été flous de part les blessures qu’avait reçu le justicier, il avait réussit à se débarrasser de son costume et à le jeter dans un buisson du parc, avant l’arrivée de la police. Sans doute un SDF l’avait-il retrouvé. En tout cas, la police ne lui parlerait pas de ça. Elle se demanderait juste comment le drame était arrivé. Dick allait devoir mentir, prétendre, paraître, subir les accusations de ses anciens collègues de Blüdhaven. Il revit les visages des enfants qu’il avait découvert morts en fermant les yeux. C’était de sa faute s’ils étaient morts. Si seulement il était arrivé à temps. Si seulement il avait pu les sauver…

On avait pas réussi à mettre la main sur le Saint Samaritain. Apparemment, la police l’avait dans le viseur. Dick espérait de tout cœur qu’elle réussisse à l’attraper. Il devait se terrer quelque part dans Blüdhaven. Le jeune justicier avait surtout peur qu’il fasse de nouvelles victimes. A quoi pouvait-on s’attendre de la part d’un monstre comme lui? Ce qu’il avait fait subir à ces enfants. Jamais Dick ne s’était senti en colère contre quelqu’un. Pour la première fois de sa vie, il se demandait ce qu’il ferrait s’il l’avait de nouveau en face de lui. Il avait peur de… craquer. Comme Batman, en fait. Il craignait de se lâcher sur son ennemi, de le tabasser jusqu’à ce qu’il ne se relève plus, que le monde soit débarrassé de ce salopard une bonne fois pour toute. Il savait au fond de lui qu’il serait capable de commettre l’irréparable, et de ses propres mains, pour que justice soit faite. A vrai dire, Dick ne voulait pas que le Saint Samaritain aille en prison. La prison est trop bien pour lui. Non, ce qu’il voulait, et il s’en rendait compte peu à peu, c’était que son ennemi meurt, et de ses propres mains. Et ce désir qu’il avait l’horrifiait.

Il n’en fit bien sûr pas part à son mentor. Il acquiesça à ses paroles bienveillantes en se priant pour que le Saint Samaritain soit arrêté au plus vite et qu’il paye pour ses crimes, d’une manière ou d’une autre. Si la police l’arrêtait la première, alors Dick n’aurait pas à… faire ce qu’il craignait de faire, ce qu’il avait envie de faire, ce qu’il rêvait de faire. Oui, faites que la police lui épargne le sale boulot… Faites qu’elle retrouve le monstre.

« Merci, Bruce. Pour tout. J’espère que les flics arriveront à mettre la main sur… sur… ce meurtrier. »

Dick esquissa un sourire forcé. Il ne voulait pas inquiéter son ami.

« Je vais dormir maintenant. Je me suis jamais senti aussi crevé. On dirait vraiment pas que j’ai passé ces derniers jours à pioncer. »

C’était le signe que l’entretien entre les deux frères d’arme se terminait. Dick allait tenter de dormir. Il espérait y parvenir, éloigner ce sentiment de culpabilité qui le tenaillait, éloigner aussi le spectre de la vengeance, cette vengeance à laquelle il n’avait qu’une envie : y succomber.
[Merci pour ce rp, Bruce Wink]
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